Evaluation de l'efficacité des techniques de lutte contre l'ensablement


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1 - Evaluation de l'efficacité technique
2 - Effets socio-économiques
3 - Impact environnemental


Devant la diversité des méthodes utilisées et des normes établies, généralement différentes d'un site à autre, mais aussi face aux expériences cumulées et aux stratégies d'intervention adoptées par chacun des pays membres du projet RAB/89/034, l'évaluation de l'efficacité des techniques de lutte contre l'ensablement est souvent ponctuelle et liée directement aux taux de réussite de chaque opération. Les résultats enregistrés sur le terrain et le niveau de protection assurée aux infrastructures et agglomérations humaines restent ainsi les principaux critères d'appréciation de cette efficacité. Ils constituent par ailleurs des éléments déterminants du choix des techniques à développer.

Dans ce qui suit une évaluation à la fois technique, économique, sociale et environnementale de toutes les méthodes en usage sera tentée et permettra de dresser l'état actuel des connaissances et de dégager des actions de recherches futures.


1 - Evaluation de l'efficacité technique


D'une façon générale, les actions de lutte contre l'ensablement demeurent ponctuelles et dispersées et portent souvent sur des cas d'urgence où les fronts dunaires sont devenus menaçants. Elles s'inscrivent rarement dans le cadre d'un plan de protection globale préétabli et déterminé en fonction de la dynamique éolienne et des types de modèles éoliens en présence et prenant en compte aussi bien les sources de sable, les zones le transport et de dépôt que les zones intermédiaires. Il n'est pas exclu d'ailleurs de constater que pour certains sites le traitement partiel et incomplet a conduit souvent à des échecs. Il n'est pas rare non plus de trouver que pour des conditions écologiques similaires et pour le même type de modèle éolien les mailles du quadrillage, les espacements entrepalissades et les distances observées par rapport à l'infrastructure à protéger sont très variables ce qui ne marque pas d'affecter l'efficacité de traitement et son prix de revient.

L'absence d'un plan global de lutte contre l'ensablement et de schémas d'intervention raisonnés constituent une insuffisance commune à tous les pays du projet, même ceux où la lutte contre l'ensablement est une activité très ancienne, et qu'il y a lieu donc de dépasser en vue de maîtriser davantage la connaissance du processus d'érosion éolienne et de procéder aux ajustements nécessaires à l'amélioration de l'efficacité des techniques.

1.1 - Techniques de lutte mécanique

1.1.1 - palissade en palmes

Cette technique est utilisée en zone saharienne, autour des oasis, chaque fois que les ressources locales en palmes le permettent et que l'utilisation traditionnelle qui en est faite ne gène pas l'approvisionnement des chantiers de lutte contre l'ensablement.

La disponibilité de la palme constitue ainsi un facteur qui détermine dans une large mesure le niveau de généralisation de la palissade et participe au coût de son édification. Lequel coût est également fonction de la densité de la palissade (nombre de palmes/ml) et du réseau installé.

Dressée contre le vent ou légèrement en biais du vent dominant, la palissade en palmes joue souvent son rôle de bise-vent et d'obstacle physique freinant le mouvement des sables et facilitant la mise en place de la végétation. La longévité de l'ordre de 3 à 4 ans est jugée intéressante et peut être augmentée aisément grâce à une maintenance assidue et un réhaussement périodique. D'un autre côté, l'édification de palissades autour des parcelles agricoles (Cas de l'Egypte) à contribué à une augmentation sensible de la production, de l'ordre de 30 à 100%.

Il est permis cependant de constater que faute de données anénometriques et climatiques propres à chaque site l'orientation de palissades est généralement déterminée en fonction de l'expérience de terrain et n'aboutit parfois qu'à un effet limité. Dans certains cas où le positionnement de la palissade est trop proche du site à protéger, celle-ci peut même avoir un effet inverse surtout si le réseau de palissades installé est incomplet. En effet la palissade, en jouant son rôle d'obstacle, provoque une accumulation de sable aboutissant par rehaussement successif à la formation de dune artificielle qui peut devenir importante et menacer le site qu'on se propose de protéger.

