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CHAPITRE 2. CONCEPTS FONDAMENTAUX


2.1 Généralités
2.2 Terres
2.3 Utilisation des terres
2.4 Caractéristiques et qualités des terres et critères diagnostiques
2.5 Besoins et limitations
2.6 Amélioration des terres
2.7 Aptitude et capacité de production des terres

2.1 Généralités

Les questions débattues ci-après sont fondées sur certaines notions et définitions fondamentales concernant la terre proprement dite, les catégories d'utilisation des terres, leurs caractéristiques et qualités et les améliorations qu'on peut leur apporter.

Afin d'éviter toute ambiguïté, le texte comporte certaines définitions schématiques. Pour toute définition plus complète des termes spécialisés, voir le glossaire.

2.2 Terres

On entend par terres l'environnement physique, y compris le climat, le relief, les sols, l'hydrologie et la végétation dans la mesure où ces derniers influent sur leur potentiel d'utilisation. Elles comprennent les résultats des activités humaines passées et présentes (conversion des rivages en terres convenablement asséchées, défrichement de la végétation ou même des résultats négatifs, comme la salinisation des sols). Le concept des terres ne comprend pas, toutefois, des caractéristiques purement socio-économiques qui s'inscrivent dans leur propre contexte.

Par unité cartographique des terres on entend une superficie de terre délimitée sur une carte et possédant des caractéristiques déterminées. Les unités cartographiques terrestres sont définies et cartographiées moyennant la prospection des ressources naturelles, par exemple, des enquêtes pédologiques, l'inventaire des forêts, etc. Leur degré d'homogénéité ou de variation interne dépend du niveau de l'étude. Dans certains cas, une même unité cartographique peut englober deux ou plusieurs types de terre distincts, possédant des aptitudes différentes, comme, par exemple, un champ d'inondation constituant une seule unité cartographique, mais comprenant aussi bien des superficies alluviales bien drainées que des superficies marécageuses.

Le concept des terres est, par conséquent, plus vaste que celui des sols ou de la topographie. Les variations des sols, ou des sols et des formes du relief, sont souvent la principale cause des différences entre les unités cartographiques d'une même zone, et la définition de ces dernières est donc parfois fondée principalement sur les enquêtes pédologiques. On ne peut pas, toutefois, évaluer la vocation des sols pour telle ou telle utilisation des terres sans tenir compte des autres aspects de l'environnement, et c'est pourquoi c'est sur la base du concept des terres qu'on évalue leur aptitude.

2.3 Utilisation des terres


2.3.1 Catégories principales ou types d'utilisation des terres
2.3.2 Utilisation multiple et polyvalente des terres

L'évaluation de l'aptitude des terres demande que l'on apparente les unités cartographiques à des types d'utilisation bien définis compatibles avec les conditions physiques et socio-économiques générales qui règnent dans une région donnée. L'utilisation des terres fait l'objet de l'évaluation de ces dernières et peut être divisée en catégories principales ou types d'utilisation des terres.

2.3.1 Catégories principales ou types d'utilisation des terres

Une catégorie principale d'utilisation des terres est une grande subdivision de l'utilisation du territoire rural, telle que l'agriculture irriguée et non irriguée, les pâturages, la sylviculture ou les loisirs. Les catégories principales d'utilisation des terres sont généralement prises en considération dans les études qualitatives ou de reconnaissance.

Un type d'utilisation des terres est un mode d'utilisation dont la définition est plus détaillée que celle d'une catégorie principale. Les études d'évaluation quantitative prennent généralement en considération des types d'utilisation des terres décrits avec autant de précision qu'il le faut. Ils ne représentent donc pas un niveau de catégorie dans une classification d'utilisation, mais se rapportent à toute utilisation bien définie d'un niveau inférieur à celui de la catégorie principale.

