Page précédente Table des matières Page suivante


7. EVALUATIONS

7.1. Evaluations directes

7.1.1. Guinée-Bissau

Depuis 1975, plus de 20 campagnes d'évaluation des ressources ont été effectuées sur le plateau et le talus de la Guinée-Bissau, en collaboration avec les organismes scientifiques de I'URSS, du Portugal, de la France, de l'Espagne et de la République populaire de Chine (tableau 15a). En plus de l'evaluation des ressources, ces campagnes se sont également intéressées a une meilleure connaissance de l'hydrologie et de la biologie (reproduction, recrutement, migration,alimentaion, etc.) des principales espèces.

On peut classer les campagnes selon les zones de prospection:

Les stocks démersaux dans les zones intérieures de l'archipel on été estimées à partir de plusieurs méthodes de pêche: filet maillant, palangre de fond, divers types de casiers et nasses; quelques traits de chalut ont eu lieu dans les zones les plus profondes.

Les embouchures du Rio Geba et du Rio Cacheu ont fait l'objet d'un échantillonnage trés poussé en avril et octobre 1988 (campagnes du N/O A. NIZERY). La biomasse minimale des espèces démersales de la zone a été estimée à plus de 40000 t (tableau 16) constituées essentiellement de juvéniles. II est très important de noter que cette zone constitue une vaste nourricerie pour les jeunes individus. Son importance est primordiale pour assurer le renouvellement des stocks exploités par la pêche industrielle en Guinée-Bissau ainsi que dans les pays limitrophes: Sénégal et Guinée.

Les campagnes de chalutage de fond réalisées entre 20 et 350 m par l'ATLANTNIRO à l'aide de navires de type SRTM, de mai 1975 à novembre 1976, fournissent une estimation des biomasses minimales pour les principles espèces (tableau 17). Elles sont très variables pour le total (50 a 180,000 t) et espèce par espece, fluctuations dues en partie à la variabilité saisonnière (saison des pluies, sèche, et de transition).

En 1978–80, les ressources demersales ont ètè estimées à 162,000 t à l'aide des campagnes de plusieurs chalutiers chalutiers du type SRTM.

Plus récemment le navire portugais N/O NORUEGA a échantillonné par chalutage le plateau continental en avril-mai 1988 et mars-avril 1989. Les rendements moyens par strates de profondeur pour les principles especes sont donnés aux tableaux 18a et 18b.

Lors des trois campagnes du N/O soviétique ATLANTIDA (mars-avril 1989, novembre 1989, août-sept 1990), le platequ continental au-delà de 20 m a également été échantillonné par chalutage. Les indices de biomasses pour les principales espèces capturées lors des deux premières campagnes sont donnés aux tableaux 19a et 19b. L'indice de biomasse minimale total pour les espèces démersales varie peu (de 25220 t en mars-avril à 17300 t en novembre 1989).

Une campagne de chalutage de fond a été réalisée en octobre-novembre 1980 sur le talus continental de la Guinée-Bissau par un chalutier espagnol. Elle visait essentiellement les crustacés et céphlopodes. Le rapport (Santana et Fernandez, 1981) donne les indices de rendements pour les principales espèces. Le rapport de la campagne réalisée par la République populaire de Chine n'est pas encore disponible.

Ce tableau résume les espèces pour lesquelles les biomasses ont été trouvées importantes dans les eaux de Guinée Bissau.

 campagnes URSS 75/76NORUEGA 88/89ATLANTIDA 1989
Dentex angolensisXXX
Dentex congoensisXXX
Spicara altaXXX
Brachydeuterus auritusXXX
Dentex macrophthalmusXXX
Ariomma bondi XX
Epinephelus aeneus XX
Priacanthus arenatusX X
Dactylopterus volitansXX 
Chlorophthalmus atlanticusXX 
Smaris microlepsisXX 
Chelidonichthys gabonensisXX 
Balistes capriscusXX 
Pagellus bellottii  X
Selene dorsalis  X
Hypoclydaria bella  X
Pterothrissus belloci  X

7.1.2. Guinée

De nombreuses campagnes de chalutage, et notamment de chalutage de fond, ont été réalisées depuis le début des annees 50 devant la Guinee (tableau 15b). On ne s'intéressera qu'aux plus récentes que sont les plus intensives.

Comme en Guinée-Bissau, on peut classer les campagnes selon les zones de prospection: bande côtière 5–20 m, plateau continental, talus continental.

Depuis 1985, 12 campagnes de prospection par chalutage intensif de la bande côtière ont eu lieu à l'aide due N/O A. NIZERY. Les 7 campagnes réalisées de 1985 à 1988 ont fait l'objet d'un rapport de synthèse (Domain, 1989). Les indices d'abondance et les biomasses exprimés par catégories commerciales (tableau 20) sont donnees dans les tableaux 21 a,b,c,d. Les indices d'abondance pour les principales espèces, de 1985 à 1988 sont indiqués au tableau 22.

