Genre

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Les questions de genre et les technologies innovantes d’allègement des tâches

La FAO soutient les exploitants de tous les sous-secteurs agricoles au moyen de technologies et de pratiques innovantes en matière de gestion des cultures, de la pêche, de l’élevage et des forêts. Ces technologies sont susceptibles de réduire considérablement la charge de travail et les pertes de nourriture, ainsi que d’améliorer l’efficacité, car elles jouer un rôle déterminant au niveau de la production (préparation du sol, récolte et élevage), de l’agrégation (séchage, stockage, décorticage et refroidissement des produits), de la transformation (tri et mouture) et de la distribution (emballage et expédition) des denrées alimentaires. De plus, les technologies numériques et les technologies de l’information, telles que les applications mobiles, le système de positionnement global (GPS) et les chaînes de blocs, sont de plus en plus couramment utilisées pour prêter un appui aux différents éléments des filières alimentaires et agricoles et les mettre en relation. Toutefois, les technologies peuvent aussi accentuer les inégalités existantes et entraîner des pertes d’emploi, en particulier pour les femmes, du fait de l’automatisation et de la mécanisation.

Les cadres internationaux, tels que le Programme de développement durable à l’horizon 2030, reconnaissent que les technologies peuvent être des catalyseurs de l’émancipation économique des femmes. L’article 14 de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes appelle à la mise au point et à la diffusion de technologies adaptées aux femmes des zones rurales.

Ces cadres mettent également en évidence la forte contribution des femmes des zones rurales à la main-d’œuvre agricole, élément particulièrement important dans un contexte où les facteurs sociaux et environnementaux influent sur les rôles généralement assignés aux femmes et aux hommes, et les modifient. Par exemple, de nombreux pays connaissent une féminisation de l’agriculture, l’émigration des hommes conduisant les femmes à relever de nouveaux défis pour assurer la gestion des exploitations agricoles et prendre des décisions d’ordre financier.

Les femmes des zones rurales, qui subissent une triple inégalité (fracture numérique, fossé entre les zones rurales et les zones urbaines, et disparités femmes-hommes), se tournent peu vers les technologies malgré les possibilités qu’elles offrent. Celles-ci sont souvent peu adaptées à leur situation et suscitent chez les femmes des préoccupations en matière de sécurité et d’acceptabilité sociale. Les services clés fournissant le savoir-faire, les informations et les crédits nécessaires à la location ou à l’achat d’outils technologiques leur sont également moins accessibles. Par exemple, dans le monde, la proportion de femmes qui utilisent internet est inférieure de 12 pour cent à celle des hommes (l’écart allant jusqu’à 25 pour cent en Afrique).

Pour remédier à ces problèmes, la FAO collabore avec les principales organisations internationales de développement, telles que le Fonds international de développement agricole, la Banque mondiale et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel, ainsi qu’avec différents partenaires nationaux, afin de sensibiliser l’opinion à la charge de travail des femmes, et de diffuser des technologies innovantes et permettant de réduire le coefficient de main-d’œuvre, ainsi que les bonnes pratiques. Au moyen de divers projets et programmes, la FAO aide à déterminer quelles seraient les technologies utiles et à les faire adopter, et sensibilise les prestataires qui mettent à disposition ces technologies (par exemple dans le domaine de la mécanisation agricole) aux questions de genre. La FAO s’efforce par ailleurs de lutter, au niveau des ménages et des populations, contre les normes sociales qui entravent l’accès des femmes aux technologies.

  • Les technologies doivent être évaluées en fonction de leur capacité de faciliter le travail des femmes en réduisant le coefficient de main‑d’œuvre et en favorisant l’emploi. Les stratégies et les initiatives qui tiennent compte des difficultés que rencontrent les femmes lorsqu’elles se tournent vers les technologies sont plus efficaces, aux niveaux des ménages, des services et des politiques.
  • Les évaluations portant sur l’utilisation de la main-d’œuvre et du temps dans les systèmes de production font ressortir le travail des femmes et permettent d’analyser l’accès de ces dernières aux technologies et à différentes pratiques.

