SOFIA 2018 - La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture
“Depuis 1961, la croissance annuelle mondiale de la consommation de poisson est le double de la croissance démographique, ce qui montre que le secteur de la pêche est déterminant dans la réalisation de l’objectif de la FAO – libérer le monde de la faim et de la malnutrition.”
José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO

La première partie «Situation mondiale» du rapport 2018 sur La situation mondiale des pêches et de l’aquaculture présente les statistiques mondiales officielles des pêches et de l’aquaculture de la FAO. En 2016, la production halieutique mondiale a atteint une valeur record d’environ 171 millions de tonnes, le secteur de l’aquaculture comptant pour 47 pour cent de ce chiffre, voire 53 pour cent si l’on exclut la production destinée à des utilisations non alimentaires (y compris la production de farine et d’huile de poisson). La production de la pêche de capture étant relativement stable depuis la fin des années 1980, c'est à l'aquaculture que l'on doit la croissance continue et impressionnante de l'offre de poisson destiné à la consommation humaine.

NOTE: Sauf indication contraire, le terme «poisson» englobe les poissons, les crustacés, les mollusques et les autres animaux aquatiques, à l'exclusion des mammifères et des reptiles aquatiques, des algues marines et des autres plantes aquatiques.

link FIGURE 1

Production halieutique et aquacole mondiale

  • Production halieutique
  • Production aquacole

NOTE: Les mammifères aquatiques, les crocodiles, alligators et caïmans,
les algues marines et les autres plantes aquatiques ne sont pas pris en compte.

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En 2016, la production totale du secteur a atteint un niveau record de 171 millions de tonnes – 88 pour cent de la production était destinée à la consommation humaine directe – grâce au niveau relativement stable de la production de la pêche de capture, à la réduction du gaspillage et à l’essor continu de l’aquaculture. Ce niveau de production exceptionnel s’est traduit par un niveau de consommation par habitant record (20,3 kg en 2016).

link TABLEAU 1

La pêche et l'aquaculture dans le monde: production et utilisation (en millions de tonnes)a

Catégorie 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Production
Pêche
Continentale 10.7 11.2 11.2 11.3 11.4 11.6
Marine 81.5 78.4 79.4 79.9 81.2 79.3
Total – pêche 92.2 89.5 90.6 91.2 92.7 90.9
Aquaculture
Continentale 38.6 42.0 44.8 46.9 48.6 51.4
Marine 23.2 24.4 25.4 26.8 27.5 28.7
Total – aquaculture 61.8 66.4 70.2 73.7 76.1 80.0
+ Total – pêche et aquaculture au niveau mondial 154.0 156.0 160.7 164.9 168.7 170.9
Utilisationbb
Consommation humaine 130.0 136.4 140.1 144.8 148.4 151.2
Usages non alimentaires 24.0 19.6 20.6 20.0 20.3 19.7
Population (milliards de personnes)c 7.0 7.1 7.2 7.3 7.3 7.4
Consommation apparente par habitant (en kg) 18.5 19.2 19.5 19.9 20.2 20.3
  • Pêche
  • Aquaculture

a Les mammifères aquatiques, les crocodiles, alligators et caïmans, les algues marines et les autres plantes aquatiques ne sont pas pris en compte.
b Les données relatives à l’utilisation pour 2014-2016 sont des estimations provisoires.
c Source des chiffres relatifs à la population: ONU, 2015e.

La Chine est de loin le premier producteur de poisson de la planète, et depuis 2002 elle est également le plus grand exportateur de poissons et de produits de la pêche.


Production des pêches de capture

D'après la base de données de la FAO, la production mondiale de la pêche de capture s'élevait à 90,9 millions de tonnes en 2016. Elle était en baisse par rapport aux deux années précédentes. Les prises d'anchois du Pérou (Engraulis ringens) par le Pérou et le Chili, qui sont souvent considérables mais demeurent extrêmement variables en raison de l'influence d'El Niño, étaient responsables à elles seules d'une baisse de 1,1 million de tonnes (tableaux 2 et 3). La chute du volume des prises concernait 64 pour cent des 25 principaux pays producteurs mais seulement 37 pour cent des 170 autres pays.

