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Rapport sur les produits


Sciages résineux

Sciages résineux

Production et commerce

Le marché mondial des sciages résineux qui avait, en 1953, retrouvé sa stabilité après les fluctuations à court terme des années précédentes, pourrait être caractérisé, pour 1954 et 1955, par une relative fermeté et par un accroissement régulier de la demande. Les progrès marqués enregistrés par l'activité industrielle et l'expansion économique dans le monde, si manifestes les années passées, continuèrent au cours de l'année 1955 et de la première moitié de 1956; cependant, pendant cette dernière période, une certaine tendance au ralentissement du rythme de l'accroissement se fit jour de plus en plus dans plusieurs pays.

TABLEAU 1. - PRODUCTION DE SCIAGES RÉSINEUX

Régions

1950

1951

1952

1053

1954

1955

Milliers de standards.

Europe dont:

9 590

9 660

8 730

9 100

9 520

9 980

Finlande

875

1 055

750

904

1030

1070

Suède

1265

1 450

1 275

1490

1600

1700

Norvège

358

310

400

360

384

365

Autriche

697

69 1

629

684

804

827

Allemagne occident.

1709

1 598

1380

1 275

1263

1399

France

655

792

578

556

687

749

Europe orientale

*2 680

*2 520

*2 450

*2 615

*2 561

*2 689

U.R.S.S.

*9 000

*10 000

*11 000

*12 080

*12 550

*13 000

Etats-Unis

920

15 050

15 270

14 930

14 790

15 950

Canada

3 436

3 657

3 503

3 636

3 639

3 972

Amérique latine dont:

*1 000

*1 200

*1 160

*1 120

*1 180

*1 250

Brésil

560

746

760

717

748

794

Afrique

*200

*200

*210

*220

*230


Asie dont:

*2 920

*3 030

*3 230

*3 220

*3 220

*3 300

Japon

2 457

2 544

2 792

2 771

2 660

2 700

Océanie

360

390

400

390

420

440

TOTAL MONDIAL

43 420

43 190

43 490

44 690

45 540

48 120


1950=100

Indice

100

102

103

105

107

113

Indice de production industrielle mondiale

100

108

111

119

119

131

* Estimations.

La production et le commerce des sciages résineux profitèrent à la fois des conditions et de l'évolution économiques, généralement favorables dans la plupart des régions du globe en 1955: de fait, elles atteignirent de nouveaux niveaux record. La production mondiale de sciages résineux en 1955 accusa une augmentation de 5,7 pour cent par rapport au niveau de l'année précédente; cet accroissement est assez favorable en comparaison avec celui de 10 pour cent de la production industrielle totale dans le monde entre 1954 et 1955 (tableau 1). D'autre part, les exportations mondiales de sciages résineux s'accrurent de 11,3 pour cent par rapport à 1954, alors que le volume total des exportations dans le monde augmentait de 7,5 pour cent (tableau 2). Cette augmentation relativement plus forte du volume des sciages résineux commercialisés dans le monde fut principalement due à la constitution de stocks dans plusieurs pays importateurs au cours de 1955.

TABLEAU 2. - EXPORTATIONS DE SCIAGES RÉSINEUX DANS LE MONDE

Régions

1950

1951

1952

1953

1954

1955

Milliers de standards

Europe

2 460

2 74 0

2 130

2 700

2 900

3 090

U.R.S.S.

180

14 0

130

240

310

390

Amérique du Nord

2 050

2 220

2 000

1 980

2 380

2 700

Amérique latine

290

310

220

280

250

330

Afrique

7

10

5

7

2

3

Asie

2

100

20

20

20

20

Océanie

7

10

10

10

20

20

TOTAL MONDIAL

5 000

5 530

4 520

5 240

6 880

6 550

 

