VISION DU SECTEUR FORESTIER EN 2020
L’évolution du secteur forestier en 2020 est conditionnée par la situation de l’exploitation actuelle des ressources forestières.
Dans l’étude de prospective du secteur forestier centrafricain, la vision pour le futur est posée en terme de la disponibilité. L’identification des problèmes liés à l’aménagement des forêts, la mise place des stratégies environnementales et de biodiversité, montrent les efforts consentis pour l’amélioration et la préservation des ressources forestières. Cependant, les interrogations sur l’accroissement démographique, l’afflux des réfugiés étrangers, les conséquences de la pauvreté, l’immigration des populations à la recherche de bonnes terres, les modes d’exploitation peu durables sont des facteurs d’incertitudes qui amène à réfléchir.
Face à cette situation, peut-on affirmer si les ressources forestières actuelles sont-elles suffisantes pour répondre de manière durable aux exigences environnementales, écologiques, économiques et sociales du pays ? Telle est la question clé qui se pose afin de guider les réflexions sur la vision future du secteur forestier.
Scénarios sur les possibilités des facteurs de stabilité
Scénario 1 : Exploitation et Aménagement durable des forêts
Données sur l’état des ressources forestières
Les formations forestières centrafricaines se répartissent en deux blocs :
Des formations forestières feuillues denses humides sempervirentes du sud-est et du sud-ouest sont estimées à 5 300 000 ha convoitées par les sociétés forestières pour l’exploitation des grumes et du sciage ;
De grandes savanes arborées et arbustives que l’on retrouve sur les ¾ du pays constituant ainsi une réserve en bois de chauffe, de charbon de bois, de bois de service et de cueillette de produits forestiers non ligneux.
Critères d’exploitation durable des forêts.
Les surfaces sont concédées aux sociétés forestières pour une durée illimitée. Elles concernent essentiellement les forêts de production situées au sud-ouest de la RCA. Pour le moment, les forêts de production de Bangassou à l’est ne sont pas attribuées. Cette possibilité permet à la RCA de disposer encore du potentiel ligneux exploitable pour l’avenir.
Selon les prescriptions du cahier de charges du code forestier, 34 essences sont commercialisables. Les sociétés forestières exploitent seulement une dizaine d’essences composées principalement de méliacées (sapelli, sipo, kossipo, tiama, dibétou). A cela s’ajoutent des espèces comme l’ayous, l’aniégré, l’iroko.
Pour amener les exploitants forestiers à respecter les conditions d’exploitation fixées par la législation, le ministère chargé des forêts a interdit des coupes d’arbres de diamètre inférieur à 80 cm. Cette norme permet d’une part de ne pas gaspiller la ressource et d’autre part respecter les règles d’aménagement durable des forêts. Voir en annexes le tableau 5.2.7 Situation des PEA attribuées.
Surface et production des forêts plantées
S’agissant des forêts plantées, les travaux de reboisement ont commencé à partir de 1960. A partir de 1972, les travaux de reboisement ont réellement démarré. Les principales essences utilisées sont celles à croissance rapide dont la révolution est estimée à 40 ans. Jusqu’à présent aucun travail de dentrométrie n’a été réalisé dans les reboisements pour connaître le volume et la production.
Les objectifs d’établissement des reboisements et les régimes annuels de plantation sont mal connus et pas clairement définis pour satisfaire les besoins liés à l’approvisionnement en bois de chauffe et de service, à la conservation des sols, l’érosion des sols, les bassins versants ainsi que la protection du régime hydrographique.
Globalement sur 16 préfectures, 13 préfectures possèdent un reboisement ou une forêt classée ou sacrée. Voir en annexe le tableau 5.2.2 Situation des périmètres reboisés.
Biodiversité et protection des forêts
Le Gouvernement centrafricain a ratifié la Convention sur la diversité biologique issue de la Conférence des Nations Unies à Rio de Janéiro du 3 au 14 juin 1992. Cette ratification a permis la mise en place d’une Stratégie Nationale et d’un Plan d’Action en matière de la diversité biologique. Elle permet de diagnostiquer l’état de la diversité biologique, la conservation des ressources biologiques terrestres et aquatiques, le partage juste et équitable des bénéfices générés par leur exploitation, la gestion et l’utilisation durable des éléments de la biodiversité, la préservation des espèces animales.
