8.1 Etudes de reconnaissance
8.2 Etudes de préfaisabilité et de faisabilité
Lévaluation des terres a pour principal objectif de fournir des données qui serviront de fondement aux décisions en matière de planification et dinvestissement. Des décisions sont prises aux différents stades de la mise en valeur, cest-à-dire des études de reconnaissance à la planification détaillée et à lexécution du projet. A chaque étape, lévaluation produit des rapports et des cartes, dont lintensité et léchelle sont indiquées au Tableau 3 (Chapitre 1). Les rapports relatifs à lélaboration du projet comprennent habituellement un rapport principal à caractère technique, complété par des annexes et un résumé. Outre les rapports finals, il peut être également nécessaire détablir des rapports périodiques sur létat davancement du projet et des rapports intermédiaires, dont se servent linvestisseur, le client et la société-conseil pour prendre les décisions essentielles.
Dans les paragraphes ci-après, on trouvera quelques exemples de types de présentation adaptés aux différentes étapes de ce travail, daprès des études de reconnaissance jusquà la planification du projet.
Les résultats des études de reconnaissance sont habituellement présentés sur des cartes dont léchelle est comprise entre 1/100 000 et 1/250 000. Ils peuvent avoir pour objet létablissement dun plan cadre de mise en valeur et des ressources en terres et en eaux, et notamment le choix des priorités. A léchelle de bassins hydrographiques, les cartes doivent montrer les zones de protection des retenues, les zones intéressées par les crues, les zones à bonifier, les zones marécageuses et intercotidales, enfin, celles qui offrent des possibilités pour lirrigation. Le rapport doit suggérer différentes hypothèses de mise en valeur, en indiquant leurs avantages respectifs, et contenir des recommandations et des instructions concernant les études de préfaisabilité ou de faisabilité à conduire pour chacun des projets jugés prioritaires.
Au stade des études de reconnaissance, les classes daptitude des terres sont, souvent, moins nombreuses que pour les études intensives (soit S1, S2 et N, par exemple). Les types dutilisation y sont généralement définis en termes généraux et lon se contente dune évaluation macro-économique indiquant les potentiels de production et de revenu. Les systèmes de terres sont délimités de façon à distinguer approximativement les terres qui semblent intéressantes pour certains types de cultures irriguées ou pluviales, de celles qui ne le sont pas. Les besoins et limitations des types dutilisation sont moins précis que dans le cas de la planification dun projet particulier. A titre dexemple, le Tableau 29 montre quelles sont les principales caractéristiques climatiques et pédologiques nécessaires à la culture du riz de bas-fond en Indonésie (Bunting 1981) ainsi que le genre dinformations à réunir pour compléter le formulaire 1 au stade des études de reconnaissance.
Tableau 29
FACTEURS POUVANT INFLUER SUR LA CLASSE DAPTITUDE DE TERRES CULTIVEES EN RIZ DE BAS-FOND EN INDONESIE 1/
DESCRIPTION DU TYPE DUTILISATION DES TERRES |
|
|||||
Caractéristique ou |
Unités |
LIMITES CRITIQUES |
||||
s1 |
s2 |
s3 |
n |
|||
Longueur de la période végétative |
jours |
120 |
105 à 120 |
95 à 105 |
95 |
|
Température moyenne pendant la |
°C |
24 à 26 |
26 à 28 |
28 à 30 |
30 |
|
période végétative |
|
|
22 à 24 |
20 à 22 |
20 |
|
Besoins hydriques (précipitations et irrigation) |
mm/an |
> 1 600 |
1 300-1 600 |
1 000 à 1 300 |
< 1 000 |
|
Classe de drainage du sol 2/ |
|
1, 2 |
3, 4 |
5 |
|
|
Texture du sol 3/ |
|
8, 9 |
6, 7 |
5 |
1, 2, 3, |
|
Profondeur denracinement |
cm |
25 |
25 |
25 |
25 |
|
pH du sol |
|
5,5 à 6.5 |
6,5 à 7,5 |
7,6 à 8,2 |
8,2 |
|
Salinité du sol |
dS/m |
3 |
3 à 5 |
5,1 à 6,5 |
6,6 à 8 |
|
Absorption déléments |
N |
kg/ha |
160 |
110 |
75 |
48 (30) |
nutritifs (la quantité |
P |
|
32 |
24 |
18 |
14 (9) |
déléments nutritifs |
K |
|
250 |
170 |
110 |
60 (10) |
enlevée est indiquée entre parenthèses) |
|
|
|
|
|
Daprès Bunting 1981Figure 4a Map of the Southern Conveyor Project, Cyprus, showing the provisionally-irrigable land in the study area - Figure 4a Carte du Projet de collecteur dans la partie méridionale de Chypre, indiquant les terres conditionnellement irrigables dans la zone étudiée - Figura 4a Mapa del Proyecto del Colector Sur, en Chipre, con indicación de las tierras potencialmente regables en la zona del estudio1/ Noter que les caractéristiques ci-dessus ne sont pas toutes classificatrices. La classe daptitude des terres se fonde sur celles de ces caractéristiques qui le sont, compte tenu de leurs interactions (section 6.2) et de leur importance (section 6.3).
