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3. Critères et indicateurs pour l'Afrique tropicale sèche

Les critères et indicateurs proposés ci-dessous sont le résultat des réflexions de la réunion PNUE/FAO de Nairobi (novembre 1995); ils sont donnés à titre d'exemple. Ils correspondent à une approche qui géographiquement et politiquement se situe à l'échelle nationale. Nous avons fait suivre chaque critère d'un rapide commentaire qui n'a pas pour but de juger ch' bien fondé de tel ou tel choix mais qui permet de restituer et d'illustrer le débat.

Critère 1: Conservation et amélioration des ressources forestières, incluant leur contribution aux cycles planétaires du carbone.

Superficie totale des forêts, plantations et autres terres boisées (avec leurs changements dans le temps). Biomasse (et ses changements dans le temps).

Commentaire 1: Dans le cadre d'une approche sylvo-pastorale on peut effectivement proposer une évaluation des surfaces de pâturages mais en distinguant éventuellement leurs origines herbacées ou ligneuses et en précisant les périodes de l'année où elles sont accessibles.

Critère 2: Maintien et amélioration de la diversité biologique dans les écosystèmes forestiers.

Diversité des écosystèmes:

Superficies par types de végétation (forêts naturelles ou artificielles).
Superficies des aires protégées.
Fragmentation des forêts.
Défrichement annuel dans des écosystèmes affectant des espèces endémiques.

Diversité des espèces:

Nombre d'espèces, liées au milieu forestier (et leurs changements dans le temps).
Nombre d'espèces, liées au milieu forestier' menacées d'extinction.
Systèmes d'exploitation de la ressource utilisée.

Diversité génétique:

Evolution du nombre moyen de provenances (et leur changement dans le temps).
Nombre d'espèces liées au milieu forestier ayant une aire de distribution réduite.
Niveaux de populations d'espèces-clefs dans leur aire de distribution.
Gestion des ressources génétiques.

Commentaire 2: Certains indicateurs en particulier ceux concernant la diversité des écosystèmes peuvent être reformulés (notion de station) pour une approche locale. Des indicateurs de la diversité animale mériteraient d'être introduits.

Critère 3: Maintien de la santé, vitalité et intégrité des écosystèmes forestiers

Superficies et pourcentages de forêt (naturelle et artificielle) modifiée par des processus ou des agents tels que:

• feux de brousse (incluant leur fréquence);
• tempêtes (incluant les chablis et les inondations);
• insectes et maladies;
• dégâts par des animaux sauvages;
• dégâts par des animaux domestiques;
• concurrence des plantes introduites;
• sécheresse;
• dégâts par l'érosion éolienne.

Pourcentages de la superficie de forêts naturelles avec/sans régénération.
Changements dans l'équilibre des éléments nutritifs et dans l'acidité du sol.
Tendance des rendements des cultures.
Pourcentage de la population travaillant dans l'agriculture et l'élevage.

Commentaire 3: Dans le cadre d'une approche sylvo-pastorale il pourrait être intéressant de préciser les évolutions des parcours associés à l'élevage itinérant. En outre le repeuplement par la faune sauvage serait un réel indicateur de santé de l'écosystème (mieux que les dégâts par des animaux sauvages). Il en serait de même pour l'évolution de la faune du sol (lombrics termites etc.).

Critère 4: Maintien et amélioration des fonctions de production des forêts et autres terres boisées

Pourcentage de forêts et autres terres boisées gérées selon un plan d'aménagement.
Volumes totaux du bois sur pied.
Equilibre entre la croissance et les prélèvements de bois (et évolution dans le temps).
Consommation moyenne annuelle de "bois énergie" par habitant.
Prélèvements de produits forestiers non ligneux (et leurs changements dans le temps):

- fourrage (tapis herbacé et pâturage aérien);
- utilisation des animaux sauvages pour la subsistance;
- miel;
- gomme;
- fruits, racines et feuilles comestibles divers;
- substances médicinales;
- produits pour l'artisanat et autres utilisations, etc.

