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3.3.2 Les Mbeere

Les Mbeere occupent une partie des provinces qui s'étendent à l'ouest du fleuve Tana, au nord-est du Kenya. Cette région se caractérise par une végétation mixte: d'une part, une brousse de type masaï-somali, à feuillage caduc, constituée d'acacias et de buissons de Commiphora, d'autre part, toute une mosaïque de plantes côtières du type Zanzibar-Ihambane (White, 1983, carte n°16a). Celle-ci comprend notamment des halliers dominés par Diospyros cornii et Manilkara mochistia et des formations herbacées édaphiques sur des sols argileux crevassés où poussent, épars, des spécimens d'Acacia zauzibarica, Hyphaene compressa, Terminalia spinosa et Thespesia danis. Nous exposons au tableau 3.3.2 les diverses utilisations du genre acacia.

Contrairement aux Pokot, les Mbeere pratiquent la rotation cultures/jachère. Dans la vallée du Tana, l'élevage de chèvres et moutons constituent la principale activité rurale. " La végétation n'en a pas moins une importance cruciale pour toutes les activités liées à la subsistance, qu'elle soit utilisée ou non, directement ou indirectement, à des fins agricoles " ((Riley et Brokensha, 1988, 1:67). Et il est de fait que, dans leur économie ménagère, les Mbeere se servent de toute une gamme de plantes. Au cours des deux dernières décennies, le bois de feu est devenu de plus en plus rare. Naguère, les clôtures des fermes étaient faites de branches épineuses d'Acacia mellifera, A. senegal, et A. tortilis; aujourd'hui, en raison de la disparition progressive des acacias, on se sert de plus en plus, dans les zones d'exploitation agricole intensive, de fil de fer barbelé. Riley et Brokensha (1988) y voient, non pas l'effet de coupes excessives, mais celui d'une forte croissance démographique qui a poussé les populations à défricher de vastes superficies afin de les cultiver. Et puis, les Mbeere croyaient que la pérennité des ressources allait de soi; ils ont compris trop tard que ces ressources s'épuisaient.

3.4 Le genre acacia en Afrique Australe

La végétation semi-désertique de la région du Karroo-Namib (White, 1983, cartes NOS 51, 52, 53), qui s'étend vers le sud au-delà du fleuve Orange, est sans doute la plus aride de l'Afrique australe. Elle est faite de divers arbustes et buissons: Acacia erioloba, A. mellifera subsp. detinens, Boscia albitrunca, B. foetida, Ehretia rigida et Grewia flava. Dans les zones de peuplement européen, on pratique surtout l'élevage commercial en ranch (bétail, moutons, chèvres et autruches), encore que le taux de charge soit assez faible. Dans les zones de peuplement autochtone, on a conservé les anciennes traditions pastorales.

Plusieurs variétés poussent au nord de cette région: l'omniprésent Acacia Brandberg, Acacia montis-usti, A. robynsiana, Adenolobus pechuelii, Commiphora spp., Euphorbia guerichiana et Rhigozum virgatum.

La végétation riveraine comprend Acacia karoo, grégaire et très répandu, Combretum erythrophyllum, Euclea spp., Pappea capensis, Rhus lancea, R. undulata, Tamarix usneoides et Ziziphus mucronata. Dans la partie septentrionale de cette région, on trouve des espèces tropicales telles qu'Acacia erioloba, Colophospermum mopane, Combretum apiculatum, Faidherbia albida, Ficus sycomorus et Sterculia africana.

Parmi les principaux arbres et buissons poussant sur les sables du thornveld, au Kalahari, (White, 1983, cartes nOS 35 s pp., 44 et 56) figurent Acacia erioloba, A. fleckii, A. hebeclada, A. luederitzi, A. mellifera, A. tortilis, Boscia albitrunca, Dichrostachys cinerea et Terminalia sericea. Les feuillus sont de plus en plus présents dans cette région septentrionale, même si le genre Acacia continue à dominer.

La brousse dense comprend principalement Tarchonanthus camphoratus; parmi les variétés associées, figurent Acacia karroo, A. mellifera, A. tortilis, Boscia albitrunca, Buddleja saligna, Croton gratissimus, Diospyros lycioides, Ehretia rigida, Euclea spp., Grewia flava, Rhigozum spp., Rhus spp., Tarchonanthus minor et Ziziphus mucronata.