Les prises marines de la Chine, qui est de loin le plus grand producteur mondial, étaient stables en 2016. Cependant, l'instauration d'une politique de réduction progressive des captures au titre du treizième plan quinquennal chinois (2016-2020) devrait entraîner une baisse importante dans les années à venir – plus de cinq millions de tonnes d'ici à 2020, selon les prévisions.

En 2016, comme en 2014, le lieu d'Alaska (Theragra chalcogramma) a supplanté l'anchois du Pérou à la première place des espèces les plus pêchées, avec les prises les plus élevées depuis 1998. Toutefois, les données préliminaires de 2017 montrent une remontée non négligeable des captures d'anchois du Pérou. Le listao (Katsuwonus pelamis) s'est classé au troisième rang pour la septième année consécutive. Les prises de tous les groupes d'espèces à forte valeur dont la production est importante – langoustes et homards, gastéropodes, crabes et crevettes, dont la valeur moyenne pour chaque groupe est estimée entre 3 800 et 8 800 USD la tonne – ont atteint un nouveau record en 2016.

Les prises mondiales totales dans les eaux continentales s'élevaient à 11,6 millions de tonnes en 2016. Elles avaient augmenté de 2,0 pour cent par rapport à l'année précédente et de 10,5 pour cent par rapport à la moyenne calculée sur la période 2005-2014. Près de 80 pour cent des prises effectuées dans les eaux intérieures sont le fait de 16 pays, situés majoritairement en Asie. Toutefois, la hausse des chiffres concernant la production de la pêche continentale est trompeuse car elle peut être imputable en partie à l'amélioration de la transmission d'informations et de l'évaluation au niveau des pays, et pas uniquement à une augmentation des volumes produits.

Le lieu d'Alaska (Theragra chalcogramma) a supplanté l'anchois du Pérou à la première place des espèces les plus pêchées.


Situation des ressources de la pêche

On observe une tendance à la baisse de la proportion de stocks de poissons exploités à un niveau biologiquement durable, de 90,0 pour cent en 1974 à 66,9 pour cent en 2015. À l'inverse, la proportion de stocks exploités à un niveau biologiquement non durable est passée de 10 pour cent en 1974 à 33,1 pour cent en 2015, la situation s’étant particulièrement aggravée de la fin des années 1970 jusque dans les années 1980.

link FIGURE 14

Évolution de l’état des stocks ichtyologiques marins mondiaux, de 1974 à 2015

  • Exploités à un niveau biologiquement non durable
  • Exploités à un niveau biologiquement durable

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En 2015, les stocks exploités au niveau durable maximal (auparavant appelés «stocks exploités au maximum») représentaient 59,9 pour cent du total des stocks évalués contre 7,0 pour cent pour les stocks sous-exploités. La proportion de stocks sous-exploits a diminué de manière continue de 1974 à 2015, mais celle des stocks exploités au niveau durable maximal, après avoir baissé de 1974 à 1989, est remontée pour s’établir à 59,9 pour cent en 2015.

En 2015, parmi les 16 zones statistiques principales de la FAO, c’est en Méditerranée et en mer Noire (zone 37) que l’on observait la plus forte proportion de stocks exploités à un niveau biologiquement non durable (62,2 pour cent); venaient ensuite le Pacifique Sud-Est (zone 87), avec 61,5 pour cent, et l’Atlantique Sud-Ouest (zone 41), avec 58,8 pour cent. À l’opposé, le Pacifique Centre-Est (zone 77), le Pacifique Nord-Est (zone 67), le Pacifique Nord-Ouest (zone 61), le Pacifique Centre-Ouest (zone 71) et le Pacifique Sud-Ouest (zone 81) affichaient les taux les plus bas (de 13 à 17 pour cent) de stocks exploités à un niveau biologiquement non durable.

