Genre

Secteur des pêches: l'égalité hommes-femmes à travers les mailles du filet

Un nouveau rapport de la FAO se penche sur « le plafond de verre ».

Les femmes constituent près de la moitié de la main d'oeuvre du secteur des pêches. © FAO / Giuseppe Bizzarri

20/05/2015

Si on estime que les femmes constituent près de la moitié de la main d'œuvre du secteur des pêches, leur contribution passe souvent inaperçue ou n'est pas rémunérée à leur juste valeur. Quant à leur accès aux opportunités et aux ressources, il reste limité et leur représentation à des postes d'encadrement est encore bien loin de celle d'autres secteurs. 

  Ces conclusions sont celles d'une nouvelle étude sur la participation des femmes au secteur de la pêche, publiée par la FAO aujourd'hui.

  Les pêches de capture, l'aquaculture et les activités après récolte font vivre plus de 120 millions de personnes dans le monde, dont beaucoup travaillent dans le secteur des pêches artisanales. 

  Le poisson constitue aussi une source importante de nutrition dans le monde entier, assurant plus de 20 pour cent des apports protéiques animaux dans les pays à faible revenu et à déficit vivrier.

 Améliorer l'égalité entre les sexes dans le secteur des pêches est important pour la sécurité alimentaire- tant au niveau des ménages, où les femmes pourvoient aux revenus et aux besoins alimentaires essentiels de la famille, qu'à l'échelle mondiale, où le secteur halieutique doit relever le défi d'accroître la production afin de nourrir une population mondiale en constante expansion. 

  Pour satisfaire ces besoins grandissants, la FAO estime que la production du secteur devra passer de 20 à 30 millions de tonnes par an.

  La mondialisation des marchés, la stagnation des prises dans les océans de la planète et le changement climatique sont autant de facteurs qui exercent une pression supplémentaire sur les moyens de subsistance des femmes opérant dans le secteur. Cela vient souvent s'ajouter aux barrières que rencontrent les femmes chefs d'entreprise, compte tenu de la rigidité des rôles établis pour chaque sexe et d'un manque d'accès aux ressources telles que les technologies de transformation ou les installations de stockage, évoque le rapport qui recense la participation des femmes dans l'ensemble du secteur - depuis les captures jusqu'aux conférences professionnelles et aux conseils d'administration.

 Des femmes invisibles 

  
Si les hommes continuent à dominer les pêches de capture- en particulier la pêche offshore et industrielle - les femmes, elles, sont souvent reléguées à la transformation, à la vente locale et aux rôles de soutien, comme le nettoyage des embarcations et le transport du poisson au marché, et ce, toutes régions confondues, souligne le rapport de la FAO. 

  Les tâches qu'elles effectuent sont moins bien rétribuées - voire, parfois, pas payées du tout - et moins reconnues en termes de leur contribution à l'économie, à l'emploi et à la sécurité alimentaire.

  La croissance future du secteur de la pêche devrait venir de l'aquaculture, tandis que la FAO aide les gouvernements et le secteur privé à maintenir la stabilité et la durabilité des pêches de capture.

  Pourtant, les femmes qui souhaitent se frayer un chemin dans la production halieutique de certains pays en développement se heurtent encore à une absence de droits de propriété qui les empêche d'être propriétaires d'un bateau de pêche ou d'une parcelle de terre indispensable pour la pêche ou la pisciculture.

 En outre, l'accès limité aux prêts empêche souvent les femmes de démarrer ou de développer leur propre affaire et de conférer une valeur ajoutée à leurs produits afin d'être mieux placées pour rivaliser sur un marché toujours plus mondialisé et mécanisé.

  Or, les gros écarts répertoriés dans les données ventilées par sexe du secteur des pêches et de l'aquaculture entravent les efforts visant à affronter ces questions de genre, avertit l'étude de la FAO.

 Un nouveau réseau de femmes  
 
 
Le problème de l'égalité des sexes dans le secteur des pêches ne se limite pas aux pêches artisanales des pays en développement. Il est également flagrant dans l'absence relative de femmes dans les conseils d'administration,  à des postes de cadres et dans les conférences sur les pêches.
 
Sur les 100 premières entreprises de produits de la mer dans le monde, seule une société est dirigée  par une PDG femme, contre 8 pour cent de postes de premier plan détenus par des femmes parmi les 100 plus grandes entreprises des Etats-Unis, selon le classement de Fortune.

 "A l'heure actuelle, plus vous montez les échelons du secteur, moins vous trouvez de femmes", ajoute Audun Lem,  Directeur adjoint de la Division FAO des politiques et de l'économie des pêches et de l'aquacultureCe qui, à son tour, empêche l'industrie de relever le défi de la sécurité alimentaire qui nous attend, dit-il.

 "Le secteur ne saura pas relever le défi d'augmenter de façon durable la production s'il n'est pas en mesure d'attirer les meilleurs. Et il ne peut se permettre d'exclure 50 pour cent de la population active," souligne M. Lem.

  Pour amener davantage de femmes à des postes d'encadrement supérieur et de recherche, la FAO collabore avec les multinationales, les associations de pêche et les universités afin de créer un nouveau réseau dédié aux femmes dans l'industrie de la pêche.

  Le réseau aura pour vocation de conférer une visibilité aux femmes dans des positions de leadership et d'attirer d'autres professionnelles dans le secteur.

 Le nouveau réseau constituera le premier mécanisme en son genre destiné à cibler les rôles des femmes dans la recherche et les postes à responsabilité du secteur. Il viendra  renforcer d'autres initiatives de la FAO en faveur des femmes dans les petites pêches artisanales au niveau de la communauté.