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1. PISCICULTURE GENERALE (suite.)

1.3. GESTION D'EAU

1.3.1. BESOIN EN EAU D'UN ETANG PISCICOLE - VOLUME - (1)

L'eau est l'élément de base de la pisciculture. Chaque étang piscicole a besoin d'une certaine quantité d'eau pour fonctionner. Ce besoin en eau d'un étang piscicole dépend du volume de l'étang, des infiltrations et des évaporations.

Le besoin en eau d'un étang dépend, tout d'abord, de la quantité d'eau voulue pour le remplir. C'est le volume d'eau.
Par la suite, la quantité d'eau nécessaire au total pour la pisciculture est égale au volume d'eau de l'étang auquel il faut ajouter les pertes par infiltration et les pertes par évaporation, toutes les deux calculées pour toute la période de l'élevage.
Le volume d'un étang est déterminé par sa superficie et sa profondeur moyenne : superficie × profondeur moyenne = volume 
Pour un étang rectangulaire, le calcul est simple. Par example, le volume d'un étang rectangulaire avec une longueur de 30 m, une largeur de 20 m et une profondeur moyenne de 1 m est :
surface = longueur × largeur = 20 m × 30 m = 600 m2

volume = surface × profondeur moyenne =
600 m2 × 1 m = 600 m3
Rappelons que 1 m3 (mètre cube) est égal à 1.000 1, donc 600 m3 = 600.000 litres
Pour un étang irrégulier, le calcul du volume est plus compliqué parce que le calcul de la superficie est plus difficile. Il faut diviser l'étang en parties régulières (rectangles, carrés ou triangles rectangles) et additionner toutes les surfaces partielles.
Par exemple, cet étang peut être divisé en un rectangle (A) et un triangle (B). Son volume est donc :
superficie (A) = 40 m × 30 m = 1.200 m2
superficie (B) = (30 m × 20 m) : 2 = 300 m2
superficie total = 1.200 m2 + 300 m2 = 1.500 m2
volume = superficie × profondeur moyenne =
1.500 m2 × 1 m = 1.500 m3.

1.3.1. BESOIN EN EAU D'UN ETANG PISCICOLE - INFILTRATIONS - (2)

Les infiltrations sont les pertes d'eau, soit à travers le fond de l'étang, soit à travers des digues, soit par le système de vidange de l'étang.

Siles digues et le système de vidange sont bien construits et bien entretenus, les infiltrations horizontales sont très faibles. Il ne reste que les infiltrations verticales causées par la qualité du sol de l'étang.
Attention : n'oubliez pas de bien compacter vos digues pour éviter toute infiltration horizontale d'un étang à l'autre.
Les infiltrations verticales existent dans chaque étang, mais la quantité d'eau perdue dépend de la qualité du sol. Rappelons que la qualité du sol est déterminée par sa composition et sa structure (voir fiches 1.1.3.).
Si les sols sont constitués par des éléments grossiers comme les sols sableux, les pertes d'eau dues aux infiltrations sont importantes. En revanche, les sols argileux. (composés d'éléments très fins) retiennent bien l'eau.
Les pertes d'eau par infiltration calculées seulement à partir de la composition du sol, sont en général sous-estimées. Il faut également tenir compte de la structure du sol. Si la structure d'un sol est ouverte, il existe beaucoup d'espaces entre les particules et l'eau peut passer facilement. En revanche, si le sol a une structure fermée, les particules sont bien entassées et l'eau ne traverse pas facilement.

1.3.1. BESOIN EN EAU D'UN ETANG PISCICOLE - INFILTRATIONS - (3)

Les fuites d'eau par infiltrations sont plus importantes dans les nouveaux étangs que dans les étangs exploités depuis longtemps.

Les pertes d'eau par infiltration à travers le fond d'un nouvel étang rempli pour la première fois, sont plus importantes que celles estimées à partir de la composition du sol. Cela est dû à la structure du sol qui, étant encore bonne (ouverte), laisse traverser l'eau. 
La structure ouverte est lentement modifiée par l'action de l'eau. En effet, les pores entre les particules sont lentement colmatés par la matière organique issue de la fertilisation et qui se dépose au fond de l'étang.
En conséquence, la perméabilité du sol des anciens étangs est beaucoup moins grande que celle des nouveaux étangs.
En général, il ne faut pas désespérer quand un nouvel étang piscicole ne retient pas, dès son remplissage, toute l'eau qu'il contient. Il faut, en effet, un temps plus ou moins long pour certains sols, pour devenir imperméables.
Le tableau ci-contre donne une impression de la vitesse des pertes d'eau par infiltration dans des sols de compositions différentes. La variation importante par type de sol est due à la structure du sol qui change avec l'âge de l'étang.
Attention : ces chiffres ne sont donnés qu'à titre indicatif.

1.3.1. BESOIN EN EAU D'UN ETANG PISCICOLE - INFILTRATIONS - (4)

Les pertes d'eau par infiltration causées par la structure du sol peuvent être réduites par une mise en boue. Ce système est couramment pratiqué dans les rizières irriguées à Madagascar.

Une mise en boue peut réduire de façon considérable les pertes d'eau par infiltration. Il faut d'abord remplir l'étang avec l'eau pour saturer le fond. La quantité d'eau nécessaire pour saturer l'assiette de l'étang correspond à un volume d'eau d'une profondeur de 30 cm (= 0,3 m).
Par exemple, pour un étang de 5 ares ou 500 m2, il faut arroser :
500 m2 × 0,3 m = 150 m3 = 150.000 litres.
Avec un débit d'eau du canal d'amenée de 21/s, il faut faire couler l'eau pendant :
150.000 1 : 2 l/s = 75.000 sec. = 21 heures.
Une fois que le fond de l'étang est suffisamment imprégné d'eau, on peut le travailler et procéder à la mise en boue. La mise en boue consiste à labourer le sol avec une angady (pelle) ou une charrue (cas A), puis à émietter la terre avec une angady ou une herse (cas B). Le piétinage par des bœufs est également une excellente mise en boue.
Après la mise en boue, on peut remplir l'étang.
Pour des sols ayant une très importante perte d'eau par infiltration, on peut encore améliorer la mise en boue en ajoutant une dose de fond de fumier bien fait ou d'argile avant le labour. La matière organique ou l'argile améliore la structure du sol en colmatant les pores.

1.3.1. BESOIN EN EAU D'UN ETANG PISCICOLE - EVAPORATION - (5)

L'eau de l'étang qui s'évapore dans l'air, est l'évaporation. Les pertes d'eau par évaporation dépendent essentiellement des conditions climatiques locales.

Les pertes d'eau par évaporation dépendent des conditions climatiques locales, en particulier de la température atmosphérique. Les évaporations sont augmentées par des températures atmosphériques élevées, des ensoleillements, une faible humidité de l'air et des vents forts.
La quantité d'eau perdue pendant une période fixe ou taux d'évaporation s'exprime en profondeur d'eau perdue au cours de cette période (par exemple 4 mm/ jour ou 85 mm/mois).
Au contraire, des températures atmosphériques basses, une forte humidité de l'air, la pluie et un ciel couvert, diminuent les pertes d'eau par évaporation.
La quantité d'eau perdue par évaporation est proportionnelle à la superficie de l'étang, c'est-à-dire que, plus l'étang est grand, plus il s'évapore d'eau.
Malgré une quantité absolue d'eau perdue plus élevée pour une grande superficie, les taux d'évaporation (nombre de mm évaporé par jour) d'un petit et d'un grand étang exposés aux mêmes conditions climatiques, sont les mêmes.

