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Module IV : Genre, migrations, systèmes d'exploitations agricole et régimes fonciers


Module IV : Genre, migrations, systèmes d'exploitations agricole et régimes fonciers

· Comment genre et migrations s'articulent-ils avec les systèmes d'exploitation agricole et le régime foncier ?

· Principales questions d'intervention

· Les besoins en matière de recherche

· Notes et références

Comment genre et migrations s'articulent-ils avec les systèmes d'exploitation agricole et le régime foncier ?

Déplacements d'hommes et de femmes par-delà une frontière spécifique en vue d'établir une nouvelle résidence permanente. La migration peut être interne (migration à l'intérieur d'un pays, qui peut se produire des zones rurales, entre zones urbaines, ou des zones urbaines vers les zones rurales) ou internationale (migration entre pays).

Source: adapté du Population Handbook, The Population Reference Bureau, Washington, D.C., 1991, p. 57.

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1. Définition de la migration

Remerciements: Le Service du programme de population remercie ici Horst Wattenbach, du Service de gestion agricole et d'économie de la production, et Gérard Ciparisse, du Service de la réforme agraire et de l'habitat, pour leur contribution substantielle à ce module, ainsi que Tim Aldington, Sally Bunning et Alain Marcoux pour leurs commentaires.

La migration est en voie de modifier profondément le profil socio-économique, démographique et de développement des pays du tiers monde, avec des conséquences de grande portée pour les économies agricoles. Les Nations Unies estiment que la moitié de la croissance future de la population urbaine mondiale proviendra de l'exode rural vers les villes, de sorte que vers l'an 2025, plus de 1,1 milliard de citadins seront des migrants ruraux a. Il est clair que les. bouleversements socio-économiques et démographiques de cet exode rural massif se feront sentir non seulement en zone urbaine mais aussi dans les campagnes. Les migrations entre zones rurales, qui représentent un pourcentage significatif des mouvements de population et résultent principalement des mariages, a également des implications importantes pour le développement agricole et rural.

[ a L'autre facteur déterminant de la croissance projetée de la population urbaine mondiale est l'accroissement naturel des citadins. ]

L'impact de la migration sur les campagnes, et particulièrement sur les systèmes d'exploitation agricole et les régimes fonciers, est au coeur du présent module. La première section analyse les relations entre genre, exode rural et systèmes d'exploitation agricole, tandis que la seconde identifie quelques types d'articulations entre genre, migrations et régimes fonciers en utilisant comme étude de cas le Programme de lutte contre l'onchocercose (PCO) mis en oeuvre en Afrique occidentale.

Les principales questions discutées sont les suivantes:

Ce module se propose d'amener les spécialistes des systèmes d'exploitation agricole, du genre et de la population à discuter entre eux des implications que les relations entre migrations, genre, systèmes de production agricole et régimes fonciers ont sur les programmes de population et de développement agricole et rural, de manière à identifier les questions prioritaires pour l'élaboration d'interventions et dans le domaine de la recherche.

A. Genre, exode rural et systèmes d'exploitation agricole

· Exode rural: une perspective axée sur le genre

La migration des campagnes vers les villes opère comme un mécanisme d'ajustement des individus et des groupes aux décalages de développement entre le secteur industriel dynamique et attractif des zones urbaines et périurbaines, et le secteur agricole des zones rurales, qui est souvent plus inerte et moins séduisant 1. De tels ajustements provoquent habituellement des effets tant positifs que négatifs. Dans ses aspects positifs, la migration allège la pression sur les terres agricoles et sur les disponibilités alimentaires, elle fournit des opportunités aux chômeurs et aux personnes sous-employées, et elle est associée à des perspectives d'amélioration des niveaux de vie et des moyens de subsistance des ménages et des communautés tant urbaines que rurales. Dans ses aspects négatifs, elle induit de nouveaux déséquilibres, à la fois dans les zones de départ et dans les zones d'accueil.

Dans la plupart des villes d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, ceux-ci se manifestent par un chômage important et par une insécurité croissante, et ils se traduisent dans les campagnes par un déclin de la production agricole (de subsistance en tous cas), une paupérisation accrue (surtout chez les femmes) et l'éclatement des structures familiales et sociales traditionnelles 2.

Tableau 1: Nombre de migrants vers les villes en Inde selon le sexe, 1961-1981

 

Nombre de migrants

Année

Hommes

Femmes

 

valeur

%

valeur

%

1961-1971

11 239 719

53,57 %

9 741 371

46,5 %

1971-1981

14 430 086

50.26 %

1 14 279 720

49.74%

Source: Recensement de l'Inde, 1971 et 1981, dans P. Pathak, "Urbanization, Female Migration and Employment in India", Issues in the Study of Rural-Urban Migration: Report and Papers of the Expert Group Meeting on Trends, Patterns & Implications of Rural-Urban Migration, Bangkok, novembre 1992, Nations Unies, New York, 1994, p. 62.

Pour de nombreux spécialistes du développement et de décideurs, la migration évoque invariablement un flux d'hommes rejoignant les villes en quête d'emploi. Curieusement, même si l'on sait que l'exode rural est initialement provoqué par l'épuisement des terres, les travaux existants sont portés à meure l'accent sur les zones d'accueil, la migration étant considérée au sein du processus d'urbanisation plutôt que comme un déplacement déterminé à la fois par le milieu d'origine et par le milieu de destination. Ces stéréotypes occultent à la fois la dimension genre de la migration et le continuum rural-urbain b, qui peuvent avoir des répercussions significatives sur les systèmes d'exploitation agricole, les régimes fonciers, la production agricole, la sécurité et la durabilité de l'approvisionnement en produits alimentaires.

[ b Bien qu'existent des différences caractéristiques entre populations intrinséquement urbaines et intrinsèquement rurales, il est plus approprié de concevoir la différentiation urbain/rural comme un continuum plutôt que comme une dichotomie stricte. Graeme Hugo, "Migration and Rural-Urban Linkages in the ESCAP Region", Migration and Urbanization in Asia and the Pacific: Interrelotionships with Socio-Economic Development and Evolving Policy Issues, Nations Unies, New York, 1993, p. 92. ]

Alors que la migration des hommes de la campagne vers la ville a fait l'objet de beaucoup d'attention et de recherches approfondies, les dimensions genre (et population) de la migration ont été largement ignorées, surtout sous l'angle des zones de départ.