Selon le rapport national de la RCA à la CNUED en 1992, l’évolution des espèces végétales resterait stationnaire entre 1977 et 2020. Le tableau suivant montre la tendance.
|
Espèces |
1997 |
1985 |
1995 |
2000 |
2020 |
|
Plantes vasculaires |
3 600 |
3 600 |
3 602 |
3 602 |
3 608 |
|
Espèces endémiques |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
|
Espèces commerciales |
27 |
27 |
27 |
27 |
35 |
Source : Rapport national RCA à la CNUED 1992 (données optimisée) tirée du PNAE 1996.
Les différents écosystèmes forestiers sont tous assujettis aux nombreuses pressions de tout genre et ces menaces altèrent la qualité et la quantité de l’habitat ainsi que la raréfaction des ressources animales génétiques, la dégradation des sols, la menace des bassins versants, la lutte contre la désertification et le problème de stockage de carbone.
La protection des forêts est liée aux facteurs d’ordre écologique, pionnière ainsi qu’au partage des bénéfices découlant de l’exploitation des ressources forestières. Les menaces qui pèsent sur les forêts sont celles attachées aux pressions anthropiques et calamités naturelles qui perturbent et dégradent les différents écosystèmes forestiers
Durabilité et gestion de la rente forestière
La gestion des plantations et des forêts classées relève de l’Office National des Forêts sous tutelle du département des Eaux et Forêts. Plusieurs restructurations ont été opérées depuis les années 60 pour parvenir à la création en 1993 du Fond de Développement Forestier et Touristique (FDFT) pour gérer les versements issus des taxes forestières des sociétés forestières, fauniques et touristiques.
Ce fonds finance des programmes d’aménagement forestier tels que le reboisement, la régénération des forêts, la restauration des sols, l’agroforestierie et la lutte contre la désertification. Il contribue aux programmes de protection, de gestion et de conservation de la biodiversité des ressources génétiques forestières. Il contribue également à financer les programmes de développement touristique dans l’arrière pays.
Scénario 2 : Conservation et Protection parcs nationaux et faune sauvage
Etat des lieux
La superficie totale des parcs nationaux et réserves de faune représente 11% de la superficie de la RCA. La plupart de ces aires protégées sont situées dans le Nord-Est où la densité de la population est faible (0,5 hbt/km2). L’objectif global est la mise en valeur de la richesse et de la diversité des ressources fauniques.
L’ensemble des aires protégées présente 2 particularités :
Elles sont toutes situées en zone soudanienne ou sahélo-soudanienne ;
Elles sont situées sur les frontières ce qui ne laisse sans dire d’énormes problèmes de surveillance et de braconnage.
La République centrafricaine compte actuellement les aires protégées suivantes :
4 parcs nationaux
2 réserves naturelles intégrales
1 réserve spéciale
1 parc présidentiel
1 réserve de biosphère
7 réserves de faune
Voir en annexes le tableau 5.2.4 Situation des aires protégées en République centrafricaine.
Faune sauvage et apports économiques
Les recettes dégagées au cours de l’année 1999 en matière de faune montrent bien la place du secteur faune dans l’économie nationale. Une étude effectuée en 1988 montre que la consommation de la viande du gibier est estimée à 11 kg/ht contre 16 kg/ht de viande bovine. Cette estimation témoigne de la pression de chasse exercée sur la faune à différents niveaux du territoire centrafricain.
Les opérateurs économiques manifestent leurs intérêts à différentes échelles :
Certains s’investissent dans les sociétés de safari de chasse ;
D’autres, dans la vente des engins et munitions de chasse ;
Plusieurs trouvent la filière chasse bon marché pour le ravitaillement des villes ;
Enfin ceux qui interviennent pour la réglementation et la lutte antibraconnage.
