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LES CAPACITÉS ACTUELLES DE FORMATION DANS LE SECTEUR FORESTIER

Dans ce chapitre, nous allons procéder à un état de lieu des différentes structures concernées par la formation forestière. Il s'agit notamment des établissements d'enseignement forestier et des centres de formation professionnelle. Nous verrons aussi que la "formation sur le tas" est relativement importante. Ensuite, nous chercherons à savoir comment elles répondent aux besoins en formation identifiés. Nous décèlerons ainsi les forces et les faiblesses de ces structures de formation.

LES STRUCTURES DE FORMATION FORESTIÈRE

Les établissements d'enseignement forestier

Les établissements d'enseignement forestier sont installés dans chaque pays de la sous-région. Certains, datent de l'époque coloniale; au Gabon, par exemple, la formation du personnel forestier (boussoliers, topographe, abatteurs) sur le site occupé par l'ENEF remonte au début des années 1950. D'autres ont été créés au cours des années 1970 avec l'objectif de former localement les cadres du secteur du développement rural (cas de l'IDR au Congo, l'ISDR en RCA, etc.). D'une manière générale, on distingue trois catégories d'établissements d'enseignement forestier : les collèges et lycées techniques, les établissements de formation des techniciens des eaux et forêts et de faune, les établissements de formation supérieure13.

Les collèges et lycées techniques

Les collèges techniques accueillent les jeunes titulaires d'un certificat d'études primaires. Ils ont pour mission de les former en 4 ans. La formation est sanctionnée par l'obtention d'un Certificat d'Aptitude Professionnelle au Cameroun ou d'un Brevet de technicien de premier cycle dans les autres pays.

Les lycées techniques reçoivent les jeunes titulaires d'un brevet d'enseignement de premier cycle ou d'un Certificat d'Aptitude Professionnelle. La formation dure 3 ans. Elle est sanctionnée par l'obtention d'un Brevet de technicien ou d'un Baccalauréat d'enseignement technique.

Il a été constaté dans tous les pays, qu'il y a un intérêt graduel de la part des élèves et de leurs parents pour la formation technique. Cependant, les capacités d'accueil sont variables selon les pays. En dehors du Cameroun qui possède 24 lycées techniques et 42 collèges d'enseignement techniques, les autres pays ont un système éducatif qui est largement dominé par l'enseignement général.

La filière forêt et bois dans les collèges et lycées techniques comprend cinq spécialités: l'industrie du bois, l'exploitation forestière, la menuiserie et l'ébénisterie, la charpente, la scierie et l'affûtage. Toutefois, toutes ces spécialités ne sont pas représentées dans les programmes de formation de tous les collèges et lycées techniques. Au Cameroun, par exemple, le sciage et l'affûtage sont des spécialités réservées au Lycée technique de Nkongsamba qui dispose d'une structure de formation en sciage/affûtage héritée de l'Administration coloniale14. Par contre, la menuiserie est la spécialité la plus fréquente; tous collèges et lycées forment en menuiserie.

Les collèges et lycées techniques sont confrontés à plusieurs problèmes:

Les établissements de formation de techniciens forestiers

Dans cette catégorie, s'inscrivent les établissements qui ont pour objectif de former les cadres moyens de l'Administration forestière. Leur champ d'action couvre la formation initiale et la formation continue des agents de l'Administration forestière. Certains de ces établissements ont pour seule vocation la formation de techniciens forestiers ou techniciens de la faune ; il s'agit respectivement des écoles nationales des eaux et forêts et de l'école de faune de Garoua. D'autres, font de la foresterie, une filière parmi tant d'autres. C'est le cas des écoles techniques agricoles qui forment aussi bien les techniciens d'agriculture que les techniciens des eaux et forêts.

Les Écoles Nationales des Eaux et Forêts. La sous-région compte trois Écoles Nationales des Eaux et Forêts:

La formation dans les trois écoles est essentiellement focalisée sur la foresterie et les disciplines connexes. Elle est sanctionnée par le diplôme d'agents techniques des eaux et forêts et le diplôme de techniciens des eaux et forêts (BEPC + 3ans), le diplôme de techniciens supérieurs des eaux et forêts (Bac+ 2 ans) et le diplôme d'ingénieurs de techniques forestières (Bac + 3 ans).

