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II.5. OBJECTIF 3: RENFORCER LES CAPACITÉS INSTITUTIONNELLES


II.5.1. Sensibiliser les partenaires concernés
II.5.2. Renforcer les institutions
II.5.3. Entreprendre des actions de formation
II.5.4. Echanger les expériences, le savoir-faire et les informations


Le plan d’action sous-régional a pour objectif de faciliter la prise de décisions et la mise en place d’actions nationales pouvant être coordonnée au niveau régional. Dans sa mise en œuvre, le plan associera les acteurs et intervenants au niveau national. Son succès dépend donc intimement de la capacité des institutions des pays à initier et suivre les objectifs et actions qui auront été décidées en commun. Le renforcement des capacités des pays et des institutions est donc un thème majeur pour la réalisation des actions techniques décrites précédemment et doit accompagner les réflexions techniques sur les espèces prioritaires, la gestion des ressources génétiques forestières et la disponibilité des semences.

II.5.1. Sensibiliser les partenaires concernés

Justification:

Les activités en matière de ressources génétiques forestières font intervenir les institutions et sociétés publiques et privées, les organisations non gouvernementales, les communautés, les coopératives et les particuliers des secteurs agricole, forestier, de l’environnement et du développement. La communication n’est pas toujours un fait acquis entre ayants droit et acteurs nationaux ou locaux travaillant et utilisant un même espace géographique. La grande variété d’intérêts en jeu, couplée à une connaissance fragmentaire des problèmes globaux par chaque intervenant individuel, rend la cohabitation des partenaires parfois difficile. La redéfinition du rôle et des fonctions du secteur forestier public entraîne un transfert de responsabilité et de pouvoir, actif ou de facto, vers les organismes du secteur privé, les ONG et les organisations locales. Bien que certaines de ces orientations puissent poser des problèmes dans une optique de gestion durable des ressources génétiques forestières, elles offrent également des possibilités d’améliorer cette dernière en tirant parti des atouts comparatifs des nouvelles structures.

Quelles que soient les formes des processus de hiérarchisation des priorités et quelle que soit l’importance scientifique des actions en faveur des ressources génétiques forestières, les résultats ne seront couronnés de succès que si un fort consensus s’est dégagé des partenaires pour mener à bien ces actions. Le succès de tout programme de conservation repose sur sa capacité de sensibiliser les publics cibles à l’impact des activités humaines sur les ressources. Pour parvenir à un langage et des objectifs communs, les partenaires doivent bénéficier d’information, de formation et de sensibilisation quant à l’importance et la fragilité des ressources génétiques forestières.

Les forestiers mis à part, la sensibilisation et la formation des points focaux dans les communautés rurales sur la question des ressources génétiques forestières est également un élément crucial dans le succès des mesures de conservation et de protection des ressources.

Depuis la fin des années 70, la foresterie communautaire a mis au point plusieurs outils et méthodes pour encourager les communautés à s’associer plus activement à la planification et à la gestion des ressources forestières. Ces outils pourraient également être utilement adaptés et utilisés pour l’aménagement des ressources génétiques des arbres et arbustes.

Objectif à long terme: intégrer pleinement la sensibilisation de l’opinion publique et des partenaires concernés dans toutes les activités des programmes locaux, nationaux, voire internationaux.

Objectif intermédiaire: appuyer les mécanismes de coordination des activités de sensibilisation à tous les niveaux.

Activités recommandées:

- Identifier, au niveau national, les objectifs et stratégies de sensibilisation, définir les publics visés, les partenaires et les outils de mobilisation;

- Les gouvernements devraient reconnaître et encourager les activités des ONG et du secteur associatif en matière de sensibilisation des populations paysannes et des communautés villageoises;

- Faire une place suffisante à la production de matériel de sensibilisation dans les langues appropriées afin d’en favoriser une large utilisation dans les pays;

- Favoriser la participation des villageois et des femmes aux décisions concernant la gestion des ressources génétiques forestières;

- Faire partie d’une campagne plus vaste sur les ressources forestières, leur conservation et leur réhabilitation lorsque cela s’avère utile. Sensibiliser les populations rurales aux dangers des feux de brousse et aux conséquences d’une exploitation anarchique des ressources.

Options techniques:

- Intégration des questions relatives aux ressources génétiques forestières dans les programmes et actions nationales et locales sur le développement rural ainsi que dans les aménagements forestiers;

- Intégration, par les agents forestiers et les agents de développement rural, des notions relatives aux ressources génétiques forestières dans leurs activités de gestion courante;

- Maintenir un équilibre entre la sensibilisation des décideurs, celle des forestiers et celle des communautés rurales.

II.5.2. Renforcer les institutions

Justification:

Après la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement et le Développement, les pays de la zone sahélienne et Nord-soudanienne ont cherché à prendre davantage en compte les principes de durabilité et de viabilité écologique dans leurs politiques forestières. Les participants à l’atelier de Ouagadougou ont insisté sur l’importance des politiques et programmes nationaux dans le domaine de la gestion durable des ressources, de l’approvisionnement en bois de feu, en matière de filière des graines forestières, et, plus généralement, sur l’intérêt d’une approche holistique des questions liées aux ressources génétiques forestières. La préparation des rapports nationaux a contribué à alimenter un processus de collecte d’informations, de discussions, de hiérarchisation et d’identification des besoins.

