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Les forêts du Moyen-Orient

Certains groupes des pays d'Afrique et d'Asie sont, depuis longtemps, désignés par les géographes sous le nom de Proche Orient et Moyen-Orient. Ces termes sont interprétés de différentes façons. La FAO possède un Centre régional du Proche-Orient, dont la direction est au Caire, mais dont la juridiction s'étend à l'Afghanistan. Actuellement, certains gouvernements musulmans, membres de la FAO, appartenant à cette région en visagent de créer un corps forestier régional pour coordonner la documentation et les projets, et pour établir un échange d'idées, d'hommes et de matériel en vue de livrer une bataille commune. En ce qui concerne cet article, les pays intéressés à ce programme sont désignés collectivement sous le nom de Moyen-Orient.

LES pays du Moyen-Orient sont dans l'ensemble, déjà parfaitement conscients de la valeur en puissance de leurs forêts, et ont adopté, ou projettent d'adopter une législation ayant pour but de protéger les ressources encore existantes ou les forêts nouvelles qui pourraient être créées, et d'assurer leur utilisation rationnelle. C'est seulement sur la base d'une législation efficace qu'une politique forestière saine peut être graduellement élaborée, et c'est l'une des fonctions de la FAO que d'offrir ses conseils sur la direction dans laquelle devrait évoluer la politique forestière, et de prêter son assistance à chaque pays qui le demande.

D'une manière générale il y a pénurie de techniciens et d'experts forestiers dans cette région. Quelques pays ont tenté de vaincre cette difficulté en demandant les services d'experts étrangers, ou en envoyant des étudiants à l'étranger pour suivre les cours des écoles et universités forestières. Il est probable qu'à l'avenir les pays devront de plus en plus se suffire à eux-mêmes, ou, du moins, chaque région devra devenir indépendante. C'est pourquoi des réunions techniques régionales régulières pourraient aider les forestiers à réaliser ces contacts personnels qui seront si précieux lorsque les nouveaux programmes forestiers seront en cours d'exécution.

Jusqu'à présent, la FAO s'est, dans le Moyen-Orient, tournée plutôt vers l'agriculture que vers la foresterie. La foresterie doit, maintenant, revenir au premier plan. Il faut espérer que les inventaires des ressources forestières de chaque région seront entrepris en temps voulu, et que des comparaisons seront établies entre la production de bois et les besoins en produits ligneux, afin de permettre une juste évaluation des besoins d'importations, et, en certains cas, des possibilités d'exportation.

Mais il faudrait commencer immédiatement, pour le bénéfice mutuel de tous les pays de cette région, à étudier leurs problèmes techniques communs, et à échanger les résultats de leurs recherches et de leurs expériences. Quelques problèmes typiques devraient être choisis, et étudiés en commun sur le plan international. Le problème suivant, par exemple, mérite une attention spéciale.

Boisement et reboisement

En beaucoup de cas, le boisement et le reboisement doivent être entrepris pour restaurer des forêts existantes ou en créer de nouvelles et fournir une source locale de produits forestiers dont le besoin est urgent, ce qui soulève de nombreux problèmes sociaux. Un rythme accéléré des activités forestières pourrait fournir des emplois permanents, et aider à contrebalancer le chômage qui pourrait croître en proportion directe des restrictions de pacage, imposées dans l'intérêt des forêts et de la conservation du sol. Il est souhaitable d'arriver à un échange de vue immédiat sur les essences et variétés d'arbres les mieux adaptées aux conditions locales, les meilleures techniques à utiliser pour la plantation, et les méthodes permettant de protéger et de conserver toutes les forêts nouvelles qui pourraient être créées.

Les problèmes de boisement doivent aussi être examinés dans leurs aspects les plus larges, y compris le peuplement des zones boisées purement protectrices, les plantations de rapport, les brise-vents, et les bandes boisées protectrices des récoltes. De plus, les vastes régions dont l'irrigation est prévue dans des buts agricoles offrent certainement suffisamment d'espace pour permettre la plantation de brise-vents et de bandes de protection, et l'on peut escompter qu'elles donneront un rendement en bois qui sera loin d'être négligeable.

Il faudrait adopter une politique générale encourageant la plantation d'arbres dans les différents pays de cette région, et il faudrait insister pour que tous les fermiers plantent de petits bois, et même des arbres isolés. Les communes pourraient être encouragées, par différents moyens, a créer près des villages des bois à courte révolution, afin d'approvisionner la population en bois de chauffage.

La pénurie de pépinières forestières apporte une gêne sérieuse au travail déjà commencé, et les moyens permettant de procéder à des échanges de graines et de plants doivent être examinés en détail. La FAO propose de procéder à cet examen pendant les mois qui vont suivre.

Quelques-uns de ces problèmes ont déjà été étudiés par la sous-commission de la FAO pour l'étude des problèmes méditerranéens, et par la Commission internationale du peuplier, et l'on étudie actuellement avec attention les conditions dans lesquelles l'eucalyptus peut donner les meilleurs résultats, ainsi que l'a indiqué M. Metro, dans un article publié au début de ce numéro.

Dans le Moyen-Orient de vastes étendues exposées à l'érosion tombent dans le domaine des Services forestiers. Il a été décidé que ces régions devraient être ultérieurement reboisées, mais ce boisement ne peut être accompli avec succès que si certaines mesures auxiliaires son prises au préalable, telle que la création de terrasses sur les pentes, de digues de retenue des eaux, et autres travaux du même genre. De semblables méthodes ont déjà été largement appliquées en quelques autres pays, mais il y a toujours place pour des améliorations, et un échange de documentation sur les résultats obtenus se rait inappréciable. Il serait nécessaire d'avoir une plus grande superficie de terrains de démonstration.

Le Moyen-Orient

La région figurant sur cette carte comprend une région plus vaste que celle qui est habituellement désignée sous le nom de «Moyen-Orient», mais elle montre les relations qui existent entre cette région et les territoires africains adjacents, dans lesquels nous retrouvons les mêmes problèmes forestiers. dette carte devra être utilisée en particulier pour la lecture des tableaux des pages 106 et 108 dans lesquels sont données les statistiques concernant les pays africains figurant ci-dessus.

En quelques endroits, le sol est tellement dégradé, que l'application des techniques de conservation et de boisement s'avérerait insuffisante: il faut prendre des mesures préliminaires de fixation du sol pour permettre le boisement. Les méthodes appropriées permettant de combattre l'érosion sont en général inconnues ou inappliquées dans ces régions, et il est absolument indispensable de répandre les connaissances relatives à cette question. Enfin, le problème de la fixation des dunes de sable se présente fréquemment.

L'ensemble des problèmes complexes du boisement, de la conservation du sol et de la conservation de l'eau doivent être étudiés en même temps.

Terrains de parcours et herbages

L'amélioration des pâturages est un souci constant pour les forestiers de cette région. Pendant la saison sèche, sinon pendant l'année entière, toutes les forêts sont largement pâturées, de telle sorte que le forestier doit essayer de réglementer l'afflux des animaux. Le problème est extrêmement difficile à résoudre, car il ne peut être question d'éliminer purement et simplement le pacage, sans prévoir d'autres pâturages, ou les moyens d'employer la main-d'œuvre rendue inactive par la suppression des troupeaux.

Tableau 1 - Utilisation des terres et population

Tableau 2 - Cheptel (En milliers de têtes).

Quelques pays ont déjà pris des mesures dans ce sens, et d'autres envisagent d'en prendre. A cet égard, une collaboration internationale devrait fournir des avantages réciproques, étant donné que les solutions adoptées dans un pays peuvent également être applicables dans un autre. En tous cas, ces problèmes intéressent parfois plusieurs pays: là où, par exemple, les troupeaux et quelquefois même des tribus nomades toutes entières avec leurs troupeaux, passent d'un pays à l'autre.

Des recherches techniques sont également nécessaires pour l'amélioration des pâturages et l'introduction d'arbustes et buissons fourragers dans les régions nouvellement boisées, de même que sur les moyens de réglementer, de limiter ou d'interdire le pacage des troupeaux.

Utilisation des produits forestiers

La région toute entière souffre d'une pénurie chronique de bois et il est extrêmement important d'utiliser au mieux cette production limitée. Des recherches sont encore nécessaires pour améliorer les méthodes d'utilisation des ressources actuelles en bois, et en particulier, en bois feuillus, tel que les chênes, le peuplier et l'eucalyptus. Ces recherches pourraient conduire à une meilleure utilisation des bois indigènes comme bois de sciage, traverses, contreplaqué, panneaux de fibre et planches pour les emballages légers. Il faudrait également améliorer les fours à charbon de bois, ainsi qu'on le fait actuellement en Iran, où, de plus, un conseiller technique de la FAO fait des cours de technologie du bois aux étudiants de l'Université.

Afin de présenter une documentation de base sur cette région, quelques esquisses résumées des conditions générales dans les pays d'Asie sont données ci-après. Ce sont les résumés, établis par les soins de la Division des Forêts, des informations envoyées à la FAO.

Afghanistan

Le trait dominant de l'Afghanistan est l'Hindu Kush, la grande chaîne de montagnes centrale, traversant le pays c'est en ouest, en une série de ravins profonds et de crêtes entrecoupées.

Le climat est caractérisé par des extrêmes de températures, par les vents et les périodes de sécheresse, dus à l'altitude plus encore qu'à la latitude. Dans la vallée de l'Oxus, la température peut atteindre 44° C. en été, tandis qu'à Kaboul, la température minima descend jusqu'à 23° ou 26° C. Au nord, les variations quotidiennes de la température d'été dépassent 17° C. La chaleur de l'été est aggravée par les vents chauds, particulièrement sur la frontière occidentale, où un vent, dont la vitesse atteint 180 km. à l'heure, souffle continuellement de juin à septembre.

La moyenne des précipitations annuelles est de 280 mm., dont la plus grande partie tombe entre décembre et avril. Une averse tombe parfois en été, mais l'influence de la mousson du sud-ouest se fait à peine sentir en Afghanistan.

Sur les principales chaînes, de 1.800 à 3.000 m., croissent de grands conifères forestiers: Cedrus deodara, Abies excella, Pinus longifolia, et Larix sp. L'if, le noisetier, le genévrier, le noyer, le pêcher sauvage et les amandiers s'y rencontrent également. Sous leur couvert croissent plusieurs variétés de rosiers, de chèvrefeuilles, de groseilles, de groseilles à maquereau, d'épine noire, et d'herbages luxuriants. Le noyer ou les chênes (à feuilles persistantes ou caduques), atteignent jusqu'aux hauteurs secondaires, où ils se mélangent à l'aulne, au frêne, au khinjuk, à l'Arborvitae, au genévrier, à l'Indigofera et au cytise nain, et à différentes espèces d'Astragalus. Plus bas, on rencontre des oliviers sauvages, une espèce de rosier rupicole, du troène sauvage, des acacias et des mimosas, de l'épine vinette et du Ziziphus; et, par endroit, Chamaerops humilis, (dont l'utilisation est très variée), Bignognia, le sissu, Salvadora persica, des verbena, des acanthes, et différentes variétés de Gesneria. Les derniers contreforts, spécialement vers l'ouest, ont un aspect dénudé, et leur maigre végétation est presqu'uniquement herbacée. Sur les mornes plateaux du Kandahar croissent plusieurs plantes vigoureuses de la famille des Leguminosae, l'épine à chameau (Hedysarum alhagi), Astragalus, Ononis spinosa (dont les racines fibreuses servent souvent à fabriquer des brosses à dents), le mimosa fragile et d'autres espèces. Dans les ravins, on trouve Nerium oleander, du cytise sauvage, et différents Indigofera spp. Les principaux arbres cultivés sont le mûrier, le saule, le peuplier, le frêne, et parfois le platane.

La résine de Narthex asafœtida, des plaines élevées et sèches de l'Afghanistan occidental présente une valeur commerciale. Dans les hautes terres de Kaboul, une rhubarbe sauvage comestible est considérée comme un luxe dans cette région; les noix ainsi que les graines de pins comestibles sont exportées. Elaeagnus orientalis, commun sur le bord des cours d'eau, fournit un fruit comestible, tandis que Pistacia khinjuk donne du mastic. On ne trouve le vrai pistachier que sur la frontière septentrionale.

