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Cinquième partie: cas particuliers et experimentaux


Cas particuliers
Expérimentations


Cas particuliers


Pratique de l'essartage
Feux sauvages en région méditerranéenne

Pratique de l'essartage

La culture itinérante en zone plus ou moins boisée table sur deux principes de base: la production de cendres fertilisantes et le rétablissement de la fertilité du sol par la jachère forestière. Elle a créé, en région tropicale, un nouvel équilibre écologique succédant à celui de la forêt climacique. Cet état secondaire se dégrade, à son tour, depuis que la pression de l'agriculture réduit dangereusement la durée de reconstitution par la jachère.

Dans la plupart des régions, la végétation ligneuse est abattue, grossièrement débitée, mise en tas et incinérée sur place, en fin de saison sèche. Sitôt après, avant que le vent les ait dispersées, les cendres sont mélangées à la terre superficielle et aux mottes de gazon, elles aussi incinérées, arrachées et retournées. L'essartage est donc combiné à l'écobuage, ce dernier nom étant souvent utilisé pour désigner l'ensemble. Sur bon sol, le Rouage puis la culture se font en plein sinon le peu de terre arable est rassemblée en buttes plus ou moins hautes et distantes. Certaines cultures, dont celle de l'igname, exigent une préparation particulière du sol.

Comme le montre la figure 31, pour disposer de plus de cendre, le bois coupé est parfois regroupé sur une superficie moindre que celle qui l'a produit. C'est le système souvent utilisé en zone zambézienne et connu sous le nom de chitimene en Zambie et au Shaba (Zaïre). Le rapport entre les superficies dépend de la richesse de la végétation ligneuse. Eventuellement, toute la surface déboisée est mise en culture.

Dans une région heureusement peu étendue du nord du Bénin, nous avons été témoin d'une technique de défrichement beaucoup plus brutale. Le bois coupé est amassé sur les souches et au pied des arbres non coupés afin de faire périr tous les sujets ligneux. Ainsi la jachère forestière ne peut se reconstituer qu'à partir de rares brins de semis et non par rejet des souches. Les autorités devraient user de toute leur influence pour que cesse une telle pratique qui n'offre aucun avantage en compensation du tort considérable qu'elle cause au sol et à son couvert végétal. En effet, les souches vivantes n'exercent pratiquement aucune concurrence vis-à-vis de la culture agricole puisqu'elle n'émettent de rejets de quelque dimension qu'après plusieurs années, lorsque le champ est abandonné par l'agriculteur.

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Pour raison de facilité, les arbres sont souvent abattus assez haut, entre 0,50 et I m du sol. Lorsqu'il s'agit d'anciennes jachères, les troncs montrent la trace de plusieurs coupes successives, chacune ayant été faite à une vingtaine de centimètres au-dessus de la précédente. Si une telle habitude empêche l'enracinement individuel des rejets et, par là, un rajeunissement périodique de l'arbre, elle assure une meilleure protection des rejets contre les feux violents qui peuvent parcourir la jachère.

En région zambézienne, le cultivateur coupe généralement la totalité des arbres tandis qu'en zones soudanienne et sahélienne, quelques espèces utiles sont, le plus souvent, préservées pour assurer la récolte de leurs fruits ou de leurs feuilles. Selon les climats, les espèces ainsi préservées sont principalement le baobab (Adansonia digitata), le rônier (Borassus aethiopum ou Hyphaene), le palmier à huile (Elaeis guineensis), le néré (Parkia biglobosa), le karité (Vitellaria paradoxa) ou encore Acacia albida qui perd ses feuilles durant la saison des pluies et n'oppose donc aucune entrave à la culture mais enrichit le sol en azote et offre fruits, feuillage et ombrage aux troupeaux, en saison sèche.

Feux sauvages en région méditerranéenne

La prévention contre les feux sauvages et, trop souvent, criminels, en région méditerranéenne, sort quelque peu du cadre de cette étude. Toutefois l'expérience acquise en Afrique tropicale peut aider dans la recherche d'un moyen efficace de lutte contre l'extension du fléau qu'ils répresentent actuellement.

Comme souvent, la lutte préventive peut s'avérer être la méthode la plus sûre, la moins coûteuse et offrant le moins de risques malgré ou à cause des moyens gigantesques consacrés à la lutte directe durant les étés chauds et venteux.