Un type d'utilisation des terres consiste en un ensemble de spécifications techniques dans un contexte physique et socio-économique donné. Il peut s'agir de l'environnement tel quel ou d'un contexte futur modifié par des améliorations importantes apportées à la terre, comme dès projets d'irrigation et de drainage, par exemple. Les éléments des types d'utilisation des terres comprennent des données ou des hypothèses sur:

- la production, comprenant les biens (cultures, bétail, bois d'oeuvre), les services (loisirs) ou autres avantages (conservation de la faune sauvage);

- l'orientation du marché: production dirigée vers la subsistance; ou vers le commerce;

- le coefficient de capital;

- le coefficient de main-d'oeuvre

- les sources d'énergie (main-d'oeuvre, animaux de trait, machines actionnées au carburant);

- les connaissances techniques et l'attitude des utilisateurs fonciers;

- les techniques employées (outils et machines, engrais, races animales, transport agricole, méthodes d'abattage des arbres);

- les infrastructures nécessaires (scieries, fabriques de thé, services consultatifs agricoles);

- la taille et la configuration des propriétés foncières (remembrées ou morcelées);

- le régime foncier (tenures juridiques ou droits coutumiers par des particuliers ou des groupes);

- les niveaux des revenus exprimés par habitant, par unité de production (exploitation agricole, par exemple) ou par superficie unitaire.

Les méthodes d'aménagement des différentes terres soumises à un même type d'utilisation ne sont pas nécessairement identiques. Il peut s'agir, par exemple, d'agriculture mixte, ou une partie des terres est sous cultures et une autre consacrée aux pâturages. De telles différences peuvent découler, soit des variations de la terre, soit des exigences du système d'aménagement, soit des deux.

Ci-après, quelques exemples de types d'utilisation des terres:

i) cultures annuelles non irriguées d'arachides (cultures de rapport) + maïs (cultures de subsistance) par des petits exploitants disposant de ressources de capital limitées et faisant appel à des animaux de trait et à un fort coefficient de main-d'oeuvre sur des propriétés de 5 à 10 hectares;

ii) pratiques agricoles semblables à celles décrites à l'alinéa (i) ci-dessus, du point de vue production, capital, main-d'oeuvre, énergie et techniques, mais effectuées sur une base communautaire sur des exploitations de 200 à 500 hectares,

iii) production commerciale de blé sur de vastes propriétés foncières, avec un fort coefficient de capital, un faible coefficient de main-d'oeuvre et un niveau élevé de mécanisation et de biens de production;

iv) élevage extensif avec un coefficient de capital et de main-d'oeuvre moyen sur des terres détenues et administrées par les services centraux d'une institution gouvernementale;

v) plantation d'essences de résineux exploitées par le département des forêts du gouvernement, avec un fort coefficient de capital, un faible coefficient de main-d'oeuvre et des techniques modernes;

vi) parc national à des fins de loisirs et de tourisme.

On trouvera au chapitre 5 la description d'autres types d'utilisation des terres.

Lorsqu'on souhaite apparenter les types d'utilisation agricole des terres à une classification générale, on peut faire appel au ''Typology of World Agriculture of the International Geographical Union" (Kostrowicki, 1974). Beek (1975) traite d'une façon plus détaillée du rôle que jouent les types d'utilisation des terres dans l'évaluation de ces dernières.

2.3.2 Utilisation multiple et polyvalente des terres

Ces deux termes se rapportent à des situations dans lesquelles plusieurs catégories d'utilisation des terres sont pratiquées dans une même unité cartographique.

Par type d'utilisation multiple des terres on entend une même terre utilisée simultanément à plusieurs fins, avec les inputs, les besoins et la production correspondant à chaque type d'utilisation (par exemple, terre consacrée à la plantation de bois d'oeuvre et utilisée simultanément à des fins de loisirs).

Par type d'utilisation polyvalente des terres on entend l'utilisation à plusieurs fins, soit en rotation périodique sur une même terre, soit simultanément sur des parcelles distinctes d'une terre, considérées, pour les besoins de l'évaluation, comme une seule unité (exemple, agriculture mixte avec une partie des terres sous cultures et une partie consacrée aux pâturages).