L'École Nationale des Eaux et Forêts de Mossendjo (Congo) ne forme que les agents techniques et les techniciens des eaux et forêts. Elle est restée momentanément fermée pendant une dizaine d'années environ à cause de la situation de crise socio-politique que le Congo a traversé au cours des années 1990. L'établissement a repris timidement ses activités au cours de l'année 2002 dans un contexte caractérisé par un déficit en moyens tant techniques qu'humains pour réaliser ses objectifs (Nzala et Boukoulou, 2002).

D'une manière générale, les ENEF présentent plusieurs similitudes:

Les ENEF partagent aussi des problèmes communs:

Figure 1: Qualification des enseignants de l'ENEF de Mbalmayo en 1991 et en 2002 (Foudjet et al. 2002)

En perspective, les ENEF ont entrepris la révision de leur programme de formation avec l'objectif de répondre à la demande croissante en personnel qualifié dans le secteur privé et d'adapter la formation des futurs fonctionnaires aux nouvelles tâches des administrations forestières. Au Gabon, une étude stratégique sur la formation à l'ENEF a été réalisée en 2000. Au Cameroun, le processus a été initié par l'élaboration d'un cadre de référence pour la reforme des programmes de formation à l'ENEF de Mbalmayo (Août 2000).

L'École pour la formation de spécialistes de la faune. L'École de Faune de Garoua (Cameroun) est l'unique établissement qui a pour vocation de former les spécialistes de la faune dans la sous-région. Elle reçoit des stagiaires provenant de 22 pays d'Afrique: Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Congo, Côte d'Ivoire, Gabon, Guinée Conakry, Guinée Bissau, Madagascar, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Nigeria, République Démocratique du Congo, Rwanda, Sénégal, Tchad, Togo et Tunisie. L'école a formé aussi des élèves provenant d'Europe (Allemagne et France). La durée de la formation est de 2 ans. Elle délivre deux diplômes de spécialistes de la Faune: l'un pour le cycle B (Bac+2) et l'autre pour le cycle C (BEPC+2).

L'école organise aussi des stages de formation continue au bénéfice des anciens élèves qui sont en activité soit dans l'Administration forestière soit dans les projets de conservation-développement. Entre 1996 et 2002, des formations de courtes durées ont été assurées à la demande des ONG, des parcs nationaux du Sénégal et de la Guinée Conakry, et des anciens élèves sur les thèmes suivants: écotourisme et lutte contre la pauvreté, aires protégées transfrontalières et la paix, planification et interprétation dans les aires protégées.

La capacité d'accueil de l'école est d'environ une cinquantaine de stagiaires par promotion. Depuis sa création en 1970, 860 élèves dont 212 camerounais, répartis en cinq promotions, ont été formés. La proportion des stagiaires femmes est relativement faible; 44 femmes soit 5% de l'effectif total des stagiaires formés.

L'école bénéficie d'appuis multiformes de la part du Gouvernement Camerounais et des agences de coopération (France, Pays Bas, etc.). Ainsi, en terme d'équipement, l'école est assez bien outillée par rapport à la situation générale dans les établissements d'enseignement forestier de la sous-région. La seule préoccupation est surtout liée à l'acquisition des équipements de recherche.

En 2002, le personnel enseignant comprend 13 enseignants permanents et 8 enseignants vacataires. Cet effectif est resté plus ou moins stable depuis 1970. Le niveau de qualification des enseignants est variable; 1 seul enseignant est titulaire d'un diplôme de troisième cycle, 3 enseignants ont un niveau de deuxième cycle universitaire, 4 ont le niveau de premier cycle universitaire. Les autres enseignants sont titulaires d'un Bac (2) et d'un BEPC (3). D'une manière générale, le niveau de qualification du personnel enseignant est relativement bas. C'est d'ailleurs pour cette raison, que l'école cherche depuis quelques années à accroître le nombre d'enseignants titulaires de diplômes de deuxième et de troisième cycle universitaire. Les mêmes efforts sont réalisés en vue d'assurer le perfectionnement du personnel actuel.

Les écoles techniques agricoles. Les techniciens forestiers sont formés aussi dans certaines écoles d'agriculture. C'est le cas notamment du Collège Technique de Développement Rural (CTDR) de Grimari en RCA, de l'Institut Technique Agricole (ITA) de Bafwasende en RDC, de l'Institut Technique Agricole (ITA) de Seke-Banza en RDC, etc.

