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11. ACTIVITÉS ASSOCIÉES ET DE SOUTIEN


11.1. FORMATION
11.2. RECHERCHE-EXPÉRIMENTATION

11.1. FORMATION

En matière de formation dans les domaines de la conservation des ressources génétiques forestières, il existe un grand besoin dans les domaines de la technologie de pointe. Les spécialités présentes peuvent bien assurer la conduite des travaux, mais un environnement adéquat est à créer. Il s’agit de la mise en place d’un centre de suivi génétique au niveau national.

11.2. RECHERCHE-EXPÉRIMENTATION


11.2.1. Création d’un centre de recherche
11.2.2. Principaux essais entrepris

11.2.1. Création d’un centre de recherche

Créé en 1981 dans le cadre du Projet gestion des ressources renouvelables (PGRR) et financé par l’Agence pour le développement international (AID), le centre de Boutilimitt, situé à 150 km de Nouakchott et arrêté en automne 1982, a été mis à la disposition du projet de lutte contre l’ensablement en février 1984 pour répondre à l’urgence de la désertification en testant certains matériels biologiques et mécaniques. Actuellement, le centre n’est pas fonctionnel. La relève partielle est assurée par le Projet protection de l’environnement et reboisement villageois (P/PERV), qui se limite à des petites opérations (collecte, traitement, etc.). Le P/PERV est financé par la Fédération luthérienne mondiale.

11.2.2. Principaux essais entrepris


11.2.2.1. Techniques de stabilisation mécanique
11.2.2.2. Techniques de reboisement
11.2.2.3. Techniques d’élevage de plants en pépinière
11.2.2.4. Multiplication de Tamarix aphylla par bouture
11.2.2.5. Evaluation comparative des essences

11.2.2.1. Techniques de stabilisation mécanique

Les palissades suffisamment perméables, permettant une économie de matériaux de l’ordre de 40%, se sont révélées les plus efficaces dans les piégeages de sable: augmentation dans les mêmes proportions de la quantité de sable fixée, forme plus aplatie des accumulations. Cependant, dans la pratique, il n’est pas facile de respecter une perméabilité optimale.

Les prélèvements de matériaux (branchages) ne semblent pas gêner les arbres et arbustes, en particulier Leptadenia pyrotechnica. Chez cette espèce, on constate en effet que dans un peuplement vieillissant, la coupe augmente de 30% environ la biomasse produite.

11.2.2.2. Techniques de reboisement

Les activités ont porté sur les thèmes suivants:

- traitement des graines avant semis puis détermination du type et de la durée du traitement;

- détermination de la profondeur optimale du semis en pépinière.

Ces paramètres sont applicables aux espèces suivantes: Balanites aegyptiaca, Acacia raddiana, Acacia senegal, Prosopis juliflora, Parkinsonia aculeata, Cenchrus biflorus, Colocynthis vulgaris, Panicum turgidum et Tribulus terrestris.

Un semis direct en zone très protégée, avec différents régimes d’arrosage, a été appliqué pour Balanites aegyptiaca, Cenchrus biflorus, Colocynthis vulgaris, Prosopis juliflora et Tribulus terrestris. Les résultats montrent que le semis direct semble possible moyennant une bonne protection et deux arrosages légers après le semis. Cependant, la portée pratique de ce résultat est limitée car:

- Pour les espèces herbacées, la régénération naturelle a été excellente en l’absence de toute intervention humaine.

- Pour le Prosopis juliflora, la plantation des plants élevés en pépinière donne de très bons résultats sans nécessiter un niveau de protection élevé.

- Pour le Balanites aegyptiaca, la régénération naturelle par graine a été observée mais la croissance est lente durant les premières années, probablement en raison de son système radiculaire traçant très insuffisant, ne permettant pas de bénéficier des petites pluies de moins de 30 mm.

11.2.2.3. Techniques d’élevage de plants en pépinière

Les essais ont été principalement orientés sur la production de grands plants susceptibles d’être plantés en profondeur dans le double but d’éviter les méfaits de l’érosion éolienne et de se rapprocher le plus possible de l’humidité résiduelle.

a./Production de grands plants à racines non déformées et capables de croître rapidement: utilisation de sachets sans fond, posés sur une grille suspendue, de sorte que les extrémités de racines soient en contact direct avec l’air. Les principaux résultats obtenus ont été les suivants:

- L’adjonction d’argile au sable, dans une proportion d’un tiers, pour donner à la motte la cohésion nécessaire, a produit sur le Prosopis juliflora un effet négatif après plantation, et surtout si une pluie ne venait pas rapidement humecter suffisamment le sol autour de la motte. Une telle contrainte a permis de supprimer l’argile et d’utiliser, comme fond de sachet, un tissu cellulosique perméable à l’eau et à l’air et pénétrable par les racines. Les espèces utilisées ont été Balanites aegyptiaca, Acacia tortilis, Leptadenia pyrotechnica, Acacia senegal, Acacia albida, Prosopis juliflora, Prosopis cineraria et Parkinsonia aculeata.

