par
M. Hosny El-Lakany
La population de l'Egypte (60 millions d'habitants environ en 1995) est concentrée sur une bande de terre étroite qui longe le Nil et ne comprend que 3 pour cent des terres émergées du pays. Le territoire est caractérisé par la dégradation des ressources en eaux superficielles et souterraines.
Le Caire est le centre des activités industrielles et commerciales de l'Egypte. C'est l'une des plus grandes villes du monde avec une population de près de 8 millions de personnes (1994); le grand Caire a environ 12 millions d'habitants (1994). La dégradation écologique est due à une densité démographique extrêmement élevée, une urbanisation rapide et incontrôlée et des niveaux intolérables de pollution atmosphérique, hydrique, acoustique et du sol. La destruction des habitations, des routes et des cours d'eau déterminée par les dunes mouvantes vient s'ajouter aux graves pertes d'ordre environnemental, sanitaire et économique.
L'importance qu'attache le gouvernement aux espaces verts urbains se reflète dans le Plan d'action pour l'environnement (EEAA, 1992) qui, entre autres mesures, promeut des projets de stabilisation des dunes pour combattre la désertification, et fournit des lignes directrices et des stratégies pour l'utilisation des eaux usées dans la foresterie urbaine. Les avantages escomptés de la ceinture verte envisagée, qui encerclera le Caire sur 100 km environ, incluront l'amélioration du climat, l'atténuation de la pollution atmosphérique et la limitation de la densité de l'expansion démographique.
L'établissement et la gestion de forêts urbaines et périurbaines au Caire présentent un certain nombre de problèmes techniques. Il faudra mener des essais dans les zones urbaines pour tester la réaction des arbres à la dégradation environnementale de la ville. En outre, la limitation de l'espace disponible risque de compromettre les activités d'entretien. On devra formuler des stratégies pour la sélection des espèces appropriées, la plantation visant la stabilisation des dunes, et l'établissement de brise-vent performants.
Malgré les traditions sociales et religieuses en faveur de la foresterie urbaine, les efforts accomplis par le gouvernement pour accroître la participation du public à la mise en place d'espaces verts urbains se sont soldés par un échec en raison, entre autres, du manque de personnel spécialisé et de la diffusion inadéquate des informations. Les institutions participant aux activités de foresterie urbaine et périurbaine en Egypte sont essentiellement gouvernementales, et les dispositions juridiques relatives à ces activités ne sont pas clairement formulées, sans compter le problème de la responsabilisation et de la coordination. Il est recommandé que les établissements d'éducation agricole et les écoles de planification urbaine incorporent le thème de la foresterie urbaine dans leurs programmes d'étude.
Il faudra intervenir dans tous les aspects de la foresterie urbaine et périurbaine, notamment aux plans juridique, politique, de la planification, biophysique, économique et social. L'approche la plus appropriée consisterait à incorporer des activités de foresterie urbaine dans le Plan d'action national pour l'environnement. L'établissement de centres d'information nationaux est un pas indispensable dans la voie d'une diffusion systématique des résultats de la recherche parmi les décideurs, les praticiens et les formateurs. A moyen terme (2 à 10 ans) il conviendra de renforcer la planification et l'organisation de la recherche, de mettre au point des programmes de formation systématiques, et d'entreprendre des projets de boisement urbains et périurbains.
L'existence dans l'antiquité de forêts naturelles en Egypte est prouvée par les gravures trouvées sur les ruines des monuments pharaoniques et par les forêts pétrifiées que l'on rencontre près du Caire et le long de la côte méditerranéenne. Cependant, à l'heure actuelle, la végétation ligneuse est limitée à des arbres clairsemés et à de petits boisements qui renferment de très rares essences indigènes. L'arboriculture urbaine était pratiquée par les pharaons, notamment la reine Hatchepsout (1468 avant J.-C.), comme le montre son temple dans la Vallée des Reines à l'ouest de Louxor (Thèbes). Elle a atteint son faîte après l'indépendance de l'Egypte vis-à-vis de l'Empire ottoman au début du 19e siècle, lorsque les arbres étaient importés d'Afrique, d'Asie et, plus tard, d'Australie et plantés à des fins d'agrément et de protection autour du Caire et dans les zones rurales du pays.
La plupart des plantations forestières d'Egypte sont irriguées, et seules des formations limitées le long de la côte méditerranéenne à l'ouest d'Alexandrie sont cultivées en sec. A part leurs rôles d'agrément et de protection, les rideaux-abris et les boisements fournissent du bois d'oeuvre, du charbon de bois et du bois pour de feu aux petites industries et aux ateliers artisanaux.
La forêt urbaine et périurbaine est donc connue en Egypte de longue date. Les principales villes, comme le Caire et Alexandrie, possèdent des parcs et des arbres qui sont plantés le long des rues pour des raisons d'agrément et d'ombrage, avec quelques rideaux-abris et boisements, encore que primitifs, dans la banlieue comme mesure de protection. En raison de la dégradation de l'environnement due à une population extrêmement dense et à une urbanisation rapide et incontrôlée, ainsi qu'à des niveaux intolérables de pollution atmosphérique, hydrique, acoustique et du sol, aucune autre ville au monde n'a besoin, plus que le Caire, d'entreprendre des activités de foresterie urbaine. A la différence de nombreuses autres villes d'Afrique et du Moyen Orient, où les plantations périurbaines visent la fourniture de bois de feu et d'autres produits forestiers, au Caire et dans sa banlieue, elles servent à atténuer la pollution et à renforcer la protection générale de l'environnement.
La présente étude de cas porte sur la foresterie urbaine au Proche-Orient sous l'angle de ses caractéristiques écogéographiques, démographiques et socioéconomiques générales. Elle fournit des informations de base sur l'Egypte et se concentre sur le Caire, décrivant en détail les composantes de la dégradation de l'environnement qui appellent la mise en oeuvre d'activités forestières dans la ville.
Le rôle potentiel que pourrait jouer la foresterie urbaine au Caire est décrit ici à l'intention des décideurs, des urbanistes et des paysagistes. L'étude souligne, en outre, les questions techniques et socioéconomiques inhérentes à la foresterie dans le grand Caire et identifie les institutions chargées de la mise en oeuvre des activités d'éducation, de formation et de vulgarisation dans ce domaine. Des approches sont proposées pour surmonter les contraintes relatives à l'information, aux ressources humaines et aux moyens financiers.
L'Egypte occupe le coin nord-est de l'Afrique et la péninsule du Sinaï en Asie du sud-ouest. Du point de vue géographique et écologique, l'Egypte est un désert aride et semi-aride traversé du sud au nord par le Nil, qui forme une étroite vallée fertile et un riche delta. Le relief est très peu accidenté (l'altitude moyenne est de moins de 300 m), et les zones montagneuses sont situées le long de la mer Rouge et dans la péninsule du Sinaï. Le mont Sinaï (2 500 m au-dessus du niveau de la mer) est le sommet le plus élevé du pays.
L'Egypte compte presque 60 millions d'habitants (1995) et sa population est presque entièrement concentrée dans une étroite bande de terre s'étendant le long des deux berges du Nil et ne représentant que 3 pour cent des terres émergées du pays qui couvrent environ 1 million de km2. Une forte densité de population et la croissance accélérée de l'agriculture intensive, de l'industrialisation et de l'urbanisation sont à l'origine de plusieurs problèmes environnementaux chroniques. Avec une croissance démographique d'à peu près 2,4 pour cent par an, la pression sur les ressources naturelles de base ne pourra que s'accroître.
Les précipitations annuelles vont de 25 mm dans les zones arides le long de la mer Rouge à 200 mm à Alexandrie, mais elles sont inférieures à 50 mm dans la quasi-totalité du pays. Le Nil coule du sud au nord et entre en Egypte le long de la frontière soudanaise. La majorité de la population (environ 98 pour cent) vit dans la plaine alluviale de ce fleuve de 1 000 km qui a rarement plus de 20 km de large, alors que le reste de la population vit dans le delta, qui commence à se déployer au nord du Caire. La vallée du Nil et le delta renferment pratiquement toutes les terres agricoles productives de l'Egypte. La construction de la grande digue d'Assouan, réalisée au sud de l'Egypte en 1970, a permis d'exploiter cette source d'énergie et de maîtriser la crue saisonnière autrefois envahissante du Nil. La croissance économique du pays qui en est résultée a déterminé une dépendance démesurée vis-à-vis du fleuve. Rares sont les pays du monde dont l'économie dépend autant d'une seule source d'eau douce.