Dans ces établissements, la formation est organisée par option. Le CTDR propose trois options, à savoir l'agriculture - élevage, le génie rural et les eaux et forêts. Après une année de tronc commun, les élèves poursuivent la formation par option. Mahodé et Mvalé (2002) ont fait remarqué que le profil du forestier formé dans ces établissements se démarque nettement de celui du "forestier classique". Il s'agit d'un forestier de type agent de développement rural qui procède plus par la sensibilisation et la vulgarisation.

"...agent d'exécution, chargé non seulement de la sensibilisation de la population à tous les niveaux sur des thèmes comme la lutte contre les feux de brousse et la pollution des eaux, le déboisement anarchique, le braconnage, etc., mais aussi de la vulgarisation des techniques relatives aux diverses activités relevant du secteur des eaux et forêts comme la pisciculture, l'apprentissage à la population des techniques de pépinière et de plantation d'arbres".

Mahodé et Mvalé (2002)

Ces établissements sont confrontés à plusieurs problèmes communs:

Les établissements de formation supérieure

L'enseignement forestier dans les universités des différents pays d'Afrique centrale est surtout réalisé dans les facultés d'agronomie et les instituts spécialisés. Des formations post-universitaires sont organisées également dans certaines universités.

Les facultés et instituts d'agronomie. Cette catégorie comprend essentiellement les établissements d'enseignement supérieur spécialisés en agronomie ou en développement rural. Il s'agit notamment:

Dans ces établissements, la foresterie est une option au même titre que l'agronomie ou l'économie et la sociologie rurale, etc. Un Département de foresterie est chargé de coordonner les enseignements dans l'option foresterie. Dans la majorité de ces établissements, l'option foresterie est sanctionnée par un diplôme d'ingénieur de techniques forestières (Bac+3). Seule la FASA qui forme des ingénieurs des eaux, forêts et chasses de niveau Bac+5 et des techniciens supérieurs spécialisés en agroforesterie (Bac+2).

La formation est organisée par option. Après un tronc commun de durée variable en fonction du cycle (long ou court), les étudiants sont orientés dans diverses options. En foresterie, le profil de formation est orienté vers la formation des ingénieurs généralistes ou polyvalents en foresterie15 qui sont destinés surtout à servir dans l'Administration forestière.

Les capacités d'accueil sont variables. Si l'ISA ne peut accueillir qu'une vingtaine d'étudiants par an, l'IDR au Congo accueille près d'une centaine d'étudiants en dépit des problèmes d'infrastructures auxquels cet établissement est confronté. A l'exception de la FASA, il a été signalé que les problèmes d'infrastructures se posent avec acuité dans tous ces établissements. Les installations de l'IDR ont été saccagées à la suite des troubles politiques survenus à Brazzaville en 1997 et 1998. L'ISDR a été aussi victime de pillages en 2001 provoqués par des événements socio-politiques. La situation n'est pas différente à l'Institut Supérieur d'Études Agronomiques en RDC où Lubini et al. (2002) attirent l'attention sur la carence en équipement technique, logistique et didactique qui compromet considérablement la qualité de la formation.

Les programmes de formation n'ont pas été révisés régulièrement dans tous ces établissements. Au Burundi, Bigawa et Ndorere (2002) notent que seul le cours d'informatique a été récemment introduit dans le programme de l'ISA. Au Congo, par contre, les programmes de formation n'ont pas été actualisés depuis la création de l'IDR en 1975. La FASA a élaboré des nouveaux programmes de formation en juin 2001 qui ont été soumis à l'Administration de tutelle pour approbation. Cependant, la procédure d'approbation des nouveaux programmes de formation est assez lourde dans tous les pays de la sous-région, c'est pourquoi ces nouveaux programmes ne sont pas encore appliqués.

La formation est de type classique; elle comprend des cours théoriques, des travaux pratiques, des sorties pédagogiques et des stages de terrain. Les cours théoriques se font surtout d'une façon magistrale; les méthodes pédagogiques actives et interactives sont rarement utilisées. Les travaux pratiques et les sorties pédagogiques sont rares dans les établissements comme l'IDR qui n'a pas de laboratoire ou l'ISDR qui n'a qu'un seul bus de 12 places qui sert à la fois au transport des enseignants et aux sorties sur le terrain des étudiants (toute option confondue).

