la situation des forêts est fortement liée aux facteurs climatiques très peu favorables à une régénération rapide voire régulière des ressources forestières. Cela n'empêche que la demande exprimée en produits forestiers à usage domestique en particulier, à extraire du potentiel existant n'a vraiment jamais cessé de s'accroître au courrant de ces 20 dernières années.
D'ailleurs la politique définit dans le cadre de l'exercice de planification qui a donné naissance au plan directeur de développement forestier, avait, sur la base d'un diagnostic fouillé effectué sur la situation et des tendances du secteur forestier au sénégal, s'était fixé à l’échelle nationale deux objectifs stratégiques majeurs ; à savoir d'une part la conservation du potentiel forestier et des équilibres socio-économiques et d'autre part la satisfaction des besoins prioritaires des populations en produits ligneux.
A l'évidence, la réalisation simultanée de ces objectifs à terme Bien que paraissant très ambitieuse, ne pouvait relever que d'une forte volonté politique qui serait affirmée à travers des options stratégiques fermes et durables.
Selon le diagnostic effectué pour l’élaboration du plan directeur de développement forestier (PDDF), les formations forestières étaient estimaées entre 1978 et 1980 à 13,8 millions d’hectares boisés répartis en steppes (5,357 millions), savanes (7,822 millions ha ), forêts dans la partie sud du pays (407,2 mille ha ) et les mangroves (168,5 mille ha).
La végétation ligneuse couvrait ainsi 70% de la superficie totale du pays qui s'élève à 197.000 km2.
Tableau 2.Occupation des formations forestières en 1978
|
Type de formations |
Steppes |
Savanes |
Forêts |
Mangroves |
Total |
|
Superficies (ha) (millier) |
5.357 |
7.822 |
407,2 |
168,5 |
13754,7 |
|
% |
39 |
57 |
03 |
01 |
100 |
(Source : PDDF)
On constate la forte prédominance des formations à faible potentiel de ressources naturelles notamment les steppes et les savanes qui représentent à elles seules 96% des formations.
Plus de la moitié des terres boisées était classée ou soumise à une réglementation:
Les zones classées étaient réparties en réserves de faunes et parcs nationaux pour 2,2 millions ha, les forêts classées pour 5 millions d’ha, soit un taux de classement du territoire national de l'ordre de 37%.
Les forêts protégées ou forêts de terroir qui s'étalaient sur 6,5 millions ha
Le potentiel disponible avait été estimé à 139, 175 millions de m3 en 1978 pour tous les types de formation avec 11 827 millions de m 3 de bois d’œuvre. Déjà à l’évaluation il était apparu que les prélèvements effectués pour les besoins de la population dépassaient de quatre fois les capacités productives réelles des formations forestières.
Dans la définition de la politique forestière, la conservation du potentiel forestier a été une option déterminante. Elle était sou tendue par des prévisions très généreuses de plantations de type communautaire, de type industriel etc. Ces actions devraient contrecarrer l'évolution rapide du processus de dégradation grâce au reboisement au rythme annuel de 10 000 ha et ensuite de 20 000 ha par an et renverser la tendance puis permettre d'assurer à moyen terme le maintien d'équilibres socio écologiques dans un contexte des prélèvements excessifs de produits ligneux.
L’évolution rapide du contexte économique et social et les orientations en matière de politique de développement (ajustement structurel, les nouvelles politiques agricoles, industrielles.. ) et la prise de conscience au plan international du phénomène de dégradation ont momentanément contribué à une redéfinition de la politique forestière.
Plusieurs années après l'adoption du plan stratégique pour le secteur forestier, les impacts des multiples efforts déployés par le sénégal et la communauté Internationale sont jugées mitigées si l'on tient compte du niveau d'évolution de différents grands indicateurs relatifs aux superficies forestières, aux feux de brousse, aux zones protégées et plantations etc.
Depuis le début des années 80, divers types de programmes mis en œuvre avec l'appui de plusieurs partenaires ont permis tant soit peu d'entreprendre des actions de plantations, de conservation des eaux et des sols, d'aménagement des formations naturelles, de lutte contre les feux de brousse etc. Les actions entreprises n’ont pas eu suffisamment de consistance et d’envergure pour infléchir les tendances négatives soulignées déjà entre 1978 et 1980 dans l’étude prospective Sénégal 2015.
TAB.3. Evolution des superficies forestières
ANNEES |
1978[1] |
1980 |
1985 |
1990 |
|
Superficies forestières (ha) |
13.800.000 |
12.723.000 |
12.380.000 |
11.964.000 |
|
Accroissement (%) |
- |
-08 |
-2,6 |
-03 |
(Source: DEFCCS)
Les superficies forestières estimées à environ 13.800.000 ha en 1978 puis à 12.723.000 has en 1980 (avant le PDDF) sont passées en 1990 à 11.964.000 ha, soit une perte globale de 1.836.000 ha en 12 ans. En valeur relative ces superficies ont baissé d’au moins 13% entre 1978 et 1990 ce qui correspond à une valeur moyenne réelle de 153.000 ha/an.
Contrairement à ces constats, le PAFS estime à environ 80.000 ha par an les superficies déboisées du fait du mode d’internalisation des résultats issus des programmes de reboisement.
En tout état de cause, la problématique de la dégradation des forêts a atteint un niveau tel que les aires classées ou protégées, jadis épargnées par le fléau de la dégradation sont devenues des zones de prédilection des populations pour diverses raisons. On constate à ce titre que :
Dans le centre-est et le sud-est du pays l'exploitation forestière constitue la principale cause de dégradation; et au niveau de la zone des Aménagements hydro-agricoles du delta et de la vallée du fleuve Sénégal, la plupart de ces forêts sont aujourd'hui dénudées de végétation.
Au niveau du bassin arachidier, le domaine classé est insignifiant et constitué présentement de véritables lambeaux. Les feux y ravagent également d'importantes superficies chaque année causant des dégâts sur la faune, le pâturage, les habitats et le potentiel ligneux. L'agriculture itinérante, le sarclage le long des pentes et la réduction du temps de jachère ont précipité l'appauvrissement des sols.
Dans la zone des niayes (appelée aussi grande côte) , la végétation naturelle a longuement souffert de la surexploitation. Les espèces soudaniennes et guinéennes exploitées pour l'artisanat, l'incinération du sous-étage arboré autour des cuvettes par les maraîchers, la saignée de Elaeis guineensis ont engendré une régression profonde de la plupart des espèces.
Les déséquilibres socio-écologiques et les dégradations sur l'environnement constatées dans la zone du ferlo (appelée aussi zone pastorale) s'expliquent par la surexploitation des pâturages et des autres ressources dont les effets sont associés à ceux des sécheresses, des feux de brousse et de la pression humaine croissante.
TAB.4.Evolution superficies des zones classées ou soumises à une réglementation
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1980 |
1984 |
1995 |
|||
|
Superf (has) |
Nbre forêts |
Superf (has) |
Nbre forêts |
Superf (has) |
Nbre forêts |
|
7.200.000 |
203 |
7.135.000 |
233 |
6.324.600 |
- |
(Source: DEFCCS)
Bien que ces espaces naturels aient connu un accroissement en nombre ces 2 dernières décennies, il est important de souligner qu'ils ont été marqués pendant la même période par une évolution dégressive. Celle-ci est le résultat combiné à la fois du contexte climatique défavorable et des conditions d'exploitation des ressources qui ont freiné les possibilités de reconstitution des zones dégradées. On note partout, dans les forêts classées, un net éclaircissement voire une disparition totale de la couverture végétale associée à un état végétatif faible des formations ligneuses.
La gestion et la survie des forêts classées (tous genres confondus), a été dans le passé fortement tributaire de problèmes réels dont les plus importants ont été :
Les besoins croissants en terre de culture pour une population pratiquant une agriculture extensive et qui a longtemps considéré les forêts comme des réserves de terres agricoles à défricher ;
Les coupes abusives et illicites à des fins de production de charbon ; une activité devenue de plus en plus lucrative du fait de la forte demande des ménages urbains entre autres. Cette situation a été longtemps renforcée par les faibles capacités de contrôle et de surveillance des forêts par le service forestier comparativement à l’ampleur du phénomène.
