Les entretiens semi-structurés avec liste de contrôle
Cartes et diagrammes
Les cartes
Enquêtes sur le savoir, l'attitude et les pratiques
Analyse des parties prenantes
Méthodes quantitatives
Les méthodes d'enquêtes participatives informelles peuvent être utilisées à des étapes diverses du programme de mise en oeuvre pour recueillir les données, et par les communautés agricoles mêmes pour analyser les problèmes liés au PSSA.
Les principes fondamentaux du rassemblement informel des données comprennent la multidisciplinarité, la triangulation et la flexibilité.
La multidisciplinarité caractérise une équipe composée d'individus dont les compétences professionnelles sont variées. Cette équipe est chargée de recueillir et d'analyser les données concernant les milieux ruraux.
La triangulation signifie que l'information est intentionnellement recueillie sous plusieurs optiques différentes. Ceci est rendu possible en réunissant dans l'équipe multidisciplinaire des individus des deux sexes et dont l'expérience est différente, en choisissant des unités d'analyse différentes (par ex., des groupes d'agriculteurs, des ménages, ou des particuliers) et en utilisant des techniques différentes (par ex., la notation, les cartes ou les diagrammes).
La flexibilité signifie l'absence de protocole rigide et la possibilité de modifier les techniques et les outils selon les besoins. Dans un même temps, il est important de rappeler que les activités rapides et participatives de collecte des données doivent être soigneusement planifiées.
Outre ces principes fondamentaux, des imprévus et des exceptions servent aussi fréquemment à recueillir des données. Les imprévus créent des situations qui permettent à l'enquêteur de tirer profit du hasard; l'investigation des exceptions fournit l'occasion d'explorer les causes d'une irrégularité et de l'absence de consensus.
Pour établir un diagnostic participatif informel, il est important de:
· Décider des objectifs de l'enquête et du rôle de l'équipe chargée de l'enquête avant de commencer.
Si les objectifs ne sont pas clairement définis, l'exercice risque d'être insuffisamment ciblé et peu probant. Si l'équipe est seulement chargée de recueillir des données, ses objectifs et sa composition seront différents de ceux d'une équipe qui joue aussi le rôle de facilitateur auprès des agriculteurs dans l'évaluation des résultats et de l'impact des démonstrations.
· Choisir la composition de l'équipe chargée de l'enquête en fonction des objectifs qui ont été définis.
Les facteurs à considérer sont le choix des co-équipiers (répartition adéquate des participants en fonction de leur expérience, de leur sexe et de leur spécialité), la formation nécessaire, le nombre de co-équipiers (pas plus de deux ou trois), le nombre d'équipes qui travailleront parallèlement (pas plus de trois), et les procédures à suivre concernant la prise de notes et la formulation des rapports.
· Envisager de stratifier la région ou la population qui fait l'objet de l'enquête, quand l'enquête ne porte pas sur toute l'étendue, tous les individus ou tous les groupes des régions concernées par l'enquête.
La stratification implique la division de la région ou de la population en sous-ensembles dans lesquels le degré de variabilité entre les facteurs-clés serait plus faible. On choisira un échantillon d'individus, de groupes ou d'endroits dans chacun des sous-ensemble. Un exemple-type est celui des zones agro-écologiques dont on divise une région en sous-ensembles, en fonction de l'homogénéité des précipitations, des systèmes d'exploitation agricole ou même du rendement des cultures. Il est en même temps important d'éviter les facteurs de distorsion, comme les conditions routières, quand on choisi un endroit.
· Décider à l'avance si l'unité de l'enquête sera un groupe d'agriculteurs ou des agriculteurs individuels.
Ceci dépendra des circonstances et du sujet de l'analyse. Il peut être utile d'organiser des entretiens de groupe, quand l'information requise est supposée demeurer relativement constante entre les ménages. Si le sujet traité n'est pas trop délicat, ce moyen peut fournir une vue d'ensemble des variables possibles, telles la dimension des terrains ou le rendement des cultures.
· Tirer parti des résultats d'études précédentes (données secondaires)
Les données secondaires permettent d'améliorer l'efficacité des enquêtes en augmentant leur valeur explicative et en évitant que la même information soit recueillie un deuxième fois. Afin de ne pas subir l'influence trompeuse des rumeurs, des mythes et des on-dit, il est essentiel de confirmer et de vérifier les résultats par l'observation directe des principaux indicateurs.
Deux catégories importantes de méthodes de diagnostic participatif informel sont particulièrement utiles aux étapes préliminaires de la phase pilote; ce sont les entretiens semi-structurés avec liste de contrôle, et les cartes et diagrammes. Il existe deux autres méthodes plus pointues qui sont les enquêtes sur le savoir, l'attitude et les pratiques des agriculteurs, et l'analyse des parties prenantes. Enfin, on a parfois besoin des méthodes d'enquêtes quantitatives pour compléter les méthodes participatives plus informelles.
Un entretien semi-structuré est une forme d'entretien guidé ou quelques questions seulement sont préparées à l'avance et ou les autres questions sont généralement engendrées au cours de l'entretien. Les personnes qui conduisent l'entretien utilisent les questions de la liste de contrôle comme un guide flexible plutôt qu'un questionnaire formel. Ainsi, l'entretien prend souvent la forme d'une conversation au cours de laquelle celui qui interroge et celui qui est interrogé échangent leur savoir. Il est important que les agriculteurs participent sur un pied d'égalité à la collecte de l'information, sinon cela risquerait de compromettre leur participation aux étapes suivantes de l'enquête.
Les étapes à suivre
Dans les entretiens semi-structurés, il est bon de respecter les étapes suivantes:
Avant l'enquête:
· choisir l'équipe multidisciplinaire chargée de l'enquête
· analyser les données secondaires
· préparer la liste de contrôle pour l'entretien; (II est préférable que cela se fasse en équipe).
· procéder aux préparatifs logistiques de l'enquête
· prévenir les agriculteurs de l'arrivée de l'équipe
· définir les procédures concernant la prise des notes avant d'entrer dans le village
· décider s'il convient mieux d'organiser un débat de groupe ou des entretiens individuels approfondis
Pendant la rencontre-avec le groupe ou individuelle
· demeurer sensible à la culture et à la langue de la population locale· faire preuve de respect envers les agriculteurs en les traitant sur un pied d'égalité; les écouter et comprendre leur message
· ne pas utiliser la liste de contrôle comme un questionnaire mais plutôt comme un moyen de stimuler la discussion et le dialogue participatif
· formuler les questions à partir d'une liste de sous-sujets, de l'information existante sur la communauté, ou de supports visuels comme des diagrammes, des photos ou des cartes
· se servir des six mots-clés: qui? pourquoi? quoi? quand? comment? pour introduire les questions et approfondir le débat
· prendre des notes au cours de l'entretien, en évitant d'exagérer. (Il est parfois préférable de compléter ses notes à la fin du débat).