1.3.1. BESOIN EN EAU D'UN ETANG PISCICOLE - EVAPORATION - (6)

Les pertes d'eau par évaporation ne sont pas les mêmes toute l'année, mais varient avec les saisons. De même, elles varient d'un endroit à l'autre.

La localisation du site piscicole peut avoir une influence importante sur les pertes d'eau par évaporation. L'altitude, une position ouverte ou fermée ont une grande influence sur les conditions climatiques locales qui déterminent le taux d'évaporation comme le vent, la température atmosphérique et l'humidité.
Il y a aussi une grande variation de la vitesse de l'évaporation de l'eau durant l'année. Avec les changements des conditions climatiques, le taux d'évaporation varie avec les saisons.
En effet, l'évaporation est plus importante pendant la saison sèche que pendant la saison de pluies.
Afin de connaître le taux d'évaporation d'un site piscicole, il faut déterminer le taux d'évaporation journalière du site. Avec ces données, on peut calculer les pertes d'eau par mois. En pratique, on se renseigne auprès de la station météorologique la plus proche pour obtenir les renseignements sur l'évaporation de la région. Le tableau ci-contre représente, à titre indicatif, les taux d'évaporation d'une station météorologique sur les Hautes-Terres malgaches.

1.3.1. BESOIN EN EAU D'UN ETANG PISCICOLE - EXEMPLE - (7)

Un nouvel étang piscicole de 5 ares (500 m2) est construit, le sol est limoneux et l'étang est mis sous eau en octobre. Quel est le besoin en eau de cet étang pour compenser les pertes par infiltration et par évaporation pendant la période pour l'élevage prévu jusqu'au mois d'avril?

Les pertes d'eau par infiltration d'un nouvel étang ayant un sol limoneux est de 100 mm/jour les premiers mois de l'élevage.
Les pertes d'eau par infiltration sont calculées comme suit :
500 m2 × 0,1m/jour = 50 m3/jour = 50.000 l/jour.
1 jour = 24 × 60 × 60 = 86.400 secondes
les pertes par infiltration sont donc :
50.000 1 : 86.400 s = 0,6 l/s.
La perte d'eau par évaporation d'octobre à avril est en moyenne 5 mm/jour.
La quantité d'eau perdue par évacuation est calculée comme suit :
500 m2 × 0,005 m/jour = 2,5 m3/jour = 2.500 l/jour
1 jour = 86.400 secondes
Les pertes d'eau par évaporation sont donc :
2.500 l : 86.400 s = 0,03 l/s.

Remarquons que, pour un nouvel étang, les pertes d'eau par infiltration sont, en général, plus importantes que celles par évaporation.
Si le débit d'eau du canal d'amenée est 0,63 l/s ou  moins, toute l'eau sera perdue par infiltration et/ou par évaporation (cas A). En conséquence, pour pouvoir mettre sous eau cet étang, le débit d'eau doit être supérieur à 0,63 l/s (cas B).

1.3.2. DELAI DE REMPLISAGE (1)

Le délai de remplissage d'un étang piscicole dépend de deux facteurs, à savoir : le débit d'eau du canal d'amenée et le besoin en eau de l'étang (volume et pertes par infiltration et évaporation).

Pour une bonne gestion piscicole, il est important de connaître le nombre de jours nécessaires pour le remplissage d'un étang piscicole.
Si l'on connaît le nombre de jours nécessaires pour la mise sous eau d'un étang, on évitera beaucoup de problèmes et en particulier celui de la mise en charge.
Le délai de remplissage est déterminé par les facteurs suivants :
- le débit d'eau du canal d'amenée ;
- le besoin en eau de l'étang (volume et pertes).
Pour remplir un étang de 10 ares avec une profondeur moyenne de 1 m, combien de jour doit-on attendre pour mettre sous eau cet étang ?
Les pertes par infiltration sont en moyenne de 40 mm/ jour, celles par évaporation 5 mm/jour. Le débit d'eau dont on dispose est de 2 l/s.
La quantité d'eau disponible est de 2 l/s = 172.800 l/ jour = 172,8 m3/jour.
Les pertes par infiltration et par évaporation est donc de : 40 + 5 = 45 mm/jour, soit 0,045 m/jour. Ainsi,
le total des pertes est : 0,045 × 1.000 = 45 m3/jour.
Si on enlève les pertes du débit, il nous reste :
172,8 - 45 = 127,8 m3 pour remplir l'étang. Avec un volume de 1.000 × 1 = 1.000 m3 et un débit de
127,8 m3/jour, il faut : 1.000/127,8 = 7,8 jours pour remplir l'étang.

1.3.2. DELAI DE REMPLISSAGE (2)

Un producteur privé d'alevins qui a des dimensions et le délai de remplissage de ses étangs imposés par le type de production appliqué, des pertes d'eau déterminées par des conditions climatiques et pédologiques, doit calculer le débit minimum dont il doit disposer avant de commencer la construction de sa station piscicole.

Le délai raisonnable de remplissage d'un étang piscicole est habituellement imposé par le type de production appliqué. Un pisciculteur peut accepter 8–10 jours de remplissage pour un étang de grossissement. En revanche, pour un étang d'alevinage, un délai de remplissage de 2–3 jours est recommandé afin d'éviter le développement des prédateurs (voir fiches 2.5.6.).
Rappelons que le délai raisonnable de remplissage imposé par le type de production est déterminée par les 3 variables suivantes :
- le débit d'eau du canal d'amenée qui varie en général de façon saisonnière (A) ;
- le volume de l'étang (B) ;
- les pertes d'eau par évaporation et infiltration (C).
Sachant que le délai de remplissage est imposé par le type de production et les pertes d'eau par les facteurs climatiques et pédologiques, il ne nous reste, en réalité, que deux variables : le débit d'eau et le volume de l'étang.
Par conséquent, on peut, pour un site donné, calculer soit les dimensions de l'étang en fonction d'un débit d'eau donné (cas A), soit le débit d'eau minimum en fonction des dimensions de l'étang imposées (cas B).
Etant donné que les étangs d'alevinage d'un producteur privé requièrent des dimensions imposées, nous détaillons ici la deuxième possibilité (cas B), c'est à-dire on doit calculer le débit minimum pour remplir
un étang ayant un volume, un délai de remplissage et des pertes d'eau imposés.

1.3.2. DELAI DE REMPLISSAGE (3)

Il n'est pas nécessaire de remplir tous les étangs d'un site piscicole en même temps. En général, le pisciculteur dispose du débit de son canal d'alimentation d'eau pour remplir chaque étang au moment voulu, en fonction du calendrier de production.