  • Des mesures spécifiques doivent être mises en place, aux niveaux national et local, afin de favoriser un accès équitable des femmes aux technologies et aux services et intègrer les différentes dimensions des questions de genre dans les politiques et les stratégies nationales en la matière.
  • Favoriser le dialogue et les échanges sur les politiques parmi les parties prenantes pertinentes en renforçant les capacités des responsables de l’élaboration des politiques en matière d’analyse des données (ventilées par sexe) relatives à l’utilisation de la main‑d’œuvre et des technologies, et intégrer les priorités en matière d’égalité des genres dans les politiques et les stratégies comportant une composante technologique (y compris les politiques régissant l’accès des agriculteurs aux biens et aux services, par exemple dans le cadre de la mécanisation agricole, de la vulgarisation, des subventions à l’achat d’intrants, des coopératives et des télécommunications).
  • Mettre au point et diffuser des initiatives et des approches susceptibles d’agir sur les inégalités entre femmes et hommes afin d’induire un changement au niveau des comportements et de promouvoir le dialogue au sein du ménage et de la collectivité, l’objectif étant de parvenir à une prise de décision conjointe et à une répartition équilibrée des tâches entre les femmes et les hommes.
  • Favoriser le dialogue entre les producteurs de technologies et les agriculteurs, et renforcer les capacités des fournisseurs de services technologiques (applications de gestion financière, d’assurance, de soins vétérinaires et de tarification, par exemple) s’agissant d’atteindre les femmes.
  • Étudier les différents produits de crédit, d’assurance et d’épargne, tant structurés qu’informels, à destination des femmes afin de faciliter l’accès de ces dernières aux technologies et aux pratiques innovantes d’allègement des tâches.
  • Faciliter la participation des femmes aux organisations de producteurs, en examinant la réglementation relative à l’entrée sur le marché et en protégeant les produits ou sous-produits proposés par les femmes, ainsi qu’aux coopératives d’épargne et de crédit, et aux écoles pratiques d’agriculture de sorte qu’elles puissent bénéficier des mécanismes de crédit, de la mécanisation et d’une formation.
  • Concevoir des interventions spécifiquement axées sur les femmes en conjuguant diffusion des actifs, fourniture de technologie et formation aux technologies. Une telle action s’est révélée efficace pour créer des revenus, préserver l’environnement et gagner du temps.

La FAO gère la plateforme spécialisée Technologies et pratiques adaptées aux besoins des petits producteurs agricoles (TECA), qui réunit plus de 100 technologies et pratiques innovantes et d’allègement des tâches adoptées par de nombreux pays, et qui organise des foires où les responsables de l’élaboration des politiques, les planificateurs, les chercheurs, les représentants des populations rurales, les organisations de la société civile et le secteur privé peuvent partager ces technologies.

La FAO s’emploie à établir une base de connaissances et à renforcer les capacités de toutes les parties prenantes, ainsi qu’à promouvoir les bonnes pratiques améliorant l’accès des femmes des zones rurales à l’information, aux technologies et aux marchés.

La radio rurale est l’outil médiatique le plus répandu en Afrique, en particulier dans les zones isolées et parmi les femmes des zones rurales. Ainsi, les clubs Dimitra de la FAO, groupes informels de femmes, d’hommes et de jeunes des zones rurales se réunissant pour discuter de problématiques communes et entreprendre des actions collectives pour y faire face, équipent leurs membres de radios à manivelle et à énergie solaire, souvent en association avec des téléphones mobiles connectés en réseau. Dans ce cadre, des stations de radio communautaires sont utilisées pour relayer l’information, diffuser des débats en direct et faciliter les échanges, l’exploitation des bonnes pratiques et la mise en réseau. La valeur ajoutée de cette approche réside dans l’utilisation conjuguée des technologies de l’information et de la communication (TIC) et de processus porteurs de transformation en matière d’égalité des genres au niveau local, moyen qui s’est révélé efficace pour autonomiser les femmes des zones rurales et favoriser l’inclusion sociale et un meilleur dialogue.

Le dispositif FAO-Thiaroye de transformation du poisson, mis au point en collaboration avec le Centre national de formation des techniciens des pêches et de l’aquaculture du Sénégal, permet de remplacer le fumage traditionnel du poisson. Simple mais efficace, cette solution est largement diffusée en Afrique et en Asie. Cette technologie permet d’allèger les tâches et peut considérablement participer à l’émancipation économique. Ses avantages pour les femmes se sont révélés nombreux: environnement de travail plus sain, produits de meilleure qualité, temps supplémentaire pour suivre des cours d’alphabétisation et revenus plus élevés. 

Des travaux sur le lien entre les questions de genre et les TIC ont été entrepris en vue d’exploiter pleinement le potentiel des TIC pour que les femmes des zones rurales aient accès à l’information, aux technologies et aux marchés. Plusieurs publications sont issues de ces travaux: Gender and ICTs: Mainstreaming gender in the use of information and communication technologies (ICTs) for agriculture and rural development (les questions de genre et les TIC: intégration systématique de la dimension de genre dans l’utilisation des technologies de l’information et de la communication au service du développement agricole et rural) et Investing in information and communication technologies to reach gender equality and empower rural women (investir dans les technologies de l’information et de la communication pour atteindre l’égalité des genres et autonomiser les femmes rurales). La FAO a également publié la note d’orientation Fostering the uptake of labour-saving technologies – How to develop effective strategies to benefit rural women (faciliter l’assimilation des technologies d’allègement des tâches – comment élaborer une stratégie efficace qui profite aux femmes rurales); l’article Running out of Time (le temps manque) et la note d’information Addressing women’s work burden – key issues, promising solutions and way forward (alléger la charge de travail des femmes – problématiques clés, solutions prometteuses et voie à suivre) afin de sensibiliser l’opinion à ces questions et de renforcer l’engagement en faveur de l’autonomisation des femmes.