Par ailleurs, l'expérience de certains pays, comme la Tunisie, montre que le nombre de palmes utilisé par mètre linéaire est élevé (30 à 40 palmes/ml). Il en résulte que les palissades ainsi constituées sont denses et peu perméables et présentent une faible résistance au vent. L'expérience marocaine confirme par contre que les densités de l'ordre de 14 à 20 palmes/ml, selon la taille des palmes utilisées, sont suffisantes plus efficaces et confèrent à la palissade une perméabilité de 40-50%.

1.1.2 - palissade en branchages

L'utilisation des branchages pour la confection de palissades est rendue possible lorsque des formations ligneuses avoisinent le site à protéger. Cette technique est d'emploi très courant dans les dunes maritimes où elle permet en particulier la formation d'une dune littorale artificielle s'opposant à la progression de sable d'origine marine. Erigé en obstacle face aux vent et sables marins, cet édifice artificiel permet également de gagner du terrain sur le domaine maritime et de dévier en partie la progression du sable vers la mer.

La configuration de la côte étant ce qu'elle est, la dune littorale a tendance à se comporter à la fois comme une dune d'arrêt et de diversion. Mais ce rôle n'est en fait assuré que partiellement, eu égard à l'importance des apports sableux et à la faible perméabilité des palissades. Cette défaillance est compensée par un entretien continu des palissades et par l'installation d'épis transversaux sur le versant au vent de la dune littorale.

En milieu dunaire continental, le recours aux branchages pour la confection de palissades ne constitue pas une pratique courante. Mais là où cette technique a été utilisée, à titre expérimental surtout, le résultat obtenu avec des palissades espacées de 20 à 30 m est apparemment bon. L'on estime d'ailleurs que pour stabiliser un hectare, il faut en moyenne 100 stères de branchages. Mais il n'est pas exclu de constater que ce genre de palissades doit souffrir des mêmes insuffisances que pour les palissades en palmes En effet le mauvais positionnement de la palissade, la mauvaise orientation par rapport au vent dominant, sa faible perméabilité... Sont autant d'éléments parmi tant d'autres qui risquent d'affaiblir son efficacité et même inverser son effet.

1.1.3 - Palissade en fibrociment (amiante-ciment ou Eternit)

Cette technique est utilisée soit à titre expérimental soit lorsque l'approvisionnement en matériaux ligneux est difficile. Son extension reste ainsi très limitée et n'est constatée que dans les zones de transport où l'objectif recherché est de réduire l'alimentation en sable des dunes menaçantes. Il n'est pas exclu cependant de remarquer que les plaques et les palmes sont utilisées ensemble sur le même site pour assurer une protection d'ensemble par les premières et une protection rapprochée par les secondes.

L'utilisation des plaques en fibrociment pour l'édification de palissades, bien que jugée au départ assez probante en raison des facilités de manipulation et des possibilités de réhaussement au moindre coût qu'elle présentait, ne semble aboutir finalement qu'à des effets très limités et une efficacité relativement faible. Les cas de réussite sont peu nombreux et ne représentent apparemment, cas du Maroc notamment, que moins de 15% des cas étudiés.

L'efficacité de ces palissades en plaques de fibrociment se trouve considérablement réduite du fait que leur installation n'a été souvent que partielle et sans étude préalable de la dynamique éolienne.

A cette insuffisance s'ajoute également de nombreux inconvénients présentés par l'utilisation de ce matériau à savoir.

1.1.4 - QUADRILLAGE EN PALME

Le quadrillage en palmes est la technique la plus indiquée dans le cas où les vents sont de directions variables et bien entendu lorsque la palme est disponible. Facilitant à la fois le piégeage et l'immobilisation du sable et rendant le milieu favorable à l'installation de la végétation, le quadrillage en palmes joue parfaitement son rôle en zone dunaire et présente une efficacité certaine.