Pour une station piscicole d'un producteur privé d'alevins, il est recommandé que la superficie des étangs soit de 2,5 ou 5 ares, selon le type d'alevinage et l'expérience de l'exploitant-pisciculteur.
La surface sous eau minimale pour débuter est de 10 ares, tandis qu'une surface d'environ 30 ares est recommandée pour une production de croisière de 100.000 alevins par campagne (voir fiches 2.7.1.).
Notons que, si l'on a plusieurs étangs, on n'a pas besoin de les remplir tous en même temps. Remplissezen un d'abord, puis un autre selon vos disponibilités en eau et selon votre calendrier de production.
Nous avons vu qu'un des plus importants facteurs qui influencent le délai de remplissage est l'infiltration, en particulier pour les nouveaux étangs.
Rappelons qu'un nouvel étang perd beaucoup plus d'eau par infiltration qu'un ancien. C'est pourquoi, nous calculons ci-après le débit minimum pour chacun de ces deux cas de figure.

1.3.2. DELAI DE REMPLISSAGE (4)

Le calcul du débit minimum est essentiel pour déterminer si vous pouvez, dès la première année, construire des étangs d'alevinage de 5 ares ou s'il faut se contenter d'étangs de 2,5 ares. Le calcul ci-après s'applique pour un nouvel étang à remplir pour la première fois.

Un bon site de 30 ares avec un sol sablo-limoneux est identifié pour construire une petite station de pisciculture. Déterminez le débit d'eau minimum pour des étangs de 5 et de 2,5 ares, avec les variables imposées suivantes :
- délai de remplissage : 2 jours ;
- profondeur moyenne : 0,8 m ;
- infiltration (nouvel étang) : 200 mm/jour ;
- évaporation : 5 mm/jour.
Pour un nouvel étang de 5 ares ou 500 m2, le volume de l'étang est de 500 m2 × 0,8 m = 400 m3.
Pour remplir ce volume en 2 jours, il faut un débit
de : 400 m3 : 2 jours = 200 m3/jour = 2,3 l/s.
A ce débit, il faut ajouter le débit pour compenser
les pertes d'eau qui sont de : 200 mm + 5 mm =
205 mm, soit 0,205 m/jour, ce qui correspond à :
500 m2 × 0,205 m/jour = 102,5 m3/jour = 1,2 l/s pour votre étang de 500 m2.
Au total, le débit minimum requis est donc de :
2,3 l/s + 1,2 l/s = 3,5 l/s.
Pour un nouvel étang de 2,5 ares ou 250 m2, le débit pour remplir l'étang est de :
250 m2 × 0,8 m = 200 m3
200 m3 : 2 jours = 100 m3/jour = 1,2 l/s.
Le débit pour compenser les pertes :
250 m2 × 0,205 m/jour = 51,3 m3/jour = 0,6 l/s.
Au total, le débit minimum requis est donc de :
1,2 l/s + 0,6 l/s = 1,8 l/s
Si vous disposez d'un débit d'eau de 3 l/s, vous ne pourrez pas, dès la première année, construire des étangs de 5 ares. En revanche, vous devez vous contenter d'étangs de 2,5 ares.

1.3.2. DELAI DE REMPLISSAGE (5)

Voici le même calcul du débit minimum requis, mais cette fois-ci, nous l'avons calculé pour un ancien étang ayant des pertes d'eau par infiltration considérablement diminuées.

Un bon site est identifié par un sol sablo-limoneux et où on pratique la pisciculture depuis plusieurs années. Déterminez le débit d'eau minimum pour des étangs de 5 et de 2,5 ares, avec les variables imposées suivantes :
- délai de remplissage : 2 jours ;
- profondeur moyenne : 0,8 m ;
- infiltration (ancien étang) : 40 mm/jour ;
- évaporation : 5 mm/jour.
Pour un ancien étang de 5 ares ou 500 m2, le débit pour remplir cet étang est de:
500 m2 × 0,8 m = 400 m3
400 m3 : 2 jours = 200 m3/jour = 2,3 l/s.
Le débit pour compenser les pertes :
40 mm/jour + 5 mm/jour = 45 mm/jour = 0,045 m/jour, soit, pour votre étang de 500 m2 :
500 m2 × 0,045 m/jour = 22,5 m3/jour = 0,3 l/s.
Donc, le débit minimum pour remplir et maintenir sous eau notre étang de 5 ares est de :
2,3 l/s + 0,3 l/s = 2,6 l/s.
Pour un ancien étang de 2,5 ares ou 250 m2, le débit pour remplir l'étang est de :
250 m2 × 0,8 m = 200 m3
200 m3 : 2 jours = 100 m3/jour = 1,2 l/s.
Le débit pour compenser les pertes :
250 m2 × 0,045 m/jour = 11,3 m3/jour = 0,1 l/s.
Au total, le débit minimum requis est donc de :
1,2 l/s + 0,1 l/s = 1,3 l/s.
Si vous disposez d'un débit d'eau de 3l/s, vous pourrez donc choisir entre la construction des étangs de 5 ares ou de 2,5 ares.
Ces deux exemples démontrent l'intérêt de diminuer autant que possible les pertes d'eau par infiltration.

1.3.2. DELAI DE REMPLISSAGE (6)

Le débit d'eau d'une station piscicole dépend de sa superficie sous eau. En règle générale, il faut 10 l/s par hectare d'étang pour des petites stations piscicoles avec, quand même, un minimum 2 l/s.

En règle générale, on dit qu'il faut disposer d'un débit d'eau de 5 à 10 l/s pour une superficie de 1 ha d'étang piscicole.
Donc, pour une station piscicole de 3 ha, il faut un débit d'eau minimum de 3 × 5 l/s = 15 l/s. Ainsi, on dispose de 15 l/s pour remplir chaque étang.
Cette règle générale est valable pour des stations piscicoles d'une certaine envergure (superficie > 1 ha).
Pour les petites stations piscicoles (superficie ≤ 1 ha), un débit de 10 l/s est recommandé pour une superficie de 1 ha, avec un minimum de 2 l/s indépendament de la superficie. Nos calculs sur les pages précédentes confirment la nécessité de ce débit minimum.
Pour une station d'un producteur privé d'alevins de 30 ares ou 0,3 ha, il faut donc un débit d'eau minimum de 0,3 × 10 l/s = 3 l/s. Ainsi, il y a 3 l/s disponibles pour remplir chaque étang.
Pour une station de 15 ares, il faudrait, selon notre règle, 0,15 ha × 10 l/ha/s = 1,5 l/s, ce qui est inférieur à la limite de 2 l/s. Dans ce cas, on retient un débit minimum de 2 l/s.
Rappelons qu'une augmentation du débit d'eau disponible augmente la taille des étangs. Alors, les étangs d'une station piscicole de 3 ha où le débit d'eau est plus important (p.e 15 l/s), seront plus grands (cas A) que ceux d'une petite station de 30 ares ou le débit d'eau n'est que de 3 l/s (cas B).

1.3.3. ALIMENTATION EN EAU D'UN ETANG PISCICOLE - SOURCE D'EAU - (1)

Pour avoir une maîtrise d'eau et pour pouvoir remplir votre étang dans les délais imposés, il faut éviter le niveau naturel de l'eau comme source d'eau. En revanche, il est préférable de construire votre étang bien au-dessus du niveau maximal saisonnier de la nappe phréatique et choisir une autre source d'eau.