Les déclassements progressifs de forêts liés essentiellement à des intérêts historiques de groupes de pression essentiellement de type religieux.
La multiplication des feux de brousse qui restent le plus souvent liés aux activités socio-économiques des populations telles que l'agriculture sur brûlis, la chasse, la récolte du miel et, le surpâturage.
A ces différentes formes d'agressions d’origine anthropique des forêts, s'ajoutent des conditions édaphiques et facteurs climatiques notamment les sécheresses récurrentes (des années 70/80 ) et la salinisation progressive des sols, qui ont favorisé la forte dégradation des formations forestières.
Toutefois, on assiste aujourd’hui à l’affirmation d’une politique de préservation croissante de bon nombre d’aires de végétation. Cette politique est sou tendue par une stratégie de classement intensif à travers tout le territoire national.. Cette approche pourrait être plus efficiente si elle était accompagnée d’actions soutenues d’information et de sensibilisation des populations à la base.
Les récentes options de décentralisation de la gestion des ressources forestières qui vont dans le sens de l’approfondissement de ces orientations politiques constituent à priori un début de solution d’appropriation de la gestion des ressources naturelles par les collectivités locales et les populations à la base.
Quant à la situation des feux de brousse, elle n'est pas meilleure. Leur évolution envisagée du point de vue de la fréquence s’illustre à travers des dents de scie. On note d'ailleurs, si on se réfère aux données fournies par la DEFCCS qu'il y a une tendance à augmentation de fréquence dans la décennie 80/90 puis une tendance à la baisse à partir de 1990. Par contre cette même évolution envisagée du point de vue des superficies brûlées est globalement plus importante et s’inscrit dans la direction d’une baisse significative. En effet, de la période précédant l’élaboration du PDDF (avant 1980) aux années 80/90 correspondant à la première décennie de sa mise en œuvre, les superficies brûlées ont connu une baisse importante de l'ordre de 80%.
On peut noter que le recours aux nouvelles technologies notamment la télédétection permettent aujourd'hui d’assurer un meilleur suivi du nombre et de l’ampleur des foyers d’incendie à travers tout le pays.
Le constat est que les moyens importants injectés dans la lutte contre ce fléau (dans les années 80 en particulier ) n'ont pas réussi à infléchir les tendances ou à faire perdre certains habitudes et comportements aux populations.
Les feux de brousse sont considérés comme faisant partie des pires ennemis des formations forestières ; la lutte contre les feux n'a pas pour autant constitué un domaine privilégié par l'appui des partenaires au développement.
TAB.5. Evolution des feux de brousse :
|
Période (années) |
1975 à 1980 |
1981 à 1990 |
1991 à 1999 |
|
Superficies brûlées (ha) |
5.586.105 |
1.975.109 |
1.908.325 |
|
Nbr d'incendies |
1212 |
3445 |
2735 |
(Sources : DEFCCS)
La responsabilité des populations rurales est manifeste dans le problème des incendies de forêts. Il est connu que par manque de vigilance, ou par malveillance, elles provoquent des feux d'intensité diverse lors des opérations de défrichement, de cueillette, de récolte de miel, de chasse ou autre.
Ainsi la psychose des feux est réelle pour le service forestier qui a, avec l'appui de la communauté internationale, initié dans les zones les plus touchées des projets de lutte contre les feux et relatifs à la sensibilisation des populations, à la création de comités de vigilance, à la mise en place d'équipements lourds. Ces actions ont engendré un début de prise de conscience au sein des populations; cependant les moyens de lutte dégagés n'ont pas toujours été à la hauteur de l'ampleur et de la gravité du phénomène. Il en a été de même au niveau des populations qui ne se sont pas sentis suffisamment motivées pour s'engager pleinement dans la lutte.
La démarche stratégique amorcée par le service forestier et les mesures institutionnelles et juridiques qui l’accompagnent ne sont pas étrangères de l’orientation actuelle des projets et programmes articulés sur l’approche participative, auto promotion, approche terroir. Les projets qui n’étaient spécifiquement pas conçus pour cela, se reconvertissent en cours d'exécution.
C'est dans ce cadre que s'inscrit la diversifications des actions (bois massif, plantations linéaires, régénération naturelles assistée, mise en défens, activités agroforestières etc) et la diversification des acteurs (collectivités locales, promoteurs privés, groupements villageois, associations, ect. ) pour une approche globale d’aménagement et de gestion des terroirs qui a constitué le moyen privilégié pour faire face au processus de dégradation sans interruption ;
A ce titre les actions forestières considérées comme diffuses (bois de village, bois communautaire, bosquets familiaux, plantations linéaires, vergers fruitiers, plantation d’ombrage) qui ont été entreprises ont largement supplanté les actions en régie de grande envergure. En réalité, l’évolution des modes de plantation a épousé les contours des changements engagés dans l'approche de gestion forestière dont les principales réalisations enregistrées se justifient beaucoup plus par le cadre général d'une démarche de gestion des terroirs villageois que pour une reforestation ou une réduction du déboisement.
Le niveau de la reforestation dont les premières grandes tentatives remontent à plusieurs décennies a notablement évolué depuis l’avènement de la sécheresse par l’augmentation des superficies et la promotion du reboisement communautaire.
TAB.6. Evolution des plantations* de 1961 à 1999
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Années (période) |
1970 à 1980 |
1981à 1984 |
1985 à 1988 |
1989 à 1994 |
1995 à 1999 |
|
Superficies totales (has) |
10.600 |
35.883 |
83.841 |
121.780 |
64.201 |
|
Réalisées en communautaire(ha) |
2319 |
21.060 |
69.598 |
95.000 |
60.348 |
|
Réalisées en communautaire(%) |
21,8 |
58,6 |
83 |
78 |
94 |
(Source : DEFCCS)
Les actions dites de reboisement ont atteint ces 5 dernières années des niveaux très bas ( 64.201 ha, soit en moyenne 13.000 ha/an ) et sont réalisées à hauteur de 95 % dans le cadre de l'approche participative avec tout ce que cela sous entend comme difficultés et limites. Tenant compte des conditions dans lesquelles ces estimations sont faites, ces actions sont jugées insignifiantes voire dérisoires comparées au niveau de déboisement annuel (80.000 ha) annoncé par le service forestier.
Dans le cadre de cette approche participative, le service forestier a tendance à être réduit à un service d'animation rurale menant par-ci par-là, des activités dites génératrices de revenus ou d'accompagnement telles que le crédit, le maraîchage, l’embouche etc., pour vraiment mobiliser les populations. L’impact de ces actions d’accompagnement sur les populations est fort apprécié mais ne pourraient être la principale alternative pour le développement d’une foresterie communautaire. Tel qu’en atteste les réalisations de ces 5 dernières années, les actions de plantations telles qu'elles sont actuellement comprises et menées par les acteurs à la base ne peuvent avoir suffisamment d’envergure pour créer durablement les ruptures attendues pour relancer la reconstitution des formations forestières.
La reforestation et la lutte contre le déboisement qui constituent en quelque sorte le socle sur lequel repose toute notre politique forestière ont été finalement reléguées au second plan par une situation économique très difficile exacerbée par le lourd fardeau de la dette, par une succession de sécheresses et tout dernièrement par la dévaluation du franc CFA qui entravent l'exécution d'un plan de développement économique et social financé à près de 30% seulement par des ressources internes.
La politique de décentralisation plus impliquante pour les collectivités locales ne s'annonce pas non plus comme une option stratégique sûre dans la mesure qu'elle bute encore sur d'énormes difficultés d'ordre technique, financier et institutionnel. Son impulsion rapide s’impose pour limiter les conséquences des défaillances constatées.
Il est évident que dans un contexte de manque de ressources propres pour le secteur (toutes activités confondues), le pays aura encore longtemps de mal à mettre en œuvre une politique forestière adaptée.
