Rapport sur les produits - Panneaux de fibre

Depuis le dernier rapport sur les panneaux de fibre paru dans Unasylva en 1950¹, cette industrie a subi les incidences des fluctuations qui ont caractérisé le marché des produits forestiers ces dernières années, mais continue à se développer. On peut s attendre à ce que cette évolution se poursuive. Les utilisations possibles des panneaux se multiplient; la concurrence qu'ils semblent pouvoir exercer vis-à-vis d'autres matériaux ne paraît pas diminuer; il n'existe que très peu de régions dans le monde qui ne possèdent pas les matières premières nécessaires à l'établissement d'une industrie des panneaux, le capital exigé ne représente que rarement un obstacle majeur; les matières premières disponibles sur place tendent à créer elles - mêmes leurs propres débouchés.

¹ Vol. IV, N° 3, juillet - septembre 1950.

Bien que le commerce international des panneaux doive rester important, son volume relatif comparé à celui de la production et de la consommation mondiales totales continuera à diminuer.

Production
Commerce
Prix
Consommation

Depuis 1950, le marché des produits forestiers en général, et des panneaux de fibre en particulier, a subi des fluctuations considérables. Les conditions favorables du marché en 1950 et en 1951 ont provoqué une augmentation de la production de panneaux de fibre, qui a atteint un niveau sans précédent, et ont fortement stimulé le développement de la capacité de production dans toutes les parties du monde. Le fléchissement marqué de la demande, après l'année de prospérité de 1951, entraîna une diminution sensible de la production, particulièrement dans les pays où elle est surtout destinée à l'exportation, dans les pays de l'Europe septentrionale par exemple. Au cours des années 1952 et 1953, on exprima, dans ces pays, la crainte d'un suréquipement de l'industrie des panneaux de fibre. Dans d'autres pays producteurs, où l'industrie repose principalement sur la demande intérieure, le niveau général de la production est resté élevé.

Les raisons des inégalités dans les incidences de la régression de l'industrie des panneaux de fibre en 1952 seront mieux comprises si nous retraçons brièvement la source du développement de cette industrie et si nous décrivons sa répartition actuelle dans le monde.

Production

La production des panneaux de fibre pour le bâtiment (wallboards) commença aux Etats-Unis dès 1920, lorsque furent créées les premières fabriques de panneaux isolants. Cette industrie se développa rapidement pendant une dizaine d'années, et continua à se développer quoique plus lentement, de 1930 à 1940. La première fabrique de panneaux durs (masonite) fut établie aux Etats-Unis vers la même époque. Toutefois, le brevet ne garantissant pas seulement le procédé, mais le produit lui-même, toute expansion dans le domaine des panneaux durs fut étouffée jusqu'à l'expiration de la validité du brevet, à la fin de la guerre. Dans la plupart des pays, seul le procédé était breveté, et la fabrication des panneaux durs se développa librement parallèlement à celle des panneaux - isolants, quoique, pendant un certain temps, ces derniers soient restés les plus importants.

Les chiffres officiels concernant la production des panneaux aux Etats-Unis avant la guerre (1938) accusent une production d'environ 100.000 tonnes seulement, tandis que les sources privées laissent entrevoir une capacité de production totale beaucoup plus élevée, environ 700.000 tonnes. La production réelle a donc probablement dépassé le chiffre officiel et se rapprochait du chiffre officieux de capacité de production que nous venons de citer.

Pendant et après la guerre, la production de panneaux de fibre s'est rapidement accrue en Amérique du Nord et en Europe septentrionale, l'accroissement le plus spectaculaire ayant lieu en Suède, où la capacité de production s'est accrue presque cinq fois entre 1937 et 1953. Partout ailleurs, l'accroissement, quoique rapide, est de date plus récente, et la production totale hors des régions mentionnées n'entre encore que pour une faible part dans la production mondiale totale.

