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Atelier 1 - Les systèmes de culture

La culture du maïs en milieu paysan au Benin et au Togo: l'expérience du projet Sasakawa Global 2000
Le maïs au Bénin: atouts et perspectives
Expériences et acquis pays dans la culture du maïs au sud du Bénin
Le maïs dans les systèmes de production du département de l'Atlantique (Bénin)
Les performances du maïs amélioré TZB en milieu paysan dans le département de l'Atacora au Bénin
Expansion de la culture du maïs en zone cotonnière du Togo: craintes et espoirs
La production du maïs dans les organisations paysannes de la zone forestière du Cameroun un exemple de chantier-école
Les systèmes de culture du maïs dans le nord de la Côte-d'Ivoire
La culture du maïs dans les systèmes de culture pluviaux dans l'ouest du Burkina Faso
Le maïs dans les systèmes de culture irriguée dans la vallêe du Sourou
Le maïs dans les systèmes de production du sud du Mali: historique et perspectives
Le maïs, une alternative pour la production de la zone sud du Mali
L'intensification de la culture du maïs dans les exploitations cotonnières Mandiana en Haute Guinée
Transfert du gêne d'endosperme tendre sur une variété élite de maïs à grain dur en Afrique de l'Ouest
Rapport de l'atelier sur les systèmes de culture

La culture du maïs en milieu paysan au Benin et au Togo: l'expérience du projet Sasakawa Global 2000

Marcel GALIBA
Projet Sasakawa Global 2000, Bénin, Togo

Résumé. Le projet Sasaksawa Global 2000 exécute depuis 1989 un programme de vulgarisation agricole axé sur la culture du maïs. La promotion d'un paquet technologique, supporté par un crédit «intrant» en nature, a permis de mettre en place plus de 13 000 parcelles de test de production au Bénin et au Togo en cinq campagnes agricoles. Les rendements moyens obtenus sont de deux à trois fois supérieurs aux rendements des parcelles traditionnelles. L'évaluation de l'innovation par les paysans eux-mêmes a suscité un réel engouement et a intéressé plus de paysans que le projet ne peut en accepter. L'introduction de la jachère améliorée avec le mucuna ouvre des lendemains meilleurs, où la combinaison d'engrais minéraux et organiques permettra des rendements meilleurs sans pour autant dégrader les sols. Les paysans-partenaires ont démontré leur volonté d'avoir accès à l'innovation et de l'adopter, dans la mesure où elle répond à leurs préoccupations et améliore leurs revenus.

Mots-clés. Capitalisation, Caisse rurale d'épargne et de prêt (CREP), innovation, libération/graduation, mucuna, précédent cultural, parcelle de test de production, proximité de communication, Sasakawa Global 2000, unité fertilisante.

Abstract. The Sasakawa Global 2000 project started in Benin and Togo in 1989. It is a technology transfer program based on food crops, mainly maize. Bolstered by an input credit in kind, the field strategy was able to run more than 13,000 production test plots. Yields on the test plots were two to three times superior to those on traditional plots. The assessment of the technology by farmers themselves in their local conditions has triggered the interest of more farmers than the project can cope with. Farmers showed a real enthusiasm, demonstrating their will to have access to innovation and to take the necessary steps towards changes to enable them to improve their day-to-day life. The introduction of improved fallow, with the use of the velvet bean, opened new vistas in using both mineral and organic fertilizers without jeopardizing the land. It may be the start of a movement that will help the farmers to improve their revenues.

Au début du XVIe siècle, les Portugais introduisaient sur la côte africaine le maïs, originaire de l'Amérique centrale. Au Bénin, la légende raconte que le maïs serait apparu sous le règne de Métolonfi et résulterait du désir d'un homme de s'immortaliser par un fait remarquable (ADANDÉ, 1984). Aujourd'hui, les statistiques agricoles confirment la place prépondérante de cette graminée essentielle à la vie de millions d'Africains.