Dans le domaine de l'aménagement aussi, il peut être déploré d’une part le manque de cadre de référence d’exécution des actions d’aménagement forestier. D’autre part, les expériences d’aménagement au Sénégal bien qu’étant nombreuses et variées n'ont pas connu des succès retentissants. En effet, leur mise en œuvre s’est souvent soldée par des dérives liées à la substitution des actions d’exploitation à l’aménagement qui est la finalité.
C’est le cas des abus constatés dans le cadre des contrats de culture conclus en vue d’une exploitation agricole qui ont davantage servi de prétexte à des coupes systématiques de tout le capital ligneux. Par conséquent, on assiste dans ces cas à une destruction profonde de l’écosystème et une grande perte de la diversité biologique.
La mise en œuvre du projet de gestion durable et participative des énergies traditionnelles et de substitution (PROGEDE) est l’un des acquis majeurs du PAFS. En effet le PROGEDE fournira une évaluation du potentiel restant dans les régions de Tamba et Kolda (inventaire de 600 000 ha) et mettra en place un cadre pour l’aménagement participatif pour près de 300 000 ha.
Situation antérieure de l'approvisionnement
La situation du secteur forestier antérieur à l'ensemble des programmes tels que le PDDF, le PAFS se caractérise pour l'essentiel par une destruction progressive de son potentiel en raison des prélèvements massifs incontrôlables effectués pour les besoins en biens et services des populations. En 1978 une évaluation des formations forestières disponibles montrait en effet que ces prélèvements dépassaient de 4 fois les capacités productives de celles-ci.
Plusieurs études effectuées sur le marché intérieur de la production et de la consommation des ressources forestières illustrent le caractère non rationnel de leur exploitation. Par exemple, en matière de combustible domestique, l'utilisation du bois de chauffe et du charbon de bois dans la consommation représentait 60% de la consommation en énergie et satisfaisait près de 90% des besoins énergétiques des ménages. On estimait cette consommation à 300.000 tonnes pour le charbon de bois et 1.500.000 tonnes pour le bois de chauffe par an; d'où un prélèvement total de 4.000.000 m3 de bois, ce qui entraîne alors un défrichement annuel de 30.000 has de forêt naturelles.
En ce qui concerne le bois d'œuvre , le bois de service et les produits de cueillette on estime que leur exploitation n'était pas plus rationalisée ni plus contrôlée que celle du bois énergie. Le bois de service par exemple est utilisé en matière d'habitat notamment en milieu rural ou semi-rural tandis que dans les centres urbains il sert secondairement à l'habitat et principalement à l'ameublement et autres accessoires en art.
Au plan national, la consommation de bois de service était estimée à 1.300.000 m3/an dont 90% dans le cadre rural au titre de l'auto-approvisinnement et du commerce intra-rural. Par contre , le bois d’œuvre est pour l'essentiel d'usage commercial. On assiste ces dernières années à l’émergence d'un marché de bois d'œuvre /d'artisanat pour "le Djembé" exporté aux Etats-Unis et vers quelques métropoles européennes.
Les produits de cueillette ont constitué par le passé la base d'une activité économique aussi importante que l'exploitation des produits forestiers ligneux décrite précédemment. Selon une étude réalisée en 1998 par le projet de foresterie rurale de Kolda, 98% de la population utilisaient les produits de cueillette dans leurs denrées et aliments et 97 % utilisaient des arbres et arbustes en raison de leurs propriétés médicinales curatives. L'extraction des écorces et racines d'arbres servant la pharmacopée curative ou préventive et esthétique est le mode d'exploitation le plus dangereux et endommageant en ce sens qu'elle porte sur les parties les plus sensibles de l'arbre. Selon toujours la même étude la seule région de kolda fournie près de 60% du tonnage de cette catégorie de produits forestiers.
On assiste ces dernières années à un regain d'intérêt pour certains de ces produits revalorisés sous forme de jus de boissons ou d'huile, d'où l’émergence de véritables filières de production et de commercialisation, c'est le cas pour plusieurs produits non ligneux
En 1991, les tonnages uniquement contrôlés par le service des forêts s'élevaient pour les gousses à 4394 tonnes dont 89,5% proviennent des régions du sud ; 3,6% du Sénégal oriental, 3,2% de la région nord et 3,7% du bassin arachidier. Les proportions révèlent même à l'absence des productions incontrôlées, l'importance que peuvent revêtir les activités de cueillette. Compte tenu de l'augmentation vertigineuse de la demande, on peut présumer qu'il va en suivre une augmentation de la production ( exploitation ).
Pourtant, depuis la période coloniale, le Sénégal dispose d'une administration destinée essentiellement à la sauvegarde et la protection des formations forestières. Ce sont les traditionnels directions et services des forêts avec des ressources humaines, matérielles et logistiques largement insuffisantes pour assurer le contrôle et la rationalisation de l'exploitation des ressources forestières. A cela s'ajoute l'absence de politique ou de programme de développement et de promotion de l'approche participative au moins jusque dans les années 70 ; or c'est dans cette période que s'installent les séquences de sécheresse que le Sénégal connaît déjà depuis 3 décennies !
Il s'en est suivi une dégradation continue du couvert végétal et une déforestation qui n'a épargné aucune partie du territoire mettant ainsi en crise tout le secteur.
C'est en réaction à cette situation de crise généralisée que le gouvernement du Sénégal appuyé par les organismes internationaux intervenant dans ce secteur, ont impulsé des programmes politiques et des plans d'actions et des stratégies pour la conservation et la reconstitution des ressources forestières tout en veillant à assurer un approvisionnement durable des populations en biens et services à partir du secteur.
Situation actuelle dans l'approvisionnement des biens et services
C'est au début des années 80 qu’émergent de véritables tentatives de changements dans les modalités de gestion forestière (exploitation et utilisation des ressources forestières). Ces changements sont édictés par une série d'innovations que seraient:
Une Nouvelle politique économique de développement :
C'est pour agir contre la dégradation accélérée que le gouvernement a accordé dans le VIIème plan quinquennal de développement économique et social une priorité à la politique de lutte contre la désertification. Cette politique globale sur l'environnement s'était largement inspirée de la stratégie régionale définie par le CILSS pour le Sahel selon les axes suivants :
Dans ce sens, le Sénégal s'est engagé d'abord dans l’élaboration de programmes et projets de grande envergure s'inscrivant dans les axes prioritaires de développement économique et sociaux et orientés vers le reboisement, l'aménagement des formations forestières naturelles et l'implication des communautés de base mais plus tard aussi dans la signature de conventions internationales dont celle sur la biodiversité et les changements climatiques ,sur le lutte contre la désertification etc.
Pour le rendre plus opérationnel et plus actuel, ce PDDF élaboré en 1981 a donné lieu au PAFS en 1993 qui précise mieux les actions à entreprendre pour atteindre les objectifs poursuivis.
Ainsi, pour l'approvisionnement en biens et services qui y occupe une place prépondérante, le PAFS propose les actions suivantes :
Des examens successifs et la réactualisation de la législation et de la réglementation forestière
Dans la série des innovations, il y a la revue des aspects réglementaires et législatifs
Intervenue suite à la Conférence de RIO sur l'environnement et le Développement.
En fait la réglementation forestière dont dispose le Sénégal sous forme de code datait de 1965 (loi n°65/078). Donc la nouveauté du code forestier de 1993 (loi 93-03 du 4 février 93 et son décret d’application) c'est qu'il introduit des innovations majeures dans les textes précédents jugés trop répressifs et qui réside en son ajustement à des réalités incontournables et à la formalisation des changements dans le secteur dans la période. En outre ce code consolide et continue les options de protection et associe étroitement les populations à la mise en place et à la gestion d'un système de production forestière qui soit compatible avec l'ajustement à la capacité productive du milieu. En reconnaissant le droit de propriété aux personnes physique et morale qui entreprennent des actions forestières de bénéficier et de s'approvisionner directement à partir des produits de leurs initiatives, le code forestier favorise la participation des populations et leur responsabilisation.
