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Communication et nutrition: l'exemple des pays du Sahel

Rokia Ba Touré

Mme Rokia Ba Touré, de l'Institut du Sahel à Bamako (Mali) est coordonnatrice régionale du projet FAO Soutien aux programmes sahéliens de lutte contre la malnutrition et l'avitaminose A en matière de communication.


Communication and nutrition in the Sahel
Comunicación y nutrición en el Sahel

En lançant en 1985 un programme décennal pour combattre et prévenir l'avitaminose A, la xérophtalmie et la cécité nutritionnelle, l'Organisation des Nations Unies a décidé de s'attaquer à un problème qui affecte près de 40 millions d'enfants d'âge préscolaire à travers le monde, dont de très nombreux enfants sahéliens du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad.

Dans les pays du Sahel, la carence en vitamine A est considérée comme un problème de santé publique. La pauvreté et le manque de connaissances aidant, la malnutrition frappe de façon générale les groupes les plus vulnérables, à savoir les femmes enceintes et allaitantes et les jeunes enfants.

Au Burkina Faso, comme dans les autres pays sahéliens, la carence en vitamine A est associée à la malnutrition protéino-énergétique. La cécité nocturne, répandue chez les enfants de tous âges, est plus fréquente en période de soudure (février-mars et juin-juillet), Lors de la sécheresse de 1984, la prévalence de la carence en vitamine A était de l'ordre de 30 pour cent dans les provinces du nord.

Au Mali, en 1985, les enquêtes rapportaient que la malnutrition protéino-énergétique affectait de 18 à 27 pour cent des enfants de moins de 5 ans. Déjà, une enquête effectuée en 1980 sur des enfants de moins de 5 ans avait révélé une forte prévalence de la cécité crépusculaire; près de 12 pour cent en moyenne, et jusqu'à 19 pour cent entre avril et juillet.

En Mauritanie, des travaux effectués en 1983 faisaient état d'un taux de prévalence de la xérophtalmie de 2,5 à 2,7 pour cent chez les enfants de moins de 5 ans. En 1989, une enquête chez les enfants d'âge scolaire du district de Nouakchott révélait un taux de prévalence de carence en vitamine A de 0,12 pour cent. En 1990, l'antenne d'ophtalmologie du district de Nouakchott observait 0,64 pour cent de carence en vitamine A parmi 3118 élèves.

Au Niger, la seule étude nationale sur la prévalence de la cécité, effectuée en 1983, avait relevé des taux allant de 1,7 à 5 pour cent dans l'ensemble de la population, La cécité nocturne était fréquente dans les régions du nord (prédominance d'enfants de nomades) comme du sud: 38,5 et 25,3 pour cent, respectivement, en 1987.

Au Tchad, en 1988, le taux de xérophtalmie était de 0,9 pour cent chez les enfants de 6 à 10 ans examinés. Plus récemment, plusieurs rapports signalent la présence de lésions oculaires liées à une carence en vitamine A chez les personnes déplacées et les enfants.

Face à cette situation, les pays ont mené des actions isolées, appuyées par des organisations non gouvernementales (ONG) et des associations caritatives telles que Save the Children Fund (États-Unis et Royaume-Uni), Africare, World Vision, Care, Helen Keller International (HKI), Academy for Educational Development (AED), En général, les ONG, dont beaucoup travaillent à la «survie de l'enfant», appliquent la stratégie curative à court terme de l'UNICEF et de l'OMS, qui prévoit la distribution périodique de capsules de vitamine A pour traiter les troubles oculaires et protéger les enfants à risque contre l'avitaminose A après un épisode de diarrhée ou de rougeole.

Communication and nutrition in the Sahel

Vitamin A deficiency, xerophthalmia and nutrition blindness affect some 40 million preschool children throughout the world, including a large number of children in Burkina Faso, Chad, Mali, Mauritania and the Niger. Vitamin A deficiency is considered a public health problem in these countries, In Burkina Faso, as in the other Sahel countries, vitamin A deficiency is linked to protein-energy malnutrition, and during the 1984 drought prevalence of the deficiency reached 30 percent in the northern provinces. A study conducted in Mali in 1980 on children under the age of five indicated an average incidence of night blindness of 12 percent, with a peak of 19 percent at certain times of the year.

