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2. LES PÊCHERIES ET LEURS CAPTURES (Continued)

2.1.3 La pêcherie aux filets dérivants à grandes mailles

La troisième plus importante pêcherie aux filets dérivants du Pacifique Nord est la pêcherie à grandes mailles de thons et de marlins qui récemment encore du moins, était essentiellement japonaise. Les origines de cette pêcherie remontent à la pêche cêtière au filet dérivant ciblant le thon rouge qui a débuté au large des côtes Pacifique du Japon dans les années 1840 (FAJ 1982b). Des bateaux motorisés ont été introduits en 1914, et la flotte a capturé plus de 250 bateaux dans les années 30, puis a disparu en 1940 avec l'épuisement du stock de thon rouge (Anon, 1988a). Après la seconde guerre mondiale, la pêcherie a été réactivé et a continué d'opérer en grande partie dans les eaux côtières japonaises jusqu'aux années 70. On ne dispose d'aucune statistique séparée concernant cette flottille, mais on estime que, de 1952 à 1972, les débarquements de la pêcherie aux filets dérivants à grandes mailles se sont élevés à quelques centaines de tonnes par an (Anon 1988a).

Pendant les années 70, la pêcherie s'est développée à partir des eaux côtières Pacifique du Japon jusqu'à d'autres eaux côtières japonaises et à des zones du large comprenant le sud de la mer de Chine et la mer Jaune. L'éventail des espèces visées s'est également étendu aux marlins, listaos et autres thons. Vers la fin des années 70 et le début des années 80, la pêcherie s'est développée davantage vers l'est du Pacifique pour englober les stocks de germon. La zone de pêche dans le Pacifique Nord est indiquée à la Figure 13. A partir des années 80, la pêcherie s'est également étendue au Pacifique Sud (voir ci-dessous).

La pêche est saisonnière et se pratique en grande partie entre janvier et mai (Suzuki 1990). Cependant, des marlins et des thons sont pris de juin à octobre au large du district japonais de Sanriku, mais aussi d'août à décembre en mer de Chine et en mer Jaune (FAJ 1982b). La plupart des bateaux japonais sont également utilisés pour d'autres pêches. Au début des années 80, près de la moitié de ces navires ne faisaient qu'environ une campagne de pêche aux filets dérivants à larges mailles par an, campagne qui pouvait durer jusqu'à 100 jours (FAJ 1982b). A cette époque la flottille était composée en majorité de navires jaugeant entre 60 et 100 TJB. Suzuki (1990) indique que, plus récemment, des vaisseaux jaugeaient entre 100 et 500 TJB. Pendant les années 80, des navires taïwanais ont également participé à cette pêcherie, mais leur nombre n'est pas connu. En 1989, il y aurait eu 123 bateaux taïwanais pêchant principalement pendant les mois de juin à septembre. Il existe également une petite flottille américaine qui pêche aux filets dérivants à larges mailles à l'est du Pacifique Nord.

Au cours des années 70, au moment où la pêcherie a connu son premier grand développement, des différends sony apparus entre les pêcheurs japonais de calmar à la turlutte et les fileyeurs en général. Quelques conflits potentiels entre les fileyeurs et d'autres thoniers japonais ou étrangers ont également été perçus. Une réglementation de la pêcherie a de ce fait été promulguée en 1973.

La pêcherie japonaise hauturière aux filets dérivants est maintenant réglementée par des fermetures saisonnières et spatiales, par des réglementations portant sur les engins, et par d'autres moyens de contrôle des opérations. Dans le but de minimiser les conflits réels ou potentiels avec d'autres pêcheries, la pêche hauturière est interdite dans les eaux côtières japonaises du Pacifique et dans d'autres zones sensibles, et est soumise à des fermetures saisonnières dans d'autres régions (voir Figure 14).

La réglementation sur les engins comprend l'interdiction de maillages inférieurs à 150 mm, et une quantité (longueur) maximale de filets autorisée à bord (30 km) ou posés en mer (12 km). Les doubles épaisseurs de filets (filets emmêlants) sont également interdites. Les filets utilisés, tout comme les fileyeurs, doivent être signalés conformément à la réglementation imposée par l'Institut des pêches (FAJ 1982b).

Figure 13

figure 13. La pêcherie japonaise aux filets dérivants à grandes mailles - zones de pêche

Figure14

Figure 14. Zones fermées à pêcherie japonaise aux filets dérivants à grandes mailles jusqu'en 1990

Le type de filets utilisé le plus couramment est en nylon monofilament avec une maille de 170–180 mm et un fil de 1,2 mm de diamètre (du fil multifilament peut également être utilisé (Shima 1984)). Chaque nappe complètement étirée mesure aux alentours de 75 m mais elle est gréée avec un taux de suspension (El) allant de 0,44 à 0,48 de façon à ce que la longueur du filet déployé soit de 33 à 36 m par nappe. Là encore, comme pour la pêcherie de calmar aux filets dérivants, de tels filets ont tendance à emmêler puisque les filets maillants dérivants sont le plus souvent gréés avec un taux de suspension de 0,5 à 0,7 (Fridman 1986). La longueur totale du filet déployé est limitée à 12 km, mais des bateaux opérant dans le Pacifique Sud utiliseraient des filets de 40 km (Coffey et Grace 1990).

Le nombre de bateaux engagés dans cette pêche n'est pas bien connu. Suzuki (1990) donne des estimations du nombre de bateaux qui ont participé à cette pêche entre 1983 et 1988. Un maximum de 717 navires a été signalé en 1982 (Anon 1982a). La raison de la diminution du nombre d'unités n'est pas claire, mais elle est peut-être liée à une plus grande proportion de grands navires dont il est fait état ci-dessus. Les estimations du nombre de bateaux engagés dans cette pêcherie sont reproduites dans le Tableau 20 (d'aprés Suzuki (1990) et FAJ (1982b)).

Ces chiffres sont des estimations et comprennent des bateaux artisans opérant, selon toute vraisemblance, dans les eaux côtières à l'accès autorisé. Les captures par bateau montrent un tendance globale à l'augmentation, bien que l'année 1987 semble avoir été médiocre.

On ne sait pratiquement rien de la pêcherie taïwanaise aux filets dérivants à grandes mailles. Des rapports de canneurs japonais pêchant dans les zones à germon du Pacifique Nord, publiés dans des revues spécialisées japonaises, indiquent que les bateaux taïwanais pêchent dans cette zone (Anon 1988a). Des enquêtes à Taïwan (Province de Chine) sur la nature et l'ampleur de cette pêche et d'autres pêcheries taïwanaises, n'ont apporté aucune réponse. Chen (1985) signale que la pêcherie taïwanaise de marlins et de voiliers aux filets dérivants à grandes mailles utilise du fil multifilament bleu avec un taux de suspension de base de 0,55 à 0,60 dans la partie haute du filet et de 0,75 à 0,80 dans la partie basse.

Les captures de la pêcherie japonaise aux filets dérivants à grandes mailles sont indiquées à à la Figure 15 (d'après Watanabe 1990). Une proportion croissante de “thons” et de “listaos” a été constatée alors que le germon représente une faible part, plutôt stable, des captures depuis 1981.

La pêcherie américaine aux filets dérivants à grandes mailles a opéré à la fois à l'intérieur et en dehors de la ZEE américaine. Quelque 309 navires de Californie, Washington et Oregon auraient été concernés par cette pêche en 1988 (Douglas 1989). Bien que le nombre de navires opérant au-delà de la limite des 200 milles ne soit pas connu, “quelques-uns” seraient passés, en cours de campagne, de la pêche au requin et à l'espadon à la pêche au germon à l'extérieur de la ZEE américaine (Anon 1988a). Plus récemment, Barlow et al. (1990) ont indiqué que la pêcherie est maintenant en déclin, ne concernant plus qu'environ 150 navires pêchant à l'intérieur de cette ZEE, et que la pêche au large des côtes de l'Oregon et de Washington a été interrompue du fait du niveau élevé des captures d'espèces accessoires.

La pêcherie californienne est décrite par Miller et al. (1983) et Barlow et al. (1990). La pêche a débuté en 1977, s'est rapidement développée, et ciblait initialement le requin. Des espadons étaient également pris et sont devenus des prises accessoires importantes. La pêche au germon à l'extérieur de la ZEE aurait été pratiquée avec des filets de maillage 178–205 mm (Anon 1988a). Depuis novembre 1990, il est interdit aux pêcheurs américans d'utiliser des grands filets maillants aussi bien à l'intérieur de la ZEE américaine que dans les eaux internationales.

Les données de capture émanant de navires taïwanais et américains pêchant à l'extérieur de la ZEE n'ont pu être localisées. Les informations concernant les pêcheries de requins et d'espadons aux filets dérivants à l'intérieur de la ZEE sont examinées plus loin.

