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Etude de la participation des populations des Aguégués au projet BEN/88/CO3-BEN/88/014 (Amélioration des conditions de vie des populations de la sous-préfecture lacustre des Aguégués)


Etude de la participation des populations des Aguégués au projet BEN/88/CO3-BEN/88/014 (Amélioration des conditions de vie des populations de la sous-préfecture lacustre des Aguégués)

par

Cécile Beauvallet-Le Coq

Sous-préfecture lacustre du Sud-Bénin comprenant 21 villages et regroupant environ 22.000 habitants, les Aguégués bénéficient depuis 1992 d'un projet de développement rural intégré co-financé par le FENU, le PNUD, le PAM et le gouvernement béninois.

Visant l'amélioration des conditions de vie de l'ensemble de la population, le projet a pour objetifs de développement la résolution des problèmes de court terme auxquels les populations sont confrontées et l'apport d'un mécanisme et de moyens leur permettant à plus long terme de "s'auto-développer dans le respect de la nature". Il comporte les cinq composantes suivantes:

Le projet revêt un caractère hautement participatif se basant sur une implication des populations de la phase de conception du projet jusqu'à son évaluation, une contribution financière et matérielle de leur part et un renforcement de leur capacité à initier, promouvoir et exécuter des actions de développement.

Trois ans après le démarrage effectif des opérations sur le terrain et suite à certaines difficultés rencontrées par l'équipe du projet à obtenir une participation suffisante de la part des populations, une consultation d'un mois a été menée pour étudier la participation des populations à la mise en oeuvre du projet et à la gestion des infrastructures fournies. A travers les documents disponibles et des entretiens/discussions de groupes menées sur le terrain, il a été possible de déterminer la nature de la participation effective des populations, de mettre en évidence les facteurs ayant permis d'atteindre les objectifs de mobilisation des populations ou ceux qui, au contraire, ont limité la participation et de proposer des recommandations visant à l'amélioration de la participation.

Participation des populations de construction des infrastructures et à leur gestion

La construction des infrastructures constituait la principale contribution matérielle des populations au projet. Celle-ci consistait en la fourniture, pour une cinquantaine de chantiers et sur cinq ans, de locaux de stockage pour le matériel de chantier et de main d'oeuvre bénévole pour différents travaux non spécialisés (nettoyage des sites, approvisionnement en eau et sable des chantiers, chargement et déchargement des matériaux).

Première action entreprise au démarrage du projet, la composante "Amélioration des infrastructures de base" a fait l'objet d'une préparation importante de la part de l'équipe du projet (phase de sensibilisation et d'animation des populations de trois mois et signature de conventions entre l'AFVP, responsable des chantiers, et les villages concernés).

Malgré cela, les résultats obtenus pour la participation des populations ont été très inégaux et de manière générale, très insuffisants (absence de villageois sur les chantiers, refus de travailler bénévolement,...). Différentes solutions ont été recherchées et des compétences diverses (autorités religieuses et autres leaders d'influence, animateurs,...) utilisées sans que des résultats durables puissent être obtenus. De fait, l'unique solution au problème a été la rémunération des villageois, ce qui, du point de vue de la participation des populations, peut être considéré comme un échec.

Les causes susceptibles d'expliquer un tel échec ont été les suivantes:

Par ailleurs, concernant l'entretien des infrastructures fournies par le projet, l'étude a mis en évidence une absence de réflexion des populations sur le rôle qu'elles devront jouer dans la gestion des infrastructures. Le problème n'a, semble-t-il, pas été discuté au départ et commence seulement à être pris en considération. Quelques initiatives indépendantes ont été notées (instauration de corvées de nettoyage des infrastructures sanitaires par des groupements de femmes; constitution d'un fonds d'entretien à partir de la vente des matériaux d'anciens bâtiments détruits) mais la question de l'entretien reste entière et la nécessité de créer le plus tôt possible des structures de réflexion au sein des villages ou parmi les utilisateurs a été plusieurs fois évoquée.