Ces dimensions incluent:

[ c Les recherches récentes sur la migration montrent que, contrairement à la croyance populaire, les femmes constituent à peu près la moitié des effectifs des migrations internes dans l'ensemble du tiers monde. Dans certaines régions, la migration féminine prédomine: dans la plupart des pays d'Asie du Sud-Est disposant de statistiques, l'exode rural est en majorité féminin (sauf au Brunei Darussalam et dans la zone «frontière» de Sabah en Malaisie). Dans les années 70, les femmes représentaient la majorité des migrants en Thaïlande et aux Philippines; tel est encore le cas pour le solde net de migration entre zones rurales et urbaines de la plupart des pays d'Amérique latine et des Caraïbes; voir Hugo, 1994, op. cit., pp. 47-53. En revanche, l'exode rurale est plutôt dominé par les hommes dans l'ensemble de l'Afrique et dans une partie de l'Asie, du Pacifique et du Proche-Orient.

d Dans certains pays tels que le Lésotho, dont un peu plus de la moitié des hommes adultes travaillent en Afrique du Sud, les femmes sont à la tête de plus de cinquante pour cent des ménages ruraux. Des études ont montré que cette situation très marquée se répercutait sur le système foncier, dans la mesure où les propriétaires perdent leurs droits sur les terres laissées en friche pendant plus de deux ans. (Voir Aderanti Adepoju, "The Demographic Profile: Sustained High Mortality and Fertility and Migration for Employment", dans Adepoju et Oppong, 1994, op. cit., p. 32.) Des données analytiques sont néanmoins indispensables pour comprendre l'impact que le nombre croissant de ménages dirigés par des femmes exerce sur les systèmes fonciers existants et pour identifier les mécanismes institutionnels qui permettraient d'aider ces ménages par une organisation foncière appropriée ]

Par suite de cette négligence, la dimension genre de la migration n'est toujours pas prise en compte dans les programme de développement. La Conférence internationale sur la population et le développement de 1994 ne voit dans le genre qu'«un aspect intéressant de la migration intérieure» e. Aucune analyse n'a encore été entreprise sur les implications de la migration féminine pour la dimension genre des ménages agricoles, les stratégies démographiques des familles, la production agricole et la sécurité alimentaire; de même pour la situation des femmes de migrants restées à la campagne.

[ e «Alors qu'au Gabon et au Congo les hommes forment la majorité des migrants vers les villes, aux Philippines et au Panama, ce sont les femmes qui dominent dans le flot de migrants urbains. C'est pourquoi il n'y a dans les zones rurales du Gabon que 83 hommes pour 100 femmes, alors qu'il y a 114 hommes pour 100 femmes dans les campagnes du Panama» National Perspectives on Population and Development: A Synthesis of 168 National Reports Prepared for the International Conference on Population and Development, 1995, p. 93. ]

L'ignorance de la dimension genre de la migration apparaît aussi dans la collecte et l'analyse des données: les statistiques de migrations rurales-urbaines par sexe font souvent défaut, et les données sur les ménages agricoles dirigés par des femmes sont rares. Les informations sur ces ménages mettent l'accent sur les femmes elles-mêmes plutôt que sur les unités que forment les ménages qu'elles dirigent 3. Ces lacunes expliquent que les décideurs ne sont pas conscients des implications politiques d'une telle situation, si bien que les projets agricoles et les programmes d'urbanisation prennent rarement en compte le genre comme variable inhérente à la migration.

· Facteurs répulsifs et attractifs (push-pull) et sélectivité selon le sexe

Les facteurs urbains d'attraction (pull, c'est-à-dire qui encouragent les migrants à rejoindre les ville) qui concernent les hommes se retrouvent partout dans le monde et comprennent l'espoir de trouver facilement un emploi, d'obtenir un salaire plus élevé, et d'accéder à des service sociaux de meilleure qualité. Les facteurs répulsifs (push, c'est-à-dire qui incitent les migrants à quitter la campagne) varient considérablement selon les régions et les pays tout comme selon les groupes sociaux et le sexe. Le chômage rural résultant de la forte croissance démographique et de la mécanisation de l'agriculture est considéré comme la cause première de l'exode rural, notamment en Amérique latine 4. Un autre déterminant important de l'exode rural est la pénurie croissante de terres propres à la culture dans le contexte de croissance rapide de la population, d'inégale répartition des parcelles, de dégradation écologique, de pauvreté rurale et de manque d'infrastructures et de services sociaux dans les campagnes. L'exode rural des hommes en Afrique résulte aussi d'autres facteurs répulsifs tels qu'un environnement hostile, des politiques macro-économiques défavorables et des marchés en déclin pour certains produits 5.

En ce qui concerne l'exode rural des hommes, les jeunes partent chercher un emploi en ville, laissant derrière eux les femmes se débrouiller par elles-mêmes et prendre soin des enfants et des personnes âgées. Il en résulte non seulement des changements dans la structure familiale, mais généralement aussi des ajustements dans les rôles familiaux et, chose plus importante, dans la division du travail ainsi que dans la manière dont les communautés d'origine et d'accueil utilisent la main d'oeuvre 6. A long terme, il en résulte un vieillissement de la force de travail. Les femmes doivent assumer de plus en plus souvent des responsabilités majeures, voire devenir dans certains pays la cheville ouvrière de la production alimentaire (un phénomène désigné par l'expression de «féminisation de l'agriculture») et assurer seules la survie de leur famille.

En ce qui concerne l'exode rural des femmes, on réduit souvent les facteurs attractifs à deux catégories faussement opposées, les motifs associatifs (non économiques, tels que par exemple le désir de retrouver sa famille) et les motifs économiques. Les facteurs d'attraction de type associatif cachent Jusqu'à un certain point une réalité souvent très différente. Les femmes des campagnes latino-américaines émigrent faute d'accès à la terre et sous l'effet de la mécanisation agricole; elles s'établissent en ville à la recherche d'un emploi dans les industries à forte intensité de travail telles que le textile et l'alimentation, ainsi que dans le secteur informel 7. En Afrique francophone, une étude récente des Nations Unies montrait que plus de la moitié des femmes migrantes interrogées invoquaient des objectifs économiques, l'emploi en particulier, comme motif principal de leur décision de quitter la campagne. Les raisons familiales suivaient loin derrière en deuxième position (35 pour cent) 8. En Thaïlande, une enquête indiquait que 74 pour cent des migrantes célibataires déclaraient s'être déplacées pour des motifs économiques, alors que ce n'était le cas que pour 52 pour cent des migrantes mariées, dont 26 pour cent avaient changé de résidence pour des raisons familiales 9.

La migration peut revêtir une signification particulière pour les femmes, du fait qu'elle entraîne habituellement un changement notable de statut - car, non rémunérées lorsqu'elles travaillent sur l'exploitation familiale, elles deviennent salariées ou indépendantes en ville 10. Jusqu'à présent cependant, il n'y a pas de consensus sur la question de savoir si la migration améliore ou affaiblit le statut des femmes face aux hommes, à cause de la multitude des facteurs qui conditionnent et expliquent les effets qu'entraîne la migration sur la position des femmes et de la diversité des situations féminines dans le tiers monde 11.

· Relations entre genre, exode rural et systèmes de production agricole

L'exode rural est un facteur important qui influence l'évolution des systèmes agricoles de production, au même titre que le taux de formation du capital dans le secteur agricole et le déclin relatif des prix agricoles . Une étude de l'effet exercé en Indonésie par une forte migration circulaire f en provenance de zones rurales a montré qu'au Kalimantan oriental la migration masculine entraîne une augmentation de la participation des femmes à la production rizicole et maraîchère 13.

[ f La migration circulaire concerne des séjours de courte durée. La migration saisonnière est l'une de ses formes, le migrant retournant au village lorsque les travaux agricoles l'exigent. ]

Les conséquences de l'exode rural sur les ménages, et plus spécifiquement sur le système d'exploitation agricole, dépendent principalement de trois facteurs: (a) le sexe et l'âge du migrant (homme ou femme, jeune ou vieux); (b) du type de déplacement (temporaire ou permanent); et (c) des conditions d'emploi et d'autonomie financière des migrants. En outre, l'effet de la migration varie selon les pays et selon les régions d'un même pays en fonction des caractéristiques socio-économiques des migrants, du contexte agro-écologique, des conditions socioculturelles prévalantes et d'un large éventail d'autres facteurs.