On note une réduction très nette des espèces animales qui sont très menacées. De manière générale, les espèces intégralement protégées subissent une réduction très sensible de l’ordre de 4,3% entre 1977 et 1995 et atteindrait 3,6% entre 1995 et 2020.
|
Espèces |
1977 |
1985 |
1995 |
2000 |
2020 |
|
Rhinocéros noir |
190 |
0 |
0 |
0 |
0 |
|
Eléphant |
2 550 |
569 |
356 |
200 |
550 |
|
Buffle |
7 380 |
1 559 |
2 959 |
3 753 |
5 000 |
|
Bubale |
6 090 |
6 332 |
4 231 |
2 084 |
2 500 |
|
Damalisque |
480 |
643 |
331 |
125 |
100 |
|
Cob defassa |
330 |
594 |
694 |
752 |
600 |
|
Cob de buffon |
2 520 |
3 513 |
2 413 |
1 254 |
1 000 |
|
Hippotrague |
640 |
<
FONT SIZE=2> 470 |
350 |
156 |
120 |
|
Elan de derby |
950 |
149 |
94 |
45 |
50 |
Source : Rapport national RCA à la CNUED 1992 (données optimisée) tirée du PNAE 1996.
Scénario 3 : Industrialisation du secteur forestier
Hypothèses sur les produits forestiers
En 1947, les premières sociétés forestières étaient de petites unités de transformation destinées à l’approvisionnement des marchés locaux. On dénombrait seulement 20 sociétés concentrées dans les préfectures du Sud-Ouest. Voir en annexe le tableau 5.2.6.
Depuis la mise en place du nouveau code forestier en 1990, les permis d’exploitation temporaires (PTE) concédés aux sociétés forestières deviennent des permis d’exploitation et d’aménagement (PEA). Voir en annexe le tableau 5.2.7.
La croissance moyenne enregistrée montre une évolution dans la variation de la production, l’exportation et la consommation intérieure constatées les 5 dernières années.
Croissance moyenne de la production, exportation et vente locale 1995-1999
|
PRODUCTIONS |
Variation en milliers de m3 |
|
Grumes |
62 |
|
Sciages |
2 |
|
Contreplaqués |
0,2 |
|
EXPORTATIONS |
|
|
Grumes |
16 |
|
Sciages |
7 |
|
Contreplaqués |
0,3 |
|
VENTE LOCALE |
|
|
Sciages |
2 |
|
Contreplaqués |
0,02 |
|
RECETTES |
en milliards de F CFA |
|
Export Grumes |
1,8 |
|
Export Sciages |
1 |
|
Export Contreplaqué |
0,02 |
Source : calcul sur la base des estimations statistiques de la DEC (MEEFCP)
Ces données ont été obtenues à partir des statistiques de la production, exportation et vente locale de 1995 à 1999. Cette référence servira de base pour le calcul de la projection de la production, exportation et vente locale pour 2020. Elle permet aussi de dégager les recettes à l’exportation.
Evolution des productions, exportations, ventes locales et recettes en 2020
|
1999 |
2000 |
2001 |
2005 |
2010 |
2015 |
2020 |
|
|
Productions en milliers de m3 |
|||||||
|
Grumes |
552,8 |
720 |
750 |
814 |
895 |
978 |
1058 |
|
Sciages |
78,8 |
144 |
150 |
158 |
170 |
182 |
200 |
|
Contreplaqués |
1,6 |
3,6 |
3,8 |
4,6 |
5,8 |
7,1 |
8,5 |
|
Exportations en milliers de m3 |
|||||||
|
Grumes |
153,7 |
108 |
112,5 |
177 |
256,7 |
337,5 |
418 |
|
Sciages |
64,1 |
72,4 |
76,2 |
104,5 |
140 |
175,3 |
210,7 |
|
Contreplaqués |
0,6 |
0,43 |
0,45 |
1,65 |
3,1 |
4,6 |
6,5 |
|
Ventes locales en milliers de m3 |
|||||||
|
Sciages |
17,3 |
37,2 |
38,8 |
47,2 |
57,2 |
69,6 |
80,4 |
|
Contreplaqués |
1,5 |
2,3 |
2,5 |
3,3 |
4,2 |
5,8 |
7,1 |
|
Recettes à l’exportation en milliards de F CFA |
|||||||
|
Grumes |
17,2 |
20,3 |
22,1 |
29,3 |
39,7 |
49,1 |
69,4 |
|
Sciages |
10,5 |
11,6 |
13,2 |
17,8 |
23 |
29,1 |
39,7 |
|
Contreplaqués |
0,5 |
0,52 |
0,6 |
6,1 |
6,2 |
7,9 |
8,3 |
Source : Calcul sur la base des estimations statistiques de la DEC (MEEFCP). Valeur optimisée.