2/ Classes de drainage: 1 = drainage très médiocre, 2 = drainage médiocre, 3 = drainage imparfait, 4 = drainage moyen, 5 = bon drainage, 6 = drainage légèrement excessif, 7 = drainage excessif.
3/ Classes de texture: 1 = gravier, 2 = sable grossier, 3 = sable moyen, 4 = sable fin, 5 = sable limoneux, 6 = limon argilo-sableux, 7 = limon, 8 = limon argilo-sableux, 9 = limon fin, 10 = limon très fin, 11 = limon argileux, 12 = limon argileux, 13 = argile sableuse, 14 = argile kaolinitique., 15 = argile limoneuse, 16 = argiles mixtes, 17 = argile montmorillonitique structurée, 18 = argile montmorillonitique massive.
La Figure 3 montre le résultat dune étude de planification dun vaste bassin hydrographique de Sri Lanka et illustre le type de carte qui peut être établi à lissue dune étude de reconnaissance. Létude de la FAO (1968b) prévoyait, à lorigine, un programme de mise en valeur des ressources en terres et en eaux du fleuve Mahaweli étalé sur 30 ans. Les résultats de létude mirent en évidence la possibilité dirriguer 237 000 ha de nouvelles rizières et de fournir un apport deau saisonnier supplémentaire à 104 000 ha de terres portant à lépoque une seule culture annuelle de riz. Il était proposé dentreprendre un programme échelonné visant à développer successivement une série de périmètres dirrigation, dont certains étaient situés dans le bassin du Mahaweli même et dautres dans des bassins voisins recevant un complément deau du Mahaweli par le biais de tunnels, de canaux de liaison ou douvrages de dérivation. Le programme de développement comprenait des installations en amont pour la production délectricité ainsi que des barrages et des retenues pour stocker leau en prévision de la saison sèche. La Figure 3 montre les zones intéressées par ce développement échelonné. Des études de faisabilité ont ensuite été commanditées pour plusieurs de ces zones et le projet a été exécuté.
8.2.1 Présentation du rapport
Léchelle normale des cartes établies à loccasion détudes de préfaisabilité et de faisabilité va du 1/25 000 au 1/50 000 avec, le cas échéant, des cartes à plus petite échelle pour le résumé. Quand on ne possède pas une connaissance complète des disponibilités en eau et des coûts de mise en valeur, on peut classer laptitude des terres daprès le revenu agricole net. Par la suite, on peut se servir de lANSI comme unité de mesure économique de laptitude pour délimiter la zone irrigable à lintérieur de la zone conditionnellement irrigable. Les Figures 4a et 4b reproduisent des cartes à petite échelle montrant, à des stades successifs, les terres conditionnellement irrigables et irrigables du projet de collecteur dans la partie méridionale de Chypre (Water Development Department, Chypre et LRDC, 1982).
Au stade de la classification des terres en conditionnellement irrigables, on présente généralement plusieurs possibilités dutilisation des terres, avec une classification de laptitude respective des terres dans différentes zones et une indication des sous-classes correspondant à certains besoins (drainage, par exemple) de zones contiguës regroupant les différentes unités de terre cartographiées séparément. On peut présenter soit des cartes daptitude des terres pour chaque type dutilisation soit une carte unique accompagnée dune légende en forme de tableau indiquant les différents types dutilisation envisagés, les classes et sous-classes daptitude, en adaptant les données au formulaire 5 (Tableau 9, Chapitre 2) de façon appropriée. Les cartes peuvent être utilisées sans le rapport, doù la nécessité de les rendre explicites. Le Tableau 30 fournit un exemple de légende illustrant la classification des unités de terre pour quelques-uns des types dutilisation décrits dans le Tableau 11 (pour Bali, Indonésie, Section 4.1.2).
Tableau 30
CLASSES ET SOUS-CLASSES DAPTITUDE DES TERRES POUR
DIVERSES COMBINAISONS UNITES/TYPES DUTILISATION DES TERRES CONSIDEREES
IRRIGABLES
EXEMPLE DE LEGENDE CARTOGRAPHIQUE
Type dutilisation des terres |
TERRE A RIZ IRRIGUE |
Agrumes irrigués |
Cocotiers (non irrigués) |
Cultures vivrières pluviales |
||||
2 récoltes de riz/an |
1 culture de riz et 2 cultures palawija/an |
1 culture de riz et 1 de soja/an |
1 culture de riz/jachère |
|||||
Unités de terres représentées sur la carte et
superficies |
TUT 1.1.1 |
TUT 1.2.2 |
TUT 1.2.3 |
TUT 1.1.4 |
TUT 1.5 |
TUT 2.1 |
TUT 2.2 |
|
|
ha |
|
|
|
|
|
|
|
1 |
10 |
Nlm |
S3m |
S2m |
S1 |
S3rm |
S1 |
S1 |
2 |
15 |
Nlm |
S3m |
S2m |
S1 |
S3rm |
S1 |
S1 |
3 |
6 |
Nlm |
Nlm |
S2t |
S2t |
S3rm |
S1 |
S2p |
4 |
34 |
Nlm |
Nlm |
Nlm |
Nlm |
S2d |
S1 |
S1 |
5 |
25 |
S1 |
S1 |
S1 |
S1 |
S2r |
S1 |
S1 |
6 |
18 |
S2m |
S2m |
S1 |
S1 |
Nld |
S1 |
S1 |
7 |
20 |
N2 |
N2 |
N2 |
N2 |
N2 |
N2 |
N2 |
etc. |
|
|
|
|
|
|
|
|
1/ Les numéros des types dutilisation renvoient au Tableau 11.
