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1 Introduction: mise en scène

IMPORTANCE GÉNÉRALE

Les champignons sauvages comestibles (CSC1) ont été cueillis et consommés par les populations pendant des milliers d'années. Les archives archéologiques révèlent des espèces comestibles associées aux populations vivant il y a 13 000 ans au Chili (Rojas et Mansur, 1995) mais c'est en Chine où la consommation de champignons sauvages est d'abord vraisemblablement notée, plusieurs centaines d'années avant la naissance du Christ (Aaronson, 2000). Les champignons comestibles étaient déjà cueillis dans les forêts durant les périodes de l'antiquité grecque et romaine et hautement estimés, quoique plus appréciés des populations de rang élevé que par les paysans (Buller, 1914). Le champignon de César (Amanite caesarea) fait référence à une tradition antique qui existe toujours dans de nombreuses régions de l'Italie, englobant une diversité d'espèces comestibles dominée aujourd'hui par les truffes (Tuber spp.) et les cèpes de Bordeaux (Boletus edulis).

La Chine apparaît en évidence très tôt et ultérieurement dans les registres historiques des champignons sauvages comestibles. Les chinois ont pendant des siècles appréciés de nombreuses espèces, non seulement pour l'alimentation et le goût, mais aussi pour leurs propriétés médicinales. Ces valeurs et traditions sont encore fortement d'actualité aujourd'hui et sont confirmées par l'éventail varié de champignons sauvages cueillis dans les forêts et dans les champs et largement commercialisés (Wang, 1987) (Photo 8). La Chine est aussi l'exportateur principal de champignons cultivés.

Bien que moins bien connu, des pays comme le Mexique (Photo 7) et la Turquie et de vastes régions de l'Afrique centrale et du sud (Photo 6) ont aussi une longue et notable tradition concernant les champignons sauvages comestibles. La liste des pays où l'on annonce que des champignons sauvages sont consommés et qui fournissent un revenu aux populations rurales est impressionnante (Annexe 1).

La menace posée par les espèces vénéneuses et mortelles est souvent exagérée. Les incidents d'empoisonnement et cas de mort sont rares, comparés à la consommation régulière et sûre d'espèces comestibles, mais la mauvaise publicité et les attitudes culturelles continuent d'alimenter une crainte intrinsèque aux champignons sauvages dans certaines sociétés. C'est plus généralement rencontré dans les pays développés et a sans aucun doute mené aux croyances générales que l'utilisation mondiale de champignons sauvages comestibles est à petite échelle et limitée aux secteurs clés. Comme cette publication le montre définitivement, c'est rigoureusement inexact (Tableau 1). L'utilisation de champignons sauvages comestibles est extensive et intensive, quoique les modèles d'utilisation varient (Annexe 1).

TABLEAU 1

Le nombre d'espèces de champignons sauvages comestibles et médicinaux

Catégoríe

Nombre d'espèces

Total en pourcentage

1. Comestible seulement

1 009

43

2. Comestible et médicinal

88

4

3. Alimentation seulement

820

35

4. Alimentation et médicinal

249

11

5. Médicinal seulement

133

6

6. Autres usages (aucun des susdits)

29

1

TOTAL espèces sauvages utiles

2 327

 

TOUT comestibles seulement (1+2)

1 097

 

TOUT alimentation (3+4)

1 069

 

TOUT médicinal (2+4+5)

470

 

Notez: Compilé à partir de plus de 200 sources différentes dans 110 pays, mais exclut un examen détaillé des espèces des pays développés. Les variétés et les sous-espèces sont comptées séparément. Les catégories alimentation et comestible sont mutuellement exclusives. Pour clairement distinguer les usages, des propriétés d'une espèce: des nombres substantiels d'espèces comestibles manque un usage confirmé comme alimentation.

ENCADRÉ 1

Champignons sauvages comestibles et champignons

Les champignons sont un groupe distinct d'organismes qui incluent des espèces avec des grands corps et des sporophores visibles (des macrochampignons ou macro-mycètes). Les meilleurs exemples connus de macrochampignons sont les champignons avec leur mycélium. Ils ont un chapeau et une tige et se trouvent fréquemment dans les champs et les forêts. La plupart sont simplement non comestibles, mais il y a des exemples notables qui peuvent être consommés. Le nombre d'espèces vénéneuses est relativement faible tandis que ceux qui sont mortels appartiennent à une minorité marginale. Les champignons comestibles les plus familiers sont ceux qui sont cultivés et vendus frais et en conserve dans les magasins.