Plus de 99 pour cent de l'eau du pays proviennent directement du Nil ou de nappes phréatiques alimentées par le fleuve. Cependant, au cours des 20 dernières années, l'eau du Nil a connu une baisse de qualité rapide et certains courts segments du fleuve sont bien en deçà des normes de sécurité pour l'eau potable. Ce phénomène traduit la situation générale de l'Egypte qui se caractérise par une dégradation croissante des ressources en eaux superficielles et souterraines. Les effluents urbains et industriels non traités ou mal traités menacent la santé et le bien-être de millions de personnes. La salinisation et l'engorgement du sol sont des problèmes qui affectent la productivité des terres agricoles. Les nappes phréatiques risquent la salinisation et la pollution généralisée. L'efficacité des canaux d'irrigation et des réseaux de drainage est compromise par l'eutrophisation, les algues et l'accumulation de pesticides. Les zones urbaines, les sites archéologiques et les lieux historiques sont menacés par la remontée de la nappe phréatique due à la surexploitation de l'eau et au mauvais drainage du sol. Bien que le déversement dans la mer des nutriments et des produits chimiques reste à des niveaux tolérables par rapport aux normes internationales, il a commencé à influencer défavorablement les plages et la pêche côtière du pays ainsi que son potentiel touristique.
Ces 40 dernières années, la pollution atmosphérique est devenue une grave menace pour l'Egypte. La qualité de l'air s'est rapidement dégradée au Caire et à Alexandrie du fait de l'accroissement du nombre de voitures, de grandes industries, d'ateliers et de centrales électriques. Les panaches de poussière et les nuages de fumée sont des phénomènes courants dans les enclaves industrielles des banlieues du Caire, telles que Hélouan et Choubra El-Kheima. Les hautes concentrations de particules trouvées au Caire qui se dégagent de sources naturelles, comme la poussière du désert, ou émanent d'industries comme les cimenteries, se mélangent aux émissions de CO, NOx, HC et de métaux lourds, rendant toxique l'air.
En outre, la croissance urbaine et industrielle accélérée a dépassé la capacité de l'Egypte d'éliminer les déchets solides de manière adéquate. A l'heure actuelle, les usines de compostage et les dépotoirs du grand Caire ont une capacité conjointe de 1 200 tonnes par jour, soit 22 pour cent seulement des 5 300 tonnes de déchets que la ville produit tous les jours. Le déversement incontrôlé des ordures aux alentours de la ville, dans les canaux de drainage et dans d'autres endroits inappropriés est courant. Le premier dépotoir a été ouvert au Caire en 1986. Environ 68 pour cent des déchets solides de la capitale sont ramassés, alors que ce nombre décroît pour passer à 15 pour cent dans les petites villes. Les problèmes qui en découlent incluent la forte incidence des maladies infectieuses comme l'hépatite et la dysenterie.
Les zones urbaines, notamment les grandes agglomérations, dépendent en premier lieu de produits pétroliers comme le kérosène et le gasoil pour la cuisine et le chauffage, et sur l'électricité (énergie hydraulique et thermique) pour l'illumination et les appareils domestiques. La bioénergie est rarement utilisée dans les zones urbaines; elle représente moins de 0,02 pour cent de l'énergie consommée (Alaa El-Din et al., 1984). De ce fait, les forêts urbaines et périurbaines du Caire et des autres grandes villes ne sont pas considérées comme une source d'énergie mais sont appréciées pour d'autres qualités comme l'ombre, l'amélioration de l'environnement et l'agrément.
Enfin, du fait que le pays est désertique à 96 pour cent, l'envahissement du sable (qui est l'un des processus faisant partie du phénomène de la désertification) menace la majorité des terres nouvellement mises en valeur et les nouvelles communautés créées aux abords du désert. Dans certains endroits (à l'est du Caire, par exemple) les dunes constituent une menace permanente pour la ville et la banlieue et le sable recouvre les rues et les cours d'eau, causant de graves pertes aux plans de l'environnement, de la santé et de l'économie.
M.H. El-Lakany
Photo 1: Casuarinas sur le terrain de golf de l'hôtel Mena House, Giza, Le Caire
Les pays du Moyen Orient et de l'Afrique du nord, appelés collectivement Proche-Orient, sont parmi les régions habitées les plus anciennes du monde. La région couvre une superficie d'environ 15 millions de km2 et les terres cultivables sont estimées à environ 140 millions d'hectares don't 60 pour cent sont effectivement cultivées Il y a environ 412,7 millions d'ha sous pâturage permanent et 98,2 millions d'ha de forêts (WRI, 1994). La population de la région totalisait 465 millions d'habitants en 1990–1991. Le taux estimé de croissance de 3,17 pour cent est parmi les plus élevés du monde.
Le climat de la région est essentiellement aride et hyperaride. Le développement économique est caractérisé par des disparités frappantes. Dans les riches pays producteurs de pétrole, les revenus par habitant sont parmi les plus hauts de la terre, et pourtant certaines des sociétés les plus pauvres y vivent. Dans l'ensemble, les pays de la région ont connu une croissance économique exceptionnelle ces 30 dernières années. La mortalité infantile a baissé et l'espérance de vie haussé, passant de 48 en moyenne à 64 ans. Les niveaux d'instruction se sont améliorés mais ceux d'éducation et de santé restent faibles, notamment pour les femmes.
Figure 1: Carte de l'Egypte
Source: El-Kadi, Galila, 1987: L'urbanisation spontanée au Caire, Urban Institute of Geography, Paris.
Malgré les progrès socioéconomiques enregistrés dans le Proche-Orient, la région affronte des problèmes de développement tels que la croissance démographique accélérée, la dégradation des ressources naturelles et la pollution. Près de 50 pour cent de la population vivent en zone urbaine. Seuls de rares centres développés du Proche-Orient ont organisé des activités de foresterie urbaine. Cependant, il serait possible de promouvoir la plantation d'arbres dans presque toutes les grandes villes de la région.
Bien que la conservation ait depuis longtemps représenté un important élément de nombreux politiques et plans de gestion forestiers dans tout le Proche-Orìent, des initiatives comme la restauration de l'écosystème forestier sont loin d'être adéquates face à l'ampleur du problème. Une contrainte fondamentale a été l'insuffisance, voire le manque complet, de participation de la population locale à la conservation des forêts. Cependant, une reconnaissance croissante de l'importance de la participation directe de la population locale se fait jour, grâce à la création d'organisations sylvopastorales communautaires efficaces par l'entremise desquelles les gens peuvent être encouragés à conserver et à gérer une végétation périurbaine, et à planter et à protéger les arbres. Les politiques forestières doivent affronter sérieusement ces problèmes fondamentaux lorsque sont introduits de nouveaux systèmes économiques. Les Gouvernements du Proche-Orient créent des forêts urbaines à des fins de récréation, en réponse à la pression exercée par le grand public laquelle est générée, dans certains pays, par la prospérité financière et les conditions de travail améliorées, et dans d'autres, y compris l'Egypte, par les contraintes financières, le chômage et le niveau de vie déplorable. Une autre tendance que l'on peut observer sous l'angle de la protection du milieu est la formulation de plans d'action nationaux en faveur de l'environnement et fortement orientés vers la foresterie.
Le Caire, la plus grande ville d'Afrique et du Moyen Orient, a été fondée en 969 après J.C. comme capitale de l'Egypte, à la place de Fostat (le vieux Caire). Elle se situe sur la rive orientale du Nil à l'extrémité sud du delta. Près de ce site se trouvait la ville-forteresse romaine de Babylone et, presque en face, sur l'autre rive du Nil, était Memphis, une ancienne capitale égyptienne. Au 12e siècle elle fut attaquée sans succès par les Croisés et, pour défendre la ville, Saladin fit construire la citadelle (1179 environ) qui existe encore aujourd'hui. Le Caire a prospéré sous les Mamelouks (du 13e au 16e siècle) qui ajoutèrent à la ville de nombreux édifices et parcs mais, sous la domination ottomane (1515 à 1718), la ville a connu un déclin. Napoléon l'occupa de 1718 à 1801 lorsque la population s'élevait à 25 000 personnes. Au 19e siècle, elle s'agrandit et son importance commerciale s'accrut. L'occupation anglaise commença en 1882 et s'acheva en 1936 lorsque l'Egypte accéda à la pleine indépendance. Une grande partie de la ville est moderne mais les fameuses mosquées du Caire, ses palais et les portes de la ville sont encore visibles dans les vieux quartiers. Les zones vertes ont connu leur plein essor sous la domination des Mamelouks et, de nouveau, au début des années 1900 mais ont diminué depuis lors.