Figure 2: Cadre conceptuel décrivant les relations entre activités, systèmes d'exploitation agricole, caractéristiques et stratégies démographiques

L'exode rural exerce une influence sur les rôles et les relations de genre au sein des ménages agricoles en nécessitant un ajustement au niveau de trois types de ressources productives: le travail, le capital et la terre. Le ménage agricole peut tirer profit de la migration entre zones rurales et urbaines par des envois monétaires susceptibles d'être productivement investis dans l'exploitation familiale, l'acquisition de nouvelles terres ou l'embauche de travailleurs. Cependant, en plus de priver le ménage rural d'une partie de sa main-d'oeuvre, la migration peut aussi avoir un effet négatif sur la production et la sécurité alimentaires. En fait, il semble aujourd'hui que la répartition du travail selon le sexe et l'âge amplifie l'effet de l'exode rural sur la production alimentaire 14.

1. Pénurie de main-d'oeuvre agricole

La migration de longue durée des hommes de la campagne vers la ville peut modifier fondamentalement la division sexuelle du travail dans un ménage agricole. Les hommes ne sont pas disponibles pour les travaux de labour et de récolte, qui exigent beaucoup de temps et d'énergie. Il en résulte une augmentation considérable du travail agricole des femmes 15 avec une diversification de leurs activités, un alourdissement de leur emploi du temps et une disponibilité réduite pour les tâches domestiques et les soins aux enfants. Au Myanmar par exemple, la migration est responsable de l'adoption par les femmes du char à boeufs pour les labours et l'approvisionnement en eau 16.

L'absence des hommes pour les travaux agricoles qui leur sont traditionnellement dévolus oblige les femmes dont les fonctions économiques se multiplient, soit à embaucher des ouvriers (ce dont beaucoup n'ont pas les moyens), soit à réduire leurs activités agricoles. Ainsi, lorsqu'elles ne peuvent engager et/ou superviser des travailleurs journaliers, elles doivent labourer moins souvent ou sur des superficies réduites17. La pénurie de main-d'oeuvre peut donc entraîner une baisse de la production agricole totale et une sous-utilisation de terres productives laissées en friche. Ceci peut à son tour modifier les pratiques agricoles et avoir des répercussions directes sur le statut nutritionnel, l'alimentation et le bien-être des familles. La pénurie de main-d'oeuvre peut aussi compromettre la sécurité alimentaire et encourager des pratiques agricoles inappropriées qui épuisent les sols.

En outre, la migration des hommes et des jeunes gens en âge de travailler - particulièrement fréquente en Amérique latine - peut avoir des effets négatifs sur les ménages agricoles en transférant certaines activités des adultes vers les personnes âgées et en alourdissant le travail des petites filles, ce qui peut avoir des répercussions importantes sur leurs comportements futurs de fécondité. Les plus âgées, auxquelles revient généralement la responsabilité de s'occuper de leurs frères et soeurs cadets et d'aider aux tâches ménagères, se voient contraintes de négliger ces activités pour participer à la mise en valeur de l'exploitation familiale. Lorsque leurs soeurs plus jeunes assument à leur tour ces fonctions, les filles plus âgées sont cependant encouragées à se marier ou à trouver un emploi salarié en ville 18.

Dans un hameau d'Usambara, district de Lushoto en Tanzanie, les jeunes gens émigrent vers les centres urbains ou les plantations dès leur mariage pour économiser de l'argent à investir dans l'agriculture, plus particulièrement sous forme d'achat de terres et d'intrants agricoles. La raison principale de leur départ vient de ce que leur village est entouré de plantations forestières qui empêchent celui-ci de s'étendre. En même temps, la pression démographique s'intensifie. Les hommes migrants visitent leur village d'origine environ deux fois l'an. Les femmes restées au village sont portées à engager des travailleurs agricoles pour compenser la perte de main-d'oeuvre familiale, à moins qu'elles ne travaillent elles-mêmes comme salariées sur les exploitations maraîchères du voisinage. La décision des hommes de se marier avant de quitter le village montre clairement que les stratégies démographiques influencent la structure des ménages et le système d'exploitation agricole.

A première vue, il apparaît que cette migration des hommes n'a pas d'impact bien visible sur le système agricole: en effet, les femmes continuent de cultiver leurs légumes, en partie pour la vente, à l'aide de techniques traditionnelles d'irrigation, tout en s'occupant aussi de cultures de rente. Une étude sur la répartition du travail au sein du ménage après le départ des hommes et sur les conséquences des responsabilités accrues qui échoient aux femmes au sein de l'exploitation agricole et au dehors pourrait conduire à des conclusions plus négatives pour le statut nutritionnel et la santé des enfants et pour les comportements reproducteurs.

Source: Communication personnelle, Horst Wattenbach, FAO, AGSP, août 1995.

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3. Migration, démographie et systèmes d'exploitation agricole

Leur participation accrue à la production agricole et leur surcroît de responsabilités dans la gestion du ménage peuvent, certes parfois, améliorer le statut socio-économique des femmes. En Amérique latine et dans plusieurs pays d'Afrique (comme en Erythrée), certaines ont acquis une autonomie plus grande en matière de production agricole, par le contrôle des revenus du ménage et par l'investissant de l'argent reçu, mais, dès le retour de leur mari, elles retrouvent souvent leur rôle subordonné 19. L'absence d'amélioration à long terme de la position des femmes résulte généralement de ce qu'elles se voient refuser des droits formels sur la terre, n'en ont aucune sécurité d'occupation, et ne bénéficient pas de l'accès à d'autres ressources. En Afrique sub-saharienne, la gestion quotidienne de l'exploitation échoit certes aux femmes, mais ce sont les hommes migrants qui continuent de prendre les décisions en matière d'investissements à long terme, et ils ne le font habituellement qu'à leur retour 20.

En Asie, il semble que l'exode rural n'a profité ni aux campagnes ni aux villes et a créé des problèmes à la fois dans les zones de départ et dans les zones d'accueil. Les études réalisées dans plusieurs pays de ce continent démontrent que ce sont en priorité les jeunes en bonne santé et les plus instruits qui quittent la campagne en laissant derrière eux un déficit substantiel de main-d'oeuvre agricole et rurale g. Comme l'exploitation agricole est essentiellement familiale dans la plupart des pays d'Asie, le départ de jeunes travailleurs valides fait reposer la charge de travail supplémentaire sur les personnes plus âgées et plus jeunes, les moins productives 21. La pénurie de main-d'oeuvre agricole se traduira sans doute à long terme par un déclin de la production alimentaire et de l'état de santé des familles rurales (hausse de la mortalité entre autres).