Commentaire 4: Le suivi et l'extension des zones de prélèvement destinés à l'alimentation des villes en bois de feu pourraient faire l'objet d'un indicateur.

Critère 5: Maintien et amélioration des fonctions de protection dans la gestion des forêts

Superficies et pourcentage de forêts et autres terres boisées aménagées principalement pour la protection des terres agricoles ou pastorales et/ou la réhabilitation des terres dégradées; et ouvrages importants d'infrastructure relatifs à ces objectifs.

Superficies et pourcentages des forêts et autres terres boisées aménagées principalement pour la production de l'eau, et la protection des bassins versants, des zones ripicoles, contre les inondations.

Superficies des forêts et autres terres boisées aménagées principalement pour des objectifs paysagers et d'agrément.

Commentaire 5: Il pourrait être intéressant de prévoir des indicateurs économiques permettant de juger de la valeur des investissements réalisés.

Critère 6: Maintien des bénéfices et avantages socio-économiques

Indicateurs des bénéfices économiques:

- valeurs des produits ligneux;
- valeurs des produits non-ligneux;
- recettes de chasse et de recréation (écotourisme);
- part du secteur forestier dans le PNB;
- valorisation par les industries primaires et secondaires du secteur forestier;
- valorisation de la biomasse pour l'énergie;
- balance du commerce extérieur du secteur forestier;
- investissement dans le secteur forestier.

Indicateurs de répartition des bénéfices:

- création d'emplois, notamment dans les zones rurales;
- niveau de satisfaction des besoins sociaux, culturels et spirituels;
- bénéfices obtenus par les communautés locales (particulièrement pour les femmes et les jeunes);
- contributions à la sécurité alimentaire.

Commentaire 6: Il n'y a pas d'indicateur économique relatif à l'élevage ce qui peut constituer un handicap. En outre le retour des taxes aux services appliquant l'aménagement serait aussi un indicateur de répartition adéquate des bénéfices.

Critère 7: Pertinence du cadre juridique, institutionnel et des politiques, pour la gestion forestière durable

Existence d'une politique forestière nationale assurant l'intégration de la gestion forestière durable des forêts dans l'aménagement du territoire.

Existence d'un cadre législatif et réglementaire global.

Capacité institutionnelle et des ressources humaines, financières pour la mise en oeuvre de la politique forestière, et des lois, instruments et règlements nationaux et internationaux.

Capacité de recherche-développement.

Existence de mesures économiques et fiscales incitatrices pour les investissements dans le secteur forestier.

Valorisation des technologies et des savoirs et savoir-faire locaux.

Existence de mesures facilitant le transfert et l'adaptation de technologies appropriées.

Existence d'un cadre administratif, politique et légal favorisant la participation effective des populations, des ONG et du secteur privé dans la formulation, la mise en oeuvre et le suivi de la politique forestière.

Commentaire 7: On aurait pu envisager de mieux évaluer les participations et organisations locales. Il n'y a rien concernant les énergies de substitution. Le cadre juridique, institutionnel et politique qui encadre l'élevage ne semble pas avoir été pris en compte (de même pour les produits non-ligneux).

4. La mise en oeuvre

La mise en oeuvre de cette stratégie n'en est qu'à ses débuts et il serait illusoire de penser que la liste précédente se suffit à elle-même. Les prochaines étapes pourraient comprendre:

- un approfondissement du débat;

- une prise en compte équitable des différents critères dans une approche globale de la gestion durable;

- une vulgarisation des critères et des indicateurs qui doit comprendre une expérimentation et une adaptation à chaque grand cadre écologique, socio-économique et politique;

- une appropriation par les pays et les gouvernements.

- et enfin, une reconnaissance internationale de chaque spécificité que l'adaptation de critères généraux aux particularismes locaux ne vas pas marquer d'engendrer.

