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Une stratégie mondiale pour la réduction de la faim et de la pauvreté


Le tableau 8.7 résume les principales initiatives régionales mises en lumière par l’analyse des systèmes d’exploitation agricole et présentées dans les chapitres précédents. Bien que les titres des initiatives puissent être semblables, les composantes réelles des initiatives identifiées varient d’une région à l’autre. Ces initiatives peuvent être rattachées aux cinq principaux domaines qui ont retenu notre attention dans tout cet ouvrage: i) politiques, institutions et biens publics; ii) libéralisation des marchés et développement commercial; iii) information et capital humain; iv) science et technologie; et vi) ressources naturelles et climat.

POLITIQUES, INSTITUTIONS ET BIENS PUBLIQUES

La justification des réformes politiques aux niveaux nationaux et mondiaux capables d’appuyer le développement durable des systèmes d’exploitation agricole est largement établie. Ces réformes devraient porter sur la création de cadres macroéconomiques favorables et sur le développement des investissements dans les secteurs des biens publics et des services, afin de réparer les nombreux échecs des marchés en matière de recherche, d’infrastructure, etc. De nombreux pays ont entrepris des réformes qui ont conduit à réduire les interventions du secteur public, ouvrant ainsi aux agriculteurs de nouvelles possibilités d’accès à une plus grande variété de services d’origines diverses. Il est aujourd’hui nécessaire de s’assurer que les politiques et les institutions favorisent le développement des petits agriculteurs et le développement de la capacité du secteur privé à fournir des services. Ceci est particulièrement important en Afrique, en Europe de l’Est et en Asie centrale.

La plupart des études concernant les politiques et les institutions montre que les gouvernements devraient achever de retirer les aides publiques directes aux productions agricoles viables et privatiser les services agricoles, tels que ceux des semences et de la commercialisation. Néanmoins, il est clairement de l’intérêt public que les gouvernements continuent d’assurer un accès fiable aux biens publics pour les petits agriculteurs et de promouvoir l’utilisation durable des ressources naturelles. Les gouvernements devraient consacrer leurs efforts à la fourniture de biens publics de bases dont les routes, l’éducation et les services de santé, et aux infrastructures de recherche et de vulgarisation pour répondre aux besoins des agriculteurs pauvres et des zones marginales (voir encadré 8.1). Ils devraient aussi s’appliquer à la mise en place des réglementations (commerce équitable, standards de qualité) en insistant particulièrement sur la suppression des barrières d’entrées pour les nouveaux participants.

La sous-traitance de prestations de services publics et d’infrastructures aux firmes privées, ONG et universités à remporté quelques succès en permettant de réaliser des gains d’efficacité. La participation locale est, dans ce type d’innovation, essentielle pour le contrôle de la fourniture par le privé de tels biens et services. Les organisations d’agriculteurs et le secteur privé peuvent jouer un rôle prépondérant dans de nombreux domaines, tels que la multiplication des semences et le développement variétal (voir encadré 2.5 sur les systèmes de fourniture de semences à partir des communautés). De plus, les associations d’exportateurs peuvent souvent mettre en œuvre l’inspection sanitaire. Les priorités et les budgets de recherche peuvent être gérés dans le cadre d’appels d’offres et d’arrangements entre le secteur public et le secteur privé pour le partage des coûts.

Les cinq principaux axes prioritaires relatifs à l’amélioration des politiques, des institutions et des biens publics pour la réduction de la faim et de la pauvreté sont:

Encadré 8.1 Rôles des secteurs public et du privé dans la recherche destinée aux petits agriculteurs.

Le rôle du secteur privé dans la recherche agricole devrait continuer à se développer, plus particulièrement dans les domaines des produits commerciaux et des services liés à la sélection végétale, aux pesticides, aux produits vétérinaires et à l’équipement agricole. Certains résultats de cette recherche privée seront importants pour les petits agriculteurs des pays en développement. Dans certains cas, il serait particulièrement intéressant de promouvoir un partenariat public privé qui permettrait de partager les coûts de recherche et de mettre les technologies développées à la disposition des agriculteurs des pays en développement dans des conditions financières abordables. Par exemple, la petite irrigation ou les techniques de non travail du sol pourraient toucher des marchés petits, mais lucratifs, des petits agriculteurs et du jardinage des pays á haut revenu, tandis que des techniques semblables pourraient avoir de larges applications chez les agriculteurs pauvres. Néanmoins, il subsiste de nombreux domaines cruciaux de recherche dont le secteur public devra prendre la direction. Ces domaines sont la gestion intégrée des ressources naturelles et des bassins versants, la création de certains types de variétés améliorées, la gestion intégrée des ravageurs et l’augmentation de la productivité des petits agriculteurs. En raison du laps de temps nécessaire au développement des innovations agricoles, les priorités de recherche qui répondront aux besoins en nouvelles technologies des petits agriculteurs dans 20 ou 30 ans doivent être identifiées dès maintenant, et les rôles partagés des secteurs public et privé déterminés. Finalement, une volonté nouvelle d’investir dans la recherche, non pas pour les agriculteurs d’aujourd’hui mais pour la prochaine génération de femmes et d’hommes, est maintenant nécessaire.

Etablissement de droits d’usage équitables, sûrs, transférables et souples pour les ressources

L’utilisation durable et efficace des ressources en propriété individuelle ou collective requiert des droits d’usages clairs, exécutoires et transférables ainsi que le fonctionnent du marché de ces droits, et des politiques fiscales encourageant une utilisation efficace des ressources. Les services de conseil ont besoin d’acquérir une meilleure compréhension des mécanismes spécifiques permettant aux communautés de gérer l’accès à la terre et à l’eau, les droits de pâturage, les zones forestières et autres biens naturels.

La reconnaissance des droits fonciers coutumiers - spécialement les droits des ressources communautaires - est essentielle pour assurer leur utilisation durable et productive dans de nombreux systèmes où les densités de population sont faibles. Cela permettrait aussi aux communautés qui opèrent dans des systèmes de droits fonciers traditionnels de passer des arrangements commerciaux avec des groupes de l’agro-industrie. En essayant de protéger les droits coutumiers, la législation existante empêche souvent de passer des arrangements sur l’utilisation de la terre en matière de contrats et autres accords légaux[249]. Finalement, le mauvais fonctionnement ou les marchés restreints de la terre contribue au morcellement et à la diminution sans fin de la taille des exploitations. Ce phénomène commence à devenir une sérieuse contrainte dans les systèmes les plus intensifs, et les gains attendus de productions intensives et de diversifications pourraient être freinés si rien n’est fait pour faciliter le marché de la terre.

Dans les pays qui ont hérité d’un système agraire dualiste, l’accès à la terre peut être facilité en éliminant progressivement les subventions aux grands agriculteurs commerciaux et en appliquant des taxes fiscales ayant un effet dissuasif sur l’utilisation non productive des terres. La reconnaissance de la location informelle de la terre et du métayage, l’aide au financement de l’achat de terres et les mesures effectives pour protéger l’accès des femmes (spécialement des veuves) à la terre peuvent souvent stimuler le marché de la terre.