Tableau n° 7. Révisions de la législation forestière
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Années de révision |
1935 |
1965 |
1974 |
1993 |
1998 |
|
Texte de loi |
N° 35 |
N° 65-23 |
74-046 |
N°93-03 |
N° 98-03 |
|
Decret d’application |
|
N° 65-078 |
74-259 |
N° 95-357 |
N° 98-164 |
(Source : DEFCCS)
Une autre révision du code forestier est intervenue en 1998 pour intégrer de nouvelles dispositions qui prennent en compte les responsabilités conférées aux collectivités locales (loi 96/07 du 22 mars 1996) en matière de gestion forestière. Si les collectivités locales parviennent à assumer convenablement leurs nouvelles responsabilités, leur implication pourrait également avoir des incidences assez importantes sur l'approvisionnement en biens et services.
Le secteur forestier a subi depuis le temps colonial dont il est issu, un nombre important de changements. En effet, l’administration forestière, née de l’héritage légué par le système colonial, misait essentiellement sur une politique de nature conservatiste vis à vis des ressources forestières.
Au lendemain des indépendances et face aux aléas, le secteur a connu d’importantes mutations tant sur le plan politique, institutionnel que législatif. La prise de conscience des autres secteurs de l’économie de la dégradation de l’environnement et le rôle clé de la foresterie, ont amené les décideurs à mieux prendre en considération le secteur dans le cadre des programmes et plans élaborés.
C’est en 1981 que fut élaboré le plan Directeur de Développement Forestier (PDDF). Face à l’évolution du contexte général et des orientations de la politique de développement économique et sociale, ce plan sera réajusté pour un meilleur développement forestier. Le Plan d’Action Forestier du Sénégal (PAFS) issu de ce réajustement est adopté en 1993.
La démarche participative que préconise le PAFS sera renforcée par une volonté d’ouverture et de responsabilisation. Ainsi, dans son application, la politique forestière se base notamment sur la responsabilisation des populations rurales dans la gestion des ressources forestières de leurs terroirs et accorde une place importante à la pleine participation des organisations locales et autres partenaires.
Cette évolution de la politique forestière s’est déteint sur celle de l’environnement institutionnel et juridique pour accompagner la mise en œuvre de cette politique.
A ce titre plusieurs arrangements institutionnels sont effectués (cf. chap. 1.3. rappel des débuts du programme forestier) avec pour une première fois la création du Ministère de la Protection de la Nature qui devient le Ministère de l'Environnement et de la protection de la Nature en 1993, juste après la tenue en 1992 de la Conférence de RIO sur l'environnement et le Développement.
L’approbation du PAFS a eu comme effet induit, la réorganisation du service forestier en février 1994. Celle – ci était l’une des conclusions des études réalisées durant la phase de préparation du PAFS. Cette réorganisation traduisait la nécessité urgente d’adapter le cadre institutionnel existent aux exigences d’une politique forestière évolutive.
Les changements apportés ont été marqués par la création de la Division Suivi, Evaluation, Formation et Sensibilisation ( DSEFS ) au sein de la Direction des forêts, mais également par une tentative d’intégration progressive des structures d’exécution des projets dans le t issu administratif pérenne qu’est la DEFCCS et ses services décentralisés.
Plus tard, les activités de la cellule d’impulsion et de coordination du Plan d’Action Forestier du Sénégal qui avait été créée en 1998, furent fusionnées avec celles du projet Appui au Programme National de foresterie Rurale du Sénégal. L’objectif était de mieux se focaliser sur la mise en œuvre de la politique forestière.
Il faut également remarquer que l’environnement institutionnel a été complété avec la mise en place en 1993, sous l’autorité du Premier Ministre, du conseil Supérieur des Ressources Naturelles et de l’Environnement (CONSERE) dans le but d’améliorer la cohérence et la complémentarité des actions des différents départements Ministériels impliqués dans la gestion des ressources naturelles et de l’environnement.
Toujours dans la logique du PAFS, il a été crée le bureau d’étude et de valorisation des acquis de la recherche ( BEVAR ). Ce bureau est chargé de promouvoir la synergie d’action élaborée à partir des préoccupations prioritaires des acteurs du développement et exécutée autant que possible avec eux en milieu réel pour que les acquis soient adaptés à leurs besoins, et effectivement valorisés.
De même il a été élaboré un outil qui facilite la mise en application de l’approche programme ; il s’agit du modèle automatisé de suivi et d’évaluation des forêts (MASEFOR) qui est un outil de suivi évaluation des activités forestières permettant aux services régionaux des Forêts d’être en réseau et de disposer des informations en temps réel.
Du point de vue législatif, l’évolution s’est également instaurée en conformité avec l’ évaluation de la politique forestière et l’orientation politique du pays.
Du décret de 1935 relatif au régime forestier en Afrique jusqu’au code forestier de 1993, le trait dominant était la dimension répressive. Une nette rupture a commencé à s’instaurer avec l’adaptation de la loi 93-06 qui a permis de préciser un cadre juridique de reconnaissance de droits réels des collectivités locales et des populations, par l’affirmation de la propriété des différentes personnes privées, physiques ou morales sur leurs réalisations et par le réajustement des modalités d’exploitation des produits de celle – ci.
Avec l’entrée en vigueur des textes sur la décentralisation notamment la loi 96 – 07 sur le transfert de compétences dans certains domaines et son décret d’application 96-1134 sur la gestion des ressources naturelles et l’environnement qui offraient un terrain beaucoup plus propice à l’application de la politique forestière, le code de 1993 fut revisité pour donner celui de 1998 . Ce nouveau code a maintenu et renforcé les acquis du code de 1993.
Ce nouveau code consacre le transfert d’importantes compétences aux régions, aux communes et aux communautés rurales en matière forestière. Il consacre le pouvoir de gestion des collectivités locales sur des forêts en dehors du domaine forestier de l’Etat ;
Ces changements constituent un ensemble d’éléments stratégiques qui favorisent une application de la politique forestière à l’échelle régionale et de façon cohérente et participative. Ils devraient permettre au secteur forestier de s’intégrer à la dynamique globale de la politique socio- économique du Sénégal .
Réponses politiques et institutionnelles des autres secteurs :
La politique forestière ayant épousé les contours de la politique de décentralisation, elle s’est voulue donc participative et ouverte aux autres secteurs de l’économie sénégalaise.
Concernant le secteur agricole, il tend de plus en plus à faire sienne la nécessité de l’intégration de l’arbre de ce fait l’agro – foresterie également est fortement encouragée. La politique agricole se faisant devient de plus en plus ouverte à la foresterie.
La politique industrielle et énergétique consolide sa contribution à la protection des forêts. En effet ce secteur de l’énergie devient le secteur le plus en phase avec la politique forestière par la véritable synergie d’actions qui s’est créée. Une collaboration étroite s’établie dans le domaine des combustibles domestiques avec l’utilisation du charbon de bois ( 60 % de la consommation des ménages ) comme cible principale. Ainsi un cadre commun de concertation appelé la cellule des combustibles domestiques a été mis sur pied. L’arrêté interministériel est signé conjointement par le Ministre de l’Environnement et de la Protection de la Nature et son homologue de l’énergie. Ce cadre de concertation, outre qu’il vient renforcer la politique de butanisation, a entre autre pour objectif de promouvoir une politique qui vise à assurer aux populations un approvisionnement continu et durable en énergie de cuisson, avec des possibilités élargies de choix et de confort, dans le souci de préserver les ressources forestières nationales. Cet objectif qui vient renforcer la politique de mise en place d’énergie de substitution qui se diversifie de plus en plus, allant du gaz au pétrole lampant (Kérosène), en passant par les tests sur les résidus agricoles ( botte de paille de riz ) et la tourbe. Il est établi que la politique de butanisation a permis d’épargner les combustibles ligneux, entraînant une réduction de l’ordre de 61.000T en moyenne par an, soit 20.000 ha environ de forêt (source Lettre de l’Environnement N°1 Octobre 1994 p 50- 51).