EN PROFONDEUR

Lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée: évolution de la situation à l’échelle mondiale

La promotion, la réglementation et le suivi des pratiques de pêche responsables, qui s’appuient sur des cadres solides de gestion et de gouvernance des pêches, sont essentiels à la durabilité des ressources halieutiques, aussi bien sur le littoral qu’en haute mer. Les principes de gestion responsable des pêches sont inscrits dans un certain nombre d’instruments internationaux intéressant les océans et les pêches. Néanmoins, les États ne remplissent pas toujours leurs obligations conformément à ces instruments et ces mécanismes régionaux et la pêche INDNR est fréquente, ce qui sape les efforts déployés aux niveaux national, régional et mondial pour gérer les pêches de manière durable. Il faut non seulement que les États détectent la pêche INDNR, mais aussi qu’ils renforcent les lois et règlements relatifs à la pêche et soient à même de prendre des mesures efficaces contre les auteurs afin de décourager le non-respect de ces textes. Bien que les États doivent encore améliorer leur performance et mettre en œuvre les mesures de l’État du port, de nombreux résultats ont été obtenus dans la lutte contre la pêche INDNR.

Citons notamment l’élaboration et l’adoption de directives internationales visant à faire en sorte que l’État du pavillon remplisse davantage ses | 22 | DEUXIÈME PARTIE obligations et à promouvoir l’utilisation de programmes de documentation des prises afin d’améliorer la traçabilité du poisson et des autres produits de la pêche au sein de la chaîne de valeur, la mise au point, aux niveaux mondial et régional, de fichiers de navires de pêche et, dans la mesure où les navires de pêche sont amenés à utiliser des ports d’autres États que le leur, l’adoption de l’Accord relatif aux mesures du ressort de l’État du port visant à prévenir, contrecarrer et éliminer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. L’Accord, les directives internationales et le Fichier mondial constituent un cadre synergique pour la lutte contre la pêche INDNR.

sofia 2018 | indnr


Production aquacole

En 2016, la production aquacole mondiale (y compris la culture de plantes aquatiques) s'élevait à 110,2 millions de tonnes, pour une valeur à la première vente estimée à 243,5 milliards d'USD. La valeur à la première vente, réévaluée à l'aune des nouvelles informations disponibles pour certains des principaux pays producteurs, est largement supérieure aux estimations antérieures. La production totale se décomposait comme suit: 80,0 millions de tonnes de poisson de consommation (231,6 milliards d'USD), 30,1 millions de tonnes de plantes aquatiques (11,7 milliards d'USD) et 37 900 tonnes de produits non alimentaires (214,6 millions d'USD).

link FIGURE 5

Production mondiale de poisson d'élevage destiné à la consommation et de plantes aquatiques cultivées, 1990-2016

  • Autres animaux (tous types d’aquaculture)
  • Crustacés (aquaculture continentale)
  • Crustacés (aquaculture marine et côtière)
  • Mollusques (tous types d’aquaculture)
  • Poissons (aquaculture marine et côtière)
  • Poissons (aquaculture continentale)
  • Plantes aquatiques (tous types d’aquaculture)

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Avec un taux de croissance annuel de 5,8% au cours de la période 2001-2016, l'aquaculture continue de croître plus rapidement que les autres grands secteurs de la production alimentaire. Pour la première fois, l'aquaculture fournit 53% du poisson destiné à la consommation humaine.

La contribution de l'aquaculture à la production mondiale cumulée de la pêche de capture et de l'aquaculture n'a cessé d'augmenter: elle est passée de 25,7 pour cent en 2000 à 46,8 pour cent en 2016.

Depuis 2000, l'aquaculture mondiale ne connaît plus les mêmes taux de croissance que dans les années 1980 et 1990. Néanmoins, elle continue de se développer plus rapidement que d'autres grands secteurs de production alimentaire. Par ailleurs, la disparité du niveau de développement du secteur et l’inégale distribution de la production restent importantes entre les pays, dans les régions et à travers le monde.

L'essor de l'élevage d'espèces d'animaux aquatiques dont on fournit l'alimentation l'a emporté sur celui des espèces non nourries dans l'aquaculture mondiale.

La part des espèces non nourries dans la production totale d'animaux aquatiques a diminué progressivement de 10 points entre 2000 et 2016, pour atteindre 30,5 pour cent.

En 2016, l'aquaculture a fourni 96,5 pour cent des 31,2 millions de tonnes de plantes aquatiques sauvages ou cultivées.

La production mondiale de plantes aquatiques cultivées, très largement dominée par les algues, est passée de 13,5 millions de tonnes en 1995 à un peu plus de 30 millions de tonnes en 2016.