Fourniture d’infrastructures durables aux zones pauvrement desservies

Le rythme auquel les systèmes d’exploitation agricole s’ouvrent à l’économie de marché est étroitement corrélé à la disponibilité en infrastructures. L’accès aux routes et l’électrification ont été, à cet égard, particulièrement significatifs et les communications prennent de plus en plus d’importance. L’amélioration de l’accès des agriculteurs à une économie de base et à des infrastructures sociales réduit les coûts de transaction. La connaissance agricole est à la base de l’amélioration des systèmes d’exploitation agricole; elle entraîne généralement la demande en services améliorés d’éducation. C’est pourquoi l’accroissement de l’investissement dans les infrastructures rurales, spécialement axées sur les transports et les communications à faibles coûts pour les petits agriculteurs, devrait être une des principales priorités des gouvernements.

Les principaux problèmes qui ont freiné la mise à disposition d’infrastructure dans le passé sont: i) la préférence marqué pour les zones urbaines dans les dépenses publiques; ii) l’incapacité des autorités locales à générer suffisamment de revenu pour en assurer le fonctionnement et la maintenance; et iii) le manque de prise en compte des priorités des communautés et de participation aux étapes de la planification, entraînant une dépendance passive de celles-ci à l’égard du gouvernement. En raison de la capacité limitée en matière d’investissements publics, il est essentiel de s’assurer que ceux-ci concernent bien le développement de l’infrastructure capable de satisfaire les besoins des petits exploitants.

La réduction de la pauvreté est souvent plus difficile dans les zones à faible potentiel où les perspectives de croissance agricole sont limitées et où les faibles densités de population augmentent le coût des services et de l’infrastructure par l’habitant. Pour ces raisons, les investissements publics ont été rares dans ces zones; ils y seraient pourtant particulièrement justifiés car il sera difficile d’y attirer le secteur privé.

Assistance aux périmètres irrigués gérés par les petits agriculteurs

Dans la plupart des situations, les politiques de développement des ressources en eau devraient donner la priorité à l’irrigation gérée par les petits agriculteurs; elle est en général plus durable et moins onéreuse que celle des grands périmètres irrigués. D’autre part, la réhabilitation des périmètres existants devrait en général avoir la priorité sur la construction de nouveaux périmètres. Dans les deux cas, il est essentiel d’établir des droits sûrs et reconnus pour la terre et pour l’eau et de mettre en place une gestion locale efficace assurée par les utilisateurs eux-mêmes.

Pour les grands périmètres existants, l’objectif principal devrait être de les rendre plus durables et plus compétitifs en encourageant une participation accrue des agriculteurs à leur gestion, en réduisant les coûts de fonctionnement et de maintenance et en améliorant l’efficacité de la fourniture et de l’utilisation de l’eau. Ces changements impliquent la mise en place ou le renforcement des associations d’utilisateurs d’eau, ainsi que l’amélioration des qualifications des agriculteurs en matière de commercialisation et de gestion de l’eau au niveau de la exploitation.

Continuation des réformes de politique agricole et renforcement des institutions de niveau intermédiaire

De nombreux pays en développement ont déjà connu un processus d’ajustement structurel. L’achèvement des réformes politiques déjà entreprises par les gouvernements (spécialement en Europe de l’Est et en Asie centrale) est une priorité. Il en est de même, au moins pendant le processus de transition, de la sauvegarde des communautés rurales pauvres et des familles dont la vulnérabilité est souvent accentuée par les mesures d’ajustement. Ce dernier point peut nécessiter, à court terme, une combinaison de mesures spécifiques afin d’assurer aux petits agriculteurs l’accès à une alimentation correcte et de mettre en place des étapes structurelles pour améliorer leurs moyens de subsistance grâce à l’augmentation de la productivité et de leur capacité à mieux supporter les risques. Dans de nombreux systèmes, la pression démographique dépasse déjà les niveaux acceptables pour un développement durable; le principal défi est alors d’identifier de nouvelles possibilités de moyens de subsistance - soit à l’intérieur soit à l’extérieur de la zone. Dans certains cas, cela se fera en encourageant des migrations facilitées par des formations appropriées, par la fourniture de capital et l’établissement de marchés efficaces de la terre.

Il est important de renverser les tendances qui consistent à désavantager l’agriculture, le développement rural et plus particulièrement les pauvres. Ces tendances ont pour objectif de fournir une alimentation à bon marché aux villes ou bien elles sont liées à la conservation des ressources naturelles et peuvent alors avoir pour effet de limiter plus l’accès aux ressources des pauvres que des riches - un exemple en est donné par les réglementations forestières dans le systèmes agricole mixte des hautes terres en Asie du Sud. Ce ne sont pas seulement les politiques en elles-mêmes qui désavantagent les pauvres, mais c’est aussi la façon dont elles sont appliquées; au niveau local elles favorisent souvent les puissants au détriment des pauvres.

Il est nécessaire de mettre au point des techniques afin de faciliter l’évaluation des risques liés aux décisions politiques et d’investissement, en prenant en compte l’accroissement prévu de la variabilité climatique. Trop souvent le risque n’est pas réellement considéré comme un facteur critique dans les prises de décision concernant les petits agriculteurs. Pourtant, un grand nombre de décisions, telles que le choix des priorités de recherche pour les cultures, la planification et la fourniture d’eau et d’infrastructures d’irrigation, et la formulation des politiques concernant la gestion des terres, est très influencé par la variabilité et le risque. De plus, l’adoption des nouvelles technologies par les petits agriculteurs est souvent corrélée négativement aux risques perçus dans cette adoption.

On reconnaît de plus en plus que de nombreux systèmes d’exploitation agricole traditionnels ont des caractéristiques qui: i) permettent aux agriculteurs de réduire ou de partager les risques; ii) font un usage efficace des ressources; et iii) résolvent des conflits potentiels sur l’allocation des ressources, tout en assurant une durabilité à long terme des ressources naturelles de base limitées. Cela a été spécialement le cas des systèmes d’exploitation agricole pastoral et aride, où des essais pour remplacer les pratiques traditionnelles avec de nouvelles technologies de production ont souvent échoué, entraînant une pauvreté accrue et des dommages dans les systèmes de gestion des ressources existantes.

Peu de progrès ont été réalisés dans la création de mécanismes d’assurance efficaces pour les petits agriculteurs vivant dans des environnements difficiles. Il est nécessaire d’arriver à mettre au point des mécanismes de réduction des risques qui soient à la fois peu onéreux, acceptés par les participants et capables de protéger des évènements imprévisibles. La diversification, les cultures intercalaires, l’intégration agriculture-élevage et l’utilisation de variétés résistantes aux conditions de stress assurent une certaine protection contre les risques.

Renforcement des filets de protection ciblés

Comme nous l’indiquons dans la prochaine section, il est probable que le processus de développement basé sur le marché augmentera, au moins à court et moyen terme, la pauvreté de nombreux ménages agricoles. Les gouvernements ont des responsabilités sociales à l’égard de ces ménages, particulièrement en ce qui concerne la protection des citoyens désavantagés (enfants, femmes, réfugiés, et ceux qui souffrent de catastrophes naturelles) qui dépassent le fonctionnement des marchés. Même si des programmes d’assistance sociale peuvent entraîner des phénomènes de dépendance, le problème de la faim et de la malnutrition doit être abordé rapidement. L’intervention du gouvernement en matière économique et humanitaire peut compléter les fonctions du marché, plutôt que d’essayer de remplacer les marchés par des politiques de soutien général des prix, de subventions et de droits de douane. Cette complémentarité pourrait être mise en place en fournissant des aides ciblées - par exemple par des programmes de sécurité alimentaire organisés avec la participation des communautés afin d’assurer une nutrition correcte à tous leurs membres. Cela pourrait aussi nécessiter des ajustements dans l’accès aux ressources en terre et en eau, des changements stratégiques dans les systèmes de production (par exemple l'ajout de jardins pour les cultures maraîchères) et des améliorations dans les habitudes alimentaires et d’hygiène. L’assistance alimentaire (par exemple repas à l’école, aliment contre travail pour la création de nouvelles infrastructures et de biens productifs tels que la petite irrigation) pour les groupes vulnérables incapables de subvenir à leurs besoins est aussi très importante et peut être réalisée de façon à stimuler les marchés locaux.