La documentation n'est pas suffisante dans tous les établissements. A l'ISDR, par exemple, le rayon foresterie de la bibliothèque ne compte qu'une cinquantaine de documents. D'une manière générale, les bibliothèques ne sont pas approvisionnées régulièrement. Le problème ne se pose pas uniquement en terme de ressources financières nécessaires pour faire face aux coûts des abonnements à des revues spécialisées. Il a été constaté que la majorité de ces établissements évolue dans une situation d'isolement notoire; par conséquent, ils ne figurent pas sur les listes de diffusion gratuite de documents produits par certaines institutions.

A cette situation, s'ajoute celui de l'accès aux informations scientifiques et techniques par Internet. Les équipements ne sont pas toujours disponibles. Certains établissements n'ont pas suffisamment d'ordinateurs; l'IDR, par exemple, ne dispose que deux ordinateurs pour l'ensemble des enseignants. D'autres, qui sont mieux équipés (FASA, par exemple) sont confrontés à des problèmes de connexion.

La situation du personnel enseignant est variable d'un établissement à un autre. Elle est critique dans certains établissements comme l'ISDR où deux enseignants seulement ont la charge de toute la formation en option foresterie. L'appui qu'ils reçoivent des enseignants vacataires n'est pas toujours à la hauteur des attentes, en raison des problèmes financiers.

Si les professeurs vacataires n'ont pas perçu les frais de vacation, ils manifestent leur mécontentement par le refus de dispenser les cours. Ce qui rend inévitablement élastique l'année scolaire

Mahodé et Mvalé, 2002

Dans certains établissements, les enseignants n'ont pas le niveau exigé. En RDC, par exemple, le Département de foresterie de l'Institut Supérieur d'Études Agronomiques souffre d'une carence de personnel académique de haut niveau: maîtrise et doctorat (Lubini et al., 2002).

D'autres établissements (FASA, IDR) sont mieux nantis sur le plan du personnel enseignant. La FASA, par exemple, compte 75 enseignants permanents pour 667 étudiants en 2002, soit une ration de 1 enseignant pour 9 élèves. Parmi les 75 enseignants, 3 sont professeurs de rang magistral, 8 sont maîtres de conférence, 38 sont maîtres assistants et 17 sont assistants. Toutefois, ces établissements sont confrontés fréquemment à des départs des enseignants vers d'autres secteurs d'activités plus rémunérateurs16.

Quoiqu'il en soit, les besoins en formation des enseignants ont été exprimés dans tous les établissements. Ces besoins sont surtout en rapport avec l'évolution des connaissances et des pratiques de gestion durable des écosystèmes forestiers.

Les formations post-universitaires. Dans la sous-région, trois institutions à vocation régionale organisent des formations post-universitaires. Il s'agit:

Ces formations spécialisées sont sanctionnées par un Diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS). Un cycle de doctorat (PhD) est aussi ouvert à l'ERAIFT.

L'ERAIFT est opérationnel depuis 1999 avec l'appui de l'UNESCO et du PNUD. La formation est essentiellement orientée vers l'aménagement et la gestion intégrés des forêts tropicales et le développement durable humain dans un contexte biophysique de qualité: respect de l'homme, respect de l'environnement, respect du futur. A cet effet, l'ERAIFT a adopté pour son enseignement, ses recherches et ses actions dans le milieu, l'approche systémique. Il s'agit de prendre en compte les territoires forestiers dans leur globalité et dans leur complexité en vue d'en utiliser les ressources de façon durable, tant dans l'intérêt et pour le bénéfice de la population, que pour assurer le maintien des systèmes entretenant la vie, la durabilité des processus écologiques essentiels et la protection de la biodiversité17.

L'école possède l'un des laboratoires cartographiques les plus modernes de la RDC. Il est équipé d'un appareillage permettant l'interprétation des images satellites et la numérisation. Par ailleurs, l'école contribue aux recherches dans la Réserve de la Biosphère de Luki. La majorité des travaux de recherche a été réalisé dans le cadre de stage de terrain et de travaux de thèse des étudiants.

L'école ne dispose pas cependant de professeurs permanents. Elle a recours aux professeurs visiteurs dont la majorité vient de l'étranger. Du fait de leur indisponibilité pendant des périodes assez longues, les étudiants éprouvent des difficultés quant à l'encadrement de leurs thèses. Par ailleurs, l'école connaît d'énormes difficultés de fonctionnement à cause des financements qui ne sont pas garantis. L'approche "projet" privilégiée depuis sa création, place l'ERAIFT dans une situation de dépendance vis-à-vis des donateurs.