Ainsi, dans l'année de production maxima, 1951, les trois pays d'Europe septentrionale (Finlande, Norvège et Suède), le Canada et les Etats-Unis produisirent ensemble 1.849.000 tonnes, soit 75 pour cent du total mondial. La part de l'Europe septentrionale était de 527.000 tonnes, ou 21 pour cent. Mais ces trois pays contribuèrent pour 275.000 tonnes, soit 72 pour cent de l'ensemble, aux exportations mondiales au cours de cette même année. En 1952, année de dépression, leurs exportations tombèrent à166.000 tonnes et la production fut sérieusement réduite. Partout ailleurs dans le monde, la production est presque entièrement dirigée vers le marché intérieur et, à quelques exceptions près, la production fut maintenue, et même accrue, en 1952. Aux Etats-Unis, la production s'accrut de 33.000 tonnes pour atteindre 1.185.000 tonnes. Néanmoins, quelques signes de ralentissement dans le rythme d'accroissement de la demande se manifestèrent, ainsi qu'une vive concurrence entre les usines notamment par la mise au point de qualités nouvelles et améliorées. Ce fait est particulièrement vrai pour l'industrie des panneaux isolants, qui a réalisé plusieurs types différents de panneaux spéciaux, entrant aujourd'hui pour plus d'un quart dans la production totale. La majeure partie des nouvelles fabriques de panneaux, particulièrement de panneaux durs, ont été construites sur la côte ouest. Parmi les nouveaux procédés mis au point par l'industrie des Etats-Unis, il en est un permettant de fabriquer les panneaux sans eau.

TABLEAU 1. - PRODUCTION DE PANNEAUX DE FIBRE DE BOIS;

Région	1938	1949	1950	1951	1952	Capacité 1953*
	Milliers de tonnes
Europe	490	580	730	900	750	1200
Allemagne occidentale	37	42	77	106	80	130
Allemagne orientale	*15	*20	*25	*10	*10	*25
Autriche	13	18	18	25	20	50
Belgique	18	17	24	32	40	40
Danemark	2	2	2	2	2	2
Espagne	-	-	-	-	-	10
Finlande	52	56	79	117	84	150
France	18	30	38	49	56	60
Hongrie	*2	*2	*2	*10	*10	10
Irlande	-	-	2	3	7	10
Italie	26	27	38	37	37	40
Norvège	39	48	62	81	72	95
Pays-Bas	-	-	-	-	-	-
Pologne	*1	*3	10	*15	*25	35
Royaume-Uni	33	40	35	38	33	55
Suède	196	233	274	329	227	430
Suisse	9	10	13	13	14	18
Tchécoslovaquie	*25	*25	*30	*30	*30	30
Yougoslavie	3	3	4	7	6	10
U.R.S.S.	*10	*20	*50	*130	*150	160
Amérique du Nord et centrale	1330	910	1260	1330	1350	1500
Canada	169	148	141	170	156	200
Etats-Unis	1159	761	1108	1152	1185	1300
Mexique	-	-	*10	*10	*10	12
Amérique du Sud	-	-	*20	*20	*20	25
Argentine	-	-	*10	*10	*10	12
Brésil	-	-	*10	*10	*10	12
Afrique	-	-	-	*20	*20	*20
Union Sud-Africaine	-	-	-	*20	*20	*20
Asie	20	15	15	15	15	15
Japon	19	13	13	15	13	15
Région du Pacifique	40	40	50	50	60	85
Australie	22	27	37	36	42	55
Nouvelle-Zélande	13	13	16	16	18	30
TOTAL MONDIAL	1890	1565	2125	2465	2365	3000

NOTE: Les chiffres suivants, relatifs à la production de panneaux do fibre en 1938 (en milliers de tonnes) sont tirés de l'étude de la CEE/FAO, Statistiques européennes du bois 1913-1950: Europe 168, Allemagne (occidentale et orientale) 8, Danemark 1, Finlande 23, France 6, Italie 2, Norvège 3, Royaume-Uni 26, Suède 93, Suisse 6, U.R.S.S. 3, Amérique du Nord et centrale 642, Canada 42, Etats-Unis 600. Total mondial 780.
* Estimation.