Les estimations les plus officielles indiquent que 59,6 millions de personnes travaillaient dans les secteurs primaires de la pêche de capture et de l’aquaculture en 2016.


Pêcheurs et aquaculteurs

Les estimations les plus officielles indiquent que 59,6 millions de personnes travaillaient dans les secteurs primaires de la pêche de capture et de l’aquaculture en 2016, dont 19,3 millions dans l’aquaculture et 40,3 millions dans la pêche. La part des personnes employées dans la pêche de capture a diminué, passant de 83 pour cent en 1990 à 68 pour cent en 2016, tandis que celle des personnes employées dans l’aquaculture a augmenté d’autant, passant de 17 pour cent à 32 pour cent.

En 2016, 85 pour cent de la population mondiale travaillant dans la pêche et l’aquaculture vivaient en Asie , l’Afrique venant ensuite avec 10 pour cent, suivie de l’Amérique latine et des Caraïbes (4 pour cent). Le nombre de personnes participant aux secteurs primaires de la pêche et de l’aquaculture a évolué différemment selon les régions. Proportionnellement, les baisses les plus importantes dans les deux secteurs ont été enregistrées en Europe et en Amérique du Nord, ces deux régions ayant subi un recul particulièrement marqué dans la pêche de capture. En revanche, l’Afrique et l’Asie, qui se caractérisent par une croissance démographique plus rapide et une population active agricole en hausse, ont connu une évolution généralement positive du nombre de personnes travaillant dans la pêche de capture et une progression encore plus forte de celles actives dans le secteur de l’aquaculture.

link TABLEAU 11

Nombre d’emplois dans les secteurs de la pêche et de l’aquaculture dans le monde par région (en milliers)

Région 1995 2000 2005 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Pêche et aquaculture
Afrique 2392 4175 4430 5027 5250 5885 6009 5674 5992 5671
Asie 31296 39646 43926 49345 48926 49040 47662 47730 50606 50468
Europe 530 779 705 662 656 647 240 394 455 445
Amérique latine et Caraïbes 1503 1774 1907 2185 2231 2251 2433 2444 2482 2466
Amérique du Nord 382 346 329 324 324 323 325 325 220 218
Océanie 121 126 122 124 128 127 47 46 343 342
TOTAL 36223 46845 51418 57667 57514 58272 56716 56612 60098 59609
Pêche
Afrique 2327 4084 4290 4796 4993 5587 5742 5413 5687 5367
Asie 23534 27435 29296 31430 29923 30865 29574 30190 32078 31990
Europe 474 676 614 560 553 544 163 328 367 354
Amérique latine et Caraïbes 1348 1560 1668 1937 1966 1982 2085 2092 2104 2085
Amérique du Nord 376 340 319 315 315 314 316 316 211 209
Océanie 117 121 117 119 122 121 42 40 334 334
Nombre total de pêcheurs 28176 34216 36304 39157 37872 39411 37922 38379 40781 40339
Aquaculture
Afrique 65 91 140 231 257 298 267 261 305 304
Asie 7762 12211 14630 17915 18373 18175 18088 17540 18528 18478
Europe 56 103 91 102 103 103 77 66 88 91
Amérique latine et Caraïbes 155 214 239 248 265 269 348 352 378 381
Amérique du Nord 6 6 10 9 9 9 9 9 9 9
Océanie 4 5 5 5 6 6 5 6 9 8
Nombre total d'aquaculteurs 8049 12632 15115 18512 19015 18861 18794 18235 19316 19271

Globalement, on estime que les femmes représentaient près de 14 pour cent des personnes travaillant directement dans les secteurs primaires de la pêche et de l’aquaculture en 2016, contre une moyenne de 15,2 pour cent pour l’ensemble de la période 2009-2016. Le recul observé pourrait être en partie attribuable à une diminution de la communication de données ventilées par sexe.


Flottes de pêche

Le nombre total de navires de pêche dans le monde était estimé à environ 4,6 millions en 2016, un chiffre du même ordre que celui de 2014. L’Asie possédait la flotte de pêche la plus importante, avec 3,5 millions de bateaux, soit 75 pour cent de la flotte mondiale. L’Afrique et l’Amérique du Nord ont vu la taille de leurs flottes diminuer par rapport à 2014, avec des pertes estimées à un peu plus de 30 000 unités et à près de 5 000 unités, respectivement. En Asie, dans la région Amérique latine et Caraïbes ainsi qu’en Océanie, on a observé une tendance généralisée à la hausse, attribuable dans une large mesure à l’amélioration des procédures d’estimation.