Le Caire est le centre commercial de l'Egypte, et le grand Caire représente le principal centre industriel du pays avec ses usines d'aciers, ses fonderies, ses cimenteries, ses fabriques de textiles et ses tanneries, ainsi qu'une gamme étendue de petites industries. C'est l'une des plus grandes villes du monde avec une population de près de 8 millions d'habitants (1994), sans compter les visiteurs journaliers (1,5 million) et les personnes vivant dans la banlieue. Le grand Caire, situé dans le delta inférieur du Nil, couvre une superficie de 215 km2 environ (0,38 pour cent de la zone habitée de l'Egypte) et a une population de près de 12 millions d'habitants (1994), soit environ 20 pour cent de la population égyptienne. Au plan administratif, la ville est divisée en quatre sections: la ville du Caire, la ville de Giza, Choubra-El-Kheima et la municipalité de Giza. Au tableau 1 on trouvera une comparaison entre le développement de la population du Caire de 1960 à 1994 et celui du reste de l'Egypte.
La densité de population de la ville du Caire a aussi évolué au fil des ans et varie suivant les districts. Elle atteint, par exemple, presque 110 000 personnes au km2 à Zawia Hamra, Charabiah et Choubra et descend à 7 000 habitants au km2 à Zamalek.
Les caractéristiques sociales du Caire sont fortement influencées par ses facteurs économiques. Rares sont les villes du monde où la disparité sociale et économique est aussi évidente qu'au Caire. Certains quartiers (Maadi, Héliopolis, Garden City et Zamalek) jouissent d'une grande prospérité et d'un niveau de vie élevé alors que le reste de la ville est moins fortuné, certaines zones étant impropres à l'habitation humaine. Il est estimé, par exemple, que 2 millions de persones résident dans les grands cimetières du Caire.
Les effets conjugués et cumulés de la pression de la population et de la croissance accélérée de la circulation et des industries ont provoqué de graves dommages écologiques dans les centres urbains tels que le Caire et Alexandrie. La pollution atmosphérique du Caire est causée par une forte concentration de particules de SO2 et de NO2 et de plomb (tableau 2).
Le pétrole, avec sa teneur élevée en soufre, est la principale source d'énergie commerciale et produit des quantités de SO2 qui dépassent les niveaux acceptables. En outre, l'émission de particules par les industries aggrave une situation qui se caractérise par une déposition élevée de poussière.
Tableau 1: Evolution de la population du Caire et densité par rapport au reste de l'Egypte entre 1960 et 1994*
Année | Egypte | Le Caire | % de la population totale | ||
Population (milliers) | Densité (personne/km2) | Population (milliers) | Densité (personne/km2) | ||
1960 | 26 085 | 733 | 3 349 | 15 634 | 12,8 |
1966 | 30 076 | 845 | 4 220 | 19 594 | 14,0 |
1976 | 36 627 | 695 | 5 084 | 23 737 | 13,9 |
1986 | 48 254 | 917 | 6 069 | 28 333 | 12,6 |
1988 | 50 636 | 963 | 6 230 | 29 085 | 12,3 |
1990 | 53 502 | 1 017 | 6 483 | 30 266 | 12,1 |
1992 | 55 789 | 1 059 | 6 675 | 31 162 | 12,0 |
1993 | 56 984 | 1 035 | 6 790 | 31 699 | 11,9 |
1994 | 57 673 | 1 048 | 6 849 | 31 975 | 11,9 |
* Les statistiques concernant 1960–1986 sont réelles, alors que pour 1997-1994 elles sont estimées.
Source: Statistics Year Book, CAPMAS, juillet 1994.
Tableau 2: Capacité des usines de traitement des eaux d'égout du grand Caire
Usine | Emplacement | Capacité (m3/jour) | Type de traitement | Remarques |
Zeneen | Ouest du Nil | 330 000 | Biologique | 95% d'efficacité |
Hélouan | Sud du Caire | 350 000 | Biologique | 95% d'efficacité |
Berka | Salam City | 600 000 | Primaire | Usine de traitement biologique en construction |
Abu Rawash | Ouest du Nil | 40 000 | Primaire | 65% d'efficacité |
Shoubra El-Kheima | Nord du Caire | 600 000 | Biologique | En construction |
Gabal Asfar | Gabal Asfar | 1 000 000 | Biologique | En construction |
Source: Greater Cairo Municipal Drainage Authority (1993).
En plus des particules en suspension produites par les cimenteries et les usines d'amiante et d'engrais, le vent souffle sur le Caire la poussière du mont Muqattam, situé au nord-est de la ville, et celle des bords sud-occidental et sud-oriental du désert. Les dunes qui se trouvent à l'est menacent aussi la banlieue orientale et les nouvelles communautés (Tenth of Ramadan City, par exemple).
Les déchets brûlés en plein air dans les rues, dans les décharges urbaines et aux alentours de la ville représentent une autre importante source de poussière et de gaz dangereux. La pollution atmosphérique du grand Caire varie d'un district à l'autre, les plus pollués étant Hélouan, où se trouvent les usines d'acier et les cimenteries, et Choubra El-Kheima, Mustorod et Abou Zaabal, les zones industrielles du nord.
La grave pollution atmosphérique a causé aux cairotes de sérieux problèmes de santé. Des enquêtes aléatoires ont révélé qu'environ 20 pour cent de la population de Choubra El-Kheima souffrent de maladies pulmonaires dues à la présence de taux élevés de SO2 et de fumée. En outre, une enquête (1987) menée dans les zones proches des cimenteries de Hélouan a montré que près de 30 pour cent des enfants d'âge scolaire qui y habitent souffrent de maladies pulmonaires, contre 9 pour cent dans les zones rurales, et que le taux de mortalité due à ces maladies dans la même zone est d'environ 19 pour cent (EEAA, 1992). On observe un rapport direct entre l'exposition à la pollution atmosphérique et la concentration de plomb recontrées dans le sang; des essais ont été effectués sur des échantillons de sang prélevés chez des agents de police du Caire (38 à μg Pb/100 ml) et des personnes vivant dans des zones résidentielles (30 μ Pb/100 ml). Ces niveaux sont plus de trois fois supérieurs aux limites de tolérance (d'après les normes de l'Organisation mondiale de la santé) et il est notoire qu'ils sont à l'origine de maladies neurologiques et notamment de retard mental chez les enfants (EEAA, 1992).
La plantation de forêts urbaines, jointe à d'autres mesures de lutte, réduit de manière significative la quantité de polluants de l'atmosphère. C'est ainsi que les particules sont filtrées par les arbres lorsqu'elles rencontrent la surface de la plante, alors que les émissions de NO2 peuvent être absorbées par la surface foliaire, en même temps que la plante retient une partie de l'azote (Smith and Dochinger, 1976).
M.H. El-Lakany
Photo 2: Poussière et fumée émanant des usines d'acier et des cimenteries à Hélouan, Le Caire
M.H. El-Lakany
Photo 3: Arbres tués par la pollution
La reconnaissance de l'importance des forêts urbaines dans l'atténuation de la pollution atmosphérique est mise en évidence dans le Plan d'action national pour l'environnement (EEAA, 1992) qui, entre autres mesures, fournit des projets pour la stabilisation des dunes d'El-Kheima, et des directives et des stratégies pour l'utilisation des eaux usées dans la foresterie urbaine et propose des activités de plantation d'arbres à usages multiples.
L'expansion urbaine dans la vallée et le delta du Nil a provoqué de graves pertes de terres cultivables. Il est encore plus alarmant de constater que le processus se poursuit malgré les lois stipulées par le gouvernement pour contrecarrer cette tendance. En vue d'atténuer les problèmes de population, de logement et de pollution du Caire, le gouvernement a créé quelques cités-satellites autour de la capitale (figure 2). Les nouvelles communautés sont bien planifiées et ont de nombreux espaces verts et rideaux-abris. La plantation d'arbres dans la banlieue a pour objectif de conférer une protection contre les tempêtes de sable car toutes les nouvelles communautés sont situées dans le désert. Au contraire, les arbres à l'intérieur des villes (plantations urbaines) sont plantés à des fins d'ombrage et d'agrément.