[ g En Malaisie, l'exode rural a provoqué des pénuries de main d'oeuvre et un vieillissement de la force de travail dans l'agriculture de plantation traditionnelle. Voir Tey Nai Peng et Halimah Awang, "Some Implications of Rural-Urban Migration in the ESCAP Region", Issues in the Study of Rural-Urban Migration: Report and Papers of the Expert Group Meeting on Trends, Patterns and Implications of Rural-Urban Migration, Bangkok, Thaïlande, 3-6 novembre 1992, Nations Unies, 1994, p. 25. ]

De la même façon en Afrique sub-saharienne, où la terre n'est généralement pas un facteur rare, toute diminution de la force de travail est susceptible de réduire la production vivrière globale, même avec une productivité marginale du travail très faible, à moins d'être compensée par un progrès technologique 22. De fait, il semble que l'exode rural est l'un des principaux facteurs de la baisse (en termes de valeur relative) du temps de travail consacré à l'agriculture de subsistance 23, conduisant à l'échelle nationale à des déficits alimentaires et des hausses de prix des produits vivriers dans de nombreux pays africains 24.

Le déclin de la production alimentaire en Afrique sub-saharienne a été associé non pas tant à la première vague migratoire, principalement masculine (qui renforçait la spécialisation des femmes dans l'agriculture de subsistance), mais à la seconde, surtout féminine. Le fait que les femmes ne soient pas rémunérées pour leur travail sur les cultures vivrières pourrait contribuer à la crise du secteur de subsistance en les poussant à migrer h. Le maintien de relations économiques fortes au sein de la famille élargie pourrait exercer deux actions contradictoires qui, combinées, conduisent à fragiliser l'autosuffisance alimentaire. D'une part, la dissociation entre la procréation et son coût, en partie assuré par la famille élargie, freinerait la baisse de la fécondité, stimulant ainsi la croissance démographique. D'autre part, la circulation non-monétaire des surplus agricoles (par un échange entre produits alimentaires et biens manufacturés entre la campagne et la ville dans les familles de migrants) pourrait décourager les paysans de produire ces excédents vivriers, réduisant ainsi la production agricole de subsistance 25. Si les villageois ont le sentiment d'être lésés dans leurs échanges avec la ville et de ne pas en tirer un profit suffisant, ce système d'entraide familiale pourrait entraîner un recul de la production vivrière.

[ h Selon Fargues, l'agriculture vivrière (non rémunérée) ne survit que grâce aux femmes, op. ait., p. 57. ]

2. Diversification et gestion du revenu

Les envois monétaires peuvent signifier beaucoup pour une famille rurale et représenter une part considérable de son revenu. Une étude menée aux Philippines illustre bien la complexité et la grande portée de l'impact que provoquent ces envois en milieu rural en montrant que: (a) ils représentent pour certaines familles une stratégie de survie, mais n'entraînent pas nécessairement une amélioration de leur niveau de vie; (b) d'autres famille s'en servent comme moyen d'investissement dans l'agriculture ou dans l'éducation des enfants; et (c) les familles les plus aisées utilisent ces envois d'argent pour les investir dans des activités productives telles que l'achat de nouvelles terres agricoles et l'extension des cultures de rente 26.

Ces envois monétaires permettent parfois de réduire la pauvreté en milieu rural et d'alléger la charge de travail des femmes en leur épargnant les activités agricoles les plus pénibles. Au Proche-Orient par exemple, - où les envois d'argent ont élevé les niveaux de vie de façon significative dans plusieurs régions - de nombreuses familles survivent sans que la charge de travail agricole incombant aux femmes s'en trouve augmentée. Dans d'autres cas, cependant, les femmes continuent de produire la plus grande partie des produits vivriers consommés par leur famille, tandis que l'argent reçu est utilisé à d'autres fins 27.

La migration masculine ne crée cependant pas toujours un surplus de revenu pour le ménage agricole. Au Lésotho, où près de la moitié des ménages sont dirigés par une femme, une enquête a montré que moins de cinquante pour cent d'entre elles recevaient de l'argent de leur mari absent. Une autre étude indique qu'au Pakistan et en Inde, les hommes migrants envoient de l'argent à leur père - pour payer une dette ou acheter un champ - plutôt qu'à leurs femmes qui gèrent le ménage 28. En Malaisie, la plus grosse partie des envois sert à l'entretien de la famille ou au remboursement d'une dette sociale, et seule une faible portion de l'argent reçu est investie directement dans le développement rural 29.

Dans certains cas, les migrants n'envoient pas d'argent à leur famille ou, lorsqu'ils le font, celui-ci n'est pas utilisé à des fins productives dans le village ou la collectivité locale. Les sommes envoyées sont souvent trop réduites pour permettre à la famille de s'élever au-dessus du seuil de pauvreté et la dépendance des femmes envers leur mari et d'autres parents augmente. Lorsque les femmes ne reçoivent pas d'argent, ou seulement de façon irrégulière, elles sont contraintes d'accepter n'importe quel emploi salarié non agricole pour assurer la survie de leur famille 30.

Ajoutons que ces envois d'argent n'améliorent pas toujours la position des femmes dans leur famille, puisque les décisions principales continuent d'incomber aux hommes. Il semble cependant que dans certains cas ces envois améliorent le statut des femmes en élevant leur niveau de vie. Une étude réalisée en Egypte montre par exemple que les femmes de migrants acquièrent de nouvelles responsabilités importantes en matière de finance, de production et de supervision, et réussissent en fait à s'affranchir du mode traditionnel de production et de consommation, centré sur la famille élargie. Certaines investissent dans l'exploitation familiale, mais la plupart placent les sommes reçues dans leurs activités non agricoles 31. Du point de vue de leurs besoins, les bénéfices de l'argent envoyé par les migrants se manifestent par l'amélioration de l'infrastructure et des services de la communauté villageoise, des centres de santé à la modernisation technologique, avec notamment l'installation de moulins à grain collectifs, de pompes à moteur, etc.

Les femmes migrantes envoient plus souvent que les hommes de l'argent à leur famille restée au village. En Malaisie, aux Philippines et en Thaïlande, les jeunes femmes célibataires subissent plus que leurs frères des pressions familiales pour partager leur revenu. Une étude réalisée à Bangkok indiquait que trois migrantes sur quatre effectuaient des envois monétaires à leur village d'origine 32, sans que l'on sache comment les sommes envoyées étaient dépensées et/ou investies dans des activités intérieures ou extérieures à l'exploitation familiale. La signification des contributions faites en général par les migrants aux investissements agricoles et leurs effets sur les systèmes d'exploitation agricole mériteraient une analyse systématique, tout comme leurs répercussions sur les relations de genre (division sexuelle du travail, statut, etc.).

3. Structure familiale et fécondité

La migration des hommes des campagne vers les villes tend à préserver les relations lignagères traditionnelles, les valeurs patriarcales et la gérontocratie, renforçant ainsi les asymétries de genre au sein des ménages dans la distribution et la gestion des ressources productives, comme on le constate partout en Afrique sub-saharienne 33 ainsi qu'en Amérique latine et en Asie. Par exemple, des études réalisées au Mexique et en République Dominicaine ont montré que c'est la famille élargie qui désigne celui qui partira en ville dans une stratégie de consolidation 34 .

Les données relatives à l'impact de la mobilité spatiale sur les comportements reproducteurs ne sont pas concluantes. Certains travaux suggèrent que non seulement la migration ne fait pas baisser la fécondité mais qu'elle la maintient à un niveau élevé comme un élément essentielle de la sécurité économique des femmes. Pour faire face à leur propre insécurité et à celle de leur famille, ainsi qu'à la surcharge de travail sur l'exploitation agricole, à l'extérieur de celle-ci et dans leur ménage, les femmes voient dans un grand nombre d'enfants une «solution technologique» (à défaut de moyens agricoles et domestiques qui leur épargneraient temps et travail), et une garantie matérielle pour l'avenir. Ces attentes pèsent clairement plus lourd dans la balance que n'importe quelle perception de la charge qu'imposent les enfants 35.