Pour répondre aux objectifs d’une exploitation durable, les équipements de transformation et les capacités de transformation des différentes unités doivent répondre aux conditions et aux exigences du code forestier centrafricain.
11 industries forestières
8 scieries fixes
1 scierie mobile
1 scierie en construction à Ngotto (PEA 169)
1 déroulage
3 350 979 ha de forêts attribuées en PEA
Diversité des échanges commerciaux
Les marchés desservis par le commerce du bois sont de plusieurs ordres :
Le marché local pour la satisfaction des besoins des populations. Les produits destinés pour ce type de marché sont le sciage et les contreplaqués. Mais les prix sont extrêmement chers et peu accessibles aux ménages ;
Le marché de la CEMAC pour le sciage et le contreplaqué en plein développement ;
L’Union européenne : France, Allemagne, Espagne, Angleterre, Italie, Portugal, Belgique sur les grumes, le sciage ;
Le marché de l’Asie : Chine, Inde, Corée, Turquie sur les grumes ;
Le marché régional : Maroc, Tunisie, Soudan, Afrique du Sud sur les grumes et le sciage.
Scénario 4 : Cadre institutionnel
La mise en oeuvre de la politique forestière doit passer par un cadre institutionnel et juridique performant pour atteindre les objectifs fixés.
De 1960 en 1973, les Eaux et Forêts étaient sous tutelle du Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage. En 1973 les Eaux et Forêts se séparent du Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage et devient l’institution en charge des forêts et de la faune sauvage.
La structure administrative du Ministère de l’Environnement, des Eaux, Forêts, Chasses et Pêches provient des nombreuses dénominations. La réforme du secteur forestier par le biais des décrets n° 95.224 du 1er août 1995, ensuite le décret n° 89.258 du 26 octobre 1989 et enfin le décret n° 98.023 du 12 février 1998 ont permis la restructuration et l’organisation du Ministère de l’Environnement, des Eaux, Forêts, Chasses et Pêches et fixant les attributions du Ministre. L’organigramme comporte :
1 poste d’Inspection Générale ;
1 poste pour les Chargés de mission ;
1 poste de Secrétariat Général avec 2 Cellules (Cellule affaires juridiques et Cellule communication) ;
Directions Générales ;
8 Directions Centrales ;
16 Divisions Forestières provinciales ;
24 Services.
D’autres textes réglementaires viennent appuyer le code forestier centrafricain. Il s’agit de :
Ordonnance n°80.074 du 20 août 1980 portant modification du tarif des douanes sur les bois exportés ;
Le décret n°91.018 du 2 février 1991 fixant les modalités d’octroi des permis d’exploitation et d’aménagement en matière forestière qui essaie d’instaurer l’équilibre exploitation et aménagement ;
Instructions présidentielles n°0001/90.PR du 16 mars 1990 ;
Loi n°90.001 arrêtant le budget de la république centrafricaine pour l’exercice 1990 : dispositions relatives aux recettes de l’Etat ;
Cahier des charges concernant le permis d’exploitation et d’aménagement (PEA).
En matière de chasse, l'ordonnance n° 84.045 du 27 juillet 1984 portant protection de la faune sauvage et réglementant l'exercice de la chasse en République centrafricaine précise la place du patrimoine faune dans l’économie nationale : "la faune en République centrafricaine est partie intégrante du patrimoine national. Il est du devoir de tout un chacun de veiller à sa sauvegarde".
Hypothèses liées aux incertitudes des facteurs de stabilité
Moyens humains pour la mise en oeuvre de la po litique forestière
La restructuration de l’organigramme pose d’énormes problèmes d’effectifs en personnel qualifié. Le département des Eaux et Forêts dispose en tout 350 cadres et agents dont 28% d’Ingénieurs cadres, 27% de personnel technique (techniciens supérieurs et agents) et 36% de gardes forestiers.