En dehors des zones montagneuses et forestières l'Afghanistan est surtout un pays pastoral. Sur une superficie totale de 60 millions d'hectares, 2 pour cent seulement semblent cultivés et le restant consiste en terres désertiques au sud et au sud-est, et en hautes terres, permettant le pacage transhumant pendant toute l'année. Dans l'ensemble, le sol est fertile, particulièrement dans les vastes plaines de loess au nord de l'Hindou Kouch, et dans les régions orientales et méridionales. Dans ces régions et le long des vallées, partout où l'irrigation est possible, on obtient de belles récoltes. L'irrigation y est pratiquée au moyen d'un réseau de canaux, atteignant souvent plusieurs kilomètres de longueur, et parfois souterrains, et la FAO conseille le gouvernement au sujet de la construction de barrages et de canaux d'irrigation afin de conserver l'eau des crues. Le dry farming y est également pratiqué en certaines régions. La principale richesse de l'Afghanistan est toutefois constituée par les troupeaux qui parcourent les vastes terrains de pâture, en bas des montagnes: des pâturages qui entourent l'Andkhui proviennent les peaux d'agneaux ou astrakan (caracul), tandis que les troupeaux de moutons du sud produisent de la laine, de la viande et de la graisse fondue.

Le problème de la foresterie en Afghanistan est donc, indiscutablement, une question d'utilisation du couvert forestier pour la conservation de l'eau et l'harmonisation de la foresterie et du pacage.

Chypre

Chypre est située dans une région où le climat est favorable au développement des forêts. Bien que les précipitations varient beaucoup d'une région à l'autre de cette île, elles sont néanmoins partout suffisantes pour permettre l'existence d'un couvert forestier dense. En réalité, ce pays était autrefois très boisé; aujourd'hui, il ne subsiste que 167.000 ha de forêts, soit 18 pour cent de la superficie totale de l'île; 97 pour cent de ces forêts sont la propriété de l'Etat, et le restant est propriété privée.

Tableau 3 - Production de bois rond, a l'hectare, et consommation de produits forestiers par habitant

Tableau 4 - Production de bois resineux et feuillus

Chypre est composée de deux chaînes de montagnes principales, séparées par une large plaine cultivée: a) la chaîne septentrionale des Monts Kyrenia, étroite crête rocheuse, de formation presqu'entièrement calcaire, et dont l'altitude maximum est de plus de mille mètres, et b) la chaîne méridionale des Monts Troodos, groupe de massifs formés principalement de roches volcaniques et atteignant presque deux mille mètres d'altitude. Les principales régions boisées sont situées surtout à haute altitude dans ces deux chaînes de montagnes. Le climat est typiquement méditerranéen, avec des pluies d'hiver, et une longue période de sécheresse pendant les mois d'été. Les précipitations normales sont en relation étroite avec la topographie de l'île, et varient de 250 mm. à Morphou (30 m. d'altitude) à plus de 1.000 mm à Troodos (1.750 m.). Les cours d'eau sont des torrents, en crue pendant les périodes de pluie, et laissant des lits desséchés et pierreux pendant l'été. Les seuls cours d'eau permanents sont ceux qui naissent dans les vastes étendues boisées des chaînes méridionales.

Les principales forêts naturelles qui recouvrent ces montagnes sont surtout des futaies de conifères, avec un sous-étage composé surtout d'essences feuillues. Dans les fonds humides des vallées croissent des futaies ripicoles dans lesquelles prédominent les essences feuillues. Parmi les principales essences résineuses Pinus brutia est considéré comme l'arbre le plus productif de l'île dans toutes les zones jusqu'à 1.400 m. d'altitude, tandis que P. laricio ne se rencontre qu'au-dessus de 1.200 m. d'altitude, et seulement dans les forêts de Troodos et d'Adelphi. Les autres essences résineuses qui croissent dans l'île sont Cedrus brevifolia, au-dessus de 900 m. dans la forêt de Paphos, Juniperus foetidissima, au-dessus de 1.200 m. dans les forêts de Troodos et d'Adelphi seulement, Cupressus sempervirens, principalement sur les terrains calcaires, et particulièrement dans les montagnes septentrionales, et Pinus pinea, qui a été introduit depuis des siècles mais ne s'est jamais régénéré naturellement, et que l'on rencontre surtout dans les plantations des basses terres. Des principales essences feuillues de futaie sont Platanus orientalis, Alnus orientalis qu'on ne trouve toutes deux qu'au fond des vallées humides, et plusieurs espèces d'Eucalyptus, qui sont confinées aux plantations des basses terres. D'autres essences feuillues, se trouvant surtout hors des forêts domaniales, sont Populus nigra, Juglans regia, et Quercus lusitanica, tandis que les essences de sous-étage sont représentées par Quercus alnifolia, Q. coccifera, Pistacia terebinthus, Acer obtusifolia, Ceratonia siliqua, Olea europea, Juniperus phoenicea et Acacia cysnophylla.

La destruction des forêts en Chypre se poursuivit pendant des siècles, causée par des coupes dévastatrices. Finalement, en 1870, pendant l'occupation turque, des lois forestières, prévoyant une réglementation des exploitations furent promulguées mais ne furent pas appliquées d'une manière effective. Toutefois, pour arrêter la dévastation des forêts, le Gouvernement turc interdit toute nouvelle exportation de bois. A l'époque de l'occupation britannique, en 1878, les forêts qui avaient échappé à une destruction complète étaient dans un état déplorable; en plus des exploitations, des défrichements, des incendies et du pacage, des dommages étendus avaient été commis par un système destructeur de gemmage et de brûlage pour la récolte de la résine. La nécessité de sauver ce qui restait de forêts était si évidente, qu'un Service forestier fut immédiatement créé. La première Loi forestière fut mise en vigueur en 1879, et fut suivie par d'autres lois en 1881 et 1898. Les premières années furent consacrées à la délimitation et au bornage des forêts et à l'application d'un système de protection.

Les problèmes de la protection des forêts

Ces mesures furent très impopulaires, comme l'on pouvait s'y attendre, puisque les forêts n'appartenaient à personne, et que tous pouvaient les exploiter et les dépouiller pour leur profit personnel, sans aucune restriction. Des incendies de forêts, dûs à la malveillance, furent donc la forme qu'adoptèrent les villageois pour exprimer leur mécontentement devant les restrictions qu'on leur imposait. Ces incendies, en plus des incendies volontaires normaux, qui étaient devenue une coutume depuis de longues années pour produire un meilleur fourrage à portée des troupeaux de chèvres, ou du combustible pour les marchés, réduisirent les forêts à un état lamentable.

Le commencement de ce siècle vit l'établissement d'un Service forestier durable; les limites des forêts avaient été tracées, quelques postes forestiers avaient été installés et quelques programmes de boisement des basses terres étaient en cours. Néanmoins, la protection des forêts était toujours fort en retard et les premières tentatives pour arrêter la destruction des forêts naturelles se heurtèrent à une vague d'incendier des villages borduriers. En 1912, presque toute la forêt de Kantara, dont la superficie était d'environ 6.500 ha, fut ainsi détruite. 1920 et les années suivantes virent l'application de la foresterie scientifique par un personnel bien formé. Cette période, jusqu'aux années 1935-40, fut une époque d'attente anxieuse et de mise au point du Service forestier, jusqu'à ce qu'il eût atteint un degré d'efficience et une ampleur qui lui permettraient de prendre en mains les forêts, et de se consacrer à l'application efficace de mesures de protection et d'une saine mise en valeur des forêts. En 1931, les groupes de travail commencèrent à examiner systématiquement tous les aspects des problèmes forestiers. Il devint ainsi évident qu'une exploitation méthodique et aménagée, alliée à un vaste programme de boisement, emploierait plus de main-d'œuvre et procurerait de nouveaux moyens d'existence à ceux dont les occupations étaient normalement dirigées vers la destruction des forêts, comme par exemple les éleveurs tirant leurs ressources du pacage en forêt, et ceux qui pillent la forêt afin d'assurer leur minimum vital. En 1938, la situation locale s'était tellement modifiée que la mise en valeur efficace des forêts fut enfin rendue possible, et tout l'effort se porta sur le diagnostic et la guérison des causes fondamentales de la dévastation des forêts dans le cadre de relations amicales avec tous les intéressés. Dans les dix années qui suivirent, toutes les forêts de montagne furent pratiquement débarrassées du pacage. Cette mise en défends rendit possible pour la première fois le reboisement à grande échelle. En 1939, les lois forestières périmées furent mises à jour et fixées en une législation efficace, qui annulait toute prétention à des droits et privilèges forestiers autres que ceux qui y étaient définis. La période de guerre de 1939-45 nécessita à nouveau des exploitations excessives, mais cette fois le Service forestier était en mesure d'asseoir et de contrôler ces coupes anticipées, de telle sorte que les forêts ne subirent pas de dommages au point de vue culturel. Au contraire, la période de guerre coïncida avec l'application d'un vaste programme de mise en valeur des forêts qui provoqua une intense activité et nécessita une main-d'œuvre importante. Les forêts sortirent donc de la guerre en meilleur état qu'elles ne l'avaient jamais été en bonne voie de régénération.

Politique forestière à long terme

Une charte de la politique forestière de l'avenir fut finalement rédigée par le gouvernement en 1950. Les principaux points étaient:

1. Les bénéfices directs des forêts en tant que sources d'approvisionnement en produits forestiers sont largement dépassés par les bénéfices indirects qu'elles procurent en protégeant les bassins de réception et en arrêtant l'érosion du sol, et c'est pourquoi on vise à étendre la mise en réserve à tous les bassins de réception de haute altitude et à d'autres terres, et à ne pas la limiter aux forêts produisant directement des revenus.

2. Afin de s'assurer que les terres boisées ainsi mises en réserve puissent réellement remplir leur rôle en ce qui concerne la conservation de l'eau y compris l'arrêt du ruissellement et la protection du sol, on a estimé qu'il serait souhaitable de donner au couvert végétal son maximum de densité naturelle, afin qu'il ne goure plus le risque d'être endommagé par les hommes ou le bétail, et, là où cela serait nécessaire, d'entreprendre des travaux d'art; on a reconnu en conséquence qu'afin de soulager les forêts locales du fardeau de la demande de bois d'œuvre, des importations considérables seront indispensables, et, en ce qui concerne particulièrement le bois de chauffage, le but devra être d'assurer l'utilisation de combustibles de remplacement, tel que le mazout et le charbon, et de produire suffisamment d'énergie électrique pour pouvoir soulager les forêts des demandes de l'industrie et d'une partie des demandes urbaines. De plus, on projette de gréer pour chaque village une forêt destinée à produire du bois de feu et qui lui fournirait en même temps du bois d'œuvre de bonne qualité, partout où celà serait possible, et d'encourager la plantation d'arbres sur les terres communales.

3. L'aménagement des forêts de protection doit être fondé sur des principes culturaux, qui, à aucun moment, n'exposent le sol aux dangers de l'érosion et toutes les forêts doivent être soumises à un plan d'exploitation basé sur le principe de l'aménagement.

4. Afin de décourager toute déprédation, les besoins des villages situés à l'intérieur ou à proximité des forêts devraient être reconnus et satisfaits là où il serait nécessaire de limiter les droits de pacage, des compensations suffisantes, ou d'autres moyens de subsistance, devraient être fournis, et on devrait même envisager le transfert de villages isolés, ne possédant pas suffisamment de terre arable, vers de nouveaux emplacements hors forêts.

5. Il faudrait encourager un aménagement efficace des forêts particulières, surtout grâce à des conseils techniques, mais la mise en vigueur de mesures restrictives pourra être envisagée partout où il sera nécessaire de prévenir les dommages causés aux forêts particulières par la négligence ou l'incompétence.

Le Service forestier est placé sous la direction d'un Conservateur des forêts, qui est responsable de tout le travail concernant les forêts à l'intérieur de l'île. Il comprend quatre divisions territoriales et une division chargée d'établir le programme des travaux. Le personnel sur le terrain est composé de 7 forestiers professionnels, 2 assistants forestiers et 150 agents techniques et gardes forestiers permanents. Ses ressources financières proviennent de budgets annuels, ordinaires et de mise en valeur, autorisé par le gouvernement. En ce qui concerne l'administration des bois particuliers, il existe des statuts prévoyant leur protection et leur surveillance par le gouvernement, sur demande des propriétaires; quatorze forêts particulières, d'une superficie totale de plus de 1.000 ha sont soumises à cette protection.

