juin 2007  
 Perspectives alimentaires
  Analyse des marchés mondiaux

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LES MARCHÉS EN BREF

CÉRÉALES

BLÉ

CÉRÉALES SECONDAIRES

RIZ

MANIOC

GRAINES OLÉAGINEUSES, HUILES ET FARINES D’OLÉAGINEUX

SUCRE

VIANDES ET PRODUITS CARNÉS

LAIT ET PRODUITS LAITIERS

ENGRAIS

TAUX DE FRET MARITIME

Dossiers spéciaux

Appendice statistique

Indicateurs du marché et factures des importations vivrières

Annonce

SUCRE

PRIX

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L’importance des excédents mondiaux pèse sur les cours du sucre qui sont tombés à leur plus bas niveau depuis deux ans

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Le cours quotidien du sucre brut de l’Accord international sur le sucre (ISA) s’est établi, en moyenne, à 9,72 cents E.-U. la livre pour le sucre brut en avril 2007, ce qui correspond au niveau le plus bas enregistré depuis juillet 2005 et à un recul de près de 80 pour cent par rapport à la moyenne mensuelle d’avril 2006. Le fléchissement régulier des cours s’explique principalement par des récoltes beaucoup plus abondantes que prévues au Brésil, en Chine, à Cuba, en République dominicaine, au Guatemala, en Inde, au Pakistan, en Thaïlande et au Viet Nam. Le Gouvernement indien a récemment annoncé qu’il créerait des aides à l’exportation de sucre blanc pour venir en aide aux raffineries nationales, provoquant une nouvelle pression à la baisse des prix internationaux du sucre raffiné qui sont tombés à 14,28 dollars E.-U. la livre en avril 2007, contre 21,36 dollars E.-U. la livre en avril 2006.

PRODUCTION

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La FAO a relevé ses estimations concernant la production mondiale de 2006/2007, laquelle devrait atteindre 159,2 millions de tonnes, soit 3,6 millions de tonnes de plus que les estimations publiées fin 2006, et une hausse de 4,8 pour cent (7,3 millions de tonnes) par rapport à 2005/2006. L’an dernier, à la même époque, les marchés internationaux du sucre étaient confrontés à la troisième année déficitaire consécutive, les prix atteignant, début 2006, leur plus haut niveau depuis 25 ans. Dans de nombreux pays, les producteurs ont réagi aux prix record en consacrant de vastes superficies aux cultures de sucre et les estimations de la production mondiale ont été révisées à la hausse pour tenir compte de l’augmentation de la production prévue dans la quasi totalité des pays producteurs de canne à sucre, notamment au Brésil et en Inde. En 2006/2007, la production sucrière dans les pays en développement devrait progresser de 9,1 pour cent d’une année sur l’autre, mais reculer de 6,3 pour cent dans les pays développés.

La production record de sucre aboutit à des excédents mondiaux plus importants que prévu

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Les pays d’ Amérique latine et des Caraïbes devraient assurer 53 millions de tonnes, soit un tiers, du total de la production mondiale en 2006/2007. Une récolte exceptionnelle pourrait être à nouveau engrangée au Brésil, où selon les prévisions la production sucrière gagnera 13,2 pour cent, pour s’établir à 33 millions de tonnes, suite à la hausse des rendements et au renforcement de la capacité des 25 nouvelles raffineries ouvertes dans la région centre-sud. L’augmentation de l'utilisation d’éthanol en 2006/2007 a été remarquable et est en partie attribuable à l'utilisation d’éthanol hydraté qui, d’après certaines sources, a progressé de près de 30 pour cent pour se chiffrer à 6,5 milliards de litres. Les cours de l’éthanol ont fortement monté ces derniers mois, sous l’effet d’une réglementation gouvernementale récemment introduite (avril 2007) pour limiter le volume d’éthanol vendu par les distributeurs à 5 pour cent du chiffre d’affaires total, ce qui a réduit le flux normal des échanges sur les marchés nationaux. Aujourd’hui, 60 pour cent de véhicules polycarburants utilisent l’éthanol, principalement à Sao Paolo. L’offre de canne, en augmentation suite à la récolte exceptionnelle de cette année, devrait dépasser les besoins de la demande d’éthanol, ce qui pourrait conduire à convertir en sucre un volume plus important de canne. Toutefois, compte tenu de la baisse prévue des prix et du projet du gouvernement de relever le taux obligatoire de mélange d’éthanol en 2007/2008, un volume plus faible de sucre pourrait être destiné à l’exportation l’an prochain.