Il est constaté cependant que cette efficacité peut être réduite, voie nulle, lorsque la maille du quadrillage est très grande, 9 à 11 m, où lorsque le quadrillage est partiel. Il en résulte d'ailleurs une dégradation du dispositif et un ensevelissement des plants à l'intérieur des quadrats. Les cas d'échec sont observés généralement sur les grandes dunes où le rythme d'ensablement des premières rangées du quadrillage exposées au vent est estimé à 10-15 cm par an.

1.1.5 - quadrillage en alfa

Le quadrillage en alfa est d'utilisation récente. Il est conçu pour renforcer les quadrillages en palmes et vient ainsi en seconde position en raison de sa faible hauteur et sa maille réduite. Pour les quelques cas étudiés, l'efficacité de ce type de quadrillage est jugée correcte et se trouverait renforcée si la densité du quadrillage est plus forte (quadrat de moins de 2 m).

1.1.6 - carroyage a base de maille plastique extrudée

Cette technique, utilisée à titre expérimental en Algérie, a donné d'assez bons résultats avec des plastiques de maille serrée (2mm). Le coût très élevé de l'opération, même à des densités très lâches, constitue néanmoins l'inconvénient majeur.

1.1.7 - couverture végétale

La couverture uniforme du sol par des matériaux ligneux généralement inertes (paille, herbes sèches, résidus agricoles, branchages, palmes...) présente l'avantage d'empêcher le phénomène de defalation et de s'opposer ainsi au déplacement du sable. Elle contribue en outre à réduire l'évaporation de l'eau du sol et à améliorer sa structure en y introduisant des matières organiques ce qui permet, de créer des conditions favorables au développement de la végétation. La simplicité de cette technique facilite enfin sa prise en charge par les populations locales.

Toutefois cette technique exige pour son extension une grande disponibilité des matériaux ligneux ce qui risque d'aboutir à une dégradation de la couverture végétale environnante surtout dans le cas de l'extraction des touffes d'herbes ou des branchages avec des graines. D'un autre côté, la légèreté ou la grossièreté des matériaux utilisés peut constituer une insuffisante susceptible de réduire l'efficacité de cette technique. En effet, si les matériaux sont légers, ils sont facilement emportés par le vent et s'ils sont grossiers il se crée entre eux des sifflets facilitant le départ du sable. Le choix des matériaux et leur mise en place imposent ainsi une attention toute particulière.

1.1.8 - traitement a base de produits pétroliers

L'emploi de cette technique n'a pas abouti dans tous les cas à une efficacité certaine. Les résultats obtenus sont d'ailleurs très mitigés et soulèvent de nombreux inconvénients même pour les pays pétroliers où les produits employés sont disponibles et à prix réduit.

Epandus ou pulvérisés les produits pétroliers constituent une couche plus ou moins fine qui d'un côté immobilise le sable et empêche l'évaporation de l'eau du sol et d'un autre côté augmente la température du sol par absorption de la chaleur et s'oppose au développement du tapis herbacé. Ce double effet se traduit donc par un résultat médiocre.

L'aspect polluant de ces produits constitue par ailleurs un inconvénient qui ne milite nullement en faveur de leur utilisation. Ils sont d'ailleurs très salissants et difficilement degradables et donnent souvent au site un aspect désagréable.

Bien que simple et d'exécution facile, voire économique pour certains pays pétroliers (Libye), cette technique nécessite malgré tout une main d'oeuvre spécialisée et des engins spécifiques. La maintenance et la disponibilité de ces engins constituent en outre une contrainte qui limite l'extension de cette technique.

1.1.9 - couverture en matériaux synthétiques

Basée principalement sur le filet "Texand" et le film plastique, cette technique de fixation n'a fait l'objet que d'expériences limitées et souvent non concluantes. Les seuls avantages évidents reconnus à cette technique sont la facilité de nise en oeuvre puisqu'il s'agit d'un simple étalement sur le sol dunaire de mèches ou de films plastiques et la parfaite adaptation de ces matériaux aux contours des dunes protégées.