Quant au Plan d’Orientation, il n’a pas subi d’influence de la politique forestière, mais l’intègre parfaitement. L’un des objectifs stratégiques du plan, en l’occurrence l’objectif stratégique N° 10 fait référence à la foresterie même s’il l’enveloppe dans le vocable de ressources naturelles. Cet objectif vise une saine gestion des ressources de l’environnement pour un développement durable, donc il faudra faire “ l’inventaire exhaustif et l’évaluation conséquente en vue d’identifier les sources de pollution et de dégradation et de prendre les mesures adéquates de sauvegarde de la base productive ”.
Par ailleurs, il faut noter que les résultats restent mitigés. La législation est toute récente mais fort de l’engouement dont elle est l’objet, il lui reste à relever le défi de l’application. Les autres cadres législatifs et réglementaires ayant trait au secteur (chasse, environnement, foncier etc.) se doivent de se mettre en harmonie avec le nouveau code forestier afin d’éviter les dysfonctionnements, les heurts et autres conflits de compétence.
Le secteur forestier est resté au moins jusque dans les années 70, un domaine sous évalué et isolé et sans rapports effectifs avec d'autres secteurs de l'économie nationale. Son exploitation n’obéissait entièrement à aucun système de planification, de suivi et de contrôle efficient ; son évaluation économique du fait des difficultés théoriques et méthodologiques selon les termes de Thiam Alioune Tamcher dans son rapport d'évaluation économique du secteur forestier (FAO, 1993) reste à établir pour connaître sa contribution à l'économie ou au développement économique du Sénégal.
Il aura fallu attendre les années 80 et 90 pour voir émerger des changements dans les visions et conceptions du développement d'abord et de la foresterie ensuite. Ces changements proviennent ainsi que nous l'indiquions précédemment (changements dans la situation des ressources forestières) d'un ensemble de circonstances et d’événements au plan national et international dont:
L'installation d'un cycle de sécheresse chronique qui a eu comme conséquence la destruction du couvert végétal avec ses effets divers sur la dégradation des sols, le niveau de production forestière et animale, la conservation de la biodiversité, la crise énergétique et l'appauvrissement des populations rurales
La prise de conscience de l’ampleur du phénomène de dégradation de l’environnement qui se traduit par une désertification de plus en plus prononcée dans les pays du Sahel, par la communauté internationale a contribué dans une large mesure à la prise en compte de la désertification parmi les priorités de la Conférence de Rio sur l'environnement et le développement. Cela a donné naissance à l’adoption de la convention sur la désertification en 1994.
Ainsi les conséquences de la sécheresse et la mobilisation de la communauté internationale qui s'en est suivie ont constitué des facteurs de changement dans la perception des décideurs politiques et des planificateurs.
C'est à partir de moment qu'il a été décidé l’élaboration du Plan directeur de développement forestier (1981) et on a accordé au VIIème plan quadriennal de développement économique et social, une priorité à la lutte contre la désertification en allouant au secteur un volume d'investissement bien supérieur à la capacité d'absorption.
Cet intérêt est allé grandissant avec une série de réformes au plan institutionnel, juridique et réglementaire dans le souci de mieux intégrer la foresterie comme activité de développement à part entière.
Parmi les autres secteurs en rapport ou nécessairement en relation avec le secteur forestier, on peut citer quelques ministères publics et le secteur privé dans son ensemble:
Dans le cas des départements ministériels, il faut rappeler que dans la mouvance des plans d'actions et programmes en faveur du développement du secteur forestier, une certaine réorganisation institutionnelle avait été faite pour coordonner et planifier les actions des différents ministères concernés par le secteur.
Au cas par cas, les changements de perception, si changement il y a, restent très variables référés aux implications de leurs politiques et plan sur le secteur forestier ; A titre d’exemple il en est ainsi du:
Département des travaux publics chargé des travaux pour les infrastructures d'utilité publique qui peuvent détruire des pans importants de forêts pour l'aménagements de routes ou autres équipements d'intérêt public.
Département de l'énergie : Il a participé utilement à la politique de sauvegarde des ressources ligneuses grâce à sa politique de diversification des sources d’énergie domestique initiée en direction des ménages urbains notamment;
Le département chargé des mines et industries, par contre
il ne semble pas prendre en compte de façon réelle les conséquences néfastes
que l'extraction peut avoir sur le secteur forestier; cela est encore plus
vrai pour les sociétés privées évoluant dans les mines. Leurs activités sont
à l'origine de la destruction de superficies importantes de forêts même si
elles sont soumises au paiement de taxes de contribution à la reforestation
conformément au code minier adopté et dont l’application se fait toujours
attendre.
Du ministère de l'éducation nationale qui apporte depuis quelques années un important soutien (encore timide ) au secteur à travers ses stratégies d'introduction et d'initiation à l'éducation environnement ale au niveau du cycle primaire.
L'engouement et le regain d'intérêt en faveur du secteur
n'ont pas concerné uniquement les décideurs politiques et autres acteurs officiels;
ils ont été relayés par d'autres acteurs qui se sont impliqués et qui ont
pu soutenir le développement forestier; parmi eux il y a :
Les organisations féminines qui constituent un potentiel d'organisation et de mobilisation. Leur importance numérique apporte une contribution manifeste et avérée à amplifier les réalisation en matière de foresterie grâce à leur réceptivité et à leurs actions de reforestation menées à travers tout le pays.
Les associations sportives et culturelles (ASC) des jeunes qui se sont également impliquées dans le processus de reboisement que le gouvernement et les ONG nationales et internationales ont promu ces dernières années au Sénégal. Il faut tout de même déplorer les tendances à l’infléchissement de l’enthousiasme populaire qui avait marqué ces organisations et associations en raison de la démotivation qu’on note en leur sein (absence d’incitation continue).
Des personnes-clés ou leaders de groupes tels que les chefs religieux et coutumiers ont participé à cet engouement en faveur du reboisement des forêts au Sénégal : bois villageois, pépinières et bosquets individuels etc.
Quant au secteur proprement privé, son attitude demeure très mitigé; s’inscrivant davantage dans des logiques de profit ; il faut le dire, ce secteur n’a pas apporté grand chose au développement de la Foresterie.
A l’exception pourrait on dire de ceux qui s’investissent dans la gestion des parcs animaliers, son implication est jugée non conforme à une vision de renouvellement et de sauvegarde de la ressource. Beaucoup de sociétés privées exploitant les ressources ligneuses ou non-ligneuses pillent plus qu’elles n’apportent à ces ressources. Les taxes et redevances qu’elles paient en échange des prélèvements ne représentent presque rien (en terme de moyen pour la protection et la promotion des forêts) comparés aux prélèvements et aux gains réalisés. Le privé ne semble pas avoir une vision sur le moyen et le long terme. Sa perception et sa culture sont davantage économistes sans aucune préoccupation de durabilité.
Si on consulte le contenu du P.A.F S, il semble que le souci de faire participer ces différents acteurs a été bien intégré ; cependant ce sont à la fois les stratégie et planification de cette participation qui n’ont pas été suffisamment élaborées ; on peut en cela prendre l’exemple des organisations féminines et les associations de jeunes au sein desquelles on note une tendance à la baisse en matière de participation telle qu’elle était connue dans les années 80 et au début des années 90. C’est ce constat que semble établir le document relatif à l’analyse de l’état et des possibilités de développement de la Foresterie rurale (diagnostic institutionnel) en janvier 1999 FAO/DEFCS. Les recommandations faites à la suite de cette analyse s’adressent d’ailleurs à tous ces acteurs. Elles proposent de « capaciter » les diverses institutions concernées par la Foresterie rurale, entre autres, les ONG, les collectivités locales et les mouvements associatifs à la base. Cette capacitation consiste en l’incitation à participer par diverses stratégies : clarification des rôles et responsabilités, sensibilisation sur les enjeux de la gestion des ressources naturelles durables etc.
