La République centrafricaine (RCA) est un pays enclavé de l'Afrique centrale, s'étendant sur une superficie de près de 623000Km². Les pays frontaliers sont le Congo, le Cameroun, le Soudan, le Tchad et le Zaïre. La RCA est un pays assez bien doté en ressources naturelles, renouvelables et extractives. Néanmoins, avec un PIB réel par habitant de 419 $EU, la RCA figure parmi les pays les moins avancés au monde.
La population est estimée à environ 3 millions d'habitants pour un taux de croissance démographique annuel de l'ordre de 2%. La densité moyenne est particulièrement faible, soit 4 habitants au Km², ou 50 habitants au Km² si l'on ne considère que les terres arables. La population est surtout concentrée sur les rives de l'Oubangui et sur les frontières camerounaises et tchadiennes. Près des deux tiers de la population vit en milieu rural, tandis que Bangui regroupe environ 42% de la population urbaine.
L'économie du pays repose en grande partie sur l'agriculture au sens large du terme (y compris élevage, forêts, chasse et pêche), qui fournit environ 50% du PIB et plus de 40% des recettes d'exportation. La RCA est également autosuffisante sur le plan alimentaire. Par ailleurs, le pays dispose de ressources minières importantes dont le diamant, l'or et l'uranium.
Pour diverses raisons, dont le manque de voies de communication à l'intérieur du pays, ainsi qu'avec les pays voisins, l'économie centrafricaine est faiblement industrialisée. Le pays dépend par conséquent fortement de l'extérieur en ce qui concerne les biens de consommation intermédiaire. L'enclavement du pays se traduit également par une faible monétarisation des systèmes économiques en milieu rural.
Depuis le début des années 70, l'économie centrafricaine se caractérise par une succession de périodes de forte croissance et de périodes de récession, en raison notamment de sa forte dépendance vis-à-vis du cours des matières premières. Un Plan d'action national a été initié au début des années 80 pour équilibrer les finances de l'Etat et relancer la croissance par le développement de l'agriculture et l'amélioration des infrastructures nationales. Depuis 1986, le Gouvernement suit un programme d'ajustement structurel portant principalement sur l'assainissement des finances publiques, la libéralisation de l'économie, et la promotion du secteur privé.
La filière pêche et pisciculture occupe une place relativement modeste au sein de l'économie centrafricaine. La production de poisson de capture est estimée de manière approximative à 10000t/an. Les importations n'excèdent pas 500 t/an, tandis que les exportations, officielles, sont négligeables. La pisciculture, pour sa part, produit en moyenne environ 300t/an.
En 1985, avec une production estimée à 13 000 t/an (estimation FAO), la pêche représentait environ 2,04% du PIB agricole, qui représentait alors 43% du PIB total (Plan de développement économique et social 1986-1990). En 1990, la contribution de l'agriculture au sens large du terme était toujours d'environ 43 % au PIB en valeur constante (base 1984). Avec une production estimée à environ 10000 t/an, le secteur pêches et pisciculture pourrait contribuer aujourd'hui à hauteur de 1% environ au PIB. Le chiffre d'affaires annuel à la production peut être estimé à 5 milliards FCFA (environ 10 millions $EU).
La consommation de poisson est de l'ordre de 3,5Kg/an/hab en moyenne. Dans certaines zones, celle-ci pourrait néanmoins avoisiner 10 Kg/an/hab.
Le nombre de pêcheurs a été estimé récemment à près de 9000 dans le Bassin de l'Oubangui (Moreau 1994). Dans le Bassin du Chari, qui fournit environ 80% de la production totale de poisson, aucune estimation du nombre de pêcheurs n'est disponible, en raison notamment du caractère international, et quelquefois illégal (zones protégées), des activités de pêche.
En dépit d'un rôle modeste joué par le secteur des pêches et de la pisciculture au niveau macro-économique, le secteur occupe en revanche une place importante au sein des systèmes de production en milieu rural. De manière générale, la pêche, au même titre que la chasse ou d'autres activités de cueillette, est une activité qui a sa place dans le calendrier traditionnel des activités de l'agriculteur centrafricain. La pêche permet notamment de diversifier les sources de protéines animales et aussi de disposer d'un complément de revenu agricole. La pêche, surtout occasionnelle, concernerait ainsi près de 20% de la population totale pendant la saison sèche.
La pêche constitue par ailleurs une activité d'importance notable dans le cadre de la protection de la faune dans les zones à vocation cynégétique. Dans la préfecture de Bamingui-Bangoran (région nord), la pêche constitue l'une des rares activités économiques permettant de générer des revenus, contribuant ainsi à diminuer la pression de chasse en zones protégées.
En raison de la situation géographique de la RCA, le commerce international de poisson demeure limité à l'heure actuelle, du moins à travers les circuits officiels. En effet, le long des frontières avec le Zaïre, le Cameroun, et le Tchad, des circuits informels existent depuis longtemps, sans toutefois pouvoir être quantifiés avec précision. Les flux concernent surtout l'importation de produits à la frontière camerounaise (poissons fumés destinés à approvisionner les villes à fort pouvoir d'achat situées en zone minière), et l'exportation de produits aux frontières tchadienne (poissons séchés) et zaïroise (poisson frais et fumé).
Malgré une production marginale, la pisciculture est de plus en plus prise en compte au titre des activités de diversification en milieu rural. On estime qu'il y a environ 3 300 étangs en fonction à l'heure actuelle, pour près de 2 300 agro-pisciculteurs.