Un examen des chiffres relatifs à la production de panneaux de fibre dans les différents pays et régions du monde au cours de la période 1948 à 1952 (tableau 1) révèle clairement le développement continu des pays produisant avant tout pour le marché intérieur, en contraste net avec les fluctuations qui affectèrent les pays produisant en grande partie pour l'exportation.

Une fabrique de panneaux de fibre est bien moins coûteuse à installer qu'une usine de pâte ou une papeterie; et elle est beaucoup moins exigeante quant à ses matières premières. Etant donné que le produit est assez bon marché par rapport à son volume, les frais de transport le grèvent lourdement. Donc, d'une manière générale, on s'attendrait a ce que les panneaux de fibre importés ne puissent que difficilement concurrencer les produits indigènes et que le commerce international de ce produit ne figure que pour une très petite part dans l'ensemble du marché. Quoique cela puisse se vérifier à la longue, on constate néanmoins que dans beaucoup de pays, jusqu'ici complètement tributaires des importations, la création d'une industrie locale de panneaux de fibre a eu pour effet de déterminer un accroissement sensible de la consommation plutôt qu'une diminution des importations. En d'autres termes, l'existence de ressources locales rend effective une demande jusqu'alors latente.

Les panneaux de fibre sont un produit relativement nouveau, faisant de rapides progrès techniques. Leur utilisations se multiplient et se diversifient chaque année, et la gamme de leurs diverses applications n a pas encore été pleinement exploitée. C'est probablement la raison pour laquelle il existe encore un important marché international de panneaux de fibre, en dépit du fait qu'ils ne soient pas adaptés d'une manière idéale au commerce à longue distance, et que peu de pays soient dépourvus des ressources nécessaires à la création d'une industrie leur appartenant en propre. Ce commerce conservera vraisemblablement son importance pendant Un certain temps. Néanmoins, il semble évident que la création d'industries nouvelles sera déterminée par le niveau prévu de la demande intérieure, la possibilité de trouver des débouchés pour l'exportation n'étant qu'une considération de second ordre.

La production des panneaux durs pendant et après la guerre s'est développée beaucoup plus rapidement que celle des panneaux isolants. Cette tendance générale est typiquement représentée par l'évolution de la situation en Europe septentrionale, qui, en 1938, produisit 50.000 tonnes de panneaux durs, contre 69.000 tonnes de panneaux isolants: les chiffres correspondants pour 1951 étaient de 292.000 et 123.000 tonnes respectivement. Les panneaux durs ont un vaste champ d'utilisation, et il n'y a aucun doute qu'ils n'aient, au cours de ces dernières années, gagné beaucoup de terrain aux dépens d'autres produits dérivés du bois, notamment du contre - plaqué.

Commerce

Le volume du commerce international des panneaux de fibre, quoique beaucoup plus important qu'avant la guerre, n'a pas augmenté dans les mêmes proportions que la production mondiale. Même dans l'armée de pointe (1951), le total des exportations mondiales ne représentait que 15 pour cent de la production du globe. Le principal courant commercial va de l'Europe septentrionale vers les pays de l'Europe occidentale et centrale; de plus, il existe un commerce intra-régional peu important en Amérique du Nord, et de petites quantités passent, principalement en provenance d'Europe, vers l'Amérique du Sud, l'Afrique et l'Asie. Les chiffres du commerce des panneaux de fibre pour les années 1948 à 1952 sont donnés dans le tableau 2.