Ce que l'on sait de l'Afrique suggère aussi que l'agriculture de rente et la migration des salariés tendent à renforcer les relations patriarcales et les familles nombreuses. Le coût physiologique et matériel de la reproduction, tel que le perçoivent les femmes, est compensé par la compatibilité entre les soins donnés aux enfants et le travail lié à la production vivrière et d'exportation, et par la contribution des enfants à leur charge de travail. En Asie, cependant, l'incidence croissante de la migration est associée à une baisse rapide de la taille des ménages. Une enquête menée dans une zone rurale de Thaïlande indique que les migrations réduisent celle-ci d'une demi-personne en moyenne 36.

· Ménages agricoles dirigés par des femmes

La sélectivité des migrants selon le sexe produit des effets potentiellement importants à long terme en augmentant l'incidence des ménages dirigés par des femmes 37. Ceux-ci sont particulièrement vulnérables aux tensions saisonnières dans les segments les plus pauvres de la population rurale et leur survie dépend entièrement de leur accès aux ressources de la propriété collective. Lorsque la migration permanente ou de longue durée se substitue à la migration temporaire, les femmes qui dirigeaient de fait leur ménage deviennent agricultrices de leur plein droit, mais elles se heurtent à une série de contraintes dans leurs activités de production. Qu'elles bénéficient ou non de l'aide de leurs enfants, il leur est souvent de plus en plus difficile de compenser adéquatement la travail qu'accomplissaient leur mari absent 38.

Une étude menée au Botswana montre que les ménages dirigés par des femmes sont sensiblement plus pauvres parce que celles-ci sont handicapées dans leur travail aux champs si elles ne peuvent, pour des raisons de coût ou de capacité physique, utiliser des boeufs pendant les labours. Certaines font appel à des journaliers agricoles, mais ceux-ci sont très demandés pendant la saison des labours et leurs salaires grèvent lourdement les ressources financières des ménages féminins. En outre, parce que les grandes superficies sont difficilement cultivables sans intrants, rarement accessibles aux femmes faute de liquidités, celles-ci sont portées à cultiver des parcelles plus petites que celles des hommes chefs de ménage 39.

Enfin, les processus de modernisation agricole entraînent la disparition sur une grande échelle de techniques de production agricole et de traitement des récoltes dont les femmes chefs de ménage dépendaient traditionnellement pour obtenir des vivres et quelques revenus monétaires 40. Dans la mesure où le temps. est leur ressource la plus rare et où elles sont obligées de s'orienter vers les cultures les plus productives, nombreuses sont les paysannes africaines qui substituent le manioc (dont le rendement en féculents par heure de travail est très supérieur, mais qui est moins nutritif) aux cultures de subsistance traditionnelles telles que l'igname.

· Les relations entre genre, continuum rural-urbain et systèmes d'exploitation agricole

Le continuum rural-urbain représente un aspect important mais négligé de la migration. Contrairement à la croyance populaire, les hommes et les femmes qui migrent ne deviennent pas simplement des citadins coupant les liens avec leurs origines rurales. En fait, la plupart maintiennent des relations étroites avec leur région rurale d'origine, aident leur famille à investir dans l'agriculture et l'achat de terres, et certains reviennent au village après une longue période de migration. La dichotomie urbain/rural persiste néanmoins, en partie parce qu'il est statistiquement plus facile de distinguer développement rural et développement urbain, habitants des campagnes et habitants des villes: «les individus appartiennent ou non à la catégorie urbaine (ou rurale): il n'y a pas d'état intermédiaire, et l'on est porté à ignorer la distance entre les deux catégories. C'est pourquoi celui qui réside dans une zone rurale contiguë à un district urbain est défini de la même façon que celui qui habite loin d'un centre urbain. Cette dichotomie s'intègre aisément à l'analyse migratoire par attraction et répulsion, et elle offre beaucoup d'avantages, mais elle peut mener à des conclusions erronées sur le développement rural...» 41. Au cours des deux dernières décennies, la distinction entre populations rurales et urbaines a eu tendance à s'estomper tant dans le tiers monde que dans les pays industrialisés, sous l'effet de la mobilité croissante des personnes, des biens et services, du capital et des idées 42.

Une dimension importante du continuum urbain-rural se trouve dans la circulation non-marchande des produits vivriers et dans ses conséquences pour la production alimentaire et sur les paysans du secteur de subsistance (en majorité des femmes). Dans le cas des économies de l'Afrique sub-saharienne, l'envoi de vivres par les parents restés au village aux migrants des villes joue un rôle important. Selon des enquêtes budget-consommation de 1970, 15 pour cent des ménages à Bamako, et 30 pour cent à Abidjan, Bouaké et Lomé reçoivent régulièrement une aide alimentaire du village, en échange de divers services rendus, notamment de l'accueil d'élèves villageois pour leur scolarité secondaire 43. Cette tradition semble s'être depuis intensifiée partout sur ce continent.

Tableau 2: Proportion de ménages recevant ou envoyant une aide selon le secteur de résidence et le lien de parenté avec leur partenaire en Côte d'Ivoire en 1985

 

Abidjan

Autre centre urbains

Zones rurales

Aide

reçue

envoyée

reçues

envoyée

reçue

envoyée

fils ou fille

13,7

14,5

13,7

15,1

31,4

32,2

père ou mère

36,8

42,1

31,9

40,9

11,6

12,7

frère ou soeur

23,8

21,0

24,8

22,0

23,6

26.7

Source: Côte d'Ivoire (République de). Enquête permanente auprès des ménages 1985, Abidjan, 1986, cité dans Philippe Fargues, «Déficit vivrier et structures familiales en Afrique au Sud du Sahara», Population, vol. 44, n° 3, 1989, p. 644.

Des services ou des produits manufacturés (alimentaires et autres) sont échangés par les citadins contre une production vivrière, qui circule donc en dehors des circuits marchands de la campagne à la ville. Dans ces échanges alimentaires avec la ville, la campagne est déficitaire 44. Selon un démographe, la «concurrence de l'entraide familiale au marché alimentaire urbain peut, a priori, aussi bien dissuader qu'encourager les paysans à produire des surplus vivriers. Tout dépend du solde entre ce qu'ils reçoivent de leur famille citadine et ce qu'ils lui fournissent Nous faisons l'hypothèse que là où ce solde est négatif, c'est-à-dire là où les paysans n'ont pas le sentiment de tirer un profit suffisant de leurs échanges avec la ville, ce système est susceptible de peser sur la production vivrière» 45.

Les conséquences pourraient être graves dans la mesure où une grande partie des besoins alimentaires des villes sont satisfaits par les activités agricoles ou autres des hommes, des femmes et des enfants des campagnes (même si l'agriculture péri-urbaine n'est pas à négliger). De nombreux problèmes socio-économiques, démographiques et écologiques auxquels sont confrontées les villes d'aujourd'hui trouvent leur source ou sont le reflet, à--des degrés divers, des crises du milieu rural. On peut dès lors prévenir ou atténuer en partie les problèmes urbains en les traitant dans un cadre intégrant à la fois les zones rurales et urbaines plutôt que par des programmes dissociés d'interventions dans les deux types de milieux 46. Pour ne citer qu'un exemple, les programmes d'agriculture péri-urbaine doivent prendre en compte leur impact potentiel sur la production de subsistance des zones rurales.