The main causes of vitamin A deficiency are an inadequate supply of foods rich in vitamin A, particularly during lean periods, and above all a lack of nutritional information and education among the population, Nutrition-related action is a delicate undertaking that requires an integrated approach involving the health, agricultural, educational and social sectors at all levels. Nutritional communication has an essential role in social mobilization and encourages the behavioural changes needed to improve nutritional status. Communication is an important feature of daily life involving the sharing of knowledge, ideas and techniques. With this in mind, FAO is implementing a regional communication support programme entitled "Communication Support for Sahelian Programmes against Malnutrition and Vitamin A Deficiency". Multisectoral teams are being formed in Burkina Faso, Chad, Mali, Mauritania and the Niger to support the implementation of social, educational and institutional communication campaigns, The emphasis will be on radio programmes, audiovisual aids and video, the final objective being to involve the village communities as the leading players in the process of enhancing household nutritional status.

The project's main activity is the training of multisectoral communication teams. The training comprises three participatory workshops: the first on rural radio, the second on audiovisual aids and the third on video, The project brings together the national contact points and the representatives of the other partners: FAO, the United Nations Children's Fund (UNICEF), the World Health Organization (WHO), the Academy for Educational Development (AED), Helen Keller International (HKI),the Inter-African Rural Radio Studies Centre of Ouagadougou (CIERRO), the Audiovisual Production Services Centre of Bamako (CESPA) and the Sahel Institute (INSAH). One important project output has been the listing of ten priority topic areas for a multimedia campaign against vitamin A deficiency and malnutrition in the Sahel, including: pointing out the link between diet and nutritional disease; encouraging local food production, diversification, conservation and processing throughout the year to ensure household food security; increasing consumption of foods rich in vitamin A and iron among the vulnerable population groups; and involving the village community in the identification and management of nutrition problems.

The project's three multimedia and multidisciplinary workshops will raise national communication skills, The project outputs should pave the way for a pilot nutrition project in each country that should eventually produce a fully fledged national nutrition communication policy covering all the means of traditional, mass and interpersonal communication. This policy should enable the village communities themselves to manage their nutrition practices and so become the true initiators of their development.

Comunicación y nutrición en el Sahel

La avitaminosis A, la xeroftalmía y la ceguera nutricional afectan a casi 40 millones de niños en edad preescolar de todo el mundo, y, entre ellos, a muchos niños de Burkina Faso, Chad, Malí, Mauritania y Níger, En estos países, la carencia de vitamina A está considerada como un problema de salud pública. En Burkina Faso, al igual que en los restantes países del Sahel, esta carencia está asociada con la malnutrición proteico-calórica. Durante la sequía de 1984, la prevalencia de la carencia de vitamina A en las provincias del norte llegó a alcanzar el 30 por ciento, En Malí, un estudio realizado en 1980 entre los niños menores de cinco años puso de manifiesto una prevalencia de la ceguera nocturna del 12 por ciento en promedio, pudiendo alcanzar el 19 por ciento según la estación.

Las principales causas de la carencia de vitamina A son, no sólo la producción insuficiente de alimentos ricos en esta vitamina, especialmente en períodos de escasez, sino también, y sobre todo, la falta de información y educación sobre nutrición entre la población. Las actuaciones en materia de nutrición precisan de especial cuidado y deben tener en cuenta todos los aspectos: sanitarios, agrícolas, educativos y sociales, a todos los niveles del país. En la educación nutricional, la comunicación desempeña un papel fundamental con vistas a la movilización social, al tiempo que sirve para impulsar los cambios de comportamiento necesarios para mejorar el estado nutricional. La comunicación es un elemento de primer orden en la vida diaria, y lleva a compartir conocimientos, ideas y técnicas. Partiendo de esta base, la FAO esta preparando un proyecto regional de apoyo a la comunicación, que lleva por nombre «Apoyo a los programas sahelianos de lucha contra la malnutrición y la carencia de vitamina A en materia de comunicación», Gracias a este proyecto, se formarán equipos intersectoriales en cinco países (Burkina Faso, Chad, Malí, Mauritania y Níger) con el fin de apoyar el lanzamiento de campañas de comunicación social, educativa e institucional. Los principales instrumentos de estas campañas serán la radio, las ayudas audiovisuales didácticas y los videos. El objetivo final que se pretende con el empleo de la comunicación en la lucha contra la malnutrición es conseguir que las comunidades rurales sean los principales encargados de la mejora del estado nutricional de las familias.

