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La population locale est fondamentale dans la prévention des incendies en Syrie

Les forêts syriennes sont d’importantes sources de bois, de fruits comestibles, de plantes médicinales et d’autres produits

Un apiculteur dans une forêt syrienne [FAO/R. Faidutti]

02/03/2010

Quand les feux de forêt en République arabe syrienne ont été multipliés par cinq en moins de dix ans, des chercheurs ont constaté que des hommes et des femmes en étaient à l’origine, le plus souvent à cause de leurs activités quotidiennes.

Entre 1990 et 1999, le nombre de feux de forêt est passé de 59 à 320 en Syrie. Ces incendies menaçaient la survie de la maigre couverture forestière qui subsistait encore dans le pays (2,4 pour cent de la superficie de celui-ci).

Les forêts syriennes sont une importante source de nourriture et de revenus pour les familles rurales. Les amandes et d’autres fruits comestibles sont des produits fondamentaux. L’apiculture est aussi une forme répandue de revenus supplémentaires grâce à la vente de miel et différents produits forestiers non ligneux sont convertis en médicaments, en savons et en colorants végétaux.

Outre la fourniture d’un large éventail de produits, les forêts de la République arabe syrienne jouent un rôle important dans le combat contre la désertification, dans la protection des sols et de l’eau ainsi que dans la conservation de la biodiversité locale. À la suite d’incendies importants dans des zones avec de fortes pentes, les précipitations sont susceptibles de laver la couche arable fertile et menacent par conséquent les rendements des cultures des agriculteurs qui se trouvent à proximité.

Une stratégie sensible aux questions de parité hommes-femmes

Depuis que la FAO a commencé à travailler avec les États de la région pour améliorer la prévention des feux et la gestion des forêts, il est devenu évident que les efforts d’aménagement durable des ressources forestières syriennes et de protection des moyens d’existence exigeraient la participation directe des hommes et des femmes des communautés locales.

En Syrie, 95 pour cent des feux de forêts étaient dus aux activités humaines. La plupart de ces feux résultaient des activités quotidiennes des femmes comme par exemple le brûlage des déchets des vergers. Les hommes étaient quant à eux en général responsables des incendies criminels dont certains étaient liés à la démarcation peu claire entre les zones forestières et les terres collectives ou privées.

La prise en compte des rôles respectifs des hommes et des femmes dans les différents recours au feu et dans la gestion des ressources naturelles a été cruciale, tout comme la diffusion d’informations sur l’environnement.
Dans le cadre d’un projet lancé en 2004 et financé par l’Italie, la FAO a commencé à collecter les données relatives aux différentes utilisations du feu selon le sexe et l’âge dans la province de Lattaquié, à proximité de la frontière turque, avant d’étendre le projet aux villages d’autres provinces.

Les informations recueillies comprenaient des détails sur le taux d’alphabétisation des villageois et des villageoises, les sources et les modes d’information de la population en matière d’environnement et le rôle joué par les femmes, les hommes, les enfants et les médias dans l’amélioration de la compréhension des questions environnementales.

Gestion des terres et sécurité alimentaire

La stratégie de gestion intégrée des incendies comprenait une formation aux techniques d’aménagement des bassins versants et d’utilisation des terres comme la récupération de l’eau et l’entretien des tranchées pare-feu. Les villageois ont aussi appris à produire des engrais organiques afin de reconstituer le sol en fabriquant du compost à partir de petites branches et de brindilles ainsi que de plantes et de fibres biodégradables.

L’initiative se concentrait aussi sur la sécurité alimentaire et les activités génératrices de revenus. En collaboration avec les organisations non gouvernementales de la région, la FAO a fourni des formations en matière de collecte, de stockage et de commercialisation des produits forestiers non ligneux comme les champignons et les plantes aromatiques.

Dans le cadre de cette initiative, la FAO a aussi formé des ingénieurs, des techniciens, des gardes forestiers et des travailleurs des communautés forestières sur les principes et les pratiques de base en matière de gestion des feux de forêt: prévention, intervention, extinction et restauration.

L’initiative a enfin été conçue suivant l’hypothèse qu’un programme efficace de prévention des feux doit impliquer la population des communautés les plus étroitement liées aux forêts et doit être ancré dans la gestion durable des ressources naturelles et des moyens d’existence agricoles.