Si les pays le désirent, le plan en sa forme actuelle peut être utilisé pour la formulation de stratégies nationales concernant les ressources génétiques forestières compatibles avec les stratégies de pays limitrophes ayant souvent des conditions socio-économiques et écologiques comparables. Le plan sous-régional pourrait alors être utilisé à la fois comme point de départ et comme cadre d’une réflexion nationale. Les actions pourraient alors être globales (tous les aspects liés aux ressources génétiques forestières peuvent être envisagés), ou davantage ciblées (en concentrant les efforts vers la conservation ou la protection des ressources, l’approvisionnement en graines, etc.).


Objectif à long terme: renforcer les capacités des institutions nationales de manière à ce qu’elles jouent pleinement leur rôle dans la mise en œuvre du plan d’action.

Objectifs intermédiaires: identifier les besoins au niveau sous-régional et renforcer l’efficacité des échanges d’information et des prises de décisions multiples entre les institutions politiques, administratives, scientifiques et techniques. Favoriser le dialogue et la collaboration entre les institutions nationales concernées par les ressources génétiques forestières.

Activités recommandées:

- Identifier les capacités nationales, réaliser un inventaire des compétences, infrastructures et programmes de recherche et de gestion en cours sur les espèces forestières prioritaires dans chaque pays et agréger les informations au niveau sous-régional;

- Etablir à partir de l’activité précédente une liste de partenaires potentiels pour des actions spécialisées;

- Etablir une liste d’experts et de personnes de référence en matière de ressources génétiques forestières dans les pays de la sous-région;

- Proposer la prise en compte des problèmes liés aux ressources génétiques forestières des zones sèches dans les programmes, lois et textes forestiers, y compris dans les pays ayant une importante zone de forêts humides.

II.5.3. Entreprendre des actions de formation

Justification:

Les participants à l’atelier de Ouagadougou ont reconnu le rôle important de la formation dans le résultat des actions visant à la conservation et de l’utilisation durable des ressources génétiques forestières. L’importance de la formation professionnelle continue est également reconnue par les institutions internationales, régionales et bilatérales actives en matière de coopération et de développement. Un atelier de formation à la conservation et l’utilisation durable des ressources génétiques forestières en Afrique de l’Ouest, Afrique centrale et Madagascar a été organisé par l’IPGRI, en collaboration avec la FAO, le CIRAF et de nombreux autres partenaires, du 16 au 27 mars 1998 à Ouagadougou, pour les responsables et techniciens forestiers de 15 pays africains francophones.

Les écoles, universités ainsi que l’enseignement forestier ne prennent pas toujours en considération les questions liées aux ressources génétiques forestières. De plus, les politiques d’ajustement structurel et les incertitudes financières pesant sur de nombreux programmes ont diminué les crédits alloués à la formation. Les gouvernements ne veillent pas toujours à ce que les rares personnes qui ont reçu ce type de formation soient utilisées et rémunérées de façon appropriée. De surcroît, il existe également un manque de programmes associant la formation technique sur les ressources génétiques forestières à celle initiant à d’autres disciplines qui leur sont liées (incluant les aspects administratifs, politiques et juridiques).

Objectifs à long terme: mettre à la disposition de chaque pays, selon leurs capacités, besoins et priorités, une formation à toutes les matières relevant de la conservation, de l’utilisation, de la gestion et de la mise en valeur des ressources génétiques forestières ainsi qu’à la gestion et aux politiques de ces ressources.

Objectifs intermédiaires: constituer une capacité sous-régionale de formation supérieure et mettre en place ou renforcer des arrangements de collaboration active entre les institutions compétentes des pays de la région ainsi qu’entre les institutions des pays de la région et celles des pays développés.

Activités recommandées:

- Identifier les institutions susceptibles de fournir des programmes de formation. Faire le bilan provincial, national et sous-régional des besoins et des capacités disponibles en fonction des objectifs des programmes sur les ressources génétiques forestières. Diffuser cette information aux acteurs potentiellement concernés de la sous-région.

- Identifier les institutions de recherche ou de gestion susceptibles de fournir des formations professionnelles complémentaires ciblées et arrêter les modalités pratiques.

- Etablir annuellement de façon hiérarchique les priorités sous-régionales en matière de formation tout en équilibrant les moyens alloués aux formations supérieures et ceux dévolus à la formation de base.

- Former des formateurs et des vulgarisateurs en vue de sensibiliser les différents acteurs ruraux. Evaluer l’impact de ces efforts.

- Préparer des cours appropriés de courte et de longue durée et des modules d’enseignement dans les matières annuellement identifiées comme prioritaires dans la sous-région.

- Encourager la prise en compte, dans les programmes universitaires, de modules ou de sessions sur l’importance du patrimoine génétique des arbres et des forêts.

- Encourager les institutions à incorporer des aspects relatifs aux ressources génétiques forestières des zones sèches dans leurs cours et programmes de formation.