Le CRESA Forêt-Bois est une composante d'un ensemble de 4 établissements, à savoir le CRESA de Ouagadougou au Burkina Faso, le CRESA de Rabat au Maroc et le CRESA de Niamey au Niger. La création des CRESA répond à la volonté des Chefs d'État et de Gouvernement ayant en commun l'usage du français de renforcer la coopération dans le domaine de la formation des cadres du développement rural. Les CRESA se positionnent ainsi comme des pôles d'excellence à vocation régionale.

Le CRESA FORET-BOIS a reçu la première promotion de stagiaires en octobre 1997. Après une formation de 15 mois (9 mois de cours et 6 mois de stage), les stagiaires obtiennent un diplôme de Master (ou DESS) de l'Université de Dschang. Les deux filières de formation sont:

L'équipement disponible est relativement suffisant, bien que des nouveaux besoins ont été exprimés. Le CRESA Forêt-Bois est parmi les rares établissements dans la sous-région qui dispose d'un bureau d'accès à Internet ouvert aux stagiaires.

Le personnel enseignant est limité à 3 enseignants permanents dont 1 Assistant, 1 Maître Assistant et 1 Professeur. Aussi, 80% des enseignements sont dispensés par des enseignants missionnaires (provenant de l'Afrique Centrale, de l'Afrique de l'Ouest et des Universités des pays occidentaux), des enseignants des autres universités camerounaises (universités d'états ou universités privées) et des vacataires de la filière Forêt-Bois au Cameroun.

Les stagiaires admis à suivre la formation, une vingtaine par année, viennent de 17 pays francophones d'Afrique: Cameroun, Gabon, République Centrafricaine, Tchad, Bénin, Togo, Côte d'Ivoire, Sénégal, Mali, Burkina Faso, Guinée, Mauritanie, Niger, République du Congo, Madagascar, Burundi et République Démocratique du Congo.

En plus de son activité classique, le CRESA Forêt - Bois participe de façon occasionnelle à l'organisation des stages de formation continue. Les premières actions de formation ont porté sur l'industrie du bois, notamment la formation des responsables de fabrication et / ou conducteurs de séchoirs18 en juin 2000 et mai 2001.

L'ENEF, en collaboration avec l'Association pour le Développement de l'Information Environnementale (ADIE), a ouvert en 2000, un cycle de DESS en Techniques et Méthodes de Gestion de l'Information Environnementale. Ce cycle, à vocation régionale, est placé sous la tutelle pédagogique de l'Université Omar Bongo. Il a été créé avec l'objectif de combler le déficit sur le marché de l'emploi en :

La formation a une durée de 12 mois. Elle est payante; les frais de scolarité s'élèvent à 3.000.000 FCFA. Elle est organisée en trois parties. La première constitue le tronc commun d'enseignement. La deuxième partie dite de spécialisation offre trois options et la troisième partie qui est le stage professionnel en entreprise. Les trois options sont : traitement numérique de l'information géographique, études d'impacts environnementaux et économie forestière. Chaque promotion comprend une vingtaine d'étudiants provenant de cursus divers tels que l'agronomie, la foresterie, la géographie, l'hydrologie, le droit et l'économie, etc.

Les Centres de formation continue

La Formation continue renvoie à des stages de perfectionnement de durée variable. Les stages de longue durée (9 mois au moins) se déroulent très souvent dans les établissements d'enseignement forestier. Les formations de courte durée sont réalisées soit sous forme de session de formation spécialisée soit dans le cadre des séminaires, ateliers et voyages d'études.

Les Centres de formation continue spécialisés en foresterie sont relativement peu nombreux dans la sous-région. Les structures actuellement fonctionnelles ont été créées dans le cadre des projets de conservation. C'est le cas, par exemple, du Centre de formation et de recherche en conservation forestière dans la réserve de faune à Okapi (RDC) et du Centre de formation de Somalomo dans la Réserve du Dja au Cameroun qui fait partie du Programme ECOFAC. Ces Centres fonctionnent plus comme des structures d'accueil. Un nouveau Centre de formation est en construction dans la réserve de la Lopé (Gabon) avec l'appui du WCS.

Les actions de formation sont aussi organisées par les projets. Certains agissent dans le cadre de la capitalisation des expériences. C'est le cas du projet FORAFRI qui a eu à organiser des sessions de formation en aménagement forestier au bénéfice du personnel des administrations forestières en 1997 ou sur la rédaction des propositions de projet de recherche en 2001. On peut citer aussi le Projet de cogestion des ressources naturelles dans le Bassin du Congo (GTZ & UICN) qui a organisé des ateliers de formation des formateurs en gestion participative.

