I.2.1. Les formations végétales
I.2.2. Les superficies boisées
I.2.3. Les principales espèces forestières
I.2.4. Modes dutilisation des arbres forestiers
I.2.5. Pressions exercées sur les ressources forestières et les ressources génétiques forestières
Le terme de forêt tropicale sèche, souvent employé par opposition à celui de forêt tropicale humide, peut être ambigu car il regroupe des formations extrêmement diverses. Les formations végétales concernées par létude comprennent:
· les forêts denses sèches
· les forêts claires
· les savanes
· les steppes boisées
· les steppes arborées
· les steppes arbustives
Selon la terminologie de la FAO, les «forêts» comprennent les formations végétales ayant un couvert arboré supérieur à 10% et une superficie supérieure à 0.5 ha11. Cette définition standardisée a été utilisée dans les tableaux de données générales des pays et les surfaces des couverts forestiers (annexes 4 et 5). Partout ailleurs, les données quantitatives sur les ressources génétiques, issues des rapports nationaux, se rapportent aux définitions propres à chaque pays.
11 FAO, Départment des forêts. FRA 2000 - Termes et définitions. Programme dévaluation des ressources forestières 2000, document de travail 1, Rome, 18 novembre 1998.
<http://www.fao.org/FORESTRY/FOR/FRA/docs/FRA_WP1eng.PDF>
La superficie de la couverture forestière est donnée par pays en annexe 5 (FAO, 1999). Les pays sahéliens de louest totalisent environ 41 000 hectares de formations boisées (selon les critères FAO) et les pays sahéliens de lest environ 59 000 hectares. La surface de forêts sèches dans les pays bordant le golfe de Guinée est estimée à environ 26 000 hectares.
La distribution des principales espèces forestières par zone éco-géographiques est donnée dans le paragraphe suivant.
Dans le domaine sahélien, la flore est composée denviron 1 200 espèces dont 40 sont strictement endémiques (Kigomo, 1998a). Le domaine sahélien est le domaine privilégié du genre Acacia. Les principales espèces ligneuses rencontrées sont12:
12 Voir aussi FAO. 1996.
Acacia nilotique, A. radina, A. Sénégal, A.
sella, A. tortillais, Balanites aegyptiaca, Borassus aethiopum, Boscia
senegalensis, Calotropis procera, Combretum glutinosum, Commiphora africana,
Dalbergia melanoxylon, Faidherbia albida, Hyphaene thebaica, Phoenix
dactylifera. |
Dans le domaine soudanien, on compte environ 2 750 espèces végétales dont le tiers est endémique. Les principales espèces ligneuses sont:
Adansonia digitata, Acacia sieberana, Anogeissus
leiocarpus, Ceiba pentandra, Daniella oliveri, Ficus sycomorus, Isoberlinia
doka, Khaya senegalensis, Parkia biglobosa, Piliostigma thonningii, Prosopis
africana, Pterocarpus erinaceus, Sclerocarya birrea, Strichnos spinosa,
Tamarindus indica, Vittelaria paradoxa, Ziziphus mauritiana, Ziziphus
mucronata. |
Dans le domaine oriental, la flore est composée denviron 2 500 espèces dont la moitié environ est endémique. Les espèces ligneuses varient selon lhumidité du macro-climat:
- Dans les zones arides et semi-arides, les genres Acacia et Commiphora sont très représentés. Les principales espèces arborées comprennent:
Casipourea malosana, Combretum molle, Diospyros abyssinica,
Juniperus procera, Lawsonia inermis, Olea africana, O. hochstetteri, Podocarpus
gracilior et Teclea simplicifolia. |
- dans les zones semi-humides, sont rencontrées les espèces suivantes:
Acacia mellifera, Acacia etbaica, A. reficiens, A. senegal,
A. tortilis, Dodonaea angustifolia, Euphorbia sp., Faidherbia albida et Pappea
capensis. |
Caractères généraux de lutilisation des arbres sahéliens et nord-soudaniens
Sil est vrai que la plupart des forêts des terres arides noffrent quun faible potentiel de production de bois uvre, comparé à celui des forêts humides de basse altitude, elles nen fournissent pas moins un large éventail de produits ligneux et non ligneux essentiels à la survie des populations locales sans parler de leurs nombreuses et importantes fonctions environnementales (figure 1). Ces produits sont collectés pour un usage domestique ou pour être vendus sur les marchés locaux. Leur importance est souvent sous-estimée dans les statistiques, les politiques et les programmes nationaux.
