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ANNEXE 11
DONNEES ECONOMIQUES ET SOCIALES SUR LA PECHE ARTISANALE
EN GUINEE

1. Transformation et distribution

Le fumage représente pratiquement la seule technique de conservation à grande échelle du poisson débarqué, les moyens de conservation par la glace étant limités (4 à 5 chambres frigorifiques).

Ainsi 80% du poisson débarqué est soumis au fumage. Cette transformation concerne toutes les espèces. L'activité de fumage est une activité essentiellement féminine. Elle occupe un bon millier de femmes à Conakry et plus de 500 hommes à Boffa (Keita, 1987).

A cette homogénéité dans la technique de conservation du poisson s'oppose une hétérogénéité des sources d'approvisionnement et des lieux de vente. En effet le poisson frais ou fumé vendu sur les marchés de Conakry, principalement celui de Madina, provient du Port Autonome et de la pêche artisanale.

Les opérations de vente les plus rénumératrices pour le commerce du poisson fumé s'éffectuent de Conakry et Boffa vers l'intérieur, cette dernière étant la principale région côtière pourvoyeuse, tandis que Kissidougou est le centre de collecte de distribution le plus important vers les régions les plus réculées de la Haute Guinée et de la Guinée forestière.

2. Organisation sociale (en Guinée)

2.1. Groupes culturels en présence

Pêche:

* Soussous:- Hommes 59,26% (propriétaires)
- Marins 53,65%
- Femmes 42,86% (propriétaires)
* Bagas:  - Hommes + Femmes 15,79% (propriétaires)
- Marins
* Peulhs:- Hommes + Femmes 11,58% (propriétaires)
* Sierra léonais:- Hommes + Femmes 9,47%
- Marins 27,50%

Fumage et vente: 97,14% sont guinéennes

* Soussous 72,86%

* Bagas + Peulhs et autres ethnies étrangères étant minoritaires

2.2. Lieux de naissance

La comparaison des lieux de naissance entre les 3 groupes socio-professionnels étudiés indique une assez grande mobilité migratoire puisque 39,51% des propriétaires, seulement 23, 78% des marins et 28, 99% des femmes-vendeuses de poisson sont originaires de Conakry.

Une étude de la répartition des propriétaires et des marins par débarcadère et selon le lieu de naissance, fait apparaître des flux préférentiels: certains sont quasiment exclusifs tels que ceux qui s'établissent entre Dubréka et Kaporo, on recueille 76, 47% des marins et 62, 50% des propriétaires natifs de Dubréka. De même, Bonfi rassemble la totalité des investisseurs et 89, 47% des marins originaires de Pita.

La différence majeure intervenant entre les propriétaires et leurs recrues, est l'importance de la part des marins sierra léonais sur le port de boulbinet, Bonfi et surtout Landréah, comparée à celle des propriétaires non guinéens sur chacun des ces débarcadères.

A Landréah, on passe ainsi de 9% des prioprétaires sierra léonais à 51,39% pour les marins appartenant à cette nationalité.

Cependant, l'examen des lieux de naissance ne révèle pas la complexité des mouvements migratoires. Un regard sur l'itinéraire géographique des enquêtes depuis leur naissance jusqu'à la date de l'enquête. Toutefois, la mobilité variant selon la génération, il est nécessaire de se pencher sur la structure des âges.

2.3. L'âge

L'âge des propriétaires:

4,21% ont moins de 30 ans âge moyen = 45 ans
47,36% ont plus de 40 ans

Inversement, les marins sont jeunes:

67,55% ont moins de 30 ans
et seulement 3,51% ont plus de 45 ans

Les femmes-vendeuses:

14,29% ont moins de 30 ans
et seulement 21,43% ont plus de 45 ans

Il est vrai que le fumage ou le commerce de poisson exige moins d'investissements que la pêche au départ. La relative “rapidité” avec laquelle les femmes entrent dans ces activités, permet de penser que l'on en sort aussi vite.

2.4. Le statut et l'origine socio-professionnels

Le Statut socio-professionnel:

de tout ce qui précède, il ressort que la pêche artisanale traditionnelle est une activité ouverte à des agents économiques d'origines géographiques variées. Attire-t-elle également des individus issus de milieux socio-professionnels diversifiés ? De même est-elle une activité pratiquée à titre exclusif ou rencontre-t-on également des investisseurs exerçant des métiers étrangers au secteur ?

50,62% des propriétaires hommes déclarent embarquer.

61,73% pratiquent la pêche à titre exclusif.

17,28% la considèrent comme une activité annexe (ce sont principalement les salariés de l'administration, d'établissements publics ou privés), l'agriculture ou l'artisanat sont cités à titre secondaire. Si l'activité de pêche proprement dite est exclusivement masculine, celle du fumage est quasiment féminine.

75% des fumeuses ne pratiquent pas de professions annexes; les autres sont principalement cultivatrices ou employées à la coopérative de Bonji; il y a lieu de distinguer l'activité de fumage de celle de la vente, bien que certaines femmes déclarent exercer les deux, 40% des femmes vendeuses exercent une profession annexe, 36% d'entre elles s'adonnent également au fumage.

Cependant, certains facteurs (géographiques, ethniques, etc.) semblent favoriser une relative spécialisation. En effet, il apparaît que 89% environ des peulhs et la quasi totalité des étrangers ont une propension à être exclusivement pêcheurs, tandis que les soussous et les bagas se répartissent à peu près également entre la pêcherie exclusive et la pêcherie plus activité annexe. Cela est corroboré par les lieux de naissance des agents impliqués dans la pêcherie: 71,6% des individus nés hors de Conakry exercent en exclusivité la pêcherie contre 46,8% de ceux nés à Conakry (la quasi totalité des peulhs sont nés hors de Conakry).

L'origine socio-professionnelle:

71,05% des propriétaires ont reçu la pêcherie comme héritage de leur ascendants paternels tandis que 34,88% seulement des armateurs dont le père pratiquant une activité non halieutique ont au moins un membre de la génération antérieure qui a investi dans la pêche. En tout, 51,85% de l'ensemble des propriétaires hommes ont au moins eu un ascendant pêcheur autre que le père.

Chez les femmes et vendeuses de poisson, le pourcentage des membres de la famille appartenant à la génération antérieure et impliquée soit dans la pêche, soit dant la fumage, soit dans la vente, est plutôt faible, de l'ordre de 30, 43%.

2.5. Composition de l'unité de résidence

La taille moyenne de l'unité de résidence est de 15,22 selon notre échantillon pour les propriétaires hommes et de 19,75 pour les propriétaires femmes tandis qu'elle est de 11 pour les fumeuses-vendeuses. Ces résultats sont fort différents de la taille moyenne des ménages: 8,8 (Recensement Général Population et Habitat, 1983).


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