Après la rencontre ou l'entretien
· clore poliement le débat· le soir, réunir l'équipe pour discuter et échanger des idées, compléter les notes et préparer les activités du lendemain
· définir avec l'équipe les procédures relatives à l'établissement des rapports. S'assurer de prévoir un délai suffisant à cet effet
Listes de contrôle
L'encadré II.1 contient l'exemple d'une liste de contrôle utilisée dans les entretiens semi-structurés. Chaque équipe d'enquête établira sa propre liste de contrôle en fonction des données qu'elle juge nécessaires de recueillir. Les listes de contrôle ne doivent être ni trop longues ni trop compliquées. Il est souvent préférable de ne traiter qu'un petit nombre de questions clés, mais de les traiter à fond.
Mise à part leur utilisation dans les entretiens semi-structurés, les listes de contrôle sont aussi utilisées dans d'autres outils participatifs, comme la notation et le classement, et les cartes et diagrammes.
Pour des renseignements supplémentaires sur les entretiens semi-structurés, consulter: Participatory Rural Appraisal-A Manual on Issues, Principles and Tools (1986), Natural Resources Institute (NRI), Chatham, UK.
Un diagramme est un moyen simple et schématique de présenter l'information sous une forme condensée et visuelle, facile à interpréter. C'est une réplique simplifiée de la réalité.
Les diagrammes résument les données de sorte qu'elles soient utilisées à tous les stades du Programme spécial pour la sécurité alimentaire. Ils sont un accessoire particulièrement précieux des débats participatifs avec les agriculteurs et les autres membres de la communauté qui ont lieu au cours des démonstrations. On peut dessiner les diagrammes sur pratiquement n'importe quoi; par exemple, sur du papier, sur des transparences de rétroprojecteur, au tableau noir ou sur le sable, selon les circonstances.
Encadré II.1 Exemple de liste de contrôle pour la collecte d'information relative au système d'exploitation agricole dans la région de la démonstration INFORMATION GÉNÉRALE Ö Situation de la région où a lieu la démonstration. SYSTÈME D'EXPLOITATION AGRICOLE Ö Base des ressources physiques: terre, sols, eau, végétation, etc. Ö Modes d'occupation des sols: agriculture, élevage, activités forestières. Ö Modes de cultures: cultures, variétés, modes, rotations, variétés préférées. Ö Biens disponibles (par ex., principaux outils). Ö Rendements par culture par unité de surface cultivée. Ö Quantités d'intrants physiques variables utilisés par culture et par unité de surface cultivée. Ö Main d'oeuvre utilisée par culture par unité de surface cultivée. Prix: des intrants, de la production, de la main d'oeuvre, de la terre, du capital. INFORMATION SOCIO-CULTURELLE Ö Distribution des biens. |
Il est important que plusieurs catégories d'individus soient présents lors du dessin des diagrammes (femmes et hommes, jeunes et vieux, etc.), car leur perception, leur point de vue et leur information sont fréquemment différents. Comparer les diagrammes dessinés par des individus différents permet une compréhension plus profonde de la diversité des opinions et des processus de prise de décision à l'intérieur d'une communauté.
Les diagrammes sont des outils utiles parce que:
· ils simplifient considérablement l'information qui est complexe· ils facilitent la communication
· ils stimulent les débats
· ils favorisent le consensus parmi les membres de l'équipe
· ils sont un excellent moyen de faire participer les membres de la communauté, et de définir leur point de vue et les catégories auxquelles ils appartiennent, en les encourageant à dessiner eux-mêmes les diagrammes
L'encadré II.2 contient des types possibles de diagrammes.
Les cartes sont des diagrammes qui montrent la disposition géographique des éléments clés à la surface d'une région. Elles constituent un moyen utile de comprendre les systèmes à différents niveaux: les champs individuels, les exploitations agricoles, les communautés ou les districts. Lorsqu'ils dessinent les cartes, les villageois y font figurer les éléments qui ont le plus d'importance à leurs yeux. C'est pour cette raison que les différents groupes de parties prenantes dessinent souvent d'une même région des cartes différentes. Ainsi, l'élaboration des cartes peut être un moyen efficace de mettre en lumière les priorités des parties prenantes, les conflits d'intérêts et les potentialités.
Encadré II.2
Diagrammes possibles
Concept |
Diagramme |
Espace |
carte, transect |
Temps |
calendrier saisonnier, diagramme des activités journalières, tendances dans le temps, profil traditionnel |
Relations |
organigramme, analyse des moyens d'existence, diagramme des systèmes |
Contraintes |
graphe des problèmes (arbre) Décisions graphe des décisions (arbre), diagramme de Venn |
II existe plusieurs façons-toutes aussi valables les unes que les autres-de dessiner une carte avec un groupe de villageois. Avant de commencer l'exercice, il est important d'établir une liste de contrôle des éléments importants qui doivent figurer sur la carte. Les plus courants sont:
· l'infrastructure physique
· l'infrastructure sociale
· les systèmes de culture
· les sources d'eau
· les zones boisées
· les principales caractéristiques physiques
· les régimes fonciers
· les pâturages
II faut aussi prendre en considération les participants, le lieu et l'équipement:
· Les participants: II peut s'avérer utile de faire participer divers groupes du village à l'exercice, afin d'obtenir une vision impartiale du sujet traité. Il est généralement préférable que les groupes participant à cet exercice ne soient pas trop grands (15 personnes maximum).· Le lieu: L'élaboration des cartes est un exercice qui prend généralement du temps; il est donc important de choisir un endroit confortable, calme, et où le groupe ne sera pas distrait.
· L'équipement: On peut dessiner les cartes sur diverses surfaces, et à l'aide de divers outils. Par exemple:
- un espace de terrain dégagé et aplani, et des bâtons, des cailloux, des feuilles, etc.
- un sol en ciment et des craies de couleur
- du papier et des crayons de couleur
Chaque situation présente des avantages et des inconvénients. Par exemple, l'espace de terrain n'est pas délimité, la craie s'efface facilement et permet de redessiner, le papier est facile à conserver une fois la carte terminée. D'un autre côté, il est difficile de faire des changements sur le papier, il risque de pleuvoir sur le terrain, on ne trouve pas toujours des sols en ciment, etc. Chaque village fera le meilleur choix compte tenu de ses propres circonstances.