TABLEAU 20

Estimation du nombre total de bateaux japonais opérant dans la pêcherie à grandes mailles
AnnéeNombre de bateauxCaptures (tonnes)
19735018 483
19743808 057
197535115 394
197639616 807
197731418 723
197829225 501
197939424 071
198045733 149
198155933 536
198271744 505
198362037 887
198454733 750
198547031 640
198647436 469
198746025 070
198845940 083

Les espèces non visées

On ne sait pratiquement rien sur les prises accessoires de la pêche à grandes mailles. Il y a de toute évidence une grande variété d'espèces visées comprenant des requins, des voiliers et plusieurs variétés de thons. O'Hara et al. (1986) ont rapporté qu'un fileyeur japonais a été surpris en train de pêcher illégalement autour de Hawaï dans la ZEE américaine. Une fois abordé, et son livre de bord examiné, on a constaté qu'il avait pris 69 cétacés. Watanabe (1990a) signale des prises de cétacés au cours d'expériences de pêche aux filets dérivants à grandes mailles dans le Pacifique Nord en 1982/3 et en 1989. En 51 pêches en 1982 et 1983, ont été capturés: 22 dauphins du Nord, 28 dauphins de Thétis, 16 dauphins communs, 4 dauphins de Risso, 2 dauphins tachetés, 1 grand dauphin, 1 lagénorhyque à flancs blancs, 1 orque épaulard nain et 1 baleine à bec non identifiée (Total 76 cétacés). En 1989, 15 pêches ont été pratiquées et 2 cachalots nains et 1 lagénorhynque à flancs blancs du Pacifique ont été pris.

L'Acte de 1987 a chargé le Secrétaire d'Etat commerce de mettre en place, en 1990, un système de surveillance et d'observation à bord de fileyeurs japonais et taïwanais. Ce programme devrait se poursuivre en 1991.

Les recherches japonaises sur le choix des filets maillants à larges mailles donnent à penser que les mailles couramment utilisées de 160 et 170 mm ne peuvent pas prendre des saumons (FAJ 1982b). Des études dans la zone de pêche de calmar aux filets dérivants faites par des navires de recherche japonais avec des grandes mailles indiquent cependant que ces filets seraient plus aptes à capturer des mammifères marins (voir ci-dessus). Les fils utilisés sont certainement beaucoup plus résistants que ceus dont on se sert pour la pêche de saumons et de calmars. A présent, cependant, les espèces non visées (autres que des poisons) ne peuvent faire l'objet que d'hypothèses.

2.1.4 Les autres pêcheries aux filets dérivants dans le Pacifique Nord

Bien que les trois pêcheries décrites dans les paragraphes précédents soient pêcheries “à grande échelle”, et sans doute aussi les seules opérant hors des ZEE, il existe de nombreuses autres pêcheries aux filets dérivants dans la région. Il est intéressant d'en examiner brièvement quelques-unes du point de vue de leur impact sur les espèces non visées.

Les pêcheries américaines aux filets dérivants sont en été largement axées sur le saumon dans les eaux côtières ou d'estuaires. Douglas (1989) et Barlow et al. (1990) décrivent brièvement la pêcherie américaine aux filets dérivants. En Alaska, quelque 550 bateaux ont des licences pour utiliser des filets dérivants à saumons dans Prince William Sound et le delta de la rivière Copper. Ces filets sont installés sur une longueur allant jusqu'à 150 brasses (274 m) avec des maillages de 124 à 178 mm et à une profondeur totale de 27 m. Environ 160 bateaux ont des licences pour utiliser des filets dérivants dans le sud de la région d'Unimak, et 158 autres sont autorisés à poser des filets le long de la pénisule de l'Alaska. Dans ces deux dernières zones, le maillage doit être supérieur à 5,25 pouces (133 mm) et les filets ne doivent pas dépasser 200 brasses (366 m) de longueur. Dans le sud-est de l'Alaska, il a été délivré 468 licences de pêche au filet dérivant (pour des filets ne dépassant pas 300 brasses ou 550 m), et il y a 460 licences de pêche aux filets dérivants dans le détroit de Cook où les filets doivent mesurer moins de 150 brasses (274 m) de longueur et avoir un maillage inférieur à 6 pouces (152 mm). Dans la baie de Bristol, 1 746 fileyeurs sont autorisés à utiliser des filets jusqu'à 274 m de longueur avec un maillage de 4,5 à 6, 75 pouces (114–171 mm). Partout en Alaska, les filets sont amarrés aux bateaux pendant qu'ils pêchent et sont généralement immergés pendant 2 ou 3 heures, peut-être moins.

Figure 15

Figure 15. Débarquements par groupes d'espèces de la pêcherie japonaise aux filets dérivants à grandes mailles

Les mammifères marins dont on sait qu'ils ont été capturés par ces filets comprennent le lion de mer de Steller, le phoque commun, le marsouin commun, l'orque épaulard, la baleine blanche et même les baleines grises et à bosse. Les niveaux de mortalité ne sont en général pas très connus, mais à la fin des années 70, environ 500 phoques communs et 400 lions de mer de Steller étaient pris chaque année dans la sonde du Prince William et les zones de la rivière Copper en Alaska, de même qu'un petit nombre de marsouins communs et de Dall, et de loutres de mer.

Les prises d'oiseaux de mer n'ont pas été étudiées en détail, mais Sealy et Carter (1984) pensent que la mortalité des murrelets marbrés dans la pêcherie aux filets dérivants peut poset un grave problème.

Outre la pêcherie de saumon aux filets dérivants en Alaska, près de 900 bateaux utiliseraient des filets dans les Etats de Washington et de l'Oregon, autour de la rivière Columbia, Grays Harbour et la Baie de Willapa, et près de 4 000 autres navires poseraient des filets maillants dérivants à l'intérieur et autour de la région de Puget Sound (Douglas 1989). Quelques centaines d'autres bateaux utilisent des filets pour capturer des bars, des barracudas et des aloses en Oregon et Californie (Uchida 1985). Les filets à saumon sont strictement contrôlés. Le monofilament est illégal dans les Etats de Washington, Oregon et Alaska. Dans le Puget Sound, les filets dérivants peuvent mesurer jusqu'à 549 m avec un maillage de 114 à 120 mm, et en Oregon, ils measurent 457 m de long et ont un mailage de 127 mm. La prise de marsouins communs en particulier a été enregistrée dans quelques-unesde ces pêcheries, mais les taux de capture ne sont pas connus (Barlow et al. 1990).

Il y a lieu de mentionner de nouveau ici la pêcherie californienne de requins et d'espadons aux filets dérivants parmi les pêcheries côtières aux filets dérivants même si la pêche est pratiqué jusqu'aux limites de la ZEE. La pêche est interdite à moins de 75 milles de la côte pendant la période de migration de la baleine grise. Cette pêcherie a été décrite par Barlow et al. (1990), et Miller et al. (1983). Des filets allant jusqu'à 1 000 brasses (1 829m) sont employés avec un maillage de 18–24 pouces (457–610 mm), et une profondeur moyenne de 40 m. Les filets sont habituellement suspendus à 5–27 m sous la surface. Les captures en 1989 se sont composées de 1 360 tonnes d'espadons, et d'environ 3 000 tonnes de requins. Parmi les mammifères marins pris dans la pêcherie, on citera des baleines grises, des dauphins communs, des petits rorquals, des dauphins du nord, des dauphins pilotes à nageoires courtes et des lagénorhynques à flancs blancs du Pacifique. Au cours de 54 poses de filet observées en 1990, on a enregistré 5 dauphins communs, 2 lagénorhynques à flancs blancs et 1 dauphin pilote à nageoires courtes (Barlow et al. 1990). En supposant une longueur de filet de 1 829 m, ceci équivaudrait à 80 cétacés pris par 1 000 km de filets posés.

Dans le Grand est de l'Union Soviétique, plusieurs types de pêches côtières aux filets dérivants existent ou ont existé. Un filet dérivant à anchois de 45 m de long, de 200 mailles de profondeur, d'un taux de suspension de 0,6 et d'un maillage de 14 mm est décrit par Andreev (1966, cité par Uchida 1985). Des filets dérivants ont été également utilisés pour l'orphie du Pacifique, le hareng, le maquereau et le saumon. Les filets à harengs font 30 m de long sur 6 à 15,2 m de profondeur, les filets à saumons font 30 m de long sur 3,3 m, les filets à maquereaux emploient un maillage de 40 mm et mesurent 30 m de long sur 6,4 m de profondeur, alors que les filets à orphies font 36 m de long sur 5,1 m de profondeur et ont un maillage de 16 mm. Aucune information récente, ni donnée d'effort n'a pu être obtenue sur ces pêcheries, pas plus que sur les taux de capture d'espèces non visées.

Les pêcheries japonaises côrivants sont très diverses et de nombreux navires y sont engagés avec un large éventail de caractéristiques techniques concernant les filets. Uchida (1985) indique que 38 000 bateaux de pêche japonais utilisent le filet maillant, à l'exclusion de tout autre métier. Le Tableau 21 indique les captures par espèces dans les filets maillants de la pêcherie côtière. Les filets maillants dérivants et calés ne sont pas séparés dans les statistiques officielles. On formulera donc l'hypothèse que toutes les espèces pélagiques sont prises dans les filets dérivants. Cependant, il faut noter qu'au Japon, comme dans d'autres régions, des filets dérivants de fond et des filets calés de surface peuvent être utilisés (Yamaha 1986). Les filets dérivants employés pour le maquereau espagnol dans la préfecture de Nagasaki (district de Uki) font environ 1 km de long avec un maillage de 115 mm. Ils sonts construits en nylon monofilament et sont utilisés de septembre à mai (Yamaha 1986). D'autres filets à maquereaux espagnols peuvent avoir de plus petites mailles (Uchida 1985).