On peut parfois trouver un type d'utilisation convenable en groupant plusieurs unités cartographiques sous une même gestion, comme par exemple celle de l'élevage faisant appel aux basses terres pour faire paître le bétail pendant la saison sèche et aux hautes terres pendant la saison des pluies, lorsque les basses terres sont inondées.

On définit les types d'utilisation des terres dans le but d'évaluer ces dernières. La description de ces types n'a pas à comporter toute la gamme des pratiques d'aménagement, mais seules celles qui touchent à l'aménagement et à l'amélioration de la terre. Au niveau d'études d'évaluation détaillées, on peut étendre des types d'utilisation définis de près à des systèmes agricoles en y adjoignant d'autres éléments de l'aménagement des exploitations. Inversement, on peut adopter, pour définir des types d'utilisation des terres, des systèmes agricoles qui ont déjà été étudiés et décrits.

2.4 Caractéristiques et qualités des terres et critères diagnostiques


2.4.1 Exemples
2.4.2 Le facteur "rareté" dans la valeur des terres

La caractéristique d'une terre est une propriété qu'on peut mesurer ou évaluer, comme par exemple, la raideur d'une pente, les précipitations, la texture des sols, la capacité de rétention d'eau disponible, la biomasse de la végétation, etc. Les unités cartographiques établies sur la base de prospections des ressources sont en principe décrites en termes de caractéristiques des terres.

Lorsque dans une évaluation on se sert directement des caractéristiques des terres, on se heurte aux problèmes que pose l'interaction entre ces dernières. Les risques d'érosion du sol ne sont pas présentés uniquement par la raideur de la pente, par exemple, mais aussi par l'interdépendance qui existe entre celle-ci et un certain nombre d'autres caractéristiques, telles que la longueur de la pente, la perméabilité et la structure du sol, l'intensité d'une pluie, et ainsi de suite. En raison de ces problèmes, il est souhaitable d'effectuer la comparaison entre la terre et son utilisation en termes de qualités.

Par qualités des terres on entend un ensemble dé terres qui agit différemment d'autres qualités sur l'aptitude d'une terre à un certain mode d'utilisation. Les qualités d'une terre peuvent être exprimées en termes aussi bien positifs que négatifs (disponibilités en eau, résistance à l'érosion, vulnérabilité aux inondations, valeur nutritive des pâturages, accessibilité, etc.). On peut également évaluer les qualités d'une terre sur la base de données telles que le rendement des cultures, l'accroissement annuel moyen des essences, etc., lorsque ces données sont disponibles.

On trouvera au tableau 1 une liste des qualités des terres sous l'angle de la production, moyennant trois types d'utilisation, ainsi que sous celui de l'aménagement et des biens de productions. Cette liste n'est pas exhaustive et chaque qualité ne se rapporte pas nécessairement à une superficie donnée ou à tel ou tel type d'utilisation des terres. D'après certaines théories de Beek et Bennema (1972), les qualités énumérées en A peuvent se rapporter aux trois types d'utilisation, tandis que celles citées en B et C s'appliquent en outre aux types d'utilisation auxquels ils correspondent. Par ailleurs, certaines qualités se rapportent à des améliorations majeures de la terre qui varient selon les cas, comme, par exemple, l'évaluation d'une terre sous l'angle des disponibilités en eau pour un projet d'irrigation.

L'influence d'une qualité de la terre ne se borne pas nécessairement à une seule catégorie d'utilisation. Une même qualité peut, par exemple, influer sur l'utilisation de la terre à des fins de culture et d'élevage.