Ficus retusa est l'espèce plantée le plus fréquemment en raison de sa forte résistance aux âpres conditions de l'environnement, bien qu'il soit estimé que Casuarina et Eucalyptus pourraient aussi prospérer dans ce milieu. Au lieu de déverser les effluents industriels et les eaux d'égout dans des étangs situés hors des limites des nouvelles communautés, il a été proposé d'utiliser ces eaux usées pour irriguer les boisements.
Par ailleurs, les nouvelles zones des vieilles villes ont très peu d'arbres. En effet, la plupart des nouveaux venus appartiennent aux classes les plus pauvres de la société et, étant au chômage, ils ne peuvent se permettre que des lots de très petite taille pour y construire leur maison, et planter leur jardin et leurs arbres. Des vastes étendues de terre productive sont ainsi perdues dans ce type d'urbanisation.
Figure 2: La première génération de nouvelles villes en Egypte
■ 1. Tenth of Ramadan City
2. Sadat City
3. Fifteenth of May City
4. Sixth of October City
5. New Borg El-arab City
6. Salheyah
7. New Damietta
Source: Ministère de la reconstruction et des nouvelles communautés, Le Caire (1993). (en arabe)
De grands parcs publics et des vergers privés ont été établis en Egypte il y a plus de mille ans. Le plus ancien est le verger et parc public de Khomaraway, établi en 885 et qui couvre la zone située entre la Mosquée d'Ibn Touloun et la citadelle actuelle. Le deuxième est le parc Ikhsheid sur l'île de Rodah (une île du Nil) établi en 936, suivi par le parc Kafour, établi en 965. De nombreux grands parcs et jardins ont été créés par la dynastie des Fatimides aux abords du Caire. L'expansion de la ville s'est accompagnée d'un accroissement des espaces verts et des parcs publics et privés, notamment dans les faubourgs de Garden City, Maadi, Hélouan, Marg et Héliopolis. Les Ayyoubides avaient créé un parc dans le centre du Caire sur une superficie de 75 acres. Les parcs se sont dégradés sous les Mamelouk jusqu'à l'indépendance de l'Egypte sous Mohammed Ali en 1805. Il est le promoteur de certains des parcs et jardins publics les mieux conçus et les plus riches en espèces du Caire. Malheureusement, la plupart de ces parcs se sont dégradés depuis la deuxième moitié du 19e siècle. A présent, il est estimé que l'espace vert par habitant au Caire est d'environ 0,17 m2, par rapport à la moyenne mondiale de 16 m2, ce qui montre la situation déplorable qui sévit dans la capitale égyptienne.
Les nouveaux projets d'établissement de zones vertes dans le grand Caire sont nombreuses sous l'angle de la distribution et des organismes responsables de leur mise en oeuvre (tableau 3). La plantation d'arbres d'alignement progresse et le plan est de verdir environ 2 000 acres au Caire d'ici l'an 2000.
Le principal objectif de la ceinture verte du Caire est de protéger la ville contre les tempêtes de sable et la poussière qui soufflent des déserts de l'est et de l'ouest. Elle devrait mesurer 100 km et s'étendre parallèlement au boulevard périphérique (figure 3). Les premiers 6 km sont déjà été achevés à un coût de 1,25 million1 de livres égyptiennes (LE) et le coût total devrait atteindre 70 millions2 en quatre ans. Le coût par arbre au cours de la première étape est estimé à 1 4003 livres égyptiennes, chiffre très élevé mais qui comprend les puits et les pompes. La ceinture verte consiste en un rideau-abri de une à trois rangées d'arbres sur les deux côtés de la route ainsi que des boisements couvrant de 5 000 à 20 000 acres. Des arbres à usages multiples sont utilisés principalement comme protection contre le vent et pour la production d'ombre et de bois. Jusqu'ici, on a utilisé Eucalyptus camaldulensis, Casuarina glauca, C. cunninghamiana et Acacia saligna. Il est envisagé aussi de planter des arbres fruitiers comme Morus alba, Morus nigra, Tamarindus indica, Ficus sycamorus et Ceratonia seliqua mais leur protection contre le broutage et le vandalisme au cours des premiers stades de la croissance constitue un problème.
Tableau 3: Espaces verts (parcs publics) du grand Caire
Municipalité | Nbre. | Superficie (m2) | Municipalité | Nbre. | Superficie (m2) |
Sahel | 19 | 256 446 | Zytoun | 37 | 81 307 |
Rue El Farag | 11 | 20 781 | Ain Shams | 30 | 96 413 |
Choubra | 8 | 81 221 | Matariah | 14 | 28 200 |
Charibia/Zawia | 8 | 135 112 | Salam | 14 | 249 283 |
Abdien | 28 | 103 474 | Héliopolis | 69 | 1 756 199 |
Le Caire-ouest | 50 | 1 013 874 | Nassr City | 43 | 691 891 |
Masr Qadima | 19 | 186 076 | Parcs centraux | 4 | 882 000 |
Maadi | 42 | 277 668 | Giza-sud | 28 | 56 120 |
Hélouan | 27 | 742 760 | Giza-ouest | 33 | 56 700 |
Tabbin | 10 | 74 119 | Giza central | 72 | 261 200 |
Le Caire-sud | 39 | 127 892 | Giza-nord | 20 | 33 530 |
Le Caire central | 71 | 75 693 | General Park Authority | 4 | 273 000 |
Waily | 32 | 170 144 | Qanater Khairiah | - | 1 050 000 |
Manshiet Nasser | 12 | 52 900 | Choubra-ouest | 7 | 32 200 |
Total (m2): | 8 748 236 |
Notes: Six parcs ont été utilisés pour le projet du nouveau métro.
Deux parcs ont servi à la construction d'hôpitaux.
Deux parcs ont été remis au Département des antiquités
Sources: General Organization for Cairo Landscape (1994); Gouvernorat de Giza (1994); et Central Information Unit, EEAA (1994).
1 1,25 million LE = environ 35 700 dollars EU (1997)
2 70 million LE = environ 2 millions de dollars EU (1997)
3 1 400 LE = environ 40 dollars EU (1997)
M.H. El-Lakany
Photo 4: Espaces verts dans la banlieue du Caire (Maadi)
Figure 3: Boulevard périphérique et ceinture verte du grand Caire
Source: Ministère de la reconstruction et des nouvelles communautés, Le Caire (1994). (en arabe)
Les avantages des arbres et de la végétation en général dans les villes et leurs alentours sont reconnus depuis longtemps. Ces avantages peuvent être regroupés dans les grandes catégories suivantes (Greye et Deneke, 1978): amélioration du climat; limitation de l'expansion démographique; élimination des eaux d'égout; réduction du bruit; atténuation de la pollution atmosphérique et production agricole.
Les principaux facteurs climatiques qui influencent l'homme sont le rayonnement solaire, la température de l'air et sa circulation et l'humidité. Gràce à l'utilisation correcte des arbres et des arbustes, on peut créer des zones de confort par l'interaction de ces quatre facteurs.
Les villes comme le Caire tendent à être de 0,5 à 1,5 °C plus chaudes que la campagne environnante. Cette différence, qui serait appréciable en hiver, peut causer des inconvénients en été. Les arbres, les arbustes et la couverture végétale du sol améliorent la température de l'air des milieux urbains en atténuant le rayonnement solaire. Les feuilles interceptent, reflètent, absorbent et transmettent les rayons du soleil. Leur efficacité dépend, par exemple, de leur forme, de la densité du feuillage, et de la structure des branches. Les arbres et les autres types de végétation peuvent contribuer aussi à réduire les hautes températures estivales par l'évapotranspiration.
La circulation de l'air, ou vent, agit aussi sur le confort humain. Les arbres réduisent la vitesse du vent et créent des zones abritées sous le vent et au vent. Ainsi, les arbres peuvent contribuer au processus de rafraîchissement par évaporation en favorisant la prédominance des hautes températures dans les zones protégées. Les plantations sempervirentes denses exercent un effet plus prononcé que les arbres et arbustes décidus et cet effet peut être positif ou négatif suivant le moment de l'année.