D'autres projets interviennent dans ce domaine avec l'objectif de renforcer les compétences, en général. Dans ce cas de figure, on peut distinguer les projets qui privilégient une thématique particulière (par exemple, le projet de cogestion ou le projet de développement de la foresterie communautaire au Cameroun) de ceux qui définissent les thèmes de formation en fonction de la demande. A titre d'illustration, on peut citer ici, le projet d'appui à la CEFDHAC qui a organisé des ateliers de formation respectivement sur la gestion des conflits liés aux écosystèmes forestiers, la gouvernance environnementale, la domestication des plantes sauvages, la gestion des projets forestiers, etc.

Le secteur privé, à travers les différents Syndicats (IFIA, ATIBT, etc.), interviennent aussi dans la formation continue. Ces dernières années, des actions de formation ont été organisées avec l'appui des bureaux d'études spécialisés. C'est le cas, par exemple, des formations animées par Stratégies bois (avec l'appui du CDE) sur l'affûtage, le séchage, etc.

Les réseaux figurent aussi parmi les acteurs concernés par la formation continue. Le réseau ANAFE, par exemple, à contribué à la formation en agroforesterie. Le RIFFEAC aussi s'investit dans le renforcement des capacités des enseignants des écoles forestières de la sous-région.

Le nombre d'acteurs intéressés par les actions de formation continue va s'accroître. Parmi les nouvelles initiatives d'envergure au niveau sous-régional, on peut noter le projet OIBT sur l'exploitation à faible impact, le projet formation recherche promu par la Coopération Française, le projet Makokou mis en œuvre par le CIFOR, etc.

Il a été constaté que les initiatives qui contribuent à la formation continue sont nombreuses. Mais, elles émergent souvent de façon isolée, sans réelle synergie entre elles, occasionnant parfois des duplications.

La formation sur le tas

La formation sur le tas correspond à une situation d'apprentissage en usine ou sur le chantier. En l'absence d'ouvriers qualifiés formés dans les écoles forestières, les entreprises procèdent par la formation sur le tas. En pratique, l'ouvrier qualifié assure le rôle du maître et les jeunes apprentis sont les aides (exemple, aide conducteur).

Cette pratique est courante dans l'exploitation forestière et l'industrie du bois. Les prospecteurs, les abatteurs, les conducteurs d'engins, les mécaniciens, les affûteurs, etc. sont formés sur le chantier.

Il est apparu que la formation sur le tas, si elle permet de remédier à un besoin non satisfait par la formation classique, reste cependant très insuffisante. Nzala et Boukoulou (2002) ont fait remarquer que le manque de connaissance de base théorique ouvre peu de possibilités aux agents formés sur le tas d'améliorer leurs propres performances et surtout de faire face aux nouvelles technologies. En conséquence, l'activité au sein de l'entreprise reste empirique et ne permet pas de réels progrès internes et externes.

Dans ce contexte, il est opportun de donner un nouveau sens à l'apprentissage. Il s'agit d'aller au delà de la formation sur le tas, en mettant en place dans l'entreprise comme dans l'administration forestière des conditions qui permettent au personnel d'apprendre sur la base des erreurs et des succès, et donc d'acquérir des capacités d'adaptation à l'évolution des pratiques. Cette direction élargie le champ de l'apprentissage à tout le personnel.

Les limites de la formation sur le tas soulèvent les problèmes causés par la mission assignée aux écoles forestières, celle de former les fonctionnaires. Il est donc opportun de repenser l'enseignement forestier, en général.

ÉVALUATION DES CAPACITÉS DE FORMATION FORESTIÈRE

Il a été démontré précédemment que la sous-région n'est pas aussi dépourvue en structures de formation forestière que cela peut apparaître à la lecture des besoins en formation. A ce stade de la réflexion, une interrogation demeure en suspend. Est-que les structures de formation sont en mesure de faire face aux besoins en formation identifiés? Trois axes ont été explorés pour rechercher les éléments de réponse à cette question : les programmes de formation, la réalisation des programmes de formation et l'infrastructure.

Les programmes de formation actuels sont-ils adaptés?

Les programmes de formation forestière sont très hétérogènes. Il en est de même pour les mandats assignés aux structures de formation. La réponse à la question de savoir si les programmes de formation sont adaptés au contexte actuel, devrait donc être relativisée.

