En Afrique de l’Ouest, les résultats de la récolte céréalière de 1997 sont inégaux dans le Sahel. Après l’arrivée précoce des pluies, à partir du mois de juillet une vague de sécheresse prolongée a fortement réduit les récoltes au Sénégal, en Gambie et en Mauritanie. Bien que les pluies tombées en août aient un peu réduit les pertes, la production des cultures pluviales a fortement diminué. Les conditions de végétation étaient plus favorables dans les autres pays, sauf dans certaines régions du Burkina Faso et du Niger. Dans les neuf pays membres du CILSS, la production céréalière de 1997 atteint, d’après les estimations FAO/CILSS, 9,1 millions de tonnes, soit 1,1 pour cent de moins qu’en 1996 et 0,6 pour cent de moins que la moyenne. On prévoit une production supérieure à la moyenne en Guinée-Bissau, au Mali et au Tchad, voisine de la moyenne au Niger et inférieure à la moyenne au Burkina Faso, au Cap-Vert, en Gambie, en Mauritanie et au Sénégal. Par rapport à 1996, la production a sensiblement progressé en Guinée-Bissau, en Mauritanie et au Tchad, mais est restée inchangée au Niger et au Cap-Vert, où l’on prévoit à nouveau une très faible récolte. Elle a également reculé par rapport à l’an dernier, au Burkina Faso, en Gambie et au Sénégal. Dans les pays riverains du golfe de Guinée, les conditions de végétation sont restées dans l’ensemble favorables, même si dans certaines régions la saison sèche a duré beaucoup plus longtemps que la normale. Dans le sud de la Côte d’Ivoire, du Ghana, du Togo et du Bénin, et dans le sud-ouest du Nigéria, il n’a pas du tout plu entre la mi-juillet et la fin septembre, ce qui a considérablement retardé les semis des cultures de la seconde campagne. La récolte des cultures de la seconde campagne commencera sous peu et la production devrait être de l’ordre de la moyenne. Les perspectives de récolte au Libéria et en Sierra Leone sont meilleures que les années précédentes, grâce à l’amélioration des conditions de sécurité au Libéria et dans les principales zones agricoles de la Sierra Leone. La situation des approvisionnements alimentaires demeure cependant critique à Freetown, en raison de l’embargo commercial imposé par la CEDEAO, de l’insécurité et des échanges limités entre les zones rurales et urbaines.
En Afrique centrale, les conditions de végétation ont été favorables dans la majorité des pays pendant la première campagne. Les cultures de la seconde campagne se développent bien au Cameroun, au Congo et en République centrafricaine. Dans la République démocratique du Congo, la situation des approvisionnements alimentaires reste critique dans l’est, en raison du grand nombre de personnes déplacées.
En Afrique de l’Est, les fortes pluies tombées depuis la mi-octobre ont provoqué des inondations et des pertes de récolte dans plusieurs pays. En Somalie, la récolte "Deyr" de 1997/98 devrait être faible par suite des pertes dues aux inondations. Au Kenya, les pluies excessives ont entraîné des pertes de récolte localisées dans les zones agro-pastorales de l’est et dans les principales zones agricoles de l’ouest. En Ethiopie, de fortes pluies au moment de la récolte ont aussi réduit les rendements potentiels des cultures céréalières de la campagne principale de 1997. Dans l’est de l’Ouganda et en Tanzanie, des inondations auraient détruit par endroit les cultures céréalières des "petites pluies" de 1998. Ailleurs, la moisson des céréales de la campagne principale de 1997 est en cours au Soudan et les perspectives restent dans l’ensemble favorables. En revanche, elles sont médiocres en Erythrée, où la saison des pluies s’est terminée en avance. Au Rwanda et au Burundi, des pluies abondantes ont récemment amélioré les perspectives pour les récoltes de la première campagne de 1998.