Chapitre XI - La recherche

1. Historique et contexte
2. Survol de l'Etat des connaissances
3. Les recherches a mener
4. Quelques recommandations


1. Historique et contexte

La "forêt" tropicale sèche est représentée par un nombre important d'écosystèmes distincts allant de la forêt dense sèche à la savane arbustive, correspondant à des faciès plus ou moins dégradés, car soumis à des contraintes de natures différentes et couvrant des superficies très inégales.

Ces différentes formations n'ont intéressé les services forestiers et un petit nombre de chercheurs qu'à partir de 1930 environ, et ceci, dans des domaines touchant essentiellement à la botanique et à la phytogéographie. Toutefois, depuis quelques années la forêt tropicale a cristallisé l'attention de l'opinion publique préoccupée par les conséquences à moyen terme du déboisement sur l'évolution climatique, la perte de biodiversité et le devenir des populations dont la survie dépend partiellement du maintien des écosystèmes forestiers.

Ce dernier aspect est essentiel, puisqu'à titre d'exemple, il est prévu qu'en 2020, l'Afrique de l'Ouest doit compter 60% de citadins contre 40% en 1990; et pour accueillir ces 150 millions de nouveaux citadins, les forestiers et les agronomes seront très largement mis à contribution, car l'accroissement du potentiel agricole (par la lutte contre la désertification et l'aménagement sylvopastoral des formations naturelles) et l'appui à l'installation du peuplement urbain (production de bois-énergie) seront deux tâches fondamentales.

Les questions relatives à la recherche en zone tropicale sèche se posent donc aujourd'hui dans un climat passionné, ce qui ne facilite pas la définition d'objectifs consensuels et le travail en concertation.

Dans les pays en développement, la recherche forestière s'est souvent constituée à l'imitation des structures en place dans les pays développés et, assez fréquemment, sans une véritable intégration économique et scientifique, ce qui explique les échecs récents. A titre d'illustration, la recherche forestière des pays en développement n'a pas su prendre en compte d'elle-même les besoins exprimés par l'aménagement des forêts naturelles. La recherche forestière manque de cadres parfois, elle n'est plus identifiable et incapable de mobiliser les faibles moyens dont elle dispose.

Cette situation n'est certes pas propre à la foresterie et sur ce point, la recherche agronomique pourrait faire l'objet d'une analyse très voisine. Toutefois, en agronomie, les insuffisances sont loin d'avoir atteint ce même stade critique en raison, sans doute, d'une meilleure adaptation aux besoins, d'un effort plus soutenu de la formation et d'une exploitation plus efficace de la collaboration internationale.

2. Survol de l'Etat des connaissances

La connaissance des formations ligneuses des zones tropicales sèches reste encore descriptive et sectorielle et les travaux portant sur la dynamique de son évolution sont trop ponctuels et récents pour fournir tous les éléments de base permettant de mener une sylviculture ou un sylvo-pastoralisme durables dans les espaces à aménager. Ceci est illustré par toutes les études de cas qui suivent: la connaissance de la productivité des peuplements forestiers se cantonne à une simple estimation, manquant cruellement de données précises, étayées par une expérimentation préalable et correctement suivie.

En effet, des recherches fonctionnelles ont été entreprises de-ci, de-là, depuis une dizaine d'années par les forestiers sur la croissance des peuplements en fonction des prélèvements, de l'impact humain et de son bétail. Mais pour l'instant, peu ont été poursuivies et les autres sont encore loin d'aboutir.

En somme, la plupart des écosystèmes forestiers de zone sèche inter-tropicale ont fait l'objet de descriptions et d'inventaires non exhaustifs et surtout à des échelles impropres aux études et travaux d'aménagement, et les processus d'évolution et de fonctionnement de ces écosystèmes relèvent d'interactions biologiques complexes dont la compréhension reste insuffisante. ailleurs, la connaissance de la forêt par les populations locales, source riche et unique, est, dans un grand nombre de cas, en régression.