La première précaution qui s'impose est de revoir la nature même à donner aux peuplements. Les pins semblent être les seules espèces considérées comme bien adaptées aux sols et au climat locaux tout en présentant une valeur marchande suffisante. Le chêne-liège, souvent mieux à sa place écologiquement, a beaucoup perdu de son intérêt économique. Si l'on veut procéder à des boisements de rapport, il faudrait rechercher des essences résistant relativement bien au feu, tout au moins léger. Selon la situation et l'objectif principal, économique, écologique ou ornemental, il faudrait tester d'autres espèces de pins, retourner au chêne-liège ou recourir à d'autres espèces du genre, planter des chataîgners résistants à la maladie de l'encre, rechercher les espèces ou des hybrides d'eucalyptus, etc.

Quant au nettoyage manuel ou mécanisé des sous-bois, souvent préconisé comme moins onéreux que la destruction par le feu, il résoud difficilement le problème de l'élimination des broussailles coupées qui, laissées sur le site, constituent un abondant combustible de choix.

La pratique du feu contrôlé, allumé à la descente et par temps calme, en hiver ou au début du printemps, mérite certainement d'être essayée à titre expérimental, sur petites parcelles et en situations variées. Comme lors de l'aménagement des plantations, en Afrique tropicale, c'est la première mise à feu qui est la plus délicate. Une fois réussie, les suivantes sont nettement plus faciles et font courir moins de risque tandis que le personnel qui en est chargé gagne en expérience.

Du point de vue écologique, une transformation du couvert et du milieu en général est à prévoir: élimination progressive des espèces les plus sensibles au feu au profit de l'extension et même de l'introduction naturelle des pyrorésistantes. De xérophile, la végétation deviendra davantage pyrophile tandis qu'un nouvel équilibre se créera qui s'accomodera d'un brûlage léger et annuel.

Si une telle mesure ne supprime pas tout risque d'incendie estival, elle en réduira la fréquence et l'extension. Elle facilitera surtout la lutte directe. Face à l'afflux des touristes et aux instincts incendiaires de certains, la protection absolue contre le feu devient souvent utopique et dangereuse. Aussi le recours au feu précoce ne serait-il pas le moindre mal?


Expérimentations


Essai de combustibilité
Essai de brûlage en forêt claire et savane
Essai sylvopastoral
Extension de la forêt dense
Surveillance continue
Conclusion générale


De nombreuses expérimentations et mesures ont déjà porté sur les feux de brousse. Si la présente étude n'en rapporte que quelques-unes, ce n'est certes pas par manque d'intérêt des autres. On pourrait donc croire superflu de reprendre encore des essais. Toutefois, lorsqu'on en a l'occasion, il n'est pas inutile d'établir quelques parcelles expérimentales afin de disposer d'éléments tangibles pour convaincre les autorités et la population de l'intérêt qu'il y a d'adopter un réel plan d'aménagement du territoire où le brûlage précoce joue un rôle de premier plan.

Indépendamment de leur valeur démonstrative, ces essais peuvent être l'objet de recherches plus poussées telles que les étudiants doivent en réaliser au cours de leur formation.

Selon les superficies disponibles, la plupart des essais se font en situation homogène, avec ou sans répétition, en parcelles de 0,25 à I hectare, rectangulaires. Leur plus grande longueur est orientée dans les sens des vents dominants de saison sèche ou selon la plus forte pente du terrain si celle-ci est prononcée. Les parcelles élémentaires sont séparées par des pare-feu de 3 m de largeur au moins, soigneusement désherbées et incinérées dès le début de la saison sèche.

Afin d'établir un dossier convaincant, un inventaire complet de la strate ligneuse se fait avant le début de l'essai puis régulièrement, tous les un à trois ans, à la même époque. Il renseigne sur l'espèce, le nombre de sujets, la circonférence à hauteur d'homme des arbres et arbustes. En cas de fourche basse, on peut décider de ne retenir que la tige la plus grosse ou de tenir compte de toutes les branches afin de pouvoir établir une surface terrière du peuplement. Pour les semis et rejets de souche plus petits, on note leur hauteur, leur circonférence à la base, en ayant soin de regrouper les différentes tiges d'une même cépée.

En région d'élevage, des carrés permanents bien délimités servent à suivre l'évolution quantitative et qualitative de la strate herbacée.