LIBÉRALISATION DU COMMERCE ET DÉVELOPPEMENT DES MARCHÉS

La réduction des barrières au commerce international est en route, le rythme de sa réalisation est incertain. Ce processus affectera tous les producteurs de l’ensemble des systèmes d’exploitation agricole du monde en développement, à l’exception des plus isolés. Cependant, le type de changement qui en résultera et son impact sur la production, la pauvreté et la sécurité alimentaire à l’intérieur de chaque système, dépendra d’un certain nombre de facteurs, dont les plus importants sont la disponibilité en ressource, l’environnement commercial, les progrès futurs de la technologie (techniques de préservation, de transport, de communications, etc.) et les changements dans la demande des consommateurs.

Il a été montré dans un certain nombre de systèmes (système maïs-haricot en Amérique centrale, système agricole mixte maïs en Afrique de l’Est dans les années 80, et système d’exploitation agricole du riz de basse terre en Asie de l’Est) que les petits agriculteurs participent avec succès à la croissance due au développement des marchés et qu’ils augmentent fortement leurs revenus. Néanmoins, les agriculteurs incapables de répondre à cet ajustement, par manque de ressources ou en raison d’un environnement politique et institutionnel défavorable - tel que c’est aujourd’hui le cas pour le système d’exploitation agricole mixte du maïs en Afrique du sud - dépendront encore des cultures traditionnelles pour leur revenu monétaire. Aussi devront-ils faire face, à long terme, à une baisse des revenus au fur et à mesure de la réduction des barrières commerciales et de l’apparition de nouvelles technologies renforçant la tendance à la baisse des prix internationaux des produits alimentaires de base.

L’analyse des systèmes d’exploitation agricole de chacune des régions en développement a permis de dégager les cinq principaux axes prioritaires pour tirer le meilleur bénéfice de la libéralisation du commerce et du développement des marchés pour la réduction de la faim et de la pauvreté. Ces axes sont les suivants:

S’assurer que la libéralisation du commerce fonctionne dans les deux sens

Bien que la libéralisation du commerce soit bénéfique, même quand elle a été décidée unilatéralement, il est indéniable que ce sont les populations urbaines qui bénéficient de la réduction des barrières douanières à l’entrée des produits agricoles et principalement les producteurs agricoles qui bénéficient de la diminution des freins à l’exportation. Des obstacles considérables subsistent encore à l’entrée des principales catégories de biens agricoles vers des marchés tels que l’Europe, l’Amérique du Nord et le Japon, ce qui veut dire que les bénéfices du commerce vers les pays en développement ont jusqu’ici été largement réalisés dans le premier groupe - réduction de prix pour les consommateurs urbains. La combinaison de la baisse des prix des produits vivriers et des obstacles continuels à la diversification risque d’accroître la pauvreté des producteurs traditionnels.

Il est vrai que les barrières commerciales des pays industrialisés ont été réduites pour de nombreux produits agricoles, mais elles concernaient souvent des productions nationales limitées ou des productions pour lesquelles le monde développé avait un avantage technique important. Les niveaux de protection pour des produits tels que le sucre pour lesquels les pays tropicaux peuvent avoir un avantage comparatif important, sont encore élevés. De plus, on a l’impression - plus ou moins justifiée - que les pays industrialisés utilisent facilement toute une série de clauses concernant les questions phytosanitaires, environnementales ou politiques pour justifier des contrôles particuliers sur les importations de produits agricoles qui peuvent menacer les intérêts commerciaux nationaux. Les petits pays en développement n’ont simplement pas l’expertise, les ressources financières ou l’influence politique internationale nécessaires pour défier sérieusement ces contrôles. Quand des plaintes sont portées - comme dans le cas des contrôles de l’Union européenne sur les importations de bananes - on a l’impression que les accords sont conclus pour servir les intérêts des pays industrialisés, laissant de côté les pays en développement.

Ce déséquilibre, qui existe aussi en dehors de l’agriculture dans les domaines comme le textile, contribue à entretenir un profond malaise parmi de nombreux gouvernements de pays en développement sur le bien fondé de la libéralisation et peut finalement entraîner une opposition à tout le processus de mondialisation qui peut aller bien au-delà des protestations de rue lors des principaux forum économiques. L’échec du processus de mondialisation serait très dommage, car de vrais bénéfices à long terme sont possibles, même pour les petits producteurs des pays en développement; mais un ordre économique mondial construit sur une structure et un processus qui sont largement perçus comme injustes ne saurait être durable. Les agences internationales et, en particulier, les gouvernements des pays industrialisés, doivent reconnaître ces risques sérieux et agir pour réduire les sentiments d’inégalité dans la formulation et la conduite des accords commerciaux multilatéraux.

Axer la production des petits agriculteurs sur des productions exigeantes en main-d’œuvre ou sur des créneaux spécifiques

Les petits agriculteurs souhaiteront inévitablement continuer à produire des cultures vivrières pour leur sécurité alimentaire et pour des raisons culturelles; toutefois, les principaux marchés urbains trouveront généralement l’offre de produits issus de technologies modernes - souvent d’autres pays - plusavantageuse. Cependant, alors que la demande en produits spécialisés s’accroît et que de nouvelles technologies post-récolte améliorent la qualité des produits et rallongent la durée de vie des produits périssables, les petits producteurs auront de plus en plus de possibilités d’augmenter leurs revenus monétaires par la production de spécialités où il n’existe pas d’économie d’échelle (productions gourmandes en main-d’œuvre et créneaux tels que produits horticoles, fruits, épices, plantes ornementales, etc.). Une petite taille d’exploitation n’est pas un obstacle pour l’accès à ces types de marché qui devraient croître rapidement, particulièrement si les agriculteurs peuvent associer leurs forces dans des associations volontaires. Même les producteurs géographiquement isolés peuvent tirer profit de ces opportunités, en se concentrant sur des produits de valeur et peu pondéreux (colorants, extraits, huiles essentielles, etc.).

La transition vers la production de produits compétitifs répondant à la demande des marchés est une étape cruciale du développement économique rural et de la réduction de la pauvreté. Ces productions permettent non seulement de générer des revenus pour les ménages qui s’y consacrent, mais aussi de créer des emplois dans les activités d’emballage, de transport et de commercialisation, ainsi que dans la fourniture de services aux producteurs qui réussissent.