Cependant, les acquis ne sont pas négligeables: des réseaux d'essais existent, les connaissances sont dispersées, mais des équipes pluridisciplinaires se constituent et une hiérarchisation des problèmes s'élabore. En plus des recherches référencées dans la Deuxième Partie de cette étude quelques projets de recherche sont cités dans le chapitre "Autres projets" de la Quatrième Partie.

En ce qui concerne l'étude socio-économique des systèmes sylvo-pastoraux, un grand nombre de travaux ont été entrepris incluant le potentiel arbre/arbuste en tant que composante de productions multiples: ligneuses, fourragères, fertilisantes, etc. Mais les recherches se cantonnent souvent au diagnostic et les entreprises d'aménagements régionaux intégrés sont peu nombreuses. Notons que la prise en compte des externalités et de l'impact des systèmes sylvo-pastoraux sur l'environnement (tributaire des recherches en écologie) est, pour ainsi dire, encore inexistante.

Les travaux de recherche qui portent sur les politiques forestières prises dans leur globalité sont rares. Par contre, des études ont été menées sur certaines de leurs composantes. De nombreuses recherches ont ainsi été conduites par les économistes et les sociologues sur l'économie des filières, les marchés, le foncier et les modes d'appropriation,... Ces analyses ont souvent été effectuées avec un objectif sectoriel, mais renferment de nombreuses informations qui participent à la compréhension de l'efficience des politiques forestières.

Parallèlement, la réalisation des PAFT (Plans d'Actions Forestiers Tropicaux) a mis à la disposition des chercheurs un ensemble informatif non négligeable. Enfin, des études menées sur les politiques agricoles peuvent favoriser des repères méthodologiques.

Quels que soient les efforts entrepris, ces points d'appui, ces parcelles de connaissance, restent insuffisants pour bâtir une recherche sur les politiques forestières. Le sujet est pour l'essentiel vierge et il reste à en définir les contours.

3. Les recherches a mener

L'orientation à donner aux recherches découle du précédent constat. L'approche proposée dans ce texte consiste majoritairement à mettre en évidence des recherches dites "stratégiques", qui répondent à des enjeux clairement identifiés et surtout qui prennent en compte, sur le long terme, les besoins de développement des régions concernées.

Encadré n° 3 1: La programmation de la recherche distingue classiquement deux types de recherche.

- Les orientations stratégiques et les actions adaptatives, ou encore les "recherches stratégiques" et les "recherches adaptatives". Les premières sont caractérisées par leurs objectifs et les moyens mobilisés pour les atteindre; les secondes concernent la mise au point d'outils, de connaissances ou de savoir-faire nécessaires dans le contexte d'une situation donnée.

- Les "recherches de base" sont destinées à obtenir une compréhension fine des processus de fonctionnement, et les "recherches appliquées" sont orientées vers la quête de solutions spécifiques à des problèmes particuliers.

A titre d'exemple, une recherche stratégique peut porter SUI la mise au point d'une modélisation du fonctionnement de "l'écosystème forêt naturelle", une recherche adaptative peut concerner l'ajustement de la sylviculture d'une espèce particulière, mais connue dans un milieu donné. Parallèlement, un travail SUI la physiologie de la nutrition de cette même espèce peut induire des ''recherches de base" et l'expérimentation de son association avec une culture des "recherches appliquées".

La première dichotomie met en relation l'état des connaissances et les objectifs, la seconde se rapporte à la nature même de la connaissance. Il est clair que ces approches sont complémentaires, qu'elles interagissent et qu'elles se nourrissent mutuellement. Une programmation efficace de la recherche ne peut négliger aucun de ces différents éléments.

Les grands champs d'investigation et recherches stratégiques à privilégier ainsi que les approches et disciplines expérimentales, scientifiques et pragmatiques qui les consolident, seraient les suivants:

a/ La connaissance de l'écosystème et de son fonctionnement

Jusqu'à présent, c'est davantage la nature et l'étendue des diverses formations forestières qui ont été suivies, il s'agit dorénavant de se doter des informations de structure et de dynamique forestière (et animale) qui permettront d'associer à chaque faciès, ou type de station, les outils et les données nécessaires pour en modéliser et expliquer le fonctionnement.