La terre possède une vaste gamme de qualités, mais seules celles qui se rapportent aux possibilités d'utilisation envisagées doivent être définies. Une qualité de la terre est applicable à un type donné d'utilisation de cette dernière lorsqu'elle influe, soit sur le niveau des inputs requis, soit sur celui des avantages obtenus, ou encore sur les deux. Par exemple, la capacité d'une terre de retenir les engrais est une qualité qui intéresse la plupart des formes d'agriculture et qui influe aussi bien sur les apports d'engrais que sur les rendements des cultures. De même, le degré de résistance à l'érosion est lié au coût des travaux de conservation des sols nécessaires pour mettre les terres sous cultures, et la valeur nutritive des pâturages à la productivité des terres consacrées à l'élevage.

Bien qu'on puisse parfois directement évaluer ou mesurer les qualités des terres, on fait souvent appel à leurs caractéristiques pour les décrire. Les qualités ou caractéristiques dont on se sert pour définir les limites des classes et des sous-classes d'aptitude des terres sont appelées des critères diagnostiques.

Par critère diagnostique on entend une variable ayant une influence connue sur la production d'un type d'utilisation des terres donné ou sur les inputs qu'il requiert; il peut s'agir d'une qualité, d'une caractéristique ou de la fonction d'un ensemble de caractéristiques. A tout critère diagnostique on appliquera une valeur critique ou une série de valeurs critiques servant à définir les limites des classes d'aptitude.

2.4.1 Exemples

Prenons, par exemple, le terme "disponibilité en oxygène au niveau de la racine". On peut estimer cette qualité en appliquant le critère diagnostique de la période durant laquelle le potentiel d'oxydo-réduction (Eh) est inférieur à + 200 millivolts. Vu que, souvent, ce type d'information n'est pas disponible, on applique le critère suivant, à savoir, celui des périodes pendant lesquelles la zone radiculaire se situe en dessous de la nappe phréatique. Par exemple, lorsque cette période est de trois à six mois, la disponibilité en oxygène peut être classée comme étant "modérée", et comme étant "faible", lorsqu'elle est de plus de six mois. A défaut de ces renseignements, on peut se servir des classes de panachure ou de drainage des sols, ou encore de la végétation naturelle, en tant que critères diagnostiques pour évaluer la disponibilité en oxygène.

Tableau 1

EXEMPLES DE QUALITES DES TERRES

A. QUALITES DES TERRES SOUS L'ANGLE DE LA PRODUCTION DE CULTURES OU AUTRES FORMES DE CROISSANCE VEGETALE

- Rendements des cultures (résultante de nombre des qualités énumérées ci-après)
- Disponibilité en eau
- Disponibilité en éléments nutritifs
- Disponibilité en oxygène au niveau de la racine
- Bonne base d'enracinement
- Conditions de germination
- Facilité du travail de la terre
- Salinité et alcalinité
- Toxicité du sol
- Résistance à l'érosion du sol
- Parasites et maladies liées à la terre
- Risques d'inondation (fréquence et périodes)
- Rayonnement solaire et photopériode
- Intempéries nuisibles à la croissance des plantes (vent, grêle, gelée, etc.)
- Influence de l'humidité atmosphérique sur la croissance des plantes
- Périodes de séchage pour la maturation des cultures
B. QUALITES DES TERRES SOUS L'ANGLE DE LA PRODUCTION D'ANIMAUX DOMESTIQUES
- Productivité des pâturages (résultante de nombre des qualités énumérées en A ci-dessus)
- Rigueurs climatiques nuisibles aux animaux
- Parasites et maladies endémiques
- Valeur nutritive des terres à pâturage
- Toxicités des terres à pâturage
- Résistance à la dégradation de la végétation
- Résistance à l'érosion du sol en régime de pâturage
- Disponibilités en eau d'abreuvement
C. QUALITES DES TERRES SOUS L'ANGLE DE LA SYLVICULTURE

Les qualités ci-après se rapportent aussi bien aux forêts naturelles qu'artificielles.

- Accroissement annuel moyen des essences (résultante de nombre des qualités énumérées en A).