Participation des populations au Fonds d 'équipement villageois

La participation prévue des populations pour la constitution du fonds d'équipement villageois réside dans l'adhésion des populations à une Caisse Villageoise d'Epargne et de Crédit et dans la constitution d'un dépôt par épargne préalable (20% du crédit sollicité).

L'organisation d'une campagne de sensibilisation et l'attrait que constituait l'accès au crédit ont conduit à une bonne mobilisation des populations. L'adhésion d'un nombre suffisant de sociétaires (évaluée à 16% de la population totale) a d'ores et déjà permis d'ériger la Caisse Villageoise en Caisse Locale de Crédit Agricole Mutuel et donc d'élire parmi les populations de la sous-préfecture les 15 membres du Conseil d'Administration. Par ailleurs, la Caisse a fourni un crédit à environ 900 personnes et l'on peut considérer l'opération comme une réussite qui s'explique par la réelle priorité que constitue l'accès au crédit pour les populations.

Cependant, l'étude de la participation des populations à cette composante a mis en évidence une participation différente selon les groupes. Les femmes et les groupements, pourtant considérés comme des groupes de population à privilégier, ont ainsi peu participé, soit à cause d'un manque d'information ou d'une mésinformation (les femmes pensaient au départ ne pas avoir accès au crédit), soit parce que l'accès au crédit leur était refusé (les groupements ont une mauvaise réputation et sont mal connus).

Par ailleurs, l'existence de problèmes de fond a été soulevée, qui, s'ils ne sont pas résolus, pourront à terme limiter l'adhésion de la population:

Participation des populations à la composante "Reconstitution progressive d'un écosystème adéquat"

Cette composante a bénéficié d'un travail de sensibilisation très important réalisé par une ONG locale (enquête diagnostic-évaluation rapide puis production à partir des informations collectées d'un matériel de sensibilisation audio-visuel adapté à la zone) et a de fait conduit à une très bonne réponse des populations aux séances et aux méthodes utilisées. Les populations se sont ensuite organisées pour la mise en place d'un nombre suffisant de pépinières et ce, malgré le fait qu'elles n'aient pas reçu les vivres PAM prévus à cet effet. Un total de 10.000 plants d'essences forestières a été replanté sur les berges.

Participation des populations à la composante "Renforcement des mécanismes de participation des populations "

La participation des populations à cette dernière composante s'est faite sous la forme:

Hormis les difficultés rencontrées lors de la phase de sensibilisation générale de démarrage du projet (faible participation des villageois et plus particulièrement des femmes), l'ensemble des activités développées dans la composante ont été bien accueillies par les populations et ont fait l'objet d'une bonne participation des populations. L'intégration de la population dans l'organe décisionnel du projet ainsi que les animations spécifiques à certaines activités (replantation) ou à certains groupes (groupements de femmes et groupements de pisciculteurs) sont très appréciées des populations. De même, les formations techniques et l'alphabétisation, qui pourtant n'avait jusqu'à lors jamais réellement fonctionné dans la sous-préfecture, soulèvent un certain engouement des populations.

Cependant on a pu noter que la pleine participation des populations était parfois limitée. Les limites de la composante et leurs causes sont les suivantes:

L'étude de la participation des populations des Aguégués au projet a montré une mobilisation variable des populations suivant les groupes et les activités. La faible participation des populations à la construction des infrastructures et l'engouement rencontré pour certaines actions mieux encadrées (replantation, appui aux groupements) ont montré l'importance de l'animation des populations.

Aussi, afin de pérenniser l'action du projet, semble-t-il nécessaire pour les trois dernières années du projet que l'équipe du projet s'attache plus sérieusement au travail d'animation des populations. La création d'un comité de réflexion et d'organisation des activités d'animation et de sensibilisation, le renforcement de la collaboration avec les structures locales susceptibles de réaliser le travail général d'animation sur le terrain et l'intensification de l'appui aux groupements et plus particulièrement aux groupements de femmes, ont été les principales solutions proposées pour atteindre ce but.

Par ailleurs, des recommandations spécifiques aux différentes composantes ont été faites:

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