La production progresse également en Afrique

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L’estimation de la production de l' Afrique a été revue à la hausse pour se chiffrer à 10,5 millions de tonnes, soit 6 pour cent de plus que la campagne précédente. Les décisions d’augmenter la production en Afrique subsaharienne s’expliquent en grande partie par les avantages que devraient tirer les pays les moins avancés (PMA) de l’initiative européenne ‘Tout sauf des armes’ qui leur garantit un accès préférentiel au marché de l’Union européenne. La production devrait marquer une hausse en Égypte, au Malawi, à Maurice, au Mozambique, en Zambie et en Afrique du Sud. Selon les estimations, la production de l' Égypte passera de 1,7 million de tonnes à 1,8 million de tonnes, dont environ deux tiers proviennent de la canne à sucre et un tiers de la betterave sucrière. Un temps extrêmement humide au Kenya a limité la livraison des récoltes aux raffineries et réduit la teneur en sucre de la récolte de cette année. Des projets d’expansion des programmes d’aide aux petits planteurs sont en cours dans le secteur sucrier au Malawi et en Zambie avec le soutien du secteur privé. La production sucrière au Mozambique continue de croître à un rythme rapide, passant de 39 000 tonnes en 1998 à 282 000 tonnes en 2006/2007. Ce pays devrait recevoir six millions de dollars E.-U. de l’Union européenne entre 2007 et 2010 pour ajuster son secteur à la réforme sucrière de l’UE. Au Soudan, la production de sucre a légèrement faibli et devrait atteindre près de 800 000 tonnes pour l’année en cours, soit un volume proche de celui obtenu ces dernières années. Le Gouvernement soudanais a annoncé la signature d’un accord de 224 millions de dollars E.-U. pour la construction d’une raffinerie d’une capacité de production de 10 000 tonnes de sucre et de 60 000 tonnes de mélasse. Les fonds seront consacrés à la promotion des petits et moyens cultivateurs de canne à sucre. La production du Swaziland devrait atteindre 662 000 tonnes et les chiffres ont été légèrement revus à la baisse au Zimbabwe, pour s’établir à 427 000 tonnes.

L’augmentation de la production avoisine 17 pour cent en Asie

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Dans les pays de l’Asie, les estimations tablent sur une production sucrière de 58,4 millions de tonnes, soit près de 17 pour cent de plus qu’en 2005/2006. Les producteurs de la région ont réagi à la hausse des cours internationaux, ce qui s’est traduit par une intensification importante de la production. Ainsi, la production de sucre a fortement augmenté dans la région l’an dernier: 30 pour cent de plus au Bangladesh, 38 pour cent de plus en Malaisie, 38 pour cent de plus en Thaïlande et 46 pour cent de plus au Viet Nam. En Inde, la production a atteint 25 millions de tonnes, ce qui représente 20 pour cent de plus que l'an dernier et un nouveau record. Pour soutenir l’industrie, la Commission électorale indienne a approuvé en avril 2007 la proposition du gouvernement d’établir des mesures d’incitation à l’exportation (produits contenant du sucre brut et raffiné) en faveur des raffineries les plus menacées par le fléchissement régulier des cours internationaux du sucre; cette décision, si elle est appliquée, pourrait se répercuter sur les prix et la dynamique des échanges durant le reste de la campagne de commercialisation. En raison d’une nouvelle expansion du secteur sucrier national en Chine, les estimations de la production sucrière ont été portées à 11,2 millions de tonnes pour 2006/2007, et le pays pourrait importer de moindres quantités cette année. Suite à une récolte moins abondante que prévu résultant d’un temps très sec, l’ Indonésie a annoncé qu’elle prévoyait d’importer 225 000 tonnes de sucre brut. Au Yémen, un groupe d’investisseurs nationaux, espagnols et libanais a annoncé un projet de construction d’une usine à Hadramout, qui aura une capacité de production de 600 000 tonnes par an.

La production de l’Union européenne accuse un repli de près de 16 pour cent

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La production de l’Union européenne devrait nettement reculer en 2006/2007 du fait de la mise en œuvre des réformes sucrières. Les estimations actuelles de la FAO chiffrent la production de l’UE (élargie à 25) à 17,1 millions de tonnes, soit environ 3,2 millions de tonnes ou presque 16 pour cent de moins qu’en 2005/2006, année précédant l’exécution de la réforme sucrière de l’UE. Même si la production a légèrement augmenté en Espagne, elle a fléchi partout ailleurs dans l’Union européenne. La Commission européenne a proposé de supprimer les tarifs et les quotas qui continuent de limiter l’accès des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) aux marchés de l’UE à partir de 2009 dans le cadre des négociations relatives aux Accords de partenariat économique. L’UE a également approuvé une réduction des tarifs d’importation sur le sucre brut pour les nouveaux États membres (Bulgarie et Roumanie) jusqu’en 2009.

Les estimations concernant la production en Fédération de Russie ont été relevées de 3,1 millions à 3,3 millions de tonnes, soit 22 pour cent de plus qu’en 2005/2006. Le gouvernement a annoncé que le droit d’importation actuel pour le sucre brut sera maintenu à 140 dollars E.-U. la tonne. Aux États-Unis, la production devrait croître de 15 pour cent pour s’établir à 7,5 millions de tonnes, dont 4,5 millions de tonnes de betterave sucrière et 3 millions de tonnes de canne. Les superficies cultivées en betterave sucrière ont régressé d’environ 5 pour cent par rapport à l'an dernier, les producteurs s'étant convertis à la culture du maïs, lorsque cela était possible, pour tirer avantage des prix attrayants et fermes ainsi que de la demande croissante d'éthanol. Du fait de la sécheresse en Australie, les estimations concernant la production sucrière ont été revues à la baisse de 15 pour cent pour être ramenées à 5,1 millions de tonnes pour 2006/2007. À Fidji, en revanche, la production de sucre a progressé de 25 pour cent par rapport à l'an dernier, conséquence des efforts du secteur sucrier, qui cherche à ajouter de la valeur en privilégiant éventuellement des reconversions vers des produits sucrants biologiques.