L’organigramme concentre plus son effectif au niveau central ce qui pourrait éloigner l’administration des vrais problèmes de développement et de réalité de terrain. Il y a une absorption énorme des cadres techniques par les projets sous tutelle dont les actions ne sont pas toujours en cohésion avec les divisions et le service central.
Certains cadres sont désignés à certains postes de responsabilité sans se référer aux compétences qualificatives ni aux expériences professionnelles. Le personnel de terrain reste insuffisant pour répondre aux exigences de la mise en oeuvre de la politique forestière cadre institutionnel (scénario 4).
Enfin, il n’existe pas véritablement une politique de formation et de recyclage des cadres et agents du département ce qui suppose une tendance à la démotivation. Cette situation est aggravée aussi par le manque de professionnalisme, de corruption et de laxisme.
Ampleur du déboisement face au problème du bois de chauffe et de changement climatique
Outre la pression sur les animaux et les ressources halieutiques, les ressources forestières subissent les pressions liées à la déforestation et la poussée du front pionnier. La question est de savoir si les reboisements actuels suffisent à compenser les déficits liés aux prélèvements divers ? Il a constitué un grave sujet de préoccupation au niveau national.
Le déboisement serait un facteur d’incertitude structurelle liée aux besoins en énergie domestique, en bois de construction, en commerce, à la paupérisation des ménages urbains et ruraux enfin à la recherche de bonnes terres (problème de fertilité des sols). Il contribue aussi à freiner les efforts consentis dans l’exploitation et l’aménagement durable des forêts (scénario 1).
Le problème est de savoir si la part réservée à l’exploitation forestière contribue effectivement à un problème d’autre majeur ? Au rythme actuel de l’exploitation forestière en République centrafricaine, les prélèvements des arbres sont de l’ordre de 1 à 2 pieds à l’ha.
Hypothèses de l’évolution du déboisement (en milliers d’ha)
|
Domaines |
1965 |
1985 |
1996 |
2005 |
2020 |
|
Steppes sahéliennes |
5 |
25 |
|||
|
Steppes soudano-sahéliennes |
14 000 |
19 200 |
35 000 |
45 000 |
49 000 |
|
Savanes herbeuses et Savanes soudaniennes |
534 800 |
538 000 |
540 000 |
544 195 |
548 175 |
|
Forêt dense |
79 000 |
70 000 |
52 000 |
40 000 |
30 000 |
Source : Estimations PNAE 1996
Les surfaces forestières se réduisent de 2,5% entre 1985 et 1996 et 2% entre 1996 et 2020 en faveur des savanes. Le processus de savanisation progresse lentement de 0,01% entre 1985 et 1996 et de 0,2% entre 1996 et 2020. Quant aux steppes, elles progressent lentement sous l’effet des feux de brousse et le surpâturage.
Les ménages centrafricains utilisent encore le bois comme source d’énergie. On suppose pour la forêt dense du sud-ouest, les études donnent 1500 ha de déforestation par an pour satisfaire les besoins en bois de feu pour la ville de Bangui.
Estimation de la surface déboisée par an pour la satisfaction des besoins en bois de feu pour la ville de Bangui.
|
1985 |
1990 |
1995 |
2000 |
2005 |
2010 |
2015 |
2020 |
|
|
Superficie supposée déboisée (ha/an) |
1 500 |
7 500 |
15 000 |
22 500 |
30 000 |
37 500 |
45 000 |
52 500 |
Source : Estimation sur la base de la superficie déboisée
Outre les problèmes liés au bois de chauffe et de commerce, il y a les problèmes liés aux changements climatiques. Un inventaire national a été réalisé et les différents secteurs vulnérables ont été identifiés : poussée pionnière, changement et affectation de terres et foresterie, les déchets, transport et énergie. Il s’avère que la République centrafricaine est un puits de gaz à effet de serre puisqu’il emmagasine du carbone. Les stratégies relatives au maintien du couvert forestier sont engagées pour répondre aux préoccupations actuelles sur les conséquences sur l’ozone.