Le dossier sera complété par une série de photographies générales et de détail prises dans les mêmes conditions et à époque semblable qui permettront donc de suivre l'évolution des peuplements.

Essai de combustibilité

Au cours de œs essais, on met souvent en parallèle la combustibilité moyenne de la strate herbacée avec la date ou l'indice de sécheresse du sol correspondant, la force du vent, la température et l'humidité relative de l'air, de degré de dessication du végétal, etc. Et on se contente de mesurer le pourœntage de masse végétale ou de superficie incinérées, la couleur et l'obliquité des flammes, éventuellement la température atteinte à divers niveaux, etc., en fonction des dates et heures de mise à feu. On peut se contenter de petites parcelles, de 10 x 30 m, par exemple.

Au lieu de cet essai classique, on peut se limiter à quelques brûlages effectués à 12-14 heures et à 16-17 heures, aux dates de début et fin de la période officielle des feux précoces et à quelques dates intermédiaires.

Les évaluations à faire sont:

* l'estimation de la violence et de l'efficacité du feu aux deux dates limites légales et les éventuelles corrections à y apporter;

* l'effet des divers facteurs sur la violence de l'incendie: date, heure, vent, température et sécheresse de l'air, fanaison des herbes, etc.;

* l'exactitude du schéma théorique de la figure 21;

* l'état des bourgeons de remplacement et des souches cespiteuses des herbes vivaces, la repousse herbeuse, le degré d'élimination des vieilles herbes, etc.;

* les dégâts occasionnés aux ligneux, la rapidité et la vigueur de leurs rejets, etc.

Ce sont donc les observations faites quelques jours après le passage du feu qui sont les plus utiles et que le forestier commentera devant les responsables locaux, en particulier, les membres des comités de lutte contre les feux de brousse et les responsables de l'élevage. L'essai peut être utile pour se familiariser avec les divers types de brûlage et en vérifier les effets sur les herbages.

Essai de brûlage en forêt claire et savane

Cet essai très classique a pour but de mesurer l'effet, après plusieurs années, du brûlage précoce, du feu tardif et de protection absolue sur divers types de peuplements. Il peut aussi s'appliquer aux jachères forestières et aux anciennes coupes, même pratiquées dans les plantations.

L'inventaire périodique et la confection d'un dossier photographique sont particulièrement importants comme documents didactiques car on connait les résultats globaux, à l'avance. L'objectif est donc de convaincre ceux qui douteraient encore des avantages du feu précoce contrôlé.

C'est pourquoi, il est préférable de réduire le nombre de répétitions et la superficie des parcelles élémentaires mais de reproduire l'essai dans des types de peuplements différents et dans des localités distinctes afin de toucher davantage de visiteurs.

Les parcelles mesurent généralement un hectare mais on peut en réduire les dimensions à 50 x 100 m et même 25 x 50 m. Si on dispose de peu de place, on traite une seule parcelle par brûlage précoce et par feu tardif tandis qu'on en réserve 3 ou 4 pour la protection absolue. Celles-ci sont soigneusement isolées par des pare-feu efficaces et on évite qu'elles voisinent avec le brûlage tardif.

Lors de l'inventaire des parœlles protégées ou brûlées précocement, il faut bien noter l'évolution des cépées pour y observer la sélection entre rejets (voir figure 20). Ce sera d'ailleurs l'objet principal de l'essai conduit en ancienne coupe.

Pour être réellement nuisible, le feu tardif sera allumé après la reprise générale de la végétation, lorsque plusieurs espèces ligneuses portent déjà leur nouvelle feuillaison. C'est en la détruisant que le brûlage tardif épuise l'arbre et finit par le tuer.

En zone pastorale, une répétition supplémentaire est prévue pour comparer l'effet du pâturage. On doit alors tenir compte de l'évolution de la strate herbeuse, de l'encombrement par les vieilles herbes non brûlées et mal appréciées par le bétail, de l'effet du feu sur les sauterelles et autres herbivores parasites, de la repousse, du broutement des jeunes pousses ligneuses, etc. L'établissement de carrés permanents permet de suivre l'évolution de l'occupation par les diverses espèces d'herbes et rejets ligneux, l'éventuelle transformation en steppe, etc. Un agrostologiste traduira ces données quantitatives et valeurs qualitatives.

