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ANNEXE III
REPONSE DU PRESIDENT DE LA COMMISSION DU CODEX ALIMENTARIUS
A L'ALLOCUTION D'OUVERTURE DU DIRECTEUR GENERAL DE L'OMS

Monsieur le Directeur général.

C'est un honneur et un plaisir pour moi de vous remercier, au nom de tous les membres de la Commission du Codex Alimentarius, d'avoir bien voulu ouvrir cette seizième session de la Commission.

Je me joins à vous, Monsieur, pour souhaiter chaleureusement la bienvenue à tous les participants à la présente session, et en particulier à ceux qui viennent à une session de la Commission pour la première fois. Nous tenons aussi à remercier sincèrement les autorités cantonales de Genève, et à leur exprimer notre appréciation, pour avoir si généreusement mis à notre disposition les excellentes installations du Centre international de Conférences.

Avant de parler de la Commission du Codex Alimentarius et de ses activités, je tiens encore à me joindre à vous pour rendre hommage à M. Graham Kermode, ancien Chef du Programme mixte FAO/OMS sur les normes alimentaires, qui a très récemment pris sa retraite. M. Kermode a consacré plus de vingt ans de sa vie à l'idéal du Codex et brillamment contribué à l'édification du Programme depuis sa création. Je crois savoir qu'il est parmi nous, et je compte le prier de venir, plus tard dans la matinée, dire quelques mots à la Commission. Par la même occasion, je tiens à féliciter son successeur, M. Raj Malik, et à lui souhaiter un plein succès à son nouveau poste.

La Commission du Codex Alimentarius continue à croître en nombre de membres et, je le crois, en importance. Comme on vous le dira ce matin, sept nouveaux pays - tous des pays en développement - sont devenus membres de la Commission depuis notre dernière session, tenue à Rome il y a deux ans. En ce qui concerne l'importance des travaux de la Commission, un coup d'oeil sur l'ordre du jour de la session suffit pour saisir l'ampleur de la gamme de questions intéressantes - certaines d'un intérêt capital - dont la Commission est appelée à s'occuper. Mais l'importance du travail de la Commission est peut-être le mieux confirmée par le grand nombre de pays et d'organisations internationales qui assistent à ses sessions et par la taille de certaines délégations. Cependant, les sessions de la Commission ne sont pas les seules à bénéficier d'une large participation : bien des comités du Codex attirent aussi à leurs sessions un grand nombre de pays et d'organisations internationales.

De nombreux volumes du Codex Alimentarius ont déjà été publiés et envoyés aux gouvernements. Vous tous, ou du moins la plupart d'entre vous, connaissez la teneur de ces volumes, aussi n'est-il pas nécessaire que je m'attarde ici sur des détails à ce sujet. Nous en entendrons davantage sur la situation actuelle concernant la publication du Codex lors de l'examen de l'un des premiers points de l'ordre du jour. Ce que je tiens à dire à mon tour, Monsieur, c'est ce que vous avez à si juste titre souligné: la Commission du Codex Alimentarius a produit, et continue à produire, des recommandations précieuses, utiles à tous les gouvernements aussi bien qu'à l'industrie. Les normes, les limites maximales pour les résidus de pesticides, les codes d'usages en matière d'hygiène et de technologie et les recommandations et directives concernant les additifs alimentaires, l'étiquetage et d'autres questions - sujets donnant tous lieu à des négociations internationales dans les instances du Codex - fournissent partout uen base valable pour les législations nationales en matière d'alimentation, et devraient être particulièrement utiles aux pays en développement dans la mise en place de leurs systèmes nationaux de contrôle des aliments. Leur utilité est grande aussi pour l'industrie alimentaire qui y trouve une base pour l'application des pratiques technologiques les plus efficientes. Le résultat des travaux de la Commission, je le crois, possède un grand potentiel en tant qu'instrument pour réduire les risques que court la santé dans le domaine de l'alimentation, apportant donc des profits socio-économiques, et aussi en tant qu'instrument pour supprimer les barrières techniques qui entravent le commerce.