À l’échelle mondiale, on dénombrait 2,8 millions de navires motorisés en 2016 selon les estimations, soit un chiffre stable par rapport à 2014. Ce type de navires représentait 61 pour cent de la flotte mondiale en 2016, une proportion en recul par rapport aux 64 pour cent enregistrés en 2014; cette baisse est le résultat d’une augmentation du nombre de bateaux non motorisés, qui s’explique probablement par la plus grande précision des estimations.

En 2016, quelque 86 pour cent des bateaux de pêche à moteur utilisés dans le monde avaient une longueur hors-tout (LHT) inférieure à 12 m et une grande majorité d’entre eux n’étaient pas pontés; cette catégorie d’embarcation était prédominante dans toutes les régions. En revanche, à peine 2 pour cent environ de l’ensemble des navires de pêche motorisés avaient une LHT de 24 m ou plus.

EN PROFONDEUR

Évaluation des effets du changement climatique sur la pêche et l’aquaculture

La production primaire des océans de la planète devrait marquer un fléchissement de 6 pour cent d’ici à 2100, pouvant atteindre 11 pour cent dans les zones tropicales. Divers modèles laissent prévoir, à l’horizon 2050, une variation inférieure à 10 pour cent du potentiel de prise de la pêche de capture au niveau mondial, selon la trajectoire des émissions de gaz à effet de serre, mais cela dans le cadre d’une très grande variabilité géographique. Même si les effets seront le plus souvent néfastes dans la plupart des régions tropicales tributaires de la pêche, de nouvelles perspectives devraient néanmoins se présenter dans les régions tempérées.

Par ailleurs, les projections laissent entrevoir un recul de la production marine et terrestre dans près de 85 pour cent des pays côtiers analysés, avec des variations importantes selon les capacités nationales d’adaptation. Ces résultats montrent qu’il est important de mener une action coordonnée face au changement climatique dans tous les systèmes alimentaires, afin de tirer le meilleur parti des possibilités qui s’offrent et de réduire les effets néfastes, ainsi que pour assurer des moyens d’existence et un approvisionnement suffisant en nourriture.

Impacts of climate change on fisheries and aquaculture Synthesis of current knowledge, adaptation and mitigation options


Utilisation et transformation du poisson

En 2016, sur les 171 millions de tonnes de poisson produites dans le monde, quelque 88 pour cent, soit plus de 151 millions de tonnes, ont servi à la consommation humaine directe. Cette part a augmenté de manière appréciable au cours des dernières décennies puisqu’elle ne s’élevait qu’à 67 pour cent dans les années 1960.

En 2016, la plus grande partie des 12 pour cent de la production affectés à des usages non alimentaires (20 millions de tonnes environ) a été réduite en farine et en huile de poisson (74 pour cent, soit 15 millions de tonnes), tandis que le reste (5 millions de tonnes) a été utilisé, pour l’essentiel, aux fins suivantes: matière première pour l’alimentation directe des poissons d’élevage, du bétail et des animaux à fourrure, aquaculture (alevins, frai ou petits poissons adultes destinés au grossissement), appâts, applications pharmaceutiques et utilisations à des fins ornementales.

S’agissant de la production destinée à la consommation humaine directe, la plus grande partie est commercialisée sous forme de poisson vivant, frais ou réfrigéré. Cette catégorie – souvent la plus prisée et la plus chère – représentait 45 pour cent de la production en 2016, suivie du poisson congelé (31 pour cent), du poisson préparé et mis en conserve (12 pour cent) et du poisson séché, salé, saumuré, fermenté et fumé (12 pour cent). La congélation est la principale méthode de transformation du poisson pour la consommation humaine; en 2016, elle représentait 56 pour cent du volume total du poisson transformé pour la consommation humaine et 27 pour cent de la production totale de poisson.