La actividad más importante del proyecto consistirá en la capacitación de los equipos intersectoriales de comunicación. Esta capacitación se llevará a cabo en tres talleres de tipo participativo: el primero sobre radio rural, el segundo sobre soportes audiovisuales y el tercero sobre videos. El proyecto reúne a representantes nacionales de los cinco países y de los organismos participantes, es decir FAO, UNICEF, OMS, Academy for Educational Development (AED), Helen Keller International (HKI), Centre interafricain d'études de radio rurale de Ouagadougou (CIERRO), Centre des services de production audiovisuelle (CESPA) de Bamako, e Institut du Sahel (INSAH). Uno de los objetivos importantes del proyecto es determinar los diez temas prioritarios para una campaña de lucha contra la carencia de vitamina A y la malnutrición en el Sahel en diversos medios de comunicación, que permita poner de manifiesto los vínculos que existen entre la alimentación y las enfermedades por deficiencias nutricionales; fomentar la producción, diversificación, conservación y elaboración de alimentos del país durante todo el año, a fin de garantizar la seguridad alimentaria en los hogares; y conseguir que los grupos vulnerables consuman alimentos ricos en vitamina A y hierro en cantidades suficientes y que la comunidad rural participe en la determinación y solución de los problemas nutricionales.

Gracias a los tres talleres multidisciplinarios sobre medios audiovisuales que comprende el proyecto, mejorará la capacidad nacional en materia de comunicación. Las enseñanzas extraídas de este proyecto deberán permitir la elaboración de un proyecto piloto sobre nutrición en cada país, que precederá a la formulación de una verdadera política nacional de comunicación para la nutrición, Esta política deberá incluir todos los medios de comunicación, los tradicionales, de masas e interpersonales, y permitirá a las comunidades de base gestionar por sí mismas sus prácticas de alimentación, convirtiéndose en verdaderos centros de iniciativa para su desarrollo.

L'action de la FAO

Les causes principales de la carence en vitamine A sont non seulement une production insuffisante d'aliments riches en vitamine A, en particulier en période de soudure, mais aussi et surtout le manque d'information et d'éducation nutritionnelle de la population. C'est pourquoi la FAO a décidé d'appuyer une stratégie qui consiste à aider les institutions gouvernementales à trouver des solutions à moyen et long termes aux problèmes de la malnutrition grâce à l'augmentation de la production et de la consommation d'aliments riches en vitamine A, Cette stratégie doit être soutenue par une forte composante de communication avec le monde rural pour mobiliser, informer et éduquer la population.

La communication pour lutter contre la malnutrition

Les interventions sur la nutrition sont particulièrement délicates et nécessitent une intégration de toutes les approches: sanitaire, agricole, éducative, sociale, à tous les échelons d'un pays. L'objectif final recherché à travers la communication est de faire des communautés villageoises les principaux acteurs de l'amélioration du statut nutritionnel des familles.

L'enjeu est de taille. Il fout, dans une démarche participative, faire comprendre aux populations le lien entre alimentation riche en vitamine A et cécité nocturne, La communication, qui suppose partage du savoir, des idées et des techniques, peut jouer un rôle capital dans la mobilisation sociale, l'échange d'information et le transfert de compétences, ainsi que dans la coordination entre les différents intervenants sur le terrain.