B. Genre, migrations rurales et régime foncier

Cette section examine le rôle joué par la migration entre zones rurales dans les programmes de développement autres que démographiques et la possibilité que ce type de mobilité engendre une transformation des relations entre hommes et femmes. Le Programme de lutte contre l'onchocercose (PCO) en Afrique occidentale est utilisé à titre illustratif.

Ce programme montre que la migration modifie en profondeur la relation entre la terre et les migrants dans la mesure où ces derniers ne sont pas propriétaires des parcelles qu'ils cultivent. Dans ces circonstances, la dépendance socioculturelle et économique des femmes envers leur mari, qui résultait du fait que, avant de migrer, les hommes avaient confié à leur(s) épouse(s) une partie de leur propriété foncière, perd sa raison d'être. Si l'on tirait délibérément profit du changement des relations entre les migrants et la terre, et de ses conséquences socioculturelles et économiques, il serait plus facile pour les femmes d'accéder à la terre.

Le Programme de lutte contre l'onchocercose (PCO) en Afrique de l'Ouest comme étude de cas de l'interface entre genre, régime foncier et migrations

Le Programme de lutte contre l'onchocercose (PCO) en Afrique de l'Ouest 47 illustre combien sont étroites les interactions entre, d'une part, le problème «de population» et, d'autre part, le régime foncier et les questions de genre, et comment la négligence du facteur migratoire peut compromettre la viabilité d'un projet par ailleurs prometteur. Il montre aussi comment de nouveaux schémas d'aménagement du sol peuvent offrir une opportunité unique de modifier les régimes fonciers de manière à favoriser l'accès des hommes et des femmes à la terre et à améliorer leur statut socio-économique. Le changement du statut des femmes et ses retombées positives pour les familles en particulier peuvent, à leur tour, favoriser l'évolution de l'organisation foncière.

L'onchocercose, ou cécité des rivières, frappait quelque deux millions de personnes en Afrique de l'Ouest et jusqu'à 60 pour cent des adultes dans certaines parties des vallées traversées par une rivière et infestées par cette maladie avant le début du programme PCO en 1974. On assistait à un exode forcé et massif des villageois. La santé n'était que l'un des nombreux domaines où se faisaient sentir les effets désastreux de l'onchocercose. Lors du lancement du programme PCO, quelques-unes des basses terres les plus riches d'Afrique de l'Ouest avaient été laissées en friche sur plusieurs kilomètres de rayon. La production alimentaire s'était effondrée, à la suite de l'abandon des vallées fertiles par les populations qui s'entassaient sur des terres marginales surexploitées, provoquant ainsi une dégradation sévère de l'environnement.

Les campagnes larvicides et médicales mises en oeuvre dans onze pays d'Afrique sub-saharienne ont permis de réinvestir 25 millions d'hectares de terres arables autrefois abandonnées. On estime qu'avec les techniques et les pratiques agricoles traditionnelles, ces terres pourraient nourrir environ 17 millions de personnes.

Le PCO est considéré comme l'un des programmes médicaux et de développement les plus réussis dans le tiers monde; il a en effet permis de pratiquement éradiquer la cécité des rivières comme fléau de santé publique à l'intérieur de la zone d'intervention tout en ouvrant à l'exploitation agricole et au repeuplement humain un espace au potentiel de développement considérable 48.

Principes fondamentaux du peuplement durable des vallées libérées de l'onchocercose

* Introduire en matière de régime foncier des règlement qui tiennent compte des systèmes agraire traditionnels et qui garantissent la sécurité dans l'occupation de la terre ainsi que, pour les femmes et les jeunes, l'accès à la terre et aux ressources naturelles.

* Veiller à ce que les droits d'accès des femmes à la terre et leur contrôle sur celle-ci ne disparaissent pas au cours du processus d'implantation des populations.

Source: Committee of Sponsoring Agencies, OCP, The Challenges of Success, 1994, p. 14.

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4. Genre et peuplement durable dans les vallées d'Afrique de l'Ouest libérées de l'onchocercose

Cette vallée fait cependant face maintenant à une pression démographique considérable sur les étendues de terre disponible, ce qui pourrait compromettre la viabilité de son exploitation. La prospérité même des occupants met en danger l'écosystème fragile des vallées baignées par les rivières. L'aggravation de la dégradation écologique déjà substantielle, qui a accompagné le repeuplement, met en lumière la nécessité de politiques de réaménagement destinées à garantir la sécurité d'occupation des terres sous peine de compromettre le succès même du projet. Une évaluation récente de ce programme indiquait que «là où l'ennemi était autrefois la mouche noire, il prend aujourd'hui le visage de la déforestation, de l'érosion et de la culture extensive. Ces terres ne pourront échapper à l'épuisement, à la dégradation, voire peut-être à un nouvel abandon, que si les Etats africains interviennent pour encadrer et réguler les nouvelles colonies de peuplement" 49.

Cependant, même si le PCO avait comme objectif à long terme de transformer des vallées jusque là touchées par l'onchocercose en espaces habitables où les populations pourraient vivre et travailler en toute sécurité, les initiateurs du programme n'avaient pas prévu l'arrivée massive de migrants dans les vallées assainies par la maîtrise de la maladie, pas plus qu'ils n'avaient prévu les bouleversements provoqués par ces implantations et leurs effets socio-économiques et écologiques négatifs. En conséquence, le PCO n'a pas incorporé, au niveau national ou régional, de politiques de repeuplement et de mécanismes assurant son exécution.

C'est ce qui explique le caractère incomplet des données et des informations sur les tendances démographiques, particulièrement en ce qui concerne l'afflux de migrants occupant déjà une grande partie des vallées assainies. Il n'existe pas d'inventaire socio-économique détaillé de la population qui comprendrait notamment des données de base sur sa composition et son origine, la proportion de natifs et de migrants, et le type des accords fonciers indispensables au développement durable des vallées, conclus entre propriétaires et migrants. De même y a-t-il pénurie de données et d'informations sur les taux d'occupation des terres assainies, les pressions que subissent les parcelles reconquises, et la capacité de charge des sols par rapport au potentiel agro-pastoral d'exploitation durable des vallées 50.

«L'assurance d'une occupation durable du sol et de ressources en eau, que définie à la fois par les nouveau occupants et les populations d'accueil, est un préalable indispensable à tout aménagement foncier réussi.» De telles affirmations tiendraient mieux compte du genre si elle contenaient des clauses précises visant explicitement la situation différentielle des femmes, c'est-à-dire «telles que définis à la fois par les nouveau occupants et par les populations d'accueil ». Faute de prendre en compte la nécessité de garantir l'occupation de la terre par les hommes et par les femmes, les inégalités perdureront.

Source: cité dans Settlement and Development in the River Blindness Control Zone: Case Study Burkina Faso, Banque Mondiale, document technique 200, 1993, p. 38.

