Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
Au nom du Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture et de mes collègues de l'Organisation mondiale de la Santé, je suis très heureux de vous souhaiter à tous la bienvenue à Genève.
Comme je l'avais déjà fait lors de votre dernière réunion à Genève, en 1981, je saisis cette occasion pour confirmer que l'Assemblée mondiale de la Santé continue à reconnaître l'importance de la collaboration entre l'OMS et la FAO en vue de la réalisation des objectifs de la Commission du Codex Alimentarius et notamment de la protection des consommateurs contre les risques éventuels pour la santé liés aux denrées alimentaires.
En examinant le rapport du Comité mixte FAO/OMS d'experts de la sécurité des denrées alimentaires, tenu à Genève en 1983, nous avons constaté avec inquiétude que de l'avis de cet organe les infections dues aux aliments contaminés constituent peut-être le plus largement répandu des problèmes de santé du monde contemporain et une cause importante de baisse de la productivité économique. Le Comité d'experts a proposé une stratégie tendant à prévenir et à maîtriser les maladies véhiculées par les aliments grâce à une amélioration de la sécurité alimentaire. Cette stratégie reconnaît que la participation communautaire devra s'accroître très sensiblement si l'on veut ramener à des niveaux plus acceptables les taux de morbidité et de mortalité imputables aux maladies d'origine alimentaire et souligne la nécessité d'un renforcement des contrôles tant réglementaires que volontaires des denrées alimentaires. Grâce à ses normes intéressant des produits, approuvées à l'échelon international, à ses normes et directives sur l'étiquetage des denrées alimentaires et des additifs alimentaires, à ses limites maximales pour les résidus de pesticides dans les denrées alimentaires et à ses nombreux codes d'usages en matière d'hygiène et de pratiques technologiques, la Commission du Codex Alimentarius à mis et continue de mettre - à la disposition des administrations chargées du contrôle des denrées alimentaires et de l'industrie alimentaire une masse de conseils et d'informations de base particulièrement utiles.
Il a fallu plus de vingt ans et des investissements considérables, tant humains que financiers, pour mettre au point les éléments déjà publiés du Codex Alimentarius. Néanmoins, l'OMS est profondément préoccupée par le fait que dans de nombreux Etats membres ni le secteur public, ni l'industrie n'appliquent les normes et les textes consultatifs du Codex aussi largement que le voudraient la santé et les intérêts économiques de leurs populations. Nous apprenons que quelques Etats membres et groupes économiques se servent des normes Codex et des limites maximales pour les résidus (LMR) comme d'un point de départ pour l'élaboration de leurs normes et réglementations qui en diffèrent souvent. En 1980, le Conseil exécutif de l'OMS a également déclaré inopportuns les systèmes parallèles de normes. Je m'associe donc aux efforts du Comité exécutif pour encourager les membres de la Commission du Codex Alimentarius à mieux utiliser les normes Codex, les LMR et autres textes quand bien même certains pays se trouveraient dans l'impossibilité de les accepter officiellement. Les Etats membres qui éprouvent des difficultés à mettre en oeuvre les normes et recommandations Codex pourraient peut-être envisager de faire appel à leurs Organisations et d'instituer des activités de coopération technique, afin de trouver des solutions en vue d'une meilleure utilisation de ces textes à l'échelon national.
Suivant le rapport sur la trentième session du Comité exécutif et l'ordre du jour provisoire de la session en cours - la seizième - de la CCA, vous vous apprêtez à étudier les orientations futures du programme mixte FAO/OMS sur les normes alimentaires. Qu'il me soit permis de proposer, à cet égard, que vous envisagiez de revoir et peut-être de modifier certaines de vos recommandations - particulièrement les codes d'usages en matière d'hygiène - parfois jugées un peu trop sévères et coûteuses eu égard aux bénéfices qu'on en attend pour la santé. Ainsi ces recommandations pourraient-elles devenir plus utiles encore, particulièrement pour les petites entreprises de transformation des produits alimentaires dans les pays en développement.
