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Introduction

La pisciculture en Afrique est une technique d'introduction récente qui a connu ses premiers balbutiements vers les années 1920 au Kenya, vers les années 1930 au Zaïre (POWLES, 1987). Mais le véritable développement de la pisciculture (DE BONT, 1950 a, b; HALAIN, 1950; HUET, 1957; MICHA, 1974; POWLES, 1987) démarre principalement après la seconde guerre mondiale en Afrique de l'Est et en Afrique Centrale (Zaïre: 1946, Cameroun: 1948, Congo-Brazzaville: 1949, etc...). Pendant les années 1950 et 1960 la pisciculture des tilapias en étangs cannait un développement spectaculaire dans un nombre croissant de pays africains. Malheureusement, après les années 1960, on constate, dans la plupart des pays devenus indépendants, une nette régression des activités de pisciculture qui font penser à un échec généralisé mais dont les causes (MICHA, 1974) apparaissent explicables: dépendance des pisciculteurs privés vis-à-vis des stations d'alevinage de l'état, résultats discordants de production vu la méconnaissance des espèces de Tilapia, élevage par classes d'âge mélangées avec le corollaire de la surpopulation et du nanisme, superficie trop faible des étangs ruraux, absence d'études économiques, etc...
Il n'empêche que la pisciculture est bien introduite en Afrique et que la plupart des pays vont relancer à partir des années 1970 des activités de pisciculture basée essentiellement sur la production en étangs d'une série d'espèces typiquement africaines (Tilapia nilotica, T. andersonii, T. nigra, T. macrochir, T. rendalli, etc...). Cette nouvelle vague d'intérêt et de développement de la pisciculture est loin d'être terminée actuellement et régulièrement de nouveaux pays (Burkina Faso, Niger, etc...) tentent de développer ce secteur à différents niveaux (formation, recherche, vulgarisation). Bien que la tendance actuelle des nouveaux programmes de recherche soit à la diversification des espèces d'élevage autres que Tilapia (Clarias gariepinus = C. lazera, Chrysichthys nigrodigitatus, Heterobranchus longifilis, etc...), on peut considérer que l'essentiel de la production en pisciculture africaine reste actuellement les tilapias et parmi ceux-ci, Tilapia nilotica, espèce à large distribution africaine, semble bien être la plus cultivée (VINCKE, 1987) et la plus performante (PAULY et al, 1988; Mc ANDREW and MAJUMDAR, 1989).

Actuellement les quantités annuelles de T. nilotica produites sur ce continent peuvent être évaluées à 38.950 tonnes d'après FAO (1989), chiffre proche des estimations de BALARIN (in PULLIN, 1988), qui évalue la production aquicole africaine à environ 45000 tonnes par an bien que en 1985, la FAO évaluait la production aquicole à 10.445 t/an. Cette production reste faible par rapport à la production mondiale de tilapias en pisciculture (279.600 tonnes d'après FAO, 1989). Il n'empêche que la pisciculture africaine n'échappe pas aux nouvelles modes telles que élevage en cages, en hapas, en bassins ou tanks artificiels (béton, polyester, etc...), en arènes et autres "raceways". Face à cette multiplicité des systèmes de pisciculture et à l'intensification croissante des élevages, la production d'alevins de Tilapia nilotica devient souvent un problème crucial pour la continuité de la production commerciale et, par conséquent, pour la rentabilité du système de production. C'est pourquoi il a semblé bon à la direction du Programme de Développement et de Coordination de la Pisciculture (ADCP) de la FAO de faire rédiger un document de synthèse sur les techniques de production d'alevins de T. nilotica qui elles aussi se diversifient et se multiplient. La rédaction d'un tel manuscrit a également été recommandé par le groupe de travail de Dakar (POWLES, 1987) qui a tenté de définir les priorités de recherche pour l'aquaculture africaine et qui constate qu'il est nécessaire d'améliorer pour l'avenir les systèmes de production d'alevins de T. nilotica.

L'objectif pratique de ce document nous a conduit à choisir, dans la multitude des informations bibliographiques relatives à T. nilotica, les principaux résultats significatifs qui présentent un intérêt pour la production commerciale d'alevins. Il faut donc considérer ce document comme une première et préliminaire mise au point des connaissances sur les systèmes de production d'alevins de Tilapia nilotica, ce qui devrait permettre de déboucher sur des techniques plus rentables et plus fiables à l'avenir. Notre tour d'horizon de la production d'alevins en étangs, en tanks, en "raceways" et en cages montrent en effet des résultats très hétérogènes pour une même technique selon les auteurs et les lieux de production. De plus la comparaison du coût des systèmes de production d'alevins en Afrique est quasi impossible vu l'absence de données adéquates et précises. Il y a donc lieu à l'avenir d'expérimenter pour comparer les systèmes de production d'alevins selon des normes standardisées avec quantification de tous les éléments de la production y compris les données économiques.

Nous espérons toutefois que ce document qui, après un rappel succinct des caractéristiques biologiques de T. nilotica, présente les systèmes d'alevinage en étangs, en tanks, en cages et en aquarium intéressera les pisciculteurs et les chercheurs ayant la charge et le devoir d'améliorer les niveaux de production de la pisciculture africaine. Celle-ci est encore loin d'occuper le créneau économique (emploi) et vital (alimentation des populations en protéines à bon marché) qui, à l'évidence (MICHA, 1981; 1989), devra se développer dans un proche avenir.


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