Le niveau de la nappe phréatique peut varier considérablement d'une saison à l'autre. Cette variation saisonnière rend difficile la régularisation du niveau d'eau de l'étang et la récolte des poissons.
En saison sèche, quand le niveau naturel de l'eau est bas, il peut descendre en-dessous de celui du fond de l'étang. Il n'y aura pas assez d'eau pour le remplir, ni pour remplacer les pertes d'eau.
En saison de pluies, quand la nappe phréatique est élevée, il n'est pas possible de vidanger votre étang pour récolter les poissons.
Il vaut mieux construire les étangs bien au-dessus du niveau de la nappe phréatique et choisir un ruisseau ou une rivière comme source d'eau. De cette source, vous devrez amener l'eau à un endroit situé plus haut que l'étang (voir fiches 1.1.4.).

1.3.3. ALIMENTATION EN EAU D'UN ETANG PISCICOLE - MISE SOUS EAU - (2)

La pisciculture extensive et semi-intensive doit se faire dans de l'eau stagnante, c'està-dire qu'il faut remplir l'étang jusqu'au niveau de sa hauteur normale et on maintient ce niveau en évitant les débordements d'eau ou des baisses du niveau de l'eau.

Si l'étang est prêt, on le remplit en ouvrant l'entrée d'eau. L'entrée peut être un tuyau (en bambou, en métal ou cimenté) ou un canal en terre avant lequel on a placé un dispositif filtrant. Sur le fond de l'étang, au- dessous du jet d'eau, il faut placer des pierres pour éviter que le fond de l'étang soit érodé (érosion) et que l'eau ne soit pas trop boueuse.
Une fois que le niveau d'eau a atteint sa hauteur normale, c'est-à-dire quand l'eau arrive à la hauteur du trop plein, on ferme l'entrée d'eau. Lorque l'on ajoute plus d'eau, les matières fertilisantes de l'étang comme le fumier, les débris organiques, le compost, les engrais qui stimulent le développement des aliments naturels des poissons et les micro-organismes planctoniques, seront perdus.
Il faut retenir tout juste suffisamment d'eau pour maintenir le niveau à sa hauteur normale, sans que l'eau déborde. Ainsi, on dit que l'eau d'un étang piscicole est stagnante.
Il faut placer un grillage à l'entrée d'eau, pour éviter que d'autres poissons (comme des poissons non sélectionnés pour l'élevage) et des prédateurs puissent entrer. De même, le trop plein doit être garni d'un grillage pour que les poissons sélectionnés pour l'élevage et mis en charge ne puissent pas quitter le milieu de l'élevage (bassin piscicole).

1.3.3. ALIMENTATION EN EAU D'UN ETANG PISCICOLE - ENTRETIEN - (3)

Il faut, à tout prix, maintenir le niveau d'eau d'un étang piscicole à sa hauteur maximale pour donner assez d'espace, d'oxygène dissous et de nourriture naturelle.

Les pertes d'eau par infiltration et par évaporation font baisser le niveau d'eau de l'étang (voir fiche 1.3.1.(7)).
Il ne faut pas attendre que celui-ci soit très bas pour compenser les pertes d'eau. On doit rajouter de l'eau régulièrement pour maintenir le niveau d'eau de l'étang en permanence à sa hauteur optimale. Cette hauteur est nécessaire pour garantir suffisamment d'espace, d'oxygène dissous, d'aliments naturels, etc…, pour les poissons élevés. De plus, une trop faible hauteur d'eau favorise la prolifération de plantes aquatiques non-désirées.
Pour éviter des difficultés pour maintenir le niveau d'eau à son niveau optimal, il faut nettoyer régulièrement les grillages de chaque étang.
Si l'on oublie de nettoyer les grillages du tuyau d'entrée d'eau, le niveau d'eau de l'étang risque de baisser trop à cause des pertes d'eau par infiltration et évaporation (cas A).
En revanche, si l'on oublie de nettoyer celui du tuyau de trop plein, l'étang risque de déborder par les digues et on ne perd pas seulement de l'eau bien fertilisée et chargée d'aliments naturels, mais aussi beaucoup de poissons (cas B).
Il faut aussi régulièrement s'assurer que l'orifice de sortie du dispositif de vidange de chaque étang, que ce soit un simple tuyau ou un moine (voir fiches 1.2.9.) soit bien étanche et qu'il n'y ait pas de fuites d'eau.

1.4. CARACTERISTIQUES D'UN ETANG PISCICOLE

1.4.1. GENERALITES

C'est en connaissant et en comprenant l'environnement du poisson que les conditions de production optimale peuvent être trouvées.

Le milieu dans lequel vit le poisson est appelé son environnement.
Le poisson et son environnement forment un système interdépendant complexe qui est appelé écosystème.
C'est en étudiant et en comprenant les caractéristiques de cet écosystème que les conditions de production optimale peuvent être définies.
L'environnement du poisson est constitué d'eau. Dans cet écosystème aquatique, on distingue principalement :
- des facteurs physico-chimiques comme la température, la turbidité, la concentration en gaz dissous
(O2, CO2 …), la composition ionique (pH), …;
- le complexe biologique constitué par les organismes vivants végétaux et animaux.
C'est en comprenant l'action des facteurs physicochimiques et le rôle des organismes du complexe biologique que l'on peut déterminer quels sont les facteurs ou éléments limitant la production.
Avec ces connaissances, on peut envisager les mesures à prendre pour améliorer la production.

1.4.2. FACTEURS PHYSICO-CHIMIQUES - L'OXYGENE - (1)

Comme l'air, l'eau contient de l'oxygène. Parmi les gaz dissous, l'oxygène est celui qui joue le rôle plus important en ce qui concerne la qualité des eaux de l'élevage. Il est indispensable à la respiration des organismes vivants.

En aquaculture, on parle d'oxygène dissous, c'est-àdire de la quantité d'oxygène contenue dans l'eau.
Il y a beaucoup moins d'oxygène dans l'eau que dans l'air, ceci est dû au fait que l'eau ne peut contenir qu'une petite quantité de ce gaz dissous.
La teneur en oxygène de l'air varie avec l'altitude, mais s'approche en général de 16–20%. Dans l'eau, la teneur en oxygène dissous varie avec la température de l'eau, mais s'approche de 7 à 11 mg/l sur les
Hautes-Terres malgaches (voir fiche 1.4.2.(4)).
Quelle que soit la température de l'eau, quand l'eau est saturée en oxygène dissous et si on essaie d'en ajouter, toute la quantité supplémentaire s'échappera dans l'air.
De même, dans une tasse de thé, on ne peut plus dissoudre de sucre quand celle-ci en est déjà saturée.
Toute la quantité supplémentaire se déposera dans le fond de la tasse.
On sait que de l'oxygène dépend la vie de tout organisme vivant : l'oxygène estindispensable à la respiration. La concentration en oxygène de l'eau sera un facteur déterminant pour la survie et la croissance, non seulement du poisson, mais également de tout organisme aquatique.