Un maillage de 43 mm est employé pour les sardines et 40 unités de filets de 30–48 m de long peuvent être posées en une fois (1,2 km– 1,9 km). Des engins similaires sont déployés pour les maquereaux, mais un plus grand maillage (70–85 mm) peut être utilisé. Aucune information sur les prises accessoires n'est disponible pour ces pêcheries, mais quelques captures incidentes de cétacés sont rapportées par le Japon à la CBI chaque année. Les pêcheries chinoises aux filets dérivants ont le même degréde diversité. Les espèces capturés sont le maquereau espagnol, le hareng (Ilisha), l'anchois et même le crabe nageur. Plusieurs milliers de bateaux sont engagés dans cette pêche. Un résumé de la pêcherie chinoise aux filets dérivants est présenté au Tableau 22. Les pêcheurs chinois sont encouragés à adopter le filet dérivant qui est une méthode de pêche plus sélective que la pêche aux casiers. Aucune information quantitative sur les prises accessoires n'est disponible, mais Zhou et Wang (1990) signalent que des marsouins aptéres en particulier sont capturés par la pêcherie côtière aux filets dérivants.

La République de Corée a une flottille de pêche qui compte plusieurs milliers de fileyeurs travaillant au maillant (13 890 en 1982) parmi lesquels plus de 10 pour cent (1 458 en 1982) ont été classés comme fileyeurs maillants hauturiers, le reste étant des fileyeurs côtiers (Anon 1983). Les proportions de ces bateaux utilisant des filets dérivants ne sont pas connues, et il n'y a apparemment pas d'informations sur les prises accessoires.

TABLEAU 21

Captures en tonnes de poissons pris dans la pêecheries japonaise côtiére aux filets maillants (Yamaha, 1986)
ESPECES PELAGIQUESCAPTURESESPECES DEMERSALESCAPTURES
Listao4 230Flet2 445
Requin3 817Poisson plat37 513
Hareng1 350Morue20 711
Orphie6 303Morue d'Alaska135 649
Sériole5 680Maquereau Atka15 561
Daurade noire1 325Sebastopolus macrochikr1 288
Maquereau espagnol2 264Maigre1 783
Poisson volant3 352Raie3 170
Mulet4 646Brême de mer1 417
Perche océane2 926Homard1 058
  Crevette1 066
  Crabe bleu et autres crabes3 205
  Calmar commun2 228
  Pieuvre et autres3 630
  Coquillage3 307
TOTAL35 893 [13,8%] TOTAL234 031 [86,7%]

[Les poissons pélagiques sont suppoés être pris dans des filets maillants dérivants, les espèces démersales dans des filets maillants calés]

TABLEAU 22

La pêcherie chinoise aux filets dérivants par espèce et par zone (saison indiquée)
ZoneCaptures en tonnesNombre de bateauxNombre de filets
Maquereau espagnol Scomberomorus niphonius (février à juillet)
Est de la mer de Chine:15 537N.D.N.D.
 Zhejiang3 585 N.D.140
 Jiangsu3 955 N.D.160
 Fujiang4 989 N.D.200
Mer jaune28 667N.D.1 209
Sud de la mer de Chine8 000N.D.320
Castagnole noire Formio niger (toute l'année)
 Fujiang300a N.D.N.D.
Hareng chinois llisha elongata (janvier à octobre)
Est de la mer de Chine:10 574N.D.N.D.
 Jiangsu2 364 310N.D.
 Shanghai2 019 N.D.N.D.
 Zhejiang3 522 N.D.N.D.
 Fujiang2 699 N.D.N.D.
Mer Jaune2 500N.D.N.D.
Castagnole Pampus cinereus (juin à octobre)
 Jiangsu1 500 200N.D.
 Fujiang2 000 310N.D.
Castagnole argentée Pampus argenteus (avril à septembre)
Est de la mer de Chine:31 448N.D.N.D.
 Jiangsu12 752 1 025N.D.
 Shanghai2 841 N.D.N.D.
 Zhejiang12 086 N.D.N.D.
  Fujiang3 769 N.D.
Bao Hai1 010N.D.N.D.
Mer Jaune3 121N.D.N.D.
Crabe gazamiPortunus trituberculatus (toute l'année)
 Jiangsu10 263 N.D.N.D.
 Shangai829 N.D.N.D.
 Zhejiang25 800 N.D.N.D.
 Fujiang16 664 N.D.N.D.
Chinchard japonais Decapterus maruadsi (avril à octobre)
 Toutes zonesPlusieurs centainesN.D.N.D.
Anchois à nageoires fïnes Setipinna taty (mai à septembre)
Toutes zones 2 000400N.D.

N.D. = Données non disponibles:
a = approximation:

2.2 Pacifique Central et Sud

2.2.1 La pêcherie aux filets maillants à grandes mailles

La plus connue des pêcheries aux filets dérivants dans le Pacifique Sud est la pêcherie aux filets dérivants à grandes mailles (germon) de la mer de Tasmaie et des eaux est de la Nouvelle-Zélande, entre 30° et 45°S dans la zone de convergence subtropicale.

Cette pêcherie a apparemment débuté à la suite des campagnes japonaises exploratories de pêche au thon élégant entre 1982 et 1987 (SPC 1989). De 10 à 20 bateaux japonais ont pêché entre 1983 et 1988. Cependant, pendant la campagne 1988/89, 64 japonais et probablement jusqu'à 130 bateaux coréens y ont participé. Suite à des protestations des Etats côtiers de la région, les Japonais et les Coréens ont accepté de réduire leurs flottes à 20 et 24 bateaux respectivement. De plus, la pêcherie devrait normalement fermer en 1991. En fait, seulement 19 bateaux japonais ont participé à la campagne 1989/90. Il est utile de noter au passage que Roper et al. (1984) indiquent que cette année là, des bateaux japonais pêchaient l'encornet volant aux filets dérivants dans la mer de Tasmanie. Ce n'était apparemment qu'une pêche expérimentale.

L'augmentation très importante du nombre de bateaux japonais participant à la campagne 1988/89 serait due à un redéploiement vers le Pacifique Sud des bateaux japonais aux filets dérivants pêchant le saumon après leur exclusion de la ZEE américaine. La pêche au germon en surface est pratiquée pendant l'été austral. La campagne dépend des conditions météorologiques mais elle s'étend normalement de novembre à mars alors que la pêcherie de saumon est confinée entre juin et août. Les préoccupations des Etats côtiers de la région ont donné lieu à la Déclaration de Tarawa, adoptée par le Forum du Pacifique Sud en julliet 1989, qui fait obligation d'élaborer une Convention visant à créer une zone exempte de filets maillants dans le Pacifique Sud et qui invite les pays membres du Forum à prendre toutes les mesures possibles pour empêcher et décourager les pêches aux filets dérivants dans la région. En novembre 1989, la signature d'une convention a été proposée afin d'interdire la pêche avec de longs filets dérivants dans la région du Pacifique Sud.

L'un des principaux sujets de préoccupation causés par cette pêcherie est le manque d'informations appropriées sur les captures et l'effort. Des données préliminaires sur les CPUE de la pêcherie japonaise aux filets dérivants ont été présentées au deuxième Atelier de recherche sur le germon du Pacifique Sud (SPAR) en 1989. Ces données ont fait apparître une tendance à l'augmentation des CPUE. On pense que celle-ci est due à une intensification de l'effort de pêche pendant la période d'abondance maximale. Watanabe (1990b) a fourni davantage de détails sur les données CPUE de la flotte japonaise dans trois zones de pêche; ces données sont reproduites au Tableau 23, accompagnées d'informations sur les captures japonaises et quelques chiffers limités sur les captures taïwanaises présentés au deuxième Atelier SPAR. On ne constate pas, là non plus, de baisses des CPUE, mais des modifications dans les pratiques de pêche et les saisons peuvent gêner l'interprétation de ces CPUE. L'absence de données faibles sur les captures taïwansises ou l'effort de pêche constitute également une entrave à toute estimation. Les autres pêcheries de surface ont totalisé environ 9 000 tonnes de germon en 1989, alors que la pêcherie palangrière en a débarqué 29 000 tonnes.