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5. Arrangements fonciers sensibles à la dimension genre

Une analyse du repeuplement des vallées libérées de l'onchocercose est actuellement en cours pour identifier les caractéristiques socio-économiques des populations réinstallées sur les terres, la nature de ces installations, les conditions et contraintes socioculturelles, les réseaux commerciaux existant, les sources de revenu de différents groupes de cultivateurs, ainsi que les relations qu'entretiennent les migrants avec leur région d'origine et leur famille. La FAO est maintenant la principale agence exécutrice pour le développement socio économique durable des ressources naturelles dans les vallées assainies; elle prépare actuellement un plan d'action regroupant des propositions concernant une série de projets locaux et bien circonscrits de développement durable. Son soutien initial comprendra la préparation d'une étude démographique et d'une enquête socio-économique en collaboration avec les instituts de recherche des pays concernes.

La viabilité des aménagements fonciers et des politiques de peuplement ne peuvent être considérées indépendamment des facteurs liés au genre. Le déplacement des populations vers les vallées assainies a provoqué chez les migrants des changements considérable dans l'exploitation agricole et les styles de vie. La plupart d'entre eux étaient confrontés à la nouveauté dans tous les domaines: zones agro-écologiques, systèmes d'exploitation agricole, cultures et pratiques de production, environnement socio-culturel et organisation foncière. Les nouvelles zones de peuplement, comme ces vallées, offrent une occasion unique de promouvoir un type d'organisation foncière qui protège les droits et les intérêts des cultivateurs, hommes et femmes.

Ainsi que nous l'avons vu au Module II, l'accès à la terre et la garantie de son occupation durable sont plus limités pour les femmes que pour les hommes dans leurs contextes socioculturels respectifs. Le peuplement de nouvelles terres offre l'opportunité de remodeler les relations de genre en modifiant les aménagements fonciers traditionnels, puisque les hommes ne peuvent se prévaloir de droits traditionnels ou coutumiers sur ces nouvelles terres. En effet, dans les nouvelles zones de peuplement, les modes antérieurs d'occupation de la terre, qui favorisaient souvent les hommes en termes d'accès à la terre, de profits, et autres, ne s'appliquent plus dorénavant. Cette nouvelle situation implique essentiellement que les femmes ne se heurtent plus aux obstacles qui entravaient leur accès à la terre, de sorte qu'elles disposent des moyens susceptibles d'améliorer leur statut socio-économique et socioculturel grâce aux changements intervenus dans leur relation légale et institutionnelle à la terre.

Deux composantes méritent une attention particulière:

Principales questions d'intervention

Le contexte démographique des programmes de développement agricole et rural (y compris ceux concernés par les questions foncières et les systèmes d'exploitation agricole) doit être pris en compte comme un facteur important susceptible de jouer un rôle crucial dans leur succès et leur viabilité. A ce titre, il doit être intégré dans les projets et les actions en cours.

La migration peut jouer un rôle de catalyseur en favorisant les changements dans les relations de genre et en renforçant l'accès des hommes et des femmes aux ressources productives. L'amélioration du statut socio-économique des femmes en particulier peut à son tour contribuer à l'évolution des tendances de la fécondité et de la mortalité. Pour faciliter de tels changements dans les relations de genre et promouvoir un accès plus équitable aux ressources productives, à la terre en particulier, il faut concevoir et mettre en application des aménagements innovateurs en matière foncière et des mesures de support appropriées.

La migration des hommes exige beaucoup de tous les membres de leur famille, mais spécialement des femmes qui restent au village et doivent assurer la responsabilité de la production agricole et de la sécurité alimentaire. La pénurie de travail consécutive au départ des hommes peut impliquer pour les femmes: (i) des horaires plus stricts et une utilisation de leur temps et de leur énergie physique moins souple, ainsi qu'une multiplication de leurs activités, liée à leurs nouvelles fonctions en matière de gestion des ressources productives; et (ii) une organisation sociale locale qui perpétue leur statut socio-économique inférieur.

L'effet qu'exerce l'exode rural sur les changements dans les rôles masculins et féminins dans les ménages ruraux doit être mieux compris et documenté. Il faut en particulier approfondir les études sur les conséquences différentielles de la migration selon le sexe et les stratégies mises en oeuvre par les ménages pour compenser la perte de main d'oeuvre et pour adapter les modes de culture et les stratégies démographiques à cette nouvelle situation. Il faut par exemple tenir compte de l'introduction de techniques nouvelles et de leurs répercussions sur les systèmes d'exploitation agricole, dans le cadre des migrations saisonnières (d'hommes ou de femmes, temporaires ou permanentes) et du surcroît de travail qu'elles peuvent imposer aux femmes.

La fréquence croissante des ménages dirigés par des femmes, telle qu'on l'observe dans de nombreux pays du tiers monde, doit se refléter dans les politiques et les programmes axés sur l'agriculture, le système foncier et la population. En particulier, les changements intervenant dans les régimes fonciers à la suite de la prépondérance des ménages dirigés par des femmes doivent être évalués en fonction de leurs implications pour les politiques agricoles et démographiques. L'investigation doit aussi porter sur les migrations féminines et sur les répercussions potentielles de celles-ci sur la production vivrière et la sécurité alimentaire.

Les besoins en matière de recherche

En réponse à ces problèmes d'intervention, la recherche doit porter en premier lieu sur les secteurs identifiés ci-dessous:

Notes et références

1. Zoran Roca, "Urbanization and Rural Women: Impact of Rural-to-Urban Migration". FAO, 1993, p. 1. Pour une discussion détaillée des problèmes que pose la définition de la migration, voir Richard E. Bilsborrow et Secrétariat des N.U., "Internal Female Migration and Development: an Overview", dans Internal Migration of Women in Developing Countries: Proceedings of the UN Expert Meeting on the Feminization of Internal Migration, Mexico, 22-25 octobre 1991, Nations Unies, New York, 1993, pp. 1-2.

2. Roca, ibidem.

3. Pour une introduction détaillée sur le thème de la migration des femmes dans le tiers monde, voir le document des Nations Unies, cité en note 1, et en particulier Graeme J. Hugo, "Migrant Women in Developing Countries", pp. 47-77.

4. National Perspectives on Population and Development: Synthèse de 168 Rapports nationaux préparée pour la Conférence internationale sur la population et le développement, 1995, p. 93.

5. Ogden, P.E., Migration and Geographical Change, Cambridge University Press, 1984, cité dans Zoran Roca, "Urbanization and Rural Women", Op. cit., p. 2.

6. Hugo, G.J., 1993, op. cit., p. 63.

7. M. d. L.A. Crummett, "The Women's Movement", Ceres, 1992, N° 137, cité dans ibidem.

8. Condition de la femme et population: le cas de l'Afrique francophone, Nations Unies, Vienne, 1992, p. 54.

9. Migration and Urbanization in Asia and the Pacific: Inter-relationships with Socio-Economic Development and Evolving Policy Issues, Nations Unies, 1993, p. 15.

10. ESCAP, "Urbanization Patterns and Problems into the 21st Century in Asia and the Pacific", Migration and Urbanization in Asia and the Pacific, op. cit., p. 19.

11. Marta Tienda et Karen Booth, "Migration, Gender and Social Change: A Review and Reformulation", 1988, cité dans Bilsborrow et al., 1994, op. cit., p. 12.