Il est suggéré de multiplier les parcelles en protection intégrale (avec ou sans pâturage) d'abord pour éviter que l'unique parcelle réservée à ce traitement ne soit incendiée accidentellement. Si l'essai ne connait pas d'échec, après plusieurs années de protection réussie, on pourra sacrifier une d'elles afin d'en décrire l'évolution regressive due à l'action du feu. Après un inventaire détaillé et la prise de plusieurs photographies, on invite les autorités et les responsables locaux à assister à l'incendie tardif et violent de la parcelle. Puis, quelques temps après, on leur demande de revenir pour se rendre compte des dégâts subis et de comparer l'état avec celui précédant le feu. Cinq années de protection suffisent généralement pour que l'effet soit spectaculaire.

Essai sylvopastoral

Dans l'essai précèdent, l'effet du traitement par le feu est observé surtout sur le matériau ligneux. Ici, c'est le pâturage herbeux et ligneux qui est pris en considération.

Les parcelles sont clôturées et pâturées, en saison des pluies, à raison de trois passages d'un nombre de vaches en rapport avec leur étendue. En saison sèche, elles sont brûlées relativement tôt, d'autres plus tard et les dernières sont protégées du feu.

L'inventaire forestier n'est pas inutile mais secondaire surtout s'il s'agit d'une savane peu boisée. Par contre, il est plus intéressant de suivre le recrû dans des placettes fixes. Elles sont délimitées, par exemple, par un rayon de 10 ou 20 m autour d'un piquet ou d'un arbuste. Des carrés permanents plus petits (de 2 m de côté) sont régulièrement inventoriés pour juger de l'évolution quantitative et qualitative de la strate herbacée.

D'autres placettes, mobiles cette fois, sont fauchées à même époque au début de la saison sèche. L'herbe récoltée, éventuellement répartie en catégories de valeur alimentaire et en herbes fraîches et vieilles est pesée et ramenée à son poids sec. L'appétabilité de l'herbage est établie en questionnant l'éleveur ou en observant le bétail.

Extension de la forêt dense

Lorsqu'il existe encore des massifs de forêt dense, il est intéressant d'observer leur extension à l'abri du feu. Ce sont souvent des galeries forestières liées à une humidité du sol constante. Mais il existe souvent en bordure, une frange plus ou moins continue de peuplement climacique surtout si les berges se relèvent quelque peu. Ses éléments peuvent alors s'imposer sur des sols plus secs. De même, en forêt claire et savane boisée voisines, peu dégradées et d'installation relativement récente, il subsiste souvent quelques grands arbres ayant appartenu au massif dense et des groupes d'arbustes et lianes pionniers constituant généralement la lisière de la forêt-climax.

La protection d'un tel secteur contre les feux violents grâce à un brûlage très précoce et bien conduit, doit déclencher une reforestation rapide. A titre d'exemple, la figure 32 reprend le plan de la forêt-galerie de l'Arami, près de Bassila dans le nord du Bénin, qui fait l'objet d'un essai de protection, pour une petite partie. Sa végétation fut succinctement décrite plus haut.

Figure 32 - Essai de mise en protection d'une forêt dense en vue de son extension naturelle; forêt de l'Arimi, Bassila, Nord Bénin

Traitement

Si les terrains boisés de la bordure sud du peuplement sont disponibles et que l'on peut en interdire l'accès ou, tout au moins, les défrichements, il est aisé d'y prévoir une expérimentation de longue durée.

Le long de la piste carrossable 4 et des deux sentiers pare-feu 1 et 2, le feu précoce est allumé des deux côtés, par temps calme ou vent soufflant vers l'extérieur, donc le sud-ouest. Vers l'intérieur des zones 5 et 6, le feu doit s'éteindre, de lui-même, dès qu'il atteint les secteurs quelque peu influencés par le massif dense.

Quant au pare-feu 3, si la chose est jugée réalisable sans trop de risque, il sert de base à un feu progressant uniquement vers l'extérieur. La zone 7 est donc protégée intégralement contre l'incendie et, bien entendu, de toute autre atteinte. Pour mieux faire respecter cette intégrité, le pare-feu est utilement doublé d'un rideau biologique faisant office de limite et de coupe-feu.