Sur la base de cette analyse, la FAO a décidé de mettre en œuvre un projet régional d'appui à la communication d'une durée de deux ans, intitulé «Soutien aux programmes sahéliens de lutte contre la malnutrition et l'avitaminose A en matière de communication», Dans chacun des cinq pays (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad), des équipes intersectorielles seront formées pour appuyer la mise en œuvre de campagnes de communication sociale, éducative et institutionnelle. Le projet servira en outre à renforcer d'une façon synergique d'autres actions prises pour lutter contre la carence en vitamine A et augmenter l'impact d'autres projets. La radiodiffusion, les auxiliaires audiovisuels et la vidéo sont les instruments privilégiés de ces campagnes. Le projet vise à:

· Mettre en place un dispositif de coordination régionale d'appui à la communication, de façon à favoriser la production de documents d'intérêt régional ainsi que les échanges de documents, méthodes, expériences et recherches dans ces mêmes domaines.

· Assurer la formation d'équipes intersectorielles de communication, de façon à les rendre capables de concevoir, produire et mettre en œuvre des campagnes de communication multimédia dans le domaine de la lutte contre la malnutrition.

· Encourager chacun des Etats concernés à définir une stratégie nationale de communication multimédia pour la nutrition, qui intègre les différents projets et mobilise au mieux les moyens humains, institutionnels et matériels existants.

Le projet a démarré ses activités par un séminaire de programmation (janvier 1992) à Bamako, qui a regroupé les représentants nationaux des cinq pays couverts par le projet et les partenaires: FAO, OMS, UNICEF, AED, HKI, Centre interafricain d'études en radio rurale de Ouagadougou (CIERRO), Centre des services de production audiovisuelle de Bamako (CESPA), Institut du Sahel (INSAH).

L'activité principale du projet est la formation des équipes intersectorielles de communication, qui consiste en trois ateliers participatifs: en radio rurale (septembre 1992), en supports audiovisuels (janvier 1993) et en vidéo (juin 1993).

La communication est un processus à double sens: au Burkina Faso, des présentateurs d'émissions radiophoniques écoutent les villageois donner leur point de vue sur leurs problèmes de santé - Communication is a two-way process: In Burkina Faso, radio staff listen as villagers give their views about their health problems - La comunicación es un proceso en dos direcciones: en Burkina Faso, unos locutores de radio escuchan la opinión de los lugareños sobre sus problemas sanitarios

Ces trois ateliers multimédias et multidisciplinaires élèveront le niveau de la qualification nationale en communication, Les acquis de cette formation permettront d'élaborer un projet pilote de nutrition devant déboucher à terme sur une véritable politique nationale de communication pour la nutrition incluant tous les moyens de communication traditionnelle, de masse et interpersonnelle, Cette politique nationale, appuyée notamment par l'UNICEF, l'OMS, l'AED, l'HKI, devra permettre aux communautés de base de gérer elles-mêmes leurs pratiques de nutrition en devenant de véritables centres d'initiative de leur développement.

Radio rurale

Le premier jalon du renforcement des capacités nationales a été posé au CIERRO de Ouagadougou du 7 août au 3 septembre 1992, où s'est déroulé le premier atelier de formation, II visait à donner aux équipes pluridisciplinaires (agriculture, santé et communication) des pays, une méthode de conception et de réalisation d'émissions types de radio rurale pouvant contribuer à lutter contre la malnutrition.

En trois semaines, des communicateurs en radio rurale, en nutrition, en développement rural et en technologie alimentaire provenant des cinq pays ont élaboré et expérimenté à deux reprises sur le terrain les principes d'une action radiophonique concertée. L'ambiance de cet atelier était particulièrement dynamique et studieuse, Les participants ont appris aussi bien la théorie (obstacles et avantages de chaque thème sur les plans technique, psychologique, économique, rationnel, irrationnel) que la pratique à travers la production radiophonique (entretiens individuels, tables rondes, reportages, émissions de variétés), Des jeux radiophoniques élaborés pendant l'atelier ont été produits et testés dans les villages des provinces du Yatenga et du Namentenga, qui sont touchées par l'avitaminose A (voir l'encadré ci-dessous), La richesse des informations recueillies sur le terrain et l'enthousiasme des villageois sont la preuve que la radio rurale constitue un instrument de communication extrêmement précieux en matière de nutrition.