Pour ce faire, il est urgent de mettre au point et de développer des programmes expérimentaux de terrain, permettant de quantifier la dynamique des composantes végétales et animales (croissance, mortalité, régénération):

- La croissance: il s'agit essentiellement de comprendre comment s'effectue la reconstitution des écosystèmes après divers types d'exploitation (coupe, pâturage) ou après incendie. Ce travail doit aboutir à une cartographie des différents types de station et de leur potentialité (typologie et modèles), tout en précisant le comportement des principaux ligneux couvrant de vastes zones tels que les Combretacées et le rôle des groupes d'animaux (sauvages ou domestiques) au sein des stations.

- La mortalité naturelle ou induite. Son étude s'accompagne de celle des phénomènes de concurrence entre ligneux et herbacés en fonction de l'environnement hydrique, anthropique, climatique qui se traduit par des variations de nappe phréatique, l'irrégularité de la pluviosité, la répétitivité des coupes ou des passages de bétail, etc.

- La régénération. Il est nécessaire d'apporter une attention particulière aux processus de reproduction (par rejets de souche, drageons, marcottes) des espèces en fonction de leur auto-écologie, évolution du stock séminal, phénologie et comportement (types d'enracinement, etc.). Les disciplines de physiologie permettant la compréhension du fonctionnement de la plante et de l'écosystème doivent bénéficier d'un développement prioritaire, étant donné que leur maîtrise est indispensable pour la modélisation des écosystèmes naturels et donc pour la protection/valorisation de ces derniers.

Ces trois volets de la dynamique sont intimement liés à la problématique posée par la diversité biologique. C'est grâce aux efforts qui seront consentis pour la connaissance du fonctionnement des écosystèmes que ce domaine dit de "biodiversité" pourra être réellement abordé.

Enfin, la complexité de ces thématiques de recherche ne doit pas masquer que l'écueil technique principal est d'ordre pragmatique et logistique: il s'agit de faire en sorte que les travaux expérimentaux se déroulent dans l'espace et dans le temps à des niveaux d'investigation qui permettent de faire coïncider les complémentarités et d'aboutir à des protocoles et des modèles, ni trop fins, ni trop grossiers, mais adaptés aux exigences d'une gestion durable.

b/ La conduite de l'écosystème, son aménagement

Dans ce domaine répondant directement aux enjeux, il s'agit de mettre en oeuvre les précédentes connaissances sur le fonctionnement des écosystèmes et sur leurs capacités de réponse aux perturbations pour proposer des règles d'exploitation, de sylviculture, de sylvo-pastoralisme aptes à conserver, à valoriser et à optimiser les potentialités de l'espace à aménager.

Les recherches à poursuivre ou à favoriser peuvent être classées sous deux rubriques de connaissance du milieu et de l'environnement et une rubrique de gestion:

- La connaissance de l'espace (milieu) à aménager: son étendue, sa nature, son extension font appel à des compétences traditionnelles de botanique, d'inventaire, de stratification, bien connues mais peu ou mal utilisées.

La systématique (plantes et animaux) est, par exemple, exsangue par manque d'adeptes aussi bien dans le monde rural que dans le monde scientifique; et pourtant elle est indispensable pour effectuer un bon contrôle de la biodiversité, ou caractériser les écosystèmes.

La dendrométrie reste encore mal appréhendée faute de protocoles globalement admis et d'échanges d'informations techniques inter-pays, et ceci pour des méthodes aussi élémentaires que celles associées aux techniques d'évaluation de la ressource ligneuse, herbacée ou animale. L'effort doit donc être assuré pour maintenir et diffuser les compétences traditionnelles en systématique, en dendrométrie et aussi en biométrie forestière; mais cette connaissance de l'espace fait appel à des compétences nouvelles que sont la télédétection et les systèmes d'information géographique (SIG). La télédétection au sens large (de la photographie aérienne aux images "radar" en passant par l'imagerie écosystèmes et de leur gestion. Les pays des zones sèches ne peuvent en aucun cas faire l'impasse sur de telles novations techniques.