TABLEAU 2. - COMMERCE

Régions	1948	1949	1950	1951	1952
	Milliers de tonnes
EXPORTATIONS
Europe	140	160	230	340	200
Allemagne occidentale	1	2	6	26	9
Autriche	3	6	6	9	5
Belgique	4	6	8	12	10
Finlande	27	31	50	68	44
France	2	4	4	3	2
Norvège	10	9	14	24	17
Suède	95	98	138	183	105
Amérique du Nord	70	50	30	40	40
Canada	41	32	6	20	18
Etats-Unis	32	21	21	23	22
Océanie	2	1	2	2	4
Australie	2	1	1	1	1
Nouvelle-Zélande	-	-	1	1	3
TOTAL	210	210	260	380	240
IMPORTATIONS
Europe	100	90	160	210	130
Allemagne occidentale	1	2	3	2	8
Belgique	8	11	13	13	14
Danemark	7	16	11	16	13
France	3	-	5	9	10
Pays-Bas	26	24	30	31	26
Royaume-Uni	49	37	94	131	54
Suisse	3	1	2	1	1
Amérique du Nord	40	60	40	30	40
Canada	13	43	12	8	11
Etats-Unis	27	20	25	24	24
Amérique du Sud	20	15	15	25	15
Argentine	10	11	6	12	4
Brésil	2	2	3	3	5
Venezuela	5	2	3	2	4
Afrique	20	10	10	15	15
Rhodésie du Sud	4	7	4	6	8
Union Sud - Africaine	14	4	2	2	1
Asie	20	10	15	20	20
Inde	2	2	2	4	2
Israël	1	1	6	4	2
Malaisie	1	1	3	5	4
Océanie	5	10	10	30	20
Australie	-	10	12	24	14
Nouvelle-Zélande	2	1	1	2	4
TOTAL	205	195	250	330	240

Europe. Les trois pays nordiques, comme il a déjà été indiqué, fournissent les trois quarts des exportations mondiales. Normalement, ils exportent à peine plus de la moitié de leur production. Les trois quarts environ de leurs exportations sont destinés à d'autres pays européens et le restant à des pays d'outre - mer. Les pays d'Europe occidentale et centrale importent environ un tiers de l'ensemble de leur approvisionnement. Une grande partie du commerce européen des panneaux est donc intra-régional, et lorsqu'en 1952 survint le recul de la demande européenne, les pays nordiques, incapables d'accroître leurs exportations vers d'autres régions, souffrirent de cette situation.

Amérique du Nord. Le commerce des panneaux y est négligeable par rapport à la consommation de la région, et est virtuellement limité aux faibles échanges entre le Canada et les Etats-Unis. Depuis 1948, ces échanges tendent encore à diminuer.

Amérique du Sud. Jusqu'en 1950, l'Amérique du Sud dépendait entièrement, pour son approvisionnement, de ses importations en provenance de Finlande et de Suède. Bien que des établissements industriels aient été récemment créés en Argentine et au Brésil, et que d'autres doivent vraisemblablement suivre dans un proche avenir, cette région continue à recevoir un petit volume d'importations en provenance de la Scandinavie.

Afrique. Depuis l'établissement d'une industrie de panneaux en Union Sud - Africaine, en 1951, les importations de ce pays sont devenues presque négligeables. Tous les autres pays d'Afrique sont encore entièrement tributaires de leurs importations dont on peut prévoir l'accroissement soutenu du volume.

Asie. En dehors des pays au delà du «rideau de fer», seul le Japon possède une industrie des panneaux, et les autres pays consommateurs de la région dépendent entièrement de leurs importations en provenance d'Europe. Les premiers chiffres reçus laissent entrevoir que les importations de la région, en 1953, dépasseront le volume de l'année précédente, la diminution du volume des produits reçus de Finlande étant plus que compensée par l'accroissement des importations en provenance de Suède.

Région du Pacifique. En dépit du développement régulier de la production de panneaux dans la région depuis la guerre, les importations continuèrent à augmenter jusqu'en 1951. Dans cette année de pointe, 95 pour cent du volume total des importations venaient d'Europe septentrionale. L'année suivante, les importations tombèrent à 18.000 tonnes, la part de l'Amérique du Nord s'élevant à 20 pour cent de ce total. L'Australie et la Nouvelle - Zélande ont un commerce d'exportation réduit, surtout intra-régional, et il est très possible que, leur production de panneaux continuant à augmenter, le volume de leurs exportations vers les pays asiatiques continue à augmenter pendant les prochaines années.