Au cours des dernières décennies, des avancées majeures dans la transformation, la réfrigération, la fabrication de glace et le transport ont permis une commercialisation et une distribution du poisson à une échelle plus large et sous des formes plus variées. Cela étant, ces pays continuent de consommer le poisson principalement à l’état frais ou vivant (53 pour cent du poisson destiné à la consommation humaine en 2016), peu après qu’il a été débarqué ou récolté dans les installations aquacoles. Mesurés du débarquement à la consommation, les pertes et le gaspillage ont diminué, mais ils sont toujours estimés à 27 pour cent du poisson débarqué.

Le commerce mondial du poisson et des produits à base de poisson, exprimé en valeur, a également beaucoup progressé, puisque les exportations sont passées de 8 milliards d’USD en 1976 à 143 milliards d’USD en 2016.


Commerce du poisson et produits halieutiques ou aquacole

Le poisson et les produits à base de poisson font partie des denrées alimentaires qui sont les plus échangées dans le monde aujourd’hui, et la plupart des pays déclarent prendre part à ce commerce. En 2016, on évaluait à 35 pour cent environ la part de la production mondiale de poisson faisant l’objet de transactions internationales sous la forme de différents produits destinés à la consommation humaine ou à des usages non alimentaires.

La part des exportations de poisson et de produits à base de poisson destinés à la consommation humaine a suivi une courbe ascendante, passant de 11 pour cent de la production en 1976 à 27 pour cent en 2016. Les 60 millions de tonnes (en équivalent poids vif) de poisson et de produits à base de poisson exportées au total en 2016 représentent une augmentation de 245 pour cent par rapport à 1976, et cette augmentation s’élève à plus de 514 pour cent si l’on prend en considération uniquement le commerce du poisson destiné à la consommation humaine.

Pendant la même période, le commerce mondial du poisson et des produits à base de poisson, exprimé en valeur, a également beaucoup progressé, puisque les exportations sont passées de 8 milliards d’USD en 1976 à 143 milliards d’USD en 2016 , soit une croissance annuelle de 8 pour cent en termes nominaux et de 4 pour cent en termes réels. Le développement accéléré du commerce international du poisson et des produits à base de poisson auquel on a assisté au cours des dernières décennies s’inscrit dans un contexte plus large de mondialisation, de transformation à grande échelle de l’économie mondiale dans le sillage de la libéralisation des échanges et des avancées technologiques. Au cours des 40 dernières années, une tendance forte s’est dessinée dans le commerce mondial du poisson et des produits à base de poisson: les exportations en provenance des pays en développement ont affiché une croissance nettement plus soutenue que celles en provenance des pays développés. En 2016 et, d’après les chiffres préliminaires, en 2017 également, les exportations des pays en développement représentaient approximativement 54 pour cent des exportations totales de poisson et de produits à base de poisson en valeur et 59 pour cent en volume (équivalent poids vif).

La Chine est le principal producteur de poisson et, depuis 2002, le plus grand exportateur de poisson et de produits à base de poisson, bien que ces produits représentent seulement 1 pour cent de l’ensemble des échanges de marchandises du pays. Derrière la Chine, la Norvège est le deuxième plus grand exportateur de poisson et de produits à base de poisson.

link FIGURE 21

Valeur des importations et exportations de poisson et de produits à base de poisson pour différentes régions, et déficits ou excédents nets

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  • Valeur des exportations (franco à bord)
  • Valeur des importations (coût, assurance et fret)

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Le Viet Nam, qui a enregistré des exportations d’une valeur de 7,3 milliards d’USD en 2016, figure au troisième rang des plus grands exportateurs de poisson. L’Union européenne constitue le plus gros marché d’importation de poisson et de produits à base de poisson, suivie des États-Unis d’Amérique et du Japon. Dans l'ensemble, les pays développés comptaient pour quelque 71 pour cent de la valeur des importations mondiales en 2016, ce qui devrait d’ailleurs être encore le cas en 2017 d’après les données préliminaires dont on dispose.