Supports audiovisuels

Le deuxième atelier de formation - sur la conception, la réalisation et l'expérimentation de supports éducatifs script-audio-visuels de communication - s'est déroulé au CIERRO et au centre des Groupements Naam à Ouahigouya. Des villages de la province du Yatenga ont pris part à la réalisation et aux expérimentations des matériels produits: boîtes à images, livrets et diapositives à partir de deux dossiers techniques de vulgarisation sur la diarrhée chez l'enfant et la consommation et la production de haricots (niébé) pour éviter la cécité nocturne.

EXEMPLES DE JEUX RADIOPHONIQUES

Lutte contre la cécité nocturne

· Nous sommes des enfants du village. Nous vivons autour des cases et même dans la brousse. On nous trouve facilement. Notre absence dans une famille empêche de voyager la nuit. Qui sommes-nous?

Réponse: Des aliments locaux riches en vitamine A.

· Dans les champs, je rampe, Adulte, je porte des cornes sur les bras, Celui qui mange ma toison peut voyager par des nuits sans lune. Qui suis-je?

Réponse: Les feuilles vertes du haricot, riches en vitamine A.

Les membres d'une communauté identifient les problèmes de nutrition et les moyens de les résoudre à l'aide d'illustrations ayant trait à des expériences locales - Community members identify nutrition problems and find solutions using illustrations based on local experiences - Los miembros de la comunidad determinan los problemas de nutrición y proponen soluciones sirviéndose de ilustraciones que recogen experiencias locales

Les participants à l'atelier ont élaboré eux-mêmes les deux dossiers techniques de vulgarisation selon la méthodologie de la démarche participative qui leur a été exposée. C'est en suivant cette même démarche qu'ils ont conçu et réalisé les boîtes à images et les livrets, Tous les supports audiovisuels proposés aux ruraux engendrent chez eux un désir de participation, ce qui est indispensable dans une stratégie de communication; ils leur permettent de prendre la parole et les décisions, de mettre en oeuvre des actions choisies par eux, de diffuser des expériences vécues et de former d'autres ruraux.

L'atelier s'est déplacé a Ouahigouya, afin de bénéficier d'un environnement concret pour la réalisation et la diffusion des supports de communication éducative, La séance de travail s'est déroulée en trois étapes:

· Travaux en petits groupes; les femmes ont été réparties en quatre groupes pour traiter du thème de la diarrhée.

· Exposé de l'animateur, a l'aide de la boîte à images, sur le thème de la préparation de la solution salée-sucrée.

· Propositions de femmes sur le thème de la préparation de la solution salée-sucrée et expression de désir de formation sur les thèmes de l'espacement des naissances et sur le sida.

Après quoi, quelques femmes sont reparties avec les livrets de la boîte à images, A peine sorties du centre, elles expliquaient le livret aux hommes qui se trouvaient à proximité, L'objectif était atteint: les femmes qui étaient venues en formation en formaient d'autres.

Vidéo

En juin 1993, le troisième atelier de formation a regroupé les participants à Bamako sur le thème «La vidéo appliquée: guide pour l'utilisation de la vidéo dans les projets de terrain de la FAO». Pendant que se déroulait l'atelier, l'équipe de coordination du projet produisait un document vidéo sur le problème de la malnutrition dans le Sahel, a partir d'une étude de cas au Mali. Ce document d'information et de sensibilisation (d'une durée de 26 minutes) sera visé par les responsables institutionnels de différents secteurs et des organismes d'assistance technique et financière engagés dans des programmes de lutte contre la malnutrition dans les pays du Sahel. Le document présente des situations concrètes et en propose une analyse, en s'appuyant essentiellement sur des reportages, des témoignages et des interviews. Le film vidéo sera produit d'ici la fin du projet (décembre 1993) et utilisé pour continuer a sensibiliser les donateurs.