Les établissements d'enseignements forestiers partagent entre eux plusieurs caractéristiques. Les formations post-doctorales, par contre, constituent une catégorie particulière. D'abord, parce qu'elles ont été instituées récemment, ensuite parce que leur mission a été définie pour répondre à certains besoins en formation qui sont encore d'actualité.

D'une manière générale, les établissements d'enseignement forestier font l'objet de nombreuses critiques. Le secteur privé n'y trouve pas son compte, le profil d'agents formés a été façonné pour répondre principalement aux besoins en personnel des administrations forestières. Il est également reproché aux écoles forestières, de poursuivre la formation de forestiers ayant un profil des années 80 alors que les politiques forestières et les pratiques ont évolué considérablement. Parallèlement, les programmes de formation comportent une grande diversité de matières ou de cours19. Une adaptation du contenu de ces cours par les enseignants résoudrait en partie le problème. Mais pourquoi ces contre-performances perdurent? Les éléments d'explication peuvent être observés à deux niveaux.

Le premier est celui des politiques de formation, en général. En effet, ce sont ces politiques qui devraient guider la révision des programmes de formation forestière en tenant compte de l'évolution des préoccupations économiques et sociales. Dans tous les pays de la sous-région, des grandes réformes ont été réalisées au cours de ces vingt dernières années; parmi les plus importantes, on peut citer la redéfinition du rôle de l'État. Cependant, cette dynamique n'a eu que peu d'impact au niveau de la formation forestière; les programmes de formation n'ont pas été révisés pour adapter les qualifications. A cela, s'ajoutent les procédures administratives qui alourdissent le processus de révision des programmes de formation, l'allocation des ressources nationales aux écoles forestières qui est encore à un niveau relativement bas.

Au delà des procédures administratives et de la volonté politique, des questions de stratégie ont été soulevées en rapport notamment avec le profil du forestier d'aujourd'hui ou de demain. Faudrait-il encore des forestiers généralistes? Peut-on envisager un nouveau profil de forestiers spécialisés pour répondre aux demandes spécifiques exprimées par le secteur privé, les ONG et l'administration forestière? Face à l'épineux problème du chômage, comment rendre le "forestier" capable de s'auto employer? Comment adapter les programmes de formation tout en veillant à l'identité du "corps des forestiers20"?

Le deuxième niveau se rapporte au personnel enseignant et à cette image de l'accommodation avec des programmes de formation reconnus "caduques" qu'il reflète, d'une manière générale. En pratique, les cours sont rarement mis à jour, bien que les enseignants aient l'obligation d'intégrer les connaissances et les pratiques nouvelles dans leurs enseignements. Les raisons invoquées sont liées aux difficultés rencontrées pour accéder à ces connaissances et pratiques nouvelles. Les aspects logistiques (documentation et connexion Internet, notamment) et de formation continue ont été mis en avant. Les besoins en formation qui se dégagent se recoupent avec ceux identifiés précédemment au niveau des différents domaines thématiques.

Le déficit de compétences touche aussi les aspects liés à la conception des programmes de formation et à la mise à jour des cours. Beaucoup d'enseignants des écoles forestières ont cité le suivi et l'évaluation des programmes de formation parmi les besoins en formation prioritaires. En accédant aux outils de suivi et d'évaluation, ils estiment qu'ils seront capables de mettre à jour les cours sur la base de leur propre expérience et des leçons apprises.

Enfin, il est apparu aussi que les écoles forestières sont dans une situation d'isolement qui ne favorise pas les échanges avec les "clients" (secteur privé, administration) sur la qualité du produit recherché sur le marché de l'emploi. En l'absence d'un cadre de concertation entre les écoles forestières et les acteurs du secteur forestier, y compris les anciens étudiants, il est assez difficile pour les enseignants de mettre en cause les enseignements et de les adapter aux attentes des partenaires.

En définitive, l'adaptation des programmes de formation au contexte actuel de la gestion durable des écosystèmes forestiers en Afrique centrale est un problème complexe. Une mobilisation générale de tous les acteurs du développement forestier est nécessaire pour prétendre mettre en place une nouvelle stratégie de l'enseignement forestier. Celle-ci devrait servir de cadre général de référence pour réviser les programmes de formation et les mettre en cohérence au niveau sous-régional. Il a été convenu pendant l'atelier de planification des activités du RIFFEAC (avril, 2002), que cette mise en cohérence des programmes de formation est indispensable pour favoriser le développement des cursus que les étudiants peuvent commencer dans une école forestière et terminer dans une autre.