Les arbres et les forêts des terres arides fournissent du bois de feu ainsi que du bois rond de petit diamètre servant à faire des poteaux, des charpentes ou des manches doutils, ainsi que toute une gamme de produits non ligneux incluant des aliments pour la consommation humaine, du gibier, du fourrage pour les animaux domestiques, des produits médicinaux ou des matières premières pour les artisans (huiles, tanins, gommes, etc.). Quant aux fonctions environnementales, la plus importante est sans conteste celle de conservation des sols contre lérosion et la préservation de leur fertilité, sans parler de la protection contre le vent et le soleil.
Les arbres du Sahel ont des usages multiples. Les 310 espèces mentionnées dans les rapports nationaux ont toutes plus dun type dutilisation. Les 114 espèces ligneuses de la zone sahélienne recensées par von Maydell ont toutes de multiples usages13. Les utilisations des différentes parties des arbres forestiers varient dun pays à lautre (voir en particulier lannexe 9). Dans un même pays, les espèces peuvent avoir différents types dutilisation.
13 Von Maydell, H.J., 1983.
Les différents modes dutilisation sont regroupés en 7 catégories:
(1) Espèces produisant du bois duvre et de service
La majeure partie de la population du Sahel ne dispose que de peu de matières premières et de matériaux, et parmi ceux-ci, le bois occupe un rang privilégié. Les arbres, arbustes et buissons des terres arides fournissent des bois ronds de petit diamètre servant à faire des poteaux, des charpentes ou des manches doutils:
Anogeissus leiocarpus, Azadirachta indica, Balanites
aegyptiaca, Commiphora africana, Dalbergia melanoxylon, Daniella oliveri,
Eucalyptus camaldulensis, Hyphaene thebaïca, Isoberlina doka, Khaya
senegalensis, Melia volkensii, Prosopis africana, Prosopis juliflora,
Pterocarpus erinaceus, Sclerocarya birrea, Terminalia brownii. |
Source: rapports nationaux (1998)
Les types dutilisation incluent le bois énergie, les poteaux, les piquets, le bois rond, les produits forestiers non ligneux (gommes, résines, huiles, tannins, médicaments, etc.), nourriture, bois duvre, fourrage, ombrage, systèmes agroforestiers, conservation des sols et eaux, agrément, valeur esthétique, pâte et papier.
(2) Espèces fourragères
Léconomie pastorale est une des principales ressources de la population du Sahel, en particulier dans la partie nord. Le fourrage provenant des arbres et arbustes sur les parcours des zones arides et semi-arides est vital pour le bétail, en particulier pendant la saison sèche. Les communautés pastorales en tirent également un avantage essentiel comme le lait qui représente lun de leurs aliments de base les plus importants.
Acacia holosericea, Acacia senegal, Adansonia digitata,
Anacardium occidentale, Annona senegalensis, Balanites aegyptiaca, Borassus
aethiopum, Boscia senegalensis, Bauhinia rufescens, Detarium senegalensis,
Diospyros mespiliformis, Faidherbia albida, Ficus sp., Grewia bicolor, Hyphaene
thebaica, Moringa oleifera, Parkia biglobosa, Prosopis juliflora, Sclerocarya
birrea, Spondias mombin, Sterculia setigera, Tamarindus indica, Terminalia
brownii, Vitellaria paradoxa, Ziziphus mauritiana. |
Les produits forestiers, issus de végétaux ou danimaux, jouent un rôle crucial dans la sécurité alimentaire en Afrique de façon directe et indirecte. En plus des produits utilisés couramment dans lalimentation et contribuant directement au bien être nutritionnel, les forêts et les arbres hors forêt sont une source de revenus servant à lachat de denrées et procurent également aux ménages du bois de feu pour la cuisson des aliments. Ils fournissent aussi des produits parfois moins appétissants mais qui, en période de mauvaises récoltes, peuvent être des compléments alimentaires indispensables14.