Disfonctionnement des structures administratives dans la gestion de la faune sauvage
Le scénario 2 pour une meilleure conservation et une gestion de la faune reste souvent confronté au problème lié aux ressources humaines pour appliquer la législation en matière de faune, aux moyens matériels pour une intervention rapide sur le terrain et surtout au disfonctionnement des structures administratives qui interviennent dans la filière faune.
Pour assurer une bonne gestion de la faune, le département des Eaux et Forêts est appelé à intervenir dans les domaines suivants :
Établir un inventaire pour mieux connaître la disponibilité de la ressource faune ;
Améliorer les méthodes actuelles de prélèvement et les techniques de capture ;
Définir un programme de chasse et de commercialisation des produits en impliquant plus les villageois dans la filière et en les responsabilisant sur leur territoire ;
Promouvoir les utilisateurs de la ressource faune qui se conforment aux règles de gestion et de commerce et qui utilisent les engins légaux ;
Impliquer l’administration locale ;
Surveiller l’exploitation forestière qui pourrait être une source de destruction de la faune en milieu forestier. Cependant des négociations peuvent se tenir avec les responsables des sociétés forestières pour limiter les prélèvements ;
Instaurer une politique de création de safari de chasse pour une bonne intégration des villageois et obtenir leur adhésion totale ;
Promouvoir l’écotourisme.
Les aires protégées souffrent du manque de moyens humains, matériels et financiers pour assurer une bonne surveillance. Vu l’effectif des agents du ministère, ce dernier fait appel aux privés ou aux projets de conservation pour appuyer en matière de protection de la faune.
Amélioration de la technologie et du rendement
Le scénario 3 pose un véritable problème d’utilisation de la ressource forestière. Les hypothèses liées à ce scénario sont d’autant plus utiles pour les décideurs que pour la ressource elle-même. Les incertitudes liées à la situation actuelle des industries forestières et aux échanges commerciaux ne peuvent obtenir d’impacts que si les niveaux des technologies, du rendement et de compétitivité sont améliorés.
Les technologies utilisées dans les industries forestières restent du domaine de première transformation. Les sciages assortis de la transformation des grumes sont stockés sous hangar ou à l’air libre. En raison de la non-performance des machines, les industries forestières brûlent du bois qu’elles ne peuvent pas récupérer. Le rendement technologique moyen estimé de 45%.
|
Sociétés |
THANRY |
SEFCA Mbaéré |
IFB Batalimo |
SCAD |
SESAM Nola |
|
Rendement |
75% |
70% |
65% |
55% |
40% |
Source : Données de terrain communiquées par les sociétés forestières
Ces rendements se justifient par :
Le non-renouvellement des machines et des outillages ;
L’amélioration des performances des unités de transformation ;
La formation des agents et cadres des scieries aux nouvelles techniques ;
La récupération et la transformation des pièces en plusieurs dimensions utilisables sur le marché locale.
La compétitivité et les avantages comparatifs du commerce du bois sont liés à 3 situations :
D’une part l’éloignement de la Centrafrique à la mer pour l’évacuation des produits forestiers ; les forestiers centrafricains préfèrent exporter les grumes que de les transformer sur place ;
D’autre part les taxes de tout ordre affecté sur l’exportation du bois ;
Enfin, la compétitivité liée à la transformation sur place des produits semi-finis aux normes internationales pour plus value sur le produit.
Problèmes majeurs liés aux acteurs dans la gestion et l’exploitation des ressources forestières
Ces problèmes sont réels et liés surtout à la paupérisation touchant les couches les plus vulnérables. Ces problèmes touchent l’exploitation anarchique des ressources naturelles, le déboisement des forêts, la perte des riches écosystèmes fragiles et diversifiés, la dégradation des sols et des ressources halieutiques, les problèmes de pollution atmosphérique, la paupérisation dans un cadre de vie plus générale.
Ces enjeux majeurs sont les conséquences de manque de données sur les différents problèmes ainsi que l’attitude des différents acteurs concernés.
