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I. APERCU GENERAL DE LA SITUATION ECONOMIQUE

1.1 Situation macro-économique

Le Burkina Faso est un pays sahélien enclavé, d'une superficie de 274 000 km². Sa situation géographique, son climat, et le manque de ressources naturelles en font l'un des pays les moins avancés au monde. Selon les critères de la Banque mondiale, le pays était en 1992 au 20ème rang des pays les plus pauvres au monde, avec un PNB par habitant estimé à 330$EU en 1990. Selon les critères du PNUD, basés sur le développement humain, le Burkina Faso était en 1992 le 4ème pays le plus pauvre au monde.

La population est estimée à 8,5 millions d'habitants, dont 90% en milieu rural, pour un taux de croissance démographique annuel de 3%. L'exode rural s'accélère, comme en atteste le taux de croissance annuel de la population de Ouagadougou estimé à 8%.

L'économie du pays est basée essentiellement sur l'agriculture, dont la contribution au PIB était de 32% en 1990. Les cultures alimentaires et l'élevage représentent respectivement 45% et 28% du PIB agricole. Le coton est la principale culture de rente, représentant en valeur près de 40% des exportations. Depuis quelques années, le maraîchage autour des petits plans d'eau, artificiels ou naturels, connaît un développement considérable.

L'économie du pays est très faiblement industrialisée, et dépend fortement de l'extérieur en matière de biens de consommations intermédiaires, d'aide alimentaire et d'assistance. En 1990, le pays a reçu une aide extérieure de 315millions $EU, soit 9,9% du PNB.

Bien qu'en nette amélioration par rapport à 1989, suite à de meilleures saisons agricoles, la balance commerciale est encore nettement déficitaire, les exportations ne couvrant qu'à peu près un tiers des exportations.

1.2 Rôle des pêches dans l'économie

La pêche n'est pas une activité économique valorisante au sein de la société burkinabé. Pendant la période coloniale, l'Administration a favorisé l'immigration de "professionnels" maliens (Bozos) et nigérians (Haoussas) pour exploiter les ressources halieutiques et enseigner la pêche aux nationaux. Ceci a permis de développer la pêche de manière substantielle, mais les nationaux ont continué de pratiquer une pêche occasionnelle d'apport, notamment en raison de blocages culturels.

Ce n'est que depuis la deuxième moitié des années 80, suite à la construction de grands barrages hydro-agricoles, que le secteur suscite une attention particulière de la part des pouvoirs publics, dans le cadre de la mise en oeuvre de politiques visant l'autosuffisance alimentaire. Récemment, des barrages de plus de 10 000 ha ont été construits (Kompienga 1985, Bagré 1991). Sur ces barrages, une véritable pêche artisanale professionnelle s'est, ou est en train d'être, développée, impliquant à la fois des nationaux et des pêcheurs migrants étrangers.

Le secteur des pêches joue actuellement un rôle non négligeable dans l'économie, en dépit d'une contribution marginale au PIB, qui reste inférieure à 1%. La pêche procure des revenus directs à près de 7 000 personnes, toutes catégories de pêcheurs confondues (professionnels, apprentis, semi-professionnels), dont plus de 10% d'étrangers. En prenant en compte les personnes engagées en amont et en aval de la filière, le secteur pourrait employer au total au moins 10 000 personnes.

La pêche joue un rôle important dans l'équilibre du monde rural, en particulier sur le plateau central mossi. Sur les petites retenues, la pêche se pratique à contre saison des travaux agricoles, alors que sur les moyennes retenues, la pratique de la pêche occasionnelle s'insère dans l'emploi du temps de l'agriculteur. La pêche est génératrice de revenus complémentaires à ceux de l'agriculture, qui peuvent être rapidement disponibles pour répondre aux besoins urgents des agriculteurs en période de soudure.

La production de poissons est comprise entre 6 000 et 7000t/an, pour un chiffre d'affaires annuel à la production estimé à 1,6 milliard FCFA, soit environ 5,5millions $EU.

Le pays exporte une quantité non négligeable de poissons, en particulier à partir des zones de production situées en bordure de la frontière malienne. Les flux d'exportation sont toutefois difficiles à quantifier, étant essentiellement informels. Les importations se situent entre 5 000 et 7 000 t/an en moyenne depuis 1986, pour une valeur moyenne de 1,4 milliard de FCFA, soit 4,8 millions $EU. Les produits frais-congelé d'origine marine représentent en moyenne 70% des importations, les principaux pays exportateurs étant des pays africains, avec notamment la Mauritanie qui assure plus de 75% des approvisionnements. Les autres importations (30%) sont composées essentiellement de poissons séchés et fumés en provenance des pays frontaliers, et en particulier du Mali et de la Côte d'Ivoire.

Le tableau1 indique l'évolution de la disponibilité apparente en poissons entre 1982 et 1991. La disponibilité en poissons est d'environ 15 500 t/an, dont 9 000 tonnes d'impor-tations en poids équivalent frais. La consommation par habitant est estimée en 1992 à 1,8 kg/an, ce qui est faible en région sahélienne, seul le Niger ayant un niveau de consommation similaire. A Ouagadougou, où la demande en poissons est insatisfaite, la consommation par habitant est toutefois estimée à 5 kg/an.

L'aquaculture pourrait sous certaines conditions trouver un essor significatif au Burkina Faso. Toutefois, à l'heure actuelle, les seules activités en la matière sont menées dans le cadre d'un projet de vulgarisation de la pisciculture villageoise autogerée par des groupements de pêcheurs, dans la région de l'Ouest.

La contribution directe de la filière pêche et pisciculture aux revenus de l'Etat, pourrait s'élever en principe à près de 124 millions FCFA, soit environ 428 000 $EU par an, si les nombreuses taxes diverses étaient effectivement perçues.

Table 1: Evolution de la disponibilité apparente en poissonsa/(1982-1991)

Productionb/

Importations

Disponibilité

(t)

Volume (t)

Valeur CAF (millions FCFA)

apparente (t)

1982

7 000

2 375

671,6

9 375

1983

7 100

2 289

723,1

9 389

1984

7 374

1 159

622,0

8 533

1985

7 443

740

745,2

8 183

1986

7 640

3 940

1 478,8

11 580

1987

7 836

5 437

1 215,2

13 273

1988

7 907

7 337

1 600,6

15 244

1989

8 006

7 191

1 438,7

15 197

1990

7 006

5 114

1 438,7

12 120

1991

6 - 7 000

4 990c/

999,0

10 - 11 990

Source: Direction des pêches; Statistiques douanières (1993)

a/ L'estimation de la disponibilité apparente en poissons ne prend en compte ni l'aquaculture (négligeable; ex: 1,2 t en 1991), ni les exportations informelles (non quantifiables).

b/ Source: FIPPDAT pour la période 1982-1990; Breuil, C. pour 1991.

c/ Les importations de 1991 ne comprennent que les 11 premiers mois de l'année.

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