1.4.2. FACTEURS PHYSICO-CHIMIQUES - L'OXYGENE - (2)

La concentration en oxygène dissous dans l'eau peut varier sous l'influence de facteurs physico-chimiques, mais aussi par la consommation qu'en font les organismes vivants.

Plusieurs phénomènes ou processus peuvent faire varier la concentration en oxygène dissous dans l'eau.
Ainsi, d'une part, la respiration de tous les organismes vivants, la décomposition (dégradation des matières organiques) et les élévations de température de l'eau réduisent la concentration en oxygène dissous. D'autre part, la photosynthèse, la diffusion (échange entre l'atmosphère et la surface de l'étang) et les diminutionsde température de l'eau, au contraire, augmentent la concentration en oxygène dissous de l'eau.
La respiration est un processus complexe, les organismes vivants y compris, les plantes, ont besoin d'énergie pour vivre. Cette énergie peut être obtenue en brûlant des molécules assimilées riches en énergie (glucides, lipides, protides), ce qui requiert de l'oxygène :
(glucides, lipides, protides) + O2 → énergie + CO2
La consommation d'oxygène (O2) et la libération de gaz carbonique ou dioxyde de carbone (CO2) qui s'opèrent durant ce processus, s'appellent la respiration.
La décomposition, dont la phase ultime est la minéralisation, est le processus qui réduit toute la matière organique en éléments minéraux qui peuvent être réutilisés par les plantes. Ce processus dépend de toute une microfaune dont de nombreuses bactéries, et consomme beaucoup d'oxygène :
matière organique + O2 → CO2 + énergie + N,K,P

1.4.2. FACTEURS PHYSICO-CHIMIQUES - L'OXYGENE - (3)

La variation de la concentration en oxygène dissous dans l'eau (suite).

La source principale d'oxygène dissous dans l'eau est liée à la photosynthèse. La photosynthèse est le phénomène qui transforme l'énergie solaire en énergie chimique sous forme de synthèse de molécules riches en énergie (glucides, lipides, protides) à partir d'eau et de dioxyde de carbone tout en libérant de l'oxygène :
             énergie solaire
CO2 + H2O → (glucides, lipides, protides) + O2.

Seuls, les organismes végétaux contenant de la chlorophylle sont capables d'effectuer la photosynthèse.
Comme la concentration en oxygène de l'air est nettement supérieure à celle que l'on trouve dans l'eau, il existe un phénomène d'échanges de l'oxygène de l'air vers l'eau. Ce phénomène est appelé diffusion.
La diffusion explique que la concentration en oxygène dissous est plus élevée à la surface de l'eau qu'en profondeur.
Une fois que la concentration en oxygène dissous dans l'eau a atteint sa valeur maximale (saturation), le surplus d'oxygène produit par la photosynthèse (sursaturation) ne pourra plus être dissous et s'échappera dans l'air.

1.4.2. FACTEURS PHYSICO - CHIMIQUES - TEMPERATURE - (4)

La température influence non seulement l'activité biologique des organismes vivants, mais également d'autres facteurs physico-chimiques.

La température de l'eau est un des facteurs les plus importants pour les poissons et les autres organismes aquatiques.
Nous savons que les poissons et la plupart de animaux aquatiques sont des animaux à sang froid (poïkilotherme) et donc que la température de l'eau détermine celle du corps de ces animaux. Ainsi, une augmentation de la température de l'eau de l'étang entraîne une augmentation de toute l'activité biologique de l'étang.
Les organismes végétaux et animaux se développent plus rapidement et les fonctions de respiration, photosynthèse, décomposition, minéralisation sont plus intenses.
Une des caractéristiques chimiques de l'eau est constituée par la propriété que sa capacité maximale en oxygène varie avec sa température. La concentration maximale en oxygène dissous dans l'eau diminue quand sa température augmente. Par exemple : à 10°C, la teneur maximale en oxygène dissous est de 11mg/l et, à 30°C, cette teneur maximale n'est plus que de 7 mg/l.
N'oublions pas que, si la température de l'eau augmente, le développement accéléré exigera une plus importante consommation en oxygène du poisson.
En revanche, en même temps, la quantité maximale d'oxygène dissous dans l'eau diminue.
Ainsi, dans des élevages intensifs (voir fiche 1.5.3.(11)), la demande d'oxygène des poissons peut dépasser le taux maximum d'oxygène dissous.

1.4.2. FACTEURS PHYSICO-CHIMIQUES - LE pH - (5)

Le pH est aussi un paramètre important déterminant la qualité chimique de l'eau. Les conditions de pH influencent les fonctions physiologiques des poissons.

Toutes les eaux ne sont pas de même qualité. Un des principaux indicateurs de la qualité chimique de l'eau, après les concentrations en gaz dissous (O2 et CO2), est la composition ionique de l'eau dont la plus  importante mesure est le pH. Le pH mesure l'acidité ou l'alcalinité de l'eau. La valeur du pH varie de 1 à 14. La valeur du pH = 7 est dite neutre, en deçà, elle est acide et au delà, alcaline.
Les conditions extrêmes du pH, c'est-à-dire en deçà de 6 et au delà de 8, correspondent à des situations où les processus physiologiques du poisson (respiration, alimentation, …) ne sont pas optimaux et, certains éléments comme N, P, K, Ca …, sont retenus prisonniers chimiquement et ne sont plus assimilables par les organismes.
Aux environs d'un pH 7, les éléments nutritifs sont  facilement assimilables par les organismes végétaux et la chaîne alimentaire peut se développer normalement. Dans ces conditions, on peutespérer une bonne croissance du poisson.
Il est recommandé de demander aux agents de vulgarisation de mesurer le pH de l'eau de son étang et de son canal d'alimentation en eau.

1.4.2. FACTEURS PHYSICO - CHIMIQUES - TURBIDITE - (6)

La turbidité affecte la capacité respiratoire du poisson et les activités photosynthétiques des organismes végétaux.

La présence de particules et des organismes phyto et zooplanctoniques en suspension dans l'eau entraîne une diminution de la transparence du liquide que l'on appelle la turbidité.
Les particules suspendues dans l'eau que l'on retrouve le plus communément, sont des particules minérales argileuses, voire même limoneuses.
Des eaux fortement turbides en raison de la présence de particules minérales et/ou détritiques sont dommageables pour les poissons. Ces particules suspendues risquent de s'accumuler au niveau des branchies et de diminuer fortement la capacité de respiration du poisson.
La turbidité affecte également la pénétration des rayons lumineux dans l'eau et entraîne une diminution des activités photosynthétiques des organismes végétaux.
Ceci a pour conséquence de diminuer le développement de ces organismes  végétaux.
De fortes pluies entraînant de nombreuses particules minérales et organiques du sol ainsi que la perturbation du fond de l'étang par des poissons benthophages ou encore des développements planctoniques peuvent entraîner des augmentations de la turbidité.
On observe également que des écoulements trop rapides dans les canaux d'alimentation (dus à de trop fortes pentes du canal) augmentent la turbidité de l'eau par suite d'érosion.