Dans les montagnes de Windhoek (White, 1983 carte n°35 c), on relève, parmi les principaux arbres et arbustes des prairies boisées, Acacia hebeclada, A. hereroensis, A. reficiens subsp. reficiens, Albizia anthelmintica, Combretum apiculatum, Dombeya rotundifolia, Ficus spp. et Tarchonanthus camphoratus.

Les utilisations du genre Acacia sont décrites au tableau 3.4.

3.5 Le genre acacia en Afrique du Nord


3.5.1 Maroc
3.5.2 Tunisie


Le rôle du genre Acacia dans l'économie rurale de l'Afrique du Nord est décrit au tableau 3.5.

3.5.1 Maroc

Endémique et mal connu, Acacia gummifera prend, soit la forme d'un buisson de 1 à 2 m de haut, soit celle d'un arbre de 5 à 6 m, doté d'une cime sphérique. Il est apparenté à A. nilotica, dont il diffère cependant car il n'a que de une à trois paires pennées, de 7 à 12 folioles par feuille et des gousses à déhiscence tardive. A. nilotica est notoirement absent du Maroc (Ross, 1979).

On trouve A. gummifera dans les formations broussailleuses d'Argania spinosa et les maquis de la zone de transition régionale Méditerranée/Sahara (White, 1983, carte n°49), dans les brousses d'Acacia gummifera-Ziziphus lotus (White, 1983, carte n°79) et dans les taillis succulents subméditerranéens (White, 1983, carte nOS 10, 49, 55 et 79). Il pousse également sur les plaines arides du Maroc central, au pied des montagnes, au sud d'Oum et de Rbia, ainsi que dans les plaines de Haouz, Entifa, Tadla, Rehamna, Djebilet et Sousse, et dans l'Anti-Atlas. A. gummifera forme également une petite forêt d'environ 1 200 hectares, près d'El Kalaa, dans la région de Tanent-Béni-Mellal, où il pousse en association avec Euphorbia resinifera. Il est fréquemment associé à une autre espèce endémique en voie de disparition, la sapotacée Argania spinosa. Cette variété se régénère, dit-on, à partir des semences les années où les précipitations ont été supérieures à la normale.

A. gummifera fournit une gomme abondante, connue sous le nom de gomme ammoniaque, commercialisée localement. C'est une source de bois de feu et de charbon de bois, et l'on s'en sert aussi pour la confection de manches d'outils et autres usages domestiques. Il est fréquent que les arbres soient mutilés par les chevaux et les moutons qui les broutent, et même par les lièvres. Les pasteurs nomades ne pourraient assurément pas survivre au Sud-Maroc sans A. gummifera et ses produits (Boudy, 1950).

3.5.2 Tunisie

Sur une bonne partie du territoire tunisien, des siècles de collecte de bois de feu, de culture céréalière et de surpâturage ont réduit l'ancienne végétation (qui comprenait notamment Acacia tortilis subsp. raddiana) à un maquis de broussailles fortement dégradé. On trouve des reliefs de l'ancienne végétation dans le parc national de Bou Hedma, à 80 km au nord-ouest de Gabès. Le dernier acacia subsistant près de Menzel Habia, à 50 km au nord-ouest de Gabès, a été abattu voici quinze ans (Aronson et al., 1993). En Tunisie, A. tortilis subsp. raddiana, variété pérenne mais à croissance lente, atteint à 125 ans un diamètre de 40 cm, et à 250-300 ans un diamètre de 90 cm (Boudy, 1950). Vu la lenteur de sa croissance, son potentiel de restauration semble, par conséquent, limité.

3.6 Le genre acacia au proche et au Moyen-Orient


3.6.1 Péninsule arabique
3.6.2 Les déserts de Thar et du Sind


Nous indiquons au tableau 3.6 les utilisations connues du genre Acacia dans les régions les plus sèches qui s'étendent du Proche-Orient à l'Inde.

3.6.1 Péninsule arabique

Nombre de variétés d'acacias de l'Afrique tropicale se retrouvent au Proche-Orient. Dans la péninsule arabique, la vallée d'Ariva, une zone aride de 100 km de long sur 8 à 20 km de large qui continue le graben Jordanie-Mer Morte, parvient jusqu'à la mer Morte. Sur les plus basses de ces terres, on trouve Acacia tortilis subsp. raddiana et tortilis, ainsi que Ziziphus spina-christi. Aux confins orientaux du Dhofar, A. laeta pousse dans les lits d'oueds secs qui s'écoulent vers le nord.