Dans les exercices d'élaboration des cartes, il est important de respecter les étapes suivantes:
· il faut soigneusement expliquer le but des cartes aux participants· une fois qu'on a commencé le tracé de la carte, il faut donner le moins de directives possibles, bien qu'un minimum d'encadrement soit nécessaire dans un premier temps
· la carte est un outil et pas seulement un produit; au fur et à mesure que la carte prend forme, on peut débattre de ses caractéristiques et remettre en question les composantes de la liste de contrôle
· si la carte n'est pas dessinée sur du papier, il va falloir la recopier dès qu'elle sera achevée; cela doit être fait avec soin, la copie devant être aussi conforme que possible
· on la montrera aux participants, et on leur en remettra une copie; elle leur appartient et l'expérience a montré que les participants aiment conserver leur travail
Les encadrés II.3 à II.5 contiennent des exemples de différents types de cartes qui peuvent être utiles au PSSA.
Pour des renseignements plus détaillés concernant l'élaboration des différents types de cartes, consulter: Bonnal, J. et M. Rossi (auteurs principaux) Guidelines for Participatory Constraints Analysis at Community and Farm Household Level (SPFS/DOC/17, preliminary working draft, 1996), FAO, Rome, Wilde, V. et V. Mattilla, Gender Analysis and Forestry International Training Package (1995), FAO, Rome, et Nabasa, J., G. Rutwara, F. Walker et C. Were, Participatory Rural Appraisal: Practical Experiences, Natural Resources Institute (NRI), Chatham, UK.
Encadré II.3
Carte du village de Butawata, district de Mubende, Ouganda
a) dessinée par terre par les membres de la communauté;
b) copie officielle qui identifie les différents ménages, les points d'eau, les édifices consacrés au culte et les magasins
Encadré II.4
Carte sociale du village, classement selon la richesse (exemple en provenance d'Ethiopie)
Encadré II.5
Les transects
C'est en se promenant avec les habitants du village et en discutant avec eux que l'on dessine un diagramme des éléments-clés des zones de la communauté où l'utilisation des terres est différente. Les transects sont d'autant plus utiles que les systèmes d'utilisation des terres sont variés. Ceci est fréquemment le cas pour les communautés qui sont situées en zone cotière ou vallonnée, au bord d'une rivière ou d'un lac, ou dans les zones où les sols varient sur de courtes distances.
Ces transects sont un moyen efficace:
· d'analyser les régions concernées et d'évaluer la pertinence d'y améliorer ou modifier l'aménagement de l'eau· d'acquérir une compréhension fondamentale de l'agriculture dans une région, de ses contraintes et potentialités
· d'établir le contact avec les habitants du village et d'entamer un entretien semi-structuré, en groupe ou individuellement
Ces transects offrent aux participants la possibilité de pratiquer l'observation directe. Il est essentiel de bien ouvrir les yeux pendant la promenade.
Pour dessiner un transect, il s'agit, dans un premier temps, de rédiger une liste de contrôle des aspects qui présentent de l'intérêt. Les plus courants sont les suivants:
· les sols et leur fertilité
· les versants
· les cultures vivrières
· les cultures marchandes
· les arbres
· la disponibilité de l'eau
· le régime foncier
· l'élevage
· les problèmes
· les possibilités
II est important de planifier l'itinéraire des promenades avec les habitants du village. S'il n'est pas nécessaire de suivre une ligne droite, il ne faut cependant pas se promener au hasard. Il est bon que l'itinéraire traverse les principaux systèmes d'utilisation des sols. Le mieux serait de suivre un itinéraire qui ramène l'équipe à son point de départ, ou bien qui parte du bord de la mer ou de la rivière et remonte vers les bassins versants. Parfois, on obtient une meilleure vue d'ensemble à l'issue de plusieurs promenades plus courtes que d'une seule longue.
Il est relativement difficile de prendre des notes en marchant et de couvrir la liste de contrôle point par point à chaque fois que l'on traverse un nouveau système d'utilisation des sols. Il est important de faire une pause quand des questions intéressantes sont soulevées. Il peut également être utile de répartir les responsabilités entre les divers membres de l'équipe. Par exemple, une personne peut être chargée de poser les questions relatives aux cultures, une autre, au régime foncier, etc.
Il est préférable de dessiner le diagramme aussitôt que la promenade est terminée. On dessinera en haut la topographie approximative de la promenade et, dessous et à gauche, une matrice des différents éléments composant la liste de contrôle. Dans la mesure du possible, il est souhaitable que les habitants du village participent à l'élaboration du diagramme. De toutes façons, il est important de montrer le diagramme aux groupes et de l'utiliser comme point de départ de la discussion portant sur ce que l'équipe a appris. C'est un moyen de canaliser la discussion et de permettre aux membres de l'équipe d'explorer plus à fond les systèmes d'exploitation, la sévérité des contraintes et le degré de consensus dans le village.
L'encadré II.6 contient un exemple de transect.
Encadré II.6
Pour des renseignements supplémentaires sur les transects, consulter: Nabasa, J., G. Rutwara, F. Walker et C. Were Participatory Rural Appraisal: Practical Expériences (1995), Natural Resources Institute (NRI), Chatham, UK.
Les calendriers d'activités saisonnières et journalières
Les calendriers sont des diagrammes qui montrent quand ont lieu certains événements (dans le cours d'une année, d'une saison de récolte ou d'une journée) et quelle en est l'importance. On peut réunir dans un même diagramme plusieurs variables différentes.
Il existe plusieurs types de calendriers et leur utilisation varie. Ils servent de façon remarquable à mettre en évidence les variations saisonnières, à les comprendre et à découvrir leur relation avec d'autres événements.
L'analyse saisonnière permet notamment de comprendre les contraintes et les principaux problèmes qui n'apparaissent qu'à un certain moment de l'année.
Il faut préparer une liste de contrôle des variables à inclure dans le calendrier et de tous les aspects qui leur sont liés et dont il faudra discuter. Les variables qu'il convient d'inclure au calendrier saisonnier sont, par exemple:
· la disponibilité alimentaire
· les précipitations et la température
· les activités de récolte et d'après-récolte
· les prix
· la commercialisation
· le revenu
· la main d'oeuvre et les niveaux d'activité de l'emploi
· la dette
Il faut aussi tenir compte des participants, du lieu et de l'équipement.
· Les participants: les calendriers saisonniers peuvent être préparés par une seule personne ou en petits groupes. Il importe d'identifier les participants qui soient représentatifs du groupe concerné· Lieu: la préparation des calendriers saisonniers ne requiert pas beaucoup d'espace. Il suffit de trouver un endroit ombragé et confortable
· Equipement: on peut dessiner les calendriers saisonniers sur du papier ou, mieux, sur le sol, avec un bâton ou une craie; on utilisera des matériaux locaux pour représenter les différentes variables à inclure dans le calendrier, par ex., des bâtons, des cailloux, des haricots, des feuilles, des fruits, etc.