14 Voir aussi FAO. 1984.
Acacia holosericea, Acacia senegal, Adansonia digitata,
Anacardium occidentale, Annona senegalensis, Balanites aegyptiaca, Borassus
aethiopum, Boscia senegalensis, Cordia pinnata, Detarium microcarpum, Detarium
senegalensis, Diospyros mespiliformis, Faidherbia albida, Ficus sp, Grewia
bicolor, Hyphaene thebaica, Lannea microcarpa, Maerua crassifolia, Mangifera
indica, Moringa oleifera, Parinari macrophylla, Parkia biglobosa, Phoenix
dactilifera, Prosopis juliflora, Saba senegalensis, Sclerocarya birrea,
Tamarindus indica, Vitellaria paradoxa, Vitex doniana, Ximenia americana,
Ziziphus mauritiana. |
La dépendance des populations de lAfrique sèche à légard des produits forestiers non ligneux (médicaments, matières premières, matériaux divers) est forte. Ainsi, les produits médicinaux en provenance des forêts sont extrêmement importants, en particulier pour les communautés villageoises, et jouent un rôle fondamental dans les systèmes de production ruraux.
Acacia holosericea, Acacia laeta, Acacia nilotica, Acacia
raddiana, Acacia senegal, Acacia seyal, Adansonia digitata, Anacardium
occidentale, Anogeissus leiocarpus, Azadirachta indica, Balanites aegyptiaca,
Borassus aethiopum, Cassia singueana, Ceiba pentandra, Combretum micrantum,
Combretum microcarpum, Commiphora africana, Diospyros mespiliformis, Faidherbia
albida, Guiera senegalensis, Hyphaene thebaica, Hyphaene compressa, Khaya
senegalensis, Lannea microcarpa, Lannea acida, Lawsonia inermis, Mangifera
indica, Moringa oleifera, Moringa stenopetala, Moringa volkensii, Parinari
macrophylla, Parkia biglobosa, Piliostigma thoningii, Pistia strastiotes,
Pterocarpus erinaceus, Rottbellia exaltata, Salvadora perica, Sterculia
setigera, Tamarindus indica, Vitellaria paradoxa, Vitex doniana, Ziziphus
mauritiana. |
Le taux élevé de la croissance démographique des pays de la zone sahélienne conjugué à celui relativement faible des revenus a contribué à une augmentation importante de la consommation de bois de feu et de charbon de bois. La dépendance des populations vis-à-vis de ce combustible menace dans certains cas la durabilité des ressources et donc celle des approvisionnements. En milieu rural, les difficultés dapprovisionnement sont limitées à des cas exceptionnels, alors que dans certaines grandes agglomérations ou métropoles elles atteignent déjà des proportions catastrophiques. En principe, presque tous les arbres et arbustes peuvent être employés comme combustible à condition être assez secs. Néanmoins, leurs propriétés calorifiques varient considérablement. Les plus appréciés brûlent sans fumée désagréable ni étincelles ou fournissent un excellent charbon de bois (certains Acacia, Anogeissus, Balanites, Eucalyptus, Prosopis), alors que dautres ne sont utilisés quen derniers recours.
Les espèces mentionnées dans les rapports nationaux comprennent:
Acacia holosericea, Acacia laeta, Acacia nilotica, Acacia
raddiana, Acacia senegal, Acacia seyal, Acacia tortilis, Afzelia africana,
Annona senegalensis, Anogeissus leiocarpus, Azadirachta indica, Balanites
aegyptiaca, Bauhinia rufesens, Boscia senegalensis, Cassia sieberiana, Combretum
microcarpum, Dalbergia melanoxylon, Daniella oliveri, Detarium microcarpum,
Diospyros mespiliformis, Eucalyptus camaldulensis, Eucalyptus tereticornis,
Faidherbia albida, Ficus sp., Grewia bicolor, Grewia tenax, Isoberlinia doka,
Khaya senegalensis, Lannea acida, Leptadenia pyrotechnica, Leucaena
leucocephalla, Moringa oleifera, Mangifera indica, Parinari macrophylla, Parkia
biglobosa, Piliostigma thonningii, Prosopis africana, Prosopis juliflora,
Pterocarpus erinaceus, Sclerocarya birrea, Sterculia setigera, Tamarindus
brownii, Tamarindus indica, Vitex doniana, Ziziphus mauritiana. |
La contribution primordiale des forêts et des arbres à la sécurité alimentaire est indirecte. En effet, elle réside dans leur rôle de protection des ressources naturelles indispensables pour la production agricole15. Les espèces suivantes sont strictement associées aux systèmes agroforestiers, ce qui confirme leur importance économique:
15 Pour plus dinformation, voir également Boffa, J.M. 1999.
Acacia mellifera, Acacia nilotica, Acacia senegal, Acacia
sieberiana, Acacia tortilis, Adansonia digitata, Anogeissus leiocarpus,
Azadirachta indica, Anacardium occidentale, Balanites aegyptiaca, Borassus
aethiopum, Ceiba pentandra, Combretum microcarpum, Cordyla pinnata, Diospyros
mespiliformis, Faidherbia albida, Gmelina arborea, Guiera senegalensis, Hyphaene
thebaica, Lannea acida, Lawsonia inermis, Leucaena leucocephala, Moringa
oleifera, Mangifera indica, Moringa volkensii, Parkia biglobosa, Pinus spp,
Pterocarpus erinaceus, Salvadora perica, Tamarindus indica, Thevetia nervifolia,
Vitellaria paradoxa, Vitex doniana, Ziziphus mauritiana. |
Leffet protecteur le plus évident est lombrage produit par les arbres. De nombreuses espèces sont appréciées et plantées près des habitations rurales, dans les localités, le long des routes et des rives.
Dans une région où la végétation arborescente est généralement de petite taille, les arbres géants sont dautant plus remarqués et sont souvent le sujet de vénération et de manifestations religieuses ou artistiques. Il nest pas étonnant que le baobab, qui compte parmi les représentants les plus grands et les plus âgés du règne végétal au Sahel, bénéficie dun grand respect. Peu despèces rivalisent de taille avec lui, mais dans des conditions favorables les espèces suivantes sont reconnues pour leurs valeurs protectrices, culturelles ou ornementales:
Acacia macrostachya, Acacia nilotica, Acacia senegal,
Adansonia digitata, Anacardium occidentale Anogeissus leiocarpus Azadirachta
indica, Balanites aegyptiaca, Borassus aethiopum, Casuarina equisetifolia, Ceiba
pentandra, Combretum microcarpum, Diospyros mespiliformis Eucalyptus
camaldulensis, Faidherbia albida, Gmelina arborea, Lawsonia inermis, Leptadenia
pyrotechnica, Khaya senegalensis, Mangifera indica, Moringa oleifera, Parkia
biglobosa, Parkinsonia aculeata, Prosopis africana, Prosopis juliflora,
Piliostigma thonningii, Senna siamea, Pterocarpus erinaceus, Vitellaria
paradoxa. |
I.2.5.1. Les pressions dorigine climatique
I.2.5.2. Les pressions dorigine anthropique
I.2.5.3. Espèces et populations considérées comme menacées
Les ressources forestières de la zone sahélienne et nord-soudanienne sont soumises à de fortes pressions qui contribuent à leur fragilisation et, progressivement, à leur réduction et à leur marginalisation. Lorigine de ces pressions peut être dordre climatique ou anthropique.
La courbe de variations inter-annuelles de la pluviométrie (Catinot, 1988) montre que la zone a connu depuis 1965 des déficits pluviométriques répétés. Les sécheresses du début des années 70 et surtout des années 80 sont restées tristement célèbres. Dun point de vue floristique, le résultat à long terme le plus visible de ces sécheresses a consisté en une modification de la flore graminéenne. Dans certaines régions, des espèces pérennes comme Andropogon gayanus ont été remplacées par une flore de composition mixte avec des espèces annuelles telles que Cenchrus biflorus et Sida cordifolia.
La résistance des espèces ligneuses aux sécheresses successives varie dune essence à lautre. Ainsi le Tchad a supporté des pertes considérables dans ses peuplements dAcacia senegal, dAnogeissus leiocarpus et de Khaya senegalensis.