Satisfaire les besoins en sécurité alimentaire des ménages pendant la période de transition

La restructuration des activités agricoles en réponse aux nouvelles opportunités de marché exige l’accès à un minimum de ressources - naturelles, humaines et financières - ainsi que l’acceptation d’un certain niveau de risque pendant le processus de transition. Dans de nombreux systèmes, en l’absence d’une assistance externe importante, seule une minorité de petits producteurs peut accepter ce risque. Cependant, l’exemple de ces producteurs et l’assistance de producteurs plus importants, qui sont souvent des pionniers en matière d’innovation et de commercialisation des cultures, facilitent l’entrée d’autres producteurs moins bien pourvus en ressources. Les activités des pionniers, qu’ils soient grands ou petits, sont souvent, elles aussi, importantes pour la création indirecte d’emplois et pour la demande de services d’appui.

Cependant, si le nombre de pionniers potentiels est trop faible, la production peut être insuffisante pour créer un volume critique de commercialisation pour ces produits et le développement de la production orientée par le marché peut être un échec. Les systèmes d’exploitation agricole dans lesquels la pauvreté chronique est importante devront souvent affronter cette difficulté. Non seulement les producteurs seront plus concernés par la survie de leur famille que par la création de revenus, mais les acheteurs locaux et les fournisseurs de services seront peu nombreux et la mise en place de mécanismes de marché sera plus difficile. L’assistance permettant la transition vers une production orientée vers les marchés ne sera possible dans les systèmes dans lesquels la pauvreté est importante que lorsque l’insécurité alimentaire aura été réduite et qu’un minimum d’argent liquide sera disponible grâce à la vente des surplus des cultures traditionnelles.

Dans ces systèmes, l’augmentation de la production des cultures vivrières, l’amélioration de la nutrition familiale et la sécurité alimentaire seront prioritaires. Cela nécessitera des investissements supplémentaires dans le développement de matériel génétique approprié, de structures de stockage pour la nourriture, et dans la gestion des ressources naturelles et l’éducation. Il peut aussi être nécessaire d’encourager la diminution des populations rurales par la formation professionnelle et autres programmes d’assistance facilitant les migrations.

Favoriser la compétitivité commerciale spécialement pour les petites entreprises

De nombreux exemples montrent que l’intervention directe du secteur publique dans les opérations de commercialisation est généralement inefficace et peut même avoir des effets négatifs. On a montré que le développement des marchés se fait plus facilement lorsque des individus - producteurs et commerçants - jouent un rôle majeur dans le fonctionnement des marchés. Dans le cas des petits producteurs qui ont très peu de pouvoir sur les marchés, il est essentiel d’avoir un environnement commercial compétitif dans lequel un certain nombre d’acheteurs sont actifs. Il semble que les petits producteurs tirent un bien meilleur avantage de la présence de petits commerçants, de transformateurs et d’autres acheteurs. En effet, de tels petits intervenants sont généralement incapables de contrôler les prix comme pourraient le faire de plus grandes entreprises; ils sont aussi plus enclins à acheter de petites quantités dans des endroits isolés. Ils peuvent même faire partie de la même communauté que celle des producteurs.

Afin d’aider à mettre en place un environnement favorisant la commercialisation des petits producteurs il est souvent nécessaire d’aider les petits entrepreneurs dans des domaines tels que le financement, l’information, et la simplification des procédures bureaucratiques que seules les grandes entreprises peuvent gérer. Cela implique aussi un meilleur accès aux biens publics (voir section précédente). Les associations de petits commerçants, transformateurs et exportateurs peuvent aussi fournir un appui important aux petits entrepreneurs, en facilitant leur entrée sur les marchés et en s’assurant que leurs besoins sont pris en considération au moment de créer ou de réviser les politiques sectorielles.

Cela ne veut cependant pas dire que l’influence des grandes entreprises de l’agro-industrie est nécessairement négative, en particulier si elles opèrent dans un environnement compétitif. En effet, il ne faut pas oublier le rôle de pionniers des grands agriculteurs et de l’agro-industrie, sources de conseils techniques, de crédit et d’emplois rémunérés, et acheteurs de matière première. Les petits commerçants - spécialement dans le cas des cultures d’exportation - doivent en général revendre leurs produits à des entreprises plus grandes situées dans les capitales régionales ou nationales. Les associations d’agriculteurs peuvent alors jouer un rôle en aidant les petits producteurs à négocier plus équitablement avec les entreprises plus grandes, en augmentant les volumes et renforçant leur pouvoir de négociation.

Aider au développement des marchés agricoles

Bien que les gouvernements aient peu de rôle direct dans les opérations de commercialisation, la transition des systèmes d’exploitation agricole vers des productions orientées vers les marchés peut être facilitée par la création d’un environnement favorable comprenant: i) la mise en place d’infrastructures rurales appropriées, spécialement routes, électricité et télécommunications; ii) l’engagement au maintien d’un taux de change équilibré et stable; iii) l’établissement et la mise en application des normes de marché pour les produits et les intrants; iv) la non taxation, si possible, des produits agricoles, les impositions se portant plutôt sur les biens sous-utilisés ou sur les revenus; et v) le suivi et le mise en application des accords commerciaux qui ont un effet favorable sur les petits producteurs.

En raison de l’importance de l’agro-industrie sur la demande potentielle de la production rurale et de sa capacité de créer des emplois, la suppression des freins à la localisation des industries agroalimentaires et de leurs opérations en zones rurales peut aussi aider au développement des marchés. Les aides financières ont tendance à encourager des réponses à court terme de l’agro-industrie, entraînant des investissements non durables et l’arrêt des opérations lorsque le financement (ou les exemptions de taxes) cesse. Cependant, les gouvernements peuvent encourager des investissements ruraux durables en associant l’investissement privé à la fourniture d’infrastructure publique, à la formation des employés, à l’assistance aux fournisseurs sous contrat, à la réduction des formalités à l’investissement, et en assurant des politiques fiscales favorables à long terme.

Finalement, le secteur public peut soutenir des arrangements contractuels forts entre producteurs, intermédiaires et transformateurs. De tels arrangements peuvent concerner la simple fourniture de produits ou peuvent aussi concerner tout ou partie du processus de production. Des arrangements contractuels mal définis ou mal protégés par la loi freineront sérieusement le développement des marchés. Les procédures de résolution des conflits doivent être peu coûteuses, rapides et considérées comme équitables par les deux parties; la mise en application des contrats doit être garantie.

INFORMATION ET CAPITAL HUMAIN

Nous avons identifié trois axes globaux prioritaires pour renforcer les bénéfices de la diffusion et de l’utilisation de l’information agricole, et du développement du capital humain dans la réduction de la faim et de la pauvreté.

Assurer une large diffusion de l’information agricole

La mondialisation, l’urbanisation et l’accélération des changements technologiques entraînent une nécessité accrue de connaissances pour les systèmes d’exploitation agricole de toutes les régions. Le transfert des flux d’information entre sources de connaissance formelles - telles que les institutions de recherche et les marchés - et agriculteurs, et entre agriculteurs nécessite la mise en place de nouvelles approches. Les petites exploitations n’ont généralement pas le même accès aux technologies agricoles et à l’information sur les marchés que les grandes exploitations. Pour cette raison, l’investissement public pour la diffusion de l’information agricole est particulièrement important pour les systèmes d’exploitations agricoles de petites tailles. Dans certaines régions, les systèmes d’information technologique sont déjà adaptés pour répondre aux besoins en information des petits agriculteurs (voir encadré 8.2); toutefois une aide publique accrue sera nécessaire pour pouvoir pleinement exploiter leurs potentiels, surtout dans les endroits éloignés et de grande pauvreté. Il est nécessaire de développer des mécanismes efficaces de génération, de transfert et d’utilisation de l’information pour les bénéficiaires.