L'exploitation du tableau I révèle les énormes potentialités liées à la culture du maïs au Bénin et au Togo, mais aussi les points faibles. Malgré sa forte utilisation dans l'alimentation humaine, aucune structure industrielle de transformation n'existe et l'absence d'un marché officiel, organisé et structuré à l'image par exemple du système de commercialisation du coton, n'encourage pas la production. Cet article décrit l'aspect du projet Sasakawa Global 2000, lié à la production du maïs. Un bref aperçu de la stratégie de vulgarisation sera suivi des résultats obtenus pendant quatre saisons.

Tableau I. Statistiques comparatives sur le maïs au Bénin et au Togo.

  Bénin Togo
Superficie récoltée en maïs (milliers d'hectares),1989-1991 * 460 261
Rendements (t/ha) 0,87 1,03
Production maïsicole, 1986-1988 (milliers de tonnes) 411 269
Taux de croissance des surfaces en maïs, 1973-1977 à 1984-1988 (%/an) 3,8 6,6
Taux de croissance de la production maïsicole (%/an), 1973-1977 à 1984-1988 5,0 4,8
Surface en maïs, en pourcentage de la surface totale en céréales, 1986-1988 %) 73 44
Utilisation du maïs par tête d'habitant(kg/an), 1986-1988 83 64
Utilisation du maïs pour l'alimentation humaine, 1985-1987 (%) 72 80
Taux de croissance de l'utilisation du maïs (%/an) par tête d'habitant, 1973-1974 à 1984-1988 1,9 0,6
Surface emblavée en maïs amélioré %) (variété à pollinisation ouverte), en 1988 10 -
Surface emblavée en hybride %) 0 0
Engrais appliqué aux cultures en 1986 (kg, éléments nutritifs/ha) 6 8

(CIMMYT 1990).
* Source: Computer files from FAO AGROSTAT/PC, 1992; SG 2000 African Country Data Sheets 1993 - prepared by Laura Saad.

Le projet Sasakawa Global 2000 (PSG 2000)

Le PSG 2000 résulte de la collaboration entre la Sasakawa Africa Association (SAA), présidée par le professeur Norman BORLAUG lauréat du prix Nobel de la paix, et Global 2000 Inc, dirigé par le président JIMMY CARTER. La SAA, créée par la fondation Sasakawa, dont le président est Mr Ryoichi SASAKAWA, assure le financement des projets agricoles SG 2000. La genèse et la philosophie générale des projets SG 2000 sont expliquées dans le document intitulé Le projet agricole Sasakawa Global 2000 au Bénin et au Togo (DOWSWELL, 1993).

Le PSG 2000 travaille en étroite collaboration avec le ministère du Développement rural en investissant un créneau souvent négligé au profit des cultures de rente comme le coton, le café, le cacao ou le palmier à huile, c'est-à-dire les céréales de base, en particulier le maïs. L'objectif est d'apporter aux petits paysans l'information et le savoir-faire nécessaires à tout changement. il est grand temps de puiser dans les acquis innombrables de la recherche agricole en Afrique et surtout de les mobiliser à la disposition du monde rural. Le fossé qui sépare les résultats de la recherche agronomique de la réalité quotidienne du monde rural doit être réduit sinon comblé, Le PSG 2000 se polarise sur le maïs et l'utilise comme culture locomotive, afin de lancer une autre approche de la vulgarisation qui ne soit plus basée sur la culture de rente, ni sur le système «formation et visites».

Le paquet technologique

Un paquet technologique, fruit de la recherche agronomique nationale et internationale, est proposé: le semis en ligne, l'utilisation de variétés améliorées, l'usage modéré d'engrais chimiques, l'exécution opportune des façons culturales et la technologie postrécolte. L'objectif premier de l'application du paquet technologique est l'amélioration de la productivité; le paysan doit obtenir des rendements élevés, économiquement rentables, afin de voir ses efforts couronnés par des revenus supérieurs et stables.