Les menaces qui résultent de ces variations climatiques proviennent non pas tant de la sécheresse en elle-même que de lintervention humaine incontrôlée dans des milieux extrêmement fragilisés. Les conséquences, pour une espèce donnée, peuvent consister en une disparition localisée de quelques individus, voire dune population entière. Lécosystème forestier fonctionnel peut dans les cas extrêmes être menacé dextinction. Dans des pays tels que le Cameroun et le Sénégal, la disparition annuelle des savanes sèches est estimée à près de 100 000 ha. Les espèces les plus sensibles sont Acacia nilotica, Acacia senegal, Pterocarpus lucens, Sclerocarya birrea, Prosopis africana, Lannea microcarpa et Dalbergia melanoxylon.
A la sécheresse climatique peut sajouter la sécheresse édaphique due à laugmentation de la teneur en sel du sol. Cest le cas des «tannes» ou sols salés au Sénégal. Cest aussi le cas des sols «hardés» ou sols stériles au Cameroun. La sécheresse combinée à la salinité du sol a entraîné au Sénégal la disparition de certaines rôneraies (Cayor) et celle de palmeraies en Casamance.
Elles sont liées aux multiples interventions humaines incontrôlées sur les forêts et les arbres. Lexploitation non aménagée des ressources du sol, des forêts, des réserves en eau se manifeste par lextension incontrôlée de lagriculture, le développement excessif du pâturage aérien, la multiplication sporadique des feux de brousse, lexploitation anarchique du bois duvre, de service et dénergie et enfin lutilisation non durable des produits non ligneux.
Lagriculture: deux types dagriculture sont distingués: (i) lagriculture itinérante particulièrement pratiquée durant la saison des pluies et souvent sur sols sableux pauvres en réserves minérales; et (ii) lagriculture de contre saison. Cette dernière, moins itinérante, est conduite à la fin de la saison des pluies dans les zones temporairement inondées et sur des sols plus ou moins hydromorphes.
Lagriculture itinérante a des répercussions sur Acacia senegal, Cordyla pinnata, Faidherbia albida, Parkia biglobosa, Sterculia setigera et Tamarindus indica. Ces espèces vivent surtout sur des sols légers (sablo-argileux à sableux) et par conséquent ne disposant que dune faible réserve hydrique. Laction combinée de la sécheresse et du défrichement répété contribue alors à leur disparition.
Sur les sols plus lourds (vertiques) où lon pratique des cultures de contre saison (sorgho repiqué), les espèces ligneuses inféodées à ce type de sol, telles que Acacia nilotica et Acacia seyal, sont les plus menacées. Les cultures de contre saison poussent quand la réserve hydrique du sol est très faible et ne peuvent résister à la compétition des végétaux ligneux laissés sur place. Les arbres sont alors abattus de manière systématique dans les champs de cultures de décrues.
Le pâturage: certaines espèces produisent lessentiel du pâturage aérien pour le bétail. Il sagit dAcacia raddiana, Acacia senegal, Commiphora africana et de nombreux Ficus. Les arbres subissent chaque année des mutilations répétées qui portent sur les feuilles, les branches, voire larbre tout entier.
La récolte de bois duvre et de bois de service: les espèces les plus recherchées pour les constructions des maisons, pour la fabrication des pirogues, des mortiers et autres ustensiles de cuisine sont Khaya senegalensis, Pterocarpus erinaceus, Daniella olliveri, Borassus aethiopum, Diospyros mespiliformis, Eucalyptus camaldulensis, Azadirachta indica et Dalbergia sissoo.
La récolte de bois dénergie: lorsque lon a commencé à se préoccuper des forêts des terres arides, au début des années 70, le souci principal était le bois de feu. La crainte de pénuries frappant tant les ruraux que les urbains a incité nombre de pays à créer des plantations pour le bois de feu, notamment à partir despèces introduites ou sub-spontanées. Pendant ce temps, les ressources locales continuaient à être largement exploitées pour satisfaire les besoins énergétiques des populations toujours plus nombreuses. Malgré les énormes efforts entrepris par les pays pour accroître la production de bois de feu et réduire la consommation (notamment grâce à des fourneaux à bois améliorés), les résultats nont pas été à la hauteur des attentes. Les statistiques montrent dautre part que la demande, tant rurale quurbaine, dénergie à partir du bois a augmenté et devrait continuer à augmenter en raison de laccroissement démographique (voir annexe 6) et de lévolution macro-économique (comme résultat indirect des programmes dajustement structurel). Les progrès accomplis en matière de réduction de la pression exercée sur les forêts naturelles et les ressources génétiques locales ont ainsi été annulés. Aujourdhui, les espèces Acacia nilotica, Anogeissus leiocarpus, Diospyros mespiliformis et Vitellaria paradoxa ainsi que certaines Combretacées sont particulièrement recherchées.