- Cette technique n’a pas donné les résultats attendus. Les extrémités des racines se dessèchent, probablement en raison du faible taux d’humidité de l’air, malgré l’arrosage quotidien. Par ailleurs, le coût de tels plants est beaucoup plus élevé que celui des plants produits par la technique traditionnelle.

- L’époque de plantation semble s’étaler jusqu’au mois de mars pour Leptadenia pyrotechnica et Parkinsonia aculeata, et seulement jusqu’au mois de novembre pour Prosopis juliflora, à condition d’apporter 20 litres d’eau par plant, au moment de la plantation.

- En terme de croissance en hauteur, Prosopis juliflora et Leptadenia pyrotechnica sont les meilleurs, suivi par Parkinsonia aculeata. Leptadenia pyrotechnica résiste mieux que les autres espèces sur les crêtes, en zone de transport: la biomasse aérienne étant de 539 kg/ha pour cette espèce, contre seulement 165 kg/ha pour le Prosopis juliflora. Ce dernier se développe beaucoup mieux sur le versant Est, plus abrité, et atteint 1 544 kg de biomasse par hectare, contre 718 kg pour Leptadenia pyrotechnica. La croissance de Balanites aegyptiaca a été très faible, parfois nulle.

- En ce qui concerne le piégeage de sable, Prosopis juliflora semble plus efficace que Leptadenia pyrotechnica: 32 cm d’épaisseur de dépôt contre 20 cm.

b./Production de plants de grande taille

Deux moyens ont été testés:

1°/emploi d’un engrais à libération lente: 16 N + 9P + 9K + 3% oligo-éléments

2°/emploi de sachets de plus grande taille (25 à 45 cm). De plus, un polymère hydrophile a été utilisé à titre orientatif.

Les résultats ont été les suivants:
- Il semble que l’engrais a un effet favorable sur la croissance en pépinière et sur le taux de réussite, sauf pour Leptadenia pyrotechnica et Balanites aegyptiaca. Il favorise la croissance après la plantation, sauf pour Leptadenia pyrotechnica. Il serait en outre sans effet sur Acacia tortilis et Calotropis procera, et défavorable à la formation de nodosités sur Prosopis juliflora.

- La longueur du sachet a un effet positif sur la croissance et le taux de réussite chez Prosopis. En l’absence d’un apport d’engrais, son effet n’est significatif que sur la croissance en pépinière chez Parkinsonia aculeata. Elle n’influence pas le taux de réussite chez Balanites aegyptiaca et elle est sans effet sur Leptadenia pyrotechnica, Acacia tortilis et Calotropis procera.

- Pour une plantation en octobre, la profondeur de la plantation a eu un effet significatif sur le taux de réussite et la croissance chez Prosopis juliflora et Parkinsonia aculeata. Cet effet, moins sûr chez Acacia tortilis et Calotropis procera, était inexistant chez Balanites aegyptiaca.

11.2.2.4. Multiplication de Tamarix aphylla par bouture

Le Tamarix aphylla était surtout connu et utilisé dans les sols hydromorphes ou en présence de nappe phréatique.

Un essai d’orientation a été mené en 1985 à Boutilimitt, à partir des pieds de Tamarix aphylla se trouvant à Kankossa. Les résultats ont été très encourageants, malgré l’absence de nappe phréatique.

Un deuxième essai a été réalisé en 1986 avec des boutures non racinées de 1,15 m de longueur, plantées directement et sans arrosage sur une dune stabilisée. Le taux de réussite a été de 60%.

11.2.2.5. Evaluation comparative des essences

Des parcelles ont été installées au centre de Boutilimitt et dans les sites de Magta-lahjar, Guerrou, Kiffa, Tamchekett, Kankossa et Timbedra, en vue de comparer, dans les mêmes conditions, les espèces suivantes: Prosopis juliflora, Parkinsonia aculeata, Acacia holosericea, Leptadenia pyrotechnica, Acacia tortilis, Calotropis procera, Balanites aegyptiaca, Acacia senegal et Euphorbia balsamifera.

Les premiers résultats ont montré que les cinq premières espèces étaient globalement les meilleures. Acacia holosericea présente une vocation fourragère, par l’appétabilité de ses feuilles.


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