La longueur des filets maillants utilisés dans la pêcherie de germon aux filets dérivants se situerait entre 20 et 55 km, avec un maillage de 160 à 200 mm. Les filets font 10 à 15 m de profondeur. Coffey et Grace (1990) ont indiqué que les filets dérivants utilisés en mer de Tasmanie faisaient en moyenne 40 km de longueur et consisteraient en huit filets indépendants de 5 km de longueur avec des mailles multifilament de 180 mm, et de 10 m de profondeur. Les résultats des missions japonaises de recherche dans le Pacifique Sud montrent que le maillage de 180 mm est celui qui convient le mieux pour capturer des germons de 65 à 79 cm (SPC 1989). Les vaisseaux taïwanais observés par Coffey et Grace (1990) utilisent un maillage de 200 mm avec des filets de 15 m de profondeur posés comme 5 filets de 9 km chacun, totalisant 40 km en moyenne. D'après les observations effectuées, les bateaux japonais posent leurs filets en parallèle séparés par 3 km, et travaillent par groupes de huit.

TABLEAU 23

CPUE annuelles (nombre de germon par pêche) et captures totales de germons pris par les filets dérivants dans le Pacifique Sud de 1983/4 à 1989/90
Saison de pêcheCPUE JAPONAISE DE GERMONCAPTURES TOTALES SIGNALEES
par Zone de pêcheen Tonnes par pays
Mer de TasmanieAu large de la Nouvelle-zélandeZoneJapon EstTaïwan (Province) de Chine)Corée
1983/84255,9277,2136,01 562,9--
1984/85585,2350,8 1 905,2--
1985/86460,9436,8 1 919,3--
1986/87517,3167,8 895,1--
1987/88905,6  4 233,81 000-
1988/89602,1373,3895,013 161,018–39 00072
1989/90645,787,41 128,05 436,7N.D.-

[Note: Les chiffres pour Taïwan sont des premières estimations: les chiffres 1989 sont basés sur un taux de capture de 300 tonnes par bateau en prenant 60 à 130 bateaux de pêche; les captures coréennes ont été réalisées uniquement par un navire de recherche en 1988/89)

Les prises non visées

Les informations sur la composition des captures des fileyeurs dans le Pacifique Sud se limitent à deux rapports. Coffey et Grace (1990) ont identifié plus de 15 espèces dont 2 sont des mammifères. Ils ont quantifié les captures de 126 km de filet. Sharples et al. (1990) ont enregistré un minimum de 46 espèces comprenant 5 espèces de cétacés en deux campagnes sur le bateau japonais de recherche Shinhoyo Maru. Leur liste est reproduite ci-dessous au Tableau 24. Ils ont quantifié les captures des poses de plus de 1 100 km de filets au total.

Les dauphins communs sont les mammifères le plus souvent cités dans chacun des deux rapports. Un taux de captures moyen de 56 par 1 000 km de filet a été observé pour cette espèce par Coffey et Grace en mer de Tasmanie. En supposant que 20 bateaux ont pêché en mer de Tasmanie pendant la campagne 1989/90, et que chacun d'entre eux a posé 40 km de filets par jour pendant 3 mois, Coffey et Grace ont estimé une capture totale de quelque 4 600 dauphins, 6 300 marlins, 3 500 requins, 2 700 poissons lune et 13 800 grandes castagnoles, et 900 000 thons.

TABLEAU 24

Captures de toutes les espèces par le navire de recherche Shinhoyo Maru au cours de deux missions de recherche (D'après Sharples et al. 1990). Mission 1 = mer de Tasmanie; Mission 2 = zone de convergence subtropicale à l'est de la Nouvelle-Zélande
EspècesMission 1 (22 pèches)Mission 2 (15 pêches)
Céphalopodes
Seiche1 
Encornet volant103 
Pieuvre 2
Nautile1 
Calmar (non identifié)8127
Requins et raies
Requin dormeur1 
Requin bleu2270
Requin scie10 
Requin marteau3 
Requin mako6610
Requin taupe3 
Raie pélagique164
Thons et marlins
Germon6 44510 185
Patudo4 
Thon papillon 1
Listao7 768294
Thon élégant94 
Albacore5 
Marlin bleu1 
Espadon3223
Marlins53
Marlin rayé135
Autres poissons
Baracudas19 
Tête carrée baxter37 
Bramidés7 292 
Tête carrée1 
Dealfish4 
Daurade coryphène1 
Escolar382
Poisson volant+++ 
Stromatée5 
Poisson pilote413
Poisson coffre1 
Chimère16 
Ragfish 3
Carangue arc-en-ciel 3
Rémora7 
Saupe11 
Poisson lune18 
Autres animaux
Tortues cuir3 
Pétrel noir2 
Dauphin commun458
Dauphin de Risso 1
Dauphin pilote à nageoires courtes1 
Hypéroodon antarctique1 
Dauphin de Thétis10 

Sharples et al. ont fait des observations à bord de navires japonais en 1989 et 1990 en mer de Tasmanie et dans l'est de la Nouvelle-Zélande. Un total de 37 poses ont été observées, utilisant plus de 1 100 km de filets. Les mammifères marins pris dans ces filets comprenaient 53 dauphins communs, 10 dauphins de Thétis, 1 dauphin de Risso, 1 dauphin pilote et 1 hypéroodon antarctique. Le taux de capture de dauphins communs s'est élevé à 48 animaux par 1 000 km en tout, et celui de dauphins de Thét is à 9 par 1 000 km. Les taux de capture constatés en mer de Tasmanie ont été beaucoup plus élevés que ceux observés dans la ZCTS. Les autres prises accessoires comprenaient 3 tortues cuir. La liste des autres espèces figure au Tableau 24. Les prises de listaos et de castagnoles ont été plus fréquentes que celles de germons en mer de Tasmanie.

Il est à noter que les observations faites en mer de Tasmanie ne peuvent pas être considérées comme représentatives de celles faites dans la ZCTS. Néanmoins, les estimations sur les captures totales effectuées par Coffey et Grace partaient de l'hypothèse que 20 bateaux seulement pêchaient en mer de Tasmanie, alors que pendant la campagne 1988/89, 195 bateaux au moins ont sans doute opéré dans tout le Pacifique Sud, ce qui laisse supposer des captures pendant cette campagne beaucoup plus importantes que celles estimées par Coffey et Grace.

2.2.2 Les autres pêcheries aux filets dérivants dans la région du Pacifique Central et Sud

On ne possède que peu d'informations sur les autres pêcheries aux filets dérivants dans cette région. Une pêche expérimentale aux filets dérivants a été faite dans les eaux de Yap en 1989 dans le cadre d'une entreprise conjointe entre Yap et le Japon (Goldbat 1989). Sept ou huit filets ont été posés, chacun mesurant environ 2 milles (26–30 km en tout) et faisant 7,6 km de profondeur. Un maillage de 3 pouces (76 mm) a été employé. Au total, 24 pêches ont été effectuées. La longueur totale de filets posés a donc été de 624–720 km.

La principale espèce capturée a été le listao (909), mais des requins, des daurades coryphènes et plusieurs autres thonidés ont également été pris. En outre, 97 dauphins, 10 tortues, 21 raies manta et 11 baleines ont été capturés, 3 d'entre elles ont été filetées et congelées.

Les espèces de dauphins et de baleines capturées n'ont pas été enregistrées mais les taux de capture sont à l'évidence très élevés, entre 126 et 146 dauphins par 1 000 km et 15 à 18 baleines par 1 000 km. Parmi les 20 tortues capturées, on comptait 2 tortues cuir adultes (relâchées vivantes mais blessées) et peut-être une tortue Ridley du Pacifique, alors que le reste était des tortues vertes et des tortues carette. Cette pêcherie n'a pas été développée.

Des pêcheries aux filets dérivants sont dispersées tout le long des côtes d'Amérique du Centre et du Sud, et sont exploitées par une grande variété de navires pour la pêche de nombreuses espèces. Les statistiques concernant les prises et l'effort de pêche ne font pas l'objet d'une grande diffusion.

Au Chili, une pêcherie d'espadons aux filets dérivants opère de mai è août ou septembre le long de la côte du Pérou â Valdivia (39° 50'S), de 15 à 150 milles des côtes et parfois jusqu à 200 milles des côtes. Les bateaux font généralement entre 15 et 16 m et jaugent 16 TJB. Environ 500 de ces navires pêchent à partir de San Antonio, Quintero, Valparaiso et Constitucion. Les filets utilisés sont de nylon monofilament avec un maillage de 200 à 220 mm, gréés avec beaucoup de mou pour pouvoir emmêler (E1 = 0,3 à 0, 4). Les filets font généralement 1,5 km de longueur, très rarement plus de 3 km. Ils sont posés 10 m sous la surface. Les débarquements d'espadons sont indiqués à la Figure 16. Il y a eu de toute évidence une augmentation de l'effort au cours de la dernière décennie (J.L. Brito, comm. pers.).

Les prises accessoires se composent de chiens de mer, de requins bleus, et de Mola spp. Des tortues cuir sont également prises assez fréquemment. Brito a pris aux pêcheurs 15 tortues cuir en 1989 et 10 en 1988 (Frazier et Brito 1990). Les autres espèces emmêlées dans les filets étaient des cachalots, des balaenopteridés, des orques épaulard, des lissodelphis australs et des marsouins de Burmeister.