La question de la sécurité des matériels de conditionnement des denrées alimentaires nous préoccupe également. Le Comité d'experts sur la sécurité des denrées alimentaires que je viens d'évoquer a aussi émis l'avis qu'il restait beaucoup à faire pour réduire le coût du conditionnement et assurer la bonne conservation des aliments. Sachant que vous examinerez cette question, j'exprime l'espoir que votre Commission, dont la coopération avec l'industrie alimentaire est si étroite, pourra, ici encore, montrer la voie.
Peut-être la Commission pourrait-elle aussi prendre l'initiative de déterminer des méthodes simples et moins coûteuses d'analyse, en vue de la détection, qualitative et quantitative, des substances dangereuses et des micro-organismes dans les aliments. Souvent, les méthodes aujourd'hui usuelles ne sont pas réellement applicables dans les conditions qui règnent dans de nombreuses parties du monde.
Telles sont quelques-unes des idées auxquelles vous pourriez envisager de donner suite.
Les efforts des Etats membres tendant à utiliser le Comité régional de coordination de la CCA pour promouvoir la sécurité alimentaire et les activités destinées à la avoriser sont fortement appréciés. J'ai appris que vous étudieriez, au cours de vos débats. La possibilité de charger les Comités de coordination d'assurer la surveillance continue des progrès réalisés dans la mise en oeuvre des mesures adoptées d'un commun accord par les Etats membres pour améliorer la sécurité des denrées alimentaires. Une telle initiative devrait promouvoir efficacement la prise, à l'échelon des pays, de mesures additionnelles susceptibles, on l'espère, de conduire à l'intensification des activités de coopération technique dans le domaine de la sécurité des denrées alimentaires entre Etats membres d'une part, et entre les Etats membres, l'OMS et la FAO d'autre part. L'association, rendue possible par un choix judicieux de la date et du lieu, d'ateliers OMS/OPS sur la sécurité des denrées alimentaires et de sessions du Comité de coordination pour l'Amérique latine et les Caraïbes, illustre bien elle aussi les efforts nécessaires à tous les niveaux pour mettre en oeuvre les activités du Codex et améliorer la sécurité des denrées alimentaires. Les Etats membres d'Afrique, d'Asie et d'Europe pourraient peut-être conclure des arrangements similaires avec leurs Bureaux régionaux de l'OMS respectifs et éventuellement avec ceux de la FAO.
Il m'a paru utile de réaffirmer, dans mon allocution inaugurale, que l'Organisation mondiale de la Santé continue, en collaboration avec la FAO, à participer et à s'intéresser de très près aux activités de la CCA. Je saisis également cette occasion pour remercier une fois de plus, au nom de la FAO et de l'OMS, les gouvernements qui ont si généreusement accueilli, depuis la dernière session tenue en 1983, les réunions des organes subsidiaires de la Commission. Je tiens, par ailleurs, à remercier les autorités du canton de Genève qui ont généreusement mis à la disposition de la Commission les excellentes installations du CICG. Je crois, M. Kimbrell, que c'est la première fois que vous présidez une réunion de la Commission; je vous présente à cette occasion mes voeux les plus sincères.
Enfin, il me reste à vous souhaiter à tous un agréable séjour à Genève et à exprimer l'espoir que les travaux de la Commission seront pleinement couronnés de succès.
Avant de terminer j'aimerais rendre hommage à M. Graham Kermode, ancien Chef du Programme sur les normes alimentaires, qui vient de quitter la FAO pour prendre sa retraite. M. Kermode dirigeait le Programme depuis 1964, et c'est, dans une large mesure, grâce à son sens de l'initiative, à ses talents organisationnels et administratifs et à son dévouement à la cause de la réalisation des objectifs du Codex que la Commission du Codex Alimentarius doit le respect universel dont elle jouit aujourd'hui. Je remercie M. Kermode de tout ce qu'il a fait pour le Codex et lui souhaite une retraite longue et heureuse. Enfin, je souhaite à son successeur, M. Malik, de la FAO, beaucoup de succès à son nouveau poste.