Parmi les inconvénients de ce système de fixation l'on relève que les matériaux utilisés ont une durée de vie assez courte et sont rapidement emportés par le vent ou envahis par le sable. Et même lorsqu'ils sont solidement fixés ils ne contribuent nullement à maintenir au niveau du sol des conditions favorables à la croissance de la végétation.

L'efficacite très réduite de cette technique se trouve enfin compromise par le coût très élevé des matériaux.

1.1.10 - traitement a base de produits chimiques

La stabilisation des surfaces à base de produits chimiques divers n'est qu'à ses débuts. Les quelques résultats d'expériences sont certes prometteuses mais n'embrassent pas toute la gamme des produits qui sont disponibles actuellement sur le marché

Epandus généralement par pulvérisation, les produits chimiques imprègnent le sable traité permettent de ce fait la formation d'une mince pellicule quasiperméable à la pluie et suffisamment résistante au vent érosif. Ils assurent ainsi une meilleure cohésion des grains de sable et contribuent à diminuer l'évaporation de l'eau de sol et à favoriser la germination des semences et la croissance des plantes. Certains produits, en poudre, présentent même l'avantage d'être pulvérisés en mélange sur des semences fines.

Cette technique suppose cependant des moyens de pulvérisations adéquats et de grandes quantités d'eau pour assurer la dilution des produits ce qui n'est pas toujours possible en raison de l'éloignement des zones dunaires traitées, cas des dunes continentales notamment, et de leurs faibles ressources en eau. Se désintègrant plus ou moins rapidement, ces produits chimiques sont peu viables et n'assurent donc qu'une efficacité très limitée dans le temps. Ils présentent en outre des effets néfastes sur le plan écologique. A ces inconvénients apparents, ou supçonnés, s'ajoutent enfin, le prix très élevé de ces produits et l'absence parfois de main d'oeuvre spécialisée.

1. 1. 11 - épandage d'eau de cure

L'eau en général et l'eau de crue chargée de particules fines en particulier sont de bons fixateurs du sable. Elles agrégent les grains de sable et leur confèrent une cohésion suffisante leur permettant de résister à l'érosion éolienne. L'emploi de cette technique reste cependant lié à la présence d'eau, qui n'est malheureusement pas toujours disponible, et à la nécessité de maintenir constamment humide la surface à protéger. L'exemple Egyptien a été une réussite dans ce domaine mais a pris fin avec la construction du barrage "Essad El Ali" qui a réduit considérablement les disponibilités en eau.

1.1.12 - couverture en terre

Cette technique qui consiste simplement à répandre du tout venant sur la surface de la dune jusqu'à former un remblai de l'ordre de 20 cm d'épaisseur relève en fait du génie civil et nécessite de gros engins aussi bien pour l'extraction, le transport que pour l'étalement. La stabilisation de cette couche nécessite également de l'eau d'arrosage surtout lorsque l'on se propose de la planter ultérieurement ce qui peut constituer un inconvénient majeur en zone saharienne.

Utilisée pour stabiliser les abords de certains tronçons de routes sahariennes (cas du Maroc), cette technique a donné de bons résultats et revient apparemment peu chère. Son seul inconvénient demeure la grande consommation en eau qui empêche sa généralisation sur de grandes superficies.

1.1.13 - reprofilage aérodynamique

Utilisée spécialement pour la protection des tronçons de routes ensablés, des canaux d'irrigation ou des bouches de "Khettaras", cette technique a été très souvent efficace en facilitant l'écoulement des vents chargés sans pour autant provoquer d'effet tourbillonnaire ou de dépôt sableux. Des réalisations remarquables, comme celles des margelles autour des bouches de khettaras au sud marocain, sont portées à l'actif de cette méthode et militent en faveur de son emploi chaque fois qu'elle est possible.

1.1.14 - technique du venturi

Cette technique a été testée au sud marocain sur une longueur de l'ordre de 200m et devait permettre une circulation plus rapide du sable et éviter ainsi l'ensablement de la chaussée. Mais son efficacité n'a été que partielle puisque des actions curatives complémentaires restaient nécessaires.