Environ 60 pour cent des zones déboisées des forêts domaniales, qui peuvent être exposées à l'érosion, ont été corrigées par la création de banquettes, l'obturation des rigoles d'érosion, ou des cultures par bandes fermées, avant d'être réensemencées en essences forestières. Un système efficace de lutte contre les incendies est en vigueur. L'efficacité des patrouilles générales contre les abattages et le pacage illicite est évaluée à 70 pour cent. Les opérations d'utilisation des produits sont efficaces, mais ne sont pratiquées que sur une petite échelle; la qualité des produits pourrait être améliorée, grâce à d'importantes transformations apportées dans les scieries et les machines à bois. L'île ne fait pratiquement aucun commerce d'exportation de bois et de produits dérivés; son commerce d'importation, qui dépasse beaucoup le volume de la production, est limité à l'Europe.

Chypre ne possède pas d'établissement d'enseignement supérieur forestier, et la formation des techniciens a lieu au Royaume-Uni. Un collège forestier pour la formation du personnel subalterne a été ouvert en 1951, et la durée des cours y est de deux ans.

Iran

L'Iran possède environ 19 millions d'hectares de forêts, soit 11,5 pour cent de sa superficie totale, mais une grande partie de ces forêts a beaucoup souffert des exploitations destinées à produire du charbon de bois et du bois de chauffage, et le sous-étage a subi de graves abus de pacage. Le relief de l'Iran est composé d'un ancien plateau primaire qui a subi des plissements alpins (Montagnes d'Elbourz et de Zagros) et d'alluvions quaternaires (Plaines de la mer Caspienne et du golfe Persique). Le climat présente un caractère continental sec dans la majeure partie du pays, à l'exception de la région de la mer Caspienne, qui est favorisée par des précipitations élevées. Le tableau ci-dessous donne une idée des différences frappantes des précipitations et des températures dans les différentes régions de l'Iran.

Pays

Précipitations mm

Température

minimum °C

maximum °C

Resht (Région de la Caspienne)

1. 500-2.000

- 10

+ 25

Tabriz (N.O.)

500

- 40

+ 25

Meshid (Est)

400 - 35

+ 35


Téhéran

300

- 30

4-40

Ahwaz-Abadan (S.O.)

200

+ 5

+ 55

Ce paysage de montagne désolé et ravagé par l'érosion est typique de la majeure partie des terres dites boisées du Moyen-Orient. Le paysage ci-dessus a été pris dans une des forêts de chênes (Quercus infectoria) du Kurdistan irakien; la silhouette de têtards des arbres sera, toutefois, plus familière aux forestiers occidentaux que le terrain nu, érodé, et, au premier plan, dénué de toute apparence d'arbustes ou autre végétation en sous-étage, quoique ce soit là l'une des meilleures zones boisées de ce pays.

La végétation forestière est naturellement fonction des conditions topographiques et climatiques; toutefois, en Iran, les ravages qui y ont été commis, depuis des siècles, par des animaux au pâturage et par l'homme en quête de bois d'œuvre et de combustible, ont détruit la forêt dans les plaines et les vallées. En maints endroits, l'érosion a amené le sol des montagnes dans les plaines. C'est ainsi que la presque totalité du Kouhistan est recouverte d'une couche d'alluvions provenant des montagnes situées dans le nord, et que le littoral du golfe Persique a reculé d'environ 250 km.

Il en est finalement résulté, d'une part, un problème de l'eau (les précipitations alimentent, à présent, de façon insuffisante, les nappes d'eau sous les collines dénudées) et, d'autre part, une répartition inégale de la végétation forestière qu'on ne trouve plus qu'en des lieux inaccessibles, ou bien dans les endroits où la rapidité de la croissance empêche le déboisement complet des terres non cultivées.

Forets existantes

Les forêts existantes ont une valeur très variable et appartiennent à des types très différents, depuis les forêts denses des pentes septentrionales des monts Elbourz jusqu'aux steppes complètement dénudées qui ne peuvent servir que de terrain de parcours pour les troupeaux de moutons. Entre ces deux extrêmes se rangent tous les types intermédiaires de forêts dégradées, présentant sensiblement le caractère désertique de steppe. D'une manière générale, on peut distinguer trois régions boisées principales: les versants septentrionaux des monts Elbourz; la zone ouest-sud-ouest; et la zone du golfe Persique. Il existe de plus quelques peuplements isolés de pistachiers sauvages à l'est le long de la frontière Afghane.

En ce qui concerne la première zone, comportant environ 4 millions d'hectares de forêts, dont quelques-unes n'ont jamais été exploitées parce qu'elles sont trop loin des routes, les principales essences sont les suivantes:

Acer campestre et A. platanoides, Alnus glutinosa, Carpinus betulus, Cupressus sempervirens, Fagus silvatica, Fraxinus excelsior, Gleditschia caspica, Juglans regia, Morus indica, M. alba, M. nigra, Parrottia persica; Platanus orientalis, Pterocarya fraxinifolia, Quercus castaneifolia, Q. iberica, Q. sessiliflora, Salix spp., Ulmus campestris, U. montana, Zelkowa crenata. Les principales associations sont composées de Quercus castaneifolia, qui sont malheureusement surexploités, et dont la régénération est ménacée par le pacage; Parrotia persica, essence typique de la région; et Fagus silvatica, qui est très commun. Alnus, Salix et Fraxinus se rencontrent généralement dans les vallées humides, tandis que Cupressus se trouve dans les stations calcaires et que Buxus envahit les forêts intensément exploitées pour la production du charbon de bois. Dans les plantations, on trouve Juglans regia, qui fournit du bois d'œuvre pour l'exportation, Morus, pour l'élevage des vers à soie (seulement sur la côte), et des citronniers dans les districts de Ramsar et de Shasavar.

Dans les zones est-sud-ouest, on trouve:

Diospyros kaki et D. lotus, Robinia pseudo-acacia, Ailanthus glandulosa, Melia azedarach, Myrtus communia, Pistacia terebinthus, Populus alba, P. euphratica, P. nigra, et en particulier Quercus persica. Cette espèce se régénère en dépit des grandes périodes de sécheresse de l'été, soit en taillis, soit en têtards.

Enfin, dans cette zone, comme dans tout l'Iran plusieurs villages possèdent des plantations bien irriguées comportant des peupliers, des platanes, des saules et des frênes.

La zone du golfe Persique présente un caractère très différent, comprenant à la fois des régions désertiques et sub-tropicales.

Les essences les plus communes sont Melia indica, Phœnix dactilifera (palmier dattier), Zizyphus spp., que l'on trouve également dans la seconde zone, Tamarix, Acacia Arabica et Albizzi lebbek. Il n'y a pas de zone boisée méritant réellement le nom de forêt.

Lorsque l'on parle de l'utilisation du bois, il faut se rappeler que les statistiques de la production contrôlée ne disent pas tout; il se produit beaucoup d'abattages et d'enlèvements clandestins de bois, dont on estime la consommation énorme. Le bois d'industrie provient exclusivement des forêts du nord, et comprend surtout du noyer, du chêne, de l'érable, de l'aulne, et du platane. Les seuls bois exportés, et sur une petite échelle seulement, sont les noyers colorés pour les placages minces et des douves de Quercus castaneifolia, pour les tonneaux; ces bois sont vendus sur le marché européen et sont expédiés en grande partie par le port de Khorramshahr sur le golfe Persique. Les bois utilisés dans le pays même pour la menuiserie et la charpente sont d'abord le hêtre, puis le platane. Les traverses de chemins de fer sont faites de hêtre et de chêne, mais le dernier devient rare. Il existe aussi un marché intérieur important pour le peuplier provenant des plantations, particulièrement dans les villes. L'extraction est faite, uniquement à l'aide d'animaux de bât.

L'industrie du bois n'est pas encore très importante et n'existe encore qu'à l'état artisanal. La scierie la plus importante a une capacité de production de 30 m³ par jour, tandis que les autres ne sont que des ateliers, ne possédant, dans la plupart des cas, que deux scies à ruban et une raboteuse. L'usage est de louer les machines à l'heure, à la clientèle, qui apporte son propre bois. Une installation de préservation du bois se trouve dans la région de la Caspienne, et il existe quelques usines d'allumettes à Téhéran, Tabriz et Ispahan. Il existe aussi plusieurs usines de carton, utilisant comme matière première des déchets de papier et de la paille, et une usine de contreplaqué en cours de reconstruction.

Le régime de propriété des terrains boisés offre la plus grande confusion. Dans la région de la Caspienne, plus de la moitié des terres boisées passe pour être l'objet de litiges, et le restant est revendiqué par l'Etat. Cette situation constitue un sérieux prétexte aux exploitations abusives.

L'Administration des Forêts n'a été reconstituée que depuis dix ans, et comprend environ un millier de fonctionnaires, chargés de la surveillance des forêts couvrant les versants de la Caspienne et quelques peuplements de pistachiers dans l'est. Il n'existe pas encore de politique forestière déclarée ni de code forestier. Les établissements d'enseignement et de formation pratique pour le personnel forestier sont peu nombreux.

Iraq *

* Voir également la sylviculture en Iraq. G. W. Chapman. Unasylva, Vol. II, N° 5.

La plus grande partie de la superficie de l'Iraq (43.542.000 ha) se trouve dans la zone de précipitation de 100-200 mm, ce qui fait prévoir le type de végétation forestière que l'on peut y rencontrer. Les effets habituels des cultures nomades, telles qu'elles sont pratiquées dans le Moyen-Orient, les incendies, les abus de pacage par les moutons et les chèvres, les coupes abusives, combinées avec les conditions écologiques défavorables, expliquent pourquoi il y a actuellement moins de 2 millions d'hectares de surfaces boisées. «Surfaces boisées» est encore une généreuse expression, embrassant les souvenirs du passé et les espérances pour l'avenir.

Les forêts primitives qui subsistent sont situées dans les régions montagneuses du nord et du nord-ouest de ce pays et dans les étroites plaines inondées par les grandes rivières. Les forêts de montagne (Ghabat) présentent un caractère remarquablement uniforme et peuvent en gros être réparties en forêts de chênes, forêts de pins, et forêts ripicoles de montagne. Le premier groupe consiste principalement en une brousse de chênes bas, et est généralement peu peuplé et très dégradé; en plusieurs endroits, le couvert végétal a été entièrement détruit et une érosion sérieuse a fait son apparition. A l'intérieur de ces forêts de chênes, on peut reconnaître trois associations distinctes: de 450 à 750 m d'altitude Quercus œqilops domine, en mélange avec Pistacia Khinjuk; de 750 à 1.200 m une prédominance de Quercus œqilops et de Q. infectoria, avec quelques essences secondaires; enfin, Q. infectoria et Q. libani, de 1.200 à 1.800 m, avec Pistacia mutica et Acer cinerascens. Quelques unes des meilleures forêts se trouvent dans cette dernière zone, par exemple dans le Kharadag, au nord de Mosul, les forêts au nord de Sirsing le long de la frontière turque, et dans la région qui s'étend entre Rawanduz et Sulaimaniya; des arbres de tous âges y sont représentés avec un bon couvert du sol, et souvent une épaisse couverture morte.

Les forêts de pins sont réparties en quelques taches limitées dans la région de Mosul-Liwa, presque toujours sur les marnes rouges; l'essence fondamentale est Pinus brutia, qui est presqu'invariablement associé à Q. aegilops et Juniperus oxycedrus. Les forêts ripicoles de montagne sont d'un type intéressant qui se rencontre rarement, et dont les principales essences sont Platanus orientalis, Fraxinus rotundifolia, Salix acmophylla et S. purpurea; les bois formant d'étroites galeries dans les fonds de vallées et le long des torrents ont été dépouillés de tout bois présentant quelque valeur, mais pourraient rapidement réagir à la protection. On peut en dire autant des forêts de chênes qui pourraient être restaurées en très peu de temps si elles étaient convenablement protégées. Les essences indigènes possèdent en réalité une remarquable vigueur et n'ont besoin que d'encouragement pour se rétablir.

En plus des forêts de montagne, existent les forêts ripicoles des plaines, ou Ahrash, qui couvrent environ 20.000 ha. et représentent un quatrième type écologique distinct. La principale essence est Populus euphratica, avec des saules et des tamaris, mais cette forêt a malheureusement été réduite à l'état de taillis par des coupes sévères de bois de chauffage et de bourrées. Toutefois elle n'a pas été entièrement détruite, et si elle était protégée, elle pourrait se rétablir.

Les peupliers ont bien réussi dans certaines parties de l'Iraq, et la photo ci-dessus à gauche, montre le transport de perches de cette essence sur des routes relativement bonnes, près de Shaglawa.

La photo de droite est prise dans la foret de pins d'Alep (P. halepensis) à Zawita, une des rares zones peuplées de conifères de ce pays.