Observations

Dans les secteurs 5 et 6, les observations principales portent sur la progression de la lisière de la forêt dense et son mode d'envahissement et de maîtrise du peuplement ouvert. Pour ce faire, un certain nombre de cheminements perpendiculaires à la lisière sont matérialisés, sur le terrain par une série de piquets. A partir d'un point zéro, le forestier note périodiquement (tous les un ou deux ans, à même époque) les divers éléments de la végétation forestière qu'il rencontre dans une bande large de 5 ou 10 m de part et d'autre de l'axe. Les sujets individuels sont représentés par un point ou une croix tandis que les stations plus étendues sont reportées à l'échelle du relevé. Ce report sur papier transparent facilite la comparaison par simple superposition des schémas successifs. Si le forestier ne connait pas l'identité de chaque espèce, il peut cependant distinguer facilement celles appartenant à la végétation fermée et celle de la forêt claire et de la savane. Pour cela, il observe d'abord attentivement la composition de la forêt dense d'où part le cheminement. Dans le plan de la figure 32, les axes d'inventaire sont distants de 150 m mais ils peuvent être plus rapprochés.

Dans le secteur 7 mis en protection absolue, les cheminements sont remplacés par des placettes circulaires (de 50 m de diamètre, sur le plan) dont l'inventaire se fait à la manière des carrés permanents.

En zone 8, ancienne culture agricole, l'extension du peuplement dense voisin est également suivie, soit par inventaire le long de transect soit par relevé de placettes fixes.

Telle que décrite, l'expérience occupe un vaste terrain et réclame des soins spéciaux de traitement et de surveillance. Pour la rentabiliser pleinement, après que le processus de reforestation sera bien amorcé, elle deviendra un champ d'observations multiples. Des étudiants y trouveront matière à travaux de recherche qui dépassent souvent les possibilités du forestier responsable aussi bien en temps qu'en compétence Outre l'étude détaillée de la reforestation avec ses éléments pionniers et leur mode de progression, la propagation des plantes de sous-bois et la dispersion des graines des essences ligneuses, on peut proposer:

* l'évolution des sols, de leur faune et de leur flore;

* l'évolution de la faune supérieure: antilopes, rongeurs, oiseaux, insectes, etc., en relation avec le milieu forestier et la nourriture trouvée, etc.;

* l'évolution de la forêt claire et de la savane annuellement parcourues par les feux précoces (en 5 et 6) ou protégée intégralement (7);

* l'accroissement annuel et le comportement d'essence forestières plus ou moins mixtes, rencontrées aussi bien en peuplements dense et ouvert, telles que Khaya senegalensis, Anogeissus leiocarpus, Parkia biglabosa, Afzelia africana, Daniellia oliveri, etc.

Travaux complémentaires

Dans les limites de ses possibilités matérielles, le forestier peut combiner l'essai avec l'introduction de quelques essences spécialement intéressantes choisies dans la flore locale ou importées. Il choisira les espèces forestières de grande valeur représentées dans la forêt dense protégée ou dans des massifs similaires qu'il rencontre dans la région. On peut citer, par exemple, Milicia excelsa et Erythrophleum suaveolens bien représentés dans tout le domaine soudanozambézien, ou d'autres plus localisés. Ce sera particulièrement nécessaire si le peuplement dense protégé est une galerie forestière stricte, étroitement liée à une nappe aquifère peu profonde. Dans ce cas, il faudra peut-être introduire aussi quelques espèces pionnières.

Indépendamment de cette éventualité, dans le secteur 7, par exemple il est loisible de prévoir quelques placeaux recevant de telles essences et servant de noyaux de reforestation.

Si des pare-feu sont doublés de rideaux biologiques boisés, on en profitera pour tester la valeur de coupe-feu des quelques essences et de modes de traitement comme le taillis d'âge multiple. Il fut déjà question de taillis d'eucalyptus et de Syncarpia laurifolia. On peut aussi essayer divers acacias importés, I'anacardier, Gmelina arborea, etc.

Surveillance continue

Devant la gravité du phénomène "feux de brousse" et la nécessité qu'il implique et qui est reconnue par tous, de procéder à l'aménagement du territoire, il n'existe pas de meilleure alternative que de mettre en oeuvre des opérations de surveillance continue à titre d'outils, opérant dans des structures d'aménagement. Cette préoccupation sous-entend que la surveillance continue, doit se dégager d'une conception limitée au simple constat de phénomènes bio-physiques isolés, pour reposer sur la recherche d'un adéquation entre les objectis d'aménagement et la capacité d'assimilation des systèmes de gestion existants. Ces derniers sont conditionnés à la fois par l'écologie des ressources de base et par les utilisations traditionnelles qui y sont développées.

