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L'horticulture aide les femmes palestiniennes à nourrir leur famille

Les réseaux d'irrigation au goutte à goutte et les unités de traitement des «eaux grises» permettent d'obtenir une production fruitière et maraîchère, même lorsque l'eau vient manquer durant les mois chauds de l'été.

Fida Mohammad Dababsi et ses deux enfants dans son jardin potager [FAO]

01/03/2010

L'agriculture tient une place importante dans l'économie palestinienne et la sécurité alimentaire des ménages en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. En 2005, environ 14 000 entreprises privées ont contribué au soutien du secteur agricole et employé plus de 135 000 personnes.

Récemment, toutefois, plusieurs facteurs se sont conjugués (restrictions plus rigoureuses sur la circulation des biens et des personnes, conditions d'accès plus difficiles à la terre, récession économique, crise financière de l'Autorité palestinienne et hausse des prix des intrants agricoles) pour menacer gravement la sécurité alimentaire et faire augmenter les taux de chômage et de pauvreté.

Financé par la Norvège, un projet de la FAO destiné aux femmes, qui assument près de 65% des travaux agricoles, vient de se terminer. Ce projet, dont l'objectif était de promouvoir leur participation à la vie sociale et économique de leur communauté, leur a donné les moyens d'entreprendre des activités entrepreneuriales dans le secteur agricole. La stratégie du projet consistait à venir en aide à quelque 550 agricultrices à faible revenu qui avaient perdu leurs ressources de production et les moyens d'assurer leur subsistance en créant des jardins-potagers familiaux ou en développant des activités artisanales.

Six agents de vulgarisation (cinq femmes et un homme) ont été recrutés pour travailler main dans la main avec 10 associations de femmes dans chaque site d'application du projet. En six mois, l'équipe du projet a aidé 140 ménages dirigés par une femme à aménager des potagers familiaux. Les femmes ont choisi et acheté elles-mêmes les semences potagères et les semis d'arbres fruitiers qu'elles désiraient planter.

Pour assurer la durabilité des potagers, des citernes ont été distribuées ou remises en état afin que les femmes disposent d'une source d'eau fiable durant l'été. En tout, 33 nouvelles citernes ont été construites et 12 ont été réparées. Un réseau au goutte à goutte a été installé pour irriguer les 140 potagers.

Afin de remédier aux pénuries d'eau, des unités de traitement et de réutilisation des «eaux grises» en agriculture ont été fournies à 25 femmes dans le cadre du projet. Les eaux grises sont les eaux usées relativement propres ayant servi à la cuisine, à la lessive et à la toilette, mais qui ne peuvent être utilisées pour irriguer les végétaux en raison du savon qu'elles contiennent.

Selon la FAO, les potagers familiaux ont permis aux bénéficiaires de cultiver leurs propres fruits et légumes, ce qui est particulièrement important compte tenu du prix extrêmement élevé des produits frais sur les marchés locaux. Grâce aux citernes d'eau, les ménages dirigés par une femme ont eu des potagers productifs, même l'été lorsque l'eau est une ressource rare et onéreuse.

Cent trente cinq ovins, sélectionnés pour leur compatibilité optimale avec les conditions locales, ont été également distribués dans le cadre du projet à 50 cultivatrices en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Les ovins fournissent aux bénéficiaires du lait à des fins de consommation et de transformation (en fromage, yaourt et labaneh), ainsi que des agneaux pour la vente. La FAO souligne que les potagers familiaux et les petites activités d'élevage se déroulent à proximité du foyer, ce qui permet aux femmes d'améliorer la sécurité alimentaire et le revenu du ménage tout en s'occupant des enfants.

Deux consultants en technologies de transformation ont été également engagés pour former les groupes de femmes aux méthodes de conservation et de conditionnement des aliments. Durant les stages, les bénéficiaires ont reçu les outils nécessaires à la transformation des denrées alimentaires (ustensiles de cuisine, fours, bocaux en verre, étiquettes et autres matériels). Pour illustrer les compétences acquises et offrir des débouchés commerciaux, une exposition de quatre jours a été organisée et 30 associations de femmes y ont participé. Selon la FAO, l'amélioration de la coordination entre ces groupes permettra aux femmes d'écouler plus facilement leurs produits et de renforcer leur pouvoir collectif de négociation lors de l'achat d'intrants et de la vente des produits transformés.

Grâce à l'acquisition de compétences en matière de conservation et de transformation des aliments, les bénéficiaires ont amélioré la sécurité alimentaire et le revenu du ménage. Les femmes achètent aujourd'hui les fruits et les légumes lorsque les prix sont au plus bas, en fin de saison, et les préparent pour les consommer plus tard dans l'année.