Les biomasses minimales estimées varient de 112000 t en 1985 à 49000 t en 1990 en saison humide et de 72000 t a 48000 t en saison sèche. Cette diminution dans le temps serait due a l'arrivée massive de chalutiers sur les petits fonds (fig. 5).

Pour les fonds du plateau continental situés au-delà 15–20 m les resultats de la campagne du chalutier espagnol PEVEGASA (Ariz, 1981) sont les suivants: la seiche est la seule espèce de céphalopodes susceptible d'offrir de hauts redements (70 a 90 kg/h). La zone de concentration de l'espece se situe entre 9°00'N–9°50 N et 13°30'W-14 30'W, dans de fonds inferieurs a 50 m. Les crevettes sont en quantités négligeables. La campagne du N/O espagnol VILLA ANA de mai-juin 1983 a été axée sur la recherche de céphalopodes et crustacés. De ce fait le plateau continental n'a fait l'objet que d'une couverture partielle. Les seiches ont été trouvées en quantités très abondantes, jusqu'à 961 kg par jour de pêche.

Très récemment, le chalutier soviétique ATLANTIDA a estimé à 86000 t (janvier 1990) la biomasse minimale des espèces démersales du plateau continental guinéen. Le rapport de la campagnede juillet-août 1990 de ce meme chalutier ne donne pas de valeur globale de biomasse pour les espèces démersales.

Une campagne de chalutages intensifs à eu lieu a l'aide du N/O l. SAUGER sur le plateau continental de 20 à 200 m. Les principaux résultats concernant les rendements et les indices de biomasses minimales sont portés au tableau 23. La biomasse totale (totes espèces confondues) a été estimée à 180000 t dont 44000 t à haute et moyenne valeur commerciale.

Les campagnes concernant le talus continenta sont au nombre de deux. L'une, dont on a déjà parlé pour la Guinée-Bissau, a eu lieu en octobre-novembre 1980 at visait essentiellement les crustacés et céphalopodes (Santana et Fernandez, 1981). Une campagne sur les crabes profonds a été menée par le caseyeur japonais RYOYOSHI MARU en 1989: les résultats ont été très décevants et la ressource ne semble pas permettre une exploitation commerciale.

7.1.3. Sierra Leone

Depuis 1985, de nombreuses campagnes de chalutage ont été réalisées sur le plateau continental par des navires de recherche soviétiques. Malheurusement, à ce jour, aucun rapport n'a été soumis aux scientifiques de la Sierra Leone. A partir du double des feuilles de chalutage,il a pu être réallisé pour les 5 campagnes de l;ATLANTIDA (06/87, 10/88, 04/89, 11/89, 07/90) une estimation des rendements et des biomasses (tableau 24) des principales espèces. La couverture s' étend de 15 à 100m, le coefficient de capturabilité a été pris égal a 0,5; il s' agit donc du double des biomases minimales. Les valeurs obtenues montrent de grandes variations d'une campagne à une autre (voir méthodologie et estimation par strate en Annexe 13).

II est supposé que les changements saisonniers de la salinité et de la température en sont responsables.

Guinea 90 est la seule campagne réalisée depuis 20 ans concernant les ressources du talus continental de la Sierra Leone. Elle n'a comporté que 15 traits de chalut entre 200 et 700 m (Ramos Martos et al., 1990). Les ressources en sont donc mal connues, mais ne doivent guere différer de celles des pays voisins.

CONCLUSION

La région se caracterise par la grande importance de la communauté côtière des sciaenidés dans sa composante estuarienne telle que déefinie par Longhurst (1969). Ceci provient de la grande surface occupée par les petits fonds et de l'enrichissement trophique qui provient surtout des eaux douces continentales. Ces vastes zones côtières représentent un abri et une nourricerie pour le jeunes individus et les adultes correspondants se retrouvent au large. L'importance de la zone occupée par cette communauté varie en fonction des saisons, un des facteurs primordiaux étant l'apport en eau douce. L'analyse des campagenes de chalutage sur une longue periode avait déjà permis de mettre en évidence l'explosion de l'espèce Balistes capriscus dans la région, du milieu des annees 70 au début des annees 80. La biomasse de cette espèce semi-pélagique a alors pu être estimée à plus d'un million de tonnes, en faisant de loin la première espèce de la région. L'analyse des campagnes récentes révèle un brusque effondrement de cette espèce à partir de fin 1988–89. L'accroissement a été mis en relation, sans preuve formelle, avec la secheresse en Afrique. IIest possible qu'un retour à une pluviométrie normale, ce qui reste encore à prouver, soit à l'origine de l'effondrement de 1989.

7.2. Evaluations indirectes

7.2.1. Evaluation poissons

Les données disponibles concernant les captures et les efforts exercés sur les ressources en poisson n'ont pas été jugées adéquates par le groupe pour tenter de conduire des évaluations par les méthodes globales.