La récolte de produits forestiers non ligneux: limpact sur la ressource génétique peut être direct ou indirect.
- Limpact direct se produit lors du prélèvement dorganes participant à la reproduction (fleurs, fruits ou graines), comme cest le cas de la plupart des Acacia dont les fleurs et les gousses sont consommées par le bétail. Signalons également les graines de Khaya senegalensis, Parkia biglobosa, Vitellaria paradoxa utilisées pour la production dhuiles à usages multiples. Les fruits de Sclerocarya birrea, Ximenia americana, Balanites aegyptiaca sont consommés par lhomme. Les extraits de la gousse dAcacia nilotica servent à la fabrication de tanins.- Limpact indirect est la conséquence de mutilations subies par larbre lors de lextraction de certains organes (écorce, cambium, racines, feuilles, etc.). Ces blessures peuvent modifier la floraison ou la fructification dindividus affaiblis, voire réduire le nombre dindividus participant aux croisements.
Dans les deux cas, lexploitation de la ressource, combinée trop souvent à laction des feux de brousse, contribue à diminuer le nombre dindividus reproducteurs, à réduire les possibilités de régénération naturelle et ainsi augmenter le risque dérosion génétique.
Les experts nationaux ont fourni des listes despèces importantes au niveau national avec mention de leur degré de sécurité et des menaces présumées. Le résultat de la compilation de ces listes est présenté dans le tableau 1 et dans les figures 2 et 3. Plus de détails sur la nature, lintensité et la localisation des menaces pesant sur les 16 espèces considérées prioritaires par pays et zone écologique sont fournis en Annexe 11.
TABLEAU 1: LES POPULATIONS ET LES ESPÈCES CONSIDÉRÉES COMME MENACÉES
Pays |
Menaces à léchelle de
lespèce |
Menaces à léchelle des
populations |
Bénin |
Afzelia africana, Khaya senegalensis, Pterocarpus
erinaceus |
|
Burkina Faso |
|
Acacia senegal, A. seyal, Anogeissus leiocarpus, Adansonia
digitata, Bombax costatum, Faidherbia albida, Khaya senegalensis, Parkia
biglobosa, Vitellaria paradoxa, Pterocarpus erinaceus, P. lucens |
Cameroun |
Azadirachta indica, Dalbergia melanoxylon |
Acacia nilotica, Acacia seyal, Anogeissus leiocarpus, Khaya
senegalensis |
Côte dIvoire |
Cassia sieberiana, Ceiba pentandra, Diospyros
mespiliformis, Ficus capensis, Khaya senegalensis, Pterocarpus
erinaceus |
Anogeissus leiocarpus |
Erythrée |
Acacia etbaica, Adansonia digitata, Boswellia
papyrifera |
Balanites aegyptiaca, Dodonaea angustifolia, Juniperus
procera, Olea africana, Tamarindus indica, Ximenia americana |
Gambie |
Bombax buonopozence, Khaya senegalensis, Oxytenanttera
abyssinica, Parkia biglobosa, Prosopis africana, Pterocarpus erinaceus, Raphia
spp |
Afzelia africana, Borassus aethiopum, Diospyros
mespiliformis, Erythrophleum guineense, Mitragyna inermis, Parinari macrophylla,
Rhizophora racemosa, Vitex doniana |
Kenya |
Acacia tortilis, Balanites aegyptiaca, Faidherbia
albida |
Tamarindus indica, Ziziphus mauritiana |
Mali |
|
Gilbertiodendron glaudolosum, Guibourtia
copallifera |
Mauritanie |
|
Acacia nilotica, Acacia senegal, Adansonia digitata,
Ziziphus mauritiana, Boscia senegalensis, Borassus flabelifer, Combretum
micrantum, Commiphora africana, Faidherbia albida, Grewia bicolor, Hyphaene
thebaica, Khaya senegalensis, Pterocarpus erinaceus, Raphia soudannica,