- La connaissance du contexte (environnement de l'espace à aménager) est fondamentale, mais parfois négligée; elle se décline en trois approches majeures: socio-économique, politique et produits.

Pour les deux premières approches, il apparaît important d'établir la hiérarchie de facteurs humains, économiques et politiques, susceptibles d'infléchir l'élaboration de l'aménagement durable.

Par exemple, dans le cadre de la décentralisation, il s'agit de tester en situation réelle, les fiscalités "nouvelles" à appliquer en tant qu'outils de gestion forestière et de développement. De même, il importe de réfléchir aux conséquences comportementales et économiques des filières, notamment du bois-énergie, tant sur les marchés ruraux que citadins (y compris la notion du marché du travail); et conjointement d'identifier cas par cas le réel forum de négociation, sa compétence et sa légitimité.

Les modalités d'appropriation des ressources ligneuses et non ligneuses qui s'avèrent être très diversifiées d'une région à l'autre, sont impérativement à étudier et à prendre en compte car elles sont bien souvent à l'origine de la fragilisation des actions de terrain (par exemple: mieux connaître les besoins et les objectifs des pasteurs et des agro-éleveurs).

La deuxième approche concerne aussi bien les produits directs de vente: fourragère pastorale, énergétique ou cynégétique que les facteurs de production potentiels: litière maintien des sols, stockage du carbone, diversité génétique, etc.

Un double travail est à mener:

* d'une part, mieux caractériser les produits de la forêt et en améliorer la qualité l'extraction et l'exploitation;

* et d'autre part, effectuer l'évaluation de la valeur économique, sociale et culturelle de la forêt, ainsi que des bénéfices externes qui lui sont associés;

- Enfin, la conduite de l'écosystème proprement dite, se fait à partir des recherches présentées ci-devant et constitue l'aboutissement pratique de cet ensemble par des démonstrations de terrain génératrices, de nouvelles connaissances. Chaque projet, programme ou activité en vue de l'aménagement des ressources forestières doit être à même non seulement de tester des méthodologies ou des protocoles concrets, mais aussi de créer de nouvelles informations; c'est l'esprit de la recherche-action qui s'inscrit dans le cadre de la mise en phase de l'expérimental et de son application en milieu réel. L'exemple pouvant être la mise en pratique d'un traitement sylvicole de type coupe et prélèvement systématique de certaines catégories de ligneux, dont l'utilité est démontrée en dynamique de croissance sur un milieu contrôlé et à des dates bien précises, mais, qui à plus large échelle d'espace-temps met en évidence des effets pervers pour la biodiversité et des effets bénéfiques écologiquement insoupçonnables pour la couverture et la protection du sol.

C'est cette recherche-action qui doit être privilégiée dans tous les projets et programmes de développement car, non seulement, elle répond directement aux attentes des différents acteurs économiques ou sociaux, mais surtout elle est la source majeure de connaissances opérationnelles et d'améliorations.

Les domaines les plus concernés étant la sylviculture pour la mise au point de techniques d'élagage, de dépressage, de sélection, de rejets, de modalités, de prélèvements ou de conduite de peuplements (en taillis simple ou fureté). Le sylvo-pastoralisme pour la conduite de la taille des arbres fourragers, l'entretien des points d'eau etc. La gestion pour l'établissement de parcellaires, la définition des rotations, les échéances optimales d'intervention, les règles d'accès aux ressources pastorales et aux produits non ligneux.

- En outre, deux domaines sont à citer: d'une part la revégétalisation des sols dégradés et la conservation/amélioration de la fertilité qui font appel aux techniques agroforestières et de plantations artificielles (ici peu développées) et d'autre part, le suivi de l'évolution de l'environnement et de ses effets en matière d'écologie qui n'en est qu'à ses débuts faute d'un nombre réaliste et suffisant d'actions de terrain.


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