Comme sous-secteur du secteur primaire de l'économie nationale, les activités forestières figurent en bonne place dans la planification du développement économique et social.
Ainsi le Vème plan quadriennal de développement économique et social (1977-1981), antérieur au programme forestier national (PDDF), consacrait au sous- secteur à titre d'investissements le montant de 11,891 milliards dont 4,2 milliards réellement exécutés (35,5 %).
TAB.8.Evolution des investissements dans le secteur
Années |
Investissement (milliards) |
Période |
|
|
Prévisions |
Réalisations |
||
|
1977/1981 ( V éme) |
11,891 |
4,200 |
Avant l'élaboration du PDDF |
|
1981/1985 (VI éme) |
10,665 |
11,400 |
Début d'application PDDF |
|
1985/1989 (VII éme) |
13,310 |
15,500 |
Mise en œuvre PDDF |
|
1989/1993 (VIII éme) |
16,960 |
13,600 |
Révision du PDDF/élaboration du PAFS |
|
1993/1997 (XI éme) |
21,849 |
- |
Mise en œuvre du PAFS |
(Sources: Ministère de l'économie des finances et du plan )
L'adoption du PDDF ne fait pas connaître une hausse des prévisions d'investissement du Vième PDES (1981/1985). Au contraire elles ont connu une légère baisse de 10,3% pour tenir compte des capacités d'absorption relativement limitées du secteur forestier des investissements prévus.
Le secteur est marqué par la suite par une évolution régulière des investissements programmés qui s'est amplifiée au cours de l'exécution des différents plans quadriennaux : ainsi de 10,665 milliards au VI ème plan (1981/1985), elle a fini par atteindre 21,849 milliards au XI ème plan (1993/1997) avec l’avènement du plan d'action forestier (PAFS), soit une augmentation relative de 84%.
A cela s'ajoutent les ressources mobilisées à partir des recettes collectées ( composées des taxes et redevances forestières ) par le secteur forestier et qui sont reversées au trésor public (cf. tableau 9 ci-dessous).
TAB.9. Recettes générées dans le secteur de 1990 à 2000 (en Frs CFA)
|
Années
|
Recettes domaniales |
Recettes contentieuses |
Total recettes |
|
1990 |
|
|
970 140 145 |
|
1991 |
890 507 260 |
50 355 565 |
940 861 825 |
|
1992 |
|
|
869 163 570 |
|
1993 |
668 403 460 |
45 009 005 |
713 412 465 |
|
1994 |
796 910 380 |
49 582 150 |
846 492 530 |
|
1995 |
651 413 210 |
55 869 655 |
707 281 865 |
|
1996 |
878 719 435 |
47 120 025 |
925 839 460 |
|
1997 |
1 092 744 135 |
84 989 580 |
1177 732 715 |
|
1998 |
867 534 511 |
60 402 220 |
927 936 731 |
|
1999 |
701 157 000 |
96 507 315 |
797 664 315 |
|
2000 |
1 144 339 890 |
127 634 785 |
1 271 974 675 |
(Sources: DEFCCS)
En effet chaque année, 75% de ces recettes qui constituent le Fond Forestier National (FFN )[2] sont allouées au service forestier pour assurer certaines dépenses spécifiques au secteur. Ainsi, le FFN contribue à la mise en valeur des ressources forestières. Il exécute ou encourage, par ses interventions, des actions de protection et de conservation des ressources forestières, fauniques et piscicoles, des actions de reboisement, ainsi que des actions de restauration des terrains dénudés sur lesquels s’exercent ou risque de s’exercer une érosion. Pour l'année 2000, le montant du FFN est estimé à environ 700.000.000[3] FCFA.
TAB.10. Tableau indicatif des types de dépenses sur le FFN pour l'année 2000
|
Types dépenses |
Montants alloués (millions Frs CFA) |
|
I-FONCTIONNEMENT |
397 |
|
-Rémunération personnel contractuel |
337 |
|
-Carburant et lubrifiants programmes et campagnes de terrain |
40 |
|
-Charges locatives et autres frais de fonctionnement |
05 |
|
-Indemnités habillement personnel |
15 |
|
II- INVESTISSEMENTS |
303 |
|
-Reboisement, conservation ,faune, exploitation forestière et lutte contre les feux |
68 |
|
-Constructions postes et réfection infrastructures |
30 |
|
-Equipements divers |
20 |
|
Véhicules |
100 |
|
-Materiel et fourniture de bureau |
40 |
|
-Protection faune et flore (parc de Hann) |
35 |
|
-Développement pêche continentale |
10 |
L’une des stratégies adoptées pour décliner la politique forestière en actions concrètes consistait à satisfaire les besoins de la populations en produits ligneux et non ligneux. C'est pourquoi le reboisement qu'il soit de type communautaire ou fait en régie, il constitue encore un domaine d'actions prioritaires pour le secteur forestier. Il se distingue des autres domaines par l'organisation chaque année d'une " journée de l'arbre" sous la présidence du Chef de l'Etat ou du premier ministre.
Le reboisement en régie a marqué les débuts du Programme forestier avec la mise en place de projets de reboisement de grande envergure pour contribuer à la production et à l'approvisionnement des grandes villes en énergie domestique afin de faire face à la forte croissance de la demande des ménages en énergie ligneuse et en produits forestiers. Celle ci engendrait annuellement d'importants prélèvements sur les ressources forestières. De grands projets (PARCE, PARFOB) entre autres, exécutés dans les années 80 ont englouti d’énormes sommes d’argent sans pour autant être en mesure de donner les résultats escomptés.
Certains grands programmes successifs de reboisement et de fixation des dunes le long du littoral à vocation de protection/conservation sur environ 900 ha ont été également exécutés en régie et ont connu beaucoup plus de succès que les deux premiers nommés. Dans un cas comme dans un autre des problèmes techniques ponctuels ou des problèmes de vision ont véritablement limités leurs succès.
Les actions dites de reboisement communautaire menées dans le cadre de la
foresterie rurale ont pris le relais des activités en régie et s'octroient
actuellement des parts de plus en plus importantes sur les investissements
faits au profit du secteur.
Sources d'investissements pour le secteur forestier :
A l'analyse des données financières relatives aux investissements globaux réalisés dans le secteur forestier (tous programmes confondus), il ressort que le sénégal contribue pour bien moins de 10 % au financement additionnels nécessaire à la mise en œuvre de la politique forestière nationale. Les ressources proviennent pour un taux de plus de 90% de sources extérieures et en grande partie sous forme de subventions et de dons.
Le Sénégal saisit toutes les opportunités d’emprunt pour faire face aux financement des activités d’amélioration et de protection de son patrimoine forestier . C’est le cas des financements obtenus auprès de partenaires comme la Banque mondiale, du Fida et de la Banque Ouest Africaine de Développement etc.
TAB.11. Sources d'investissements
|
Années |
Réalisé (milliards) |
Gouverne ment (%) |
Partenaires extérieurs | |
|
Montant (milliards) |
% |
|||
|
1973 à1983 |
|
12 |
|
88 |
|
1983 à 1997 |
60,58 |
8,3 |
55,55 |
91,7 |
|
1997 |
8,54 |
0,8 |
8,47 |
99,2 |
|
1998 |
3,18 |
5,4 |
3,00 |
94,6 |
|
1999 |
6,7 |
2,8 |
6,51 |
97,2 |
(Source : Ministère de l'économie et des finances, PAFS)
Les Ong nationales n'ont généralement pas de ressources propres, autrement dit les investissements réalisés dans le secteur sont tous dépendants des mêmes sources extérieures ou leur parviennent par le canal d'autres ONG étrangères. Sans qu'il ne soit possible d'avancer des montants chiffrés, certains responsables du CONGAD jugent que les financements reçus ces 20 dernières années pour soutenir le secteur sont relativement importants.
Par ailleurs la dispersion des actions des ONG à travers le pays contribue à la difficulté de coordonner l'action des ONG. Il est en plus constaté que les ONG étrangères installées au Sénégal et qui drainent les plus importants financements ne rendent pas compte de leurs financements et de ce fait il n'y a pas une maîtrise des investissements qu'elles sont sensées réaliser dans le secteur. Toutefois il serait bon d'envisager (non sans difficultés) d'organiser le secteur des ONG de ce point de vue là.