Lévaluation des terres nest que lun des aspects abordés dans un rapport de préfaisabilité et de faisabilité. Le mode de présentation du rapport est décrit dans le document intitulé Directives pour la préparation des projets dirrigation et de drainage (FAO, 1983).
Il ne faut pas oublier que le rapport sadresse à différentes catégories de lecteurs, du lecteur généraliste qui souhaite avoir une vue densemble en quelques pages au spécialiste qui disséquera tous les détails relevant de sa discipline. La forme du rapport nobéit pas à des règles intangibles, mais la plupart des grands organismes de financement préfèrent recevoir un Rapport principal relativement bref (une quarantaine de pages) abondamment accompagné dannexés contenant toutes données utiles, des descriptions détaillées, des rapports et des cartes dévaluation des terres, des études préliminaires, des spécifications et des devis, et autres matériaux.
Le rapport principal doit être précédé dun bref résumé reprenant les points saillants du projet à lattention des administrateurs et hommes politiques qui nont pas lenvie ou le loisir de lire les chapitres suivants. On peut aussi présenter le résumé dans un document séparé, complété de cartes succinctes montant les zones conditionnellement irrigables ou irrigables et le tracé des réseaux dirrigation et de drainage.
Voici, à titre indicatif, une liste des chapitres que peut comprendre le corps du Rapport. Le contenu desdits chapitres est indiqué au Tableau 31.
Résumé et conclusions
I. IntroductionLa série dannexés qui accompagne un rapport traitera par exemple des points suivants:
II. Généralités
III. Raison dêtre du projet
IV. Zone du projet
V. Principes de conception du projet
VI. Le projet
VII. Organisation et gestion
VIII. Mise en valeur et production agricole
IX. Marchés, prix et résultats financiers
X. Avantages et incidences sur lenvironnement
XI. Questions en suspens et suivi
1. Ressources en eaux de surfaceLe nombre et le titre des volumes varient dun projet à lautre. Par leur nature et leur portée, les annexes doivent anticiper et résoudre les questions que, selon toute probabilité, léquipe dévaluation et lorganisme chargés dexécuter le projet seront amenés à se poser, ce que nous verrons plus en détail au Chapitre 9.
2. Ressources en eaux souterraines
3. Rapport dévaluation des terres, cartes
4. Mise en valeur agricole par lirrigation
5. Etudes techniques (barrages et dérivations)
6. Etudes techniques (collecteurs)
7. Dépenses déquipement et frais renouvelables
8. Organismes participant au projet
9. Commercialisation et prix
10. Résultats financiers
11. Analyse économique.
Tableau 31 LISTE ET CONTENU DES CHAPITRES QUE COMPORTE NORMALEMENT LE RAPPORT PRINCIPAL DUN PROJET DIRRIGATION
Résumé et conclusions
I. INTRODUCTIONHistorique du projetII. GENERALITES
Organismes participants
Contexte du projetLe cadre nationalIII. RAISON DETRE DU PROJET
Secteur agricole
Sous-secteur de lirrigation
Projets antérieursPossibilités de mise en valeurIV. ZONE DU PROJET
Limites à la mise en valeur
Sélection des priorités
Conception du projetDescription généraleV. CONCEPTION DU PROJET
Caractéristiques physiques
Utilisation actuelle des terres et agriculture
Economie locale
Caractéristiques sociales
InstitutionsEvaluation et classification des terresVI. LE PROJET
Aspects techniques de lapprovisionnement en eauDescription du projetVII. ORGANISATION ET GESTION
Ouvrages et autres composants du projet
Disponibilités en eau et demande
Exécution et calendrier du projet
Devis
Financement
AchatsAutorité responsable de lirrigationVIII. DEVELOPPEMENT DE LAGRICULTURE ET PRODUCTION
Service de soutien à lagriculture
Conception et mise en place du projet
Contrôle et évaluation
Fonctionnement et maintenance
FormationStratégie de développement de lagricultureIX. MARCHES, PRIX ET RESULTATS FINANCIERS
Acceptabilité des techniques envisagées
Intrants
Rendements agricoles et productionMarchés et prixX. AVANTAGES ET INCIDENCES SUR LENVIRONNEMENT
Résultats financiers (au niveau de lexploitation)
Analyse financière (au niveau de lentreprise)
Recouvrement des coûtsAvantages et risques économiquesXI. QUESTIONS EN SUSPENS ET SUIVI
Avantages et risques de caractère social
Incidences sur lenvironnementQuestions en suspens
Mesures à prendre avant lévaluation des résultats