La végétation côtière type de la mer Rouge et du golfe Persique consiste en une savane claire composée d'Acacia et de Maerua, qui comprend Acacia tortilis, Maerua crassifolia, et les graminées Lasiurus scindicus et Panicum turgidum (Walter et Breckle, 1986), tandis que les plaines de l'intérieur jusqu'au pied des collines abritent Acacia ehrenbergiana, Cadaba rotundifolia, Salvadora persica et Tamarix aphylla (synonyme: T. articulata) (UNESCO, 1977).

Dans les halliers à feuillage caduc de 3 à 5 m de haut constitués d'acacias et de buissons de Commiphora, les espèces ligneuses, assez denses et pouvant atteindre 9 m de haut, comprennent Acacia asak, A. edgeworthii, A. etbaica, A. hamulosa et A. oerfota, ainsi que nombre de variétés originaires d'Afrique orientale (White et Léonard, 1991). Le pâturage et, dans une certaine mesure, les cultures, irriguées ou non, sont les principales occupations des habitants de ces vallées.

La végétation désertique subtropicale des côtes arides de l'Iran, sur les rives orientales du golfe Persique et du golfe d'Oman, constitue une extension vers l'est du désert Arabique. Elle consiste en buissons épineux et en graminées de pseudo-steppe et comprend notamment, entre autres variétés du Sahara et du Sind, Acacia nilotica subsp. indica, A. senegal et A. seyal.

Il est difficile de mesurer le rôle du genre Acacia dans l'économie rurale de la plupart des régions de l'Arabie car arbres et buissons sont épars, répartis sur de vastes superficies et confinés aux zones d'écoulement des eaux. Il est avéré que là où ils sont assez nombreux pour constituer des peuplements, ils semblent appréciés.

Dans le Dhofar, A. tortilis subsp. tortilis, seule variété poussant à Oman, joue un grand rôle dans la vie des troupeaux, dont il est l'aliment de base. Naguère encore, certaines tribus prohibaient l'abattage ou la mutilation des arbres; dans les régions plus désertiques, on étayait de perches les basses branches pour se donner plus d'ombre (Miller et Morris, 1988).

3.6.2 Les déserts de Thar et du Sind

La population vit dans des hameaux et des villages épars; la plupart mènent une vie nomade ou semi-nomade et s'occupent essentiellement du bétail. Le surpâturage et les coupes excessives pratiquées aux fins de se procurer du bois de feu ont grandement dévasté la région (Bandhari, 1990). Dans les zones où les sables ont été stabilisés grâce à l'accumulation des matières organiques, la végétation type est faite de gros buissons touffus, tels Acacia jaquemontii, Calligonum polygonoides, Capparis decidua, Crotalaria burhia, Leptadenia pyrotechnica, Sericostoma pauciflorum et Ziziphus nummularia.

Les plaines de gravier des déserts du Thar et du Sind comprennent certains des arbres et des buissons les plus caractéristiques de la végétation de maquis: Acacia leucophlea, A. nilotica subsp. indica, Capparis decidua, Maytenus emarginata, Prosopis cineraria, Salvadora oleoides et Ziziphus spp. Les variétés typiques de la végétation riveraine sont A. nilotica subsp. indica, Salvadora persica et Tamarix dioica, tandis qu'Acacia senegal pousse dans les vallées et les dépressions (Bhandari, 1990).

Les utilisations du genre Acacia sont indiquées au tableau 3.6. Acacia nilotica subsp. indica, mérite une mention particulière: on en a planté un grand nombre pour faire des brise-vent et des rideaux-abris et l'on s'en sert abondamment aussi en agroforesterie sèche, ainsi que dans les programmes d'irrigation car Acacia nilotica subsp. indica est une importante source de pâturage arboré, d'écorce et de gousses et fournit donc du tanin, du bois de feu et de construction, des outils et, bien sûr, de la gomme (Bhandari, 1990). Des doutes ont été émis quant à sa valeur en agroforesterie, vu le médiocre rendement des cultures plantées sous son couvert. Ce problème est évoqué plus longuement à la section 2.3.6.

Au pied des contreforts de l'Himalaya, de l'Afghanistan au Pakistan, et jusqu'en Inde, Acacia modesta joue un rôle de premier plan. Outre qu'on en tire de la gomme, il est bien adapté, vu la lenteur de sa croissance, à la confection de haies (Macmillan, 1954; Agarwal, 1983).


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