Trois variétés de maïs, obtenues grâce à la collaboration entre la recherche nationale et MITA (international Institute of Tropical Agriculture) sont vulgarisées. Ces cultivars sont dentés, blancs, à pollinisation ouverte et surtout résistants à la striure: DMR-ESRW (90 jours) pour le sud, TZB-SRW (120 jours), TZESRW (90 jours) pour le nord. Les semences de ces trois variétés sont produites par la Direction de l'agriculture (DAGRI). Au Togo, trois variétés à pollinisation ouverte et à grain blanc sont utilisées: Ikenné, Pozarica et EV 43. La densité de population au semis s'élève à 62500 plants/ha, pour un écartement de

80 cm x 40 cm avec deux plants par poquet sans démariage. Un test de germination doit obligatoirement être fait par l'agent de vulgarisation agricole sur des lots choisis au hasard avant de distribuer la semence aux paysans. L'apport total en éléments fertilisants est de 74-46-28 kg/ha de N-P-K, que l'on obtient en utilisant 200 kg de 14-23-14 au plus tard 15 jours après le semis et 100 kg d'urée au plus tard 6 semaines après le semis. L'utilisation d'engrais minéraux n'exclut pas l'utilisation d'engrais organiques par divers moyens tel que le fumier, le compost ou l'engrais vert. La méthode d'application de l'engrais est importante. L'application à la volée n'est pas conseillée; le NPK, et surtout l'urée, sont appliqués en poquets et recouverts. Le sarclage à temps est un élément important dans la réussite de la culture, surtout dans la gestion de l'utilisation des engrais qui doivent servir aux besoins de la céréale et non des adventices. La technologie postrécolte met l'accent sur l'utilisation de cribs etroits faits de matériaux locaux. Le déspathage et le triage du maïs avant chargement sont recommandés.

La stratégie de vulgarisation agricole

Le paquet technologique recommandé doit être non seulement simple et fiable, mais aussi en harmonie avec les capacités financières des utilisateurs. Ainsi, quatre caractéristiques doivent nécessairement être liées à l'innovation: l'avantage relatif, la compatibilité, la simplicité et, surtout, la possibilité de l'observer et de l'évaluer (ROGERS, 1983). Pour ceux qui se décident tardivement date adopters) et les paysans très conservateurs (laggards) la possibilité d'observer, de voir l'innovation chez un voisin, puis de l'évaluer personnellement est le seul moyen de raccourcir le processus de décision en faveur de l'adoption.

La stratégie de vulgarisation agricole tourne autour de la parcelle de test de production (PTP): une parcelle de 5 000 m² appartenant au paysan volontaire à qui l'occasion est offerte de tester la technologie. Le paysan-partenaire peut ainsi comparer les pratiques agronomiques recommandées à celles qu'il pratiquait. «Ce qu'un paysan entend, il le croit rarement, ce qu'il voit sur la parcelle de son voisin, il peut en douter; mais ce qu'il fait lui-même, il ne peut le nier.»L'expérience personnelle de l'innovation est irremplaçable dans le processus de changement.

Un crédit intrant est proposé au paysan afin de faciliter l'évaluation de l'innovation et surtout de mitiger le facteur risque associé à chaque nouvelle approche, toujours présent et réel dans l'esprit du paysan. Ce crédit en nature est essentiellement composé de 10 à12 kg de semences améliorées, de 100 kg de NPK (14-23-14) et de 50 kg d'urée. Le traitement des stocks se fait avec de l'Actellic super poudre ou du Sofagrain poudre, à la dose de 50 g de produit pour 100 kg de maïs grain.

Le PSG 2000 n'est pas un programme de crédit aux paysans. Le crédit intrant n'est qu'un catalyseur devant permettre l'accès à l'innovation. D'ailleurs, dans le schéma de «graduation» ou de «libération paysanne», le paysan de deuxième année se doit de capitaliser afin de financer 50 % de ses besoins en intrants pour une PTP. Le paysan de troisième année se voit libéré ou gradué. Le PSG 2000 n'est pas non plus impliqué dans l'acquisition des terres, la préparation des parcelles et leur entretien; ces activités sont la contribution du paysan-partenaire.