On sait que la pêche aux filets dérivants au Pérou capture une grande variété de petits cétacés dans une pêcherie qui est, au moins en partie, axée sur les petits cétacés (Read et al. 1988, van Waerebeek et Reyes 1990). Les captures comprennent des dauphins communs et lagénorhynques obscurs, des marsouins de Burmeister et des grands dauphins. Les autres espèces cibles se composent d'une grande variété de requins, de dorados, et de raies aigles. Plus de 2 500 bateaux pratiquent la pêche aux filets maillants calés ou dérivants, jusqu' à 100 milles des côtes, utilisant des filets de près de 8 km de longueur (Reyes et Oporto 1990). Van Waerebeek et Reyes ont enregistré une prise de 1 100 cétacés sur un port, Pucasana en 1987. Les captures totales de petits cétacés ont été estimées aux alentours de 10 000 animaux par an, principalement des lagénorhynques obscurs (Read et al. 1988). Duffy et al. (1984) ont également signalé la capture d'un nombre non connu de pingouins de Humboldt (Spheniscus humboldti) et de cormorans à pattes rouges (Phalacrocorax gaimardi) dans “des filets maillants dérivants posés pour la tortue, le marsouin et le grand poisson” au Pérou.

On pense que des pêcheries artisanales en Equateur capturent des petits cétacés dans des filets, dont des filets dérivants (M. Prieto comm. pers.) mais aucune donnée quantitative n'est disponible. Vidal et al. (1990) signalent également des pêcheries aux filets dérivants au Costa Rica (opérant jusqu'à 54 km des côtes) intéressant une grande variété d'espèces pélagigues, et une pêcherie de requins aux filets dérivants sur la côte Pacifique de Panama. Aucune donnée sur les prises accessoires de ces pêcheries n'est disponible.

On manque de documentation sur d'autres pêcheries aux filets dérivants du Pacifique. Cependant, il est intéressant de noter que des missions de recherche japonaises dans le Pacifique Sud ont opéré dans le Pacifique Sud-Est comme dans le Sud-Ouest autour de la Nouvelle-Zélande. Il est signalé par exemple que le JARMAC a trouvé des concentrations de germons à l'est de la Nouvelle-Zélande, dans le centre du Pacifique Sud et au large du Chilli (SPC 1989). On ne sait pas si les bateaux japonais et taïwanais profitent déjà de cette ressource.

Figure 16

Figure 16. Débarquements d'espadons de la pêcherie chilienne d'espadons aux filets dérivants

2.3 Indo-Pacifique et océan Indien

Les filets dérivants sont largement utilisés à travers l'Indo-Pacifique et le nord de l'océan Indien par les pêcheurs côtiers qui recherchent diverses espèces de thons et des scombridés. La principale pêcherie au filet dérivant dans les eaux internationales est celle de Taïwan qui s'exerce au moins dans deux aires de l'océan Indien et qui concerne les thons.

2.3.1 La pêcherie aux filets dérivants à grande maille dans l'océan Indien

Il y a peu d'informations disponibles sur la pêcherie au filet maillant dans l'océan Indien. Selon des statistiques publiées (IPTP 1989), des captures substantielles de thons par des navires taïwanais utilisant les filets dérivants ont démarré en 1985, quand 721 tonnes de germons ont été capturées dans les zones FAO 51 et 57 de l'océan Indien. Les captures de germons se sont rapidement accrues les trois années suivantes, et d'autres espèces aussi sont apparues de manière croissante dans les statistiques (voir Tableau 25).

TABLEAU 25

Captures taïwanaises de thons et de marlins au filet maillant dans l'océan Indien (de IPTP 1989)
 Thon germonThon à nageoires jaunesThon gros yeuxThon rouge australBoniteMarlin rayéEspadonAutre marlin TOTAL
1985721016100000747
198615 176332752632481821115 972
19878 6517401474620110 145
198814 17774042411451023015 826

La pêche au filet dérivant pour les thons dans l'océan Indien a débuté en 1983 par un seul bateau et s'est par la suite rapidement développée. Les débarquements sont effectués principalement à Koahsiung, mais aussi à Bangkok et, dans une moindre mesure, à Port-Louis, Penang et Le Cap (Hsu et Liu 1990). Le Tableau 26 reproduit les données de la pêche des navires taiwanais dans l'océan Indien avec des filets dérivants de 1983 à 1989 (données de Hsu et Liu 1990).

TABLEAU 26

Statistiques de l'activité de la flotte taïwanaise utilisant le filet dérivant en haute mer dans l'océan Indien
Saison de pêcheNombre de bateauxDébarquements (tonnes métriques)Estimations de captures
1983–84124-
1984–85363 941-
1985–867413 777-
1986–8712318 28117 395
1987–8813018 486(11 627)
1988–89(139)(N.D.)19 523

Les chiffres entre parenthèses sont provisoires - les débarquements comprennent certaines captures d'autres régions.

Il est signalé que cette pêche s'exerce essentiellement dans deux régions. Ces deux régions sont indiquées dans la Figure 17 pour 1987 et 1988; elles incluent une grande partie de la mer d'Arabie, tout comme une vaste zone de l'océan Indien, entre les 25°S et 45°S, et du 35°E au 115°E. Cependant ces zones de pêche ne sont pas uniformes. Les données de la saison 1986–1987 sont également illustrées, en termes d'unités d'effort de pêche au germon, dans la Figure 18 (données de Hsu et Liu 1990: les unités d'effort de pêche ne sont pas déclarées).

Il semble toutefois que les zones de pêche peuvent varier d'une année à l'autre et ceci peut se refléter dans les captures, car les proportions de différentes espèces ont varié nettement durant les années pour lesquelles des données sont disponibles.

Les statistiques sur l'effort, autres que celles présentées dans les Figures 17 et 18 ci-dessous, ne sont pas disponibles. Il ne semble y avoir aucun contrôle de la pêcherie, bien que des livres de bord soient complétés par les capitaines et expédiés par le biais de leurs armements au Centre de recherche sur les ressources thonières de l'Institut d'océanographie de l'Université nationale de Taïwan. Ce centre compile les statistiques pour les soumettre à l'IPTP à Colombo.

Le type d'engin employé par les navires taïwanais dans l'océan Indien est similaire à celui employé dans le Pacifique Sud. Des mailles de 200 à 220 mm sont utilisées, mais il est signalé que la profondeur est de 45 à 47 m. Environ 700 à 900 filets sont mouillés en même temps avec une longueur totale de 37 à 47 km, suggérant l'emploi de nappes d'un peu plus de 50 m de long.

Figure 17

Figure 17. Effort de pêche; filet dérivant taïwanais dans l;océan Indien - CPUE 1986/87 (Cartes de Hsu et Liu - unités non communiquées)

Figure 18

Figure 18. Effort de pêche; filet dérivant taïwanais dans l'océan Indien - CPUE germon 1987/88 (Cartes de Hsu et Liu - unités non communiquées)

L'information sur les espèces non recherchées n'est pas disponible. Hsu et Liu (1990) indiquent que les requins constituaient une composante principale des captures durant la saison de 1986 à 1987, 24 pour cent des captures (en nombre d'individus) étaient des requins, mais seulement 0,5 pour cent l'année suivante. On peut supposer que cela est dû à des différences sur ce qui était abandonné entre les deux saisons. Aucune donnée sur des captures de mammifères marins, oiseaux ou tortues de mer n'est disponible.

2.3.2 Autres pêcheries aux filets dérivants dans la région Indo-Pacifique

Une importante pêcherie taïwanaise aux filets dérivants opérait dans la mer d'Arafura, au nord de l'Australie entre 1974 et 1986 et a été étudiée par Harwood et al. (1984), Harwood et Hembrer (1987) et Hembree et Harwood (1987). En 1976, 67 navires taïwanais travaillaient dans la zone de pêche côtière australienne, mais ce nombre fut réduit à 30 en 1979, pour remonter à 38 en 1984, mais fut fixé à 18 après août 1985, avant la cessation de la pêcherie en 1986. Cette pêcherie concernait principalement les requins, les maquereaux et les thons. Les bateaux impliqués étaient de 160 à 380 tonnes, employant des filets en multifilament de maille de 145 à 190 mm (moyenne 170 mm) avec une profondeur de 15 m. La longueur moyenne de filets déployés est passée de 8,2 km en 1979 à 16 km en 1985.