- Types et quantités d'essences Indigènes

- Facteurs d'emplacement influant sur l'établissement de jeunes arbres

- Parasites et maladies

- Risques d'incendies

D. QUALITES DES TERRES SOUS L'ANGLE DE L'AMENAGEMENT ET DES BIENS DE PRODUCTION
Les qualités énumérées ci-après se rapportent aussi bien aux terres utilisées pour l'agriculture que pour l'élevage ou la sylviculture.

- Facteurs topographiques influant sur la mécanisation (facilité de déplacement)

- Facteurs topographiques influant sur la construction et l'entretien de routes d'accès (accessibilité)

- Taille des unités d'aménagement potentielles (par exemple divisions forestières, exploitations, champs)

- Situation par rapport aux marchés et aux centres d'approvisionnement en biens de production.

Il ressort de l'exemple ci-dessus qu'il est parfois possible de décrire les qualités d'une terre à l'aide d'une seule caractéristique. Dans maints cas, toutefois, leur classification en exige plusieurs, comme le montre l'exemple ci-après, quant à la disponibilité en eau.

Celle-ci constitue une qualité qui se rapporte à une vaste gamme d'utilisations: cultures, élevage (croissance des pâturages), sylviculture, etc.). Elle influe aussi bien sur la production (rendements des cultures, par exemple) que sur les inputs nécessaires (paillage, quantités d'eau d'irrigation nécessaires, etc.). Parmi les caractéristiques qui influent le plus sur la qualité "disponibilité en eau" figurent: la pluviométrie (répartition saisonnière et variabilité); l'évapotranspiration potentielle et, par conséquent, les autres caractéristiques qui entrent forcément en jeu (température, humidité, vitesse du vent, etc.); la capacité de rétention d'eau disponible et les caractéristiques qui la touchent (profondeur d'enracinement, capacité au champ et point de flétrissement de chaque horizon, cette dernière étant, à son tour, influencée par la texture, la teneur en matière organiques, etc.). Une autre caractéristique importante des terres (qui peut être estimée, mais non pas mesurée sur une brève période de temps) est la fréquence probable à laquelle la teneur en eau du sol tombe au point de flétrissement dans toute la zone radiculaire. On ne se servirait en aucun cas de toutes ces caractéristiques en tant que critères diagnostiques. Supposons, par exemple, que dans une région à l'étude les différences relatives aux précipitations et à l'évapotranspiration potentielle soient tellement minimes qu'elles ne seraient guère utiles pour différencier les types de terres; ces caractéristiques viendraient s'inscrire dans le contexte physique de l'évaluation et ne seraient pas utilisées pour définir les limites des classes d'aptitude; le critère diagnostique le plus approprié utilisé à cette fin est sans doute la capacité de rétention d'eau disponible du sol. Toutefois, lorsque les données pédologiques ne sont pas disponibles, on peut faire appel à une fonction de la profondeur d'enracinement (à laquelle on appliquera une série de valeurs critiques de l'ordre de 40 cm ou plus, 30 à 40 cm ou 24 à 30 cm pour définir les limites des classes d'aptitude) et à une fonction de texture du sol qui, selon certains, sont toutes deux en relation linéaire avec la capacité de rétention d'eau disponible.

2.4.2 Le facteur "rareté" dans la valeur des terres

Lorsqu'une terre ou certaines de ses qualités sont rares dans une région ou un pays donnés, elle peut n'en avoir que plus de valeur. C'est souvent le cas des réserves naturelles. A l'extrême, la flore ou la faune propres à une seule région peuvent rendre ce territoire virtuellement irremplaçable et demandent des mesures de protection des plus strictes, en dépit d'autres possibilités d'utilisation hautement rentables. De même, certaines terres aptes à une utilisation productive donnée, comme, par exemple, celles consacrées aux pâturages pendant la saison sèche, acquièrent une valeur supplémentaire en raison de leur rareté.

2.5 Besoins et limitations

Un mode d'utilisation donne exige un ensemble donné de qualités des terres pour en déterminer la production et l'aménagement.