Les aquis

Les institutions associées au projet, notamment l'AED et l'HKI, ont appuyé techniquement et financièrement ces sessions de formation, dont les acquis - 30 personnes déjà formées sur 40; une liste de 10 thèmes prioritaires (présentés dans l'encadré ci-dessus) pour la campagne multimédia de lutte contre la malnutrition et l'avitaminose A dans le Sahel - devront profiter à tous les projets de lutte contre la malnutrition et l'avitaminose A.

Un système d'échange d'information et de documentation sur la malnutrition, mis en place par l'INSAH, devrait aider à consolider ces acquis, L'élaboration et la diffusion d'une bibliographie sur la malnutrition de même que la collecte et la dissémination d'information pertinente permettront sans doute d'asseoir un véritable réseau d'acteurs impliqués dans la lutte contre la malnutrition.

Une première prise de contact dans les Etats a permis, dès mars 1992, de présenter le projet et de toucher les différents partenaires, C'est ainsi qu'en radio rurale l'AED développe une technique de feuilleton radiophonique en collaboration avec les équipes du Burkina Faso, du Mali et du Niger formées par les deux ateliers, Les deux pays qui ne bénéficient pas d'un soutien de l'AED dans ce domaine (le Tchad et la Mauritanie) ont été appuyés par le projet pour la mise en œuvre d'un mini-projet de communication pour la production d'émissions de radio rurale, En Mauritanie, l'objectif est de susciter l'intérêt du public cible pour la consommation des produits locaux riches en vitamine A et la production, la transformation et la conservation d'aliments riches et variés, Au Tchad, les thèmes à développer dans les messages d'éducation nutritionnelle et sanitaire seront choisis avec la population locale selon la gravité du problème et les groupes vulnérables.

Dans chaque pays, les équipes de communication pluridisciplinaires formées dans le cadre du projet collaborent sur le terrain pour mener des activités de communication. Les divers partenaires peuvent maintenant travailler ensemble pour définir une stratégie nationale de communication, ce qui est l'objectif du projet.

THÈMES PRIORITAIRES DE LA CAMPAGNE MULTIMÉDIA DE LUTTE CONTRE LA MALNUTRITION ET L'AVITAMINOSE A

1. Participation communautaire: associer la communauté villageoise à l'identification et à la prise en charge des problèmes nutritionnels.

2. Allaitement: amener les femmes allaitantes à donner le colostrum à l'enfant et à l'allaiter exclusivement au sein jusqu'à 4 à 6 mois.

3. Sevrage: amener les femmes à pratiquer une bonne conduite du sevrage de l'enfant (progressivité, âge d'introduction, enrichissement, recettes, durée, etc.).

4. Hygiène: amener les populations à observer de bonnes règles d'hygiène (alimentaire, corporelle, vestimentaire, du milieu).

5. Disponibilité alimentaire: encourager la production, la diversification, la conservation, la transformation d'aliments locaux toute l'année en vue d'assurer la sécurité alimentaire au sein du ménage.

6. Distribution de la nourriture à l'intérieur de la famille: assurer une meilleure répartition quantitative et qualitative des aliments au sein de la famille, en tenant compte des besoins spécifiques des femmes enceintes, allaitantes, et des enfants en bas âge.

7. Associer la communauté à l'identification et la prise en charge des problèmes nutritionnels: amener les femmes et les chefs de famille à prendre conscience de l'importance du suivi de la croissance de l'enfant et à utiliser les structures disponibles en cette matière.

8. Micronutriments: amener les groupes à risque à consommer suffisamment d'aliments riches en vitamine A et en fer.

9. Nutrition et santé: mettre en évidence les liens qui existent entre alimentation et maladies nutritionnelles.

10. Diarrhée: assurer une alimentation adaptée aux enfants pendant et après l'épisode diarrhéique; inciter les parents à administrer la solution de réhydratation orale; encourager les bonnes pratiques traditionnelles et lutter contre les pratiques inadéquates et dangereuses de traitement de la diarrhée.


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