Prix

Un examen du mouvement des prix des panneaux de fibre pour la construction pendant les 15 dernières années révèle deux caractéristiques: en premier lieu, ils ont subi beaucoup moins de fluctuations que ceux des autres produits forestiers et, en second lieu, pendant toute cette période, ils ont bien moins augmenté que les prix des autres produits dont la principale matière première est le bois. Les prix des sciages résineux, à leur niveau maximum pendant l'année de prospérité 1951, avaient atteint sept fois leur niveau de 1937 et environ le double de leur niveau de 1947/48. Par contraste, prix des panneaux, à leur maximum, n'atteignaient pas le double de leur niveau d'avant - guerre, et ne dépassaient même pas de 50 pour cent les prix en vigueur en 1947/48. Vers le milieu de 1953, lorsque les prix des sciages résineux dépassaient encore d'environ 80 pour cent ceux de 1947/48, les prix des panneaux étaient revenus, ou étaient même parfois inférieurs, à leur niveau des années précédentes.

TABLEAU 3. - MOUVEMENT COMPARÉ DES PRIX DES PANNEAUX DE FIBRE ET DES PRIX DES SCIAGES

Années	Sciages resineux1	Panneaux pleins2	Panneaux3
	1947/48=100
1949	99	100	111
1950: 1er semestre	122	100	108
2ème semestre	169	100	110
1951: 1er semestre	200	130	121
2ème semestre	214	148	138
1952: 1er semestre	150	148	140
2ème semestre	174	103	105
1953: 1er semestre	177	100	108
2ème semestre	178	95	110

¹ Indice des prix d'exportation suédois, f.o.b., pour bastaings do pin sylvestre 2 ½ × 7 inch u/s.
² Indice des prix suédois pour panneaux pleins 1/8 d'inch.
³ Indice de la valeur moyenne c.a.f. des panneaux importés au Royaume-Uni.

Le mouvement des prix est indiqué dans les tableaux 3 et 4, ce dernier montrant les fluctuations des prix des panneaux suédois durs et isolants entre 1937 et 1952/53 le premier comparant le mouvement des prix des bois résineux et des panneaux de fibre suédois (la Suède étant le pays exportateur le plus important) ainsi que les mouvements de la valeur moyenne c.a.f. des panneaux importés par le Royaume-Uni, plus important pays importateur.

TABLEAU 4. - MOUVEMENT DES PRIX DES PANNEAUX DE FIBRE DE BOIS EN SUEDE DE 1937 A 1953

Epoque	Panneaux pleins (1/8 d'in)	Panneaux isolants (1/8 d'in.)
	Couronnes par m2
Mars 1937	1,55	1,30
Novembre 1938	1,45	1,20
Février 1940	1,45	1,35
Juin 1941	1,65	1,55
Mars 1942	1,85	1,75
Août 1942	1,85	1,75
Décembre 1943	1,70	1,60
Mai 1947	1,85	1,75
Juillet 1947	11,70	11,60
Juin 1948	1,85	1,75
Février 1951	2,40	2,25
Juillet 1951	2,75	2,60
Juillet 1952	2,45	2,40
Juillet 1953	*1,70	*1,60
Septembre 1953	*1,75	*1,65

SOURCE: Sägverksägaren, N° 9, 1953, Hallefornas (Suède).
* Estimation.
¹ Plus 6,5 pour cent.