Bien que cet objectif soit difficile à réaliser, la plupart des urbanistes conviennent que tout devrait être mis en oeuvre pour empêcher que se réalisent dans les grandes villes les niveaux alarmants de population prévus pour les prochaines décennies. Une solution consisterait à créer de nouvelles cités-satellites, autonomes sous l'angle des services, où la population serait limitée à un nombre fixe et largement susceptible d'autogestion. Dans un tel plan, l'utilisation des arbres et des forêts urbaines serait absolument indispensable, tant pour protéger l'environnement de ces nouvelles villes que pour les contenir dans les limites établies. Ce plan ne réussira que si les villes sont bien séparées les unes des autres. En outre, les principales artères devront contourner les villes et passer de préférence à travers des zones boisées pour diminuer la pollution et le bruit. Des ramifications relieraient les villes au réseau routier principal, mais ne seraient utilisées que par les résidents ou des personnes ayant des occupations dans la ville.
Malheureusement, dans les circonstances actuelles, la création de nouvelles villes écologiquement rationnelles paraît quelque peu utopique. D'importantes ressources financières de même qu'une forte volonté politique seraient nécessaires. Il est aussi très difficile de contenir ou même de canaliser l'expansion «naturelle», ou le développement anarchique, des villes existantes. La foresterie urbaine devra être mise en oeuvre, de manière plus réaliste, dans le cadre de la situation existante malgré ses inconvénients. Comme on l'a vu, les difficultés sont énormes mais l'expérience passée montre que des progrès peuvent être accomplis si l'on inculque l'amour de la nature à tous les niveaux de la population, et si les plantations urbaines ne sont pas imposées du dehors aux quartiers pauvres. La gestion participative pourrait représenter la clé du succès.
La croissance démographique accélérée accompagnée d'une expansion des industries a créé des problèmes croissants d'élimination des déchets. A cause du haut coût des méthodes techniquement affinées, des solutions meilleur marché devront être envisagées pour se défaire des effluents. Une solution prometteuse est l'élimination des eaux usées dans des étangs de stabilisation. Ces systèmes réduisent la pollution des rivières, permettent de conserver et de recycler l'eau et consentent le recyclage des éléments nutritifs pour une utilisation future. L'emploi de ces systèmes dans l'élimination des effluents dépendra de leur composition chimique. Les eaux usées des zones résidentielles sont normalement utilisables alors qu'il faudra traiter les eaux usées industrielles pour les débarrasser de substances toxiques susceptibles de nuire aux systèmes biologiques. On pourrait utiliser les eaux usées pour l'irrigation des plantations arboricoles dans les projets de foresterie périurbaine, à condition que les arbres ne produisent pas de fruits comestibles.
Le Caire, de même beaucoup d'autres grandes villes du Proche-Orient, sont parmi les plus bruyantes du monde. Les experts en la matière qualifient souvent le bruit de «pollution invisible» qui a des effets aussi bien physiques que psychologiques. Les effets physiques consistent dans la transmission d'ondes sonores à travers l'air, alors que les effets psychologiques concernent la réaction de l'homme au son.
La propagation du bruit à l'extérieur est causée par: a) la nature de la source (sa fréquence, sa composition, son emplacement et la nature [ligne ou point] de la source; b) le type de terrain et de la végétation au-dessus desquels passe le son; et c) l'état de l'atmosphère (vitesse et direction du vent, et température).
M.H. El-Lakany
Photo 5: Etangs de stabilisation à Abu Rawwach, sud du Caire
M.H. El-Lakany
Photo 6: Agrumes et palmiers irrigués avec l'eau des égouts, Abu-Rawwach, sud du Caire
M.H. El-Lakany
Photo 7: Cultures fourragères et de plein champ, brise-vent de pacaniers et casuarinas irrigués avec l'eau des égouts, Gabal El Asfar, est du Caire
M.H. El-Lakany
Photo 8: De vieilles plantations périurbaines de casuarinas et d'eucalyptus irriguées avec l'eau des égouts sont remplacées par des champs de maïs à à Gabal El Asfar
La mesure dans laquelle ces plantes sont capables de réduire le bruit est déterminée par le son luimême, les caractéristiques de la plantation et les conditions climatiques. Les facteurs relatifs à la plantation incluent l'espèce, l'emplacement des arbres par rapport à la source du son et au récepteur, ainsi que la hauteur et la densité des arbres. Les facteurs climatiques comprennent la direction et la vitesse du vent, la température et l'humidité. Outre leurs fonctions de déviation, d'absorption, de réfraction, de réflexion et de dissimulation, les plantes peuvent aussi atténuer le son en influençant le climat local, à savoir par la stabilisation de la température, la modification de la vitesse du vent et d'autres facteurs (El-Lakany et al., 1981).
Dans les zones résidentielles urbaines, une seule rangée d'arbustes denses, renforcée par une deuxième rangée d'arbres plus élevés et d'une profondeur totale de 6 m, crée un écran efficace contre le bruit des voitures. La protection des banlieues et des zones rurales ou des autoroutes exige des ceintures plus larges (environ 50 m) consistant en plusieurs rangées d'arbres de haute taille densément établis à intervalles rapprochés.
On sait que les plantes produisent de l'oxygène lors du processus de pyhotosynthèse. Il a été suggéré que les plantes pourraient jouer un rôle important en réduisant la pollution atmosphérique par l'oxygénation de l'air (introduction d'un excédent d'oxygène dans l'atmosphère) et la dilution (mélange d'air pollué et d'air frais). Il a donc été postulé que lorsque l'air pollué circule autour des plantes et à travers de l'air à peine oxygéné, un phénomène de dilution se produit qui réduira la pollution. Cependant, aucune donnée scientifique n'a confirmé cette théorie. De fait, il a été estimé que l'oxygène produit annuellement par un acre de superficie boisée représente 0,03 pour cent de l'oxygène total trouvé sur cet acre. Ainsi, l'oxygénation par les plantes paraît inopérante dans la réduction des polluants atmosphériques gazeux.
Cependant, les arbres peuvent réduire une partie de ces polluants gazeux par absorption. Une étude concernant la pollution par l'ozone et les superficies boisées a montré que si une masse d'air contenant 150 ppm d'ozone restait posée au-dessus d'une forêt pendant huit heures, la végétation absorberait à peu près 80 pour cent de ce gaz. Les grands arbres éliminent plus d'ozone que les petits arbres. Et plus les feuilles sont grandes et nombreuses, plus les stomates s'ouvrent et éliminent efficacement l'ozone. Une étude menée récemment a montré qu'une zone verte d'une largeur de 500 m établie autour des usines réduira les concentrations de SO2 de 70 pour cent et celles de NO de 67 pour cent (Grey et Deneke, 1978).
La fonction principale des plantations urbaines et périurbaines est la réduction des particules qui polluent l'atmosphère telles que le sable, la poussière, les cendres, le pollen et la fumée. Les feuilles, les branches, les tiges et la structure de leur surface (feuilles velues) piègent les particules qui sont ensuite lessivées par les précipitations. La transpiration augmente l'humidité, favorisant la déposition des particules transportées par l'air. Les résultats de ces processus peuvent être observés facilement sur les arbres proches des usines ou le long de routes de gravier.
Les arbres dissimulent souvent aussi les effluents et les odeurs désagréables en les remplaçant par une parfum agréable de feuillage et de fleurs ou simplement en les absorbant. Lorsque l'on plante pour diminuer la pollution atmosphérique, il faudra suivre les directives suivantes:
La production vivrière durable dépend d'un environnement favorable et stable. Les arbres et les forêts exercent une profonde influence sur l'environnement au niveau local aussi bien que régional et mondial. En protégeant le sol contre l'érosion et en stabilisant les flancs des collines, les côtes exposées et d'autres zones fragiles, ils contribuent à préserver l'intégrité des terres agricoles. Ils peuvent aussi influencer les régimes du climat et de l'eau qui sont tous deux d'une importance cruciale pour l'agriculture au Proche-Orient. Le couvert ligneux peut, en outre, exercer une influence considérable en modérant les températures de l'air et du sol et en accroissant l'humidité relative. Ces deux effets sont généralement favorables à la croissance des cultures, comme on peut le constater dans de nombreux systèmes agroforestiers.
La mesure dans laquelle ces avantages sont réalisés dépend du nombre d'arbres en jeu. Un arbre planté isolément sur une exploitation ne pourra avoir qu'un effet limité et localisé. Plus la structure du couvert et l'espacement des arbres simule une forêt fermée, notamment dans les zones périurbaines, plus sera prononcé l'effet favorable sur l'humidité et la température.