Les macrochampignons revêtent différentes formes et sont d'apparences diverses. Les bolets ont des pores plutôt que des lamelles sur le dessous du chapeau; les truffes poussent sous terre et n'ont pas de tige ni de chapeau (Photo 1). Huitlacoche est un aliment mexicain produit quand les épis de maïs sont infectés par un champignon. Ce n'est clairement pas un champignon.

Le champignon sauvage comestible est employé pour distinguer leur origine et le fait qu'ils incluent une variété de formes qui incluent des épis de maïs infectés, des champignons Gastéromycètes, des bolets, des champignons de couche (agaricus) et, bien sûr, des champignons en général. Beaucoup d'autres publications (par exemple. Hall et al., 1998a) se réfèrent aux champignons sauvages, les définissant largement pour inclure les différentes formes et apparences.

Il est intéressant de comparer les termes employés en d'autres langues. En Italie, des champignons sauvages sont mentionnées comme funghi comestible; il n'y a aucun équivalent de «mushroom» en italien. En espagnol hongo comestible et hongo silvestre sont employés. Seta est similaire pour signifier le champignon mais il n'implique pas qu'une espèce particulière comestible. Au Malawi, bowa décrit un champignon comestible en langue Chewa, un terme qui a essentiellement la même signification que «champignon sauvage comestible».

Les champignons sauvages comestibles ajoutent de la saveur aux principaux produits alimentaires fades mais ils sont aussi des produits alimentaires de valeur dans leur consommation propre. Les noms locaux pour des champignons en forme de massue, termites champignonnistes (Termitomyces) (Photo 6) reflètent des croyances locales selon lesquelles ils sont un substitut équivalent de la viande, une croyance qui est confirmée par des analyses alimentaires. Tous les champignons sauvages comestibles n'ont pas un contenu de protéines si important mais ils ont une valeur alimentaire comparable à celle de beaucoup de légumes.

En plus de contribuer substantiellement aux régimes des populations rurales dans des pays en développement, ils sont également une source importante de revenus. Des champignons sauvages comestibles sont vendus sur les marchés locaux et la récolte commerciale fournit de nouvelles sources de revenus pour de nombreuses populations rurales. La demande de l'Europe et du Japon en champignons sauvages spécifiques continue à faire gagner des sommes significatives pour des pays comme le Bhoutan, la République populaire démocratique de Corée et le Pakistan.

Les champignons sauvages ont aussi des propriétés médicinales, dont certaines sont trouvées dans des espèces comestibles (Tableau 1). Les champignons sauvages utiles contribuent donc au régime alimentaire, au revenu et à la santé. De nombreuses espèces jouent aussi un rôle écologique essentiel dans les rapports symbiotiques qu'ils forment avec les arbres et sont connues sous le nom de mycorhize. Les truffes et d'autres champignons sauvages comestibles de valeur dépendent d'arbres pour leur croissance et ne peuvent pas être cultivés artificiellement. Le mycorhize permet aux arbres de grandir dans des sols pauvres en substances nutritives. Les arbres de la région boisée Miombo de l'Afrique centrale et du sud et la région boisée elle-même n'existeraient pas sans les champignons.

L'importance des champignons sauvages comestibles continue à croître pour des raisons plus fondamentales. L'interdiction d'exploiter les forêts dans plusieurs pays a renouvelé l'intérêt pour les produits forestiers non-ligneux (PFNL) comme sources alternatives de revenus et d'emplois pour des populations employées précédemment en foresterie. Les champignons sauvages comestibles ont joué un rôle important dans les nouvelles sources de revenus en Chine et aux États-Unis. Plus d'informations sont disponibles dans les Chapitres 3 et 4.

Pour récapituler, les champignons sauvages comestibles sont importants pour trois raisons principales :

* comme source d'alimentation (plus les bénéfices thérapeutiques);

* comme source de revenus;

* pour maintenir la constitution saine des forêts.