Pour compléter ce tableau de l'Iraq, nous devons mentionner les plantations de peupliers (Populus nigra), qui sont un des traits remarquables des villages de la plupart des vallées de montagne, de 600 à 1.500 m dans la région de Mossoul et de Arbil Liwas, et les 56 millions de palmiers dattiers, qui fournissent un apport considérable pour les besoins en bois.

Erosion et lutte contre les inondations

La conservation du sol et la lutte contre les inondations sont d'une importance primordiale en Iraq puisque, sans mentionner l'huile, base de l'économie du pays, la prospérité agricole dépend de la régularisation des cours d'eau. Il y a égal danger lorsqu'il y a trop ou trop peu d'eau dans les rivières et sa qualité est également importante: une quantité excessive de sédiments en suspension ou une trop forte concentration de sel provenant de l'érosion du bassin de réception diminuent la valeur de la rivière au point de vue irrigation. La vie toute entière de la plaine de Mésopotamie dépend des eaux du Tigre et de l'Euphrate, qui prennent leur source dans les montagnes septentrionales, la région des fortes pluies et chutes de neige hivernales. Bien qu'on puisse faire beaucoup pour assurer le degré de régularisation nécessaire par la construction de barrages et de bassins de retenue, ces mesures ne peuvent affecter que quantitativement, le débit de la rivière et ne peuvent pas arrêter la sédimentation ni la concentration de sels nuisibles. L'ultime action régulatrice sur le débit de la rivière s'accomplira dans les bassins de réception de la montagne et dans la zone pluvieuse des plaines septentrionales. Dans les parties cultivées de la première zone, le ruissellement succédant aux fortes chutes de pluie peut être arrêté par la construction de terrasses et autres travaux d'art, mais dans la région non cultivée, beaucoup plus étendue, cette protection ne peut être assurée que par le couvert végétal naturel du sol. Si l'on considère que, en dehors des forêts naturelles, qui sont souvent dans un état médiocre, il y a, pour le moins, une superficie égale de terres autrefois, boisées, mais maintenant complètement dénudées, la gravité du problème devient évidente.

La dénudation et l'érosion du sol dans les régions montagneuses proviennent de deux causes principales: cultures nomades, et vignobles sur des pentes excessivement raides et instables. Dans les plaines, le vent est la principale cause d'érosion. Les cultures nomades et les vignes ne devraient être autorisées que sur des pentes modérées, établies en terrasses, ou entourées de levées de terre, mais cette mesure, à son tour, impliquerait une nouvelle répartition de la population rurale et l'établissement d'un système approprié de bandes protectrices et de brisevents dans les plaines. Les solutions ont été soigneusement étudiées par les autorités iraquiennes, mais toutes sous-entendent un capital important de longs délais et un personnel de techniciens entraînés.

Nécessité d'une législation forestière

Un des besoins urgents de ce pays est un code forestier rigoureux et complet, la seule autorité légale actuelle en matière forestière étant la loi turque de 1867. Une loi promulguée en 1943, pour l'organisation de la vie économique du pays - mesure générale de temps de guerre - donne le pouvoir de réglementer la délivrance des licences d'exploitation et le mouvement des produits forestiers, mais le travail de la Division des Forêts (une des nombreuses divisions de la Direction Générale de l'Agriculture, sous les ordres du Ministre de l'Economie Nationale) est sérieusement handicapé par l'absence de pouvoirs légaux appropriés, en dehors de l'absence de toute politique forestière déclarée, de personnel et de capitaux suffisants. Les ressources financières de la Division forestière dépendent des crédits annuels accordés au budget de la Direction Générale de l'Agriculture.

En ce qui concerne la propriété, presque toutes les forêts naturelles sont la propriété de l'Etat, conformément au Code rural, mais elles ne sont pas encore cadastrées en détail (50.000 ha seulement ont jusqu'à présent été relevés et inventoriés), et l'Etat n'exerce pas ouvertement son droit de propriété. Les terres sur lesquelles on se propose d'établir des bandes-abris dans les plaines sont également la propriété de l'Etat, mais aucune n'a été officiellement délimitée dans ce but. Les seuls bois particuliers de quelque importance sont les plantations de peupliers à croissance rapide et bien irriguées des vallées de montagne, dont nous avons déjà parlé; elles sont d'un bon rapport, et l'administration n'intervient pas dans leur aménagement.

Recherche et irrigation

Des expériences de boisement qui ont été pratiquées en plusieurs endroits, parfois à l'aide d'irrigation, semblent indiquer qu'il n'existe aucune difficulté à installer une essence adaptée, et il n'y a aucun doute que l'on puisse arriver à produire du bois d'œuvre de bonne qualité dans des plantations irriguées, sur des bases économiques saines. Une pépinière a été établie à Haji Omran, à environ 1.800 m d'altitude, afin de produire des plants pour boiser les pentes supérieures des montagnes; les arbres choisis, propres à la production de traverses de chemins de fer, sont tous deux des essences Himalayennes, Cedrus deodara et Pinus excella. Une grande pépinière centrale et une station expérimentale sont en cours d'installation à Arbil, centre de la Division forestière. Des peuplements naturels de Pinus brutia ont été entourés de clôtures afin d'observer les effets de la mise en défends sur la régénération naturelle.

Jordanie

Sur une superficie de 9 millions d'hectares, la Jordanie ne possède qu'environ 0,4 pour cent de forêts. Ces 35.000 ha. semblent toutefois représenter une véritable forêt, plus ou moins dégradée, il est vrai, et ne comportent pas ce type de régions couvertes d'arbres clairsemés et de buissons, qui est souvent classé comme «forêt» dans le Moyen-Orient.

Il y a une grande différence entre les forêts qui s'étendent sur les rives est ou ouest du Jourdain. Les premières; en dépit d'abus anciens, montrent des signes de reconstitutions, grâce à la protection dont elles ont fait l'objet pendant ces cinq ou six dernières années. Quelques-unes des forêts de chênes, telle que celle de Wadi Sham, sont très denses, et les forêts de pins de Dibbin se régénèrent remarquablement bien. Sur la rive ouest, il n'y a aucun doute que jusqu'en 1947, il existait plusieurs zones boisées en excellent état, mais après les troubles de 1947-48, de vastes étendues de forêts paraissent avoir été complètement dévastées; même avant cette époque, il y avait de continuels empiècements sur les réserves. Le pacage par les chèvres a complètement arrêté la régénération, et, actuellement, les réfugiés de Palestine aggravent encore la situation en coupant les arbres, et même en déracinant la végétation basse, créant ainsi un sérieux problème d'érosion.

Les principales associations forestières en Jordanie sont les suivantes:

1. Chênaie. La principale essence est Quercus cocifera, qui représente souvent 75 pour cent du peuple ment, en association avec Pistacia terebinthus, Crataegus azarolus, Arbutus endrachne, Pyrus syriaca, Prunus spp., Styrax officinalis, Rhamnus spp. Olea et Rhus spp. Lorsque le couvert est dense, il n'y a que peu ou pas de sous-étage, mais lorsqu'il est clair, Poterim spinosum, et localement (comme à Wadi Sham) Phlomis viscosa, paraissent avec Echium et Onosma spp.; Q. infectoria est souvent présent et constitue parfois un élément appréciable dans les forêts de Ajloon et de Wadi Sham, en particulier sur les escarpements situés entre 750 et 1.100 m d'altitude, avec précipitation de 6 à 700 mm La roche mère sur laquelle se développe cette association est toujours calcaire. Q. aegilops apparaît vers le nord, au sommet de l'escarpement dans la forêt de Juffain, par exemple, où on le trouve à l'état pur, mais très clairsemé. Le caroubier (Ceratonia siliqua) se rencontre aussi dans l'association du chêne sur les rives est et ouest du Jourdain, mais à l'état disséminé, et seulement là où les gelées ne sont pas sévères; cette association couvrait probablement toutes les montagnes de Jordanie, dans une plus ou moins grande mesure, jusqu'à ces 40 ou 50 dernières années et on peut encore la trouver dans l'extrême sud, près de Shanbeck, jusqu'à 1.700 m d'altitude avec quelques essences associées, à l'exception de Pistacia et Crataegus. Sur la rive ouest, Pistacia lentiscus et P. atlantica sont les essences associées les plus fréquentes.

2. Pineraie. Ce type ne se rencontre que dans une zone limitée autour d'Ajloon. Pinus halepensis domine avec un sous-étage clairsemé de Quercus coccifera, Arbutus endrachne, et moins communément, Pistacia terebinthus et Crataegus azarolus, avec Cistus villosus et C. salvifolia, commun dans le sous-étage, et Poterium dans les parties claires. La régénération des pins est abondante, parfois pléthorique. Cette association se trouve seulement dans le nord sur sol calcaire, de 750 à 900 m d'altitude, avec précipitations d'environ 600-800 mm.

3. Forêt de genévrier. Cette association se trouve sur les grès, au sud de Tafileh, sur 30 à 40 km. jusqu'à Shanbek et un peu au delà, sur les escarpements exposés à l'ouest, au-dessus de Wadi Araba, de 900 à 1.200 m d'altitude, avec des précipitations d'environ 400-500 mm. On trouve dans cette association quelques très vieux cyprès (Cupressus sempervirens), et il est possible que cette essence ait été autrefois plus largement représentée. Daphine linearifolia, arbuste endémique, apparaît dans cette association sur le plateau de Sharah, à 1.400-1.600 m d'altitude, et s'étend jusque vers Petra. Deux espèces d'Astragalus, un Phlomis et Poterium spinosum, sont les principaux éléments de la flore terrestre, avec Origanum spp., et plusieurs autres plantes herbacées.

4. Forêt de Pistacia. Quelques individus reliques de ce genre se rencontrent çà et là, apparemment vestiges de forêts plus étendues, mais ne formant plus que quelques groupes d'arbres disséminés, que l'on ne peut même pas qualifier de forêt claire. Ils n'ont pas d'associés, excepté Retama raetum, Artemisia herba-alba et Atriplex spp., à Wadi el Butum, et souvent il n'existe qu'une maigre végétation vivace quelconque.

Des progrès appréciables ont été réalisés en ce qui concerne la délimitation et l'inventaire des réserves forestières sur la rive est, dans ce qui était précédemment connu sous le nom de Transjordanie. Toutes ces forêts sont pratiquement situées dans les districts septentrionaux, mais de nouveaux peuplements apparaissent également dans le sud. Il est indispensable de commencer immédiatement la nouvelle délimitation et l'inventaire des forêts de la rive ouest afin d'arrêter à l'avenir les dommages causés par les délits de coupes et le pacage abusif, et d'empêcher les colons de s'arroger des droits de propriété dans ce qui est en réalité forêt domaniale. Une zone assez étendue de terres boisées, ou de terres propres au boisement, est entre les mains de particuliers. Une grande partie de cette zone consiste en maigres terrains de parcours pour les chèvres, et représente un capital improductif, sinon un foyer d'érosion du sol; elle devrait donc être boisée, à la fois parce que ce serait souhaitable, du point de vue de la conservation du sol, et parce que ce serait la meilleure forme d'utilisation du sol.

Il en Jordanie aucune législation forestière écrite, autre que le Code forestier de 1926. Un projet révisé avait été préparé en 1940, mais il n'a pas encore été promulgué. En fait, le Code de 1926 est assez satisfaisant: toutefois, il faudrait de toute urgence qu'il fût étendu aux forêts de la rive ouest. On est en train d'examiner un projet de loi sur les chèvres, inspiré de la Loi sur les chèvres de Chypre. Si cette loi était promulguée, elle constituerait un grand progrès, et fournirait une arme puissante pour combattre les dommages graves et étendus causés par le pacage des chèvres dans les vaines pâtures.

Quelques excellents travaux de conservation sont en cours en Jordanie, principalement dans le nord, mais également à Karak et à Wadi el Kuf, sur la rive ouest. La technique employée est à peu près partout la même et consiste en création de terrasses, en cultures par bandes, et semis ou plantation directs, suivant les conditions de station, d'Acacia cyanophylla, qui semble très intéressant, de cyprès, de Pinus brutia et P. pinea, d'amandiers, de Quercus oegilops et de Robinia. Certaines de ces plantations ont remarquablement réussi.

