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1. Cadre Méthodologique

L'étude présentée dans ce rapport s'est déroulée dans cinq pays européens : la Belgique, l'Espagne, la France, le Portugal et le Royaume-Uni. Le choix de ces pays se justifie par le fait qu'ils abritent, en tant qu'anciens pays coloniaux, plusieurs ressortissants des pays africains qui leur sont historiquement et linguistiquement proches. Dans ces pays, nos enquêtes se sont déroulées dans les capitales (Bruxelles, Lisbonne, Londres, Madrid et Paris) où sont concentrés la majorité des Africains et des acteurs impliqués dans le commerce des PFNL. L'identification de ces derniers s'est faite avec l'aide des Africains rencontrés dans chaque ville. Grâce à eux, nous avons réussi à situer les points de vente des produits africains (ex : épiceries) dans les villes visitées et à rencontrer après leur tenancier : les détaillants.

Deuxième maillon de la filière après les consommateurs, les détaillants nous ont permis de localiser et de rencontrer les principaux importateurs. Si le contact avec eux a été facile, en revanche l'obtention des informations sur les importateurs l'a été moins. Finalement, grâce à la patience, nous avons réussi à rencontrer certains acteurs (cf. annexe 1) :

- 2 importateurs à Lisbonne dont 1 indépendant et 1 autre cumulant l'importation et la vente de détail, 2 importateurs à Madrid cumulant tous deux l'importation et la vente de détail,

En s'inspirant de la méthodologie que nous avons développé au cours de nos travaux antérieurs (Tabuna, 1999 ; 2000), nous avons utilisé une approche combinant l'ethnobotanique et le marketing. L'approche ethnobotanique nous a permis de relever et d'identifier les PFNL vendus dans les épiceries alors que l'approche marketing nous a permis de concevoir et de conduire nos entretiens avec les importateurs. Les entretiens avec les importateurs et les détaillants se sont déroulés avec un guide d'entretien semi-directif (cf. annexe 2). Les résultats obtenus ont été analysés et résumés.

Quant à l'évaluation des quantités importées, nous avons travaillé à partir des données des importateurs. Les chiffres obtenus ont été multipliés par le nombre total des importateurs intervenant dans chaque ville. Nous n'avons pas tenu compte des importateurs occasionnels, c'est à dire les personnes qui voyagent avec quelques kilos de PFNL en rentrant des vacances ou lors d'un séjour en Europe. Il en est de même des importateurs pratiquant la livraison à domicile et vendant des produits à leur propre domicile, deux pratiques très courantes au sein de la diaspora africaine.

Les quantités totales obtenues ont été multipliées par les prix de détail moyens affichés sur les étals, ce qui nous a permis d'évaluer le chiffre d'affaires généré par les échanges dans chaque ville. Etant donné que les principaux importateurs résident dans ces villes, nous avons considéré les résultats obtenus comme représentatifs des importations de tout le pays. Dans l'avenir, nous projetons, avec la collaboration des douaniers d'Europe et d'Afrique, de réaliser un suivi annuel des échanges.

Pour identifier les produits, nous avons d'abord procédé à une observation et une collecte des échantillons. Après, nous avons relevé le maximun d'informations sur chaque PFNL (provenance, nom commercial, principaux consommateurs). Pour les plantes non identifiables sur place, nous avons ramené des échantillons en vue de l'identification par des spécialistes des différents organismes spécialisés dans la systématique des plantes tropicales : le Centro de Botanica de l'Instituto de Investigaçao Cientifica Tropical de Lisbonne, le Laboratoire d'Ethnobiologie-Biogéographie du Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris et le département de Botanique économique du Royal Botanic Garden de Kew à Londres. Dans ces organismes, nous avons vérifié les noms scientifiques à partir des noms commerciaux et en utilisant les ouvrages suivants : Burkill (1985), Do Espirito Santo (1963), Abbiw (1990), Peters (1992), Mabberley (1997).

En ce qui concerne les noms des PFNL vendus, nous avons choisi uniquement l'utilisation des noms commerciaux et des noms scientifiques. La non utilisation des noms vernaculaires est due à la présence de plusieurs ethnies parmi les ressortissants de l'Afrique subsaharienne dans les pays importateurs. L'étude auprès de toutes ces ethnies ne pouvait se faire dans le cadre de ce travail, faute de temps et de difficulté d'atteindre toutes ces ethnies.

Les noms commerciaux correspondent à ceux affichés sur les étals des épiceries visitées et utilisés par les acteurs lors de leurs transactions. En plus, ils sont issus soit des langues véhiculaires, comme le lingala et le kikongo ya léta, parlées au Congo-kinshasa et au Congo-Brazzaville, soit du créole parlé par les Africains lusophones (ex : Bissau Guinéens), soit des langues européennes (Français, Anglais et Portugais). Ce dernier cas concerne les noms des produits exportés par des pays qui n'ont pas de langues véhiculaires. De même, nous avons utilisé des noms empruntés à certaines ethnies. C'est le cas du ndolè, nom d'origine douala, mais adopté dans tout le Cameroun.

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