TRADITIONS ET HISTOIRE D'UTILISATION

L'ethnomycologie est l'étude des populations et des champignons et est un secteur récent d'intérêt universitaire. Il trouve ses racines dans une publication de référence intitulée Mushrooms, Rissia and history (Wasson et Wasson, 1957). Cet opus publié à titre privé contient une richesse d'informations utile sur la culture et l'histoire des champignons sauvages. Bien que l'ethnomycologie ait commencé par un intérêt clair pour les champignons sauvages comestibles, des événements postérieurs ont vu une grande importance sur les champignons hallucinogènes et leur signification culturelle (Schultes, 1940; Wasson, 1968). Tandis que cela continue à être un secteur d'intrigue compréhensible, l'intérêt majeur enregistré revient aux champignons sauvages comestibles. Pendant les vingt à trente dernières années, les chercheurs ont considérablement augmenté notre connaissance des traditions locales en Afrique, en Asie et en Amérique centrale (Mexique, Guatemala).

Une distinction précoce a été faite entre mycophilie et mycophobie: Dans des sociétés ou cultures mycophiliques, les champignons sont estimés et il y a une forte et longue tradition d'usage populaire. Les cultures mycophobes ont un respect secondaire pour les champignons et on les craint souvent activement (Wasson et Wasson, 1957). Les archives coloniales britanniques en Afrique contiennent peu d'informations sur l'utilisation locale des champignons sauvages comestibles, malgré le fait que des populations partout en Afrique méridionale les ont mangés pendant des siècles (Morris, 1994; Piearce, 1985).

L'histoire de l'usage des champignons sauvages comestibles est bien enregistrée en Chine, bien que beaucoup d'informations soient toujours en chinois (Photo 3). La Chine est un exemple d'un pays mycophilique tandis que la Grande-Bretagne est habituellement classifiée comme mycophobe. Ces distinctions deviennent moins claires, cependant, et bien qu'il y ait toujours une faible tradition de ramassage en Europe du Nord en général, il y a plus de personnes qui les ramassent qu'auparavant. C'est parfois explicable par des raisons commerciales (Dyke et Newton, 1999) mais les immigrants des pays mycophiliques ont aussi changé les attitudes. Par exemple, il y a maintenant un nombre croissant de cueilleurs de champignons sauvages comestibles aux États-Unis. Les traditions varient dans les pays: les régions centrales et du nord de l'Italie sont fortement mycophiliques, mais la tradition de cueillette et la consommation de champignons sauvages comestibles est moins forte au sud. La Catalogne en Espagne a un intérêt manifestement plus grand pour les champignons sauvages comestibles comparée à d'autres régions. Des traditions variables existent aussi dans la République-Unie de Tanzanie (Härkönen, Saarimäki et Mwasumbi, 1994).

La Finlande représente la réunion de traditions particulièrement intéressantes. L'influence historique de la culture suédoise a peu fait pour enthousiasmer l'intérêt local à l'ouest, mais, à l'est, les populations caréliennes qui sont venus de la Fédération de Russie pour vivre en Finlande ont apporté une tradition beaucoup plus forte de goût pour les champignons sauvages comestibles (Härkönen, 1998). Les Russes sont reconnus pour leur passion (quoique non universelle) pour les champignons sauvages comestibles, comme en témoigne le mouvement à grande échelle des populations vers les forêts durant les week-ends (Filipov, 1998). Les Estoniens ont un dicton qui décrit la passion russe: «Où il y a un champignon qui pousse, il y a toujours un Russe qui l'attend». En Carélie, les finlandais ont l'habitude de dire: «Criant comme des Russes dans une forêt de champignons»2.

La tradition latino-américaine est presque entièrement limitée au Mexique (voir l'étude de Villarreal et Perez-Moreno, 1989). Elle s'étend vers le sud au Guatémala et brièvement en Honduras (House, 2002, communication personnelle: Wild edible funghi in Honduras) où elle se termine brusquement, malgré la présence répandue de forêts de pins et d'autres arbres avec des champignons comestibles mycorhiziens. Il y a peu de preuves de fortes traditions en Amérique du Sud, bien que les études des populations natives d'Amazonie (Prance, 1984) ont révélée une consommation régulière et la gestion de champignons sauvages comestibles (quoique tous des saprophytes). Une étude peu connue sur la Papouasie-Nouvelle Guinée (Sillitoe, 1995) révèle une richesse d'informations sur les champignons sauvages comestibles qui font allusion à l'utilisation plus répandue dans d'autres pays.