Cette technique du venturi présente par ailleurs les inconvénients suivants :

 

1.2 - Techniques de lutte biologique

1.2.1 - le reboisement

L'installation d'une végétation arborée pérenne, à base d'espèces locales ou introduites, est considérée dans tous les pays du projet comme la méthode la plus efficace pour une fixation définitive des milieux douaires, continentaux ou maritimes. Elle présente l'avantage de valoriser au mieux ces milieux en mettant à profit l'humidité relative des couche sableuses et des sols sous-jacent. La végétation arborée présente en outre moins de risque de destruction face au déplacement éventuel du sable et à son effet abrasif sur la partie aérienne des plants.

Pratiquée de longue date, cette technique du reboisement a donné de belles réalisations que ce soit en milieu dunaire maritime ou continental. mais son efficacité reste intimement liée à la qualité du matériel végétal, au choix des espèces à introduire, à l'encadrement des chantiers et aux soins données aux plantations. De nombreuses insuffisances sont encore signalées et expliquent en partie les cas d'échec relevées dans certains pays. Le talonnement et l'empirisme restent encore de règle dans le choix des espèces et leur association sur les sites traités. A quelques rares exceptions, l'usage des espèces autochtones reste très l imité par rapport aux espèces introduites et dénote ainsi un penchant des intervenants pour des solutions de facilité qui ne peuvent engendrer à long terme une couverture végétale stable et parfaitement adaptée au milieu dunaire caractérisé entre autre par sa faible fertilité, son aridité relative, sa faible rétention en eau et son point de flétrissement assez bas. Autant d'éléments défavorables qui doivent imposer non seulement une étude préalable de site à reboiser, ce qui manque souvent mais une sélection plus stricte des espèces à employer et notamment celles locales qui sont à même d'assurer la fixation définitive de ces milieux sableux.

L'évaluation de l'efficacité technique du reboisement bien que favorable pour de nombreux cas étudiés dans les pays du projet, dépend malgré tout des conditions écologiques de chaque site traité, et des soins apportés è l'exécution des différentes étapes relatives à la préparation du matériel végétale, à la plantation et à l'entretien.

1.2.2 - le semis

De portée limitée et valable pour quelques espèces seulement, cette technique se pratique sur des milieux relativement stabilisées et recevant un minimum de pluie. Elle a l'avantage d'être simple et de pouvoir être utilisée seule ou en association avec la plantation. Elle permet une colonisation rapide du milieu dunaire traité et participe à un meilleur équilibre de l'étagement de la végétation. A la faveur des années relativement pluvieuses, cette technique est très efficace et peut être employée sur de grandes superficies. L'utilisation des graines d'espèces locales permet à cette technique de jouer un grand rôle dans la régénération des milieux dunaires et voir ses effets positifs plus renforcés.

La réussite du Semis dépend cependant de la maturité des graines utilisées, de profondeur d'enfouissement, de la durée de germination et du niveau d'humidité de la couche superficielle de sable.

1.2.3 - la mise en défens

L'instauration de la protection intégrale contre l'action intempestive de l'homme et de son bétail sur certains milieux dunaires a contribué à une reconstitution de la végétation et à une réduction des apports de sable, cas notamment des milieux situés en amont des fronts dunaires. Elle a permis ainsi non seulement de renforcer le système de protection et de le rendre plus durable mais aussi de réhabiliter l'écosystème dunaire en favorisant l'installation de la végétation garante d'une fixation définitive.

Partout où la mise en défens a été instaurée et respectée, son efficacité a été très nette ce qui autorise finalement à la considérer comme une opération nécessaire pour assurer une véritable lutte contre l'ensablement.


2 - Effets socio-économiques


L'évaluation socio-économique des effets générés par les actions de lutte contre l'ensablement est souvent une tâche ardue en raison du manque d'information auquel se heurte l'estimation du patrimoine protégé et la quantification du rapport coût-avantage. Il n'en demeure pas moins cependant que l'impact de ces actions est indéniable surtout lorsque ces actions sont menées, et souvent c'est le cas, dans des régions enclavées, à très fort sous-emploi et par conséquent à taux d'exode très élevé.

