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6 PROBLÈMES MAJEURS DU SECTEUR FORESTIER POUR LES DEUX PROCHAINES DÉCENNIES

Effets sur l'environnement des énergies nouvelles ;

Changements climatiques ;

Baisse de la diversité biologique ;

Extension de la désertification ;

Disparition massive des forêts et crise du bois de feu ;

Salinisation des sols, des nappes et des cours d'eau ;

Pollution généralisée des sols, des eaux, des nappes phréatiques par les engrais et les pesticides ;

Invasions brutales d'espèces nuisibles ;

Vulnérabilité des systèmes de protection de l'environnement ;

Catastrophes naturelles ;

Extension des friches agricoles.

Faciliter le changement : Que faire ?

Comme indiqué de manière explicite dans les chapitres précédents, le secteur forestier nigérien connaîtra une évolution peu souhaitable qui sera le résultat de l'interaction de plusieurs facteurs négatifs dont les plus cruciaux sont :

Une pression démographique accentuée par une croissance démographique rapide (3,3 %) ;

Un appauvrissement croissant de la population rurale ;

Une désertification accélérée ;

Une crise prononcée de bois de feu ;

Une persistance dans les systèmes de production agro-sylvo-pastorales extensifs ;

Des politiques et stratégies inadaptées aux conditions du milieu naturel, socio-économique et socioculturel ;

Un cadre institutionnel inadéquat.

Mais le scénario tendanciel décrit dans les chapitres précédents n'est pas acceptable car, sans être apocalyptique, il porte en lui des situations qui peuvent engendrer des catastrophes écologiques, économiques, sociales et culturelles. Cependant, ce scénario est plausible au regard de la timidité avec laquelle les facteurs qui le soutendent, sont gérés. Alors que faire ?

Selon G. Balandier, il n'y a pas de "fatalité" à laquelle nous ne saurons échapper et qui ferait de nous de faux sujets de l'histoire. Toute société porte en elle d'autres sociétés possibles.

Aussi une exploration des avenirs possibles nous conduira sûrement à la construction de scénario plus acceptable :

 

 

Hypothèses :

Les systèmes de production agro-sylvo-pastorale se moderniseront et seront plus adaptés aux conditions du milieu naturel nigérien ;

La lutte contre la pauvreté s'accentuera et portera des fruits. Les populations seront moins pauvres ;

L'approche participative dans la gestion des ressources forestières sera de mise ;

Le Code rural garantira aux producteurs ruraux la sécurité foncière ;

Des technologies mieux appropriées aux conditions du milieu naturel seront développées ;

Il y aura une meilleure implication du secteur privé et de la société civile dans la gestion des ressources forestières nationales ;

Il y aura une meilleure connaissance du potentiel productif ;

Il y aura un allégement significatif de la pression sur les ressources ligneuses ;

Des études d'impact environnemental des exploitations minières et industrielles seront menées ;

Des stratégies d'atténuation des effets érosifs des vents, des pluies et de la sécheresse seront mises en œuvre ;

Les conditions de vie des populations seront améliorées ;

Les politiques de population et de l'habitat seront adaptées aux disponibilités des ressources ;

La coopération scientifique et technique sera renforcée au niveau national et international ;

La recherche appliquée sera développée ;

Les technologies et le savoir-faire locaux seront améliorées et valorisées ;

Les capacités du réseau national d'observation de surveillance et d'alerte sur les phénomènes de la désertification et de la sécheresse seront renforcées.

Il est évident cependant, que, pour que ces avenirs souhaitables se réalisent, il faut opérer de profonds changements tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du secteur forestier.

Types de changements requis :

Changements politiques et institutionnels ;

Renforcement de l'investissement dans le secteur forestier ;

Progrès technologiques.