Les populations locales rejettent certaines espèces comestibles. En règle générale, les bolets ne sont pas mangés dans certaines régions de la République-Unie de Tanzanie (Härkönen, 2002). Un prêtre italien vivant au Guatémala a constaté que les habitants du lieu ignoraient le Boletus edulis, malgré leur consommation habituelle de champignons sauvages comestibles. Grâce à son encouragement, ils ont intégré cette espèce qu'ils avaient précédemment ignorée dans leur régime alimentaire (Flores, 2002, communication personnelle: Guatemala edible fungi). Ce n'est pas clair si les Européens mangeraient aisément le Phallus impudicus, cependant, malgré sa popularité répandue en Chine (Photo 9), certaines cultures ont une crainte instinctive des Amanites. Ce genre contient des espèces mortelles et vénéneuses ainsi que des espèces plus savoureuses (Photo 7).

BUT ET STRUCTURE DE LA PUBLICATION

Cette publication présente des informations sur l'importance des champignons sauvages comestibles pour les populations. Elle inclut des détails sur les espèces cueillies et vendues, mais une attention particulière est accordée aux aspects sociaux et économiques dans une tentative de montrer comment les champignons sauvages comestibles pourraient contribuer à l'amélioration des moyens de subsistance des populations rurales. Il y a une richesse d'informations sur la biologie et les caractéristiques générales des macrochampignons qui est détaillée selon l'importance que ces détails représentent pour les populations ou pour l'utilisation des ressources naturelles.

Un objectif plus général de la publication est de sensibiliser les lecteurs aux champignons sauvages comestibles et souligner la relation écologique entre les espèces majeures de champignons sauvages comestibles et les forêts. Des suggestions sont proposées pour gérer les champignons sauvages comestibles d'une manière durable, tenant compte de l'utilisation multiple des forêts et d'autres utilisateurs de la forêt.

Une prédominance est accordée aux pays en développement («le Sud»), en particulier pour décrire les possibilités d'amélioration des bénéfices concernant l'utilisation des champignons sauvages comestibles et leur production durable. L'information est aussi extraite d'études de cas et d'expériences relatives aux champignons sauvages comestibles dans les pays développés («le Nord»). On explique plus en détail les raisons de cette attention focalisée sur les pays en développement dans l'Encadré 2.

ENCADRÉ 2

Une perspective de pays en développement

La plupart de l'information sur la biologie et l'écologie de macrochampignons (macro-mycètes) comestibles est basée sur la recherche effectuée dans des pays développés. La littérature est lourdement pondérée par des perceptions de valeur et l'utilité des champignons sauvages comestibles trouvées au Nord. Il y a là un fort focus sur des types d'espèces à grande valeur comme de vraies truffes (Tuber spp.), chanterelles et divers bolets - dont Boletus edulis est le mieux connu. Il y a beaucoup moins de connaissances, par exemple, sur de nombreuses espèces de Lactarius ou Russula mangés en Afrique, d'un point de vue biologique, social ou économique.

Les champignons sauvages comestibles (CSC) représentent une source importante de revenus pour les communautés rurales, particulièrement dans les pays en développement. En Afrique centrale du sud, les CSC sont une source significative de nutrition; et aussi dans les zones rurales de la Chine, l'Inde et le Mexique. En Europe, les CSC sont des aliments réservés aux amateurs, un produit de gourmet à savourer avec parcimonie - ce qui se réflète dans les prix élevés exigés pour les espèces les plus prisées. Ceci peut signifier de bons revenus pour les zones rurales d'Espagne et d'Italie les moins favorisées, mais l'importance totale des CSC dans ces sociétés et, en effet, le potentiel de l'augmentation des revenus ruraux locaux, est faible comparé à l'utilisation locale et les marchés des pays en développement.

La publication se concentre sur l'amélioration des connaissances des champignons sauvages comestibles dans les pays en développement, quoique la recherche et l'information publiée dans les pays du Nord n'aient pas été ignorées. Les expériences dans le nord-ouest du Pacifique de l'Amérique du Nord ont été largement considérées après une expansion globale des activités relatives aux PFNL puisque les industries traditionnelles en foresterie ont diminué, les communautés rurales ont cherché de nouvelles sources de revenus. La Finlande a longtemps encouragé une utilisation généralisée des champignons sauvages comestibles lorsque le pays a émergé d'une période de difficultés économiques, tandis que la demande de matsutake (Tricholoma spp.) au Japon a une signification majeure pour des pays en développement comme la Chine, la République populaire démocratique de Corée et même le Bhoutan.