Il n'y a pas dans ce pays de différences marquées entre le boisement en vue d'un rendement commercial de produits forestiers, et le boisement ayant pour but principal la conservation du sol. Dans la plupart des cas, la plantation constitue surtout une mesure de conservation du sol, et la production, soit de bois d'œuvre, soit de bois de chauffage, n'est qu'un but secondaire. Toutefois, les plantations de Samu et de Wadi el Kuf entrent dans la catégorie des plantations productives. La première est tout à fait remarquable; elle a été commencée il y a environ deux ans, en dépit de quelques oppositions locales; des acacias, des cyprès et des pins furent semés et plantés dans des poches de terre, sur un bas plateau calcaire, et ils sont maintenant pleins d'avenir. La plantation de Wadi el Kuf comprenant 80 ha. a été commencée aux environ de 1923 et composée principalement de Pinus halepensis, et, sur une petite échelle expérimentale, avec P. pinea, P. canariensis, trois cyprès et deux acacias. Le pin d'Alep est remarquable, mais la plantation toute entière est un magnifique échantillon de forêt, et montre ce qui pourrait être accompli dans tout le pays, et ce que deviendrait sa physionomie s'il était convenablement boisé. Les arbres de la vallée ont atteint 15 m de hauteur et 40 cm de diamètre en moins de 30 ans.

D'une manière générale, de grands progrès ont été réalisés en Jordanie, en ce qui concerne le boisement, pendant ces trois ou quatre dernières années, mais il reste encore beaucoup à faire. On a pu acquérir une connaissance suffisante des essences à employer, en dehors de l'extrême sud, près de Tafileh et de Shanbek, où il semble que le cyprès donnerait de bons résultats, et où le cèdre même pourrait être essayé au-dessus de 1.400 m d'altitude. Une des raisons du succès obtenu est l'excellent travail accompli dans les cinq pépinières, abondamment fournies de plants vigoureux et sains.

Les plantations de peupliers le long des cours d'eau des vallées offrent de vastes possibilités, mais à côté de Populus nigra, d'autres espèces ou types à croissance rapide devraient être essayés. La foresterie agricole devrait être plus largement répandue, et l'on devrait s'efforcer de la rendre populaire parmi les paysans, sous la forme de petits bois, de brise-vents, ou de bandes de protection. On peut voir des exemples satisfaisants de boqueteaux à Jubaiha, près d'Amman, ou 18 ha de propriétés particulières ont été plantés par le Service forestier en robiniers, en cèdres et en Pinus brutia, pour assurer la protection du sol et abriter un verger de poiriers situé plus bas, et au village de Yamun, près de Janin, sur la rive ouest, où le Commissaire du District a persuadé aux villageois de planter 12.000 arbres pour commémorer un a Jour de l'Arbre».

Le Service des Forêts, rattaché au Ministère des Finances, n'a, jusqu'à présent, qu'un personnel très limité, comprenant le Directeur des Forêts, résidant à Amman, 6 Ingénieurs des Forêts et 161 agents techniques. Aucun enseignement forestier n'est donné dans le pays même, mais quelques étudiants sont formés à l'étranger, notamment au «Cyprus Forest College».

Liban *

* Voir également La situation forestière en Syrie et au Liban J. Rolley. Unasylva, Vol. II, N° 2.

La superficie du Liban est d'environ un million d'hectares, y compris la Plaine côtière, la Chaîne côtière, la Vallée supérieure de la Bekaa et les pentes occidentales de la chaîne de l'Anti-Liban et du Mont Hermon.

Des calcaires et des grès compacts sont les caractéristiques de ces formations géologiques et ils sont très perméables. Si ces pentes étaient couvertes de végétation, ce caractère serait très important dans un pays où les précipitations sont faibles et inégalement réparties, et dont la plus grande partie tend à se perdre par ruissellement. Les calcaires comme les grès, et les sols qui en dérivent, sont très sensibles aux agents atmosphériques et à l'érosion, ce qui explique en grande partie les paysages tourmentés et sévères du Liban. Les formations rocheuses situées près de la côte sont plus dures que celles de l'intérieur, les fortes précipitations favorisent la végétation, et l'érosion y est moins grave.

Le pays jouit d'un climat réellement méditerranéen; presque tout le Liban proprement dit reçoit d'assez fortes précipitations, de 600 mm à plus de 1.000 mm par an sur les versants les plus élevés qui atteignent 3.100 m. Toutefois, ces précipitations varient beaucoup d'une année à l'autre, et la plus grande partie en est concentrée sur la période de novembre à février. Toutefois, la chaîne de l'Anti-Liban reçoit une précipitation plus faible variant de 200 à 600 mm. La vallée de la Bekaa et la Plaine côtière possèdent des sources abondantes, dues au ruissellement souterrain à travers les formations calcaires. Dans l'ensemble, le pays comporte une grande variété de climats, passant de l'humidité typique de la Plaine côtière, par les hauteurs de la Chaîne côtière, et redescendant dans la vallée plus abritée de la Bekaa, jusqu'à la chaleur relativement sèche de l'Anti-Liban.

Il n'y a pratiquement aucun point de ce pays où la végétation arborescente soit exclue par le climat, mais les pentes occidentales de la chaîne côtiere du Liban sont de loin les plus propices à la foresterie; les pentes occidentales du Mont Hermon sont semblables à celles du Liban proprement dit, et exigent le même traitement. Dans Plaine côtière et la vallée de la Bekaa le rôle de la foresterie est borné à l'établissement de quelques plantations et à ce qui est généralement connu sous le nom de «sylvo-agriculture», afin de procurer abri, bois d'œuvre et bois de chauffage.

Contrairement à une grande partie du Moyen-Orient, le Liban possède quelques belles forets de conifères, parmi lesquelles les forêts de pins pignon (P. pinea) près de Beirout sont des plus remarquables.

Ci-dessus, à droite, une vue de cette région. La photo de gauche montre une partie de la forêt d'Abies cilicica, près de Kamouan, dans une des plus intéressantes régions de forêts naturelles qui subsistent dans ce pays.

Les zones boisées aux temps anciens

On y retrouve des traces évidentes de l'étendue des forêts dans le passé, environ 250.000 ha. Il existe même une inscription sur une roche, à Mneitre, annonçant l'existence d'une forêt privée appartenant à un empereur romain, et avertissant le public d'avoir à la respecter. Mais les abattages inconsidérés, les incendies, le pacage des chèvres et autres animaux, combinés avec des méthodes agricoles défectueuses ont entraîné la destruction des forêts naturelles et la dégradation du sol sur lequel elles croissaient. Aujourd'hui, 74.000 ha de forêts subsistent, et le terme «forêt» doit être interprété dans un sens libéral. 45.400 ha sont la propriété du gouvernement, 16.400 ha sont des propriétés particulières, et 12.200 ha appartiennent à des communautés.

On rencontre deux zones forestières intéressantes dans la partie septentrionale du pays, sur les contreforts qui dominent la plaine de Tell Kalak, entre 400 à 1.400 m d'altitude, l'Akkar et le Dennieh. Dans l'Akkar, à mesure que l'on s'élève, on rencontre d'abord des taillis de Quercus coccifera mélangés de quelques Pinus halepensis, puis des taillis de chênes à feuilles caduques, et ensuite, à environ 1.200 m, des peuplements presque purs d'Abies cilicica, et, enfin, un peuplement très clairsemé de Juniperus, près de la limite supérieure de la forêt, à 1.800 m. Dans l'Akkar, qui comprend 8.000 ha de forêt du Djebel Amona mérite une mention spéciale; on y trouve une peuplement pur d'Abies cilicica, qui se régénèrent d'une manière tout à fait satisfaisante, et qui est pratiquement intact, par suite de la difficulté d'accès. Beaucoup d'arbres y mesurent plus de 2 m de diamètre et 30 m de hauteur.

Le Dennieh comporte quelques bons peuplements mélangés de sapins et de cèdres, et quelques parcelles de cèdre pur. Malheureusement, ceux-ci sont souvent maltraités et ébranchés.

Les forêts d'Hermel et de Baalbeck s'étendent sur les pentes orientales du Liban proprement dit, prolongeant l'Akkar, et couvrant une superficie totale de 35.000 ha, dont 5.000 sont situés sur l'Anti-Liban. Elles sont composées de taillis dégradés, de chênes verts, très clairsemés, surexploités et pâturés par de nombreux troupeaux, et, par là même, voués à disparaître dans l'avenir.

A l'est de Tripoli, les peuplements forestiers, principalement composés de cèdres, sont d'une faible superficie. Parmi les plus intéressantes est la forêt d'Ehden également proche des sources de la Kadischa, qui est la fameuse forêt de cèdres du Liban. Situé dans une petite vallée dénudée, à 1.600 m d'altitude ce bois n'est composé que de quelques arbres, mais presque tous mesurent plus de 3 m de diamètre.

Plus au sud, la vallée de Nahr Ibrahim comporte un peuplement de Pinus halepensis presque pur, et l'on rencontre une vigoureuse forêt de Juniperus près de la source de cette rivière, à une altitude de 2.000 m.

Les collines situées près de Beirout sont assez boisées, grâce aux plantations de Pinus pinea installées en 1860. Propriétés particulières, elles sont bien gérées en raison des produits qu'elles fournissent (graines comestibles, bois d'industrie, bois de chauffage).

Sur le Jebel Baroukh, et à la frontière méridionale, on trouve des taillis de chênes en très mauvais état et plusieurs vestiges de forêts. Dans le sud, les crottes de chèvres sont en fait, soigneusement recueillies et transportées par mer à Beirout et Tripoli, pour servir d'engrais dans les plantations d'orangers et de bananiers, le long de la côte.

La répartition des essences forestières peut être résumée comme suit:

Du niveau de la mer à 1.600 m:

- Chênes à feuilles persistantes, avec sous-bois à feuilles persistantes, genévriers, Pistacia lentiscus, Arbutus et Myrtus. Des oliviers sauvages et des caroubiers clairsemés. Lorsqu'elles sont protégées de l'abattage et de l'écimage, ces essences peuvent atteindre environ 12 m de hauteur.

- Pinus pinea et P. halepensis, croissent facilement en plantations. Le premier est ébranché pour favoriser le développement du houppier et stimuler la production des graines comestibles. Ils préfèrent les sols de grès, leur hauteur peut atteindre 20 m.

- Chênes à feuilles caduques: il en existe plusieurs espèces; quelques-unes d'entre elles sont économiquement importantes pour leurs produits spéciaux Leur hauteur peut atteindre 16 m.

- Etroite galerie de platanes, d'aulnes, de noyers, de saules et de peupliers, le long du lit des torrents et dans les gorges humides.

Au cours de ces dernières années, des stations de recherches forestières et des pépinières ont commencé d'apparaître dans les pays du Moyen-Orient.

La photo supérieure, à droite, montre à nouveau des peupliers, ici une plantation près d'Arne, en Syrie, où certaines essences réussissent bien et sont particulièrement appréciées.

Ci-dessus à gauche, une avenue de peupliers à Caradj, dans l'Ecole d'agriculture, Iran, montrant toute une variété de types, fastigiés à gauche, semi-érigés à droite, tous en bon état. On peut voir ci-dessous la pépinière de la ferme expérimentale près de Bagdad, Iraq.

Au-dessus de 1.600 m:

- Cyprès et genévriers, quelquefois associés avec Pinus halepensis aux altitudes les plus basses. On rencontre les cyprès sur les sols calcaires et très secs, tandis que les genévriers paraissent préférer les grès. Leur hauteur peut atteindre environ 25 m.

Au-dessus de cette altitude commencent les forêts de sapins et de cèdres, qui étaient probablement autrefois les principales associations climatiques du Liban, en mélange avec des cyprès et des genévriers.

On estime qu'environ la moitié de la superficie totale de la forêt est composée de chênes, principalement Quercus coccifera, puis de chênes à feuilles caduques, Quercus aegilops, Q. cerris et Q. libani Les conifères viennent en second, et les essences sont par ordre d'importance: Pinus halepensis, P. pinea, P. laricio, Abies cilicica, genévrier, cèdre, cyprès. On rencontre, sur le reste de cette zone, des essences secondaires telles que: noyer, érable, peuplier, arbousier, et pistachier, et des arbres mi-forestiers, tels que saules, figuiers, lauriers, amandiers et oliviers.