Sur une période de cinq ans (1981–1985), 17 467 mises à l'eau ont été effectuées et 407 de celles-ci ont été observées. Un total de 319 cétacés capturés dans ces opérations a été enregistré. Employant les schémas donnés par Harwood et Hembree (1987) pour les longueurs moyennes de filets déployés par saison de pêche comme le nombre de mises à l'eau et les captures de cétacés observés, des taux approximatifs d'emmêlement ont pu être trouvés. Ces taux sont, de juin à octobre 1981: 833 cétacés pour 1 000 km (25 pour 30 km observés); d'octobre 1981 à octobre 1986: 55 cétacés pour 1 000 km; 1982 à 1983: 33 cétacés pour 1 000 km; 1983–1984: 50 cétacés pour 1 000 km, et 1984–1985: 88 cétacés pour 1 000 km. Harwood et Hembree ont attiré l'attention sur l'estimation des tendances concernant les captures dans cette pêcherie dûes à des changements dans les méthodes de pêche et les aires contrôlées durant la période d'observation. Néanmoins, le taux d'emmêlement, décrit ci-dessus (taux général = 63, 32), quoiqu'élevé est comparable avec certains autres observés auparavant. Les espèces impliquées dans ces captures étaient de grands dauphins (60 pour cent), des dauphins à long bec (35 pour cent), des dauphins tachetés (4 pour cent); une seule fausse orque et un seul dauphin à bosse de l'IndoPacifique ont également été observés. Les captures totales de toutes ces espêces sur une période de quatre ans et demi étaient estimées à 14 000 cétachés (3 100 par année), et ces captures ont joué un rôle important dans la fermeture de la pêcherie.

Après l'interdiction de pêche dans les. eaux australiennes la flotte semble s'être déplacée dans les eaux indonésiennes. En 1987, un total de 17 427 jours de pêche ont été reportés par les navires de pêche taïwanais aux filets dérivants à l'intérieur et autour de la mer d'Arafura (Anon 1988c). Le nombre de navires impliqués n'a pas été établi, mais a dû dépaser les 48, même si “des rotations annuelles de pêche ont pu être possibles”. La capture totale s'est élevée à 20 000 tonnes en 1987, et a consisté en petits et grands requins (respectivement 25 et 15 pour cent en tonnage), du maquereau espagnol (20 pour cent), du thon mignon (19 pour cent) et d'autres poissons. La répartition de l'effort est indiquée dans la Figure 19. Aucune information sur les prises accessoires n'a été enregistrée, mais les conditions océanographiques étaient similaires à celles des eaux australiennes du nord; aussi peut-on s'attendre à des taux de captures similaires.

Les filets dérivants sont largement employés par la plupart des pays de la région Indo-Pacifique, et l'Asie du Sud, et ces pêcheries sont rappelées brièvement ci-dessous.

Les statistiques du Southeast Asian Fisheries Development Centre (SEAFDEC) - Centre de développement des pêcheries d'Asie du Sud-Estindiquent que 18 pour cent des captures des Philippines en 1986 (243 000 tonnes) ont été effectués par le biais de filets maillants, tous n'étant pas des engins dérivants. En 1987, 19 706 tonnes de thons ont été capturés par filet maillant aux Philippines, soit environ 7 pour cent du total des débarquements de cette année (IPTP 1989), et on peut supposer qu'ils ont été pris dans des filets dérivants. La principale zone pour la pêche au filet dérivant semble être dans les eaux archipélagiques et à un moindre degré sur la côte Pacifique, mais les filets dérivants ne semblent pas être un engin particulièrement important aux Philippines (IPTP 1988). Les statistiques d'effort ne sont pas disponibles pour les pêcheries des Philipinnes.

Dolar (1990) cite une pêcherie aux filets dérivants aux clupéidés et aux orphies à Pamilacan, aux Philippines, à laquelle participent 30 navires utilisant environ 1 km de nappe chacun; il donne une estimation d'environ 20 dauphins emmêlés chaque année dans cette seule pêcherie. On suppose que les espèces incluaient des dauphins de Fraser, des dauphins à long bec et des dauphins tachetés.

Les pêcheries indonésiennes au filet dérivant ne sont pas très connues, excepté pour une ou deux très spécifiques. Les filets dérivants sont largement utilisés sur la côte est de Sumatra, où plus de 12 000 bateaux de pêche utilisent une variété d'engins, mais principalement des filets dérivants pour capturer des thons (IPTP 1988). Plus de 22 000 petits bateaux emploient des filets maillants, parmi d'autres engins, dans les eaux côtières au nord de Java, et plus de 1 200 dans les eaux côtières du sud de Java. A Kalimantan plus de 4 800 bateaux utilisent des filets maillants parmi d'autres engins, dans les eaux côtières pour les thons. A Sulawesi les thons sont capturés principalement à la traîne et les filets maillants ne figurent pas dans les statistiques (IPTP). De même, l'Irian Jaya et les Molluques ont quelques filets maillants enregistrés. Cependant des îles de Nusu Tengarra de Bali à Timor utilisent des filets maillants et la traîne, et plus de 7 700 bateaux sont enregistrés comme utilisant des filets maillants. Au total, près de 48 000 bateaux utilisent des filets maillants en Indonésie. Les statistiques du SEAFDEC indiquent que plus de 148 000 bateaux utilisent des filets maillants en Indonésie; on suppose que certains de ces engins peuvent aussi être des filets dérivants pour des espèces autres que le thon. La répartition des tailles des bateaux n'est pas disponible. Il y a peu d'informations sur les spécifications des engins utilisés.

Figure 19

Figure 19. Répartition de l'effort total estimé (en 1 000 pcs. heure) effectué par les bateaux taïwanais utilisant le filet maillant (100–500 tonnes) dans la mer d'Arafura (Anonyme, 1988c)

Stequert et Marsac (1989) décrivent la pêcherie au filet maillant dérivant à Pelabuhan Ratu au sud de Java, où 169 bateaux opéraient en 1983, principalement dans la catégorie des 10–12 m (2, 4–4 TJB). Les filets dérivants ont généralement une longueur de 60–65 m, une profondeur de 18–20 m et des mailles de 80–110 mm. Jusqu'à 20 filets peuvent être mouillés ensemble, ce qui équivaut à une longueur pouvant aller jusqu'à 1, 3 km. Habituellement les bateaux sortent quotidiennement mais peuvent parfois rester en mer deux ou trois jours d'affilée et les filets sont mouillés durant la nuit. Selon Gafa (1987), le nombre de jours de pêche est en moyenne de 5 491 par an entre 1981 et 1985. Une autre pêcherie importante aux filets dérivants se situe au large de Prigi, où environ 50 bateaux travaillaient au début des années 80 (Gafa 1987); les bateaux et les engins sont similaires à ceux de Pelabuhan Ratu, mais Gafa affirme que des mailles de 127 à 165 mm sont utilisés dans cette dernière pêcherie tandis que des mailles de 89 à 114 mm sont employées à Prigi. Il semble probable que la plupart des bateaux pêchant le thon au filet maillant sont identiques à ces bateaux ou plus petits. Il n'y a pas d'informations sur les captures accessoires.

Les pêcheries côtières aux filets dérivants sont répandues en Malaisie. Au total 11 419 bateaux sont signalés comme utilisant les filets maillant/dérivants dans la Péninsule malaise, et 6 818 autres dans l'est de la Malaisie. La plupart de ceux de l'est malaisien pêchent le thon (6 053 thoniers utilisent les filets maillants à Sabah et Sarawak-IPTP 1988), mais seulement environ 2 900 bateaux dans la Péninsule malaise recherchent le thon avec les filets dérivants; la plupart de ces unités jaugent 10 tonnes TJB et recherchent des petits thons. Les espèces recherchées en plus incluent les chinchards, des sardines et une variété d'autres espèces incluant les crabes nageurs et les crevettes.

Le nombre de bateaux de pêche utilisant des filets dérivants pour une variété d'espèces dans la Péninsule malaise est répertorié sur le Tableau 27 pour 1970 à 1987. La pêche est généralement confinée dans les 12 milles du rivage et particulièrement dans les 5 milles. Les filets sont constitués de nappes de 30 brasses (= 55 m). De petits bateaux peuvent n'employer que 4–5 nappes, tandis que certains des plus larges peuvent mouiller jusqu'à 60 nappes, (> 3 km). Les tailles de maille se classent par tailles de l à 3 pouces (25 mm à 76 mm), et parfois, jusqu'à une date récente, atteignaient les 250 mm (P. Chee comm. pers.). Des filets à grandes mailles ont été récemment interdits du fait de leur impact sur les tortues (R. Noordin comm. pers.).

A Brunei, quelque 1 182 bateaux utiliseraient des filets maillants, mais aucune information sur leur usage n'a pu être trouvée. De même à Hong Kong, sont cités 716 bateaux employant des filets maillants en 1988 qui débarquent environ 20 000 tonnes de pêche par année (Anon 1988b), mais aucun détail plus précis n'a été cité. Aucune donnée n'a pu être recueillie sur les pêcheries aux filets dérivants des bateaux vietnamiens et cambodgiens. L'information sur les pêcheries chinoises de filets dérivants a été rappelée à la section 2.1. Singapour a 74 bateaux enregistrés comme utilisant le filet maillant.