Les méthodes pédagogiques sont-elles appropriées?

La manière de transmettre le contenu d'une formation aux étudiants est assez différente entre les établissements d'enseignement forestier et les formations professionnelles de courte durée qui sont généralement organisées par les projets.

L'examen des méthodes, techniques et outils pédagogiques au niveau des établissements d'enseignement forestier, a permis de noter que:

Il découle de ces observations que les méthodes et techniques pédagogiques font partie des besoins en formation prioritaires au niveau des enseignants.

Dans les formations professionnelles de courte durée, la formation par objectifs est le système le plus utilisé. Le but et les objectifs de la formation sont généralement fixés de commun accord entre le formateur, les organisateurs et parfois les bénéficiaires. Le formateur procède par des méthodes actives et participatives. Certaines de ces formation sont ponctuelles. D'autres s'inscrivent dans un processus d'apprentissage de groupe organisé en une série d'ateliers sur un à trois ans22.

Les infrastructures, permettent-elles de réaliser convenablement la formation?

La question des infrastructures renvoie essentiellement aux capacités d'accueil (bâtiments); à l'équipement (y compris le matériel didactique) et à la bibliothèque.

Les capacités d'accueil sont variables d'un établissement à un autre. La situation est déplorable dans quelques établissements seulement. Le cas le plus frappant est celui de l'IDR au Congo qui après un déménagement forcé a été obligé de "squatter" dans les bâtiments d'une autre institution universitaire. Sur ce nouveau site, les capacités d'accueil sont très limitées.

Le niveau d'équipement est aussi variable. D'une manière générale, l'équipement dans les ateliers et les laboratoires est obsolescent ou hors d'usage. Les mesures d'entretien ne sont pas toujours respectées. Faute de budgets suffisants, les étudiants sont ainsi formés avec un équipement reformé. La formation devient plus théorique que pratique.

A l'exception de la FASA, le CRESA, l'École de faune de Garoua et l'ENEF-Gabon, les bibliothèques sont presque vides dans la majorité des écoles forestières. Les titres en place ne sont pas toujours récents. Les acquisitions nouvelles se comptent au bout des doigts. L'accès aux informations par Internet fait encore partie des fantasmes; seul le CRESA offre aux stagiaires l'infrastructure de base nécessaire pour accéder aux informations sur Internet.


13 Des tableaux de synthèse sur la situation actuelle des structures de formation sont en Annexes (1 à 13).

14 La structure de sciage/affûtage de Nkongsamba existe depuis les années 40. En 1949, elle a obtenu le statut de Centre d'apprentissage de Nkongsamba. A partir de 1961, elle est devenue un collège d'enseignement technique et depuis 1990, elle a été intégrée au lycée technique de Nkongsamba (Foudjet et al. 2002).

15 Au Burundi, les étudiants de l'ISA, après leur formation, sont généralistes en Génie rural et foresterie.

16 Les départs s'expliquent soit parce que les enseignants sont peu motivés à cause du niveau des salaires ou de la régularité dans le paiement de ces salaires (à ce jour, les enseignants de l'ISDR ont totalisé 36 mois d'arriérés de salaire) soit parce qu'ils aspirent à faire carrière dans les institutions régionales ou internationales.

17 Cf. le Répertoire des cours et des activités de l'ERAIFT préparé par l'UNESCO, PNUD et le Programme sur l'Homme et la Biosphère (MAB), p.7.

18 Formation organisée avec l'appui du CDE.

19 Constat fait aussi dans le cadre de l'étude stratégique sur la formation à l'ENEF (2001)

20 Beaucoup de forestiers manifestent de la crainte sur ce sujet. Ils ne souhaitent pas aller vers des réformes qui conduiront à une foresterie diluée dans le développement rural ou l'agronomie et donc à la perte d'une identité qui fait encore la fierté de la foresterie traditionnelle.

21 Cf. Atelier de formation des formateurs en cogestion des ressources naturelles, Cap Estérias, Nov. 2000.

22 C'est le cas, par exemple, du processus d'apprentissage collectif en cogestion qui concerne le personnel en activité dans une dizaine de projets de gestion des aires protégées au Cameroun, au Congo et en RCA.

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