Les étapes suivantes sont importantes à la préparation des calendriers saisonniers:
· il faut expliquer soigneusement aux participants le but de l'exercice· il est bon de commencer par tracer l'axe horizontal: il représente le temps et est divisé en saisons. (Dans la plupart des sociétés rurales, les saisons ne sont pas connues sous le nom des mois du calendrier mais elles possèdent leur propre nom. C'est ce nom-là qu'il faut utiliser dans le diagramme; si les saisons sont de durée différente, il faut les représenter sur l'axe horizontal par une longueur approximativement proportionnelle à leur durée.)
· il faut que le calendrier couvre plus d'une année, afin d'être certain que la nature cyclique des événements soit comprise correctement. (On pourra ajouter les mois du calendrier à la fin de l'exercice ou après que l'on se soit mis d'accord sur l'axe horizontal.)
· les variables seront incorporées au calendrier l'une après l'autre. (Certaines variables, comme les plantations et le sarclage, seront simplement représentées par le moment auquel elles ont lieu. Les autres, comme les précipitations ou les prix, devront aussi apparaître en termes quantitatifs).
· un point ou une ligne horizontale marquera la période concernée dans le calendrier.
· pour la durée, on pourra utiliser des cailloux, des bâtons ou des graines, ou bien un axe vertical pour indiquer la quantité.
Le calendrier saisonnier est un outil et pas seulement un produit. Une fois qu'il est établi, il sert de base aux débats concernant les variables qu'il contient. Les calendriers saisonniers sont faciles à établir. Il faut aussi prendre des notes au cours des discussions dont ils font l'objet.
L'encadré II.7 contient un exemple de calendrier saisonnier.
Le calendrier journalier est identique au calendrier saisonnier à l'exception du fait qu'il contient le rythme des activités journalières des membres de la communauté à différentes époques de l'année. Il permet aussi de comparer les rythmes journaliers et les charges de travail des différents groupes d'individus (par ex., les femmes, les hommes, les jeunes, les vieux, les actifs, les chômeurs, etc.) Il permet d'identifier les contraintes en matière de temps (pénuries) et les potentialités. Par exemple, on peut s'en servir pour déterminer le meilleur moment de la journée pour que les femmes suivent un cours de formation.
Les activités journalières sont souvent illustrées par des horloges d'activités journalières.
L'encadré II.8 fournit un exemple d'horloge d'activités journalières à deux périodes de l'année différentes.
Pour des renseignements supplémentaires sur les calendriers saisonniers et journaliers et sur les horloges d'activités journalières consulter: Theis, J. et H. Grady, Participatory Rapid Appraisal for Community Development (1991), International Institute for Environment and Development (IIED)/Save the Children Fédération, London, UK, et Townsley, Training of Rapid Appraisal Teams. Notes for Trainers, (1993), FAO, Rome.
Encadré II.7
Exemple de calendrier saisonnier (Kordofan du Nord, Soudan)
Encadré II.8
Les Enquêtes sur le savoir, l'attitude et les pratiques servent à comprendre et évaluer le savoir indigène local des agriculteurs, leurs systèmes de valeurs et de croyances, et établir comment ces derniers affectent les pratiques agricoles. Ces enquêtes sont des outils servant à identifier les interventions techniques dont une région a besoin et dont l'impact est susceptible d'être important. En analysant le savoir, l'attitude et les pratiques des agriculteurs du point de vue d'éléments précis du système d'exploitation agricole, il est possible d'identifier ceux qui sont efficaces, ceux qui pourraient être améliorés, et ceux qu'il serait bon d'abandonner.
Grâce à cette information, les démonstrations peuvent être conçues d'une manière plus efficace. Il est possible que les agriculteurs n'aient pas tous besoin de la série complète de recommandations techniques, et que certains d'entre eux connaissent, approuvent et aient déjà adopté certaines d'entre elles. D'autre part, ces enquêtes permettent d'identifier parmi les nouvelles techniques celles que la majorité des agriculteurs ne connaissent pas, pour quelles raisons ils adoptent une attitude négative, et comment et pourquoi les technologies recommandées n'ont pas été appliquées correctement, etc.
L'information concernant le savoir, l'attitude et les pratiques peut être obtenue à partir des enquêtes menées à cet effet, ou bien extraite de l'information déjà recueillie à l'aide d'autres méthodes comme les entretiens semi-structurés Si on se sert de ces enquêtes pour recueillir l'information de base, la même méthode doit être appliquée pour faire le suivi des réactions des agriculteurs aux démonstrations de la phase pilote.
Afin d'enquêter sur le savoir, l'attitude et les pratiques, il faut:
· recueillir l'information sur le savoir, l'attitude et les pratiques des agriculteurs par rapport aux systèmes d'exploitation agricole· identifier les sujets principaux en comptant le nombre de fois qu'ils sont mentionnés dans les débats et les entretiens
· préparer une fiche sur chacun des principaux sujets identifiés et résumer l'information recueillie auprès des agriculteurs sur leur savoir, leur attitude et leurs pratiques. Indiquer aussi toute information supplémentaire devant être recueillie.
Les encadrés II.9, II.10 et II.11 illustrent de façon détaillée les étapes à suivre pour mener une enquête sur le savoir, l'attitude et les pratiques.
Après chaque série d'enquêtes, les résultats sont analysés avec les agriculteurs et les possibilités d'utilisation des technologies ou des pratiques agricoles novatrices pour résoudre les contraintes identifiées sont envisagées. Les groupes d'agriculteurs décident ensuite de la nature des messages de vulgarisation qu'ils aimeraient recevoir, et sous quelle forme ils leur seraient le plus utiles. A partir de cette information, il est possible de préparer des campagnes de vulgarisation stratégiques afin de promouvoir l'adoption à grande échelle des technologies et des pratiques nouvelles qui sont dans le plus grand intérêt des agriculteurs.
L'encadré II.12 montre comment la méthode d'enquête sur le savoir, l'attitude et les pratiques sert à la planification, à la mise en oeuvre et au suivi d'une campagne de vulgarisation stratégique.
Pour des renseignements supplémentaires concernant l'utilisation des enquêtes sur le savoir, l'attitude et les pratiques, consulter: Adhikarya, R., Strategic Extension Campaign: A Participatory-Oriented Method of Agricultural Extension (1994), FAO, Rome, Jallade, J., Knowledge, Attitudes and Practices -KAP (projet, 1994), FAO, Rome, et Contado, T.E., Applications of KAP in Improving Extension Impact (1996) Paper prepared for the Second Informal Consultation on International Support to Agricultural Extension Systems in Africa, FAO, Rome.
