Le niveau de production de biens et services en provenance de la foret est difficile à apprécier du fait :
Toutefois, selon les statistiques officielles dont les résultats sont de loin, en dessous de la réalité, à cause des raisons ci-dessus évoquées: on a en moyenne:
Pour la récolte de combustibles:
5.000.000 m3 pour le bois de feu/an
1.000.000 quintaux de charbon de bois/an.
Ces deux produits, avec le bois de services destiné à l’habitat, les produits d’art et les produits de cueillette, dominent entièrement le niveau de production des biens forestiers.
En particulier, les combustibles ligneux estimés annuellement à 1,4 millions de tonnes équivalent pétrole d énergie primaire représentant environ 60% de la consommation totale du pays, tous secteurs confondus et 90 % de la consommation d'énergie finale des ménages sénégalais.
Les ressources générées par le sous-secteur de la forêt, représentent environ un chiffre d' affaires annuel contrôlé de 25 milliards de francs. En terme de recettes globales de l ‘Etat ( exploitation forestière, chasse et divers ) alors qu’elles étaient inférieures à 300 millions de francs par an début des années 80, elles tournent autour d’1 milliard depuis les années 95. Malheureusement, bien que les ressources financières générées soient sous-estimées par rapport à la réalité, le secteur mobilise beaucoup d’actifs dont les femmes et que les ménages sénégalais en dépendent pour leur fourniture en énergie dans une très large mesure, on a affaire à l ‘arbre qui cache la foret. En effet, les coûts de remplacement des ressources exploitées sont de très loin supérieurs aux produits financiers ( peut être du simple à 10 ). Par exemple un arbre abattu pour faire du charbon de bois peut donner un produit brut de 25.000 F CFA, alors que pour faire pousser un pareil arbre, les coûts d ‘entretiens après plusieurs années se chiffre à des centaines de milliers de francs.
D’autre part , les effets externes négatifs qui entraînent la destruction de la biomasse sur la fertilité du sol, entre autre, se chiffre à des coûts très importants pour les générations futures.
Dans le contexte du Sénégal, comme des pays sahéliens menacés de désertification et, avec les formes d’exploitation dominantes de la foret qui sont strictement minières et les effets négatifs du climat associés à l ‘agriculture extensif; le sous-secteur forestier ne peut jamais arriver à atteindre un équilibre financier entre ressources générées et valeurs réelles des produits exploités. La forêt ne doit guère être envisagée en terme de sous-secteur économique; au contraire, elle doit faire l ‘objet d ‘une exception économique. Mieux, c’est un domaine à considérer comme un patrimoine à préserver à défaut de le développer, du fait du cadre économique que sa disparition programmée ( plusieurs milliers d’hectares/an ) va entraîner dans quelques années.
Toutefois, pour être réaliste, les formes d’exploitation non durables auraient du faire l'objet d'une surveillance soutenue notamment l’exploitation de charbon et de bois de toute sorte. Pareillement, les filières qui relèvent de la cueillette pourraient être promues et surveillées pour en assurer la durabilité.
D’ailleurs, si on analyse le niveau des contributions, on se rend compte que depuis quelques années la tendance est à la baisse des investissements dans le sous-secteur. Cela découle du fait que les donateurs ont dans la plus part des cas, renoncé à soutenir le secteur à travers le financement de projets à cause de l ‘énormité du gap entre les efforts financiers consentis ces deux dernières décennies au niveau du pays et de la modestie des réalisations et des résultats.
Du point de vue des transferts intersectoriels, à l’image de beaucoup d’autres domaines, dans le contexte d’une économie ou les secteurs sont juxtaposés, le sous-secteur forestier national n’a pas de rapport avec les autres sous-secteur du primaire, en l’occurrence l’agriculture et l’élevage. On peut juste mentionner de faibles cessions internes à l’élevage à titre de pâturage
Au niveau intersectoriel, les rapports avec les pans de l’économie moderne sont négligeables, pendant que les transferts au profit de l’économie populaire ( le petit commerce de produits de cueillette, artisanat d’art, artisanat de construction etc. ) sont très importants.
En particulier, une bonne partie de l’économie rurale, les cultures de vente mises à part dépend des transferts issus de la forêt, sans qu'à l’état actuel des connaissances, on puisse les chiffrer.
Quant à la durabilité du P.F.N, elle reste problématique pour plusieurs raisons :
le sous-secteur est économiquement déficitaire ;
les recettes générées sont très en deçà des investissements nécessaires qui augmentent depuis la mise en œuvre du P.F.N
les contributions des donateurs s’amenuisent ;
les interventions nécessaires augmentent au fil des ans, alors que les moyens de l’Etat ne suivent pas.
Aujourd’hui, il semble nécessaire de rompre avec la stratégie d’ensemble qui fonde l’élaboration et la mise en œuvre du P.F.N, en internalisant l’essentiel des leçons apprises et en amenant la matrice des interventions sur la quête d’une durabilité stricte et de la préservation du patrimoine.
L’exécution d’un programme forestier idoine ne doit pas être envisagée dans le contexte d’incertitude et de risque dans lequel sont plongée les forêts au niveau du Sénégal et avec elles l’avenir de l’économie national et des divers établissements humains, en terme de rapport intrant/extrant. Il faut l’envisager plutôt comme un simple service public que de conserver le patrimoine forestier national, qui n’a pas de prix sinon tous les prix envisageables, du fait que c’est de la survie des gens et du développement des générations futures dont-il est question.