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Chapitre 4. STRATÉGIES PRÉVENTIVES CONTRE LA FIÈVRE DE LA VALLÉE DU RIFT


Introduction

La FVR est une zoonose très grave et importante. Les pays à risque devraient prendre toutes les mesures possibles pour empêcher l’entrée et/ou l’apparition de la maladie. Comme avec toutes les maladies animales graves, un programme complet de quarantaine doit être envisagé comme première ligne de défense. Cependant, aucune donnée répertoriée ne montre à ce jour que la FVR a été véhiculée par des déplacements d’animaux d’un pays ou d’une région à l’autre. Le déplacement des animaux n’a pas été associé à de nouveaux foyers de la maladie en Afrique, comme cela a été le cas pour la dermatose nodulaire et de nombreuses autres maladies animales. On a suggéré que la FVR serait entrée en Egypte par le biais de chameaux en provenance du Soudan; si le contraire ne peut pas être prouvé, le niveau très réduit et faible de virémie chez les chameaux, avec un voyage de 12 à 14 jours, rend cela extrêmement improbable. Le déplacement des vecteurs dans les courants d’air est un moyen bien répertorié et prouvé de la dissémination d’insectes ravageurs des plantes et de paludisme. Les mouvements des animaux devraient être suivis de près lorsque les animaux sont importés de zones épizootiques connues, et cela devrait avoir lieu uniquement pendant des périodes interépizootiques clairement validées. Les mouvements d’insectes vecteurs dans les courants d’air de basse altitude sont incontrôlables et la vigilance est de mise pour suivre les introductions possibles de FVR dans les zones sensibles considérées à haut risque.

Le potentiel des pays dans différentes régions du monde de mettre en œuvre des stratégies efficaces pour la FVR varie considérablement.

Stratégies préventives pour les pays d’Afrique

Il est virtuellement impossible d’empêcher que des foyers de FVR ne se vérifient dans les régions d’Afrique déjà touchées par le passé. Il est improbable que les contrôles des mouvements de bétail jouent un rôle dans la propagation de la FVR dans les zones enzootiques/épizootiques de l’Afrique. Cela est même probablement le cas là où il n’y a pas de cycles endémiques d’infection (comme en Egypte). Il est improbable que les programmes de vaccination massive continue du bétail pendant les périodes interépidémiques constituent une proposition économiquement viable. Cependant, il faut prendre en considération la vaccination de routine des animaux de qualité supérieure.

Cela ne signifie pas que rien ne peut être fait. Au contraire, l’accent doit être déplacé sur les programmes d’alerte précoce (Chapitre 5) pour détecter les premières preuves d’une épidémie probable et sur les programmes de réaction rapide (Chapitre 6) afin de pouvoir faire avorter les foyers de la maladie chez le bétail et la population, ou au moins d’atténuer leurs effets.

De nombreux pays d’Afrique subsaharienne se lancent dans des programmes de développement de l’élevage et de l’agriculture, par le biais desquels ils créent aussi les conditions pour la génération d’immenses populations de moustiques. Cela se produit lorsque les pays introduisent des périmètres améliorés de conservation/utilisation de l’eau ou opèrent des modifications dans les systèmes de rivières pour permettre plus d’irrigation. Les pays devraient être conscients du risque accru de foyers de FVR suite à la création de ces nouveaux habitats extensifs pour les moustiques. Cela a été le cas du périmètre de la Gézireh au Soudan et du barrage du fleuve Sénégal au Sénégal. Il est probable qu’une activité cryptique de FVR de faible niveau a été présente pour des générations dans ces zones, et qu’elle s’amplifie dans des proportions épizootiques si des populations de bétail sensibles sont introduites.

Stratégies préventives pour les pays du Proche-Orient

Il existe un important commerce traditionnel du bétail entre les pays de la corne de l’Afrique et les pays du Proche-Orient. Un défi majeur consiste à gérer le risque d’expansion de la FVR lié à de telles expéditions de bétail. Les pays importateurs doivent recevoir les assurances de sécurité adéquates en ce qui concerne la FVR, tandis que le commerce de bétail, qui est vital pour les moyens d’existence des pasteurs dans les deux régions, est maintenu autant que possible.

Une planification conjointe et la mise en œuvre de programmes par les autorités de santé animale à la fois dans les pays exportateurs et importateurs pourraient y parvenir. Une Consultation d’experts FAO/ PNUD sur l’évaluation et la réduction des risques de transmission de la FVR lors des échanges commerciaux entre la corne de l’Afrique et la péninsule arabique s’est tenue du 15 au 16 mai 2001. La réunion a proposé un cadre d’action qui prévoit des activités à entreprendre à la fois par les pays exportateurs et importateurs pendant les périodes d’épizooties de FVR, de conditions préépizootiques de FVR et entre les épizooties. Les propositions sont résumées dans le tableau cidessous, préparé par la Consultation d’experts.