Tableau 9. Production et consommation mondiales de sucre ( en millions de tonnes, valeur du sucre brut)

  Production Consommation
  2005/2006
estimations
2006/2007
prévisions
2005/2006
estimations
2006/2007
prévisions
  
  En millions de tonnes, valeur du sucre brut
MONDE 151.9 159.2 148.9 152.3
Pays en développement 109.0 118.9 100.8 104.1
Pays développés 43.0 40.3 48.1 48.2
Asie50.058.465.967.8
Afrique9.910.514.615.3
Amérique latine et Caraïbes52.053.026.426.9
Amérique du Nord6.67.610.810.8
Europe26.824.129.729.8
Océanie6.65.61.51.6

UTILISATION

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Selon les estimations actuelles, la consommation mondiale de sucre s’élèvera à 152,3 millions de tonnes (valeur en sucre brut) en 2006/2007, ce qui représente 2,3 pour cent de plus que le niveau révisé de 148,9 millions de tonnes en 2005/2006. Tout en restant inférieure à la croissance annuelle à long terme, qui est en moyenne de 2,4 pour cent, l’évolution de la consommation mondiale est à nouveau positive depuis que les prix ont commencé à diminuer par rapport aux niveaux les plus hauts enregistrés en 25 ans qui ont prévalu l’an dernier. La FAO a révisé à la baisse d’environ 400 000 tonnes les estimations concernant l’utilisation de sucre dans les pays en développement qui devrait se chiffrer à 104,1 millions de tonnes, soit une augmentation absolue de 3,3 millions de tonnes ou 3,3 pour cent de plus que les estimations de l’année précédente, qui s'établissaient à 100,8 millions de tonnes.

La croissance en Asie continue de soutenir les estimations concernant l’utilisation mondiale

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Il est prévu que plus de 60 pour cent de l’expansion de l’utilisation de sucre dans les pays en développement se concentrera en Asie, ce qui est dû à l’association de plusieurs facteurs dont l’importance de la population, la forte demande de l’industrie alimentaire, notamment des secteurs de la boulangerie, de la pâtisserie et des boissons gazeuses non alcoolisées, ainsi que la croissance vigoureuse du PIB. La consommation apparente de sucre de l' Inde devrait passer à plus de 21 millions de tonnes afin de répondre à la croissance économique et au fléchissement des cours nationaux. En Chine, les niveaux de consommation intérieure de sucre devraient atteindre 13 millions de tonnes, en hausse de presque 2 pour cent par rapport à 2005/2006. La croissance démographique et l’utilisation accrue de sucre dans les aliments transformés continueront de soutenir la consommation apparente de sucre en Chine, second consommateur de sucre en Asie . En Indonésie, la consommation de sucre pourrait aussi augmenter pour passer à 4,3 millions de tonnes, du fait de la tendance à la hausse de la consommation des ménages et de la consommation industrielle apparente.

Dans les pays en développement d’ Afrique, la consommation de sucre est estimée à 9,7 millions de tonnes, soit près de 400 000 tonnes de plus que l’an dernier, ce qui résulte surtout de l’accroissement de la consommation en Égypte et au Soudan, induite en grande partie par la croissance démographique. En Amérique latine et aux Caraïbes, la consommation pourrait atteindre 26,9 millions de tonnes, même si l’on s’attend à un ralentissement de la croissance en raison de la saturation relative des marchés et, dans le cas du Mexique, de la concurrence d’autres édulcorants qui s’est intensifiée depuis que le gouvernement a supprimé la taxe de 20 pour cent sur les boissons contenant du sirop de maïs enrichi en fructose (HFCS). Des incertitudes continuent de régner quant à l’impact de la pleine application de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et la capacité de l’industrie à répondre à la demande intérieure tout en cherchant à gagner des parts de marché dans le reste de l’ Amérique du Nord lorsque les trois marchés de l’ALENA seront pleinement intégrés en 2008.

La consommation de sucre dans les pays développés pour l’année en cours ne devrait guère changer en raison de facteurs sous-jacents durables et à long terme: existence d’un marché complètement saturé, renforcement des préoccupations liées à l’alimentation et à la santé ou encore faible élasticité de la demande par rapport aux prix. La consommation des pays développés se maintiendra donc probablement à environ 48,1 millions de tonnes. La demande devrait stagner dans l’ UE (élargie à 25) et aux États-Unis, pour se situer respectivement à 17,9 millions et 9,5 millions de tonnes. De faibles augmentations sont prévues en Fédération de Russie où la croissance constante de l’utilisation industrielle devrait continuer de compenser plus que largement le repli de la consommation de sucre des ménages.

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