Les populations ont une grande responsabilité dans la restructuration forestière. Si l’ancien législateur mettait l’accent sur la répression et reconnaissait peu les pouvoirs des communautés locales, celui du nouveau code forestier a introduit la notion de partenariat en se focalisant sur la gestion des conflits sur l’usufruit. Les communautés locales ont des devoirs et des obligations.
Devoir : de préserver la ressource forestière par un comportement responsable et limiter les destructions abusives et non contrôlées (utilisation d’armes prohibées, les câbles métalliques, la chasse avec les produits chimiques, les empoisonnements des cours d’eau, etc.) ;
Obligation : de protection et de conservation à long terme des ressources pour aujourd’hui et pour les générations futures.
Facteurs exogènes pesant sur l’exploitation des ressources forestières
Situations des groupes vulnérables et exposés
Situation des groupes marginaux
Ces groupes concernent surtout les jeunes, les femmes, les peuhls, les pygmées. Les attentes et les craintes de cette catégorie de groupes visent surtout l’accès aux ressources forestières pour leurs besoins essentiels. La destruction des ressources et la dégradation de la collecte des produits forestiers non ligneux, la production agricole et le surpâturage laissent la plupart de ces groupes hors de des décisions. Il serait important de les associer pour mieux connaître leurs problèmes.
Exploitants
On trouve les forestiers, les miniers, les orpailleurs, les fermiers. Ils exploitent les ressources naturelles pour satisfaire les besoins des marchés mais en retour ils investissent peu pour la régénération. Leurs attentes restent liés aux facilités d’investissement, la réduction des taxes et la sécurité de leur entreprise. Ils apportent des appuis dans le domaine social et contribuent à résorber le chômage.
Groupes traditionnels
Les agriculteurs, les éleveurs, les chasseurs et les pêcheurs vivent pour la plupart des ressources forestières. Leur savoir-faire font d’eux des gestionnaires empiriques des ressources naturelles. Ils sont souvent attentifs aux nouvelles règles.
Décideurs et bailleurs de fonds
Les décideurs et les bailleurs de fonds sont une catégorie d’acteurs agissant pour réguler l’utilisation abusive des ressources naturelles. Ils mobilisent les moyens et les ressources disponibles pour répondre aux attentes des autres partenaires intervenant sur la filière. L’aggravation de la pauvreté, l’insécurité et la croissance démographique impliquent des mesures macro économiques et la mise en place d’une politique appropriée pour la gestion des ressources forestières.
Réfugiés
La République centrafricaine est un pays d’accueil de beaucoup de réfugiés et immigrants. Cet afflux ne va pas sans conséquence sur la gestion des ressources naturelles. Les effectifs des réfugiés enregistrés par le Haut Commissariat aux Réfugiés montrent une évolution constante. Selon le même rapport, l’hypothèse de l’évolution montre une pression croissante. Ces réfugiés sont concentrés vers Mongouba, Botombi, Kaga Bandoro, Mboki. Cette présence influe sur l’utilisation abusive des ressources naturelles telle la faune, les produits forestiers non ligneux, les animaux sauvages, l’agriculture désordonnée, les coupe de bois pour la vente.
(en millions)
|
1990 |
1995 |
2000 |
2005 |
2020 |
|
|
Femmes |
1,4 |
1,6 |
1,9 |
2,2 |
4,0 |
|
Jeunes |
1,9 |
2,0 |
2,3 |
2,6 |
4,8 |
|
Pygmées |
0,03 |
0,05 |
0,06 |
0,07 |
0,11 |
|
Peuhl |
0,06 |
0,08 |
0,09 |
0,10 |
0,17 |
|
Artisans |
0,10 |
0,12 |
0,14 |
0,16 |
0,25 |
|
Réfugiés |
0,06 |
0,03 |
0,05 |
0,09 |
0,2 |
Source : Rapport HCR tiré du PNAE 1996,données optimisée après enquêtes
Sécheresse
Dans le nord du pays, les quantités de pluies enregistrées diminuent d’années en année. La végétation est ménacée sous la pression anthropique pour l’agriculture et sous l’effet du broutage et du piétinement des animaux domestiques à la recherche de pâturage. Ce phénomène gagne du terrain par la progression du front de la sécheresse vers le sud.