Concernant les communautés de base, leur contribution est très marginale et s'évaluerait plutôt en nature qu'en terme financier. En effet, celles ci acceptent d'investir individuellement généralement lorsqu'il s'agit d' activités génératrices de revenus telles que le micro crédit, l'embouche, la maraîchage, l'arboriculture qui de plus en plus accompagnent les activités forestières.
Les taxes, redevances forestières et autres qui alimentent le fonds forestier national semblent dérisoires et ne concernent que les produits dits contingentés dont la majeure partie échappe au contrôle forestier. Toutefois, et jusqu'à une date récente, le Sénégal ne faisait pas de l'exploitation forestière une source de revenus pour l'Etat. Il se souciait en priorité de la satisfaction des besoins des populations. Cependant, il a été opéré plusieurs réajustements pour le relèvement des niveaux des taxes et redevances forestières à travers des décrets( decret N° 96- 572 ); lesquels réajustements sont répercutés au niveau des prix de vente pratiqués et devraient contribuer à décourager progressivement la forte consommation de produits ligneux.Cette revue périodique des taxes et redevances pourra contribuer à faire baisser la demande tout en réduisant la pression exercée sur les formations forestières.
Mesures pour promouvoir l'investissement du secteur privé en foresterie.
En matière d'investissement, les acteurs du secteur privé n'ont pas mené des actions d'envergure dans le développement forestier.
En effet, au-delà d'une réglementation sévère et rigide, les gains différés de l'investissement forestier n'ont pas milité en faveur d'un engouement des privés qui misent sur les profits à tirer de toute action.
Cependant, avec la régionalisation, le climat est devenu plus favorable. Sur le plan réglementaire en effet, la contrainte d'interdiction de l'exploitation des arbres plantés a été levée. En plus, il y a des possibilités de rétrocession de forêts classées par l'Etat aux collectivités locales. Celles-ci peuvent à leur tour les attribuer à des particuliers sur la base d'un protocole d'aménagement sous la supervision du service traditionnel.
Avec toutes ces mesures, on pourrait s'attendre à une affluence des investissements privés dans des activités d'envergure de développement forestier à l'image du PAEP[4].
Lors de la mise en œuvre du PDDF et du PAFS, les capacités des ressources humaines ont été largement revalorisées à travers des formations à l'étranger. En effet, la grande majorité des cadres a bénéficié de bourses d'études approfondies dans des Universités européennes ou américaines.
Un autre programme initié retenu par le PDDF et intitulé "Centre de recyclage Permanent pour la promotion des Programmes forestiers " a été parallèlement exécuté sur la période allant de 1989 à 1993 grâce à la coopération du PNUD/FAO et des Pays-Bas. Le programme a profité chaque année à plus de 400 agents du service forestier et d'autres secteurs qui ont vu leurs capacités techniques et managériales accrues. Outre le recyclage des agents, le projet a eu à son actif la production et la diffusion d'un matériel pédagogique très diversifié et le financement de formations de longue durée.
Il convient enfin de souligner que le programme s'est d'avantage consolidé avec la construction à Thiès de locaux fonctionnels et propres au centre de recyclage qui parvient encore à maintenir sa vocation de lieu de perfectionnement des connaissances.
TAB.12. Situation des ressources humaines ces dernières années
|
CORPS |
1980[5] |
1991 |
2000 |
|||
|
Nbre |
% |
Nbre |
% |
Nbre |
% |
|
|
Cadres supérieurs et assimilés |
4 |
1 |
61 |
12 |
45 |
9 |
|
Cadres moyens |
90 |
27 |
137 |
26 |
141 |
29 |
|
Agents techniques |
243 |
72 |
324 |
62 |
294 |
62 |
|
TOTAL |
337 |
100 |
522 |
100 |
480 |
100 |
(Source : Direction des eaux et Forêts/PDDF)
A peine notée une tendance à l'accroissement des ressources humaines tel qu’envisagé par le PDDF dans ses objectifs de renforcement que les effectifs ont recommencé à baisser.
En effet dans le contexte actuel, l’effectif du service des Eaux et forêts à l’instar des autres secteurs publics continuera à baisser. L’Etat ne recrute plus et les départs naturels (mortalité, retraite, détachements etc.) ne sont presque pas remplacés. Les ressources humaines s’amenuisant sans arrêt, on peut affirmer sans risque de se tromper que si les tendance étaient maintenues le service des Eaux et forêts n’arrivera pas à administrer correctement le secteur forestier et d’assurer une gestion adéquate du patrimoine forestier par le simple biais de l’instrumentation du Code Forestier.
Le constat est que de manière générale, la ressources forestière est très fortement agressée et à un moment où les décideurs politiques et leurs partenaires au développement s'accordent sur une série de mesures et initiatives (développement de l'approche communautaire, responsabilisation des collectivités locales..) tentant de pr otéger et de régénérer les forêts avec les populations rurales.
Il n'est pas dit à priori que de telles dispositions soient perçues et comprises comme telles par les populations dans un contexte de manque de sources alternatives de revenus immédiats et de pauvreté extrême par endroit. Pour cette raison, la présence du personnel forestier s'avère encore nécessaire pour accompagner et huiler le processus de responsabilisation et en même temps réussir la conception et la mise en œuvre d'une politique forestière adaptée.
Aujourd'hui, même s'il est constaté une baisse progressive (quantitative ) des ressources humaines, force est de constater que l'apport de la politique nationale en la matière a eu un impact important du point de vue de l'amélioration de leur qualité.
.Le programme de recherche forestière est mis en œuvre par la Direction des Recherches sur les Productions Forestières (DRPF) qui est intégrée à l’Institut sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) sous tutelle du Ministère de l’Agriculture.
La recherche sur la foresterie s'est beaucoup investie dans la ligniculture et sur la gomme arabique. Cette recherche devrait s'élargir à d'autres espèces locales en voie d'extinction.
De même les problématiques de la sylviculture des essences locales (Cordila pinata, Sterculia setigera, etc....), les technologies améliorées de gestion des ressources naturelles , l’aménagement des forêts naturelles, sont encore au centre des préoccupations du développement forestiers qui attendent des réponses de la part de la recherche.
La mise en œuvre du PAFS est intervenue dans un contexte de crise prononcée marquée par une baisse des rendements agricoles liée à la sécheresse et de promotion des produits locaux.
C’est pourquoi des techniques intéressantes ont été mises en œuvre pour une meilleure valorisation des produits non ligneux notamment les fruits (jus de fruits divers) par l’institut de Technologie Alimentaire (ITA). Parallèlement, la recherche mettait en œuvre des technologies améliorées de gestion des ressources naturelles encore mal connues pour atténuer les effets de la sécheresse et améliorer la productivité des systèmes
Aujourd'hui, il existe au niveau du service forestier un Bureau d'études et de valorisation des acquis de la recherche (BEVAR) car avec l'effort de capacitation des ressources humaines du secteur qui a été mené dans le cadre de l'exécution du PDDF, la recherche s'est beaucoup développée avec notamment la responsabilisation progressive des ressources humaines nationales.
Cependant les cloisonnements et les lourdeurs administratives ne facilitent pas la coordination entre le programme de recherche et les besoins des services de développement.
Afin d’adapter la politique forestière au contexte national, le Sénégal a envisagé une série d’approche au travers d’un processus graduel.
Au démarrage, la politique forestière s'était beaucoup appesantie sur les actions en régie, les plantations massives, communautaires, les actions linéaires le long des axes routiers et les actions de restauration/conservation. Le passage du PDDF au PAFS en 1993 a été motivé par diverses facteurs parmi lesquels :
le faible niveau de résultats des premières actions en régie menées par l'Etat
le manque d'articulation entre les actions en régie et le cadre global du développement rural intégral
la timide implication des populations dans les opérations de "Bois villageois" et de "plantations communautaires"
la dégradation continue des ressources forestières malgré les mesures de protection
l’introduction et le début d’adoption du concept de l’approche participative qui renferme une dimension relative à la prise en compte des préoccupations communautaires
Ainsi, ces divers facteurs ont conduit les responsables politiques à l'adoption d'une approche alternative basée sur l’élargissement de l'approche participative à la notion de foresterie rurale.