Afin de faire passer le message de libération et surtout celui de capitalisation finacière, le PSG 2000 á recours à l'action coopérative, en collaboration avec les départements nationaux concernés et VACECA (Association des caisses d'épargne et de crédit d'Afrique). Chaque paysan abritant une PTP s'entoure d'une dizaine de paysans afin de former un groupement ou une association. Cependant, il n'est point besoin de créer d'autres groupements dans les milieux où des structures précoopératives ou coopératives existent et fonctionnent sans heurt. Un programme de formation et de suivi est mis en place afin de dynamiser les groupes et surtout de les amener à se prendre en charge à travers différentes formes de capitalisation financière devant aboutir à des caisses rurales d'épargne et de prêt (CREP).

Les paysans sont directement impliqués dans l'exécution quotidienne des PTP qui font partie intégrante de leur système de production et qui touchent un élément essentiel de leur survie: le maïs. La participation effective à l'évaluation technologique apporte un nouveau savoir-faire transformant les paysans en agents potentiels de vulgarisation. La proximité de communication, degré d'enchevêtrement du réseau de communication entre deux individus, est très élevée entre membres d'un même village, d'un même groupe, ou d'un même environnement culturel. L'information devrait circuler des paysans évaluateurs vers les autres et vice versa. Cette proximité de communication est amplifiée par les journées portes ouvertes et les visites organisées à l'intention de tous pendant la saison de production.

La PTP fait l'objet d'un suivi régulier où les variables agronomiques (variétés, semis, fertilisation, sarclage, récolte, etc.) sont mesurées. Les rendements sont présentés sur la base de 15 % d'humidité assurant un rendement à l'égrenage de 75 % et une humidité de 25 % à la récolte (BOXALL, 1980). Les récoltes ont été faites sur des échantillons de 100 m² répétés trois fois par PTP. Le gain en pourcentage a été calculé comme suit

(PTP - PP) / PP x 100

PP est la parcelle paysanne en comparaison avec la PTP.

Résultats et discussion

La faillite de l'agriculture itinérante

Entre 1989 et 1993, plus de 13 500 PTP ont été réalisées au Bénin et au Togo (figure 1). Autant de paysans ont pu tester la technologie et se faire une idée exacte des possibilités à leur portée. Le suivi de ces milliers de parcelles de test de production a permis de confirmer l'engouement et le dynamisme des paysans pour une approche parcitipative et programatique, mais aussi de déceler les faiblesses du système d'exploitation traditionnelle, surtout l'échec de la culture itinérante

La plupart des paysans impliqués sont propriétaires terriens. Dans le sud des deux pays, le nombre élevé de paysans sans terre, comparé au nord, s'est avéré un handicap sérieux dans la dissémination d'innovations à moyen ou long terme (par exemple l'engrais vert). La préparation du sol est toujours faite au coupe-coupe et au feu; l'utilisation de la traction animale est quasi inexistante dans le sud. Cependant, dans une région comme le Borgou au Bénin, elle touche 81 % des paysans impliqués dans le projet. Au-delà des différences régionales observées dans le système foncier et pour la préparation du sol, une réalité préoccupante s'est retrouvée pratiquement partout dans les deux pays. Entre 45 et 50 % des PTP sont précédées par le maïs ou le sorgho (figure 2); des valeurs aussi fortes que 84 % ont été observées par exemple dans le département de l'Atlantique au Bénin.

Le sorgho, bien connu pour son action allélopathique, est le pire des précédents pour le maïs. La culture continue de maïs, la faible utilisation de légumineuses (moins de 10 % chez les paysans suivis), la disparition critique des jachères illustrent la faillite de l'agriculture itinérante et l'hypothèque grandissante sur le capital foncier. Dans certains terroirs, les jachères ne sont plus seulement courtes, elles ont simplement disparu. Le mythe de la non-utilisation d'engrais sur céréales doit être brisé. L'utilisation d'engrais minéraux associée à l'amélioration de la matière organique par diverses techniques de restauration des sols s'impose. L'arrière-effet de la fertilisation de la culture de rente (par exemple le coton dans le nord) n'est pas valable pour l'élément minéral le plus limitant et le plus essentiel qu'est l'azote. Plusieurs publications mettent l'accent sur la nécessité de fertiliser le maïs. Le Mémento de l'agronome (1971) relève l'aspect limitant de l'acide phosphorique, qui serait rentable à des doses comprises entre 40 à 50 kg/ha. Quant à l'azote, une fourchette entre 20 et 180 kg/ha est avancée. L'apport de potasse est obligatoire pour les terres de barre du sud. L'ouvrage intitulé Fertilizers and their use (FAO, 1978) quantifie les exportations d'éléments fertilisants d'une récolte de maïs de 3 000 kg/ha à 72-36-54 kg/ha de NPK. Les besoins du maïs en éléments minéraux ne sont plus à démontrer, surtout quand des rendements économiquement rentables sont souhaités sans destruction du capital foncier. En définitive, il faut impérativement comme le dit si bien le professeur BELLONCLE (1993, comm. pers.), «des rotations agronomiquement équilibrées, économiquement rentables et sociologiquement acceptables».