1.4.3. LA MATIERE MINERALE / ORGANIQUE

La matière est composée de molécules. Contrairement à la matière minérale composée de molécules simples, voire élémentaires, la matière organique est composée de molécules complexes.

La matière est composée de molécules; les molécules les plus simples sont appélées éléments tels que Fe (fer), C (carbone), O (oxygène), N (azote)…
La matière organique est toute matière issue d'organisme vivant végétal ou animal. Elle se caractérise par des molécules complexes à base de carbone (C) pouvant comporter plusieurs centaines, voire des milliers d'éléments. Toute autre matière non-organique est appelée matière minérale. En général, la matière minérale est composée de molécules relativement simples comportant un nombre limité d'éléments 
(CO2, H2O, CaCO3, NaCl…).
Les organismes végétaux photosynthétiques sont les seuls organismes vivants capables de transformer de la matière minérale en matière organique. L'élabo ration de molécules complexes requiert de l'énergie que les plantes captent à partir de l'énergie solaire.
Les organismes animaux consomment de la matière organique pour se développer, ils sont incapables de se développer à partir de matières minérales.
La matière organique est d'abord élaborée à partir d'éléments minéraux par les plantes photosynthétiques. Par la suite, elle peut être assimilée et transformée par les organismes animaux.
La matière organique (débris végétaux, déjections et cadavres d'animaux), est décomposée et minéralisée et retourne par ce processus à de la matière minérale.

1.4.4. ORGANISMES VIVANTS DANS L'ETANG - LES VEGETAUX - (1)

En dehors des poissons, on trouve une multitude d'organismes végétaux et animaux dans l'étang. Tous ces organismes jouent un rôle important dans l'étang. Le plus important groupe d'organismes végétaux dans un étang piscicole est le phytoplancton.

Le phytoplancton est composé par un ensemble très varié d'algues aquatiques qui se trouve à l'état libre dans l'eau (sans substrat). Ces algues sont composées soit d'une cellule (monocellulaire) soit de plusieurs cellules (pluricellulaire).
L'observation de ces microorganismes végétaux nécessite l'emploi d'une loupe ou d'un microscope.
Leur présence en très grand nombre donne une couleur vert-bleu à vert-marron à l'eau de l'étang.
Le phytoplancton a deux fonctions très importantes dans un étang piscicole. Premièrement, c'est un producteur d'oxygène et deuxièmement, c'est le premier maillon de la chaîne alimentaire dans un étang piscicole.
Une chaîne alimentaire est une chaîne qui relie les organismes selon qu'ils servent d'aliments pour les autres. Toute chaîne alimentaire commence par un organisme végétal car ce sont les seuls capables de synthétiser de la matière organique.
Si le phytoplancton n'existait pas, beaucoup d'autres organismes disparaitraient de l'étang piscicole du fait de l'absence du premier maillon de la chaîne alimentaire.
Le phytoplancton est composé d'organismes photosynthétiques qui transforment l'énergie lumineuse en énergie chimique, tout en consommant du gaz carbonique (CO2) et en produisant de l'oxygène (O2).
Ce processus n'a lieu que pendant la journée avec la présence du soleil.
La durée de vie de ces organismes est relativement courte et la biomasse phytoplanctonique varie en fonction des caractéristiques du milieu tels que : température, présence d'éléments minéraux, éclairement, …

1.4.4. ORGANISMES VIVANTS DANS L'ETANG - LES VEGETAUX - (2)

Les organismes végétaux contenant de la chlorophylle produisent de l'oxygène durant le jour (photosynthèse) et consomment de l'oxygène durant la nuit (respiration).

Durant toute la nuit, la photosynthèse n'a pas lieu, donc il n'y a pas de production d'oxygène. En revanche, les organismes végétaux comme tous les organismes vivants, consomment de l'oxygène par la respiration et produisent du gaz carbonique.
Il y a donc durant la nuit, une forte consommation d'oxygène qui se fait conjointement avec une production de gaz carbonique de la part des organismes végétaux.
Si la masse des organismes végétaux (phytoplanctons et plantes aquatiques) dans l'étang piscicole est trop importante, elle peut consommer l'oxygène aux dépens des poissons élevés. A l'aube, on peut observer les poissons venant chercher de l'oxygène à la surface  de l'eau et même parfois, une mortalité massive par asphyxie.
Du fait que les organismes végétaux (dont le phytoplancton est le plus répandu dans un étang piscicole)  produisent de l'oxygène par la photosynthèse, uniquement pendant le jour, l'oxygène dissous dans l'eau a un cycle journalier. A l'aube, l'oxygène dissous est minimal puisqu'il a été consommé la nuit par tous les organismes végétaux et animaux.
Au début du jour, la photosynthèse commence, l'oxygène est produit et la concentration en oxygène dissous dans l'eau augmente.

1.4.4. ORGANISMES VIVANTS DANS L'ETANG - LES VEGETAUX - (3)

Les plantes supérieures peuvent devenir des concurrentes indirectes sérieuses de la production piscicole en étang, soit par la respiration durant la nuit, soit par la consommation d'éléments minéraux, soit enfin par l'abri qu'elles offrent aux organismes prédateurs.

Les plantes supérieures, c'est-à-dire les plantes qui ont développé des organes de reproduction sont réparties selon trois groupes dans l'étang.
On distingue les plantes immergées (A), les plantes émergées (B) et les plantes flottantes (C).
Les plantes supérieures ne sont généralement pas utiles dans l'étang piscicole à l'exception de l'élevage de poissons herbivores.
Les plantes supérieures trop nombreuses peuvent devenir un handicap très sérieux de la production piscicole d'un étang. D'abord, par la consommation d'oxygène durant la nuit, en plus, les plantes supérieures consomment des éléments minéraux (N, P, K) indispensables à leur développement. Par conséquent, ces éléments ne sont plus disponibles pour le phytoplancton, maillon de base de la chaîne alimentaire de l'étang. De même, la couverture formée par les plantes supérieures diminue la pénétration de la lumière dans l'eau, ce qui réduit les capacités de photosynthèse du phytoplancton et donc son développement.
Les plantes supérieures peuvent également former des abris où des animaux prédateurs de larves et d'alevins peuvent se multiplier. On peut prévenir la prolifération des plantes supérieures, soit en construisant des étangs d'une profondeur d'eau suffisante pour que les rayons lumineux n'atteignent que très faiblement l'assiette de l'étang, soit par la présence de quelques poissons herbivores, soit par une fertilisation adéquate permettant le développement d'une bonne population de phytoplancton.
Si malgré ces mesures, les plantes aquatiques supérieures appraissent, il faudra les enlever le plus vite possible.

1.4.4. ORGANISMES VIVANTS DANS L'ETANG - LE ZOOPLANCTON - (4)

Les organismes animaux vivant dans l'étang piscicole forme une faune très variée. Leur rôle peut être bénéfique ou dommageable suivant les espèces et le(s) poisson(s) cultivé(s).

