Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs
Au nom du Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture et de mes collaborateurs de l'Organisation mondiale de la Santé, je vous souhaite à tous bien cordialement la bienvenue à Genève.
C'est la première fois depuis 1971 que l'OMS accueille la Commission du Codex Alimentarius à Genève. A cette occasion, je remercie les autorités cantonales genevoises qui ont mis si généreusement à notre disposition les excellentes installations et services de leur Centre international de conférences.
Cette manifestation nous donne l'occasion de confirmer l'importance que l'Assemblée mondiale de la Santé a toujours attachée à la collaboration de notre organisation avec la FAO pour soutenir les objectifs de la Commission du Codex Alimentarius, notamment celui de la protection des consommateurs contre les risques éventuels des aliments pour la santé. J'en profiterai pour replacer les travaux de la Commission dans l'optique plus large de l'action de l'OMS.
Les Etats membres de l'Organisation mondiale de la Santé ont fixé l'objectif principal de l'Organisation pour les vingt années à venir. Il s'agit “de faire accéder tous les habitants du monde à un niveau de santé qui leur permette de mener une vie socialement et économiquement productive”, objectif communément désigné par la formule “la santé pour tous d'ici l'an 2000”. Les Etats membres ont défini les soins de santé primaires comme étant le moyen clé d'atteindre cet objectif.
En 1978, la Conférence internationale sur les soins de santé primaires a énoncé les principaux éléments de ces soins, parmi lesquels “la promotion de bonnes conditions alimentaires et nutritionnelles”. En effet, une bonne alimentation est indispensable pour que les gens mènent une vie socialement et économiquement productive. Une bonne alimentation est indispensable à la santé et, comme la santé, elle contribue au développement socio-économique général et elle est conditionnée par ce développement.
Un autre exemple de l'action de l'OMS intéressant la Commission du Codex Alimentarius est l'adoption, par l'Assemblée mondiale de la Santé, du Code OMS/FISE de commercialisation des substituts du lait maternel; celui-ci contient des dispositions recommandant l'application, aux produits qui seront régis par le Code OMS/FISE, des normes et codes d'usages Codex visant les aliments destinés aux nourrissons et enfants en bas âge.
Pour encourager une bonne production alimentaire et une bonne nutrition, il faut tenir compte de plusieurs facteurs. En premier lieu, il convient d'assurer un approvisionnement en quantité suffisante et d'une teneur en éléments nutritifs correcte, en fonction de facteurs comme l'âge, la profession et le climat. Par ailleurs, les aliments doivent être non seulement accessibles, mais aussi acceptés par les populations compte tenu de leurs différentes cultures. En deuxième lieu, les aliments doivent être sains, c'est-à-dire que leur consommation ne doit pas entraîner de maladies sous forme d'infections ou d'intoxications. On doit songer à ces facteurs et à bien d'autres encore lorsqu'on établit une politique et une stratégie nationales de l'alimentation et de la nutrition, ce qui, malheureusement, n'est que trop rare encore. Ainsi, dans bien des pays en développement, on accorde trop d'importance aux cultures marchandes par rapport aux cultures vivrières, au détriment de la population et notamment de la population agricole. Je suis donc heureux de constater que la Commission s'occupe tout spécialement des produits qui ont une valeur nutritionnelle particulière pour la population des pays en développement. La Commission doit continuer énergiquement dans cette nouvelle voie.
Comme vous le voyez, il est difficile de dissocier les différents facteurs nutritionnels, économiques et sociaux qui interviennent dans la production alimentaire et la nutrition. Vous traitez de questions importantes comme l'établissement de codes d'usages et de normes recommandées qui contribuent pour une grande part à assurer la sécurité alimentaire. Ces codes et ces normes portent sur une large gamme de facteurs : eau d'irrigation, pesticides employés en agriculture, produits chimiques utilisés dans l'alimentation, méthodes de stockage des aliments, conservation, distribution et commercialisation de produits alimentaires, hygiène des lieux de vente et des magasins d'alimentation. Toutefois, le travail de la Commission du Codex Alimentarius est limité en grande partie aux produits entrant dans le commerce international. Or, des millions de gens, surtout dans les pays en développement, se nourrissent de produits qui ne font l'objet d'aucun contrôle, sanitaire ou commercial. En outre, il faut tenir compte des problèmes d'hygiène liés à la manipulation et à la préparation des aliments à la maison, dans les cantines et dans les restaurants.
L'OMS doit s'occuper de deux questions qui intéressent l'ensemble de ces facteurs, à savoir l'acquisition ou la production d'information et la fourniture d'une aide aux pays pour leur permettre d'assimiler cette information et de l'utiliser convenablement. Donc, si votre travail est de définir des normes et des codes d'usages pour l'alimentation, l'OMS a en outre pour tâche de transformer vos normes techniques en mesures de santé publique.
Pour faciliter cette transformation et étudier beaucoup des autres facteurs qui contribuent à la sécurité alimentaire, l'OMS envisage de réunir au début de 1983 un comité d'experts de la sécurité alimentaire qui sera chargé d'examiner les ressources disponibles et d'élaborer des principes directeurs dans ce sens.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, j'ai cru utile de vous exposer brièvement quelques points forts de la sécurité alimentaire, dans l'espoir que cela vous aidera à envisager les travaux de la Commission du Codex Alimentarius dans un perspective plus large. Une bonne alimentation et une bonne nutrition sont si importantes pour atteindre l'objectif de la santé pour tous, et la sécurité alimentaire est si importante pour assurer une bonne nutrition, que je n'ai pas besion de justifier le travail de votre Commission ni d'en souligner l'importance. Je veux seulement vous assurer que l'Organisation mondiale de la Santé, de concert avec l'Organisation pour l'alimentation de l'agriculture, reste profondément attachée aux travaux de la Commission, dont elle apprécie vivement l'intérêt.
Je tiens à exprimer les remerciements de la FAO et de l'OMS au gouvernement des pays qui ont si généreusement accueilli les sessions des organes subsidiaires de la Commission depuis sa dernière session en 1979.
Je tiens aussi à exprimer les remerciements de l'OMS à la FAO pour l'excellente administration du Secrétariat commun FAO/OMS de la Commission.
Monsieur le Président, je crois savoir que vous présidez pour la première fois une session de la Commission et je vous exprime mes meilleurs voeux dans cette tâche.
Enfin, il me reste à vous souhaiter à tous un agréable séjour à Genève et le plein succès de vos travaux.