Consommation de poisson

Depuis 1961, la hausse moyenne annuelle de la consommation apparente de poisson au niveau mondial (3,2 pour cent) est supérieure à l'accroissement démographique (1,6 pour cent) et à la consommation de viande issue de tous les animaux terrestres, considérés ensemble (2,8 pour cent) ou individuellement (bovins, ovins, porcins, autres), à l'exception des volailles (4,9 pour cent). La consommation de poisson par personne est passée de 9,0 kilogrammes en 1961 à 20,2 kg en 2015, soit une augmentation moyenne d'environ 1,5 pour cent par an. Les estimations préliminaires concernant 2016 et 2017 font apparaître une hausse: la consommation était de 20,3 kg et 20,5 kg, respectivement.

La progression de la consommation s'explique non seulement par l'augmentation de la production mais aussi par l'association de plusieurs facteurs, notamment la réduction du gaspillage, une utilisation plus complète, l'amélioration des canaux de distribution et la demande croissante, qui est liée à l'accroissement démographique, à la hausse des revenus et à l'urbanisation.

Plus qu'une simple source d'énergie, le poisson fournit des protéines animales de grande qualité et faciles à digérer, et aide notamment à lutter contre les carences en micronutrimentn.

Au niveau mondial, le poisson et les produits de la pêche n'apportent en moyenne que 34 calories par personne et par jour. Plus qu'une simple source d'énergie, le poisson fournit des protéines animales de grande qualité et faciles à digérer, et aide notamment à lutter contre les carences en micronutriments. Une portion de 150 g de poisson couvre 50 à 60 pour cent des besoins journaliers en protéines d'un adulte. Les protéines de poisson sont essentielles dans certains pays densément peuplés, où l'apport en protéines total est faible, et particulièrement importantes dans les petits États insulaires en développement (PEID).

L'Europe, le Japon et les États-Unis d'Amérique représentaient à eux tous 47 pour cent de la consommation mondiale de poisson en 1961 mais seulement 20 pour cent environ en 2015. L'Asie a consommé plus des deux tiers (soit 106 millions de tonnes, moyennant 24,0 kg par personne) du total mondial, qui s'élevait à 149 millions de tonnes en 2015 . C'étaient l'Océanie et l'Afrique qui avaient les parts les plus faibles. Cette évolution s'explique par les changements structurels qui se sont opérés dans le secteur, et plus particulièrement le rôle croissant des pays asiatiques dans la production de poisson, ainsi que par un écart considérable entre le taux de croissance économique des marchés halieutiques parvenus à maturité et celui de nombreux marchés récents mais de plus en plus importants dans le monde entier, surtout en Asie.

link FIGURE 2

Utilisation et consommation apparente de poisson dans le monde

  • Alimentation
  • Utilisations non alimentaires
  • Population
  • Consommation apparente

NOTE: Les mammifères aquatiques, les crocodiles, alligators et caïmans, les algues marines et les autres plantes aquatiques ne sont pas pris en compte.

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EN PROFONDEUR

Projections relatives à la pêche, à l’aquaculture et aux marchés

Production: Dans l’hypothèse d’une hausse de la demande et d’une poursuite des progrès technologiques, la production mondiale totale du secteur de la pêche et de l’aquaculture (hors plantes aquatiques) devrait continuer de croître tout au long de la période de projection pour atteindre 201 millions de tonnes en 2030. Cette évolution représente une hausse de 18 pour cent par rapport à 2016, soit un gain de 30 millions de tonnes, mais une croissance annuelle plus lente que celle observée pendant la période allant de 2003 à 2016 (1,0 pour cent contre 2,3 pour cent). La majeure partie de la croissance de la production devrait provenir du secteur de l’aquaculture, lequel devrait atteindre une production de 109 millions de tonnes en 2030, soit une hausse de 37 pour cent par rapport à 2016.

Prix: Le secteur devrait entrer dans une décennie marquée par une hausse nominale des prix. Les facteurs à l’origine de cette tendance sont multiples: les revenus, la croissance démographique et les prix de la viande du côté de la demande; et la légère contraction de la production des pêches de capture qui pourrait survenir dans le sillage des mesures prises par le Gouvernement chinois, le fléchissement de la croissance de la production aquacole ainsi que la pression sur les coûts liée à certains intrants essentiels (dont les aliments pour animaux, l’énergie et le pétrole brut) du côté de l’offre. Dans la mesure où l’aquaculture devrait représenter une part plus importante de l’offre mondiale de poisson, il se pourrait qu’elle exerce une influence plus grande sur la formation des prix dans l’ensemble du secteur (du point de vue à la fois de la production et des échanges).