1950=100

Indice du volume du commerce mondial de sciages résineux

100

111

90

105

118

131

Indice du volume du commerce mondial global

100

112

111

118

124

133

Un des traits frappants de l'évolution du commerce mondial en 1955 fut l'accroissement des transactions à l'intérieur des régions les plus importantes, Amérique du Nord et Europe. En revanche, le commerce entre les différentes régions n'a pas marqué d'augmentation significative par rapport au niveau de 1954. Les exportations européennes vers les pays d'outre-mer diminuèrent même sensiblement, ce que durent compenser des importations accrues en provenance de l'Amérique du Nord et du Brésil, en particulier dans le cas de l'Australie et l'Afrique du Sud. L'Amérique du Nord, à elle seule, figure pour plus de la moitié dans l'augmentation de la production mondiale de sciages résineux, surtout à cause de la demande plus forte provoquée par le niveau record de construction aux Etats-Unis en 1955. Les mêmes facteurs firent s'accroître en 1955 le volume des exportations de sciages résineux du Canada aux Etats-Unis, lequel représenta près de la moitié de la totalité du commerce mondial. Dans l'évolution du marché des sciages résineux en Europe en 1955, on nota principalement les achats des importateurs britanniques; d'où la constitution d'importants stocks au Royaume-Uni et dans quelques autres pays importateurs d'Europe, qui, imitant l'exemple britannique, ont acheté en 1955 plus que ne semblaient justifier les besoins courants.

Au début de 1956, tandis que le marché d'Amérique du Nord se maintenait ferme et que les exportateurs canadiens trouvaient aux Etats-Unis une demande inhabituelle, le marché européen se caractérisait par une stagnation presque complète. Au cours de 1955, les acheteurs des principaux pays importateurs avaient dû consentir des mises de fonds croissantes, en raison de l'augmentation générale du prix du bois, de l'accroissement des stocks et des diverses mesures de restriction de crédit adoptées en 1955 par la plupart des gouvernements d'Europe occidentale. Aussi était-il déjà évident, bien avant la fin de 1955, que les besoins des importations pour l'année 1956 seraient en général inférieurs à ce qu'ils étaient un an auparavant. En fait, dans les principaux pays exportateurs d'Europe, les scieries ne tardèrent pas à réduire leur production de sciages résineux pour 1956. C'est pourquoi la lenteur avec laquelle progressèrent, en Europe, à la fin de 1955, les ventes et les commandes pour 1956, ne fut une surprise pour personne. Cependant, les premiers mois de 1956 devaient amener dans les achats pour cette année un délai supplémentaire inattendu. Le temps exceptionnellement froid réduisit temporairement la demande des utilisateurs, en particulier dans la construction; les importateurs comme les marchands en gros eurent de la difficulté à écouler leurs stocks, comme ils le font d'ordinaire avant le début de la période des expéditions. Cette circonstance, jointe à la charge financière croissante causée par le ralentissement du chiffre d'affaires, conduisit les importateurs à maintenir une attitude prudente et une activité faible dans les achats pour l'année en cours, espérant ainsi amener les exportateurs à consentir au moins quelques concessions sur les prix. Le résultat de cette politique fut une lutte tenace entre exportateurs et importateurs, à qui tiendrait bon le plus longtemps.

Dans les pays exportateurs, en particulier en Europe du Nord, la torpeur prolongée du marché commença à causer de sérieuses difficultés financières aux petites scieries, qui semblèrent même disposées à consentir des ajustements en baisse des prix pour accélérer leurs ventes. En revanche, les grosses scieries persévérèrent en général dans leur attitude ferme, refusant d'accepter aucun changement important, jusqu'au mois de mai, pour tenir compte du rajustement des cours des exportations soviétiques vers l'Europe occidentale.

Alors qu'on considérait en avril le marché comme mûr pour un réveil de l'activité des ventes et des achats, le gouvernement britannique annonça la libération de la plus grande partie de ses stocks stratégiques de sciages résineux, soit quelque 150 000 standards. Le but de cette décision était évident: le pays, luttant contre les difficultés de son commerce extérieur, devait trouver les voies et moyens propres à réduire les dépenses d'importation pour 1956. En réalisant les stocks stratégiques pour la consommation courante, le volume des importations nécessaires pour répondre à la demande de 1956 s'en trouverait réduit d'autant. Il était donc normal que le commerce d'importation britannique, lequel était alors prêt à procéder à ses achats pour 1956, éprouvât d'abord le besoin de connaître les catégories et dimensions des sciages contenus dans cette offre inattendue avant de passer à l'étranger des contrats de quelque importance pour le surplus.

