D’après une enquête menée en 1992, le bois de feu et le charbon de bois qui approvisionnent la ville de N’Djaména sont collectés dans un rayon allant jusqu’à 100 à 150 km autour de cette ville, avec une distance moyenne de collecte de l’ordre de 80 km.
Les activités de coupe de bois et de production de charbon de bois occupent un total estimé à 9.000 personnes par an.
La coupe est effectuée par les paysans à temps partiel, ainsi que par des bûcherons engagés par les transporteurs de bois.
La carbonisation du bois est réalisée par la méthode traditionnelle de la meule en terre. C’est une méthode qui ne nécessite aucun autre frais que la main d’œuvre ; son rendement est faible, estimé à 15%.
Ainsi le bois coupé et le charbon fabriqué sont transportés des lieux de collecte jusqu’à N’Djaména essentiellement par véhicule (camions et camionnettes), et dans une moindre mesure par pirogue lorsque la navigation fluviale est possible. En revanche, les moyens de transport non motorisés, et notamment les ânes, les pousse-pousse, les vélos… jouent également un rôle non négligeable dans l’approvisionnement en bois énergie de la capitale.
Le réseau de distribution de N’Djaména compte entre 1.000 et 2.000 points de vente situés dans les marchés, les terrains vagues ou coins de rue et les berges du fleuve Chari.
Plusieurs facteurs limitent l’organisation de la collecte et la distribution des combustibles ligneux, parmi lesquels il y a :
Au Tchad, comme dans bon nombre d’autres pays subsahariens, le régime foncier est compliqué du fait de la coexistence des lois officielles et des droits islamique et coutumier. La législation officielle est celle qui publiée et approuvée par l’Etat. Le droit islamique stipule qu’une personne a le droit d’exploiter gratuitement les ressources naturelles pour son propre usage, ces ressources appartiennent à tous ceux qui vivent dans la société. Le droit coutumier est plus proche des pratiques traditionnelles les sultans locaux, les chefs de village, etc. Dans bien des cas l’application de ces lois ne pose pas de problème particulier, mais le problème se pose lorsque survient un différend entre lois de systèmes différents. L’exploitation des combustibles ligneux offre un bon exemple : l’administration centrale délivre aux transporteurs un permis d’exploitation de bois dans certains villages, sans le consentement (ou sans même en discuter avec) des villageois qui estiment qu’il s’agit de leur propre ressource.
4.2. La législation forestière
L’ambiguïté des droits d’utilisation et de propriété des terres constitue l’un des obstacles à l’amélioration de leur gestion. La législation en vigueur stipule que la terre appartient à l’Etat, tout en reconnaissant aux groupes traditionnels et aux individus certains droits d’utilisation et de propriété. Cette ambiguïté s’est soldée par trois difficultés de taille :
Les groupes privés qui exploitent les ressources forestières à des fins commerciales ne se préoccupent pas de maintenir la base de ces ressources, car ils ne se sentent pas du tout propriétaires ;
Les agents forestiers n’imposent pas de restrictions sur l’exploitation de bois ;
Les villageois ne peuvent pas refuser aux exploitants forestiers l’accès aux ressources de leur territoire.
En réalité, l’administration forestière reflète davantage la pratique actuelle que la législation en vigueur et la majeure partie des activités de l’exploitation commerciale de bois échappe à la fiscalité. Le contrôle de l’exploitation des ressources forestières et de transport étant sporadique.
Le Tchad ne dispose pas d’un personnel suffisant en quantité et en compétence pour une gestion efficace de ses ressources forestières. On ne recense que 283 agents toutes catégories confondues. Le personnel à qui il incombe l’exécution des programmes forestiers et de servir de conseiller technique ne représente que 16% du total, ce qui implique que chaque agent forestier doit couvrir en moyenne une superficie de 29.000 km². Les aides forestiers, les préposés forestiers et les surveillants contractuels n’ont qu’une compétence réduite. Pour avoir un personnel compétent et motivé, le Gouvernement doit mettre en place plusieurs types de programmes de formation, tant dans le pays qu’à l’étranger et à tous les niveaux de compétence ; notamment en vulgarisation – conseil. Les services des eaux et forêts devraient en effet stimuler et aider les villageois à mettre au point des systèmes de gestion leur permettant d’assumer efficacement leur responsabilité.