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II.1. INTRODUCTION


II.1.1. Justification d’un plan d’action sous-régional sur les ressources génétiques forestières
II.1.2. Objectifs et stratégie du plan d’action sous-régional
II.1.3. Structure et organisation du plan d’action sous-régional


II.1.1. Justification d’un plan d’action sous-régional sur les ressources génétiques forestières

Les zones sèches sont parmi les écosystèmes les plus fragiles de la planète et le deviennent encore davantage en période de sécheresse et de désertification. Du fait de leur fragilité et de leurs limitations au plan écologique, ces zones tendent à être marginalisées au plan économique, si bien que leurs habitants sont, en règle générale, étroitement tributaires des ressources forestières locales pour l’obtention de toute une série de biens et services.

Malgré leur importance vitale, ces ressources diminuent constamment en qualité et en quantité. Le déboisement incontrôlé (principalement pour la conversion des terres à l’agriculture) et la surexploitation des bois et forêts (par la collecte excessive du bois de feu et le surpâturage) sont les principales causes de dégradation des arbres, des forêts, des sols et de l’environnement.

Les produits et services fournis par les forêts sont étroitement dépendants de la qualité de la fondation génétique de celles-ci, mais la diversité génétique est rarement prise en compte dans les décisions concernant la planification et la gestion des terres et des forêts ou dans l’utilisation des ressources. Elle fait néanmoins l’objet d’une attention croissante dans les débats sur la foresterie durable et dans le développement des concepts relatifs à la diversité biologique, dont elle constitue un élément essentiel.

Les pressions subies par les ressources forestières sont pourtant bien présentes, actuelles et immédiates. Le document «Situation des ressources génétiques forestières des zones sahélienne et Nord-soudanienne» mentionne différentes espèces et populations faisant l’objet de menaces ayant des causes clairement identifiées. Ces menaces sont parfois suffisamment inquiétantes pour justifier des actions urgentes même si les connaissances scientifiques nécessaires à une gestion et une conservation programmées ne sont pas encore disponibles.

Dans un certain nombre de pays, des réflexions stratégiques ont été menées en vue de la conservation de la diversité biologique, de l’approvisionnement en semences forestières, ou en matière de hiérarchisation des priorités des programmes de conservation ou d’amélioration génétique. La formulation de stratégies nationales sur les ressources génétiques forestières apparaît comme un moyen d’intégrer les propositions d’actions au niveau national et d’identifier les mécanismes institutionnels appropriés pour leur mise en œuvre.

Les initiatives, stratégies, plans d’actions et programmes nationaux doivent constituer la base de tout effort. Le préambule de la Convention sur la diversité biologique rappelle que même si la conservation de la diversité biologique est une préoccupation pour toute l’humanité, les Etats ont néanmoins des droits souverains et des obligations envers la conservation et l’utilisation durable de leurs propres ressources biologiques.

Bien que nécessaires, les stratégies nationales ne sont pas toujours suffisantes. De nombreuses essences forestières se caractérisent par une diversité génétique élevée et par une aire de répartition naturelle étendue qui déborde souvent des frontières nationales. Les questions liées à la propriété, l’accès à la ressource ainsi que celles sur les droits et connaissances des populations locales sont invoquées de plus en plus fréquemment dans les débats internationaux. Il en est de même du partage équitable des bénéfices tirés de l’utilisation des ressources génétiques. Les coopérations régionales et internationales sont devenues des compléments indispensables aux efforts nationaux.

II.1.2. Objectifs et stratégie du plan d’action sous-régional

L’opportunité de la préparation d’un plan d’action sous-régional sur les ressources génétiques forestières, ainsi que les objectifs et le contenu de celui-ci, ont été discutés par les participants de l’atelier sous-régional sur les ressources génétiques forestières tenu à Ouagadougou du 22 au 26 septembre 1998. Les participants ont convenu qu’un plan d’action sous-régional sur les ressources génétiques de la zone sahélienne et Nord-soudanienne constituerait un instrument précieux. Ils ont aussi convenu que le plan devait dans un premier temps s’appuyer sur les informations scientifiques et techniques contenues dans les rapports nationaux ainsi que sur les idées et propositions avancées durant la réunion.

Les participants ont souligné à l’unanimité que le plan devait être orienté vers l’action, confirmant en cela les recommandations de la Commission des forêts. Etant donné que le plan servira à orienter la coopération entre les pays de la région dans les années à venir, le document doit être fondé sur des buts et principes clairs, énoncés de façon succincte de manière à laisser la flexibilité nécessaire lors de la mise en œuvre et de la mise à jour des recommandations.

Le format du plan d’action a été longuement discuté. Il a finalement été décidé d’articuler le plan en deux parties: une partie hiérarchisant les espèces prioritaires recensées au niveau sous-régional; et une deuxième partie décrivant les actions nécessaires à la réduction des contraintes majeures pesant sur ces espèces. Une liste d’espèces prioritaires a été établie à partir des rapports nationaux, discutée lors de l’atelier et complétée avec les informations fournies par les participants. Des rapports nationaux ont aussi été fournis après l’atelier, tel celui de l’Ethiopie. Les principales contraintes ont été identifiées durant l’atelier par les participants sur la base d’exercices similaires réalisés au niveau national par les centres de graines forestières du Burkina Faso et du Sénégal.