Il est recommandé de consacrer plus de réflexion à la durabilité à long terme et à l’intérêt des systèmes d’information agricole qui généralement nécessitent de gros budgets de fonctionnement. Il semble que les utilisateurs ne veulent pas payer le prix pour que ces services soient autonomes, mais en raison de la faiblesse des budgets de fonctionnement des gouvernements, la gestion de ces services d’informations est assurée à coût minimum lorsque le financement extérieur se retire. En raison de cette situation, l’information disponible est souvent obsolète et de peu d’intérêt pour les besoins réels des utilisateurs (par exemple l’information sur les prix des marchés est donnée pour les marchés internationaux parce qu’elle est disponible gratuitement, alors que les données pour les marchés proches sont absentes car trop onéreuses à collecter).

Encadré 8.2 Combler le fossé numérique

Des progrès remarquables ont été faits en matière de technologie de l’information (TI) communication entre région, pays, villages et agriculteurs. Les exemples suivants illustrent certains de ces efforts au niveau villageois et régional.

La Fondation de recherche Chennai en Inde a établi des réseaux d’information dans neuf villages de l’ouest du Bengale. Chaque village gère sa propre «boutique d’information» - le terminus du réseau - et paye les notes d’électricité et les coûts de communication. Des nouvelles technologies ont été introduites lorsqu’il n’y a pas d’électricité ou de ligne de communication. Par exemple, le projet a établi un réseau minimal de communications reliant le village de pêcheurs de Veerampattinam, qui n’a pas de téléphone, à la ville de Pondichéry, en utilisant des panneaux solaires pour la génération d’électricité et des systèmes de transmission sans fil. Quatre fois par jour un volontaire contrôle le Web et émet des informations (prix des cultures, prévisions du temps, etc.) dans un système public villageois.

Kampung Raja Musa est une communauté utilisée comme modèle expérimental pour étendre la TI aux zones rurales de Malaisie. Deux kiosques, équipés d’ordinateurs à écran tactile, ont été établis dans la salle de réunion de cette communauté. A l’aide d’icônes, les villageois peuvent avoir accès à des banques de données qui couvrent des sujets comme les activités de tailleur, la gestion des exploitations, la façon de commercialiser les produits, comment négocier avec la bureaucratie gouvernementale, etc. Des vidéoclips aident les utilisateurs à obtenir les informations, de sorte que les terminaux sont accessibles aux illettrés. De plus, des PC ont aussi été installés pour permettre l’accès de la communauté au Web et aux services de messagerie électronique.

Il existe en Afrique plusieurs initiatives régionales pour permettre la connexion à Internet. La plupart des connections à Internet se trouvent dans les pays de l’OCDE; l’amélioration de l’accès à l’information en Afrique passe d’abord par l’augmentation du nombre d’utilisateurs ayant accès au Web. Les premiers utilisateurs seront, bien sûr des professionnels des villes, par la suite les nouveaux utilisateurs pourraient être des ruraux et des agriculteurs. En Amérique latine, une série de projets du FIDA a établi un réseau régional Web pour l’échange d’expériences. Ce réseau permet de partager les expériences acquises grâce à la mise en œuvre de projets et les performances des technologies dans les différentes conditions, pour le bénéfice des agriculteurs.

Fournir, particulièrement aux femmes, une formation générale sur les systèmes d’exploitation agricole

La formation et l’accroissement des capacités impliquent la responsabilisation des membres de la communauté pour leur permettre d’identifier les problèmes dans un contexte système, d’analyser les causes et les effets, afin d’évaluer les options et d’arriver à prendre des décisions en connaissance de cause pour se préparer à assumer leurs propres responsabilités dans le processus de développement. Cela requiert souvent l’assistance de facilitateurs professionnels pour s’assurer que tous les groupes dans la communauté ont la possibilité d’exprimer leur point de vue pour aider à trouver les solutions techniques appropriées, pour formuler et mettre en œuvre des plans d’actions communautaires, et pour suivre et évaluer les résultats. Cette approche nécessite une réorientation du fonctionnement des services de vulgarisation en les basant plutôt sur des techniques d’animation que de direction; la participation communautaire étant l’élément essentiel dans la détermination des priorités et la mise à l’essai des solutions possibles. Cela impliquera l’adoption et l’adaptation d’instruments de diagnostic participatif et de méthodes expérimentales d’apprentissage. La concomitance étroite entre la formation et le renforcement des intérêts communs ou des groupes d’utilisateurs de ressources, renforcera la capacité à résoudre les problèmes et l’autonomie des communautés rurales. Sa mise en œuvre demandera probablement un partenariat entre les gouvernements, le secteur privé ou les ONG fournisseurs de services, les organisations de la société civile et les groupes communautaires.

En raison de la diminution des ressources publiques allouées à la recherche et à la vulgarisation, de nombreux systèmes manquent de personnel possédant les qualifications en analyse de systèmes, méthodes participatives et techniques d’analyse qualitative. Le pourcentage de personnel professionnel féminin est faible dans la plupart des cas. Les programmes des institutions de formation agricole doivent être revus et des efforts réalisés afin de recruter et de former plus d’agents féminins pour permettre d’élargir la formation des professionnels des services d’appui agricole - particulièrement aux concepts de systèmes et de pratiques participatives.

Renforcer les qualifications professionnelles en dehors de l’exploitation, spécialement pour les jeunes

Les analyses des systèmes d’exploitation agricole présentées dans les chapitres précédents montrent clairement que les activités agricoles ne permettront pas à tous les ménages agricoles d’échapper à la pauvreté. En fait, une proportion importante de jeunes participera directement à des activités hors exploitation génératrices de revenu ou sortira de l’agriculture; peu d’entre eux ne travailleront toute leur vie que dans le secteur agricole. Les gouvernements doivent renforcer la formation professionnelle pour des emplois de remplacement soit dans un environnement rural soit en migrant vers des zones urbaines. De plus, il est nécessaire de renforcer la scolarisation des jeunes ruraux, particulièrement aux niveaux primaire et secondaire.

SCIENCE ET TECHNOLOGIE

Durant le 30 dernières années, la plus grande partie de l’accroissement de la production alimentaire est venue de l’adoption de technologies augmentant la productivité dans les zones à haut potentiel agricole - particulièrement celles bénéficiant d’une pluviométrie relativement forte et sure ou équipées d’irrigation. Le principal défi des prochaines décennies sera de créer des technologies capables d’augmenter la production agricole et d’améliorer les moyens de subsistance dans les zones à faible potentiel. On doit s’inquiéter, à long terme, de la forte dépendance de l’agriculture intensive à l’égard de technologies peu durables en elles-mêmes. Les systèmes d’exploitation agricole d’élevage en batterie sont confrontés à d’énormes problèmes de rejets de déchets organiques et sont de plus en plus perçus comme pouvant poser des problèmes d’hygiène alimentaire. L’application d’engrais mal conduite entraîne la pollution des eaux de surface et souterraines par les nitrates, alors que l’utilisation mal contrôlée de pesticides fait courir d’énormes risques à la santé et à l’environnement. La réduction de la variabilité génétique des variétés végétales et des races animales est un autre sujet de préoccupation.