Tamarindus indica |
Niger |
Acacia senegal, Diospyros mespiliformis, Lannea microcarpa,
Prosopis africana, Sclerocarya birrea |
Acacia nilotica, Acacia seyal, Acacia raddiana, Commiphora
africana, Pterocarpus lucens |
Nigeria |
Bombax costatum, Guiera senegalensis, Pterocarpus
erinaceus |
Acacia nilotica, Acacia senegal, Annona senegalensis,
Anogeissus leiocarpus, Balanites aegyptiaca, Borassus aethiopum, Carrisa edulis,
Hyphaene thebaica, Lannea bacteri, Phoenix dactylifera, Piliostigma thonningii,
Ximenia americana, Ziziphus spina christii |
Sénégal |
Faidherbia albida, Pterocarpus erinaceus |
Acacia nilotica, Acacia senegal, Borassus aethiopum,
Cordyla pinnata, Dalbergia melanoxylon, Parkia biglobosa, Pterocarpus lucens,
Saba senegalensis, Sclerocarya birrea, Sterculia setigera, Tamarindus
indica |
Soudan |
|
Acacia mellifera, Acacia seyal, Acacia tortilis, Adansonia
digitata, Albizia amara, Albizia aylmeri, Anogeissus leiocarpus, Balanites
aegyptiaca, Borassus aethiopum, Dalbergia melanoxylon, Diospyros mespiliformis,
Faidherbia albida, Hyphaene thebaica, Lannea fructicosa, Sclerocarya
birrea |
Tchad |
Azadirachta indica |
Acacia senegal, Anogeissus leiocarpus, Balanites
aegyptiaca, Khaya senegalensis, Parkia biglobosa, Vittelaria paradoxa, Ziziphus
mauritiana |
Togo |
Anogeissus leiocarpus, Botrichium chamaeconium, Daniellia
oliveri, Dorstenia walleri, Faidherbia albida, Garcinia afzelia, Garcinia Kola,
Khaya senegalensis, Parinari sp, Polyscia pulva, Prosopis africana, Pterocarpus
erinaceus |
Borassus aethiopum, Diospyros mespiliformis |
Source: rapports nationaux (1998, voir liste en annexe 13)
FIGURE 2: NIVEAUX ESTIMÉS DE SÉCURITÉ POUR LES 16 ESPÈCES CONSIDÉRÉES PRIORITAIRES*
Nombre total de populations considérées: 159, représentant les 16 espèces considérées comme prioritaires dans 18 pays. Le degré de sécurité de chaque population a été établi selon le schéma suivant
1. mise en place/suivi probable de règles de protection/conservation fondées scientifiquement ou menace légère/occasionnelle; 5. mise en uvre des règles peu probables; risques élevés dérosion et de pertes génétiques; 2 à 3. niveaux intermédiaires entres 1 et 5.
Les 16 espèces considérées comme prioritaires dans la région par les experts nationaux sont Faidherbia albida, Tamarindus indica, Khaya senegalensis, Acacia nilotica, Adansonia digitata, Anogeissus leiocarpus, Parkia biglobosa, Acacia senegal, Azadirachta indica, Borassus aethiopum, Diospyros mespiliformis, Pterocarpus erinaceus, Balanites aegyptiaca, Eucalyptus camaldulensis, Vitellaria paradoxa et Ziziphus mauritiana.
Voir le paragraphe II 2.3. pour plus de détails.
FIGURE 3: NATURE ET IMPORTANCE DES MENACES RELATIVES AUX 16 ESPÈCES CONSIDÉRÉES PRIORITAIRES
Les informations ont été fournies par les rapports nationaux pour les populations de chaque espèce en ce qui concerne leur niveau de sécurité et la nature des menaces possibles. Nombre despèces étudiées: 16; nombre de populations: 159. Autres comprennent les pestes végétales, insectes, maladies et les feux. Limportance mineure accordée aux feux de brousse peut être liée au fait que ceux-ci ne sont pas considérés comme une menace majeure, mais plutôt associés aux activités humaines telles que lexpansion agricole et le surpâturage. Voir la figure 2 pour la liste despèces.