II.5.4. Echanger les expériences, le savoir-faire et les informations

La révolution technologique de l’information et le développement de nouveaux modes de transmission des connaissances constituent pour les pays de la zone sahélienne et Nord-soudanienne un vaste champ de défis mais aussi d’opportunités encore peu explorées. Les participants à l’atelier de Ouagadougou ont insisté sur l’importance de l’échange de communication entre les partenaires concernés par les ressources génétiques forestières et ont également noté que l’information devait être pertinente et servir en fin de compte au renforcement des capacités des institutions de chaque pays.

Justification:

Les liens intersectoriels entre les ressources génétiques forestières et les autres secteurs d’activité sont importants. Quelques pays ont déjà révisé leur équipement législatif, réglementaire et opérationnel, ou sont en voie de le faire, en vue de concilier des intérêts divergents tels que la conservation de la ressource et les équilibres socio-économiques, la satisfaction des besoins en produits forestiers et la responsabilisation des populations riveraines à la gestion des ressources forestières. Les politiques et gestionnaires se posent désormais la question de comment rendre la planification intégrée opérationnelle.

Le nombre limité d’experts, de forestiers, de professionnels et de personnes compétentes en matière de ressources génétiques forestières des zones sahélienne et Nord-soudanienne, ainsi que l’ampleur de la tache, font que l’acquisition et la circulation de l’information doivent être accrues à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la communauté des professionnels techniques. Il est bien connu que la plupart des ruraux obtiennent leurs informations auprès d’autres paysans et pas nécessairement auprès du service de vulgarisation. Le secteur privé joue également un rôle de plus en plus grand en fournissant des conseils et du matériel de reproduction dans de nombreux pays. Les moyens de communication doivent ainsi pouvoir être différenciés selon le public ciblé et le message véhiculé. Les moyens techniques les plus sophistiqués ne sont pas forcément les plus souhaitables ni les plus efficaces.

L’atelier de Ouagadougou a aussi insisté sur l’importance du contenu de l’information. L’établissement d’un moteur de communication (réseau ou similaire) ne peut être effectif sans une participation adéquate des acteurs et des programmes des institutions nationales, complétée par les intrants et programmes des institutions internationales. Sans un rôle leader des institutions nationales des pays de la zone sahélienne et Nord-soudanienne, les programmes des organisations bilatérales ou internationales sur les ressources génétiques forestières auront un impact limité. A quelques exceptions près, les pays de la zone n’ont pas les capacités nécessaires pour participer aux projets internationaux de recherche ou de conservation, ni pour adapter et transférer les résultats de la recherche ou les décisions nationales au niveau local. Il sera primordial pendant longtemps encore de renforcer les systèmes nationaux préalablement et parallèlement au développement de formes de coopération internationale.

La dimension sous-régionale présente des avantages évidents pour la circulation et l’échange des informations et des expériences:

(a) Elle permet une prise en compte des problèmes dans leur globalité dans la mesure où la distribution des espèces ligneuses ne se cantonne pas aux frontières politiques et que les arbres à usages multiples sont souvent employés différemment d’une zone génécologique à l’autre;

(b) Les efforts de coopération entre les professionnels de pays voisins peuvent être facilités, conduisant, ainsi à une meilleure connaissance mutuelle;

(c) La coopération sous-régionale sur des thèmes précis et pour des objectifs ciblés devrait permettre des économies d’échelle substantielles et une meilleure utilisation globale des ressources;

(d) La concentration coordonnée des efforts prioritaires devrait réduire les duplications et mieux couvrir les zones inexplorées;

(e) La coopération internationale apporte aux institutions nationales un certain prestige et peut contribuer à l’obtention de ressources supplémentaires;

(f) La coopération peut offrir aux institutions nationales l’opportunité de guider et/ou de coordonner des programmes sous-régionaux;

(g) Les publications, pour un large public et à coût raisonnable, sont importantes comme véhicule d’information technique et stratégique.

Objectifs à long terme: Assurer une diffusion continue d’informations appropriées, actualisées et ciblées, auprès des personnes intéressées par les questions relatives aux ressources génétiques forestières.

Objectifs intermédiaires: Renforcer les capacités des institutions nationales afin qu’elles jouent pleinement leurs rôles d’acteurs nationaux mais également de véhicule des savoirs, connaissances et informations, entre la communauté internationale et les utilisateurs locaux. Sensibiliser les partenaires à tous les niveaux sur l’importance des ressources génétiques forestières dans le développement national et local ainsi qu’à la nécessité de solutions équilibrées et agréées entre la conservation d’une part et l’utilisation durable d’autre part.

Activités recommandées:

- Promouvoir l’intégration systématique des considérations concernant les ressources génétiques forestières dans les inventaires, programmes et plans d’action relatifs à la diversité biologique;

- Recenser les mécanismes, instruments et réseaux existants dans la sous-région et évaluer leur champ d’action, leur impact et les possibilités de coopération et de collaboration;

- Faciliter la publication d’ouvrages techniques simples et bon marché à l’intention d’un large public rural;

- Evaluer l’impact des campagnes d’information.


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