Ces exemples offrent une compréhension approfondie des divers aspects relatifs aux champignons sauvages comestibles, de la gestion de ressources naturelles aux pratiques de la cueillette. Un examen complet de l'utilisation des CSC au Sud et au Nord est, cependant, au-delà de la portée de cette publication. Cela ne doit pas vouloir dire que la collecte de truffes en Italie ou en France, ou de níscalos (Lactarius deliciosus) en Espagne, est sans importance économique pour les populations locales (de Román, 2002, communication personnelle: Trade in níscalos from North Spain to Catalonia and truffle production), mais de nouveau ceux-ci ont une signification moindre comme source de revenus comparée aux activités de ce type dans de nombreux pays en développement.

La publication est divisée en cinq chapitres et inclut une série de tableaux et des annexes. Les sources primaires et autres informations sont indiquées au lecteur, tout en gardant à l'esprit que les communications personnelles avec les auteurs ont été un moyen important pour étudier les champignons sauvages comestibles. Des publications originales sont souvent difficiles à obtenir et on recommande des sources générales comme les excellentes revues de la littérature spécialisée de Rammeloo et Walleyn (1993) et Walleyn et Rammeloo (1994) pour l'Afrique sub-saharienne. Il existe un besoin d'entreprendre des revues semblables pour d'autres régions du monde, afin d'accroître la prise de conscience sur l'étendue surprenante d'informations publiées et qui stimulerait l'intérêt pour de nouvelles pistes de recherche.

Les caractéristiques des champignons sauvages comestibles sont brièvement décrites dans le Chapitre 2 et incluent des faits majeurs sur la biologie, l'écologie, la comestibilité et la culture. L'emphase est apportée sur l'information générale avec peu de détails techniques. Les principaux genres sont décrits dans les grandes lignes. Les noms latins sont surtout employés dans le livre puisqu'il y a peu de noms communs pour des champignons sauvages comestibles qui restent facilement différents d'un pays ou d'une langue à une autre. Les exceptions incluent matsutake (Tricholoma matsutake, mais aussi T. magnivelare et d'autres espèces), chanterelles (Cantharellus spp.) et cèpes de Bordeaux (Boletus edulis).

TABLEAU 2

Disciplines et secteurs d'activité contenant de l'information sur les champignons sauvages utiles

Discipline ou sujet

notes

Mycologie, incluant champignons mycorhiziens

L'étude des champignons (mycologie) inclut la biologie moléculaire, la biochimie et des sujets plus traditionnels comme l'écologie et la taxonomie. L'information publiée a généralement peu de détails sur l'utilisation des champignons par les populations, en particulier les aspects sociaux et économiques. Les études mycorhiziennes ont un intérêt combiné pour les champignons et les plantes. Des champignons comestibles ectomycorhiziens sont seulement récemment apparus comme une sous-discipline dans un secteur d'étude beaucoup plus large.

Biologie des champs et histoire naturelle

Les guides de terrain contiennent des descriptions d'espèces et des photographies et sont employés surtout pour l'identification. La majorité des guides est publiée au Nord et a donc une utilisation limitée dans des pays en développement. Quelques guides sont spécifiquement pour des champignons comestibles. Les publications d'histoire naturelle ont fourni quelques informations sur les utilisations de CSC par les populations, quoique ce groupe soit souvent ignoré ou traité superficiellement.

Culture de champignons

Il y a une littérature vaste sur les champignons cultivés. Des foires sont régulièrement tenues avec un important soutien commercial. Il y a eu un intérêt récent (par exemple. Mshigeni et Chang, 2000) pour l'introduction d'unités de production à petite échelle dans les pays en développement. Il existe une littérature réduite mais en croissance sur la gestion de secteurs naturels pour la production de matsutake et de truffes (Fédération-Française-des-Trufficulteurs, 2001).

Ethnomycologie

L'ethnomycologie est un secteur d'enquête relativement récent. Les sujets incluent les utilisations culturelles, cérémoniales et médicinales de champignons par les populations. A l'origine, l'ethnomycologie a été dominée par l'étude des champignons hallucinogènes et leurs significations culturelles et peu d'attention a été accordée aux usages de CSC par les populations.