Code forestier récent

En ce qui concerne la législation, le Code forestier, mis en vigueur le 7 janvier 1949, établit certaines restrictions sur l'ensemble des forêts du Liban. Les défrichements, de même que les coupes ordinaires sont soumis à certaines lois spéciales, et ne peuvent être pratiqués qu'avec autorisation de l'Administration des Forêts après enquête. Les défrichements de forêts particulières ne sont autorisés qu'à condition que le propriétaire ait la possibilité d'irriguer, et remplace la forêt par un verger; ces opérations ne peuvent être pratiquées que sous le contrôle de l'Administration des Forêts. Seuls les arbres qui ne sont pas considérés comme de réels types forestiers (eucalyptus, platane, peuplier, noyer, saule, aulne, etc.) sont exempts de ces formalités, dont le but est de normaliser les méthodes d'utilisation et d'assurer la conservation des forêts et du sol.

Les forêts particulières sont généralement de peu d'étendue (la moyenne est de 5 ha), et sont administrées par les propriétaires eux-mêmes, sous le contrôle de l'Administration des Forêts; leurs principaux produits sont le bois de chauffage et le bois à usages ruraux.

Les efforts des forestiers Libanais portent sur le boisement de 150.000 ha. de terres nues, considérées comme favorables à la foresterie. Quatre pépinières d'essences forestières ont récemment été créées pouvant produire plus d'un million de plants de conifères et 500.000 plants de feuillus. Le boisement par semis d'essences appropriées est également envisagé.

La correction des torrents est d'une grande importance et des pluies torrentielles entraînent parfois de graves inondations. Toutefois, les travaux de correction ne font que commencer. L'assainissement des régions marécageuses de la plaine côtière a été effectué sur une vaste échelle, principalement par l'établissement de plantations d'eucalyptus. On se propose d'utiliser le peuplier sur les hauts plateaux de la Bekaa, dont l'altitude est d'environ 900 m; des expériences déjà pratiquées ont donné des résultats extrêmement prometteurs.

Il y a actuellement plusieurs projets en cours d'exécution pour la réorganisation de l'Administration et de l'aménagement des forêts domaniales ou communales, pour l'étude des insectes et des maladies attaquant chacune des essences forestières et pour instaurer des méthodes appropriées pour la prévention et pour la lutte contre les incendies de forêts. Le principal obstacle à la conservation et à la régénération des forêts proprement dites est l'abus de pacage par les trop nombreux troupeaux de chèvres, aggravé par des délits d'abattage. La population, très dense, a un très grand besoin de bois pour le chauffage et autres usages. Des mesures administratives vigoureuses ont été prises pour lutter contre ces abus, et une nouvelle loi sur le pacage en forêt et sur les exploitations forestières a été promulguée. Les régions boisées seront classées comme réserves, et les pâturages mis à part; le pacage dans les forêts, domaniales, communales ou particulières, sera restreint.

Les exploitations et le transport sont généralement effectués à l'aide de bœufs et de camions. Il y a très peu d'industries du bais dignes d'être mentionnées, mais il existe néanmoins 74 petites scieries et fabriques d'emballages et 8 usines de placage. Le principal produit forestier est le bois de chauffage, fourni par: Quercus coccifera, Q. aegilops, Q. cerris, le platane le peuplier Pinus halepensis, P. pinea et le genévrier. La graine de Pinus pinea, utilisée par le commerce de confiserie local, est également exportée.

Le commerce du bois est soumis à une réglementation très stricte: tout le bois est soumis au contrôle de l'Administration des Forêts et ne peut être enlevé sans autorisation spéciale, y compris le bois des essences non forestières. La production intérieure de bois n'est pas suffisante pour répondre aux besoins du pays. Les exportations sont interdites, tandis que les importations ne sont soumises à aucune restriction; environ 30.000 tonnes sont importées chaque année, dont un sixième consiste en bois de chauffage.

L'Administration des Forêts comprend un bureau central au Ministère de l'Agriculture à Beirout, et les services suivants: 1) Boisement et restauration du sol 2) Utilisation des forêts; 3) Protection des forêts, 4) Chasse et pêche.

Il existe, en outre, un service local dans chacun des quatre départements en lesquels le pays est divisé, comportant un ingénieur, un inspecteur, 6 chefs de district et environ 20 agents techniques. Le budget de l'Administration des Forêts est intégré dans le budget gouvernemental, mais il provient aussi en partie des amendes infligées pour infraction au Code forestier, et du revenu correspondant à un tiers de la valeur des produits obtenus par l'exploitation des forêts communales. Aucun revenu n'est tiré des forêts particulières.

Un Collège d'agriculture a été fondé il y a plus de six ans à Beirout et il comporte un cours de sylviculture; un cours spécial de foresterie d'une durée d'un an doit également commencer. Les chefs de district et agents techniques sont actuellement formés dans les écoles départementales d'agriculture.

Une «Semaine du Cèdre» et une Journée de l'Arbre sont célébrées chaque année, en conseils techniques sont donnés aux particuliers qui sirent entreprendre des opérations de boisement.

Si les particuliers ne peuvent faire face aux dépenses, le gouvernement effectue tous les travaux considérés comme étant d'intérêt public. Une partie du revenu des forêts ainsi créées servira, à l'avenir, à rembourser les engagés par le gouvernement.

La bois marchand est fourni uniquement par les espèces riveraines telles que Platanus orientales, Juglans regia et Fraxinus rotundifolia, ainsi que par des plantations de peupliers. Les méthodes de vidange ne sont pas très modernes, qu'il s'agisse du bois d'œuvre ou du charbon de bois; ce dernier est ensaché et transporté à dos de mulets ou par camions. Malgré les importations, la demande nationale de produits forestiers de tous genres dépasse considérablement les disponibilités.

Les grandes écoles forestières n'existent pas, mais un petit nombre d'étudiants vont suivre des cours à l'étranger.

Pakistan occidental

Au point de vue du climat et de la végétation, le Pakistan occidentale s'apparente au Moyen-Orient, tandis que la région orientale appartient à l'Asie du Sud-Est; ce n'est donc que le premier qu'on résume dans ce chapitre.

Le Pakistan occidental a une superficie totale d'environ 80 millions d'hectares et, à première vue, l'estimation de la superficie de la zone boisée est approximativement de 1.700.000 ha; la majeure partie des terres classées comme boisées, pour des raisons administratives, ne comporte aucune végétation forestière.

Le climat varie d'un extrême à l'autre: des étendues arides et sans pluie jusqu'aux régions verdoyantes et humides; des nombreux degrés au-dessous de zéro dans les collines jusqu'à la chaleur torride des plaines; des dunes de sable et du désert pierreux jusqu'aux régions marécageuses. Ces variations entraînent nécessairement de grandes différences dans la végétation et la répartition de la population. La répartition des forêts dans le Pakistan occidental est donc d'abord fonction du climat, fortement modifiée par l'action humaine.

Les forêts existantes peuvent être divisées en forêts naturelles et forêts artificielles ou plantations. Les premières s'étendent sur environ 400.000 ha dans les montagnes et basses-montagnes du nord et du nord-ouest, sur environ 565.000 ha dans les collines arides du Bélouchistan et la zone occupée par les tribus, sur quelque 485.000 ha. dans les plaines humides au fond des vallées, et dans quelques zones sèches de brousse, éparses dans les plaines du Punjab, qui ont échappé au défrichement par suite du manque de voies de communication. Les forêts artificielles ou plantations sont pour la plupart limitées au Punjab, quoiqu'on en créée sans cesse de nouvelles dans le Sind et dans d'autres provinces. Ces plantations ont toutes été créées dans les plaines à population dense et surtout en relation avec les plans d'irrigation, dans le cadre des projets de restauration des terres.

Nombreux types de forêts

Le type de forêt de montagne apparaît à partir de 900 m d'altitude environ jusqu'à 4.000 m. Il est surtout composé de coniferes, tels que Cedrus deodara, Pinus excella, Picea morinda, Abies spp., et aux expositions méridionales chaudes et de faible altitude, Pinus longifolia. Les précipitations sont élevées (1.300 mm) à l'est de cette ceinture et décroissent graduellement à mesure que l'on avance vers l'ouest. La proportion de Cedrus deodara, qui est l'arbre le plus précieux, s'accroît à mesure que les précipitations diminuent. Les essences feuillues associées, sont, suivant l'altitude, l'exposition et les précipitations, Quercus spp., Acer spp., Aesculus hippocastanum, Populos, Juglans, Salix, Betula et Juniperus.

Le type de basse-montagne ne dépasse pas 900 m d'altitude. Le climat est sec et la température est extrême, tant dans la saison chaude que dans la saison froide. Pinus longifolia se trouve sur les hauteurs, mais l'association forestière typique se compose d'Acacia modesta, Olea cuspidata, Prosopis spicigera, Dodonaea viscosa, et Zizyphus spp. Ichimus angustifolium et autres graminées sont abondants.

L'association des collines du Bélouchistan se rencontre dans les zones extrêmement sèches et est, actuellement, en très mauvais état. Pinus gerardiana et Juniperus macropoda sont les principales essences, mais il en existe d'autres, robustes et résistantes à la sécheresse. Ce type apparaît d'environ 1.500 à 3.000 m au-dessus du niveau de la mer.

Les forêts ripicoles, connues localement sous le nom de forêts bela, se trouvent le long des rivières importantes dans les régions sujettes aux inondations annuelles et à la formation de marécages, particulièrement dans le Sind et le Punjab. L'essence la plus commune est Acacia arabica, qui occupe de grandes surfaces, les autres étant Dalbergia sissoo, Prosopis spicigera, Populos euphratica, Butea, Salix, et Tamarix.

Les forêts de brousse ou rakha se rencontrent dans toutes les plaines du Punjab et subsistent encore, en raison surtout de leur éloignement des centres de consommation. Les essences que l'on y trouve sont d'un caractère typiquement xérophitique, telles que Prosopis spicigera, Salvadora oleoides, Dodonaea viscosa, Cappris spp., Acacia spp., Tamarix spp., etc. La majeure partie de cette région n'est pas sous la surveillance du Service forestier, quoique la zone placée sous son contrôle s'étende graduellement.

Les forêts artificielles ou plantations ont toutes été créées par le Service forestier et couvrent maintenant une superficie d'environ 40.000 ha. Les principales essences plantées jusqu'à présent sont Dalbergia sissoo, Acacia arabica, Melia azedarach, Eucalyptus spp., Prosopis spp., etc.

En ce qui concerne l'utilisation, Acacia arabica est un excellent bois de chauffage, et, de plus, est utilisé pour la fabrication des charrettes, des instruments agricoles, des manches d'outils, des piquets de tentes et des bois de mine. Acacia modesta est aussi un excellent bois de chauffage, et est utilisé également pour la fabrication des roues de voitures, broyeurs pour les cannes à sucre et instruments agricoles. Abies pindrow, pour les emballages, les bardeaux, les traverses de chemins de fer, (après créosotage). Cedrus deodara est un important bois de construction et peut être employé pour les traverses de chemins de fer, la carrosserie et les wagons, la construction, les poutres, les lames de parquet, les chassis de portes et de fenêtres, le mobilier léger, les bardeaux, caisses à munitions et le modelage. Dalbergia sissoo est le plus beau bois pour l'ameublement, l'ébénisterie et la sculpture, et un bon bois d'oeuvre pour la construction, et tous travaux de menuiserie et de charpente; il est très employé pour la fabrication de charrettes et voitures, les instruments aratoires, et matériel militaire, et est également bon comme combustible. Dodonaea viscosa, est un très bon bois de chauffage. Juniperus macropoda est un bois très employé pour la fabrication des crayons et est également utilisé localement gomme poutres et chevrons pour la construction des huttes. Melia azedarach convient, en petites dimensions, pour la fabrication des caisses, le mobilier à bon marché, et pour les toitures grossières, mais n'est pas considéré comme bon bois de chauffage à cause de l'odeur âcre qu'il répand en brûlant. Morus alba donne un bois de qualité supérieure pour la fabrication des articles de sports, tels que cannes de hockey, tennis, raquettes de badminton et de squash; il est également utilisé pour la fabrication de mobilier de campement, manches de pioches, et le charronage. Olea cuspidata convient pour la fabrication des manches d'outils, la tournerie et la sculpture, et est également un bon bois de chauffage. Picea morinda est utilisé pour la fabrication des planchers et plafonds, et tous travaux de menuiserie bon marché, et les auges. Pinus excelsa est un bois de menuiserie bien connu, il convient à tous les travaux de construction, menuiserie de bâtiment mobilier léger, bandeaux, caisses, âme des panneaux lamellés, planches à dessin et établis. Pinus longifolia est un bois d'œuvre populaire, particulièrement pour la construction des toitures, planchers, bardeaux, etc.; il fait de bonnes traverses de chemins de fer après avoir subi un traitement préservatif et convient également pour les poteaux de ligne et la fabrication des allumettes. Populus euphratica est utilisé pour la fabrication des emballages, allumettes et boîtes d'allumettes, mobiliers d'intérieur légers, articles en bois tourné et jouets. Prosopis spicigera constitue un excellent bois de chauffage. Tamarix spp. est utilisé dans les villages pour les instruments aratoires et pour les petits articles de ménage.