Les bases techniques de l’agriculture moderne ne peuvent plus être admises sans discussions et il y est nécessaire de rechercher des stratégies d’intensification plus durables. Cette tâche est urgente en raison du peu d’attention porté jusqu’à maintenant à la recherche de techniques plus durables pour l’agriculture intensive et du temps nécessaire au développement et à la diffusion de nouvelles techniques. Les analyses des systèmes d’exploitation agricole de cet ouvrage proposent un certain nombre de caractéristiques importantes pour les technologies qui conviennent aux agriculteurs pauvres. Elles suggèrent aussi certaines voies de développement technologique permettant de réduire la pauvreté (voir encadré 8.3).

Nous avons identifié cinq principaux axes prioritaires permettant de mieux cibler les avancées scientifiques et technologies capables de réduire la faim et la pauvreté:

Mettre l’accent sur les technologies obtenues à l’aide de recherche et de développement participatifs

Excepté dans les régions où la révolution verte a eu lieu, il n’est pas possible de diffuser de nouvelles technologies agricoles sous forme de paquets technologiques tout faits, à grande échelle. Chaque exploitation est différente pour sa dotation en ressources, spécialement en ce qui concerne les ressources en terre et en travail, sa capacité d’accès aux marchés des intrants et des produits et sa vulnérabilité aux risques. Chaque ménage diffère aussi en termes de besoins et d’objectifs, particulièrement selon que la production est considérée comme principal apport à la sécurité alimentaire ou comme un revenu monétaire. Il est donc nécessaire de recourir à des approches participatives en matière de recherche et de développement de façon à inciter les agriculteurs à diagnostiquer leurs problèmes et à identifier les solutions possibles adaptées à leurs conditions particulières. Ces approches peuvent aussi aider les chercheurs à prendre conscience des domaines prioritaires d’investigation et à mieux comprendre les points de vue et les perceptions des agriculteurs, et accroître ainsi la pertinence de la recherche.

Encadré 8.3 Domaines prometteurs de technologies en faveur des pauvres

Les technologies idéales pour les pauvres se caractérisent par un accroissement durable à long terme de la productivité et une demande forte en main-d’œuvre; elle doivent de plus convenir aux femmes, être adaptées à la saisonnalité, être stables et durables, compatibles avec des systèmes intégrés et diversifiés, nécessiter peu d’intrants externes et être faciles à adopter. Les principaux domaines prometteurs sont:

  • La fixation biologique de l’azote;

  • la gestion intégrée des éléments nutritifs de la plante;

  • l’utilisation efficace de l’eau et sa conservation;

  • la gestion intégrée du sol et de l’eau;

  • l’agriculture de conservation;

  • l’agroforesterie et les cultures permanentes;

  • l’horticulture et les autres cultures mineures;

  • les plantes médicinales et les épices;

  • la production de biomasse;

  • la gestion de la capture du carbone;

  • les variétés sur mesure;

  • les systèmes d’exploitation agricole intégrés intensifs;

  • la gestion intégrée des ravageurs;

  • les cultures source d’énergie;

  • la sélection sexuée des animaux;

  • la résistance génétique aux maladies animales.

Accroître la productivité de la terre et du travail dans les zones à haut potentiel

Le progrès technique n’avance pas d’une façon régulière. Les gains importants de productivité réalisés pour le riz et le blé au cours des années 70 et 80 ont laissé la place à un taux de croissance plus lent au cours de la dernière décennie; on ne sait pas encore comment renverser cette tendance à la stagnation. Néanmoins, un certain nombre de progrès technologiques importants est en vue dont le riz du futur (golden rice) et la fixation biologique de l’azote pour les espèces non légumineuses; ces progrès pourraient avoir un impact très important sur les pratiques agricoles au cours des trois prochaines décennies. Des gains importants pourraient aussi être réalisés en augmentant les rendements moyens pour les rapprocher de ceux obtenus par les meilleurs agriculteurs en utilisant les technologies actuelles (voir encadré 8.4). Il est bon de rappeler qu’il existe des systèmes traditionnels - systèmes anciens à base de riz par exemple - qui sont restés très productifs grâce à l’habileté et aux qualités de gestionnaire des agriculteurs, en dépit d’une culture continue pendant des siècles. Néanmoins, la diminution de la taille moyenne des exploitations et le morcellement des terres sont aujourd’hui les principales contraintes au développement des plus importants systèmes de l’Asie.

Encadré 8.4 Ecarts de rendements et baisse des gains de productivité dans la production rizicole[250]

La révolution verte des années 60 a permis à la production rizicole de répondre à la demande d’une population mondiale en croissance rapide. Le taux moyen de croissance annuelle (TMCA) des rendements était compris entre 1,7 à 2,3 pour cent au cours de la période 1960-1990, cependant le TMCA du riz n’est plus que d’un pour cent et des rapports provenant de pays tels que la Thaïlande, l’Inde les Philippines signalent même une baisse réelle des rendements. On ne connaît pas encore les raisons de ce déclin.

Il sera nécessaire au cours des 30 prochaines années, d’accélérer à nouveau la croissance de la productivité afin d’assurer la sécurité alimentaire et de réduire la pauvreté, spécialement en Asie et en Afrique, soit en rapprochant les rendements moyens des rendements maximums actuels soit en augmentant les rendements maximums eux-mêmes. Il est probable que le rendement théorique maximum du riz n’est pas très différent de celui du blé, c’est-àdire 20 tonnes/ha. Cependant, des écarts de rendement de l’ordre de 60 pour cent entre les rendements moyens et ceux des meilleurs agriculteurs sont observés dans les systèmes de production nationaux, montrant qu’il existe là un potentiel considérable d’augmentation de la production. Une partie de ces écarts de rendement est due à la faiblesse des ressources naturelles et à l’environnement, mais une autre partie est due à la conduite de la culture. Des études récentes ont permis de faire les recommandations suivantes:

  • Appliquer des doses d’engrais équilibrées en éléments nutritifs.

  • Faire prendre conscience à toutes les parties prenantes des dangers potentiels des cultures trop intensives.

  • Introduire des caractères génétiques permettant de stabiliser les rendements des variétés.

  • Accroître la teneur en matière organique des sols.

  • Conduire moins d’essais à long terme mais des essais plus appropriés avec des mensurations et des observations interdisciplinaires plus détaillées.

  • Suivre l’évolution des rendements et de la productivité dans un grand nombre de lieu.

  • Développer des variétés adaptées à des lieux et à des technologies particulières, telles que l’approche de gestion intégrée des cultures dans le cas du Rice check system utilisé pour le riz en Australie.

  • Réduire les pertes après récolte.

  • Améliorer la collaboration entre les services de recherche, de développement, de vulgarisation et les agriculteurs.

On rencontre souvent toute une série de technologies permettant la croissance dans des zones où la main-d’œuvre est abondante et où les possibilités de production gourmandes en main-d’œuvre et de grande valeur existent. Les produits biologiques font partie de ces possibilités (haute valeur, gourmande en main-d’oeuvre). La forte densité démographique des systèmes périurbains qui représentent une fraction de plus en plus importante des nombreux systèmes à forte densité de population, leur ouvre des possibilités intéressantes - spécialement en matière de maraîchage, d’agroindustrie associée à la production laitière, d’engraissement des petits ruminants et de production de volaille. De plus, dans ces zones, la main-d’œuvre abondante peut être utilisée pour améliorer les capacités de production des terres, par exemple grâce à la réalisation de terrasses ou de drainage.