Les observations faites en Guinée lors de campagnes d'évaluation directe du N/O NIZERY réalisées de 1985 a 1990 dans la zone côtière sur des fonds inférieurs à 20 m indiquent une diminution de la biomasse minimale de 112000 t en 1985 à 42000 t en 1990 pour la saison humide, et de 72000 t à 48000 t pour la saison sèche. Afin de compléter ces observations, le groupe de travail a procédé à l'estimation du taux d'exploitation d'une espèce représentative de la communauté à Sciaenidae côtiers,Pseudotolithus senegalensis, avant et après la baisse d'abondance observée. Les données proviennent des fréquences de taille pondérées par les biomasses issues des campagnes d'évaluation de 1985 (mars et septembre) (tableau 25) et de 1988 (avril et septembre) (maillage 25 mm). Ces données ont servi a estimer la mortalité totale Z par analyse des courbes de captures en taille. Deux courbes de croissance pour cette espèce ont été utilisées: celle de Sun (1975) pour le Sénégal et celle de Trodec (1968) pour le Congo. La première équation, établie en zone côtière enrichie par un upwelling, est plus lente qua la seconde établie en zone côtière enrichie par des apports d'eau douce continentaux importants. Aucune donnée disponible dans la sous-région en question ne permet de choisir l'une ou l'autre courbe; îl parait cependant probable que l'importance des apports continentaux et l'absence de phénomène d'upwelling rapproche davantage la sous-region en question de celle étudiée par Troadec (1968). La mortalité naturelle a été estimee par l'équation empirique de Pauly (1980) à partir de K, L et d'une indication de température des eaux dans lesquelles habite l'espèce. Les résultats indiqués figures 6a à 6d, montrent que la structure démographique de Pseudotolinhus senegalensis change radicalement entre 1985 et 1988 et ceci quelle que soit la courbe de croissance utilisée. La structure démographique en 1985 indique une diminution très lente des effectifs avec la taille qui forment un plateau dans la partie centrale de la courbe. En 1988, cette partie de la courbe s'incline fortement, suite au dévelopement dans l'inter-période de la pêche artisanale traditionnelle avancée et également à la présence illégale de pêche industrielle en zone côtière. Le taux d'exploitation augmente donc de façon significative entre 1985 et 1988. Selon la courbe de croissance utilisée, cette augmentation est de 60 ou 88%. Le taux d'exploitation attendrait 0,24 en 1988 signifiantune exploitation modérée pour cette espèce de la communauté démersale des sciaenidés en Guinée.

7.2.2. Evaluation des stocks de céphalopodes

Compte tenu la qualité des données, et surtout de l'origine incertaine des captures, aucune évaluation réaliste n'a pu être envisagée par le groupe. Cependant, et à titre d'essai, un modèle global a été appliqué aux ressources en céphalopodes de l'ensemble du plateau continental guinéen. Considérer cette grande région dans son ensemble permet de réduire les problèmes liés à l'origine des captures.

Deux variantes du modèle ont été testées (m=1, Fox; m=2, Schaefer) (voir figure 7); la PUE utilisée pour calculer l'effort théorique est la PUE de Corée + Complaisance, la série historique étant la plus longue (tableau 26).

L'ajustement est relativement bon (0,63), et les résultats concernant le MSY (prise maximale équilibrée) sont identiques dans les deux cas: 24000 t. Il apparaît depuis 1984 une augmentation continue de l'effort de pêche avec une progression très importante en 1990. Selon le modèle, l'effort 1990 correspond à l'effort optimal (Fox) ou à un effort légèrement plus important que Fopt (Schaefer).

7.2.3. Evaluation des stocks de crevettes

Guinée-Bissau

Les statistiques de captures permettent d'évaluer les tendances dans les captures totales pour Penaeus spp. (eaux côtières) et pour les stocks profonds (surtout Parapenaeus longirostris). L'effort n'est ici disponible que pour 1989 et 1990 mais le traitement des données passées en cours devrait à l'avenir fournir des données de capture et d'effort suffisantes pour leur utilisation dans les modèles globaux.

Sierra Leone

Il existe une série historique de capture et d'effort pour les crevettes côtières (Penaeus spp.). Les stocks profonds font aussi l'objet d'une exploitation secondaire,main comme il s'agit de navires n'ayant pas de licence et débarquant dans divers ports (dont Las Palmas), les statistiques de pêche sont incomplètes et ne sont pas appropriées pour l'utilisation d'un modèle particulier.

Des estimations du MYS ont déjà été réalisées ( Garcia et Lhomme, 1977), situant à 1870 tonnes la prise maximale équilibrée(années 1969 à 1976). L'utilisation de la série 1985–1990 dans les modèles de Fox et Shaefer a donné des estimations de MSY bien supérieures (6000 à 8000 t), avec un degré d'ajustement très médiocre. Il est probable que les données dont la qualité douteuse a déjá été signalée (en particulier l'origine des capturees) explique ces divergences d'estimation. Il est fort probable qu'une partie des captures débarquées à Las Palmas proviennent du Libéria, ce que expliquerait des captures atteignant en 1988 et 1990 le double du MSY 1969 à 1976.


Page précédente Début de page Page suivante