Figure 1. Evolution du projet Sasakawa Global 2000 au Bénin et au Togo

Les rendements et la rentabilité des PTP

La performance des PTP a été supérieure à celle des parcelles traditionnelles, de façon consistante, à travers les deux pays. Un rendement moyen global de 3 000 kg/ha a été obtenu sur les PTP, comparé à presque 1 000 kg sans le paquet technologique, donnant un gain net de 200 % (figures 3 et 4). Les régions du nord du Bénin et du Togo ont eu de meilleurs rendements que celles du sud. Dans l'Atlantique, le Mono et l'Ouémé, l'effet de l'application de l'engrais a été mesuré avec la variété DMR-ESRW. La différence entre l'utilisation de la variété améliorée et l'utilisation de la variété améliorée + NPK n'a pas été significative. L'apport supplémentaire d'azote (urée) s'avère nécessaire pour obtenir le bénéfice complet du paquet technologique. Le DMR sans engrais a donné 1 978 kg/ha, 2 165 kg/ha en ajoutant du NPK, puis 2 971 kg/ha en ajoutant en plus de l'urée.

Une analyse de budget partiel a été faite avec les rendements moyens de maïs observés sur les PTP (tableau II).

Des taux marginaux de rentabilité de 169 % et de 175 % ont été trouvés respectivement pour le Bénin et pour le Togo.

Figure 2. Précédents culturaux au Bénin et au Togo

Figure 3. Rendement en maïs-grain des PTP et des PP (1989-1992)

Figure 4. Gains de rendement entre PTP et PP au Bénin et au Togo.

Tableau II. Analyse de budget partiel des PTP de maïs au Bénin et au Togo.

  Parcelles traditionnelles Parcelles test de production1
Bénin Togo Bénin Togo
Production moyenne en grain (kg/ha) 1 000 1 600 3000 3300
Coûts variables        
Semence2 (FCFA/ha) - - 2600 2600
Engrais3 -      
NPK (FCFA/ha) - - 18000 13000
Urée (FCFA/ha) - - 9000 6500
Travail additionnel4 -      
Personne x jour/ha - - 20 20
x 750 FCFA/jour - - 15000 15000
Total (FCFA/ha) - - - 44600 37100
Revenus bruts5        
(FCFA/ha) 60 000 96 000 180 000 198000
Bénéfice marginal net        
(FCFA/ha) - - 75400 64900
Taux marginal de rentabilité - - 169 175
  1. Parcelles de test de production: variété améliorée à pollinisation ouverte, semis en ligne, sarclages, application NPK + urée (74 46-28 kg/ha)
  2. 20 kg/ha, au prix de 130 FCFA/kg de semence améliorée.
  3. Prix du NPK et de l'urée: 90 FCFA au Bénin, 65 FCFA au Togo.
  4. Travaux additionnels pour le semis en ligne, le sarclage, l'application d'engrais, la récolte, l'égrenage et le stockage.
  5. Prix du maïs-grain: 60 FCFA/kg. Production moyenne, 1989-1992.

