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6 JUGER DE LA DURABILITÉ D'UN AMENAGEMENT FORESTIER

Juger de la durabilité d'un aménagement forestier nécessite de disposer de critères et indicateurs pertinents tant au niveau global que local. L'absence dans de nombreux cas de seuils chiffrés suffisamment précis oblige le gestionnaire à user du principe de précaution pour ne pas déclencher des processus irréversibles de dégradation de la ressource.

· Les C&I ne sont que des outils dont la complexité des situations limite le champ d'application géographique.

· Il est souvent difficile de comparer les valeurs des indicateurs d'un site à un autre. La standardisation des C&I est difficilement applicable au-delà de l'échelle nationale.

· L'interprétation statistique des données brutes est complexe et nécessite la mise au point d'outils adaptés.

· Les échanges d'expérience et de savoir-faire.

· L'amélioration de la circulation des connaissances sur les écosystèmes forestiers.

· Le développement d'approches méthodologiques communes.

· L'identification des insuffisances de connaissances.

· L'amélioration de la lisibilité et de la compréhension du processus de durabilité.

· La mise en _uvre de tests à l'échelle locale.

Ce processus en cours devra déboucher sur des outils évolutifs dans le temps et utilisables à différentes échelles. Son adoption et sa généralisation s'inscrivent de fait dans le long terme. Les C&I relèvent davantage aujourd'hui du forum d'échange que des outils pratiques de la gestion forestière durable.

Certaines applications des C&I sont prévues à l'échelon local et peuvent déboucher sur des procédures d'écocertification4 en définissant des conditions standards à respecter. L'écocertification est censée promouvoir la gestion durable des forêts et l'accès aux marchés consommateurs, à la suite des campagnes associées au boycott des bois tropicaux.

Cependant, après dix ans d'efforts de mise en _uvre, l'écocertification n'apparaît pas comme un instrument essentiel ou nécessaire à la gestion forestière durable pour les zones tropicales, notamment en Asie, voire même en Afrique, du fait du manque d'exigence de la part des clients et du marché étroit des produits certifiés limité à certains pays du Nord. D'autres incertitudes jouent un rôle à l'encontre de l'écocertification notamment:

· L'impact de l'exploitation forestière sur la déforestation y est minime par rapport au défrichement à but de conversion, ce qui ne rend pas moins important l'utilisation de pratiques d'exploitation "durables".

· C'est dans ce contexte qu'il est important d'analyser l'impact potentiel de l'écocertification qui est limité par la part relativement faible de l'exploitation sur la déforestation et un marché étroit des produits certifiés limités à certains pays du «Nord». La portée possible de cet instrument sur les pratiques forestières ne semble pas être significative, par manque de légitimité.

· Cet outil ne peut pas être opérationnel dans un contexte où de nombreux éléments déterminants pour une gestion forestière durable sont insuffisants, voire inexistants (législation forestière adéquate, aménagement du territoire effectif...). De plus, les incertitudes s'accroissent sur le plan commercial: crédibilité de l'écocertification au niveau des marchés consommateurs, problèmes d'accessibilité au marché par les producteurs, du fait d'exigences parfois prises de façon unilatérale (l'écocertification s'apparente alors plus à une nouvelle barrière commerciale).

· Enfin, se pose le problème difficile qui est de savoir qui peut procéder à l'écocertification et des critères d'attribution des responsabilités (légitimité, indépendance, objectifs non lucratifs, etc.).

Quoi qu'il en soit, les "critères et indicateurs" et l'écocertification ne peuvent être opérationnels faute d'un cadre conventionnel, sous forme d'un accord international, qu'aurait pu être "la convention sur les forêts" (à l'instar de ce qui a été obtenu dans d'autres secteurs: biodiversité, changements climatiques et désertification) assortie d'un instrument juridique contraignant.

Les surfaces forestières aménagées de manière durable sous les tropiques seraient de l'ordre de 3 millions d'hectares (dont 30% plantés) en 1998, selon les critères de l'écocertification, par le FSC (Forest Stewardship Council, initiative lancée en 1993 sous l'impulsion d'organisations environnementalistes dont le WWF).

2 Les critères doivent, en principe, décrire les différents aspects de la durabilité à un niveau conceptuel. C'est un trait caractéristique ou une série de conditions sur la base duquel il est possible d'évaluer les différents aspects de la foresterie. Un critère contient en soi un objectif à atteindre.

3 Les indicateurs permettent une description quantitative, qualitative ou évolutive d'un aspect particulier d'un critère. Ils fournissent donc des indications précises sur l'évolution dans le temps des critères dans un contexte forestier déterminé. Les indicateurs devraient ainsi couvrir les différents domaines de l'aménagement: état et changement des ressources forestières, diversité biologique, santé et vitalité des écosystèmes, production de bois et d'autres produits forestiers, protection du sol et des eaux, fonctions socio-économiques et cadre légal et institutionnel.

4 La certification est une évaluation indépendante qui vérifie, pour un produit ou une fonction, que les conditions standards ont été respectées. La certification du bois peut être définie comme un processus dont la finalité consiste à délivrer un certificat à la compagnie, attestation remise par l'organisme conseil professionnel et indépendant qui s'occupe du règlement de la gestion forestière de cette zone.

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