Nutrition, santé humaine, sécurité alimentaire

La littérature sur la valeur alimentaire est étonnamment vaste quoique les approches analytiques varient et la comparaison de résultats est difficile. La plupart des analyses ont impliqué des espèces de champignons cultivées avec seulement quelques espèces sauvages comestibles incluses. Il y a eu une formidable expansion de la recherche scientifique sur les champignons cultivés, médicinaux, les champignons comme les compléments diététiques et «nutriceutiques», mais cela constitue une pertinence limitée pour les initiatives de développement. Il y a peu d'études qui ont considéré des champignons sauvages comestibles dans le contexte de sécurité alimentaire, bien que cet angle mérite une plus grande attention.

Marchés et commerce

Les données sur les volumes et les valeurs des champignons sauvages comestibles cueillis sont peu fréquentes, inégales et souvent incertaines. Les évaluations mondiales du commerce sont soumises à l'interprétation et à des sources peu fiables, et peuvent acquérir une crédibilité erronée à cause des références répétées. Bien que l'avertissement soit nécessaire en passant en revue les données du marché, une documentation plus précise a été produite ces dernières années.

Produits forestiers ligneux et non-ligneux

Les champignons sauvages comestibles apparaissent régulièrement dans des études sur les PFNL mais l'espèce individuelle n'est souvent pas mentionnée (même si identifiée). L'intérêt spécifique et détaillé s'est accru grâce aux résultats des activités dans le nord-ouest Pacifique des États-Unis, du Canada et d'ailleurs. Des études générales sur les PFNL sont souvent une source décevante d'information sur les champignons sauvages comestibles.

Les questions de gestion sont traitées dans le Chapitre 3 et cela inclut un examen des comportements des cueilleurs et le rapport entre la gestion de la forêt et la récolte. Cette section examine certaines des questions plus générales concernant l'utilisation multiple des forêts, la productivité des champignons sauvages comestibles et l'accès aux zones de cueillette.

Le chapitre 4 continue d'examiner les thèmes introduits dans le chapitre précédent, mais s'intéresse particulièrement aux populations et au commerce des champignons sauvages comestibles, ainsi qu'à leur importance pour les régimes alimentaires et la nutrition. Les données commerciales, le marché et la commercialisation sont explorés, avec une section finale qui récapitule brièvement l'utilisation des champignons sauvages comestibles par région et par pays.

Le chapitre final se projette du présent vers l'avenir. Le chapitre 5 examine les possibilités d'initiatives futures avec un accent sur les étapes concrètes qui pourraient être réalisées pour accroître les bénéfices des populations rurales tout en soutenant la production des champignons sauvages comestibles et en permettant une bonne gestion de la forêt. Cette publication décrit les contraintes connues pour l'utilisation durable des champignons sauvages comestibles. Un gestionnaire forestier en Chine occidentale s'est désespéré de convaincre des cueilleurs locaux à adopter des pratiques de récolte moins destructives pour un champignon comestible précieux connu sous le nom de matsutake (Winkler, 2002). De telles contraintes peuvent être surmontées et des changements effectués, mais seulement si les actions sont basées sur une connaissance précise de ce que les populations font et pourquoi elles le font.

LES SOURCES D'INFORMATION

L'information a été réunie sur des activités principalement, mais non exclusivement, dans 85 pays en voie de développement (voir Encadré 2). L'information publiée et accessible a varié énormément en termes d'importance (Tableau 2), de détail et d'exactitude et a exigé un examen prudent. Il y a beaucoup de publications mycologiques, par exemple, qui répertorient des espèces comme étant «comestibles», mais ne donne pas de détails sur leur utilisation locale. Les résultats généraux des PFNL parlent de «champignons» sans spécifier quels types.

Plus de 800 documents, livres, articles de presse, communications personnelles, sites Web et divers autres sources d'informations ont été consultés. L'information sur les champignons sauvages comestibles se retrouve dans plusieurs disciplines (Tableau 2). Chaque discipline représente une série différente d'intérêts, mais aussi avec quelques superpositions. C'est la première fois qu'un aussi vaste survol de la connaissance sur les champignons sauvages comestibles a été réalisé et il y a sans aucun doute encore beaucoup à apprendre, en particulier de la littérature russe et chinoise. L'information sur les champignons sauvages comestibles dans la Fédération de Russie fut seulement disponible à la traduction du Docteur Seona Anderson d'un texte très important (Vasil'eva, 1978).

1 Voir Encadré 1 pour une discussion de la terminologie utilisée dans ce livre.

2Informations fournies par Marja Härkönen.

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