Cette photographie est typique du Moyen-Orient montagneux, avec ses zones restreintes de collines cultivées, entourées de versants ravagés par l'érosion et couverts de buissons. Notez le contraste entre la zone bien soignée de la droite et la partie négligée au centre et à gauche, avec les murs des terrasses croulants partout où l'érosion destructrice gagne une fois encore du terrain. La zone de l'arrière-plan est semblable à ce qui, dans ces terres dévastées, est classé comme «foret».

La situation, en ce qui concerne la production du bois dans le Pakistan occidental est sérieuse. En quelques endroits, il existe en abondance du bois d'œuvre et du bois de chauffage; en d'autres, il n'y en a pas du tout. La production totale de bois est tout à fait insuffisante, et la consommation actuelle pour l'ensemble de la région est, d'après les estimations, quarante fois inférieure à ce qui est considéré comme besoins minimum. La situation, en ce qui concerne le bois de chauffage est particulièrement grave, puisqu'il n'y a pas d'autre combustible, tant pour les besoins domestiques que pour ceux de l'industrie, qui, actuellement, est tributaire du bois comme combustible.

Syrie *

* Voir également La Situation forestière en Syrie et au Liban. J. Rolley, Unasylva, Vol. II. N° 2.

Environ 422.000 ha., ou 2,3 pour cent des 18 millions d'hectares de superficie totale de la Syrie sont considérés comme «forêt».

Les principales caractéristiques topographiques de la Syrie occidentale sont la chaîne du Djebel Ansariyah, qui s'élève à environ 1.500 m d'altitude en une ligne de hauteur ondulées, la dépression du Ghab, et les pentes orientales de l'Anti-Liban et du Mont Hermon. En Syrie orientale se trouvent les steppes et déserts situés à l'ouest et au sud de l'Euphrate, la région volcanique du Djebel Druz et de l'Hauran, la Vallée de l'Euphrate, et le Jezirah, à l'est de l'Euphrate. En dehors de la dépression centrale, et de la chaîne côtière, qui reçoivent des précipitations les plus élevées (plus de 1.000 mm) et où se trouvent les principales régions boisées, le plateau oriental est la zone la plus étendue; la plus grande partie de cette région n'est propre qu'aux pâturages, mais certaines parties des hautes terres présentent quelque intérêt au point de vue forestier, à cause des vestiges de forêts d'un type particulier (principalement Pistacia), particulièrement adapté aux conditions de sécheresse extrême. D'une manière générale, il y a gradation entre la steppe, le semi-désert et le désert, d'ouest en est et du nord au sud.

Les précipitations varient suivant ces zones et correspondent à celles de certaines régions similaires du Liban avec humidité sur la côte, et une précipitation élevée de plus de 1.000 mm sur les versants maritimes dans la plaine côtière et le Djebel Ansariyah; ces zones jouissent d'un climat véritablement méditerranéen, avec précipitations concentrées sur les mois d'hiver. A l'est du Djebel Ansariyah, les précipitations diminuent, tombant rapidement à 600 mm et plus à l'est à 300 mm avec quelques légères variations dues à l'altitude dans le Djebel.

Les températures varient considérablement, et l'écart est encore plus sensible sur le plateau, où les dommages causés par le gel peuvent être localement sévères. La température maxima du plateau peut atteindre 49°C.

Les sols sont composés principalement de terres argileuses d'origine calcaire et marneuse, passant du brun rouge au blanc dans le désert. Les sous-sols dérivent de ces dernières formations et sont particulièrement fertiles. Le sol des pentes appartenant à la zone de précipitations occidentale a depuis longtemps été entraîné par l'érosion, tandis que l'érosion par le vent a entraîné le sol des plaines cultivées.

La zone de terres «boisées» de la Syrie est couverte en grande partie, non par des forêts, dans l'acception généralement admise de ce terme, mais capable de produire des forêts d'un type quelconque, si elle est convenablement protégée. De cette zone, environ 90 pour cent sont la propriété du gouvernement, et le restant propriété particulière ou communale. Cette zone appartenant à l'Etat a été mise en réserve et quoiqu'elle n'ait été qu'approximativement inventoriée, et n'ait pas été nettement délimitée, cette mesure représente déjà un bon commencement.

Les zones les plus propres à la culture forestière sont facilement identifiables par les vestiges de forêts qui y subsistent. Les régions les plus importantes sont les suivantes:

a) Au nord, la région de forêt appelée Kurd-Dagh, située au nord-est d'Alep. Elle est peu étendue et pratiquement ruinée par des exploitations abusives pratiquées pendant la première Guerre mondiale. Quelques taillis de Quercus coccifera subsistent, avec quelques pins sporadiques (P. halepensis et nigra var. pallasiana).

b) Les deux forêts de Baer et Bassit, couvrant une superficie totale d'environ 25.000 ha au nord-est de Latakia, et formant le principal noyau forestier de Syrie. La forêt de Bassit, près de la mer, est couverte de peuplements assez denses et presque purs de P. halepensis, qui ont malheureusement souffert d'incendies; la forêt de Baer, à une altitude plus élevée (800 m) comprend P. halepensis, Quercus cerris et Q. aegilops. Ces deux chênes à feuilles caduques se régénèrent aisément. Cette région forestière est, dans l'ensemble intacte, excepté sur le pourtour, où le bois est exploité pour le séchage du tabac.

c) Les vêtes du Djebel Ansariyah sont couvertes de bois commerciaux de belle qualité composés de chênes à feuilles caduques, avec quelques individus isolés de Cedrus Libani, Abies cilicica et Juniperus excella, la superficie approximative est de 20.000 ha.

Les chaînes montagneuses de l'intérieur ont été pratiquement entièrement déboisées. A l'exception de palmier dattier, Pistacia kiniuck est la seule essence croissant dans le désert; cet arbre est particulièrement intéressant, parce que même dans des conditions xérophitiques réellement difficiles, il atteint 5 m de hauteur. On trouve, en deux points du désert syrien, d'assez grandes étendues où croît cette essence: il n'existe que quelques arbres à l'hectare, et pas de régénération naturelle, par suite du pacage des chèvres et des délits d'abattage. Au sud de Demas et de Kuneitra, la végétation consiste en grande partie en broussailles denses et rabougries de différentes espèces de chênes à feuilles persistantes et de chênes à feuilles caduques, très endommagés par le pacage des chèvres.

Les forêts mises en réserve seraient composées d'un cinquième de chênes à feuilles persistantes, un cinquième de chênes à feuilles caduques, un cinquième de conifères (Juniperus excella, J. drupacea, Pinus halepensis), un cinquième de Pistacia, et enfin un cinquième d'autres essences. Parmi les arbres communément cultivés dans les plantations irriguées se trouve notamment une espèce locale de peuplier, connue sous le nom de roomi, dont le bois est très apprécié. Il existe d'excellents exemples de vergers, de boqueteaux et de parcs dans certaines localités, telle que Damas, où 15.000 ha boisés forment un contraste frappant avec le désert environnant. Quelques excellentes études sur le travail effectué dans les pépinières et sur le choix des essences les plus adaptées à certaines utilisations ont été faites dans diverses stations horticoles.

En 1930, sous le mandat français, le Code rural a remplacé jusqu'à un certain point les vieilles lois agraires musulmanes, et le code agraire Ottoman. La catégorie la plus importante de terres est le miri, où l'Etat conserve le droit de propriété, tandis que le droit d'occupation revient à des particuliers, qui peuvent vendre, hypothéquer ou louer ces droits. Ces terres doivent obligatoirement être constamment cultivées; sinon, elles retournent à l'Etat; cette situation a bien souvent entraîné une utilisation abusive des terres. A l'origine, l'occupant d'un miri ne pouvait changer son caractère (par exemple, il ne pouvait le boiser), sans une autorisation spéciale, mais cette situation est maintenant transformée. La forme de propriété communale, ou masha, prédomine dans l'est, et encourage très certainement la mauvaise utilisation des terres, notamment du fait que les terres changent périodiquement de mains, passant d'une commune à l'autre.

La Turquie comporte plusieurs régions couvertes de beaux peuplements de feuillus comprenant, en particulier, différentes espèces de chêne et de hêtre. En haut, à gauche, exemple de forés de chênes servant également de pâturage, à Haras de Caradjbeys dont les riches herbages contrastent vigoureusement avec le maigre couvert végétal que montrent les autres photographies de ces pages.

A droite, une forés de hêtres près de Bolu, dans la région de la Mer Voire, a été envahie par les rhododendrons, qui sont, ici comme ailleurs, des mort-bois gênants pour la foret.

La législation forestière actuelle est contenue toute entière dans le Code de 1935, et complétée par quelques décrets promulgués de temps à autre; il n'y a pas de politique forestière écrite en dehors de quelques références à certains principes du Code mentionné ci-dessus. En 1942, une loi sur les chèvres fut passée, puis une autre également, en 1945, visent à interdire l'accès des forêts et vergers aux troupeaux de chèvres.

La demande intérieure de bois d'œuvre et de bois de chauffage est loin d'être satisfaite, en dépit du volume élevé des importations. En conséquence, les forêts subissent de graves dommages par suite des coupes délictueuses étêtages, défrichements et fabrication de charbon de bois. Les régions boisées sont encore morcelées et défrichées pour la culture, même sur les versants rapides; cet état de chose est toléré par une loi qui permet à quiconque cultive une terre depuis dix ans, avec autorisation, d'en revendiquer la propriété. Le sol persiste environ cinq ans, puis disparaît complètement. Il est frappant, par exemple, de constater le rythme auquel certaines futaies de la région de Selemiya ont disparu pendant ces vingt dernières années. Il y a quelques dizaines d'années seulement, des régions où on ne voit plus actuellement ni un arbre, ni même un buisson, étaient couvertes de forêts de chênes complètes, comportant des essences de valeur, telle que Quercus aegilops. La première contre-attaque, la plus difficile, a heureusement déjà été lancée, sous la forme de réserves gouvernementales d'une étendue d'environ 380.000 ha. Quoiqu'une longue période de repos soit nécessaire avant que même la meilleure des terres puisse commencer à produire, la forêt semble posséder un remarquable pouvoir de reconstitution, lorsque les chèvres en sont exclues. Il faut espérer que ces réserves officielles sauveront la forêt de la dévastation.

Toutefois, le pacage par les moutons et les chèvres demeure le principal et le plus difficile problème du pays. Dans les forêts domaniales, le pacage n'est théoriquement permis que sur autorisation, et les permis ne sont délivrés que pour les forêts de plus de 15 ans. Il existe des droits de pacage, mais le nombre des animaux n'est pas spécifié, et il appartient à la Direction des Forêts de fixer ce nombre. Cette situation, en plus du fait qu'elle constitue déjà une trop lourde responsabilité pour le Service, ne permet pas de résoudre le problème, parce que la limitation du nombre des animaux devrait aller de pair avec des dispositions prévoyant un autre type d'occupation pour les propriétaires de troupeaux. Le pacage, sur les pâturage dits naturels, ou terrains de parcours, réclame une attention particulière, car il est certain qu'un quart seulement de cette zone peut être considéré comme un pâturage permanent et il est extrêmement douteux que l'ensemble de ces pâturages puisse nourrir les chèvres et les moutons qui les parcourent actuellement sans un système d'irrigation beaucoup plus développé qu'il ne l'est actuellement.

Il n'a été créé de Service forestier indépendant qu'en 1943, et jusqu'à ces derniers temps, il ne comportait, en dehors du Directeur, que quatre «contrôleurs», 25 «agents», et 84 agents techniques. Les travaux incombant au personnel actif sont parfois également du domaine du Ministère de l'Agriculture; dans quelques cas, les «contrôleurs» ont à diriger les travaux locaux des deux services. Il y a, dit-on, cinq pépinières horticoles et forestières bien entretenues à Damas, à Alep, et autres lieux dépendant du Ministère de l'Agriculture, et qui fournissent des essences forestières pour les plantations entreprises par les organismes d'Etat, et, à titre onéreux, aux particuliers.