2.1 - Création d'emploi

Les techniques de lutte contre l'ensablement sont dans leur majorité basées sur la main d'oeuvre qui présente une part importante de leur coût. De ce fait toute action de lutte contre l'ensablement engendre la création de l'emploi et une distribution de revenus parfois très substantielle. Elle contribue ainsi à lutter contre le chômage et la pauvreté.

Par ailleurs la récupération des terres agricoles initialement ensevelies par le sable correspond également à une forme de création d'emploi permanent.

Cet effet sur l'emploi se répercute positivement sur la limitation de l'exode rurale et la fixation des populations sur place.

2.2 - Protection des villages

La protection des agglomérations humaines contre l'ensablement constitue un aspect fondamental de la lutte. Elle permet ainsi d'éviter à la population soit l'éxode vers les centres urbains soit le déplacement des habitations vers d'autres lieux et les dépenses en argent et en travail qui en découlent.

Lorsque les populations restent sur place, la lutte contre l'ensablement ne peut que se traduire par des effets bénéfiques sur les paysans en terme d'amélioration de leur existence et de leur environnement.

2.3 - Protection des oasis, des terrains de culture et des ouvrages d'irrigation

La mise en oeuvre des actions de lutte contre l'ensablement des oasis et des terres de culture permet non seulement de protéger le patrimoine existant mais de récupérer également de nouvelles terres initialement ensablées. Cette action se traduit donc par une extension du capital terre et une augmentation de la valeur ajoutée agricole et partant par une amélioration des bénéfices récupérés par les paysans.

D'un autre côté, la protection des points d'eau et des ouvrages d'irrigation, traditionnels surtout, décharge les paysans de leur curage et entretien répétés et les rend plus disponibles pour la production agricole.

2.4 - Valorisation des matériaux locaux

Le recours aux produits locaux (palme, branchage...) dans la lutte contre l'ensablement contribue à leur meilleure valorisation. Il permet en outre d'assurer aux agriculteurs, lorsqu'ils sont producteurs de ces matériaux, une nouvelle source de revenus et de leur donner l'occasion de parfaire la conduite et la taille de leur vergers (palmeraie, oliveraie...).

2.5 - Production de bois de feu et de fourrage

Outre leur rôle de protection contre l'ensablement, les reboisements en milieux dunaire permettent une production de bois d'autant plus important que les régions concernées souffrent de déficit chronique en bois de feu. Ce bois provient généralement de l'exploitation des rideaux brise-vent ou des opérations de nettoyage et de recépage des périmètres forestiers.

L'exploitation de ces périmètres à des fins posturales n'est pas exclue et contribue, selon l'état du couvert végétal, à renforcer les ressources fourragères locales. La présence dans ces périmètres d'espèces mellifères permet en outre le développement d'une apiculture locale.

 


3 - Impact environnemental


Les bandes routières, les brises-vents et les périmètres forestiers crées pour assurer la protection contre l'ensablement participent, en tant que biomasse et espace vert, à l'amélioration de l'environnement naturel.

Les bandes routières constituent souvent des lieux de repos pour les automobilistes comme pour les animaux surtout en période de forte chaleur. Dans les milieux sahariens ou assylvatiques ces bandes atténuent en plus la monotonie des paysages.

De leur côté les brise-vent, constitués en rideaux autour de parcelles agricoles, créent un micro-climat plus favorable à l'installation de la végétation et à l'amélioration de la production végétale.

Les périmètres forestiers, quant à eux, ont un impact plus grand eu égard à leur importance spatiale et biomassique. Non seulement ils influent favorablement sur le micro-climat local en l'adoucissant mais ils constituent aussi un milieu très favorable au développement de la flore locale et de la faune. Ils sont également des espaces de récréation très recherchés par les populations qui y trouvent ombrage, verdure et quiétude.