Encadré II.9
Exemples de commentaires qui montrent le savoir des agriculteurs · Ma terre n'est pas aussi fertile qu'elle l'était auparavant · J'ai remarqué une baisse de fertilité des terres au cours des cinq denières années · La baisse de production a particulièrement affecté les patates douces · Je ne connais pas la cause de cette baisse de production · Ma terre est attaquée par l'érosion · Je ne savais pas qu'il existait des arbres pouvant à la fois fertiliser la terre et fournir du bois à brûler et du fourrage pour les animaux · Voici les arbres utilisés pour combattre l'érosion · Les nouveaux traitements médicaux ne sont pas bons pour les animaux · La fumigation est un bon remède contre les tiques · Je ne sais pas pourquoi mes animaux sont malades · Je ne sais pas où vendre mes légumes |
Exemples de commentaires qui montrent l'attitude des agriculteurs · Les cultures associées sont plus sûres · Je ne peux pas me permettre de laisser mes terres en jachère parce que j'en ai trop peu · Fabriquer du compost ne m'intéresse pas · Je n'utilise pas le fumier de porc parce qu'il me brûle les pieds · Enterrer l'engrais vert ne sert arien. · J'aimerais utiliser d'autres techniques de fertilisation · Je suis prêt à adopter d'autres technologies pour combattre l'érosion · Je suis prêt à planter des arbres · Je ne veux pas acheter des semences améliorées produites pas d'autres exploitants parce que je ne leur fais pas confiance · J'aimerais agrandir mon cheptel, notamment les porcs et la volaille · Je n'échange pas mes animaux de reproduction parce que le bien-être de ma famille dépend d'eux · J'aimerais que mes animaux produisent davantage |
Exemples de commentaires qui montrent les pratiques des agriculteurs · Je plante le sorgho seul et le millet avec les doliques |
Encadré II.10
Exemples des principaux sujets de préoccupation identifiés par les exploitants agricoles
SUJETS |
NOMBRE DE FOIS CITÉS |
jachère |
5 |
érosion |
10 |
conservation des semences |
9 |
aviculture |
6 |
soins phytosanitaires |
4 |
reboisement |
9 |
bois combustible |
10 |
lutte contre les insectes ravageurs |
9 |
fumier non-organique |
8 |
Les préoccupations majeures des exploitants agricoles interrogés sont, par ordre de priorité: l'érosion, le bois à brûler et le reboisement, la conservation des semences, et la lutte contre les insectes ravageurs. |
Encadré II.11
Cartes par préoccupation pour les enquêtes sur le savoir, l'attitude et les pratiques
Pour chaque préoccupation, veuillez indiquer: Le résumé du savoir des agriculteurs Le résumé de l'attitude des agriculteurs Le résumé des pratiques des agriculteurs Information supplémentaire |
Encadré II. 12
L'enquête sur le savoir, l'attitude et les pratiques en tant qu'outil qui associe la recherche, la vulgarisation et la communication entre les agriculteurs
ACTIVITÉ · Identifier les problèmes des agriculteurs et évaluer leurs besoins en technologies nouvelles et en information · Analyser les résultats des priorités des agriculteurs en matière de technologie et d'information · Emettre/valider des recommandations en matière de technologie et définir le dossier d'information critique et d'acquisition technologique · Elaborer des instruments de collecte de données por les enquêtes sur le savoir, l'attitude et les pratiques, basés sur le dossier précédent · Pré-examiner les instruments d'enquête sur le savoir, l'attitude et les pratiques · Mener les enquêtes et organiser des entrevues avec les groupes de réflexion · Analyser les résultats des "votes" (c'est à dire des réponses à l'enquête) des agriculteurs en matière de savoir, d'attitude et de pratiques concernant: - ce qu'ils savent et ne savent pas, et jusqu'où va leur savoir - ce qu'ils aiment/croient et ce qu'ils n'aiment/ne croient pas et pourquoi - la mise en pratique, correcte ou incorrecte, d'une technologie recommandée donnée - et si elle est incorrecte, pourquoi est ce ainsi et pourquoi ne l'adaptent - ils pas? · Modifier et améliorer les solutions technologiques en fonction des résultats des enquêtes et des entrevues · Définir les objectifs, les ménages, et le matériel multimédia de soutien et de formation de la campagne de vulgarisation stratégique, en fonction des résultats des enquêtes et des entrevues · Pré-examiner le matériel de campagne de vulgarisation stratégique · Analyser les résultats des "votes" des agriculteurs concernant la clarté, l'acceptabilité et la pertinence perçue des ménages de la campagne de vulgarisation stratégique et du matériel multimédia de soutien en de formation · Faire participer les agriculteurs chefs de file à la planification et à la mise en oeuvre sur le terrain des activités de la campagne · Mener la campagne de vulgarisation stratégique |
Dans le passé, de nombreux programmes et projets ont échoué parce qu'ils n'ont pas tenu compte des différents intérêts des groupes dans la région où le programme est mis en oeuvre. Il arrive que les membres de groupes d'intérêts divers se servent de leur pouvoir et de leur influence pour entraver la réalisation des objectifs qui, selon eux, menacent leurs propres intérêts. C'est en comprenant les intérêts des différents groupes et en incorporant cette connaissance à la planification et à la mise en oeuvre des activités que l'on peut concevoir plus efficacement les programmes et multiplier les chances de réussite.
Dans le Programme spécial pour la sécurité alimentaire, les parties prenantes peuvent être définies comme des groupes d'individus qui partagent les mêmes objectifs et les mêmes contraintes en ce qui concerne la production et/ou la commercialisation et/ou la consommation des denrées alimentaires de base.
Les agriculteurs sont les premières parties prenantes du programme parce qu'ils sont la cible principale des activités et qu'ils sont, en fin de compte, ceux qui en subissent les effets. Il existe cependant parmi eux des sous-groupes dont il importe de tenir compte. Dans le contexte de la sécurité alimentaire, ce sont les différences entre les ménages agricoles déficitaires et ceux qui sont excédentaires sur le plan alimentaire qui sont cruciales. Ces sous-groupes ont vraisemblablement des contraintes en matière de priorités qui sont différentes. D'autres sous-groupes importants dont les priorités sont différentes sont ceux qui sont basés sur le genre et sur les biens.
L'encadré II.13 fournit des exemples de différences clés courantes entre les ménages agricoles.