L'ombre projetée par les arbres peut avoir des effets négatifs aussi bien que positifs. L'ombre sur les cultures ou les pâturages réduit l'activité phitosynthétique et, au-delà d'un certain niveau, influencera les taux de croissance. Cependant, du fait que les arbres modifient aussi la température et l'humidité, ces facteurs pourraient plus que compenser la réduction de la lumière dans les plantations urbaines.
L'impact des forêts sur l'approvisionnement en eau superficielle et sur le débit des cours d'eau est une autre question très importante, surtout en ce qui concerne la production vivrière et la sécurité alimentaire, bien que ce sujet soit entouré de beaucoup de mythes et d'incompréhension. Les systèmes hydrologiques sont très complexes. S'il est vrai que les forêts peuvent jouer une grande variété de rôles utiles, l'hypothèse selon laquelle les plantations d'arbres profitent toujours à la disponibilité en eau est une grave simplification. Beaucoup dépend de la profondeur du sol, des pratiques d'utilisation des terres et d'une série d'autres facteurs.
M.H. El-Lakany
Photo 9: Plantations autour des nouvelles agglomérations (Tenth of Ramadan City)
M.H. El-Lakany
Photo 10: Cultures périurbaines et bouquets de palmiers près du Caire
M.H. El-Lakany
Photo 11: Plantations forestières périurbaines sur des sols touchés par le sel (nord-ouest du Caire)
Sous les formes les plus simples d'agriculture périurbaine, où la faible disponibilité de terres ne permet qu'une stratégie de travail limitée, les agriculteurs itinérants alternent les périodes de cultures et les périodes de jachère afin que le couvert forestier puisse se régénérer et restaurer la fertilité du sol. A mesure que s'accroît la pression sur les terres, imposant l'agriculture permanente, diverses formes de cultures associées sont appliquées. En Algérie, en Tunisie et au Maroc, sur les flancs de montagne, des haies vives d'Acacia spp. stabilisent les sols des terrasses et accroissent la fertilité, permettant aux agriculteurs de cultiver de manière durable des sols qui, autrement, seraient improductifs. Cependant, pour que des méthodes agricoles intensives comme les cultures associées soient applicables dans les conditions qui règnent sur le terrain, il faudrait jouir de droits d'utilisation des terres sûrs et à long terme, un luxe que ne peut se permettre la majorité des agriculteurs itinérants en vertu des systèmes tribaux en vigueur au Proche-Orient.
Les arbres servent aussi à protéger les cultures des dommages causés par le vent. En Egypte, par exemple, l'emploi des arbres comme rideaux-abris a permis d'augmenter la production céréalière de plus de 30 pour cent (Khalil, 1982). En Algérie, en Tunisie, en Libye, au Maroc et dans d'autres pays, les arbres contribuent à stabiliser les dunes et à protéger les sols contre l'envahissement du sable.
Le choix des espèces appropriées dans un environnement défavorable
L'établissement et la gestion de forêts urbaines et périurbaines au Caire se heurtent à plusieurs problèmes techniques. En premier lieu, l'explosion démographique a déterminé une urbanisation anarchique où les espaces verts périurbains et les arbres ont été remplacés par des agglomérations surpeuplées. En deuxième lieu, les zones vertes et les arbres existants sont constamment exposés à des phénomènes écologiques nuisibles comme les vents chauds et desséchants et les tempêtes de sable, sans compter la forte pollution de l'air, du sol et de l'eau due aux industries. C'est pourquoi parmi les espèces qui dominent normalement dans les plantations urbaines et périurbaines du Caire figure Ficus refusa, un arbre connu pour sa résistance élevée aux conditions climatiques et édaphiques défavorables. Il jouit aussi d'une bonne tolérance vis-à-vis de nombreuses maladies et infestaticns d'insectes. Pour introduire d'autres espèces qui peuvent survivre dans un environnement aussi peu accueillant, il faudra mener des essais dans les zones urbaines plutôt que dans des pépinières isolées employées comme laboratoires, afin de vérifier la réaction réelle des arbres aux facteurs de dégradation qui caractérisent la capitale. Le manque d'espace qui est propre aux villes limite les activités d'entretien comme l'émondage ou l'application d'insecticides, et il faudra aussi tenir compte de cette contrainte.
M.H. El-Lakany
Photo 12: Plantation d'arbres d'alignement à la Citadelle, vieux Caire
En ce qui concerne la sélection des espèces appropriées, dans de graves cas de dégradation il pourrait être nécessaire de recourir à des espèces pionnières comme les casuarinas ou les acacias pour améliorer le site avant d'établir des plantes plus désirables. En général, toutes les plantes devront être examinées pour en déterminer la compatibilité avec les conditions environnementales existantes (tableau 4).
Tableau 4: Espèces convenant à la foresterie urbaine et périurbaine en Egypte
Espèce (nom latin) | Famille | Espèce (nom local) | Objectif |
Casuarina equisetifolia Linn. | Casuarinacées | Casuarina deel el-hosan | 1 (B-R) |
Casuarina cunninghamiana Mig. | Casuarinacées | El-Casuarina El-Hamra | 1 (B-R) |
Casuarina glauca | Casuarinacées | El-Casuarina El-Bida | 1 (B-R) |
Eucapyptus camadulensis Dehn. | Myrtacées | Kafur | 1 (B-R) |
Eucalyptus globulus Labill | Myrtacées | Kafur El-Sakeea | 1 (B-R) |
Dalbergia sisso Roxb. | Légumineuses | Sarsou | 1 (B-R) |
Populus nigra Linn. | Salicacées | El-Hor E-Aswad, Baqs. | 1 (B-R) |
Acacia saligna (Labill) H. Wendi | Légumineuses | Acasia | 2 (F-CS) |
Acacia nilotica (L) Wild. Ex. Del. | Légumineuses | El-Sunt-Shagare Al-Samgh Al-Arabi | 2 (F-CS) |
Prosopis juliflora Swartz, DC. | Légumineuses | Mosquite | 2 (F-CS) |
Tamcris aphylla (L.) Karst | Tamaricacées | Tarfa, Atel, Abal | 2 (F-CS) |
Salix babylonica Linn. | Salicacées | Safsaf om El-Shoor | 2 (F-CS) |
Salix safsaf Forsk | Salicacées | Safsaf Baladi | 2 (F-CS) |
Delonix regia | Légumineuses | Ponciana | 3 (AA) |
Jacaranda ovalifolia R.Br. | Bignoniacées | Jacaranda | 3 (AA) |
Cassis nodosa Hamilton | Légumineuses | … | 3 (AA) |
Araucaria heterophylla R.Br. | Araucariacées | Shagare eed el-milad | 3 (AA) |
Lagunaria patersonii Don | Méliacées | Bodret el-afrit | 3 (AA) |
Sterculia platanifolia Linn. F. | Sterculiacées | … | 3 (AA) |
Melia azedarach Linn. | Méliacées | El-zanzalacht | 3 (AA) |
Eucalyptus citriodora | Myrtacées | Kafur limoni | 3 (AA) |
Ficus retusa Linn. | Moracées | El-Ficus el-aadi | 3 (AA) |
Ficus laurifolia | Moracées | … | 3 (AA) |
Ficus religiousa Linn. | Moracées | Ficus abou lesan | 3 (AA) |
Ailanthus glandulosa Desf | Simarubacées | Shagaret el-samaa | 3 (AA) |
Magnolia grandifolia Linn. | Bignoniacées | El-Manolia | 3 (AA) |
Grevillea robusta A. Cunn. | Protéacées | Sindyan hariri | 3 (AA) |
Peltophorum africanum | Légumineuses | … | 3 (AA) |
Sterculia diversifolia Pon | Sterculiacées | Sterculia podret el-Afrit | 3 (AA) |
Sterculia acerifolia (A.) Cunn. | Sterculiacées | … | 3 (AA) |
Terminalia arjuna | Combrétacées | … | 3 (AA) |
Kigelia pinnata DC. | Bignoniacées | Mashtura, Abou El-Nagaf | 3 (AA) |
Platanus orientalis Linn | Platanacées | Shanar, El-Delb El-Sharki | 3 (ST) |
Bombax malabaricum DC. | Bombacacées | El-Bombax | 3 (P-J) |
Bauhinia alba Buch-Ham | Légumineuses | El-Bauhia El-Bydaa | 3 (P-J) |
Bauhinia purpurea Linn. | Légumineuses | Bauhia Khof El-Gamal | 3 (P-J) |
Cassia fistula Linn. | Légumineuses | Khiar shambar | 3 (P-J) |