La surveillance doit donc permettre de diagnostiquer la structure d'une situation de crise des ressources, qui mène souvent à l'effondrement des systèmes de production traditionnels. Le diagnostic de l'état de rupture entre la productivité des systèmes de production (et de gestion) et les besoins croissants des hommes et des animaux, fera certes apparaître l'importance de certains facteurs, tels la sécheresse. Bien qu'il faille en tenir compte lors de l'analyse de la situation d'ensemble, il ne sera pas possible d'agir sur ses causes. Par contre, l'aménagement doit pouvoir agir sur les systèmes de gestion des ressources au sol. Or, c'est bien la composante humaine qui, de par ses besoins, ses valeurs de référence, ses aspirations ainsi que son degré de conscience de l'état des ressources, détient la clef des systèmes de gestion. Les problèmes rencontrés dans ces derniers, sont aussi variés que les groupes humains où ils surgissent.

Il s'agit donc de maîtriser les systèmes de gestion dans leurs composantes économique, sociale et culturelle et d'évaluer leur impact dans une dimension spatiotemporelle.

Afin de fournir d'emblée à la surveillance continue un cadre concret d'action, il est recommandé de l'intégrer dans des projets d'aménagement et de développement.

Conclusion générale

Les pays des zones tropicales africaines relativement sèches sont confrontés à des degrés divers au problème des feux de brousse et incendies de forêts, sujet extrêmement vaste et très controversé.

Les feux de brousse détruisent chaque année des millions d'hectares de végétation et font courir aux sols des risques certains d'appauvrissement voire de stérilisation. Leurs passages répétés conduisent à la baisse des productions agricoles et forestières.

Quelles que soient les motivations économiques et culturelles derrière ces feux, les déséquilibres écologiques qui résultent de leur action, leurs conséquences économiques et sociales sont graves pour le patrimoine naturel des pays, donc pour leur avenir.

Dès lors il est facile de comprendre pourquoi il est unanimement reconnu indispensable de rechercher à minimiser et à prévenir les conséquences des feux de brousse et qu'il est illusoire de vouloir interdire totalement leur utilisation.

D'après P. Delabraze (1985) le feu ne doit être considéré comme un fléau que lorsque l'homme ne le maîtrise pas. Contrôlé et précoce, mis de préférence à la recule sauf lorsque la végétation est encore trop verte, le feu peut être un outil à condition de ne pas l'employer systématiquement et inutilement.

Il ne devrait être utilisé qu'exceptionnellement par l'agriculteur, le pasteur, le forestier et par les villageois aussi pour protéger leurs habitations et leurs biens.

En attendant que d'autres techniques culturales compatibles avec les ressources et les moyens des utilisateurs soient proposées le feu précoce contrôlé (disons simplement le feu contrôlé) reste un moyen de constituer ces périmètres débroussaillés protégeant vies humaines et villages, cultures, bétail et forêts.

Au stade actuel de développement de la plupart des pays confrontés au problème des incendies de forêts la gestion des feux dans un espace rural aménagé doit être préféré à une interdiction impossible à appliquer.

Nous devons accepter de vivre avec les feux de brousse en exploitant ce qu'ils peuvent avoir de positif, mais nous devons réagir en organisant mieux et en aménageant les espaces ruraux.

Dans l'aménagement de l'espace rural préconisé, les terroirs agricole, pastoral, forestier et cynégétique seront considérés et traités à bon escient aux feux contrôlés, totalement maîtrisés au sein des limites de chaque terroir.

Enfin la plupart des expérimentations qui ont servi à établir le bien-fondé de l'impact négatif des feux de brousse et incendies de forêts sur la végétation, les sols et la faune, remontent à la période d'avant la sécheresse qui a frappé de plein fouet de nombreux pays en Afrique et dans le monde. Il est donc indispensable de reprendre ces expériences en les implantant dans les différentes zones climatiques afin que soient réactualisées les connaissances sur les feux de brousse et incendies de forêts.

Les expériences qui se poursuivent seront renforcées.


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