Ce contraste entre le mouvement des prix des panneaux et ceux des autres produits forestiers, qui explique en grande partie le terrain gagné par les panneaux au dépens du contre - plaqué et même des sciages, pendant ces dernières années, provient de deux causes principales. En premier lieu, l'industrie des panneaux est une industrie nouvelle et en plein essor, et les améliorations techniques, en réduisant le prix de revient à l'unité de produit, ont très largement compensé l'augmentation des prix des matières premières. En deuxième lieu, les prix des matières premières ne constituent eux - mêmes qu'une proportion beaucoup plus faible du prix de revient total - environ 20 à 25 pour cent en Suède en 1950, par exemple, contre 60 à 65 pour cent pour les sciages résineux (même en admettant que les scieries puissent utiliser commercialement leurs déchets) 55 à 60 pour cent pour la pâte au sulfate non blanchie et 45 pour cent pour la pâte au bisulfite blanchie. De telle sorte que les fluctuations des prix des bois ronds ont beaucoup moins affecté les prix des panneaux que ceux des antres produits forestiers.

Néanmoins, l'industrie des panneaux n'a pas échappé aux incidences de la période 1950 - 52 sur le marché du bois. En fait, le volume des importations augmenta considérablement en 1950 et 1951, et il y eut une hausse accentuée des prix. Les stocks s'accumulèrent dans les pays importateurs, et avec le ralentissement relatif de l'activité économique dans les années qui suivirent, la consommation diminua. Les consommateurs commencèrent à réduire leurs stocks, qui étaient considérables, et la demande d'importation fléchit brutalement. Les exportateurs diminuèrent leurs prix dans l'espoir de stimuler les échanges, et certains pays importateurs augmentèrent les tarifs douaniers pour protéger leur industrie nationale. Ce n'est qu'en 1953, époque à laquelle l'activité industrielle, celle du bâtiment en particulier, commença à se ranimer, et lorsque les stocks furent réduits à des niveaux plus normaux, que les importations amorcèrent une reprise.

Tout semble indiquer maintenant que l'industrie des panneaux continuera à renforcer sa position au fur et à mesure que l'amélioration de la qualité et les nouveaux domaines d'utilisation viendront consolider d'une manière continue le pourvoir de concurrence de ses produits.

Consommation

La consommation mondiale des panneaux de fibre pour la construction (wallboards) après la guerre, tant au total que par habitant, a manifesté un accroissement spectaculaire par rapport à la période précédant immédiatement la guerre. Depuis 1948, la consommation totale continue à s'élever quoique le taux d'accroissement de la consommation par habitant se soit considérablement ralenti. Ainsi qu'on peut le voir du tableau 5, l'augmentation de la consommation dans les quelques pays choisis n'a pas été uniforme.

La consommation par habitant est restée élevée en Europe septentrionale (la Suède a atteint, en 1948, les chiffres les plus élevés qui aient jamais été enregistrés: 24 kilogrammes par habitant). Nulle part ailleurs, la consommation par habitant, bien que croissante, n'a atteint le niveau des pays nordiques, ni même celui de l'Amérique du Nord. La consommation totale des Etats-Unis continue à augmenter régulièrement, ainsi que celle du Canada, mais la consommation par habitant est restée assez stable au cours de ces dernières années.

TABLEAU 5. - ESTIMATION DE LA CONSOMMATION QUELQUES PAYS, EN 1948 ET 1952/53

Pays	1948	1952/53
	Kilogrammes par habitant
Suède	24,0	20,0
Canada	8,0	11,0
Etats-Unis	8,0	8,0
Finlande	4,0	8,0
Australie	2,5	5,0
Suisse	2,1	3,1
Royaume-Uni	1,3	2,5
Union Sud-Africaine	1,0	1,7
France	0,5	1,5
U.R.S.S.	0,05	0,8
Argentine	0,6	0,8
Japon	0,2	0,3

NOTE: A l'exclusion des panneaux fabriqués a partir de paille, le copeaux de bois, etc.