En Afrique australe, la production céréalière de 1997 est supérieure de 16 pour cent à la moyenne, mais inférieure de 10 pour cent à celle de l’an dernier qui atteignait le record de 24,4 millions de tonnes. En Angola, la production a reculé de 15 pour cent en raison du manque de pluies, alors qu’elle devrait être plus faible que l’an dernier au Botswana, au Lesotho, au Malawi, en Afrique du Sud, au Swaziland, en Zambie et au Zimbabwe, en raison des conditions météorologiques défavorables. Les approvisionnements alimentaires sont précaires dans certaines régions du Malawi où les récoltes ont été réduites par la sécheresse. En revanche, au Mozambique, on estime que la production a augmenté de 11 pour cent grâce à une expansion des semis et au temps favorable. Une récolte record de céréales secondaires est attendue en Namibie, grâce à une augmentation des emblavures et aux pluies abondantes. A Madagascar, les dégâts aux cultures causés par les acridiens dans le sud, seront compensés par de bonnes récoltes dans les autres régions. Les pays qui disposent de stocks relativement abondants reportés de l’an passé, comme l’Afrique du Sud et le Zimbabwe, devraient approvisionner d’autres pays de la sous-région. Cependant, compte tenu du risque de sécheresse attribué à El Niño au cours de la prochaine campagne, les plans d’exportation et d’importation seront probablement révisés et il faudra sans doute importer de plus grandes quantités de maïs en dehors de la sous-région.
En Asie, de graves intempéries liées au phénomène El Niño continuent de sévir dans plusieurs pays. En Indonésie, la production agricole a été affectée par une grave sécheresse, des feux de forêt et le smog et la sécurité alimentaire de milliers de personnes est menacée. Aux Philippines, des rapports indiquent que jusqu’à 36 provinces sont considérées comme fortement vulnérables aux anomalies climatiques liées à El Niño, en particulier à une sécheresse prolongée, qui devraient durer jusqu’en avril prochain. Dans les provinces les plus durement touchées, les précipitations ont été inférieures à 40 pour cent de la normale. En Thaïlande, la sécheresse attribuée à El Niño, devrait réduire la production des cultures principales au cours des prochains mois. La récolte du riz de la seconde campagne devrait chuter de quelque 38 pour cent pour tomber à 2,8 millions de tonnes. En Chine, les régions du nord continuent d’être en butte à la sécheresse qui a déjà réduit la production de maïs de cette année et risque d’entraver les semis du blé d’hiver. En Inde, on signale que la mousson aurait été à nouveau normale dans l’ensemble. Une grave sécheresse en RPD de Corée a entraîné une baisse considérable de la production intérieure de céréales cette année, pour la troisième fois de suite et la sécurité alimentaire est à nouveau menacée. Au Viet Nam, un typhon au début du mois de novembre, a tué 285 personnes selon les estimations, et endommagé 453 000 hectares de riz d’hiver- printemps. En Afghanistan, la production totale de 1997 a dépassé de 18 pour cent celle de l’an dernier grâce à de bonnes pluies, alors qu’en Iraq, elle est restée inférieure à la normale à cause d’une pénurie d’intrants essentiels. Grâce aux conditions météorologiques favorables, la production de blé de 1997 a progressé en Arabie Saoudite.
En Amérique centrale et aux Caraïbes, la récolte des cultures de la seconde campagne est en cours dans la plupart des pays. Les perspectives de reprise, après les pertes de récolte de la première campagne dues à El Niño, sont faibles au Costa Rica, en El salvador, au Guatemala, au Nicaragua et à Panama. Cependant, au Honduras et au Mexique, la production de maïs devrait être de l’ordre de la moyenne ou la dépasser. En République dominicaine, les pluies abondantes tombées depuis le mois d’octobre ont favorisé les cultures pluviales qui avaient souffert de la sécheresse et reconstitué les réservoirs servant à irriguer l’essentiel des cultures de paddy. A Cuba, on s’attend à une faible production de paddy, en raison de la persistance de la pénurie d’intrants. A Haïti, les conditions ont été favorables pour le paddy irrigué de la seconde campagne, mais la production totale devrait rester faible, compte tenu des pertes engistrées durant la première campagne.
En Amérique du Sud, des pluies torrentielles attribuées à El Niño ont perturbé les opérations de récolte du blé de 1997 dans les régions du sud et retardé les semis du maïs de 1997/98. En Argentine, la superficie sous blé a diminué à cause du temps humide. Au Brésil, des pertes de récolte dues aux inondations sont signalées dans l’un des principaux Etats producteurs, alors qu’un temps anormalement sec commence à sévir dans le nord-est et devrait persister durant les mois à venir. Des pluies supérieures à la normale sont également signalées en Uruguay. Les perspectives de récolte de blé et de maïs dépendent beaucoup de l’impact de El Niño dans les mois à venir. Dans les pays andins, les semis des céréales de la campagne principale de 1998 ont démarré en Bolivie, en Equateur et au Pérou, juste au moment où les effets les plus prononcés du phénomène El Niño risquent de se faire sentir. En Colombie, la situation est particulièrement difficile, car les cultures ont souffert du temps sec prolongé et des températures élevées, associées dans certaines régions à des pluies torrentielles. Au Venezuela, les cultures n’ont été que légèrement touchées et on prévoit une récolte de maïs supérieure à la moyenne.