TABLEAU 27
Nombre de vaisseaux aux filets dérivants opérant dans les eaux de la Péninsule malaise
AnnéeCôte ouestCôte est
19704 1292 016
19713 7441 290
19723 6981 186
19733 530747
19744 091754
19754 359722
19765 092660
19775 951713
19786 968900
19797 8781 073
19808 5431 487
19818 5251 588
19828 6891 412
19839 0961 241
19849 6941 138
198510 417879
19868 430951
19878 4021 523

Le nombre de bateaux taïwanais travaillant au filet maillant dans les eaux de l'Asie du Sud-Est n'est pas connu, mais les captures par espèce et par type d'engin sont fournies dans les statistiques du SEAFDEC. Les bateaux taïwanais employant les filets dérivants ont débarqué 87 244 tonnes de poisson en 1987, dont 19 636 de requins, et 17 000 tonnes de thons, marlins et thazards. S'y sont ajoutées 9 129 tonnes de sardine. Beaucoup de ces captures sont supposées avoir été faites par filets dérivants.

TABLEAU 28

Captures au filet maillant et nombre de bateaux utilisant cette technique dans les zones surveillées par le SEAFDEC en 1987 Données du SEAFDEC (1988)
PAYSCaptures (tonnes)Nombre de bateaux utilisant le filet maillant
Brunei6161 182
Taïwan (Province de Chine)115 393n.d.
Hong Kong20 289908
Indonésie490 070148 861
Kampuchéan.d.n.d.
Malaisie61 43018 037
Péninsule ouest Malaisie33 21511 419
Péninsule est Malaisie11 204
Sabah6 8372 400
Sarawak10 1744 218
Philippines227 1033
Singapourn.d.n.d.
Thailande163 3515 715
Golfe de Thailande152 6324 897
Océan Indien10 719818
Vietnamn.d.n.d.
TOTAL1 078 252174 706

La flotte de pêche thaïlandaise travaillant au filet dérivant dans le golfe de Thaïlande comprend 327 bateaux utilisant le filet dérivant pour la capture du maquereau espagnol, 219 autres employant les filets maillants encerclants pour la capture des maquereaux et 17 faisant usage de filets maillants à stromatés. En outre, 1 693 utilisent “d'autres filets maillants” et 2 641 des filets maillants aàcrevettes. Dans l'océan Indien la répartition équivalente du nombre de bateaux est: 38 pour le filet dérivant à thazard, 4 pour le filet maillant encerclant à maquereau, 123 pour les autres filets maillants et 653 pour les filets maillants à crevette (SEAFDEC 1989). IPTP (1988) indique aussi que 256 bateaux thaïlandais peuvent aussi pêcher aux filets dérivants dans le golfe de Thailande. La plupart de ces bateaux jaugent environ 20 TJB, et la principale espèce visée est le thon mignon. Environ 30 bateaux sont répertoriés comme pêchant le thon sur la côte occidentale, capturant un peu partout de 20 à 900 tonnes de thons par an dans cette zone. Ces bateaux sont apparemment inclus dans la flotte de pêche du maquereau espagnol aux filets dérivants (Boonragsa 1987). Les filets utilisés ont de 3 à 5 km de longueur et 30 à 50 m de profondeur, au moins sur la côte occidentale et probablement aussi dans le golfe de Thaïlande (Boonragsa 1987).

Le Tableau 28 résume les captures au filet maillant dans la zone du SEAFDEC, par pays et nombre de bateaux répertoriés employant cette technique (SEAFDEC 1989). En dehors de cette zone du SEAFDEC (Asie du Sud-Est), d'importantes pêcheries existent dans le Bangladesh, au Sri Lanka, en Inde, au Pakistan, en Iran et dans une moindre mesure, à Oman et dans certains autres Etats du Golfe. Ils sont brièvement passés en revue ci-dessous.

Le Bangladesh ne capture presque pas de thons (16 tonnes en 1988), mais dispose d'importantes pêcheries d'hilsa, des stromatés et une grande variété d'autres espèces. Les filets dérivants participent à la capture d'environ 30 pour cent des espèces marines du Bangladesh. Il y a deux principales pêcheries aux filets dérivants, une pêche à petite maille (70–100 mm) principalement axée sur l'hilsa et une pêche à grande maille (180–200 mm), axée sur les tétardes, les poissons chats, les stromatés, les lujanida, les thazards et les requins (Pajor 1980a). Les filets à petite maille sont les plus communs et largement employés dans les eaux des estuaires à l'époque de la mousson du sud-ouest (juillet-septembre) et durant la mousson du nord-est (octobre à avril). Les bateaux utilisant les filets à grande maille travaillent beaucoup durant l'hiver, (d'octobre à mars) du fait d'un temps plus calme et pêchent jusqu'à 50 km du rivage. Le nombre de bateaux engagés dans ce type de pêche n'est pas connu, mais les statistiques du Gouvernement du Bangladesh indiquent qu'il pourrait y avoir 3 300 bateaux de plus utilisant des filets maillants et/ou des sennes. Bergstrom (1982) a recensé les bateaux utilisant les filets dérivants à trois points de débarquement principaux, Patherghata, Bridgeghata et Cox's Bazaar, et a estimé qu'environ 125 bateaux à grandes mailles opéraient de Patherghata, et environ 340–310 bateaux à petite maille, des trois autres ports.

Dans les deux pêcheries, des équipages de 8–9 personnes sont employés, et des marées de 7–12 jours avec deux mises à l'eau quotidiennes sont effectuées. Les filets sont principalement en monofilaments de nylon et les longueurs moyennes dans les trois ports sont comprises entre 1,3 et 2, 2 km. Certains bateaux transportent jusqu'à 3, 8 km de nappes. Des essais de nappes jumelles plus légères ont été effectués dans le cadre du Programme FAO de la Baie du Bengale pour améliorer la rentabilité de ces pêcheries (Pajot et Das 1984). Aucune mention de captures de mammifères marins ou d'autres espèces non recherchées n'était faite dans le rapport.

Les pêcheries au filet maillant de l'Inde sont décrites comme l'une des principales composantes aussi bien des secteurs artisanaux que des petits secteurs mécanisés de l'industrie de la pêche en Inde. Les captures incluent les thons, les thazards, les requins, les maquereaux, les sardines, les stromatés et une variété d'autres espèces pélagiques. Une majorité des 150 000 bateaux artisanaux, et peut-être aussi 6 000 à 8 000 petits bateaux mécanisés, utilisent des filets dérivants. Les filets ont habituellement une longueur de 50–70 m et rarement de plus de 1,5 km et sont utilisés sur les deux côtes généralement sur des fonds en deca de l'isobathe 50 m, avec des mailles de taille variable (IPTP 1990). La majorité des 3 250 bateaux répertoriés utilisent les filets maillants pour le thon par le IPTP (1988) pêchent dans les provinces occidentales de Gujera (1 225) et Maharashtra (1 139). Des mammifères marins sont pris accidentellement, mais ces prises n'ont pas encore été quantifiées. Les espèces de mammifères marins pris lors de pêche aux filets maillants fixes ou dérivants ont été identifiées par Mohan (1990). Il s'agit des dauphins à long bec, des grands dauphins, des dauphins communs, des dauphins à bosse et des marsouins aptères. Mohan suggère que le nombre de petits cétacés débarqués au marché de Calicut est passé d'un niveau record de 53 en 1980 à moins de 5 récemment. Les plus grandes captures ont été répertoriées le long de la côte sud-ouest.

La pêcherie aux filets dérivants du Sri Lanka est peut-être la plus connue de ce type du secteur artisanal dans l'océan Indien. Pajot (1980b) estime qu'environ 2 000 bateaux mécanisés utilisent régulièrement des filets dérivants à grande maille au Sri Lanka, auxquels s'ajoutent 1 500 autres qui en emploient occasionnellement. Des filets de 3 à 4,5 km sont communément employés avec des mailles de 90 à 180 mm, même si la plupart ont habituellement des mailles de 140–152 mm. La saison de pêche au thon dans le sud et l'ouest se situe surtout de juin à septembre (IPTP 1988), mais peut continuer à un moindre niveau tout au long de l'année.

Selon Leatherwood et Reeves (1989), dans le sud et l'ouest, la plupart des usagers de filets dérivants emploient 25 à 35 pièces de filet avec des mailles de 3,75 à 7 pouces (95 mm–178 mm), et les mouillent généralement à la tombée de la nuit. Les filets seraient équipés pour pêcher à 12–18 pieds (3,7–5,5 m) sous la surface; environ 1 800 bateaux pourraient être employés sur cette côte. Dans le nord et l'est, les saisons de pêche sont principalement janvier à mai, et septembre à décembre. La longueur totale de filet préférée serait de 750–900 m environ, et jusqu'à 570 bateaux de 3,5 tonnes de jauge et un nombre non évalué d'embarcations de 17,5 pieds peuvent être impliqués. Pajot (1980b) établit que des bateaux de 3,5 tonnes pêchent jusqu'à 40 km au large.

Il y avait également (en 1986) une flotte d'environ 80 bateaux de plus grandes dimensions (11 m) qui pêchaient dans les eaux côtières extérieures avec des filets dérivants. Ils étaient censés pécher de 60 à 160 km du rivage. Les captures incluent de petits cétacés qui sont consommés localement.

Les taux de capture de cétacés (et de thon) varient en fonction de la saison et du lieu. Les estimations signalées de captures de cétacés se situent entre 0,044 à 0,167 petits cétacés par bateau et par jour (moyenne 0,063). En fonction des longueurs totales moyennes répertoriées (750 à 900 m ou 3 à 4,5 km), le principal taux de capture par bateau et par jour peut être compris dans une fourchette de 14 et 84 petits cétacés par 1 000 km de nappe mouillée.