Comme la plupart des autres pays importateurs avaient attendu, pendant le printemps 1956, l'initiative britannique pour rompre la léthargie prolongée, le regain d'activité tant espéré fut long à se faire sentir. Ce n'est que petit à petit et pour des lots relativement faibles que des contrats furent passés dans les principaux pays exportateurs par les importateurs d'Europe occidentale, dans les derniers mois du printemps; l'activité ne se modifia pas sensiblement au cours de l'été 1956. Dans ces conditions, il semblait bien probable que les commandes en Europe se poursuivraient exceptionnellement tard dans l'année, peut-être même tout près du terme de la grande saison d'expédition. Parmi les principales nations importatrices, le Royaume-Uni semblait avoir assuré, au début d'août, la plus grande partie, sinon la totalité, de ses besoins d'importation pour 1956, alors que d'autres pays ont encore à faire des achats considérables pour couvrir la totalité de leurs besoins pour l'année. D'un autre côté, l'Union soviétique paraissait avoir vendu la plus grande partie de ses disponibilités pour l'exportation vers l'Europe occidentale pour 1956 - pas tout à fait 300 000 standards - tandis que les pays de l'Europe septentrionale et l'Autriche disposaient encore de quantités considérables, de quoi faire face à la demande pendant le reste de l'année. Dans l'ensemble, cependant, la situation de la demande européenne d'approvisionnement paraît s'équilibrer pour l'année. L'absence de ventes canadiennes importantes à l'Europe occidentale, due aux tarifs élevés du fret maritime et à la forte demande de sciages canadiens aux Etats-Unis, rend un peu plus favorables les perspectives de ventes ultérieures pour les exportateurs européens qui ont encore des quantités disponibles.

Consommation et stocks

La consommation mondiale de sciages résineux en 1955 apparaît comme ayant été de quelque 5 pour cent supérieure à celle de l'année précédente. L'accroissement de consommation aux Etats-Unis, dû principalement au boom de la construction en 1955, a compté à lui seul pour environ 60 pour cent de l'augmentation de la consommation mondiale. En Europe, la consommation réelle a probablement augmenté d'une façon insignifiante, la demande supplémentaire sur le marché ayant été provoquée par la constitution de stocks dans les principaux pays importateurs comme nous l'avons dit ci-dessus. Dans les autres parties du monde, la consommation montra, en général, une tendance à l'augmentation, bien que, à l'exception de l'U.R.S.S., l'accroissement réel fût demeuré relativement peu important.

L'évolution du marché des sciages résineux aux Etats-Unis est illustrée par les chiffres des stocks, les commandes en cours à la fin de chaque trimestre et par les nouveaux ordres reçus pendant ces trimestres (tableau 3). Le tableau montre qu'en dépit d'un niveau des stocks légèrement plus élevé à la fin de mars 1956 qu'un an avant, le nombre des commandes reçues et en cours n'a pas sensiblement changé.

TABLEAU 3. - PROGRESSION DES STOCKS, DES COMMANDES EN COURS ET DES NOUVELLES COMMANDES DE SCIAGES RÉSINEUX AUX ETATS-UNIS

Stocks en scieries au:

31.12.54

31.3.55

30.6.55

30.9.55

31.12.55

31.3.56

Millions de board feet¹

Sciages résineux toutes essences

5 275

5 004

5 062


5 429

5 380

Douglas

879

1 016

837

873

1 032

1 020

«Southern pine»

1 746

1 781

1 743

1 658

1 731

1 806

«Western pine»

1 764

1 601

1 586

1 693

1 801

1 673

Commandes en cours dans les scieries







Douglas

801

791

826

676

710

798

«Southern pine»

239

273,

274

293

217

270

«Western pine»

439

493

514

454

418

498


1954

1955

1956




Nouvelles commandes des reçues par les scieries au cours du trimestre

I

I

II

III

IV

I

Sapin de Douglas

2 387

2 396

2 701

2 126

1 993

2 379

«Southern pine»

1 952

2 121

2 317

2 283

1 968

2 127

«Western pine»

2 129

1 891

2 368

2 423

1 933

1 863

SOURCE: Survey of Current Business, Département du commerce des Etats-Unis.

¹1 million de board feet = 2 360 mètres cubes.