Accroître la productivité du travail dans les zones à faible potentiel

Dans les zones à faible potentiel agricole les contraintes sont plus souvent associées au manque de main-d’ouvre qu’au manque de terre. Lorsque les activités de productions sont dispersées (par exemple transhumance des troupeaux, parcelles de production disséminées, collecte de nourriture), et lorsque la vie de tous les jours des ménages exigent de longs déplacements pour aller chercher des produits de première nécessité comme le bois de chauffe ou l’eau, le travail peut rapidement devenir un facteur limitant important de la production. De telles limitations sont souvent aggravées par les migrations ou les conflits civils, comme cela a été le cas dans le système d’exploitation agricole mixte de haute altitude des Andes centrales ou dans de nombreuses régions de l’Afrique. La recherche en matière de technologies de production à jusqu’ici mis l’accent sur la maximisation des revenus de la terre plutôt que sur le travail, remplaçant essentiellement le travail par le capital dans les systèmes les plus intensifs (par exemple petits tracteurs à deux roues dans les systèmes intensifs à base de riz). Toutefois, il existe des possibilités intéressantes d’améliorer la productivité du travail de nombreux systèmes, comme par exemple le transfert de la préparation manuelle des terres de la saison des pluies à la saison sèche grâce à l’utilisation de cultures de couverture pour contrôler les mauvaises herbes, en investissant dans la traction animale et par de simples améliorations des outils à main tels que les semoirs à main.

Les technologies qui permettent d’économiser la main-d’œuvre comme le non travail du sol et l’utilisation d’animaux de trait pour le transport et la culture sont particulièrement intéressantes lorsque le travail est un facteur limitant et que la terre est disponible. La nécessité entraînera chez les familles rurales la conversion des ressources en main-d’œuvre en biens productifs. Le remplacement des engrais minéraux par des fumures organiques et des pesticides par des systèmes de gestion intégrée des ravageurs peut permettre de diminuer les dépenses sans perte de production.

Promouvoir l’adoption de biotechnologies offrant suffisamment de garanties

Les biotechnologies offre la possibilité de pouvoir sélectionner, aussi bien pour les cultures vivrières que pour les cultures de rente, des variétés nouvelles adaptées à des systèmes d’exploitation agricole et à de problèmes spécifiques; il est toutefois nécessaire de prendre garde que les normes de sécurité sont respectées et que le nouveau matériel végétal est offert à un prix abordable (voir encadré 8.5). Ces variétés sur commande, particulièrement celles résistantes ou tolérantes aux stress abiotiques des zones à faible potentiel, peuvent être bénéfiques pour les agriculteurs pauvres de l’ensemble du monde en développement.

Encadré 8.5 Une stratégie de la biotechnologie pour les agriculteurs pauvres[251]

Les initiatives internationales en matière de biotechnologie au service des agriculteurs pauvres sont éparpillées entre les agences bilatérales, les donateurs, les fondations privées et les organisations multilatérales. Il est particulièrement souhaitable de mettre en commun ces différentes ressources pour s’attaquer aux priorités permettant de répondre aux besoins spécifiques des agriculteurs pauvres. Une stratégie mondiale permettant d’établir un partenariat entre les parties prenantes, répondant aux besoins des agriculteurs pauvres et des consommateurs de produits alimentaires, serait d’un intérêt considérable pour les pays en développement. Les différentes composantes de cette stratégie pourraient être:

i) Le transfert de technologie. Bien que la plupart des recherches en biotechnologie soit actuellement menée par le secteur privé dans les pays développés, un certain nombre de technologies pourrait être utile aux agriculteurs pauvres des pays en développement. Les organisations internationales peuvent aider ces pays à les identifier et à négocier leur accès dans des conditions favorables, facilitant ainsi le partenariat entre pays développés et pays en développement et améliorant du même coup la capacité des pays en développement en matière de biotechnologie. La première étape serait de dresser l’inventaire des technologies actuellement disponibles pouvant être utiles aux pays en développement. Les agriculteurs luttant pour leur subsistance ne concurrençant pas directement l’agriculture industrielle, ces initiatives faciliteraient l’adoption par les pays en développement de technologie pour répondre à une demande venant de la base.

ii) Le développement technologique. La plupart des pays en développement profitent aujourd’hui des découvertes technologiques des pays développés. Il est crucial de déterminer quelles sont les technologies manquantes qui devraient être développées spécifiquement pour les pays en développement pour leur permettre d’améliorer leur sécurité alimentaire. Ceci peut être fait en déterminant les contraintes locales qui ne peuvent être levées par les moyens conventionnels. Il est recommandé que les pays développés accroissent leur aide au développement d’activités associées aux biotechnologies. L’ISNAR a réalisé d’excellentes études et enquêtes sur les capacités institutionnelles nationales et régionales, y compris sur les ordres de priorités et les contraintes à la production, biologiques et d’infrastructure. La FAO dispose d’un inventaire des technologies disponibles, y compris celles en cours de développement. Le regroupement de ces données est important pour la formulation des projets régionaux et nationaux. Il permettrait aussi une meilleure coordination des initiatives internationales et nationales.

Dans la mesure où l’initiative en matière d’applications de la biotechnologie restera au secteur privé, il sera nécessaire de prendre les mesures appropriées au niveau international afin de prendre en compte les besoins des agriculteurs pauvres des pays en développement, qui seraient sans cela laissés de côté. De telles mesures pourraient inclure un financement public international pour la recherche et le développement de biotechnologies axées sur l’amélioration des performances des cultures vivrières tropicales et de l’élevage. Il est aussi nécessaire de mettre en place des mécanismes et des réglementations afin de réduire les risques de contaminations des ressources génétiques indigènes et de se préserver contre toute nouvelle érosion des ressources génétiques végétales et animales. Les mécanismes de régulation, accords régionaux et protocoles d’évaluation des risques, doivent être mis très rapidement en place afin de permettre des transferts des matériaux génétiques sans risques vers les pays en développement et en provenance de ceux-ci.

RESSOURCES NATURELLES ET CLIMAT

La pression croissante sur des ressources limitées en terre et en eau accélère la dégradation de l’environnement; d’autre part, les possibles changements climatiques sont une menace pour la durabilité des systèmes d’exploitation agricole de toute les régions, même celles à faible densité de population. Nous avons identifié quatre axes prioritaires afin de permettre une utilisation plus durable et plus productive des ressources naturelles et de minimiser les effets climatiques défavorables:

Mettre l’accent sur une utilisation durable des ressources naturelles

Il existe maintenant une meilleure prise de conscience, aussi bien de la part du public dans son ensemble que des agriculteurs en général, du besoin de conserver et de gérer d’une manière productive les ressources naturelles. L’opinion publique des pays industrialisés considère la préservation des ressources naturelles pour les futures générations et la réduction les dommages causés à l’environnement à l’échelle planétaire comme hautement prioritaire. Cette prise de conscience est la principale justification du financement public international du développement et de la promotion de méthodes permettant de maintenir ou de renforcer les ressources naturelles mondiales et d’accroître ainsi les bénéfices pour l’environnement (par exemple, augmentation de la capture du carbone grâce à l’augmentation des teneurs en matière organique des sols, réduction de la production de gaz à effet de serre, réduction de la pollution des eaux internationales, etc.).