Les captures totales au Sri Lanka ont été estimée différemment - aux environs de 25 000 à 45 000 cétacés par an par Leatherwood et Reeves (1989) après examen de différents résultats d'étude, et aux environs de 13 000 par an (IPTP 1990) - mais la base de ces estimations n'est pas très claire. La composition des espèces est indiquée dans le Tableau 29 (d'après Dayaratne et de Silva 1990).

Au Pakistan (IPTP 1990), des filets dérivants de plus de 10 km en longueur, et les bateaux d'environ 50 tonneaux, seraient employés pour la capture de la bonite, du thon à nageoire jaune et du marlin. Les bateaux effectuent des voyages qui peuvent durer jusqu'à deux mois, vers les côtes d'Oman et de Somalie. Certaines opérations de pêche ont probablement lieu dans les eaux internationales, ce qui permet de qualifier cette pêcherie de “hauturière”, mais les données qui manquent sont nombreuses. Le Pakistan aurait débarqué 32 000 tonnes de thons en 1988, provenant d'une pêche entièrement effectuée par filets maillants (IPTP 1989). On n'a pas trouvé de renseignements sur l'effort de pêche et les captures non visées. Environ 290 embarcations pratiqueraient la pêche aux thons en utilisant des filets maillants (IPTP 1988).

On ne dispose pas de bonnes données sur les pêcheries iraniennes, en anglais tout du moins, mais il est clair que les filets dérivants constituent une méthode de pêche importante. Les thons représenteraient quelque 15 ou 16 pour cent des captures annuelles totales (Nikouyan, 1988). Les saisons de pêche s'étendent d'avril à septembre dans la mer d'Oman, et de novembre à février dans le golfe Persique. La plupart des thons sont capturés par les pêcheurs artisans utilisant les filets dérivants. Il y a quelque 2 596 bateaux polyvalents travaillant dans cette pêcherie, de 5 à 100 TJB (Nikouyan 1990). Les filets maillants ont une longueur de 500 m à 8 km, une hauteur de 120 m, et des mailles de 140 à 160 mm pour les thons et de 110 à 130 mm pour les thazards. Les captures iraniennes de thons en 1988 se montent à 21 087 tonnes métriques, la plupart étant constituées de thons mignons, de thonines orientales et de thazards, tous capturés aux filets maillants (IPTP 1989).

Dans tout le golfe Persique, les filets dérivants sont largement utilisés dans les pêcheries côtières aux thons. La CPOI (1989) passe en revue les importantes ressources pélagiques de la mer d'Arabie et du Golfe. Les débarquements sont cités ci-dessous dans le Tableau 30 par espèce. Les filets maillants seraient le principal engin utilisé, mais certaines espèces peuvent aussi être prises dans les lignes à main et traînantes. A Oman, au moins 200 “dhows” sont des filets dérivants, particulièrement dans la région de Sur, pour la capture de thon. Les filets consistent en nappes de 12 100 m, et d'environ 6 m de chute avec des mailles de 8 pouces (200 mm). La pêcherie est effectuée pendant environ 9 mois de l'année et une pêcherie de thazards (Scomberomorus) s'ajoute à la précédente. Les bateaux pêchent à 10 milles environ du rivage (D. Evans comm. pers.).

Les pêcheries du sud-ouest de l'océan Indien (y compris la Somalie) sont passées en revue par Saunders, Sparre et Venema (eds., 1988). La pêche au filet dérivant devient de moins en moins commune sur la côte est de l'Afrique et dans les îles du sud-ouest de l'océan Indien, par rapport aux pays du sud de l'Asie.

TABLEAU 29

Composition des petits cétacés pris dans la pêcherie aux filets dérivants du Sri Lanka (Tableau d'après Dayaratne et de Silva 1990)
 Pourcentage de petits cétacés débarqués par zone et par an
ESPECEZone:
Année:
Côte EstCôte Ouest
1984198519861985
Dauphin à long bec47434633
Dauphin tacheté1612274
Dauphin de Risso161696
Dauphin bleu et blanc (ou de Thétis)711611
Grand dauphin56625
Fausse orque60,610
Cachalot nain2503
Cachalot pygmée20,606
Sténo rostré0,620
Dauphin de Fraser0,3000
Dauphin non identifié0,30,6010
Mésoplodon non identifié20,300
Orque pygmée0340,7
Dimension de l'échantillon:310323177140

Dans les Comores, il y a environ 35 “vedettes”, des bateaux de 9 m, et quelque 3 000 pirogues (4–7 m) qui, presque tous, utilisent des lingnes à main; environ 15 filets maillants de fabrication locale seraient utilisés (mailles de 140 mm, 100 m de long et 1,5 m de profondeur) ainsi que 100 filets fournis par l'aide japonaise (Williams James 1988). La facon dont ces filets sont employés n'est pas établi et aucune information sur les captures annexes n'est disponible. Les filets dérivants semblent très peu utilisés, voire pas du tout, dans les autres Etats insulaires de l'océan Indien.

Le secteur de la pêche artisanale en Somalie serait consitué de quelque 1 234 bateaux, et les “mesh nets” figurent parmi les engins employés. La proportion employant des filets dérivants n'est pas connue, mais les captures totales étaient seulement de 4 477 tonnes en 1985 (van Zalinge 1988).

TABLEAU 30

Débarquement de thons, thazards et marlins par pays dans la mer Rouge et la région du Golfe en 1987
 ThonThazardMarlinTotal
Bahreïn-290-290
Djibouti3070-100
Egypte300--300
Iran13 1101 769814 887
Koweït-94-94
Oman26 43425 33675152 521
Qatar398-101
Arabie saoudite2648 864-9 128
Emirats arabes unis8 1126 639-14 751
Yémen AR (nord)7212 782-3 503
Yémen RDP (sud)1 900890102 800
Total50 97446 83276998 575

Au Kenya, il y a un peu moins de 2 000 bateaux artisanaux, parmi lesquels 400 sont enregistrés comme employant le filet maillant. Les captures totales par cette technique s'élevaient à 2 688 tonnes en 1984. Une grande partie de ces captures était évidemment constituée de poisson démersal, et provenant donc probablement de filets fixes, mais un minimum de 16 pour cent se composait de thons et de voiliers, sans doute capturés par des filets dérivants. Le secteur industriel au Kenya ne comprend pas de pêcheurs aux filets maillants (De Sousa, 1988).

En Tanzanie, il y avait en 1986 3 690 bateaux artisanaux enregistrés, dont 277 étaient motorisés. L'engin le plus populaire est la ligne à main, mais 8 842 filets maillants et 3 590 de ces engins destinés à la capture des requins étaient enregistrés en 1986, bien que le nombre utilisé comme filet dérivant ne soit pas établi. Environ 25 pour cent seulement des captures de Tanzanie sont des poissons pélagiques, et parmi ceux-ci (12 000 tonnes en 1986) au moins 15 pour cent (1 800 tonnes) seraient capturés par des sennes tournantes (Nhwani 1988). Les filets dérivants n'entrent que pour une petite part dans les captures totales.

En ce qui concerne le Mozambique, de rares données statistiques ont été recueillies, de sorte que les informations sur les bateaux, les engins et les captures sont limitées. Il y a une pêcherie aux filets dérivants pour l'alose Kelee (Hilsa kelee) au Mozambique, dans la baie de Maputo. Elle se compose de quatre bateaux à moteur (6,5–8,5 m de long) et de 434 bateaux artisanaux. Les bateaux motorisés utilisent des filets dérivants de 3 200 m, de 100 mailles de profondeur et une maille de deux pouces (51 mm). Les bateaux artisanaux utilisent exactement le même engin, mais certains pêcheurs emploient jusqu'à cinq filets au lieu de trois. Les captures ont été en moyenne de 3 115 tonnes par an de 1984 à 1986. La longueur totale de filets qui a pu être déployée atteint 263 km environ. Aucune information sur les captures accessoires n'est disponible.

Les pêcheries de Madagascar comporte environ 60 bateaux motorisés pour la pêche aux crevettes, et quelque 7 000 pirogues non équipées de moteurs, qui utilisent des lignes à main et des filets dérivants. Des filets maillants seraient cependant employés pour les espèces démersales, et les ressources pélagiques dans la zone sont plutôt pauvres (Ralison 1988).

Avant de quitter l'océan Indien, il convient de noter qu'un rapport de l'Institut des pêches du Japon (FAJ 1982b) a établi la carte des zones de pêche pour les marlins et les autres prises dans les filets maillants dérivants. Quatre zones sont indiquées dans l'océan Indien (ainsi que les principales zones du Pacifique). Ce sont le golfe du Bengale, le sud des Seychelles, l'est de l'archipel des Chagos, et le nord de Maurice. Aucune autre information sur la pêche japonaise aux filets dérivants dans ces zones n'a pu être recueillie.


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