En Europe, des averses généralisées et un temps doux ont favorisé l’implantation des céréales d’hiver dans les régions de l’ouest, mais un temps anormalement froid pour la saison dans le sud-est a entravé les semis. La production céréalière totale de 1997 est estimée à 303 millions de tonnes, soit 12 millions de tonnes de plus qu’en 1996. Une légère diminution de la production dans la CE a été largement compensée par des récoltes plus abondantes dans les principaux pays producteurs, ailleurs dans la région. Dans les pays baltes, la récolte céréalière de 1997 a dépassé les bons niveaux de l’an dernier et la production totale est passée à 4,8 millions de tonnes, soit une augmentation de 11 pour cent. Les premières perspectives pour les céréales d’hiver à récolter en 1998 sont satisfaisantes dans les Etats baltes.
Dans la Communauté des Etats indépendants (CEI), une mission FAO d’évaluation des récoltes a provisoirement estimé, en septembre, la production de céréales et de légumineuses de 1997 à 150 millions de tonnes (poids après nettoyage), soit 18 pour cent de plus que l’an dernier. Tous les pays de la CEI devraient rentrer des récoltes supérieures ou égales à celles de l’an dernier. L’augmentation de production, estimée à 23 millions de tonnes, traduit essentiellement une reprise dans la Fédération de Russie, l’Ukraine, et la République de Moldova. De fortes progressions sont cependant aussi attendues en Géorgie, dans la République kirghize, au Tadjikistan et au Turkménistan, par suite des mesures d’incitation et de l’amélioration des disponibilités d’intrants. Les augmentations devraient être plus limitées en Azerbaïdjan (inondations) et au Kazakhstan, par suite de contraintes financières, de la faible productivité des terres marginales et de pénuries d’intrants. La récolte totale est sensiblement plus abondante que l’an dernier, mais la qualité est moins bonne en raison de l’emploi insuffisant d’intrants et de l’excès de pluies. L’abondance des disponibilités a entraîné dans la Fédération de Russie et en Ukraine une forte baisse des prix des céréales qui pourrait se traduire par une réduction des ensemencements en 1998. D’après les indications, la diminution des semis de blé d’hiver dans la Fédération de Russie a été négligeable, mais la superficie labourée pour les semis de printemps a considérablement régressé. En Ukraine également, la surface sous céréales d’hiver semble avoir diminué.
En Amérique du Nord, aux Etats-Unis les semis du blé d’hiver à récolter en 1998 se sont achevés dans des conditions généralement favorables. La récolte de blé de 1997 est officiellement estimée à 68,8 millions de tonnes, soit quelque 10 pour cent de plus qu’en 1996. Les prévisions officielles concernant la production totale de céréales secondaires de 1997 ont été relevées à 265,6 millions de tonnes, niveau restant inférieur aux 267,8 millions de tonnes rentrées en 1996. Au Canada, le gros de la récolte de blé de 1997 est rentré et les dernières estimations officielles l’établissent à quelque 23,5 millions de tonnes, soit 21 pour cent de moins qu’en 1996. La récolte de céréales secondaires, évaluée à 25 millions de tonnes, devrait aussi être plus faible que l’an dernier.
En Océanie, les perspectives pour les récoltes de céréales d’hiver de 1997 en Australie demeurent favorables, grâce aux pluies des dernières semaines, qui ont été abondantes et sont arrivées à temps. La production sera cependant considérablement plus faible que l’an dernier à cause d’une diminution des emblavures et du temps sec qui a sévi plus tôt en saison dans certaines régions. En outre, dans certains endroits de la Nouvelle-Galles du Sud, où le temps sec prédomine, de graves incendies menacent les cultures et perturbent les opérations de récolte. Les pluies récemment tombées dans les zones sous céréales secondaires d’été ont considérablement amélioré les perspectives pour les cultures qui seront semées sous peu et récoltées en 1998.