Encadré II.13
Quelques exemples des différences types courantes qui existent entre les ménages agricoles
achètent plus de denrées qu'ils n'en vendent |
vendent plus de denrées qu'ils n'en achètent |
ont une femme à leur tête |
ont un homme à leur tête |
travaillent aussi pour d'autres |
emploient des ouvriers |
pas d'accès à l'irrigation |
irriguent |
louent ou empruntent M terre |
ont la sécurité d'accès à la terre |
n'ont pas les moyens d'avoir des intrants extérieurs |
utilisent régulièrement des intrants extérieurs |
ne peuvent pas obtenir de crédit |
ont accès au crédit |
Une analyse complète des parties prenantes tiendra compte de tous les acteurs de la chaîne de commercialisation, depuis la préparation avant-production, en passant par la production, jusqu'à la transformation, le stockage et la circulation après-production et, finalement, la consommation. Outre les agriculteurs, ces acteurs sont les entreprises du secteur privé, les services et les institutions du secteur public, et les organisations collectives et non-gouvernementales (ONG).
Les fournisseurs de services du secteur privé (comme la commercialisation, la mouture, le décorticage ou le d'épouillage, la fabrication des produits alimentaires ou de la bière, le transport, l'apport d'intrants) joueront souvent un rôle capital dans l'élimination des contraintes et la création de nouvelles possibilités visant l'accroissement de la production agricole. Dans un même temps, au même titre que les autres parties prenantes, gouvernementales et non-gouvernementales, ils subiront des gains et des pertes dûs aux changements causés par l'introduction successive des nouvelles technologies et autres innovations dans les systèmes d'exploitation agricole existants.
L'analyse des parties prenantes comporte généralement les étapes suivantes:
· identifier et dresser la liste de toutes les parties prenantes, primaires et secondaires.· classer les groupes de parties prenantes en fonction de:
- leurs intérêts dans le Programme spécial pour la sécurité alimentaire
- l'impact possible du programme sur leurs intérêts
- le pouvoir/l'influence dont ils peuvent user pour agir sur le programme· préparer un tableau des parties prenantes à partir de cette information
Identification des groupes de parties prenantes
La première étape de l'analyse des parties prenantes est d'identifier les divers groupes d'intérêts dans la région où a lieu la démonstration. Il est important de bien comprendre ce qu'il se passe et quels sont les rôles joués par les différents acteurs dans la communauté. Les entretiens semi-structurés sont utiles à identifier les parties prenantes dans une région donnée. Il ne faut pas oublier qu'un "groupe de parties prenantes" peut ne comporter qu'un seul individu, et que certains individus peuvent appartenir à plusieurs groupes de parties prenantes.
Identification des intérêts et des préoccupations
Dans un second temps, il s'agit d'identifier les intérêts et les préoccupations de chaque partie prenante ou chaque groupe de parties prenantes. Il est utile d'organiser des ateliers de travail auxquels prennent part autant de parties prenantes potentielles possibles, et au cours desquels elles peuvent échanger l'information et clarifier leur point de vue. D'autre part, l'analyse des parties prenantes fait souvent appel à une information de nature délicate; il en résulte que beaucoup d'intérêts ne sont pas divulgués et que les objectifs sont partiellement dissimulés. Il y a vraisemblablement peu à gagner à essayer de les rendre publics. Il est alors préférable de s'entretenir individuellement avec chaque partie prenante.
Questions à considérer lors de l'analyse des parties prenantes
· Les intérêts qu'un groupe de parties prenantes, quel qu'il soit, a dans le programme dépendent de l'effet qu'elles s'imaginent que celui-ci produira sur elles. Cet effet peut être positif ou négatif. Certains effets seront d'ordre matériel (augmentation du revenu ou des disponibilités alimentaires, perte de commerce, coûts plus élevés) ou social (hausse ou perte de statut ou de pouvoir).· La liste des intérêts de chaque groupe de parties prenantes et leur évaluation doivent être effectuées avec prudence. Les parties prenantes perçoivent sans doute le programme d'une façon différente de celle de l'analyste. Celles qui ont des intérêts négatifs dans le programme ne les exprimeront pas ou n'en parleront pas spontanément. Il est important de savoir comment chaque groupe se situe par rapport à l'objectif du Programme-améliorer la sécurité alimentaire-et aux problèmes qui freinent sa réalisation. Prendre conscience des conflits d'intérêts potentiels constitue une raison importante d'analyser les parties prenantes.
· Il est crucial d'évaluer l'impact possible du programme sur les groupes de parties prenantes. Par exemple, il se peut que certains groupes ne soient pas en mesure d'adopter une nouvelle technologie parce qu'ils n'ont pas accès aux ressources nécessaires à son utilisation. Le programme ne leur apporte rien, même si la production alimentaire de l'ensemble de la communauté augmente.
· Enfin, il faut reconnaître et évaluer le pouvoir et l'influence de chaque groupe. Dans toute communauté, les plus puissants et influents ont les moyens d'agir sur le cours des événements, en favorisant leur réalisation mais aussi en l'opposant. Inversement, les groupes dont l'influence est faible rencontreront davantage de difficultés à atteindre leurs objectifs si ceux-ci sont tributaires de concessions ou de contributions de la part des autres.
Préparation d'un tableau des parties prenantes, d'une carte des liens de communication et d'une matrice des conflits et partenariats
L'information concernant les groupes de parties prenantes peut être résumée dans un tableau qui réunit la liste des diverses parties prenantes, leurs intérêts, leur pouvoir et influence dans la communauté, les effets positifs possibles du PSSA sur chaque groupe de parties prenantes et les effets négatifs possibles sur le même groupe. L'encadré II.14 présente un modèle de tableau des parties prenantes qui a été spécialement conçu pour le PSSA.
Encadré II.14
Format d'un tableau des parties prenantes
Groupe des parties prenantes |
Intérêts |
Pouvoir et influence (fans la communauté |
Impact positif potentiel de l'intervention du PSSA |
Impact négatif potentiel de l'intervention du PSSA |
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Dessiner la carte des liens entre un agriculteur et toutes les autres parties prenantes de la chaîne de production peut aider à illustrer graphiquement les divers intérêts interdépendants des différents acteurs. L'encadré II.15 donne un exemple de carte des liens de communication.
Encadré II.15
Carte des liens de communication (exemple de l'Association des paysans de Lemu Chemeri, en Ethiopie)
Cette information aidera à déterminer si une démonstration donnée a des chances de réussir, ou si elle a besoin d'être modifiée. Elle met aussi en lumière les problèmes potentiels auxquels il faudra faire face.