12. J.C. Croll, Contribution méthodologique à l'étude du développement agricole en sciences sociales, Synthèses, Notes et Débats, Laboratoire de recherches de la Chaire en sciences économiques de l'ENSSAA, Institut National de la Recherche Agronomique, Dijon, 1985, N° 2.

13. Carol Colfer, "On Circular Migration: From the Distaff Side", dans Guy Standing (Eds.), Labour Circulation and the Labour Process, cité dans Hugo, 1994, op. cit., p. 67.

14. Philippe Fargues, «Déficit vivrier et structures familiales en Afrique au Sud du Sahara. Population, vol. 44, n°3, 1989, pp. 639-640.

15. H. Ware et D. Lucas, "Women Left Behind: the Changing Division of Labour and its Effects on Agricultural Production", 1988, cité dans Condition de la femme et population: le cas de l'Afrique francophone, Nations Unies, Vienne, 1992, p. 69.

16. Final Mission Report, Farming Systems in the Dry Zone, Myanmar, Agricultural Development and Environmental Rehabilitation in the Dry Zone Project, juillet 1995, p. A1.30.

17. Ingrid Palmer, The Impact of Male Out-Migration on Women in Farming. Women's Roles & Gender Differences in Development: Cases for Planners. Kumarian Press, West Hartford, 1985, cité dans Roca, 1993, op. cit., p. 3.

18. FAO, "Women and Population in Agricultural and Rural Development in Sub-Saharan Africa", Women in Agricultural Development N° 5, 1992 et Crummett, 1992, op. cit, dans ibidem.

19 .FAO, 1992c. Rural Women in Latin America - Rural Development, Access to Land, Migration and Legislation, op. cit., cité dans Roca, 1993, op. cit,. p. 4.

20. Palmer, 1985, op. cit., cité dans Roca, 1993, op. cit., p. 4

21. S. Selvaratnam, "Consequences of Population Change at the National Level: the Asian Context", Proceedings of the Regional Seminar on Consequences of Population Change in Asia, Studies on Consequences of Population Change in Asia: Comparative Findings, Thaïlande, 7-1 0 avril 1992, p. 72.

22. Ceci exclut les pays ayant atteint leur capacité potentielle de charge démographique. Fargues, 1989, op. cit., p. 636.

23. D'autres facteurs incluent le remplacement de cultures de subsistance par des cultures de rente et la scolarisation des enfants. Voir Fargues, 1989, op. cit., p. 636.

24. Derek Byerlee, "Rural-Urban Migration in Africa", cité dans Theodore D. Fuller, "RuraltoUrban Population Redistribution", dans L.A. Peter Gosling et Linda Y.C. Lim (Eds.), Population Redistribution: Patterns, Policies and Prospects, FNUAP, Policy Development Studies, N° 2, 1979, p. 31.

25. Fargues, op. cit., p. 645.

26. L. Trager, "Migration and Remittances: Urban Income and Rural Households in the Philippines", 1984, dans Hugo, "Migration and Rural-Urban Linkages in the ESCAP Region", 1993, op. cit., p. 108.

27. FAO, "Intraregional Labour Mobility and Agricultural Development in the Near-East: Phenomenon, Impact and Policy Implications. FAO Economic and Social Development Paper 94, 1990.

28. Roca. 1993, op. cit., p. 4.

29. A. Ahmad, "Choice and the Small Farmer in Baling, Kedah, Peninsular Malaysia", dans J. Hirst, J. Overton, B. Allen et J.Y. Byron (Eds.), Small-Scale Agriculture, Canberra, Commonwealth Geographical Bureau, 1988.

30. FAO, "Women and Population in Agricultural and Rural Development in Sub-Saharan Africa. Women in Agricultural Development N° S. 1992.

31. Palmer, 1985, cité dans Roca, 1993, op. cit., p.5.

32. Migration and the Family, Nations Unies, Vienne, Occasional Paper Series, N° 14, 1994, p. 9.

33. FAO, "Rural Women: the Closing Link Between Population and Environment, Discussion Note at the Expert Group Meeting on Population and Women, Gaborone, Botswana, 1992, cité dans Roca, "Urbanization and Rural Women the Impact of Rural-to-Urban Migration", 1993, p. 6.

34. FAO, "Rural Women in Latin America - Rural Development, Access to Land, Migration and Legislation, 1992, cité dans ibidem, p. 6.

35. Kossoudji, S. et E. Mueller, 1983, "The Economic and Demographic Status of Female-Headed Households in Rural Botswana. Economic Development and Cultural Change, N° 4, cité dans Roca, 1993, op. cit., p. 7.

36. Penporn Tirasawat, "The Impact of Migration on Conditions at the Origin: A Study on Selected Villages in Thailand", 1985, cité dans Philip Guest, "Consequences of Population Change at the Household Level", Proceedings of the Regional Seminar on Consequences of Population Change in Asia, op. cit., p. 110.

37. Graeme Hugo, "Migrant Women in Developing Countries", Paper presented at the UN Expert Group on the Feminization of Internal Migration, Mexico, 1991, cité dans Philip Guest, op. cit. en note 36, p. 110.

38. Roca, 1994, op. cit., p. 6.

39. Kossoudji et Mueller, 1983, op. cit.. En Namibie, selon un observateur, certains ménages agricoles dirigés par des femmes ne cultivent que de la moitié à un tiers de leurs terres arables, faute de main-d'oeuvre et d'intrants. Voir Namibia National Report to the fourth World Conference on Women, Office of the President, Department of Women Affairs, novembre 1994, p. 38.

40. Jiggins, 1985, dans Roca, 1994, op. cit ., p. 6.

41. Jacques du Guerny, Migration and Rural Development, FAO, 1978, pp. 36-37.

42. Hugo affirme qu'il y a eu «une convergence entre les styles de vie urbains et ruraux, dans les caractéristiques économiques, sociales et démographiques des populations urbaines et rurales, dans les types de services disponibles à la campagne et en ville et dans les niveaux de mobilité individuelle des populations rurales et urbaines», dans "Migration and Urban-Rural Linkages in the ESCAP Region", 1993, op. cit., p.92.

43. Côte d'Ivoire, Enquête permanente auprès des ménages 1985, Abidjan, 1986, cité dans Fargues, 1989, op. cit., p. 643.

44. Ibidem, p. 643.

45. Ibidem, pp. 644-645. Une légère réécriture permettrait de mieux lire la citation: «La compétition ... soit encourage les cultivateurs à produire des denrées alimentaires soit les en dissuade....

46. Zoran Roca, «Rural Development, the Environment and Migration », Background Note to the Expert Group Meeting on Population Distribution and Migration, Bolivia, janvier 1993, pp. 79.

47. Ce programme couvre les pays suivants: Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Sierra Léone et Togo; il est financé par 23 organisations, dont la Banque mondiale, l'OMS et le PNUD.

48. The Challenges of Success: Land Settlement and Environmental Change in the Onchocerciasis Control Programme Area, Committee of Sponsoring Agencies, OCP, 1994, p. 1.

49. Ibidem.

50. FAO. Lettre d'accord pour la réalisation d'une étude des capacités de charge démographique dans les pays du Programme de lutte contre l'onchocercose pour une occupation optimale des terres sous contrôle, 1994, pp.1-2.

51. Migration and Urbanization in Asia and the Pacific: Inter-relationships with Socio-Economic Development and Evolving Policy Issues, Nations Unies, 1993, p. 15.

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