La diminution de la productivité et du revenu agricole sur les terres dégradées montre la nécessité pour les agriculteurs d’améliorer la gestion des ressources naturelles. L’amélioration de la gestion des sols peut être encouragée par la promotion de pratiques qui sont non seulement bénéfiques pour l’environnement mais qui permettent aussi à l’agriculteur d’en tirer rapidement un bénéfice tangible. Aussi la recherche publique et la vulgarisation devraient-ils porter une attention particulière sur les mesures capables d’accroître les revenus agricoles tout en conservant et en renforçant l’état des ressources naturelles. Les technologies de travail minimum du sol et de gestion intégrée des éléments nutritifs des plantes sont un parfait exemple de ces mesures. Elles permettent de réduire les coûts de production tout en améliorant la rétention in situ de l’humidité et en augmentant la fertilité des sols, conduisant ainsi à une augmentation et une stabilisation des rendements et à une réduction de l’érosion.

Dans de nombreux cas, l’agriculture de conservation, impliquant une réduction du travail du sol, permet d’accroître la productivité du travail et l’efficacité des intrants tout en diminuant le stress hydrique. L’agriculture de conservation a été promue dans une certain nombre de systèmes d’exploitation agricole; ses résultats sont prometteurs en Amérique latine - et plus récemment en Afrique.

Rétablir la fertilité des sols

La perte de fertilité des sols, qui entraîne une stagnation de la productivité, se retrouve dans la plupart des systèmes d’exploitation agricole de toutes les régions. Cette perte est particulièrement forte dans les systèmes d’exploitation agricole irrigués riz-blé, dans certains systèmes d’exploitation agricole pluviaux (systèmes agricole mixte maïs en Afrique) et dans les systèmes d’exploitation agricole des hautes terres (système d’exploitation agricole de haute altitude des Andes centrales). En raison de la baisse des prix agricoles, des ajustements de taux de change et de la réduction des subventions, l’utilisation d’engrais minéraux sur les cultures vivrières est aujourd’hui souvent non rentable, aussi son utilisation de la part des petits agriculteurs a-t-elle fortement baissé dans la plupart des pays en développement. Les agriculteurs n’ont pas encore entièrement compensé cette diminution par une utilisation accrue des éléments nutritifs d’origine organique, par un meilleur équilibre des fumures et par l’adoption de pratiques de conservation des sols capable de réduire l’érosion. Les éléments nutritifs étant principalement concentrés à la surface du sol, la dégradation et la perte de cette surface peuvent réduire fortement les rendements. Le coût des mesures préventives est beaucoup plus faible que le coût (et le temps) nécessaire pour restaurer le niveau de fertilité d’origine des sols, une fois que ceux-ci ont été érodés.

Les initiatives prioritaires nécessaires pour corriger la situation présente sont: i) l’utilisation accrue d’engrais verts, de jachères améliorées et d’autres sources de matières organiques, dont le compost; ii) l’utilisation accrue de la fixation biologique de l’azote; iii) une meilleure intégration de l’agriculture et de l’élevage; iv) une plus large adoption des cultures intercalaires; v) l’expansion des systèmes sylvopastoraux, spécialement sur les fortes pentes; et vi) l’amélioration des mécanismes d’importation et des services de distribution des engrais afin d’en diminuer le prix à l’agriculteur.

La plupart de ces initiatives font peu appel aux intrants externes, et donc à l’offre d’intrants et aux services de financement; certaines d’entre-elles ont l’avantage de permettre aux agriculteurs d’augmenter la productivité de leur terre en convertissant les ressources en travail, qui ont souvent un faible coût d’opportunité en dehors de la saison culturale, en biens de production. Ce type d’investissement peut jouer un rôle extrêmement important pour augmenter la fertilité des sols, améliorer la gestion des terres (par exemple, mettre en terrasses les fortes pentes des collines, drainer les bas-fonds) et intensifier son utilisation (plantation d’arbres, construction de mares pour les poissons, etc.). L’élaboration d’une politique de l’environnement qui donne confiance aux petits agriculteurs dans le futur de l’agriculture, y compris une sécurité raisonnable du régime foncier, constitue un premier pas important pour ce genre d’initiative.

Amélioration de la gestion des ressources en eau

Les conséquences négatives du manque d’eau sont plus fortes dans certaines régions que dans d’autres; toutefois, le manque d’eau affecte sérieusement des systèmes d’exploitation agricole spécifiques de toutes les parties du monde en voie de développement, comme par exemple, les terres arides marginales d’Amérique latine ou les systèmes agropastoraux de l’Afrique subsaharienne. Dans la plupart des cas, la demande croissante en eau pour les usages domestiques et industriels entraînée par l’urbanisation sera responsable d’une compétition accrue pour la disponibilité en eau douce. Dans le cas des systèmes d’exploitation agricole pluviaux, l’amélioration de la capture de l’eau de pluie et de l’utilisation de l’humidité du sol représentent les meilleures stratégies. Dans ce cas, les mesures suivantes sont recommandées: i) promouvoir l’adoption des techniques de travail minimum et de non travail du sol auprès des petits agriculteurs, comme cela a été fait avec succès au Brésil; ii) fournir des variétés à cycle végétatif court pour les cultures et résistantes à la sécheresse pour les espèces fourragères afin de pouvoir maintenir les populations animales pendant les périodes sèches; et iii) étendre les efforts de conservation de l’eau aux petits captages et a l’utilisation du ruissellement, comme cela a été fait avec succès dans des pays tels que l’Inde et le Niger[252].

La mauvaise efficacité de l’utilisation de l’eau est souvent due au peu de considération que l’on attache à sa valeur, l’eau étant considérée comme un bien public gratuit. Dans le cas des systèmes d’exploitation agricole irrigués, il est nécessaire d’agir dans deux domaines clés: la politique de tarification de l’eau et de l’énergie rurale et la gestion locale de l’infrastructure des systèmes d’irrigation; ces deux domaines sont particulièrement important pour accroître l’efficacité de l’utilisation de l’eau.

Accroître la capacité de réponse aux changements climatiques

Les changements dans la fréquence des phénomènes climatiques extrêmes (températures, précipitations ou autres phénomènes atmosphériques) et les évolutions des conditions agroécologiques, y compris celles déclenchées par l’élévation du niveau des mers, vont probablement modifier radicalement les pratiques agricoles dans certaines zones vulnérables telles que les zones côtières, les zones semi-arides et les terres en pente. Les sécheresses, les inondations et les ouragans ou les typhons seront probablement beaucoup plus fréquents à l’avenir.

Il est urgent de mieux comprendre la nature et l’impact probable des changements climatiques, afin de pouvoir ajuster les politiques agricoles et les projets pour en atténuer les effets négatifs. La protection des bassins versants et les mesures anti-désertification vont devenir de plus en plus urgentes. Il est aussi nécessaire d’améliorer les capacités, nationales et internationales, de réponse aux catastrophes climatiques, telles que les inondations et les sécheresses, afin de minimiser leur impact à long terme sur la gestion des ressources et les moyens de subsistance des ruraux.


[249] Tanner, 2001.
[250] Extrait de l’étude de cas n° 1, annexe 1.
[251] Extrait de l’étude de cas n° 2, annexe 1.
[252] Voir l’étude de cas n° 4, annexe 1.

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