Acteurs et leurs rôles à l'intérieur comme à l'extérieur du secteur forestier

Le secteur public (État) devra jouer le rôle suivant :

La définition des politiques et stratégies en matière de lutte contre la désertification et de gestion des ressources naturelles et l'élaboration des outils de planification (inventaires des ressources naturelles, schémas directeurs d'aménagements et d'exploitations ...) ;

La mise en œuvre des projets à caractère institutionnel ;

La définition et le contrôle de l'application du cadre législatif et réglementaire au niveau national (Code forestier, Code rural, Code de chasse ...) et suivi des conventions internationales ;

La coordination et l'harmonisation dans la mise en œuvre des actions notamment au niveau de la société civile ;

La réalisation des grands travaux pour la réhabilitation des écosystèmes dégradés ;

La facilitation de la recherche de financement ;

Le développement de la coopération internationale ;

L’animation, l'information, la sensibilisation et les appuis conseils aux populations ;

La recherche, la formation et le contrôle du matériel génétique ;

Les études, la valorisation et la capitalisation des résultats ;

La protection de la nature, le développement des jardins écologiques ;

La conservation de la diversité biologique ;

L’encouragement de l'émergence de la société civile ;

Le suivi-évaluation des actions.

Secteur privé devra jouer le rôle suivant :

Le développement des filières commerciales (bois énergie, foyers améliorés, produits forestiers secondaires, produits agricoles, produits de pêche, de chasse et d'élevage) ;

Le développent de la production privée de bois ;

Les entreprises de travaux forestiers ;

Les transformations industrielles des produits ;

Le développement de la pharmacopée et de la médecine traditionnelle ;

La contribution à la conservation de la diversité biologique ;

L’approvisionnement en intrants (engrais, pesticides...) ;

La contribution au développement du tourisme cynégétique ;

La formation, l'information, la sensibilisation et le suivi évaluation interne ;

L’appui à l'évaluation de l'épargne rurale.

Les collectivités territoriales devront jouer le rôle suivant :

La définition des stratégies aux niveaux régional et sous régional en tenant compte des orientations nationales ;

L’élaboration et la mise en œuvre des schémas et plans de développement régionaux et sous-régionaux en matière de lutte contre la désertification et de gestion des ressources naturelles ;

Le financement des actions en matière de lutte contre la désertification et de gestion des ressources naturelles ;

La gestion des forêts des collectivités ;

L’information, la formation et la sensibilisation des populations ;

L’élaboration et la mise en œuvre et le suivi évaluation des projets régionaux et sous-régionaux ;

Le développement de la coopération décentralisée ;

La création et l'aménagement des aires protégées locales ;

La gestion rationnelle des zones de chasse ;

La sécurisation foncière.

Les communautés rurales devront jouer le rôle suivant :

La participation à l'élaboration et la mise en œuvre (y compris le financement) des actions de lutte contre la désertification et la gestion des ressources naturelles ;

La production de bois énergie, productions piscicoles et apicoles ;

La participation à la mise en place et au fonctionnement des systèmes de mobilisation de l'épargne et des crédits en milieu rural ;

La mobilisation des ressources humaines et financières pour des travaux d'intérêts communautaire ;

Le suivi évaluation des actions.



Les ONG et associations devront jouer le rôle suivant :

L’élaboration et la mise en œuvre (y compris la recherche de financements) des projets conformément aux orientations définies par le secteur public ;

La formation et la sensibilisation sur la lutte contre la désertification et la gestion des ressources naturelles ;

La coopération (partenariat) ;

La participation aux études dans les domaines de lutte contre la désertification et de gestion des ressources naturelles et valorisation des résultats obtenus ;

La contribution à l'organisation des populations à la base.

Le suivie évaluation des actions.

Il est indéniable que si chacun de ces acteurs joue véritablement son rôle, le changement souhaité pourra se réaliser. Mai comment faire justement pour que chaque acteur joue son rôle convenablement ?

"Moins d'État, mieux d'État".

Ce slogan répond en partie à la question.

L'État devra se consacrer aux rôles que lui seul peut et doit jouer et concéder tout le reste à la société civile et aux autres acteurs. Bien entendu, il continuera de jouer le rôle non moins moteur de catalyseur et d'arbitre au besoin. Ainsi, les changements politiques et institutionnels requis doivent consister à monter des encrages politiques et institutionnels qui permettront de dynamiser la société civile, ce qui lui permettra de s'exprimer plus efficacement et de se développer.

 

 

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