Gleditsia triacanthos Linn. | Légumineuses | … | 3 (P-J) |
Ficus benghalensis Linn. | Moracées | Teen Benghali | 3 (P-J) |
Ficus benjamina Linn. | Moracées | Ficus motahadel | 3 (P-J) |
Ficus elastica Roxby | Moracées | Al-teen Al-mattat, Ficus Al-mattat | 3 (P-J) |
Ficus parasitica | Moracées | Ficus mothalath | 3 (P-J) |
Ficus pandurata Hort | Moracées | … | 3 (P-J) |
Citharexylum quadrangular Jacq. | Verbénacées | Sandarose | 3 (P-J) |
Schinus molle Linn. | Anacardiacées | Filfil warak rafeea | 3 (P-J) |
Schinus terebenthifolius Raddi | Anacardiacées | Filfil warak arid | 3 (P-J) |
Spathodea cumpanulata Beauv. | Bignoniacées | … | 3 (P-J) |
Taxodium distichum Rich. | Taxiduacées | … | 3 (P-J) |
Tecoma stans Juss | Bignoniacées | … | 3 (P-J) |
Tipuana speciosa Benth. | Légumineuses | Abou El Makarem | 3 (P-J) |
Araucaria bidwilli, Hook | Araucariacées | Abocaria | 3 (P-J) |
Cupressus sempervirens Linn. | Cupressacées | Sarw | 3 (P-J) |
Pinus palustris Mill. | Pinacées | Sonobar tawil | 3 (P-J) |
Pinus helepensis Mill. | Pinacées | Sonobar halabi | 3 (P-J) |
Ceratonia siliqua Linn. | Légumineuses | Kharrob | 4 (A-F) |
Eujenia jambolana Lam. | Myrtacées | Bambozia | 4 (A-F) |
Ficus sycamorus Linn. | Moracées | Gimmeriz | 4 (A-F) |
Morus alba (Linn.) | Moracées | Tout Abiad | 4 (A-F) |
Morus nigra (Linn.) | Moracées | Tout Aswad | 4 (F-B) |
Tamarindus indica L. | Légumineuses | Tamr hendi | 4 (A-F) |
Zizyphus spina - christi | Rhamnacées | Nabq, cidr, shokar El-Sayed el Masih | 4 (A-F) |
Acacia farnesiana (L.) Wild. | Légumineuses | Futna | 4 (H-E) |
1 (B-R): Brise-vent et rideaux-abris
2 (F-CS): Fixation des dunes et conservation du sol
3 (A-A): Arbres d'alignement (agrément)
3 (P-J): Parcs et jardins (agrément)
4 (A-F): Arbres fruitiers (produits forestiers non ligneux)
4 (H-E): Huiles et produits d'extraction (produits forestiers nonligneux)
Envahissement du sable
Les exploitations et les communautés urbaines situées dans le désert sont constamment menacées par le sable. Certaines espèces d'arbres et d'arbustes (Tamarix et Acacia, par exemple) devraient être plantées pour fixer les dunes et permettre l'agriculture et les établissements humains. Par rapport à d'autres techniques de fixation des dunes, comme les pulvérisations de produits chimiques, les plantations forestières périurbaines se sont avérées être une méthode plus efficace.
Divers modèles de brise-vent ont été mis à l'essai en Egypte, mais les meilleurs résultats sous l'angle écologique, biologique et économique ont été obtenus en plantant un ou deux rangs de casuarinas à l'intérieur des champs agricoles et un ou deux rangs d'acacias à l'extérieur. Un espacement de 1,5 à 2 m × 1,5 à 2 m est normalement pratiqué ce qui permet d'obtenir une densité (perméabilité) de 60 à 70 pour cent. Certains agriculteurs et urbanistes préfèrent commencer le brise-vent avec un espacement de 1 m × 1 m et l'éclaircir de 50 pour cent à l'âge de 4 à 5 ans pour obtenir un revenu économique rapide de leur investissement grâce à la production de bois.
Pour des raisons évidentes, on tend à employer de préférence des arbres à usages multiples fixateurs de l'azote dans les systèmes agroforestiers des déserts égyptiens. Casuarina cunninghamiana et C. glauca sont parmi les espèces forestières les plus répandues dans les brise-vent en Egypte. Elles ont démontré leur supériorité relativement à d'autres espèces grâce à leur résistance aux conditions édaphiques et climatiques adverses (salinité, chaleur et sécheresse).
Parmi d'autres espèces à usages multiples on peut citer Acacia saligna, Eucalyptus camaldulensis, Sesbania sesban, Dalbergia sissoo, Tamarix aphylla, et Cupressus sempervirens. Cependant, quelques perplexités entourent l'utilisation de E. camaldulensis, notamment lorsque l'eau d'irrigation est limitée et la nappe phréatique profonde.
M.H. El-Lakany
Photo 13: Dunes Khanka envahissant une agglomération à New El-Salam
Irrigation et fertilisation
A la différence des zones urbaines, dans les terres désertiques périurbaines nouvellement mises en valeur, il n'est pas nécessaire d'irriguer les brise-vent si l'on applique aux cultures ou aux pâturages une irrigation par aspersion ou par rigoles. En revanche, dans le cas de l'irrigation au goutte à goutte les lignes devront s'étendre jusqu'aux brise-vent.
Les arbres et arbustes qui composent le brise-vent sont parfois fertilisés en même temps que les cultures et l'on désherbe quelquefois manuellement le sol au-dessous ou bien l'on applique des herbicides pour protéger les champs cultivés. Si les plantes proches du brise-vent donnent des signes de stress hydrique ou de manque de nutriments, on creuse généralement une tranchée entre le brisevent et le champ pour minimiser la concurrence exercée par les racines.
La plantation de brise-vent et de rideaux-abris en tant que composantes irriguées des systèmes agroforestiers périurbains comporte certains problèmes, notamment sur des terres marginales comme les lieux désertiques. La concurrence pour l'eau et les éléments nutritifs, ainsi que des facteurs tels que l'ombre et l'infestation des ravageurs, devront être pris en compte lorsque l'on conçoit, établit et gère des brise-vent sur des sols pauvres. Le choix entre telle ou telle espèce d'arbre ou d'arbuste revêt une importance cruciale. Les agriculteurs se plaignent souvent de ces problèmes mais on est unanimement de l'avis que les avantages des brise-vent compensent largement leurs inconvénients.
Malgré les traditions sociales et religieuses qui encouragent la plantation et l'entretien des arbres, la participation des citoyens et des ONG aux activités de foresterie urbaine au Caire est limitée. En outre, les résultats des initiatives privées existantes dans ce domaine sont insignifiants par rapport à l'ampleur des problèmes. Comme dans de nombreuses autres grandes villes du Proche-Orient, le verdissement des zones urbaines au Caire est fonction du statut social de la population. Dans les quartiers à revenu élevé comme Maadi, Garden City, Zamalek et Héliopolis, les jardins et les parcs sont régulièrement entretenus, alors que dans les quartiers pauvres et densément peuplés les espaces verts sont pratiquement inexistants.
Les efforts accomplis par le gouvernement pour encourager la participation publique au développement des espaces verts urbains ont échoué en grande partie en raison du manque de personnel spécialisé et de la diffusion inadéquate d'informations sur des techniques forestières simples.
Responsabilités et coordination
Les institutions s'intéressant à la foresterie urbaine et périurbaine en Egypte sont essentiellement gouvernementales. La plantation et la gestion des arbres au Caire est du ressort des services préposés à l'embellissement du grand Caire (Greater Cairo Beautification Authority) et qui ont une administration centrale et une représentation dans chaque quartier de la ville. La municipalité du Caire, qui dépend de l'administration publique, joue aussi un rôle dans le verdissement urbain. Par ailleurs, les plantations Périurbaines sont réalisées par le Sous-Secrétariat du reboisement (Under-Secretariat of Afforestation) du Ministère de l'agriculture. Les départements gouvernementaux chargés de la délivrance de permis de construction ne s'intéressent pas à la foresterie urbaine, d'où l'exclusion des arbres de la planification urbaine.