Les acquis récents de cette nouvelle démarche se sont traduits par une diversification des actions de développement forestier dont :
la multiplication des pépinières et des plantations individuelles, villageoises, communautaires;
Un début de mobilisation sociale de certaines communautés de base en vue de la gestion de leur environnement;
la diversification des activités forestières et leur intégration à d’autres activités telles que l’arboriculture fruitière, le maraîchage, l’embouche etc.
Plusieurs cadres de planification ont été élaborés par la suite en référence au PAFS adopté en 1993 . Ces plans visent l’approfondissement de la problématique du développement forestier et internalisent les orientations dégagées par d’autres cadres sectoriels notamment l’énergie, l’hydraulique, l’agriculture etc. Cette nouvelle vision de la politique forestière est favorable à son intégration à la planification du développement socio économique national .
Les capacités de mise à jour de la politique forestière pour répondre aux changements récurrents qui sont intervenus depuis les premières tentatives d’élaboration d’un cadre de planification favorable à un développement forestier cohérent tiendraient à plusieurs conditions dont :
Une meilleure maîtrise de l’état des ressources forestières locales grâce à la mise en place d’un système de gestion et d’information fiable sur les prélèvements effectués, les plantations, les ressources générées, les intervenants etc..
La maîtrise et la prise en compte des impacts du développement des activités socio économiques qui ont émergées dans un contexte de paupérisation des communautés de base.
La création des cadres de concertation élargis aux intervenants d’autres secteurs (agriculture, énergie etc.) qui permettrait d’une part ,de faire un contrôle systématique des politiques sectorielles ayant une influence directe sur la gestion des ressources forestières et de procéder périodiquement à l’évaluation et à l’harmonisation des stratégies d’intervention d’autre part. Cette démarche a l’avantage de faciliter les réajustements continus ;
Mise sur pied d’une stratégie de plaidoyer permanent auprès des partenaires au développement pour l’apport de financements additionnels déstinés à la mise en œuvre de programmes forestiers.
Comme les autres secteurs le PFN occupe une place non négligeable pour ce qui est de la distribution des ressources au niveau national
Depuis 1985, le Sénégal et ses partenaires au développement ont mis en place un système de planification qui vise une meilleure allocation des ressources , en réalisant le maximum de projets qui contribuent à la croissance économique du pays.
L'objectif visé était d'établir un principe de programmes d'investissements triennaux glissants accompagnés d'un budget d'investissement annuel consolidé (BCI) couvrant la première année du programme. Le BCI fait l'objet d'un bilan à la fin de l'exercice budgétaire.
L'étude prospective "1989-2015" et le plan d'orientation économique et social à moyen terme conçu pour une durée de 6 ans constituent les principaux supports et instruments requis pour mettre en place le système de planification
Le programme d'investissement triennal public (PTIP) qui en est issu, intègre l'ensemble des secteurs d'activités dont le secteur forestier.
Les projets et programmes inscrits au PTIT font l'objet d'une sélection rigoureuse à l'issu d'un long processus piloté par les ministères chargés de l'économie, des finances publiques et de la planification nationale.
Les projets/programmes identifiés et préparés par le service forestier puis approuvés par le Ministère ayant en charge le secteur forestier, sont transmis au Ministère de l'économie et des finances et plus précisément à la Direction de la Coopération Economique et financière (DCEF). A ce niveau les projets font l'objet d'une évaluation économique sommaire pour faciliter l'arbitrage intersectoriel (secteur primaire)[6] qui aboutit au rejet ou à la présélection du projet soumis avant d'être transmis à la planification qui donne ses avis motivés.
Par la suite, c'est au service programmation du ministère de l'économie et des Finances à qui il revient de centraliser tous les projets d'investissements qu'il convient de programmer. Cette décision est prise en fonction des priorités des projets et de leur stade de négociation du financement recherché.
Le bailleur de fonds pressenti par le service forestier (les bailleurs prennent généralement des engagements informels suite aux différents contacts préalables du service forestier) est saisi officiellement à parti de ce moment par le Ministre de l'économie et des finances à travers une requête de financement.
La réponse du bailleur comportant toutes les conditions qui seraient liées au financement est reçue avec mention de plusieurs exigences (parfois complexes) sur le projet (réévaluation, définition des procédures, durée d'exécution , reformulation, etc.).
Cette étape est précédée au passage en session de conférence budgétaire lors de laquelle l'arbitrage sur la contribution du Sénégal au financement du projet est fait en fonction des prévisions de recettes budgétaires qui seront dégagées et de l'importance des projets soumis. Le service forestier (initiateur des projets) est invité par le ministère de l'économie et de celui de la planification pour mieux défendre et argumenter le bien fondé et la priorité à accorder aux projets instruits.
A partir de ce moment, la décision d'inscrire les projets au PTIP peut être prise. Il existe bien sûre des cas d'exception où pour différentes raisons le processus est déroulé autrement. C'est le cas par exemple d'un projet bien ficelé et dont le niveau d'instruction est assez avancé ; il peut sans qu'aucun bailleur de fonds n'en soit informé au préalable être inscrit au PTIP pour recherche de financement s'il est jugé prioritaire pour le Sénégal.
Actuellement le programme prioritaire de mise en œuvre du programme d'Action National de Lutte contre la désertification (PNLCD) dans les différentes zones éco géographiques du Pays estimé à un coût global d'environ 4000.000.000 cfa a été inscrit au PTIP en attendant de trouver des bailleurs prêts à prendre en charge son financement.
Pour l'essentiel, les activités menées dans le secteur le sont sous forme de projets inscrits ou non au PTIP et sur financement extérieur. Par conséquent la mise en œuvre de la politique forestière reste encore prisonnier de sources de financements extérieures. Elle s'exécute généralement sous forme de projets autonomes.
La mise en œuvre des exercices du Programme forestier a permis aux responsables du secteur forestier de procéder à des réaménagements permanents. A l'actualisation du PDDF, il y a eu la participation des consultants nationaux et l'appui des organismes de bailleurs. Cette opération a abouti à l'élaboration et l'adoption du PAFS. Ces moments de réorientation ont nécessité l'organisation d'une évaluation globale des programmes en cours avec l'implication de l'ensemble des acteurs concernés directement.
En cours d'exécution du PAFS, les changements socio-économiques intervenus, ont mené à plusieurs fois à des revues et modifications des dispositions juridiques, législatifs et réglementaires. Ce qui n’a pas été le cas pour les différentes composantes du programme à exécuter.
Toutefois, la mise à la disposition des moyens nécessaires à la conduite de ces opérations de révision est encore tributaire des décisions hiérarchiques et de celles de l'autorité politique. Des ressources humaines sont disponibles dans tous les domaines et surtout sont bien familiarisés aux contraintes et limites du PAFS ; il suffit surtout de bien les organiser et de disposer de quelques moyens pour initier des révisions périodiques du PAFS.
[1] sources : Sénégal, 1980 et CTFT/SCET, 1982 a
[2] Le FFN est versé dans un compte spécial au trésor ; il est alimenté par le produit des redevances et des adjudications ainsi que les recettes issues des ventes de coupes ou de produits forestiers divers réalisés par l’Etat.
[3] Le montant du FFN pour une année N représente 75% des recettes globales de l’an N-2 d’où pour l’an 2000, le FFN est calculé sur les recettes de l’année 1998.
[4] PAEP : Programme d’appui à l’entreprenariat paysan
[5] Année de référence – avant l’adoption du PDDF et du PAFS
[6] Le secteur primaire est composé des sous-secteurs de l’agriculture, de l’élevage, la forêt et la pêche