Le tableau 4 montre le l'évolution des stocks par rapport à la production et aux exportations et importations globales dans les principaux pays consommateurs ou exportateurs. Il est intéressant de noter que, dans les principaux pays européens importateurs consommateurs, les stocks au 1er janvier ont été à peu près constamment d'environ la moitié de la moyenne des importations totales annuelles de ces pays au cours de la période 1951-54; le début de 1956 constitue une exception due au stockage de l'année précédente. L'importance des stocks dans ces pays, comparés avec leur propre production de sciages résineux, ressort également du tableau.

Quant aux principaux pays exportateurs d'Europe, leurs stocks en début d'année semblent aussi avoir été d'environ la moitié des quantités totales exportées annuellement en moyenne de 1951 à 1954, représentant en général pourtant une part un peu plus faible du commerce total annuel que dans les pays importateurs. En Amérique du Nord, le niveau relativement bas des stocks, comparés à la production, s'explique par le fait que la plus grande partie des transactions s'opèrent aux Etats-Unis; les commerçants ont donc moins de mal à obtenir des approvisionnements réguliers qu'en Europe par exemple, où une part importante du commerce dépend des saisons traditionnelles d'expéditions et où les commerçants, pour cette raison, ont à supporter périodiquement des stocks plus considérables qu'en Amérique du Nord. D'un autre côté, l'importance relative, en Amérique du Nord, des stocks par rapport aux exportations totales annuelles de cette région confirme à nouveau le fait que le commerce international y revêt un caractère plus ou moins marginal, sans signification tant en ce qui concerne la production que la consommation globales de sciages résineux.

Prix

Au cours des dernières armées la production mondiale de sciages résineux semble avoir suivi avec une grande souplesse l'évolution de la demande; les approvisionnements n'ont, en général, causé aucune difficulté au commerce. Le principal problème du marché des sciages résineux, notamment en Europe et dans certains pays importateurs d'outre-mer, a été l'augmentation du coût des sciages. On a beaucoup écrit sur l'évolution défavorable des prix des sciages par rapport à ceux des matériaux concurrents, et sur les difficultés croissantes rencontrées par les grossistes pour essayer d'obtenir des consommateurs un prix correspondant au coût de reconstitution des stocks.

Depuis 1950 les prix des sciages résineux ont été caractérisés, pratiquement partout dans le monde, par une augmentation continue, comportant des degrés différents selon les pays. Dans certaines régions, comme en Amérique du Nord, le prix des sciages résineux est resté, au cours de la période 1950-56, tout à fait stable, et ne semble pas avoir augmenté plus vite que les prix de la plupart des matériaux concurrents. Dans d'autres régions, et spécialement en Europe, la progression des prix des sciages résineux, dépendant souvent du prix élevé des bois en grumes, fut complètement hors de proportion avec l'évolution générale des prix. L'augmentation fut particulièrement sensible dans les pays ou les régions qui dépendent du commerce international pour l'essentiel de leurs besoins de consommation; aussi la progression de la valeur unitaire moyenne des sciages exportés dans le monde reflète-t-elle clairement la tendance à l'augmentation des prix internationaux. Le tableau 5 illustre l'évolution des indices des prix des sciages résineux dans certains pays, comparés avec l'indice des prix des produits base (indice Nations Unies). Il montre que, si le prix des sciages résineux aux Etats-Unis s'est comporté plutôt favorablement par rapport à la progression du prix des autres produits de base, les prix pratiqués dans les principaux pays exportateurs révèlent une tendance régulièrement ascendante, avec une disproportion croissante par rapport aux autres prix.

TABLEAU 4. - STOCKS DE SCIAGES RÉSINEUX

Régions

Rubriques

Au 1er janvier

1952

1953

1954

1955

1956

Pourcentage des moyennes 1951-54

Europe. Pays importateurs¹

Production

76,1

69,3

74,7

79,2

90,0

Importations totales

56,4

51,8

55,9

59,3

67,3

Pays exportateurs ²

Production

28,0

34,1

28,7

33,1

30,1

Exportations totales

48,2

58,7

49,4

52,3

51,2

Amérique du Nord ³

Production

16,8

16,7

18,4

16,9

17,1

Exportations totales

146,0

145,4

160,0

146,7

148,7

¹Allemagne occidentale, Belgique-Luxembourg, Danemark, Pays-Bas, Royaume Uni et Suisse.
²Autriche Norvège, Suède et Yougoslavie.
³Canada et Etats-Unis.