Par limitations on entend une qualité de la terre, ou son expression sous forme de critère diagnostique, ayant un effet nuisible sur une catégorie d'utilisation de la terre.

Par exemple, la motoculture du blé exige, entre autres choses, une disponibilité élevée en oxygène au niveau de la racine et l'absence de tout obstacle, tel que roche ou affleurement; une teneur excessive en eau ou la présence de roches constituent des limitations, qualités négatives qui se traduisent par la mesure dans laquelle les conditions de la terre ne répondent pas aux besoins d'un mode d'utilisation donné.

2.6 Amélioration des terres

Par amélioration des terres on entend la modification bénéfique des qualités de la terre proprement dite, à ne pas confondre avec l'amélioration de l'utilisation des terres, c'est-à-dire les changements que l'on apporte à un mode d'utilisation donné de la terre ou à son aménagement.

Les améliorations des terres peuvent être majeures ou mineures. L'amélioration majeure d'une terre permet de modifier sensiblement et de façon assez permanente les qualités de la terre qui influent sur un mode d'utilisation donné. Elle demande un input important et non renouvelable, généralement sous forme de capital pour la construction d'ouvrages et l'acquisition de matériel. Une fois menée à bien, son entretien représente une dépense continue, mais la terre elle-même est plus apte à être utilisée qu'auparavant. Les grands projets d'irrigation et de drainage, d'assèchement des marais et de désalinisation des sols constituent des exemples d'améliorations majeures des terres.

Les améliorations mineures des terres ont des effets assez faibles ou provisoires et peuvent normalement être assumées par l'exploitant ou autre utilisateur foncier. L'épierrage, l'éradication des plantes adventices et le creusement de fossés de drainage sont des exemples d'améliorations mineures des terres.

On fait une distinction entre les améliorations majeures et mineures des terres uniquement pour faciliter la classification de leur aptitude. En outre, cette distinction est tout à fait relative; elle n'est pas nettement définie et n'est valable que dans un contexte local donné. En cas de doute, il faut tout d'abord voir si l'amélioration en question peut être assumée, du point de vue technique et financier, par des agriculteurs particuliers, ou autres propriétaires fonciers (y compris des propriétaires communautaires, comme les coopératives des villages, par exemple). Dans maintes régions, des opérations telles que le sous-solage, le dynamitage ou la construction de terrasses peuvent ne pas être à la portée des agriculteurs particuliers et sont donc considérées comme des améliorations majeures. Par contre, dans les pays disposant de vastes exploitations, de fortes ressources en capital et de bonnes facilités de crédit, elles peuvent l'être et sont alors considérées comme des améliorations mineures. Le drainage des champs est une opération qui, elle aussi, peut être ou ne pas être considérée comme une amélioration majeure, selon la taille de l'exploitation, la durée de la tenure, la disponibilité en capitaux et le niveau des techniques.

2.7 Aptitude et capacité de production des terres

Le terme "capacité de production des terres" se retrouve dans un bon nombre de systèmes de classification des terres et, notamment, dans celui du Service de conservation des sols du Département de l'agriculture des Etats-Unis (USDA), (Klingebiel et Montgomery, 1961). Dans le système de l'USDA, les unités cartographiques des terres sont groupées principalement d'après la capacité de ces dernières de produire des cultures courantes et des plantes fourragères sur une longue période de temps, sans pour autant causer la détérioration de la terre. Selon certains, par "capacité" on entend le potentiel de production d'une terre à un niveau donné et à des fins d'utilisation générale, et par "aptitude", la faculté d'adaptation de telle ou telle superficie à une catégorie d'utilisation des terres bien définie. D'autres considèrent la "capacité" comme une classification fondée principalement sur les risques de dégradation, et d'autres encore estiment que les termes "capacité" et "aptitude" sont interchangeables.

Eu égard à ces interprétations divergentes et au fait que, de longue date, on associe le terme "capacité de production des terres" (Land capability) au système de l'USDA, dans le présent contexte on se servira uniquement du terme "aptitude des terres".


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