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III.- LA PECHE

En général, il s'agit plutôt d'une pêche à l'échelle de subsistance plutöt qu'artisanale, étant donné les faibles rendements par pêcheur (de l'ordre de 1/2 à 3 kg/jour seulement). Les captures sont néanmoins régulièrement commercialisées, surtout localement, ce qui assure tout de même une bonne répartition de poisson parmi la population rurale, quoique en quantité nettement insuffisante.

3.1.- Les espèces péchées (voir tableau 4)

Les pêcheurs professionnels capturent surtout la carpe, les Tilapia, le Cichlosoma (genè) et les “teta” (Gobiomorus et Dormitator), ces derniers étant les plus appréciés. Toutes les autres espèces surtout des “Tiyaya” (poécilidés) et Cichlidés juvéniles ne sont capturées qu incidentalement ou pour la subsistance (friture), par les femmes et enfants principalement, au moyen de draps, de paniers (en rivière surtout), parfois au trémail, épervier ou hamecon. L'aiguille (Strongylura) ou lac Saumâtre n'est pas exploité, malgré qu'il constitue environ 25% de la biomasse dans les captures expérimentales (Réf.41)?

3.2.- Les équipements et méthodes (réfs. 8,23,38,40 et 41):

Ceux-ci sont très rudimentaires, comprenant en bref:

i) Embarcations: chambre à air et pipirites (petit radeau en bois) pour la pêche à la ligne pirogues (bois fouyé), de très mauvaise qualité par manque de troncs d'arbres appropriés; 3–5m de long; Koralins ((skifs en planches à fond plat, de 2,5 – 4,5m) propulsés à la rame.

Il n'y a aucune mécanisation, 2 moteurs hors bord sur le lac Péligre sont utilisés pour le transport (1 pour le transport de poisson)

ii) Engins: les filets maillants : mal montés, plein de trous (pas réparés), tíssés à la main en général, avec des mailles de taille irrégulière, variant entre 2 et 4" (maille étirée)

- Les lignes: avec 1 – 2 (rarement plus) hameçons de petite à moyenne taille (1 – 3cm).

- les éperviers: de 3 – 5m de long (diamètre) parfois plus petits dans les rivières, tissés à la main, de maille de 1" – 2"

- les nasses: tissés en roseau, à petites “mailles” (0,5 – 1 cm d'écart entre les roseaux, longitudinalement).

- Le trémail sorte de petite senne à poche, sans bras, trainé a force de bras, sans corde de halage, dans les eaux de faible profondeur. Au Trou-Caiman, on effectue des pêches communales (groupes de 20 à 50 pêcheurs) avec cet engin.

- Le “drap” etoffe de plusieurs metres de long pour environ lm de large uitlísé par 2 à 4 personnes dans les eaux marginales pour le petit poisson.

- Le panier, surtout utilisé dans les rivières et canaux d'irrigation.

Les filets maillants sont placés de differentes manières et relevés généralement une fois par jour (le matin). Ils sont ramenés (pour sécher) ou laissés plusieurs jours de suite au même endroit si les captures sont bonnes. Les pêcheurs à la ligne sortent en généralement le matin, pour posser quatre à six heures en moyenne à pêcher depuis le rivage ou d'une embarcation (pirogue, pipirite, chambre à air).

Les éperviers sont principalement utilisés dans l'Artibonite et au Lac Péligre surtout en avril et mai, lorsque les carpes se reproduisent sur les hauts fonds.

Les nasses sont en général laissées plusieurs jours en place et revisées pratiquement chaque jour.

Les trémails et draps sont utilisés en groupes, généralement de trois à douze personnes, en eaux marginales, et la capture est ensuite rèpartie.

A Trou Caiman, se pratique une sorte de pêche communale dans laquelle peuvent participer de vingt à cinquante pêcheurs.

3.3.- Le rendement:

Celui-ci, du fait de la mauvaise qualité des engins, ainsi que de la faible productivité des lacs est faible. (voir tableau 5)

TABLEAU 5: CAPTURE PAR UNITE D'EFFORT A L'ETANG SAUMATRE

EnginsKg./Jour/PêcheurEffort (Nb/Pêcheurs)
Filet maillant1.32  4
Ligne2.8021
Nasse1.87  2
Drap1.54  5
Trémail0.88  8

Source: Wínfíeld (Ref. 41)

La productivité au Lac Péligre est plus élevée, mais il y a aussi beaucoup plus de pêcheurs. Les captures examinées au cours de la mission sur tous les lacs et étangs ne dépassaient jamais les 4Kg. (variation de 0 à 4Kg., en général 0.5 à 3kg. - par pêcheur/jour) pour tous les engins.

Il n'a pas été possible d'évaluer le rendement de la pêche communale au Trou Caiman (vu d'avion), en deux groupes de trente et de cinquante pêcheurs, ayant effectués respectivement deux et quatre encerclements.

3.4.- Autres Facteurs:

Les variations saisonnières sont peu marquées, sauf lorsque les eaux sont très hautes du fait des pluies. Au Lac Péligre, les rendements sont meilleurs durant les saisons de pluies (voir aussi figure 1) surtout en avril-mai et septembre-octobre, et on pêche plus lorsqu'il pleut. La réduction du niveau des eaux du barrage, exondant les hauts fonds de fraie pour les carpes, dont profitent les pêcheurs pour les captures avec des eperviers, y contribuent dans une mesure importante.

3.5.- Problèmes:

La mauvaise qualité des équipements, surtout, entrave tout le développement technologique de la pêche; les pêcheurs n'étant pas économiquement capables de les améliorer à cause des coûts. Cela les condamne à rester au niveau actuel de subsistance. De plus, quoiqu'aucune loi n'existe à cet effet, l'interdiction effective de l'usage de bâteaux (sauf quelques exceptions) sur l'Etang Saumâtre y paralyse l'effort de pêche et réduit cet actívíté à un niveau marginal. Seule une assistance technique soutenue, couplèe à une gestion rationnelle des ressources (règlementation progressive de la pêche, stockage des lacs pour augmenter le rendement biologique, protection du milieu etc.) pourra lui permettre d'améliorer sa production et sa situation fínancière.

Du point de vue pratique, il faut améliorer (dans la mesure du possible) les bâteaux actuels, lever l'interdiction des bâteaux de pêche à l'Etang Saumâtre, produire des modèles nouveaux et mécanisés (surtout à l'Etang Saumâtre où un petit voilier du genre utilisé dans le Golfe de la Gonave avec un hors bord du type Seagull ferait très bien l'affaire) et améliorer les engins. Des lignes mieux étudiées, des filets maillants mieux montés et entretenus, l'introduction d'engins nouveaux (sennes de pleine eau, par exemple, du genre senne danoise, senne tournante seraient à essayer), permettraient aux pêcheurs d'être plus efficients (par unité d'effort) et de se professionnalíser.

Ces développements ne constituent pas nécessairement un danger pour la ressource par la surpêche, car ils donneraient aux pêcheurs accès à d'autres zones et diminueraient la pression de pêche sur les juvéniles et sur les zones de frayère, par la suppréssion progréssive d'engins nocifs comme le trémail et l'épervier, remplacés par des engins plus performant mais conçus pour la pêche de poissons plus grands.


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