TABLEAU 5. - EVOLUTION DES INDICES DES PRIX DES SCIAGES RÉSINEUX EN COMPARAISON AVEC CEUX DES PRODUITS DE BASE

Produits et pays

1950

1951

1952

1953

1954

1955

Sciages résineux

1950=100

Autriche ¹

100

199

243

235

272

328

Suède ²

100

155

140

140

147

154

Canada ³

100

120

126,

127

122

128

Etats-Unis 4

100

107

110

102

103

113

Produits de base

100

124

110

103

108

104

¹ Prix de gros tout-venant, en Styrie.
² Prix moyen à l'exportation 2,5" × 7" (env. 6 × 18 cm), pin sylvestre, f.o.b.
³ Prix de gros pour Spruce (épicéa) marchand 1" × 6/7" (env. 2,5 × 15 a 18 cm).
4 Prix de gros pour sapin de Douglas ordinaire N° 1, 2" × 4" (env. 5 × 10 cm).

Les prix mondiaux des produits de base, qui avaient atteint des niveaux record lors du boom de 1951, étaient, après la chute de 1952 et 1953, demeurés à peu près inchangés, tandis que les prix des sciages résineux avaient, à la fin de 1955, soit rattrapé, soit, comme dans le cas de l'Autriche, dépassé les records antérieurs.

L'exemple des Etats-Unis illustre très clairement l'influence d'approvisionnements nationaux suffisants grâce auxquels le cours du bois peut s'adapter aux tendances générales des prix a l'intérieur du pays. En pareil cas, les importations, de caractère plus ou moins marginal, ne perturbent pas sérieusement les tendances des prix intérieurs, même si les prix à l'importation viennent à dépasser légèrement le niveau national. Le Canada cède normalement aux Etats-Unis l'essentiel de ses disponibilités d'exportation et doit, de ce fait, suivre plus ou moins le niveau des prix aux Etats-Unis pour ses prix intérieurs comme pour ses tarifs d'exportation. En Europe, où la plupart des principaux pays importateurs dépendent des fournitures de l'étranger pour l'essentiel de leurs besoins, l'évolution des prix des sciages a été fortement influencée par les facteurs de détermination des prix dans les pays exportateurs. Il semble que la tendance inflationniste constatée dans la plupart des pays de l'Europe occidentale ait été plus forte dans les principaux pays producteurs et exportateurs de sciages que dans ceux qui sont surtout importateurs. Cela a conduit obligatoirement à une disproportion sans cesse croissante entre les prix du bois et ceux des autres matériaux bruts de base dans les pays importateurs. Le tableau 6 montre la progression de l'indice de la valeur unitaire moyenne des sciages résineux à l'exportation, comparé avec celui des exportations mondiales totales (indice Nations Unies) ainsi qu'aux valeurs unitaires des sciages résineux à l'exportation dans différents pays.

Compte tenu de cette progression, il n'est en aucune façon étonnant que la position compétitive du bois de sciage comme matériau de base notamment dans la construction, ait régulièrement décliné dans la plupart des pays importateurs. Plusieurs d'entre eux ont essayé de neutraliser cette évolution soit en étendant leurs achats à un nombre croissant de pays exportateurs, et en faisant appel à des sciages de qualités et de prix différents, obtenant ainsi pour le bois importé des moyennes plus favorables, soit en instituant des mesures de contrôle national des prix Si ces efforts sont parvenus, dans plusieurs cas, à réduire l'augmentation excessive des prix à la consommation des sciages résineux, cela a amené des perturbations dans le commerce, en particulier pour la reconstitution des stocks. Dans plusieurs pays exportateurs également, les prix nationaux des sciages résineux ont eu tendance à s'élever plus vite que ceux des principaux matériaux concurrents, soit parce que ces derniers étaient contrôlés par les autorités entièrement ou partiellement - soit en raison du fait que l'importance des sciages résineux dans les profits d'exportation de certains de ces pays les ait détournés de freiner la hausse des prix et peut- être d'encourager la demande nationale au détriment du commerce d'exportation.