Trois limitations majeures ont été identifiées par les pays de la sous-région. Ces contraintes ne sont pas spécifiques à une espèce forestière ou à une catégorie d’arbres donnée, mais embrassent la complexité des ressources génétiques ligneuses au sens large:

- Les connaissances sur les ressources génétiques forestières de la sous-région, tant en termes de variabilité génétique que d’effectifs de population et d’évaluation des risques, sont insuffisantes;

- La production de biens par les forêts ne permet pas de couvrir les besoins humains actuels et prévisionnels;

- Les ressources forestières en général et leur patrimoine génétique en particulier sont imparfaitement prises en compte au niveau national en dépit des informations de plus en plus préoccupantes concernant leur dégradation.

Les objectifs à long terme retenus pour le plan d’action sont les suivants:

- Assurer la conservation des ressources génétiques forestières de la région comme base de la gestion durable des forêts et du maintien de leur diversité biologique;

- Promouvoir une utilisation durable des ressources génétiques forestières afin de favoriser le développement local et national et de lutter contre la faim et la pauvreté;

- Promouvoir un partage juste et équitable des avantages tirés de l’utilisation des ressources génétiques forestières, en reconnaissant qu’il est souhaitable de partager aussi de manière équitable les connaissances, innovations et pratiques traditionnelles intéressant la conservation des ressources génétiques forestières et leur utilisation durable;

- Elaborer, renforcer et harmoniser les politiques et mesures législatives et réglementaires nationales ainsi que promouvoir la prise en compte des ressources génétiques forestières dans les schémas de gestion de l’espace et d’aménagement rural;

- Promouvoir ou renforcer les programmes nationaux de gestion, de recherche et de développement ainsi que les capacités des institutions qui sont chargées de leur élaboration et de leur mise en œuvre. Une attention particulière devrait être accordée à la mise en œuvre et au suivi des plans d’action forestiers, des programmes forestiers nationaux, des plans d’aménagement des massifs boisés et de conservation des arbres hors forêt, des plans de conservation de la diversité biologique, des plans de reboisement et de lutte contre la désertification, ainsi que des programmes d’amélioration, de domestication et d’approvisionnement en semences forestières.

Les objectifs immédiats à atteindre sont résumés comme suit:

- Mieux gérer (utiliser et conserver) les ressources génétiques forestières;
- Améliorer les performances des ressources génétiques forestières;
- Renforcer les capacités nationales en matière de ressources génétiques forestières.

Les thèmes prioritaires suivants ont été identifiés comme se prêtant le mieux à des efforts volontaires et concertés de coopération régionale:

- Conservation et protection de la ressource;

- Meilleure utilisation de la ressource;

- Meilleure disponibilité et diffusion de semences forestières de qualité;

- Sélection et amélioration des espèces prioritaires;

- Sensibilisation des acteurs et ayants droit;

- Renforcement des moyens et capacités des institutions, notamment en matière de recherche et de formation;

- Mise en place ou utilisation de mécanismes de coopération régionale.

Le plan d’action sous-régional repose sur l’hypothèse que les pays de la zone sahélienne et Nord-soudanienne ont des droits souverains sur leurs ressources génétiques forestières et sont responsables de la conservation et de l’utilisation durable de ces ressources, mais aussi qu’une coopération régionale bien ciblée est nécessaire pour renforcer les programmes nationaux.

II.1.3. Structure et organisation du plan d’action sous-régional

Le premier chapitre décrit la méthodologie utilisée pour la hiérarchisation des espèces et définit les listes d’espèces considérées par les pays comme prioritaires au plan sous-régional, ce qui pourrait faire l’objet d’actions coordonnées. Les activités identifiées en matière de conservation, d’utilisation durable, d’acquisition de nouvelles connaissances et de partage de celles-ci sont aussi mentionnées.

Les chapitres suivants adoptent les divisions thématiques établies par les participants:

- Améliorer la gestion et l’utilisation des ressources génétiques forestières
- Renforcer la disponibilité de matériel de reproduction de qualité
- Renforcer les capacités institutionnelles

La dernière partie concerne la mise en œuvre du plan et l’identification des structures, mécanismes et instruments susceptibles de favoriser son implémentation.

Enfin, les recommandations formulées par les participants à l’issue de l’atelier de Ouagadougou (22 - 24 septembre 1998) sont rappelées.

Le plan ne mentionne que les actions qui ont été reconnues comme importantes au niveau sous-régional, c’est-à-dire pour lesquelles un consensus s’est dessiné entre les pays participants à l’atelier de Ouagadougou. Les points évoqués sont communs à la plupart des pays sahéliens et Nord-soudaniens, mais pas nécessairement à tous. Les thèmes prioritaires complètent les liste d’espèces prioritaires.

Le plan est orienté vers l’action et les activités concrètes y sont privilégiées. Il n’a pas été jugé possible de considérer plus en détail les activités ni l’identification des acteurs potentiels. Ce travail sera réalisé lors des phases d’identification, de formulation et de finalisation des programmes et projets par les mécanismes appropriés participant à la mise en œuvre du plan.


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