Un autre exercice utile consiste à établir une matrice des conflits et partenariats entre les parties prenantes. Ceci aide à comprendre où se situent les conflits et les terrains d'entente entre les diverses parties prenantes, et quelle est l'ampleur du conflit. Bien qu'il soit quasi impossible d'éviter les conflits d'intérêts, on peut, grâce à cette information, tenter d'éviter ou apaiser des situations conflictuelles graves qui pourraient exercer un effet négatif sur le Programme. D'un point de vue positif, on peut s'en servir pour consolider les terrains d'entente entre les diverses parties prenantes. Un exemple de diagramme de Venn pour l'analyse des parties prenantes figure dans l'encadré II.16 et une matrice des conflits et partenariats entre les parties prenantes figure dans l'encadré II.17.
Pour préparer la matrice des conflits et partenariats des parties prenantes, ou peut utiliser les entretiens semi-structurés, en groupe ou individuels, afin de recueillir l'information suivante:
· Quels groupes de parties prenantes ont des intérêts communs en ce qui concerne l'intervention qui est prévue ou la démonstration qui est introduite?· Existe-t-il des partenariats ou des relations de soutien ou de collaboration, entre certains groupes de parties prenantes? Quelles activités, quels problèmes ou objectifs sont à l'origine du partenariat? Certains partenariats sont-ils basés sur le genre ou sur d'autres caractéristiques du groupe?
· Pourrait-on utiliser les partenariats existants pour introduire la mise en oeuvre d'activités données? Ou bien pourrait-on former de nouveaux partenariats?
· Quels groupes de parties prenantes ont des intérêts conflictuels en ce qui concerne les interventions dont il est question? Ces groupes sont-ils traditionnellement en conflit? Y a-t-il des conflits créés par les différences hommes/femmes ou par d'autres caractéristiques du groupe? Comment ont été résolus les conflits antérieurs?
· Y a-il des conflits si profonds et qui durent depuis si longtemps que certaines interventions proposées soient vouées à l'échec?
· Etant donné les domaines conflictuels et les terrains d'entente, quelles sont les interventions proposées qui risquent le plus de réussir?
Pour des renseignements supplémentaires sur l'analyse des parties prenantes, consulter: Bonnal et Rossi, Guidelines for Participatory Constraints Analysis, op. cit., Wilde, SEAGA Field Handbook, op. cit., Marsden, D., P. Oakley et B. Pratt, Measuring the Process: Guidelines for Evaluating Social Development (1994), INTRAC, Oxford, UK, Carloni, A., et M. Rossi, "Socio-Economic and Production System Study: Background and Materials," in Project Document for Participatory Planning, Field Demonstrations and Sustainable Food Crop Production Intensification to Enhance Food Security in Ethiopia (1995), FAO, Rome, Grimble, R., M.K. Chan, J. Aglionby et J. Quan, Trees and Trade-Offs: A Stakeholder Approach to Natural Resource Management (1995), Gatekeepers Series No. 52, International Institute for Environment and Development (IIED), London, UK, et Guidance Note on How to Do Stakeholder Analysis of Aid Projects and Programmes (1995) Overseas Development Administration, London, U.K.
Encadré II.16
Encadré II.17
Dans l'analyse participative des contraintes, les méthodes d'enquêtes quantitatives doivent avant tout être considérées comme des compléments aux méthodes de diagnostic participatif. Quand les données recueillies à l'aide des techniques informelles manquent statistiquement de précision, il peut être nécessaire de mener une enquête basée sur un questionnaire pour estimer les quantités produites; par exemple, les résultats obtenus à l'issue des entretiens avec les agriculteurs devront peut-être être complétés par une enquête statistique, étant donné qu'il faudra mesurer la hausse de la productivité.
La phase de planification, qui commence par définir de façon précise les objectifs, est l'une des étapes les plus importantes de toute enquête. Dans le cas d'enquêtes statistiques, on y décide du type de données à recueillir, de la population-cible, des techniques de sondage et des mesures statistiques à utiliser, et on y prépare la présentation des résultats.
Les types de données
Les types de données qu'il faut considérer sont:
· les données permanentes (par ex., le poids)· les nombres (par ex., le nombre de personnes qui composent un ménage)
· les notes (par ex., on notera une maladie végétale de 0 a 5, 0 représentant l'absence de maladie, et 5 un degré avancé de la maladie)
· les données binaires/catégoriques (par ex., la classification des exploitations agricoles par catégories, comme la culture principale; s'il n'y a que deux catégories de classement, on parle de données binaires)
Sondage de la population
On a recours à l'enquête par sondage quand il n'est pas nécessaire de tout mesurer, ou que cela est impossible ou trop coûteux. Il en résulte qu'une fraction réduite du sujet à l'étude est mesurée. Quand on prépare un plan de sondage, il faut définir la population-cible pour laquelle les données sont recueillies. On choisit ensuite un échantillon de cette population, à partir duquel on estimera des valeurs représentatives de l'ensemble de la population (par ex., le pourcentage des agriculteurs qui utilise une technique d'irrigation précise).
Dans les estimations par sondage, deux concepts statistiques sont importants: les déformations et la précision.
Une estimation déformée a tendance à surestimer-ou sous-estimer-la vraie valeur de la population. Par exemple, quand on demande aux agents de vulgarisation de choisir les agriculteurs qui participeront à l'enquête, ils ont tendance à sélectionner les agriculteurs les plus évolués ou ceux qui n'hésiteront pas à prendre des risques. Ceci déforme les résultats. L'idéal serait que les sondages fournissent des estimations non biaisées.
La précision concerne la cohérence des estimations, quand un sondage est répété plusieurs fois. En général, plus l'échantillon est vaste, plus l'estimation est précise. Par exemple, un échantillon composé de 1 000 terrains fournira une estimation du rendement plus précise qu'un échantillon de 10 terrains. La précision est également liée aux variations aléatoires entre les diverses unités. Dans le cas d'un échantillon d'une taille donnée, si la mesure prévoit de forts écarts-types, les estimations seront moins précises que si elle prévoit des écarts-types plus faibles.
S'il est vrai que l'absence de déformation et la précision aient chacune leur importance, on s'efforce en priorité d'éviter les déformations. Il y a peu d'intérêt à obtenir une réponse qui soit précise, si elle est déformée.
Le meilleur moyen de garantir l'absence de déformation est de faire une sélection aléatoire des unités de population. Selon le principe fondamental des sondages aléatoires simples, toutes les unités ont approximativement les mêmes chances de sélection. Si cela s'avère impossible, il faut alors redéfinir la population-cible (et les objectifs connexes); par ex., les exploitations agricoles situées à moins d'1 km d'une route.
Mesures statistiques
Un certain nombre de mesures statistiques courantes devra être calculé, comme la moyenne, la médiane, l'écart-type et le minimum-maximum. Par ailleurs, on étudie aussi les tendances et les relations, et on pratique des tests statistiques. On calcule des erreurs-types pour déterminer la marge de précision des estimations.