Une multitude de très petits organismes animaux se développent dans l'eau. Ces petits organismes ne sont bien visibles qu'avec une loupe et le plus souvent, qu'avec un microscope.
Ces organismes animaux forment ce qu'on appelle le zooplancton; ils consomment des détritus, du phytoplancton, des bactéries et pour les plus grands, d'autres organismes zooplanctoniques.
On répartit les organismes composant le zooplancton selon trois classes, en ordre croissant de tailles. On distingue :
- les rotifères (A) ;
- les cladocères (B) ;
- les copépodes (C).
Le zooplancton forme un excellent aliment pour beaucoup d'espèces de poissons surtout au moment du stade larvaire. Cependant, les plus grands copépodes sont les prédateurs d'oeufs, de larves et même d'alevins.
Il est important de connaître le dynamisme de développement des classes composant le zooplancton. Ainsi, après la mise en eau d'un étang bien fertilisé, on observe pendant les premiers jours un bon développement de la population de la classe des plus petits zooplanctons: les rotifères. Ce n'est qu'après une semaine que la population des cladocères atteint son optimum et de même, après une dizaine de jours pour la population des copépodes.

1.4.4. ORGANISMES VIVANTS DANS L'ETANG - LES INSECTES - (5)

Les insectes aquacoles sont des animaux vivant dans l'eau possédant six pattes et présentant des caractéristiques très variables.

Les insectes sont des animaux terrestres dont certains retournent dans l'eau pour se reproduire et dont leurs larves s'y développent. Il existe une très grande variété d'insectes, plusieurs centaines de milliers d'espèces différentes. Le premier critère de reconnaissance des insectes est qu'ils sont munis de 3 paires de pattes, c'est-à-dire 6 pattes au total. C'est pourquoi, on les a souvent nommé hexapodes.
Dans l'étang, on trouve de nombreuses espèces d'insectes aquacoles, de larves d'insectes aquacoles, mais aussi des larves de certains insectes terrestres. Certaines ont une bonne valeur piscicole puisqu'elles servent de nourriture aux poissons, comme les larves et pupes de chironomidés et de moustiques.
Les larves et pupes de moustiques vivent près de la surface, cachées dans la végétation aquatique. En revanche, celles de chironomidés habitent la vase du fond des étangs.
Il existe aussi de nombreuses espèces carnivores dont  les larves et les adultes vivant dans l'eau sont des prédateurs pour les oeufs, les larves et même les alevins. Parmi ceux-ci, on retrouve entre autres les larves et adultes de la famille des ditiques, les larves des odonates (libellules), les nepa, les notonectes, etc…
Si la population de ces insectes prédateurs est importante, elle peut causer des dégâts importants dans les étangs d'alevinage.

1.4.4. ORGANISMES VIVANTS DANS L'ETANG - LE BENTHOS - (6)

Le benthos regroupe tous les organismes animaux qui vivent dans la zone du fond de l'étang.

La faune que l'on retrouve dans l'étang est très variée et on ne pourrait pas la décrire entièrement ici. 
Tous les organismes qui vivent dans, sur ou près du fond de l'étang sont regroupés sous l'appellation de benthos.
Le benthos est essentiellemnt composé de larves d'insectes, de vers (annelides, nématodes, …), de mollus ques, de crustacés et de micro-organismes dont les bactéries sont le groupe le plus important.
En général, les organismes composant le benthos se nourrissent de débris organiques.
Pour quelques espèces de poissons dont la carpe commune, le benthos constitue l'aliment préféré.

1.4.4. ORGANISMES VIVANTS DANS L'ETANG - LES VERTEBRES - (7)

Les vertébrés forment un groupe d'animaux dont l'activité aquacole est presque toujours prédatrice.

Les vertébrés, c'est-à-dire les animaux munis de vertébres peuvent être divisés en deux groupes. Le premier est constitué par les visiteurs occasionnels du milieu aquatique. Les représentants de ce premier groupe sont surtout les oiseaux (canard, héron, martinpêcheur, ombrette) mais aussi les serpents, etc.… Souvent, ils peuvent diminuer la production piscicole parce que ce sont des prédateurs de poissons.
Le second groupe est composé par les vertébrés adaptés à la vie aquatique comme les poissons et les amphibiens.
Parmi les amphibiens les plus nuisibles à la pisciculture, on trouve les grenouilles. Certaines espèces de grenouilles et/ou leurs larves, les têtards sont des prédateurs de poissons, mais plus généralement ils sont de forts concurrents pour l'alimentation des poissons élevés en étang.
Parmi les poissons carnivores, le fibata (Ophiocephalus sp.) et le black bass (Micropterus salmoïdes) sont les plus connus à Madagascar.
Un autre vertébré dont on ne parle pas toujours suffisamment et qui peut devenir un prédateur redoutable car intelligent, est l'homme.

1.4.4. ORGANISMES VIVANTS DANS L'ETANG - LES BACTERIES - (8)

Les bactéries étant des organismes difficiles à classer, nous en parlons en dernier lieu bien que leur activité dans l'étang soit de première importance.

Les bactéries ont une taille de quelques microns (0,001 mm), elles vivent librement ou agglomérées les unes aux autres. Elles peuvent flotter dans la masse d'eau, se trouver fixées sur des particules ou encore dans le fond de l'étang. Elles se retrouvent donc partout et peuvent se multiplier très vite si les conditions sont favorables, leur nombre peut doubler chaque heure.
Tous les organismes vivants et leurs déchets sont composés de matière organique. Les bactéries décomposent la matière organique composée par ces déchets et les organismes morts en éléments minéraux pour en extraire l'énergie et se développer. Ce processus est appelé la décomposition dont la phase ultime est la minéralisation. Les éléments minéraux libérés par les bactéries sont à nouveau disponibles pour les organismes végétaux qui en ont besoin pour se développer.
Le cycle qui transforme les éléments minéraux en matière organique (MO), qui à son tour est transformé en éléments minéraux par minéralisation, est le cycle de la matière organique. Ce cycle assez complexe peut être résumé comme suit : les éléments minéraux, en présence de lumière, sont transformés par les végétaux en matière organique, ces derniers peuvent être consommés par des organismes animaux suivant une chaîne alimentaire plus ou moins longue. Les déchets et cadavres seront décomposés et minéralisés par des bactéries, et les éléments minéraux seront libérés.

1.4.5. LE CYCLE BIOLOGIQUE

L'ensemble des organismes vivants et leur environnement sont interdépendants. Leur renouvellement se fait selon des cycles complexes dont l'ensemble est appelé cycle biologique.

Dans le cycle biologique, on peut distinguer le cycle gazeux dont principalement l'oxygène (O2) et le gaz carbonique (CO2).
On a vu que ce sont les organismes végétaux contenant de la chlorophyle qui produisent la matière organique par la photosynthèse. Ce processus consomme du gaz carbonique (CO2) et produit de l'oxygène (O2).
Dans le même temps, tous les organismes vivants consomment de l'oxygène par la respiration et secrètent du gaz carbonique comme déchets du métabolisme. Dans la nature, il existe un équilibre entre la production et la consommation de l'oxygène et du gaz carbonique.
On distingue également le cycle des éléments minéraux qui sont absorbés par les organismes végétaux pour former de la matière organique. Cette matière organique peut être consommée par d'autres organismes dans la chaîne alimentaire. Ensuite, cette matière organique est décomposée et minéralisée, et ainsi retransformée en éléments minéraux disponibles pour un nouveau cycle.
Le cycle biologique fait intervenir tous les organismes vivants et tous les éléments de son environnement.
Dans ce chapitre, nous avons simplifié le cycle biologique pour permettre d'expliquer et de comprendre ce cycle très complexe.