Niveau du risque de FVR

Activité dans le pays exportateur

Activité dans le pays importateur

ÉLEVÉ
FVR épizootique

Définir l’étendue de l’infection. Assurer un suivi longitudinal de l’infection chez les populations de bétail (à savoir surveillance clinique, isolement du virus/anticorps IgM) Déterminer le point auquel l’activité du virus est revenue à des niveaux préépizootiques

Cesser toutes les importations de bétail en provenance des régions affectées
Reprendre le commerce trois à six mois après la dernière trace d’infection OU lorsque le pays considère que le risque élevé a disparu

POTENTIELLEMENT
ÉLEVÉ
Conditions préépizootiques identifiées

Accroître le niveau de suivi dans les zones épizootiques de FVR connues, telles que les plaines d’inondation, par une surveillance clinique des avortements chez le bétail, de maladie chez les humains et de sérologie chez le bétail
Envisager la vaccination des troupeaux destinés à la vente au moins un mois avant leur déplacement

Accroître la vigilance dans les ports d’entrée
Accroître le prélèvement au hasard dans les ports pour mettre en évidence une infection récente (anticorps IgM en l’absence de vaccination préalable)
Si des animaux vaccinés doivent être acceptés, ils devraient être prélevés au hasard dans les ports pour les anticorps IgG

FAIBLE
Période interépizootique

Suivre les troupeaux sentinelles dans les zones à haut risque (plaines d’inondation, etc.)
Envisager la vaccination de tous les animaux destinés à la vente à l’âge de 9 à 12 mois

Prélèvement régulier d’échantillons au hasard sur les animaux destinés à la vente pour les anticorps IgM


DIRECTIVES RECOMMANDÉES PAR L’OIE POUR L’IMPORTATION DE RUMINANTS DOMESTIQUES ET SAUVAGES EN PROVENANCE DE PAYS INFECTÉS

En cas d’importation en provenance de pays infectés, les administrations vétérinaires devraient requérir pour les ruminants domestiques et sauvages la présentation d’un certificat vétérinaire attestant que:

1. les animaux vaccinés

a) n’ont montré aucun signe clinique de FVR le jour de l’embarquement;

b) ont été vaccinés en utilisant un vaccin conforme aux normes décrites dans le Manuel non moins de 21 jours et pas plus de 90 jours avant l’embarquement;

c) ont été gardés dans une station de quarantaine dans le pays d’origine pendant les 30 jours précédant l’embarquement et n’ont montré aucun signe clinique de FVR pendant cette période;

2. les animaux non vaccinés

d) n’ont montré aucun signe clinique de FVR le jour de l’embarquement;

e) ont été soumis à des tests de diagnostic pour la FVR avec des résultats négatifs dans les 30 jours précédant l’entrée en quarantaine;

f) ont été gardés dans une station de quarantaine dans le pays d’origine pendant les 30 jours précédant l’embarquement et n’ont montré aucun signe clinique de FVR pendant cette période;

g) ont été soumis à des tests de diagnostic pour la FVR avec des résultats négatifs pas moins de 14 jours après l’entrée en quarantaine;

h) ont été protégés des insectes vecteurs pendant la quarantaine et le transport vers le lieu d’embarquement.

(Extrait du Code zoosanitaire international de l’OIE, 10e édition, 2001, Article 2.1.8.7.)

Stratégies préventives pour les pays des autres régions

La FVR pourrait être introduite dans des pays d’autres régions par des déplacements aériens d’insectes vecteurs ou par l’importation de ruminants sauvages ou domestiques en provenance de pays infectés, bien que cela ne puisse se produire que si l’importation se déroule pendant la courte période d’incubation de la maladie. L’adoption des directives recommandées du Code zoosanitaire international de l’OIE pour ce type d’importations devrait empêcher cela (voir l’encadré p. 29).

Un autre mécanisme possible est de transporter les moustiques ou les personnes infectés par la FVR par des vols internationaux. Ils peuvent sortir des pays endémiques de FVR en l’espace de quelques heures. Bien qu’il existe de nombreux exemples de l’établissement de maladies transmises par des vecteurs (par exemple le paludisme) par la fuite d’insectes infectés dans les zones proches des aéroports internationaux, des normes internationales existent pour la désinfection des avions et les programmes d’éradication des insectes dans les aéroports, qui sont conçues pour empêcher l’entrée du virus de la FVR et d’autres maladies transmises par des insectes vecteurs. Les personnes infectées par le virus de la FVR peuvent présenter une virémie suffisante pour infecter de nouveau des moustiques piqueurs, si bien qu’il est théoriquement possible pour un passager aérien débarquant d’introduire la maladie dans un nouveau pays. Par conséquent, la coopération est requise entre les ministères de la santé pour assurer que les procédures correctes de quarantaine humaine soient mises en œuvre pour les passagers arrivant dans les aéroports internationaux. Ces procédures prévoient l’identification, l’isolement et l’hospitalisation de toute personne qui présente des symptômes caractéristiques de la FVR ou de toute autre fièvre hémorragique grave. Les personnes arrivant de pays endémiques devraient également être averties qu’elles doivent rapidement chercher une assistance médicale si elles tombent malades dans la semaine suivant leur arrivée.


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