L'application partielle de l'innovation, en termes de réduction de l'engrais ou de sa suppression totale couplée à l'utilisation de variétés améliorées, est risquée. Malgré le taux marginal de rentabilité de 425 % pour l'utilisation simple de variétés améliorées, un accent particulier doit être mis sur le danger de cette pratique. L'utilisation de variétés améliorées, à forte densité de population, sans engrais, avec un mauvais précédent cultural, conduit tout simplement à la destruction des sols, surtout quand l'état des terres de barre du sud du Bénin et du Togo nous interpelle tous. L'utilisation d'un engrais vert comme le mucuna, afin de combattre le chiendent et d'améliorer la fertilité, s'impose comme l'innovation incotournable du futur, Le mucuna en nous quant entre 50 et 10 kg d'azote à l'hectare (SMYTH et al., 1991), peut permettre de réduire les quantités d'engrais minéraux sans provoquer la baisse des rendements. Des PTP semées dans l'Ouémé et l'Atlantique sur précédent mucuna en jachère améliorée d'un an ont donné des rendements moyens de 2 100 kg/ha sans apport d'engrais minéraux. Un taux marginal de rentabilité de 110 % a été calculé en intégrant cette pratique et un apport de 37-23-14 kg/ha de NPK pour un rendement moyen de 3 000 kg/ha de maïs-grain. En adoptant une rotation incluant le mucuna, le paysan peut réduire ses apports en engrais minéraux, exécuter le paquet technologique et éviter les effets pervers de la dévaluation du franc CFA. Au taux du dollar actuel (15 janvier 1994), la tonne de maïs sur le marché mondial vaut 56 000 FCFA, (environ 2,3 dollars par boisseau), comparés à 27 000 FCFA en octobre 1993. Cette nouvelle situation en faveur du maïs africain pourrait ouvrir des lendemains meilleurs pour notre agriculture.

Conclusion

L'exécution du paquet technologique a permis de démontrer les possibilités d'une agriculture moderne capable d'améliorer la productivité sans hypothéquer le futur. L'une des grandes leçons a été la réceptivité des paysans. Le nombre de paysans qui ont appliqué l'innovation à leurs propres frais en imitant leur voisin a dépassé toutes les attentes. Le chiffre moyen de 3 000 à 3 500 paysans par an s'est révélé insuffisant devant le nombre deux fois plus grand de paysans désireux de participer. Cela est la preuve éclatante de la volonté réelle du monde rural d'opter pour le changement, surtout quand ce dernier va dans le sens de sa préoccupation. Il existe d'autres aspects non moins importants du PSG 2000, tels que l'action coopérative ou la technologie postrécolte que nous n'avions pu décrire dans ce document. Néanmoins, nous retiendrons l'existence d'une formidable dynamique chez les paysans. L'innovation ne sera une réalité que quand elle apportera des solutions concrètes, abordables et surtout capables d'élever le niveau de vie ou le pouvoir d'achat des utilisateurs.

Références bibliographiques

ADANDÉ A.-S., 1984. Le maïs et ses usages au Bénin méridional. Agence de coopération culturelle et technique, Les nouvelles éditions africaines, 100 p.

BOXALL R.A., 1986. A critical review of the methodology for assessing farm-level grain losses after harvest. London, Tropical Development and Research Institute, 13 9 p.

CIMMYT (CENTRO INTERNACIONAL DE MEJORAMIENTO DE MAÍZ Y TRIGO, 1990. 1989/90 CIMMYT world maize facts and trends: Realizing the potential of maize in Sub-Sahara Africa. Mexico, D.F., CIMMYT.

DOWSWELL C., 1993. Le projet agricole Sasakawa Global 2000 au Bénin et au Togo. Tokyo, Atlanta, Association Sasakawa pour l'Afrique, 21 p.

FAO (Food and Agriculture Organization), 1978. Fertilizers and their use. A pocket guide for extension officers. Rome, Italie, FAO, 51 p.

MINISTÈRE DE LA COOPÉRATION et du développement, 1971. Mémento de l'agronome. France, BDPA et GERDAT, 1591 p.

ROGERS E.M., 1983. Diffusion of innovations, New York, The Free Press, 453 p.

SMYTH T.J., GRAVO M.S., MELGAR R.J., 1991. Nitrogen supplied to corn by legumes in central amazon oxisol. Tropical Agriculture (Trinidad), 68 (4): 366372.


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