1.4.6. LE POISSON - GENERALITES - (1)

Le poisson est un animal adapté aux conditions de vie aquatique qui présente quelques particularités biologiques.

Comme tous les autres organismes vivants, les poissons ont besoin d'oxygène pour vivre. Le système respiratoire du poisson est adapté à la vie aquatique et est composé par des branchies. Les branchies assurent l'échange d'oxygène (O2) et de gaz carbonique ou dioxyde de carbone (CO2) entre le sang et l'eau.
Le poisson respire en aspirant de l'eau contenant de l'oxygène par la bouche et en l'expulsant par les  opercules. Au cours de ce processus, l'eau passe au travers des branchies et l'échange d'oxygène de l'eau vers le sang et de dioxyde de carbone du sang vers l'eau, est réalisé.
Comme pour le système respiratoire, la peau du poisson est adaptée aux conditions du milieu aquatique. On distingue plusieurs couches dont le derme, l'épiderme, les écailles et une dernière couche très importante composée par le mucus.
Les fonctions de cet ensemble sont très diverses, mais la fonction de protection contre les éléments pathogènes de l'environnement est une des plus importantes.
Le poisson reconnaît les éléments de son environnement et les changements dans cet environnement grâce aux organes sensitifs. Selon les caractéristiques de leur fonction, on distingue des :
- photorécepteurs → vue ;
- chémorécepteurs → odorat, goût et changement composition d'eau ;
- thermorécepteurs → température d'eau;
- mécanorécepteurs → vibration et ouïe.

1.4.6. LE POISSON - GENERALITES - (2)

Le poisson est un animal adapté aux conditions de vie aquatique (suite).

Le poisson est un animal à sang froid (poïkilotherme), c'est-à-dire que la température de son corps est la même que celle de son environnement.
L'activité du poisson, c'est-à-dire de son métabolisme, varie en fonction de la température de son environnement.
La température optimale dépend d'une espèce de poisson à l'autre. On distingue généralement trois groupes:
- poisson d'eau froide ;
- poisson d'eau tempérée ;
- poisson d'eau chaude.
Les poissons élévés à Madagascar font partie du groupe des poissons d'eau chaude.
En saison chaude, quand la température de l'eau est  élevée, le poisson d'eau chaude est très actif, ses besoins alimentaires sont importants et sa croissance est optimale (= température optimale).
En saison froide, quand la température de l'eau est basse, ce poisson est peu actif, ses besoins alimentaires moindres ou même nuls, sa croissance, faible ou nulle ou même négative (= température non optimale).
En plus de la température, les différentes espèces de poissons présentent des caractéristiques spécifiques quant à la préférence et à la tolérance aux autres facteurs physico-chimiques de leur environnement (pH, O2, turbidité …).
Certains poissons supportent et peuvent même se reproduire dans des eaux ayant des teneurs en oxygène dissous faible. Alors que dans ces mêmes conditions, d'autres espèces ne pourraient survivre.

1.4.6. LE POISSON - GENERALITES - (3)

Le poisson s'est adapté à certaines conditions de vie qui peuvent varier avec chaque espèce.

Une autre caractéristique spécifique de l'espèce est son adaptabilité à croître en étang.
L'étang est un milieu d'élevage artificiel doté d'une profondeur fixée et d'un espace limité. En fonction de l'espèce élevée et de l'intensification de l'élevage, l'eau doit être stagnante ou au contraire renouvelée en permanence.
Les conditions d'élevage artificielles varient avec chaque type d'élevage (espèce(s), densité, aliment, …).
Tous les poissons ne conviennent pas à l'élevage. Seuls les poissons ayant une bonne croissance en milieu d'élevage conviennent à la pisciculture.
Par exemple, la croissance des gambusie est très faible en étang. En revanche, la croissance de la carpe commune ou du tilapia du Nil est très bonne.
La résistance aux maladies est plus généralement attribuée aux bonnes conditions environnementales.
Dans l'eau, que ce soit en eau libre ou en élévage, les agents pathogènes existent dans un état latent et vivent en équilibre avec les poissons.
En cas de déséquilibre de l'environnement, les agents pathogènes peuvent se développer rapidement et quand ils ont atteint des concentrations élevées, ils peuvent nuire aux poissons.
Certaines espèces présentent des résistances spécifiques à certaines maladies.

1.4.6. LE POISSON - LE REGIME ALIMENTAIRE - (4)

Il existe une multitude de différentes espèces de poissons et chaque espèce a ses caractéristiques propres, entre autres le régime alimentaire.

Le régime alimentaire est une caractéristique spécifique liée à l'espèce. Ainsi, on distingue des espèces de poissons herbivores, prédateur piscivore, microphage, détritivore, insectivore, omnivore …
Une espèce de poisson peut avoir plusieurs régimes alimentaires différents en fonction de la disponibilité de l'aliment.
La carpe commune adulte par exemple, a un régime alimentaire préférentiel consistant à manger les larves d'insectes, les mollusques et les vers vivant dans la vase. A défaut de cette nourriture, la carpe commune se nourrira de grains. Si elle ne trouve ni larves d'insecte, ni vers, ni grains, elle s'alimentera à partir des débris végétaux.
Le régime alimentaire du poisson change généralement avec son stade de développement. Ainsi, les alevins sont généralement planctophages (zooplanctophages et/ou phytoplanctophages) et les adultes ont en général un tout autre régime comme détritivore ou piscivore par exemple.
Il est donc important de connaître le régime alimentaire des divers stades de développement d'une espèce de poisson si on souhaite faire de la multiplication.

1.4.6. LE POISSON - LA REPRODUCTION - (5)

Le comportement de la reproduction est aussi une caractéristique de l'espèce.

Le comportement et le type de reproduction du poisson est également une caractéristique spécifique de l'espèce.
Certaines espèces ne produisent qu'un faible nombre d'oeufs, mais en assurent un bon suivi jusqu'à l'éclosion et même parfois jusqu'au stade alevins.
D'autres produisent un nombre trés important d'oeufs, mais n'assurent aucun suivi.
On peut aussi distinguer les conditions physicochimiques de reproduction. Pour la carpe commune par exemple, il faut que la température de l'eau se situe entre 18 et 24°C, et que la concentration en oxygène dissous se situe entre 5 et 10 mg/l.
D'autres facteurs liés à l'environnement spécifique au conditionnement de la reproduction naturelle de la carpe commune sont détaillés dans le chapitre 2.3.
L'homme n'est parvenu à faire reproduire que quelques espèces ayant un intérêt piscicole en étang. Ce sont ces espèces que l'homme est parvenu à reproduire en captivité, qui sont élevées et reproduites en grande quantité, car chaque cycle d'élevage piscicole requiert des alevins pour le commencer.


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