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5. Dernières considérations générales

L'élaboration d'un plan d'aménagement consolidé ne permet pas de résoudre tous les problèmes liés à la forêt, dont la gestion ne peut être effective que si le contexte humain, politique et économique s'avère être favorable. Par exemple, il est essentiel que les services chargés de la préparation, de l'application et de l'évaluation du plan puissent le faire avec des moyens durables en hommes (compétents et disponibles) et en matériel (véhicules, informatique, documentation etc.), car la survie des écosystème naturels passe d'abord par la durabilité des financements !

Les décideurs ne peuvent plus se retrancher derrière le manque de connaissances techniques et scientifiques pour différer la réalisation d'aménagements forestiers. L'expérience acquise ces dernières années nous permet de proposer les outils et les démarches dont l'aménagiste a besoin pour réaliser des planifications réalistes et réalisables.

En fait, comme le soulignent Palmer et Synnot (1992), l'aménagement forestier fait autant appel à la gestion de la ressource naturelle qu'à celle d'entreprises. En effet, comme tout projet concret de terrain, il doit réunir et mettre en oeuvre des ressources humaines, financières et matérielles pour atteindre les objectifs assignés. Cet aspect n'est pas "évident en soi", car jusqu'à présent l'abandon des projets d'aménagement a été rarement provoqué par des facteurs techniques ou écologiques, mais plutôt par manque de gestion d'entreprise (pour la planification, l'organisation, la gestion du personnel, le contrôle, etc.) ainsi que pour des raisons majeures d'ordre social, économique et politique.

La négociation permet "d'ouvrir l'horizon des possibles" et d'envisager un large éventail de choix possible. Une notion s'impose depuis quelques années, notamment en Afrique occidentale et à Madagascar: la négociation patrimoniale. Elle est basée d'abord sur la définition conjointe d'objectifs de long terme par les différentes parties en présence. Le choix du long terme résulte du fait qu'un même espace ou une même ressource peut être géré selon des logiques et des stratégies différentes par des personnes ou des groupes dont les savoirs, les représentations et les pouvoirs diffèrent voire s'opposent dans l'immédiat ou sur le court terme. La démarche patrimoniale consiste à rendre le compromis possible (ou parle de compromis paradoxal) et permet de relativiser les conflits et de privilégier la négociation d'objectifs communs élaborés d'abord sur le long terme puis clarifiés sur le moyen et le court terme. La négociation patrimoniale suppose l'intervention de "négociations ou médiateurs patrimoniaux" rompus et formés aux techniques particulières de ce type de négociation.

La négociation patrimoniale suppose des acteurs sur un pied d'égalité donc autonomes et sans lien de dépendance entre eux. C'est poser toute la question de l'autonomie de négociation des communautés rurales face à l'administration (Le Roy et al., 1996).

Ce type de négociation exclut les solutions a priori et les paquets techniques préamballés. L'autonomie véritable des acteurs locaux et la rédaction de procédures contractuelles visant à transférer la légitimité de la gestion locale à long terme aux communautés rurales sont les fondements de la négociation patrimoniale.

Permettre l'aménagement de l'ensemble des formations forestières d'un pays constitue un défi technique et économique. L'exemple du Niger montre que l'on peut réduire les coûts d'aménagement en dessous de 10 US $ par hectare, en adoptant une simplification des méthodes et des procédures, ainsi que des réductions des coûts (Quatrième Partie, étude de cas n° 4).


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