Consommation: On s’attend à ce qu’une part de plus en plus importante de la production de poisson soit destinée à la consommation humaine (90 pour cent environ). L’élément moteur de cette progression sera la combinaison de l’augmentation des revenus et de l’urbanisation, conjuguée à l’accroissement de la production de poisson et à l’amélioration des circuits de distribution. À l’échelle mondiale, la consommation de poisson destiné à l’alimentation humaine devrait s’être accrue de 20 pour cent en 2030 par rapport à 2016 (soit une hausse de 30 millions de tonnes en équivalent poids vif). Toutefois, on estime que son taux de croissance annuel moyen durant la période de projection devrait être inférieur (+1,2 pour cent) à celui enregistré pendant la période 2003-2016 (+3,0 pour cent), principalement en raison d’une progression plus lente de la production, d’une hausse des prix et d’une décélération de l’expansion de la population. Si l’on considère les chiffres par habitant, la consommation mondiale de poisson devrait s’établir à 21,5 kg en 2030, en hausse par rapport aux 20,3 kg enregistrés en 2016. On s’attend à voir les taux de croissance les plus élevés en Amérique latine (+18 pour cent) ainsi qu’en Asie et en Océanie (+8 pour cent pour chacune de ces régions). En Afrique, la consommation de poisson par habitant devrait reculer de 0,2 pour cent par an jusqu’en 2030, date à laquelle elle ne devrait plus se chiffrer qu’à 9,6 kg contre 9,8 kg en 2016, et ce, en raison d’une croissance de la population plus rapide que celle de l’offre de poisson.

Commerce: Le commerce du poisson et des produits de la pêche continuera de se développer à un rythme soutenu. On s’attend à ce qu’en 2030, 31 pour cent environ de la production totale de poisson soit exportée (38 pour cent si l’on inclut les échanges au sein de l’Union européenne), sous la forme de différents produits destinés à la consommation humaine ou à des usages non alimentaires et commercialisés à diverses étapes de la transformation. En volume, le commerce mondial de poisson destiné à la consommation humaine devrait progresser de 24 pour cent au cours de la période de projection pour dépasser les 48 millions de tonnes en équivalent poids vif en 2030, un chiffre qui grimperait à 60,6 millions de tonnes si l’on y ajoutait les échanges entre les pays de l’Union européenne. La Chine demeurera en tête des pays exportateurs de poisson destiné à la consommation humaine (suivie du Viet Nam et de la Norvège), sa part du volume total des exportations restant stable à 20 pour cent.

SOFIA 2018

link FIGURE 50

Production halieutique et aquacole mondiale, de 1990 à 2030

  • Aquaculture pour consommation humaine
  • Production halieutique totale
  • Pêche pour consommation humaine

NOTE: Les mammifères aquatiques, les crocodiles, alligators et caïmans, les algues marines et les autres plantes aquatiques ne sont pas pris en compte.

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Résumé des principaux résultats des projections

Les grandes tendances qui se dégagent des analyses pour la période allant jusqu’en 2030 sont les suivantes:

  • À l’échelle mondiale, la production, la consommation et le commerce de poisson devraient progresser, mais à un rythme de moins en moins soutenu au fil du temps.
  • Malgré une baisse du volume des captures en Chine, la production halieutique mondiale devrait s’accroître légèrement, à la faveur d’une augmentation de la production dans d’autres régions sous réserve d’une gestion efficace des ressources.
  • La croissance de la production dans le secteur aquacole, certes plus lente que par le passé, devrait tout de même combler l’écart entre l’offre et la demande.
  • Les prix augmenteront en termes nominaux, mais reculeront en termes réels; ils se maintiendront toutefois à un niveau élevé.
  • L’offre de poisson de consommation suivra une tendance à la hausse dans l’ensemble des régions, tandis que la consommation de poisson par habitant devrait fléchir en Afrique, ce qui soulève des inquiétudes sur le plan de la sécurité alimentaire.
  • On s’attend à ce que le commerce du poisson et des produits de la pêche se développe plus lentement qu’au cours des 10 dernières années, mais à ce que la part de la production de poisson exportée demeure stable.