TABLEAU 6. - EVOLUTION DES PRIX UNITAIRES MOYENS DES SCIAGES RÉSINEUX AL EXPORTATION COMPARÉS AVEC D'AUTRES VALEURS UNITAIRES

Valeurs unitaires

1950

1951

1952

1953

1954

1955

1950 = 100

Indice de la valeur







unitaire des sciages résineux à l'exportation dans le monde

148

137

135

130

130


Indice de la valeur unitaire des exportations dans le monde

100

122

118

113

112

112


Dollars E.-U. par mètre cube

Valeurs unitaires moyennes des exportations de sciages résineux dans le monde

28,50

42,10

39,50

38,30

37,20

39,01

dont pour:








Autriche

19,07

30,61

37,25

39,03

33,90

38,46


Finlande

26,40

41,00

39,91

40,38

42,08

43,28


Suède

28,92

44,31

44,15

41,33

42,22

44,18


Canada

30,90

35,70

37,66

35,11

34,36

35,19

Le tableau 7 illustre l'évolution du rapport entre les prix des sciages résineux, ceux des matériaux de construction de base et les prix de gros en général. Les chiffres montrent que, dans les principaux pays exportateurs, les prix des sciages résineux ont manifesté une tendance à la hausse plus vive, par rapport aux prix des matériaux de construction et aux prix de gros en général, que dans les principaux pays importateurs. Dans le cas de l'Amérique du Nord, la stabilité, et même un certain recul des prix des sciages par rapport aux autres prix, sont l'un des aspects les plus intéressants de cette comparaison, en ce qu'il démontre des tendances opposées dans les deux plus importantes régions du monde pour la consommation des sciages.

On a assisté, au cours des années passées, à une hausse constante des prix d'importation et à des efforts parallèles pour maintenir les prix à la consommation à des niveaux compétitifs; leur progression a été une source de sérieuse inquiétude pour la majorité des pays importateurs qui, tout en se débattant avec les difficultés financières, n'en étaient pas moins résolus à assurer des approvisionnements à peu près normaux à leur marché de consommation. Au cours de ces années, presque chaque stade du commerce du bois a vu ses marges bénéficiaires s'amenuiser de plus en plus, l'espoir que les effets néfastes du boom de 1951 s'effaceraient au cours des années suivantes, s'est jusqu'ici révélé vain. Le comportement des prix des sciages résineux aux différents niveaux du commerce belge, tel que le montre le graphique, serait également valable pour un certain nombre d'autres pays, d'Europe en particulier. Il met en évidence l'écart croissant entre les tarifs de base à l'exportation et les prix pratiqués sur le marché national.

Il est vrai que les tarifs de base (pour les u/s bastaings 2 1/2 × 7 inch de pin sylvestre) ne donnent pas à eux seuls une image exacte de la progression des prix moyens payés à l'importation, en provenance des pays auxquels ils se réfèrent, ces derniers prix pouvant être très différents selon la composition, les spécifications et les qualités du bois acheté. Plusieurs qualités et dimensions finissant par ne plus laisser de profit, les importateurs ont eu tendance à essayer de se procurer de plus en plus de bois des catégories et des dimensions les plus faciles à vendre. Mais cela ne correspondait pas toujours aux désirs des exportateurs, dictés par les pratiques traditionnelles de sciage, l'augmentation régulière du coût de production et le souci d'obtenir un prix moyen raisonnablement avantageux pour leur production de toute l'année. Tandis que les cours à l'exportation se rapprochaient ainsi des coûts réels de production à la scierie les fluctuations du fret avaient pris de plus en plus d'importance pour la formation du prix à l'importation. Des modifications dans les coûts du fret peuvent avoir une influence décisive sur la possibilité de vendre les marchandises importées avec bénéfice ou à perte. Un des aspects de la situation actuelle, qu'on peut caractériser comme une sorte de stabilisation des prix à leur niveau maximum, est que la marge de spéculation commerciale normale s'est faite d'année en année plus mince et, par conséquent, tend à rendre beaucoup plus rigide qu'auparavant toute la structure du commerce des sciages résineux.