Turquie

La superficie totale de la Turquie, y compris les étendues d'eau intérieures, est d'environ 77.500.000 ha, dont environ 13 pour cent (10.358.000 ha) sont boisés. Le pays, comprend un vaste plateau central, entouré de deux chaînes de montagnes courant c'est en ouest: au nord, le Kuzey Anadolu Daglari, s'étendant presque parallèlement à la Mer Noire, et au sud le Toros Daglari, décrivant un grand arc. L'altitude varie du niveau de la mer jusqu'à 3.900 m. dans le voisinage de la frontière septentrionale, entre la Turquie et la Russie, avec des sommets tel que le Mont Ararat (5.165 m) dominant toute cette région tourmentée. La Turquie peut ainsi être divisée en sept régions naturelles, qui sont les suivantes: la région de la mer Noire, la région de la mer de Marmara, la région de la mer Egée, la région de la Méditerranée, les régions de l'Anatolie centrale, orientale et méridionale.

Pinus nigra, sous une forme ou une autre, est l'un des conifères que l'on rencontre le plus fréquemment dans les forêts du Moyen-Orient. Mais la vaste foret peuplée de cette essence, près de Smyrne, en Turquie, a été gravement endommagée par suite d'un pacage excessif. Le problème du pacage est, en réalité, l'une des principales difficultés de la foresterie dans toute cette région, et les dommages causés par des troupeaux trop nombreux et sans surveillance sont souvent beaucoup plus sérieux que ceux montrés ci-dessus.

Sur l'ensemble de la zone considérée comme «boisée», un million d'hectares seulement sont couverts de futaie en bon état, et 2.500.000 ha de taillis productif (surtout du chêne); le reste consiste en futaies appauvries (plus de 5 millions d'ha.) et en maigres taillis. Les forêts privées ne couvrent dans l'ensemble que 30.000 ha.

Une peu plus de la moitié seulement des peuplements est composée de conifères. Dans les régions élevées du Toros Daglari, par exemple, les principales essences sont Cedrus libani, Abies nordmanniana, A. bormulleriana, A. cilicica, A. equitroiani, Picea orientalis, Pinus silvestris, P. nigra, P. brutia, et P. pinea. Les feuillus sont Fagus orientalis, Quercus sessiliflora, Q. peducunlata, Q. cerris, Q. aegilops, Liquidamber orientalis, Fraxinus ornus, F. oxycarpa, Alnus glutinosa et A. barbata. Sur les pentes méridionales, les parties inférieures sont couvertes de chênes et les parties supérieures de pins; les pentes septentrionales sont boisées de sapins, de hêtres et de pins.

Partout ailleurs les futaies se rencontrent surtout sur les chaînes de montagnes jouissant d'un climat maritime, et les plus belles forêts n'ont survécu que parcequ'elles se trouvaient sur des pentes très rapides et difficiles d'accès, comme dans la région côtière de la mer Noire. A l'est de Trébizonde se trouvent des forêts d'épicées presqu'inaccessibles (des forêts d'Artivire), et de belles forêts de pins, d'épicéas et de hêtres s'étendent sur des milliers d'hectares sur les sommets des montagnes entre Samsun et Zonguldak et dans les districts de Kastamonu et Bolu. Quelques-unes d'entre elles sont des forêts vierges, en ce sens qu'elles n'ont jamais subi d'exploitations systématiques; le matériel sur pied atteint parfois de 500 à 700 m³ par hectare.

La région de la mer de Marmara ne contient plus que des taillis de chênes et quelques hêtres, mais peut néanmoins produire des bois de mine et des traverses de chemin de fer, tandis que des peuplements de pins de qualité supérieure se rencontrent encore sur les versants les plus élevés de la région de la mer Egée. La zone méditerranéenne comporte des maquis caractéristiques de cette région, mais il y a aussi des étendues de cèdres et de pins noirs, qui sont surtout utiles à la conservation du sol. La forêt de pins noirs de Pozanti, située au nord d'Adana, produit annuellement de 15 à 30.000 m³ de grumes qui sont flottées jusqu'à la mer. Il est intéressant de noter que les forêts de cette zone étaient généralement exploitées en vue d'exporter leur bois vers les autres pays du Moyen-Orient, et que des coupes très étendues y furent pratiquées lors de la construction du Canal de Suez. Les forêts ne se sont jamais remises de cette exploitation.

Les trois zones de l'Anatoliene possèdent plus rien que des bois de chênes dégradés, dévastés par le pacage et les abus. La seule exception est la vaste forêt de pins de Akdgamadeni (environ 100.000 ha). située au centre des plateaux d'Anatolie, et qui représente une forêt régénérée, installée après un incendie.

La photographie montre un autre conifère typique de la Turquie, Abies bormulleriana; cette foret est située près de l'Uludag.

Contrôle gouvernemental des forêts

Les premiers textes réglementaires sur les forêts de l'Empire Ottoman furent édictés en 1868; en 1924, une loi fut promulguée, qui établissait les conditions de l'aménagement des forêts; enfin, en 1937, fut promulguée une loi forestière qui constituait un authentique code forestier. A partir de cette date, l'exploitation des forêts a été confiée à l'Administration des Forêts, depuis l'abattage des arbres sur pied, jusqu'à la vente des produits semi-finis (grumes, bois de mine, bois papetiers, bois de chauffage et bois de sciage). Enfin, en 1944, toutes les forêts, qui n'étaient pas encore propriétés gouvernementales, furent nationalisées, de telle sorte qu'aujourd'hui toutes les terres classées comme forêts sont soumises aux lois et à l'Administration des Forêts; l'aménagement, l'utilisation et la vente des produits concernent l'Administration des Forêts. Les surfaces boisées par des particuliers forment la seule exception.

Les principaux objectifs de la politique forestière actuelle en Turquie sont:

a) Etablissement et maintien d'un couvert boisé sur les versants rapides des montagnes, afin de prévenir l'érosion, de favoriser la conservation du sol, et de régulariser le débit des eaux, notamment pour permettre d'utiliser l'excédent des précipitations d'hiver en vue des besoins domestiques et de l'irrigation pendant le printemps et l'été.

b) Utilisation maxima des forêts pour les loisirs afin d'améliorer l'aspect des sites et de favoriser le tourisme.

c) Rendement constant maximum de bois industriel et autres produits forestiers, et aide aux industries locales consommatrices de bois.

d) Assurer une situation régulière et certains privilèges au plus grand nombre possible d'ouvriers forestiers vivant dans les villages voisins des forêts afin de réduire les dommages causés par des incendies et les abattages illicites.

e) Assurer des revenus au gouvernement.

Un nouveau code forestier, qui doit remédier aux points faibles des lois existantes et aider à atteindre les buts énumérés ci-dessus, est actuellement étudié par l'Assemblée Nationale.

L'Administration des Forêts, qui a son propre budget, est composée d'un Office central, rattaché au Ministère de l'Agriculture, avec un Directeur général et un Directeur général adjoint, directement responsables devant le Parlement, et un personnel des Services extérieurs. Il existe un comité de conseillers techniques siégeant à l'Office central, composé d'un président, de quatre membres permanents et des directeurs des treize divisions (aménagement, inventaires, boisement, utilisation, etc.) constituant le service exécutif. Ce conseil technique examine les projets et soumet des propositions au Directeur général, qui doit prendre les décisions. Les services extérieurs sont divisée en 15 conservations, 85 inspections (dont chacune contrôle environ 100.000 ha) et 687 cantonnements, tous placés sous la direction d'ingénieurs forestiers. L'Administration des Forêts, qui existe virtuellement depuis 1857, mais ne fonctionne vraiment que depuis 1923, comprend également 11 commissions d'aménagement, composées chacune d'un chef et de quatre ingénieurs; depuis 1924, ces commissions ont aménagé environ 2.500.000 ha de forêts. Les futaies sont aménagées suivant la méthode du jardinage.

Il est à noter que tous les villages qui ne possèdent pas de bois doivent boiser au moins 5 ha, les plants étant fournis gratuitement par le gouvernement. Pendant la période 1052-66, un programme prévoit le boisement de 10 ha de terre entourant environ 250 villages dans le Plateau central d'Anatolie, grâce aux capitaux du Plan Marshal. Afin d'encourrager les particuliers à boiser, des plans techniques sont préparés sans frais par le personnel de l'Administrations, les surfaces ainsi boisées sont exemptes d'impôts fonciers pendant 60 ans et la vente des produits est exempte d'impôts sur le revenu. Enfin la banque gouvernementale accorde des prêts de 20 ans, à 1 pour cent d'intérêts.

L'Administration des Forêts elle-même est chargée du boisement des zones marécageuses, du reboisement des vides dans les forêts existantes, et de toute opération qui exige une régénération artificielle. Jusqu'à présent, environ 3.600 ha de plantations ont été effectuées par l'Administration, y compris 1.200 ha d'eucalyptus, et plus de 165 ha. de peupliers; et, de plus, seize pépinières ont été établies, couvrant une superficie totale de 652 ha et dont le but est de produire 12 millions de plants par an. Les plants (ordinairement âgés de 5 ans), sont fournis gratuitement aux villages, ainsi que nous l'avons déjà dit, et à un prix équivalent au cinquième du prix de revient aux particuliers. La majeure partie des plants ainsi produits sont des peupliers, qui doivent être plantés dans les vallées.

Les grumes sont généralement transportées jusqu'à des places de dépôt situées près de routes ou de voies ferrées, soit à l'aide d'animaux, soit de Decauville, ou par flottage, et sont ensuite vendues aux enchères. Une petite quantité de ces grumes est débitée dans les 7 scieries appartenant à l'Administration, dont 3 ont une capacité de plus de 20.0003 m par an. Les prix de vente des produits forestiers sont très élevés (quoiqu'ils soient parfois maintenus au-dessous des prix de revient), étant donné que l'exploitation commerciale des forêts est loins d'être facile, les méthodes employées étant souvent périmées. Le bois peut souvent être importé à un prix inférieur au prix de revient du bois indigène, aussi y a-t-il un volume considérable d'importations. En 1949, par exemple, 13.000 m³ de grumes de sciage et de grumes de placage, 142.000 m³ de bois de mine, 112.000 m³ de bois de sciage et 28.000 m³ de bois papetier ont été importés, avec 6.000 tonnes de charbon de bois. Ceci ne veut pas dire que les forêts de Turquie ne soient lourdement exploitées. En réalité, la production moyenne, contrôlée par le gouvernement, semble dépasser l'accroissement annuel d'environ 3 millions de mètres cubes. Toutefois, ce fait n'est pas tant dû à une surexploitation volontaire qu'à la récupération des chablis et au sauvetage des incendies (les incendies de forêts étant fréquents). En outre, on estime à environ 9 millions de mètres cubes le bois coupé illégalement chaque année.

Les exploitations intenses sont donc un des facteurs du mauvais état actuel des forêts de Turquie, mais ce n'est pas le seul. Le second en importance est l'incapacité du sol cultivé à nourrir une population qui s'est accrue de 38 pour cent en 18 ans. Il s'ensuit donc une recherche anxieuse de nouvelle terres propres aux cultures vivrières et à l'élevage de grands troupeaux de chèvres. Sur les rives de la mer Noire, par exemple, la pente de quelques champs est tellement raide que les paysans doivent s'attacher à des arbres afin de pouvoir cultiver le sol. Ce grave problème continue à être attentivement étudié par les autorités turques et tous les remèdes possibles ont été envisagés, y compris une nouvelle répartition de la population rurale et la modernisation des méthodes de culture dans les régions fertiles, afin d'augmenter la production d'une manière substantielle, et la construction de barrages afin d'assurer le volume d'eau nécessaire à l'irrigation.

L'enseignement forestier est assuré en Turquie par le Collège forestier de l'Université d'Istanbul; ce collège a été fondé en 1857, mais ne fait partie de l'Université que depuis 1948. Après un cycle d'études de 4 ans, les étudiants reçoivent le titre d'ingénieurs des forêts, et entrent au service de l'Administration comme chefs de cantonnement stagiaires. Une école, dont la durée des cours est de deux ans, et destinée aux chefs de districts et agents techniques, doit être inaugurée en 1952.

Cette carte des Centres de Recherches du Bois en Allemagne, dressée par l'Institut de Recherches du Bois, Brunswick - Kralenriede, indique comment les stations sont heureusement réparties sur le territoire de la République Fédérale tandis qu'en même temps un grand nombre d'instituts sont groupés à proximité de chaque centre important, ce qui facilite évidemment l'échange de vues et de documents entre collègues travaillant des questions connexes mais dans des instituts différents. L'ancien institut d'Etat d'Eberswalde figure aussi sur cette carte.


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