Si j'ai prononcé le mot “potentiel”, Monsieur le Directeur général, c'est que j'estime comme vous que les pays membres devraient faire davantage pour mettre en oeuvre les recommandations du Codex. Le Codex Alimentarius, fruit d'années de négociations et d'efforts patients, existe maintenant. Certains pays ont beaucoup fait pour sa mise en oeuvre, mais, à franchement parler, je crains que d'autres n'en aient pas fait autant jusqu'ici. C'est un aspect auquel nous devons tous attacher la plus haute importance, et l'un des points de notre ordre du jour nous donnera l'occasion de voir comment il serait possible d'améliorer la situation à cet égard.

Vous avez évoqué la question de la sécurité des matériaux d'emballage pour les denrées alimentaires, et exprimé l'espoir que la Commission du Codex pourra fournir une orientation la concernant. Je ne doute pas que la Commission saura, le moment venu, élaborer des recommandations sur le contrôle des matériaux d'emballage pour les aliments. Mais il faudra à cet effet bénéficier en permanence des avis du Comité mixte FAO/OMS d'experts des additifs alimentaires, ainsi que du concours de l'industrie et des organisations qui ont déjà eu une certaine activité dans ce domaine.

Comme vous le savez certainement, Monsieur le Directeur général, la Commission du Codex sera appelée pendant la présente session à fournir une orientation dans un autre domaine important, d'intérêt mondial, et dont les incidences touchent à la santé aussi bien qu'au commerce. Je veux parler des résidus des médicaments vétérinaires dans les aliments et du fait qu'une consultation mixte FAO/OMS d'experts a recommandé à la Commission du Codex de créer un nouveau comité pour s'en occuper.

Vous avez formulé plusieurs autres observations intéressantes sur des questions telles que les codes d'usages Codex en matière d'hygiène et la nécessité de disposer de méthodes d'analyse plus simples. Ces observations, j'en suis sûr, ont été notées avec un intérêt particulier par les pays hôtes des comités du Codex s'occupant de ces questions. Pour ce qui est des méthodes d'analyse plus simples, je sais qu'on a déjà commencé à y travailler, par exemple en ce qui concerne le dépistage des résidus de pesticides dans les aliments, et j'espère que ces activités pourront être étendues à d'autres domaines.

C'est avec grand plaisir, Monsieur le Directeur général, que je vous ai entendu apprécier les efforts des Comités de coordination régionaux du Codex pour promouvoir la sécurité des aliments. La protection du consommateur contre d'éventuels risques pour la santé du fait des aliments est, naturellement, un objectif majeur de tout le programme Codex. La Commission du Codex attache une importance particulière aux besoins et aux préoccupations des pays en développement, et il suffit de considérer les ordres du jour et les rapports de beaucoup des comités du Codex pour voir comment un accent de plus en plus fort est mis sur les normes et les codes d'usages applicables aux produits qui intéressent les pays en développement. Les comités de coordination régionaux pour l'Afrique, l'Asie et l'Amérique latine et les Caraîbes déploient beaucoup d'efforts pour promouvoir la sécurité des aliments. Je le sais, parce que depuis la dernière session de la Commission j'ai particulièrement pris soin d'assister à des réunions de ces trois comités de coordination afin de pouvoir, en écoutant les discussions et en causant avec les délégués, mieux appréhender les problèmes des régions. Selon moi, Monsieur le Directeur général, les comités de coordination régionaux du Codex constituent une excellente plateforme pour la propagation des vues et des recommandations de l'OMS et de ses comités d'experts concernant les graves conséquences socio-économiques du fait de ne pas accorder suffisamment d'attention à la morbidité due aux aliments contaminés. Comme vous, j'estime que les comités de coordination régionaux ont un rôle important à jouer en contribuant à sensibiliser davantage les opinions et en provoquant la prise de nouvelles mesures au niveau national en matière de sécurité et de contrôle des aliments, ainsi qu'une coopération accrue dans ce domaine, d'une part entre les pays des régions en cause, d'autre part entre l'OMS et la FAO. Nous examinerons la très importante question du rôle du Codex dans la promotion des soins de santé primaires au cours de la session. Je voudrais, avant de laisser le thème des comités de coordination régionaux, dire encore que je suis d'accord avec vous pour ce qui est de la tenue d'ateliers OMS/OPS sur la sécurité des aliments avant les deux dernières sessions du Comité de coordination du Codex pour l'amérique latine et les Caraîbes : ces ateliers ont beaucoup contribué à mieux faire connaître le large éventail des activités du Codex. J'ajouterai qu'ils ont aussi contribué à renforcer la participation aux sessions du Comité de coordination. Je pense comme vous, Monsieur, que des ateliers analogues seraient aussi profitables en Afrique, en Asie et en Europe. Cela dit, je ne voudrais pas passer sous silence le fait qu'une réunion de pays en développement asiatiques a eu lieu immédiatement avant la dernière session du Comité de coordination du Codex pour l'Asie, avec tâche d'examiner les problèmes que posent les résidus des pesticides dans la région. Le Gouvernement thaîlandais a très aimablement offert son hospitalité à cette session, au cours de laquelle diverses importantes recommandations ont été élaborées.