Les chiffres du tableau 5 ne se rapportent qu'aux panneaux de fibre proprement dits, à l'exclusion de toute autre catégorie de panneaux fabriqués à partir de paille, de copeaux de bois, etc. Mais dans plusieurs pays, la consommation de ces types de panneaux est assez élevée, et l'on estime qu'aux Pays - Bas et en Allemagne occidentale par exemple, elle est à peu près égale à celle des panneaux de fibre proprement dits. Si l'on disposait de chiffres complets concernant ces autres types de panneaux, il est probable que l'accroissement de consommation des panneaux enregistré au cours de ces dernières années apparaîtrait encore plus frappant. On sait, par exemple, qu'il y eût un accroissement important de la production de panneaux de copeaux pendant ces dernières années. Grâce aux progrès techniques, les différents types de panneaux se multiplient et la ligne de démarcation entre les panneaux de fibre traditionnels pour la construction et les autres catégories devient de moins en moins nette; à moins que les statistiques disponibles ne deviennent à la fois plus complètes et plus précises, il sera de plus en plus difficile de suivre avec exactitude l'évolution de cette industrie.

Bien que les différentes utilisations des panneaux se soient rapidement multipliées, le bâtiment et l'industrie du meuble leur fournissent encore leurs principaux débouchés. La hausse de la consommation de l'après-guerre était étroitement liée à la reprise de l'activité du bâtiment et de la reconstruction. Les panneaux durs ont été largement utilisés pour la construction dans les programmes de logement temporaire qui figurent pour une bonne part dans les plans de reconstruction de beaucoup de pays européens et la demande s'est maintenue lorsque la principale activité s'est tournée vers la construction de logements permanents. Les normes d'isolation thermique et sonique de l'habitation sont beaucoup plus exigeantes aujourd'hui qu'elles ne l'étaient avant - guerre, ce qui a accru la demande de panneaux isolants. Partout où la construction de logements a été provisoirement limitée, la demande de panneaux pleins et isolants s'est réduite. Les disponibilités accrues de sciages résineux et de contre - plaqué de ces dernières années n'ont pu arrêter l'extension de l'emploi des panneaux, et il est clair que leur utilisation pour la construction est devenue une caractéristique permanente.

Les panneaux pleins tendent à remplacer le contre - plaqué (et, à un moindre degré, les sciages) dans l'ameublement ainsi que dans la caisserie. Dans ce dernier domaine, la demande de panneaux est liée au niveau général de l'activité industrielle, et dépend de leur pouvoir à concurrencer les matériaux de remplacement. La demande de panneaux pleins pour l'ameublement est moins facile à prédire, car le niveau de l'activité dans l'industrie du meuble dépend pour une part seulement du nombre des logements nouvellement construits. Une grande partie de la demande d'ameublement est une demande de remplacement et, les meubles étant des produits de consommation durables, le rythme auquel la demande devient effective dépend des variations du revenu individuel disponible.

Quoique la construction, l'ameublement et l'industrie de la caisserie continuent à absorber la majeure partie des produits de l'industrie des panneaux, on découvre chaque jour de nouvelles applications pour ce nouveau produit et les prochaines années pourraient apporter des changements importants dans la répartition d'ensemble des utilisations finales de la production de cette industrie.

PROCHAINES REUNIONS · Les commissions régionales des forêts de la FAO doivent se réunir aux époques suivantes: la septième session de la Commission européenne des forets à Genève en automne, époque à laquelle le Comité du bois de la CEE se réunira pour la douzième fois. La troisième session de la Commission des forêts pour l'Asie et la région du Pacifique se tiendra au Japon en mai 1955, tandis que la cinquième session de la Commission des forêts pour l'Amérique latine et la première session de la Commission des forêts pour le Proche-Orient auront également lieu en 1955. La prochaine réunion de la Sous-Commission méditerranéenne aura probablement lieu en Grèce en juin 1954. · La troisième Conférence de la FAO sur la technologie mécanique du bois aura lieu à Paris en mai 1954; le Quatrième congrès forestier mondial, ainsi qu'il a déjà été annoncé, s'ouvrira en Inde en décembre prochain, tandis que la huitième session de la Conférence de la FAO, comité directeur de l'Organisation, doit avoir lieu à Rome en novembre 1955. Le douzième congrès de l'Union internationale des instituts de recherche forestière est prévu pour 1956 au Royaume-Uni.