TABLEAU 7. - RAPPORTS DE PRIX ENTRE LES SCIAGES RÉSINEUX ET, D'UNE PART, LES MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION, D'AUTRE PART, LES PRIX DE GROS

Pays

1950

1951

1952

1953

1954

1955

Autriche

1 a

100

150

163

162

188

226

2

100

149

163

167

185

216

Finlande

1

100

109

117

113

122

130

2

100

103

115

112

118

125

Italie

1

100

140

150

145

144

170

2

100

132

1641

159

157

184

Pays-Bas

1 a

100

141

122

116

108

107

2

100

127

116

119

120

123

Suède

1

100

117

98

104

111

113

2

100

117

100

107

112

112

Royaume-Uni

1

100

135

127

114

113

118

2

100

132

130

113

113

118

Canada

1

100

107

102

99

98

99

2

100

107

111

112

112

114

Etats-Unis

1

100

98

102

94

95

99

2

100

97

103

97

97

107

1. Prix des sciages résineux par rapport» ceux des matériaux de construction (indice des matériaux de construction = 100).
2. Prix des sciages résineux par rapport aux prix de gros (indice des prix de gros = 100).
a Briques seulement.

Evolution des prix des sciages résineux en Belgique (Indice: 1. 1. 1950= 100)

Aussi bien les exportateurs que les importateurs cherchent à sortir de l'impasse actuelle, les premiers en s'efforçant d'instituer des moyens de production moins coûteux, les seconds en recherchant d'autres sources d'approvisionnement à l'étranger, ou en encourageant la production nationale de sciages résineux, bien meilleur marché.

TABLEAU 8. - PRIX SUÉDOIS COMPARÉS DES SCIAGES RÉSINEUX DE «CINQUIÈME QUALITÉ» ET DE «TOUT VENANT»

Années

Mois

Pourcentage

1950

1er janvier

89,0

30 juin

89,5

31 décembre

94,5

1951

30 juin

95,0

31 décembre

94,0

1952

30 juin

84,0

31 décembre

90,0

1953

30 juin

90,5

31 décembre

87,5

1954

30 juin

86,0

31 décembre

86,0

1955

30 juin

86,0

31 décembre

83,0

1956

31 mai

82,0

L'un des effets de l'évolution des prix courants du commerce international a été l'écart grandissant entre les cours pratiqués pour les sciages de plus haute qualité et les prix payés pour les catégories inférieures. Les modifications du rapport entre les prix des sciages tout venant et ceux des sciages de cinquième qualité illustrent la baisse progressive de la valeur commerciale de ces derniers. Le tableau 8 donne le prix suédois des sciages de «cinquième qualité» en pourcentage de celui du «tout venant», c'est-à-dire d'assortiments supérieurs pour la période allant du 1er janvier 1950 à la fin de mai 1956.

On a assisté à une évolution semblable du rapport entre les prix des dimensions pour lesquelles la demande est d'ordinaire soutenue, et ceux des dimensions pour lesquelles la revente, même au prix de revient à l'importation, a rencontré des difficultés ces dernières années. Ce processus semble cependant plutôt lent, car il tend inévitablement à faire monter quelque peu le prix des dimensions les plus courantes, en compensation de la moins-value ressentie par les scieries pour les spécifications moins prisées.

Conclusion

Il est évident que la situation actuelle du marché des sciages résineux dans le monde, et en particulier en Europe et dans les régions qui dépendent pour beaucoup des fournitures de l'étranger, devient de plus en plus critique en ce qui concerne les prix. Il semble que les approvisionnements demeurent tout à fait suffisants et que, par conséquent, on ne puisse invoquer une disette de sciages résineux pour justifier une nouvelle augmentation des cours de ce produit. On peut dire que les facteurs qui déterminent couramment la formation des prix d'exportation dépendent en premier lieu de l'évolution économique générale des pays exportateurs; aussi peut-il être très difficile de modifier l'allure actuelle des prix des sciages à moins d'une stabilisation générale de l'économie dans les pays dont les exportations influent de façon décisive sur la tendance du marché mondial des sciages résineux tout entier.»

E. K.

NÉCROLOGIE - M. H. COLLEAUX

M. Henri Colleaux, Inspecteur principal honoraire des eaux et forêts de Belgique, vient de mourir. Comme forestier et comme membre du Comité national belge de la FAO dès sa fondation, il a toujours été un ami sincère de la Division des Forêts. Depuis la Conférence de Marianské Lazné en 1947 jusqu'à sa retraite en 1955, il a été associé au développement du programme de travail de la Division des Forêts et les grandes lignes de ce programme portent l'empreinte des idées de ce forestier d'une grande expérience qui comprenait si bien l'évolution du rôle des forêts dans l'économie changeante et internationale de nos temps.


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