Le Ministère du logement et des nouvelles communautés (Ministry of Housing and New Communities) est responsable de la ceinture verte entourant le Caire. En outre, les arbres sur les propriétés privées sont plantés par les propriétaires. Par ailleurs, certaines ONG (Tree of Life Society, Society of Tree Lovers et Society for Environmental protection) entreprennent des projets spéciaux de plantation d'arbres d'alignement et de verdissement de certains quartiers.
Le Services de l'environnement (Egyptian Environmental Affairs Agency) comprend un département spécial de l'agriculture et du reboisement qui promeut la plantation urbaine et périurbaine pour atténuer la pollution ou pour des motifs d'agrément. Ce département offre des dons à différents organismes gouvernementaux et à des ONG pour promouvoir la plantation d'arbres. Il est aussi responsable de la mise en oeuvre des activités de boisement du Plan d'action pour l'environnement.
Il ressort clairement de ce qui précède que la coordination entre les différentes organisations et institutions chargées des activités de foresterie urbaine et périurbaine est assez précaire, d'où un gaspillage de ressources financières et humaines. Les cairotes sont rarement consultés lors de la planification de la forestrie, sauf à l'occasion de quelques rares initiatives individuelles de plantation stimulées par la propagande du gouvernement et dues à la disponibilité de plantules fournies à faible coût par les pépinières gouvernementales.
Questions juridiques
Les questions juridiques relatives à la foresterie urbaine et périurbaine en Egypte ne sont pas clairement définies. La responsabilité juridique de la plantation d'arbres d'alignement incombe aux municipalités, alors que ces mêmes municipalités n'ont pratiquement aucune compétence en matière d'arbres plantés ou à planter sur les propriétés privées. En d'autres termes, les cairotes ne sont pas tenus légalement à planter des arbres sur leur propriété en vertu de règlements bien établis. Au titre d'un décret gouvernemental, les citadins privés ont le droit de posséder les arbres poussant sur leur propriété mais ils ne peuvent les abattre sans un permis de l'autorité locale concernée; toutefois, cette loi n'est pas toujours respectée.
Au plan juridique, les arbres plantés le long des autoroutes et des canaux d'irrigation et de drainage appartiennent au Ministère des travaux publics (Ministry of Public Works), alors que les brise-vent sont privés ou publics suivant le lieu où ils ont été établis.
Il est recommandé que les instituts d'enseignement agricole et les écoles de planification urbaine introduisent le thème de la foresterie urbaine dans leurs programmes d'études spécialisés. Le Département des forêts (Forestry Department) de l'Université d'Alexandrie devrait avoir une faculté de foresterie urbaine pour compléter son programme d'étude. Ainsi, les organismes de planification de la ville, ceux du secteur privé et les services de vulgarisation disposeraient d'experts dans ce domaine.
Formation, vulgarisation et recherche
Les services de formation, de vulgarisation et de recherche dans le domaine de la foresterie urbaine sont très faibles en Egypte, malgré les efforts faits par le gouvernement pour promouvoir la plantation d'arbres. En effet, il n'existe pas d'organismes spécialisés de vulgarisation forestière. Le travail de vulgarisation est réalisé, pour une large part, par des agronomes et des horticulteurs employés par le Ministère de l'agriculture et le Gouvernorat du Caire et qui mènent leurs activités sur la base d'un enseignement et d'une formation non spécialisés. Cette situation ressort clairement des conflits qui éclatent entre les groupes d'intérêts citadins (ONG) et les fonctionnaires municipaux en ce qui concerne la coupe des arbres et l'émondage intensif.
Il n'existe pas d'éducation et de formation proprement dites en foresterie urbaine en Egypte. La seule institution d'enseignement et de formation spécialisée est le Département des forêt de la Faculté d'agriculture de l'Université d'Alexandrie. Elle octroie une licence d'agriculture avec une spécialisation forestière (c'est-à-dire deux ans de cours généraux d'agriculture suivis de deux ans de cours de foresterie). Plusieurs cours portent indirectement sur la foresterie urbaine, à savoir l'agroforesterie, la planification et l'établissement de brise-vent, la sylviculture, la technique de pépinières et la physiologie des arbres. Ce même département octroie une maîtrise de sciences et un doctorat en foresterie générale ou sciences du bois. D'autres facultés d'agriculture (15 écoles) ont des départments d'horticulture qui fournissent des cours non spécialisés en plantation d'arbres. Certaines des écoles de génie civil dispensent des cours d'aménagement paysager dans leurs départements d'architecture. Les urbanistes ont rarement une préparation en matière de foresterie urbaine et traitent donc mécaniquement les questions relatives aux arbres.
Des recherches pertinentes ont été menées à l'université d'Alexandrie sur les thèmes de la tolérance de certaines essences ligneuses à la pollution atmosphérique et hydrique, de l'atténuation du bruit, des effets des brise-vent, des rendements agricoles, de la multiplication des arbres forestiers et de la résistance aux maladies.
Le boisement périurbain à un rôle important à jouer dans la formulation de stratégies pour la remise en état de l'environnement dégradé de la ville du Caire pour les raisons suivantes:
Son rôle fondamental est l'atténuation de la pollution de l'air, du sol et de l'eau.
Il permet de conserver les ressources de base en sol et en eaux à des fins de production vivrière par l'établissement de rideaux-abris et de brise-vent et d'autres techniques de conservation du sol.
Il contribue à la production animale grâce aux systèmes sylvopastoraux, notamment à la création de «réserves» fourragères sous forme d'arbres et d'arbustes, afin de réduire les effets destructifs de la sécheressse.
Il renforce la production de bois d'oeuvre, de bois de feu, de charbon de bois et d'autres produits forestiers grâce à l'établissement de bouquets d'arbres aux abords de la ville.
Il contribue à l'emploi et au développement ruraux moyennant la mise en place d'industries artisanales.
Il faut intervenir activement pour couvrir tous les aspects relatifs à l'intégration des arbres et des forêts dans les zones urbaines, y compris ceux de nature juridique (législative), politique, biophysique, économique et sociale. La meilleure approche consisterait à englober les activités de foresterie urbaine et périurbaine dans les activités forestières du Plan d'action national pour l'environnement, afin de freiner la dégradation de l'environnement et de remettre en état les sites dégradés. Cette approche favoriserait le soutien politique et l'appui financier aussi bien au niveau local qu'extérieur.
A l'heure actuelle, ce qui importe en premier lieu c'est de tirer pleinement parti des connaissances existantes et, partant, d'assurer la diffusion systématique des résultats de la recherche parmi les décideurs, les praticiens et les vulgarisateurs. L'établissement de centres nationaux de documentation et d'information seraient un pas essentiel dans la direction de cet objectif.
A moyen terme (au cours de la prochaine décennie) il conviendra de:
Renforcer la planification et l'organisation de la recherche en matière écologique, sylvicole et socioéconomique en général, et celles liées à la foresterie urbaine en particulier (la sélection d'essences forestières à usages multiples capables de tolérer le stress environnemental qui sévit au Caire est de la plus grande importance).
Mettre au point et réaliser des programmes systématiques de formation spécialisée en matière de foresterie urbaine et périurbaine à l'intention des chercheurs et des responsables de la recherche ainsi que des urbanistes.
Entreprendre des projets de boisement urbains et périurbains.
La présente étude de cas met en évidence le rôle du boisement dans la réduction de la dégradation environnementale et dans l'atténuation des effets nocifs de la pollution, ainsi que dans la restauration de la fertilité des terres dégradées. Certes, il est difficile de proposer et de concevoir des projets d'investissement qui soient d'ordre strictement économique en matière de foresterie urbaine et périurbaine pour le Caire. Cela ne veut pas dire nécessairement que tous les projets de boisement périurbains sont nécessairement antiéconomiques et qu'on ne pourrait pas en tirer, à un moment donné, des revenus considérables. Dans la plupart des cas, les projets seront mis en oeuvre initialement par des organismes gouvernementaux ou des organisations du secteur public. Le secteur privé pourrait être incité à réaliser des projets d'investissement périurbains spéciaux en un deuxième temps. Le revenu monétaire ne devrait pas constituer le seul critère d'évaluation de tels projets. En effet, la principale incitation à entreprendre ces projets devrait venir des conséquences escomptées du manque d'interventions visant à améliorer les conditions de vie de la capitale. Il conviendra aussi d'accorder une attention spéciale aux aspects sociologiques des projets de foresterie urbaine et périurbaine.
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