Si la Commission du Codex Alimentarius met spécialement l'accent sur les besoins et les préoccupations des pays en développement, il ne faut jamais perdre de vue que la Commission travaille dans l'intérêt de toutes les nations membres de la FAO et de l'OMS. Chaque pays peut tirer profit d'une participation aux activités du Codex. La Commission du Codex Alimentarius est l'organe de compétence internationalement reconnue pour traiter une large gamme de problèmes touchant la sécurité des aliments. C'est une instance où se rejoignent les voix des responsables de la réglementation des produits alimentaires, des représentants de l'industrie alimentaire et du consommateur. Elle fait autorité, et de nombreux pays s'adressent à elle pour obtenir conseils et orientations dans le domaine du contrôle des aliments. Mais elle est encore plus : c'est l'instance internationalement reconnue s'occupant du problème des barrières techniques au commerce qui résultent de la diversité des législations nationales en matière d'aliments et des approches nationales face aux problèmes qui pourraient susciter l'apparition de barrières non tarifaires.

A mon avis, les travaux de la Commission et les bénéfices d'une participation à ces travaux devraient faire l'objet de beaucoup plus de publicité que cela n'a été le cas jusqu'ici. Cette opinion a aussi été exprimée au sein du Comité exécutif, aussi j'espère que le Secrétariat y réfléchira et verra ce que l'on peut faire pour que nos activités soient mieux connues.

Nous vous avons entendu avec plaisir, Monsieur le Directeur général, dire que l'Organisation mondiale de la Santé, en collaboration avec la FAO, continue à participer activement et à s'intéresser au travail de la Commission du Codex Alimentarius. Nous savons très bien que l'Assemblée mondiale de la Santé reconnaît l'importance de la contribution du Programme Codex à l'objectif social de la santé pour tous d'ici l'an 2000. En ce qui concerne la FAO, vousmême, Monsieur et les membres de la Commission, serez intéressés de savoir qu'à sa huitième session, tenue à Rome en mars dernier, le Comité de l'agriculture de la FAO a recommandé d'étudier à sa prochaine session, en 1987, au titre de son point d'ordre du jour permanent “Alimentation et Nutrition”, le rôle de la qualité et des normes alimentaires dans la sécurité, le commerce et l'hygiène des aliments. Un autre point qui peut vous intéresser est le fait que l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté, en matière de protection du consommateur, une importante résolution qui appuie l'action de la Commission du Codex Alimentarius.

Il ne me reste plus qu'à me joindre à vous, Monsieur le Directeur général, pour remercier sincèrement, au nom de nous tous, les gouvernements membres qui offrent si généreusement l'hospitalité aux Comités du Codex et à vous remercier vous-même des souhaits que vous avez formulés à mon égard à l'occasion de cette première session dont je suis le Président.

Mais, avant de conclure, je dois annoncer une triste nouvelle. Depuis notre dernière session, M. Bhumiratana, de Thaîlande, Coordonnateur du Codex pour l'Asie - que ses amis appelaient Professeur Amon - est décédé. Le Professeur Amon participait activement aux travaux du Codex depuis les premiers jours de la Commission. Il mettait un trésor d'expérience des problèmes des pays en développement au service de la Commission et des autres instances du Codex lors des délibérations sur les problèmes de ces pays. C'était un homme chez qui de grandes connaissances s'associaient à une grande modestie, et qui avait aussi un excellent sens de l'humour. C'était, tout considéré, un grand personnage, et le Codex ressentira sa perte, de même que moi et beaucoup d'autres le regretterons en tant qu'ami. Je vous prierai tous de vous lever, et d'observer une minute de silence à la mémoire de M. Bhumiratana.


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