Genre

La participation pleine et entière des femmes, sur un pied d’égalité, à la lutte contre la faim

Le combat contre la faim exige de passer du discours à l’action pour garantir aux agricultrices les mêmes possibilités que leurs homologues masculins d'accéder aux ressources agricoles et de participer à la prise de décisions à tous les niveaux, a déclar

© FAO/I. Sanogo

01/07/2010

1er juillet 2010, New York - Les femmes produisent plus de la moitié des denrées alimentaires mondiales. Souvent, elles n’ont pourtant encore qu’un accès limité aux ressources (intrants agricoles, terres, financements, technologies, formations et marchés).

Lors d’une manifestation organisée conjointement par la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), le FIDA (Fonds international de développement agricole) et le PAM (Programme alimentaire mondial) à l'occasion de l’Examen ministériel annuel du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC), les participants ont envisagé les options permettant de surmonter les obstacles critiques qui freinent la promotion des femmes rurales.

Cette manifestation (Du dialogue à l’action : comment promouvoir l’autonomisation des femmes rurales dans l’agriculture), a permis de faire le bilan des mesures adoptées dans de nombreux pays pour s'attaquer aux problèmes critiques auxquels font face les femmes des campagnes.

Les femmes en sont!

Pour Florence Chenoweth, ministre libérienne de l’agriculture, il est essentiel d’améliorer la collecte des données pour garantir une répartition plus efficace des maigres ressources à disposition.

« Les statistiques ventilées par sexe ont ainsi permis aux pouvoirs publics de cibler plus précisément les formations et les intrants destinés aux femmes rurales qui produisent plus de 50 pour cent des denrées alimentaires du pays », a-t-elle dit.

Désormais, poursuit Mme Chenoweth, « Quand les camions quittent Monrovia, notre capitale, pour les campagnes, les sacs de semences portent bien visiblement la mention "Femmes". Tout comme les engrais. Les livraisons destinées aux femmes sont ciblées et notées. »

En 2009, la production des cultures de base (riz et manioc) a ainsi augmenté de 43 pour cent, a ajouté Florence Chenoweth. « On sait que les femmes en ont tiré profit. »

Au cœur de la stratégie

Patricia Haslach, coordonnatrice adjointe des questions diplomatiques du Département des États-Unis d’Amérique responsable de l’Initiative alimentaire pour l’avenir, a dit que les femmes sont « au cœur » de la stratégie de l’administration américaine en matière de développement.

« Lorsque les revenus des femmes augmentent, elles dépensent plus en aliments ainsi que pour la santé et la nutrition de leurs enfants », a dit Mme Haslach. « En investissant plus sur les femmes, nous amplifions les avantages dont profitent les familles et les différentes générations. »

Patricia Haslach a également rappelé un adage séculaire : «Si vous donnez un poisson à un homme, il aura à manger pendant un jour; si vous lui apprenez à pêcher, il aura à manger pendant toute sa vie.» Elle l’a complété avec une phrase de Mme Hillary Clinton, Secrétaire d’État des États-Unis d’Amérique:

« Si vous apprenez à pêcher à une femme, elle nourrira tout son village.»

L’Initiative alimentaire pour l’avenir propose une approche centrée sur les femmes «non pour le plaisir de leur accorder la préférence mais parce que c’est un choix stratégique efficace.», a affirmé Mme Haslach, avant d’ajouter qu’un système de suivi et d’évaluation solide garantira que l’assistance est à la fois « souple, ajustable et fondée sur des éléments concrets ».

Contributrices et non bénéficiaires

«L’agriculture, c’est la production. Or la production, c’est le pouvoir. Et le pouvoir, c’est la propriété, le droit», a déclaré Neriede Segala Coelho, agricultrice et leader locale brésilienne.

«Tant que les femmes seront réduites au seul rôle de destinataires et de bénéficiaires passives, l’agriculture continuera à être lacunaire », a affirmé Mme Coelho. « Lorsque les femmes s’assoient autour de la table pour participer à la prise de décisions, le processus apparaît sous un nouveau jour.»

Grâce à la participation des femmes à un processus consultatif organisé dans sa communauté de Pintadas, comme l'a expliqué Neriede Segala Coelho, des citernes ont été construites pour conserver l’eau dans toutes les maisons. On a alors pu introduire l’irrigation goutte-à-goutte ainsi que d’autres technologies appropriées et bon marché pour améliorer la production et la condition des femmes, générer des revenus et utiliser les ressources de façon plus pérenne.

Soutenir les femmes d’Haïti

Myrta Kaulard, directrice nationale du PAM en Haïti, a présenté les activités menées conjointement par la FAO, le FIDA et le PAM, qui visent à intégrer certains investissements sociaux aux programmes de développement agricole et rural. Ces investissements, par exemple en matière d’eau et d’assainissement ou de santé et d’éducation, permettent de renforcer l’accès des Haïtiennes à une alimentation et à une nutrition appropriées, à des activités générant des revenus ou encore aux services et aux infrastructures de base.

En guise de résumé et afin de souligner l’importance d’une action concertée, Cheryl Morden, directrice du bureau de liaison du FIDA pour l’Amérique du Nord, a eu recours à un adage africain : «Si vous voulez aller vite, partez seul ; mais si vous voulez allez loin, partez ensemble.»

Les organismes des Nations Unies qui s’occupent des questions d’alimentation formulent l’espoir que l’autonomisation économique des femmes rurales figurera au premier rang de l'examen des progrès accomplis dans la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qui aura lieu en septembre lors du Sommet de l’ONU, en particulier en ce qui concerne le premier OMD (éradiquer l’extrême pauvreté et la faim) et le troisième (promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes).

Jim Butler, Sous-Directeur général de la FAO, a encouragé les participants à soutenir le projet 1 milliard d’affamés de la FAO et a exhorté les responsables politiques à faire de l’éradication de la faim une priorité.