Lors de la collecte de l'information de base dans les régions de la démonstration, il faut prendre soin de sélectionner un échantillon de population qui ne soit pas biaisé et d'utiliser les mesures les plus courantes pour effectuer les calculs.
Transcription et présentation des résultats
Dans la plupart des cas, il sera nécessaire de préparer des formulaires (par ex., des questionnaires) pour y transcrire les données recueillies sur chaque région où a lieu le projet ou la démonstration et sur la technologie concernée. L'encadré II.18 montre un exemple de transcription des données concernant les intrants et les résultats relatifs à une démonstration de culture pour le PSSA. Ils devront être les plus brefs possibles. Les enquêtes ne doivent pas être utilisées pour la collecte de données ou d'information superflues, qu'il est plus facile d'obtenir à l'aide des méthodes participatives. Quand on remplit les formulaires, la transcription manuelle devra être la plus sommaire possible, afin d'éviter l'introduction possible d'erreurs et les pertes de temps.
De nos jours, il est d'usage d'analyser les données quantitatives sur ordinateur et à l'aide de programmes statistiques. Outre les bases de données et les programmes statistiques informatiques courants - comme Dbase, PSSA et SAS, les chiffriers informatiques sont aussi utiles, notamment si les bases de données sont relativement petites et que les calculs statistiques à effectuer ne sont pas très complexes.
La présentation des résultats, bien qu'elle soit souvent négligée, est une étape importante de l'analyse statistique. Lorsqu'ils sont bien présentés, les résultats permettent plus facilement d'interpréter les données statistiques et de tirer des conclusions. Les résultats numériques sont généralement présentés sous la forme de tableaux ou de graphiques, selon que l'on a besoin de précision numérique ou seulement d'une indication des tendances. Certaines données statistiques peuvent être directement introduites dans les calculs financiers des budgets agricoles.
Les étapes à suivre
Les enquêtes quantitatives procèdent généralement par les étapes suivantes:
· décider des objectifs de l'enquête· identifier quelles données sont nécessaires
· décider de la population-cible
· déterminer les techniques qui permettront d'obtenir un échantillon non biaisé de la population ciblée
· décider des mesures statistiques qui seront utilisées et de la façon dont les résultats seront présentés
· préparer des formulaires/questionnaires pour y transcrire les données
· tester les questionnaires
· identifier et former des recenseurs
· procéder aux exercices de collecte des données (il est important de surveiller si les recenseurs recueillent les données)
· une fois que le travail de terrain est terminé, relire les questionnaires et coder les réponses
· transférer les données sur ordinateur afin de les traiter
· s'assurer qu'aucune erreur n'a été commise et valider les données
· procéder à l'analyse effective (c'est a dire calculer les mesures)
· interpréter et présenter les résultats
Pour des renseignements supplémentaires sur les méthodes d'enquête quantitative, consulter: Sherington, J. (janvier 1997), Statistical Concepts in Research (document non publié préparé pour le cours sur l'aménagement du stockage des céréales du NRI), Natural Resources Institute, Chatham, UK, et Farm Demonstration Protocal Guide, (1997), SPFS/DOC/20, FAO Rome.
Encadré II.18
Format pour la relève des données concernant les intrants et les extrants relatifs à une démonstration de culture
Nom de l'agriculteur: _____________________________________________
Lieu de la démonstration: _________________________________________
Saison (par ex., 1997/98): __________________________________________
Cocher la case appropriée pour indiquer si on utilise un champ ou un terrain à l'intérieur du champ:
Champ: Terrain:
MAIN D'OEUVRE
Terrain |
de contrôle |
traité |
||||||||||||||
Main d'oeuvre (jours de travail) |
Coûta l'unité |
Coût de la main |
Main d'oeuvre (jours de travail) |
Coûta l'unité |
Coût de la main |
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Activité |
Salariée |
Familiale |
Salariée |
d'oeuvre |
Salariée |
Familiale |
Salariée |
d'oeuvre |
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H |
F |
H |
F |
H |
F |
H |
F |
H |
F |
H |
F |
H |
F |
H |
F |
Préparation du sol) |
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Plantation des plants |
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Transplantation |
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Plantation |
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Eclaircissage/repiquage |
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Epandage de l'engrais et du fumier |
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Arrosage |
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Emploi du pesticide |
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Taille |
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Désherbage |
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Récolte |
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Battage |
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Ensachage |
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Autre (décrire |
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TOTAL |
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INTRANTS AUTRES QUE LA MAIN D'OEUVRE
Terrain |
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de contrôle |
traite |
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Récolte |
Activité |
Unité |
Quantité |
Prix à l'unité |
Valeur |
Unité |
Quantité |
Prix à l'unité |
Valeur |
Culture 1 |
Semences |
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Engrais |
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Insecticides |
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Herbicides |
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Sacs |
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Autre |
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Total |
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Culture 2 |
Semences |
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Engrais |
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Insecticides |
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Herbicides |
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Sacs |
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Autre |
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Total |
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Culture 3 |
Plants |
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Engrais |
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Insecticides |
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Herbicides |
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Sacs |
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Autre |
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Total |
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Le tableau ci-dessus est un exemple de feuille de données à utiliser quand la démonstration dans l'exploitation est faite pour plus d'une culture (par ex., les cultures croisées ou rotatives). |
PRODUCTION
Terrain |
de contrôle |
traité | ||||||||
Récolte |
Superficie |
Unité |
Quantité |
Prix à l'unité |
Valeur |
Superficie |
Unité |
Quantité |
Prix à l'unité |
Valeur |
Culture 1 |
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Résidus de la Culture 1* |
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Culture 2 |
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Résidus de la Culture 2 |
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Culture 3 |
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Résidus de la Culture 3 |
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TOTAL |
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* Les résidus correspondent aux chaumes qui peuvent être vendus pour servir d'engrais aux plantes, construire des habitations, nourrir les animaux ou faire du feu |
RÉCAPITULATIF DES BÉNÉFICES BRUTS
Article |
de contrôle |
traité |
|||||
Unité |
Quantité |
Valeur |
Unité |
Quantité |
Valeur |
||
A. Main d'oeuvre |
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A1. Salariée masculine |
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A2. Salariée féminine |
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A3. Main d'oeuvre familiale (en jours de travail) |
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B. Autre que la main d'oeuvre |
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B1. Culture 1 |
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B2. Culture 2 |
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B3. Culture 3 |
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C. Coût total variable (A+ B) |
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D. Production |
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D1. Produits vendus |
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D2. Produits utilisés sur place pour la consommation familiale |
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Marge brute (D-C) |
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Marge brute par rapport à la main d'oeuvre (D-C)/A3 |
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